Fukushima : Bloom atomique au large de la centrale nucléaire ?

Fukushima : Bloom (*) atomique au large de la centrale nucléaire ?

N’y a-t-il pas eu un bloom planctonique atomique dans les eaux côtières de Fukushima ?

« Ne vous inquiétez pas ! Les rejets en mer de la centrale de Fukushima sont sans danger ! Les eaux radioactives sont dispersées dans le vaste océan par le courant de Kuroshio ! » Nous répétaient régulièrement les autorités nucléaires depuis le début de la catastrophe de Fukushima.

Pur mensonge !

Tepco a annoncé le 22 mai 2011 que les eaux radioactives sont restées dans la bordure côtière pendant près de deux mois et que les radionucléides n’ont commencé à se disperser dans l’océan Pacifique qu’à partir du 11 mai 2011 !

Dès lors, tous les scénarios sont possibles, et en particulier un bloom atomique au large des côtes de Fukushima…

Des radionucléides mélangés aux fertilisants, pesticides et autres métaux lourds du reflux tsunamique, vous avez tous les ingrédients d’un bloom planctonique superatomique. Premiers indices : Des taux de radioactivité importants dans les sédiments, les algues et plusieurs espèces de poissons avec des interdictions de pêche au large des préfectures de Fukushima et d’Ibaraki.

Pour rappel : Plus d’un an après la tempête Xynthia et la submersion des terres agricoles du marais poitevin, les coquilles saint-jacques des pertuis charentais sont toujours interdites à la vente… Un micro-plancton toxique du bloom d’après Xynthia agit toujours sur ce coquillage au grand dam des pêcheurs privés d’une ressource importante !!!

Selon Tepco, les radionucléides ne se dispersent que depuis le 11 mai !!!

La simulation de l’eau mer radioactive publiée par Tepco et présentée à la télévision japonaise NHK le 22 mai 2011 : Radioactive sea water simulation, indique que l’eau contaminée a progressé le long du littoral au sud de la centrale de Fukushima avec des concentrations très élevées en radionucléides jusqu’au 11 avril 2011. L'eau radioactive a atteint un point situé à environ 150 km au sud de la centrale avant que le taux de radioactivité ne diminue le 1 mai. A partir du 11 mai, l'eau a commencé à se diriger vers l'est, entraînée par le courant Kuroshio. L’opérateur Tepco pense que la pollution radioactive se dilue maintenant plus au large. Mais, il continuera à surveiller la dispersion de l'eau contaminée. La société estime que la radioactivité totale rejetée en mer s’élève à plus de 4.700 milliards de becquerels.

La simulation publiée le 9 mai 2011 par le ministère japonais de l'éducation, des sciences et des techniques confirme la concentration de la radioactivité sur la bordure côtière pendant les deux premiers mois de la catastrophe nucléaire. (Graphiques ci-dessous tirés du document : Simulation of Radioactivity Concentrations in the Sea Area (the fourth report) / May 9, 2011 / Ministry of Education, Culture, Sports, Science and Technology)

Depuis le 11 mars, plus de deux mois de contamination marine... Où sont donc passés tous ces milliards de becquerels rejetés à la mer s’ils n’ont pas été dispersés au large comme le prétendaient au départ les autorités nucléaires ?

Où sont passés l’iode 131, le césium 137 et autres éléments radioactifs ?

Selon l’ACRO (Association pour le contrôle de la radioactivité de l’Ouest), un laboratoire indépendant d'analyse de la radioactivité dirigé par un physicien du nucléaire, et qui travaille de concert avec des militants japonais sur place, « En temps normal, aucune contamination de l’eau de mer ne devrait être mesurée. Les éléments trouvés à Soma, situé à plus de 40 km au Nord de la centrale, proviennent de la centrale de Fukushima. Ces polluants ont la propriété de se concentrer dans les êtres vivants. Ainsi, la concentration en iode dans les algues peut être 1.000 à 10.000 fois plus élevée que dans l’eau de mer. C’est 10 à 100 fois plus chez les poissons et coquillages. Le césium peut être 10 à 400 fois plus concentré en fonction des espèces. » Toujours selon l’ACRO, c’est le césium 137 qui posera le plus de problème à moyen terme. Le césium 137 a une demi-vie de 30 ans, il se désintègre plus lentement que l’iode 131 qui a une demi-vie assez courte (8 jours), ce dernier disparaît relativement vite.

L’analyse de la radioactivité des poissons publiée régulièrement par le ministère de l’agriculture et de la pêche japonais montre en effet une inversion des tendances : le taux d’iode 131 tend à diminuer, alors que celui du césium 137 augmente pour la plupart des espèces halieutiques analysées sur la côte du nord-est. (Voir les derniers résultats du 18 mai 2011 : Suivi de la radioactivité des produits de la mer)

Hausse importante du taux de césium radioactif - Agence des pêches : Point au 16 mai 2011

Jusqu’à la fin avril 2011, seul le lançon (Ammodytes personatus) dépassait les normes autorisées de 500 Bq de césium radioactif/kg ou 2000 Bq d'iode 131/kg.

Dorénavant, 4 catégories de poissons dépassent la limite de 500 Bq de césium/kg :

  • Japanese sandlance (Ammodytes personatus) 2900 Bq césium/kg - Iwaki (Fukushima)
  • Japanese sandlance (Ammodytes personatus) 1374 Bq césium/kg - Kitaibaraki city (Ibaraki)
  • Japanese smelt (Hypomesus nipponensis) 870 Bq césium/kg - KitashiobaraVillage(Fukushima)
  • Ayu sweetfish (Plecoglossus altivelis) 760 Bq césium/kg - Iwaki (Fukushima)
  • Whitebait 850 Bq césium/kg - Iwaki (Fukushima)

Et 7 espèces halieutiques dont une espèce d’eau douce sont comprises entre 100 et 500 Bq de césium radioactif/kg :

  • Land-locked salmon (Oncorhynchus masou) - Furudono Town (Fukushima)
  • Japanese dace (Tribolodon hakonensis) - Furudono Town (Fukushima)
  • Giant Pacific octopus (Paroctopus dofleini) - Iwaki (Fukushima)
  • Marbled flounder (Pleuronectes yokohamae) Iwaki (Fukushima)
  • Olive flounder (Paralichthys olivaceus) - Iwaki (Fukushima)
  • Brown hakeling (Physiculus maximowiczi) - Kashima City (Ibaraki Offshore)
  • Ayu sweetfish (Plecoglossus altivelis) - Utsunomiya City (Kinu River) / Motegi Town(NakaRiver) / Tochigi City (Omoi River) dans la préfecture de Tochigi
Philippe Favrelière

(*) Bloom : Mot de langue anglaise très usité en Français pour désigner une prolifération pélagique phytoplanctonique ou encore "poussée phytoplanctonique", ou bloom phytoplanctonique. Phénomène de forte prolifération phytoplanctonique dans le milieu aquatique résultant de la conjonction de facteurs du milieu comme température, éclairement, concentration en sels nutritifs. Suivant la nature de l'espèce de phytoplancton concernée, cette prolifération peut se matérialiser par une coloration de l'eau, c'est à dire des eaux colorées. (Source : Aquaportail)

Autres articles :

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Revue de presse

Le 26 mai 2011

Eaux, algues, poissons et crustacés sont contaminés au large de Fukushima (Le Matin)

Greenpeace a fait des relevés à l’extérieur de la zone des 12 milles nautiques correspondant aux eaux territoriales nippones

L’organisation écologiste Greenpeace a annoncé que les produits de la mer au large de Fukushima présentent des taux de radioactivité au-dessus de la limite légale. La pêche est toujours arrêtée dans cette zone.

L’organisation écologiste Greenpeace a annoncé jeudi que les tests qu’elle a effectués sur des produits de la mer au large de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima (nord-est du Japon) avaient révélé des taux de radioactivité au-dessus de la limite légale.

Le groupe antinucléaire, qui a fait des relevés à l’extérieur de la zone des 12 milles nautiques correspondant aux eaux territoriales nippones, a critiqué les autorités japonaises pour leur "réponse inadéquate à la crise nucléaire de Fukushima" provoquée par le séisme et le tsunami géant du 11 mars.

Toutefois, la préfecture de Fukushima a indiqué que les activités de pêche n’avaient pas repris dans cette zone et qu’aucun produit de la mer de la région n’était mis sur le marché.

Greenpeace affirme avoir détecté des niveaux de radioactivité nettement supérieurs à la norme légale dans des algues, ce qui, selon elle, "suscite des inquiétudes graves sur les risques à long terme que représente l’eau de mer contaminée pour la population et l’environnement".

Début avril, quelque 520 tonnes d’eau très radioactive se sont écoulées dans la mer via une brèche, colmatée depuis, dans une fosse technique de la centrale Fukushima Daiichi (N°1), située au bord de l’océan Pacifique, à quelque 220 km au nord-est de Tokyo.

Greenpeace ajoute que ses tests, vérifiés de manière indépendante par des laboratoires français et belges, ont également décelé des quantités anormales d’iode radioactif et de césium 137 dans plusieurs espèces de poissons et de coquillages. "Nos résultats montrent que des volumes importants de contamination continuent de se répandre à une grande distance de la centrale nucléaire de Fukushima", a déclaré Jan Vande Putte, expert de Greenpeace, lors d’une conférence de presse à Tokyo.

Les autorités japonaises soulignent pour leur part que les courants et les marées devraient rapidement diluer la radioactivité dans l’océan. "Nous avons restreint la pêche de nous-mêmes en attendant que des tests soient effectués", a déclaré un responsable de la préfecture de Fukushima. "Nous prendrons une décision après avoir analysé les résultats des relevés, qui devraient intervenir rapidement."

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Le 10 juillet 2011

Une étude révèle la présence de radiation dans du plancton | NHK WORLD French

Une étude scientifique a détecté des substances radioactives dans du plancton provenant des eaux au large de la préfecture de Fukushima.

Une équipe de chercheurs de la faculté des Sciences et Technologies marines de l'Université de Tokyo a terminé vendredi une étude menée sur 8 jours. L'objectif de cette étude était d'étudier la propagation des matériaux radioactifs dans l'océan Pacifique depuis la centrale nucléaire Fukushima Dai-ichi. Le groupe a prélevé des échantillons dans le fond marin sur 120 kilomètres au large de la côte de Fukushima.

Du césium radioactif a été détecté dans du plancton animal collecté 35 kilomètres au large de la ville de Iwaki. Son taux atteignait 6 becquerels par kilogramme.

L'équipe de chercheurs a déclaré que ce niveau n'excède pas la norme de sécurité nationale. Ils ont ajouté qu'il serait également en dessous de la limite, même si le césium venait à être détecté dans de plus gros poissons qui consomment ce plancton contaminé. Source : Scoop.it

Des concentrations variables selon les espèces

Dans l’océan, toutes les espèces animales et végétales ne concentrent pas les radionucléides de la même manière. « Leur capacité d’accumulation dépend du radionucléide et de l’espèce, précise Dominique Boust. Des phénomènes d’accumulation dans les espèces vivantes pourraient conduire à des concentrations supérieures à celles que l’on a mesurées dans l’eau. » Et ces différences pourraient aller « d’un facteur 10 à un facteur de quelques milliers, selon le radionucléide et l’espèce considérés », souligne l’IRSN.

« Par exemple, une exposition à 1 becquerel par litre d’iode 131 dans l’eau peut entraîner une concentration de 10 à… 100 becquerels par kilogrammedans un poisson », précise Jean-Marc Peres. Pour ce radionucléide dont lademi-vie est de huit jours à peine, elle pourrait toutefois décroître en quelques mois. Mais pour d’autres éléments comme le césium 137 dont la demi-vie est de trente ans, le problème se posera sur le long terme...

« Ces phénomènes d’accumulation sont de nature à justifier la mise en place de programmes de surveillance radiologique », note l’IRSN. Les zones géographiques à étudier, tout comme les espèces végétales et animales entrant directement ou indirectement dans la chaîne alimentaire humaine, doivent toutefois encore être déterminées. Les experts précisent en outre qu’« une attention particulière devra être apportée aux installations aquacoles (algues, mollusques et poissons) situées sur le littoral proche de la centrale nucléaire ».

Dans toutes les mers du globe ?

Quel risque y aura-t-il à présent à consommer du poisson pêché dans le Pacifique, comme le saumon sauvage ? « Avec le temps de transfert des masses d’eau, la dispersion et la dilution des éléments dans l’océan, les concentrations radioactives devraient être, selon nos estimations, très faibles dans les espèces marines situées à distance », explique Jean-Marc Peres. De plus, « les espèces mobiles sont naturellement exposées pendant une période plus courte que les sédiments et les algues, à la pollution radioactive», ajoute Dominique Boust.

Les spécialistes estiment à environ dix ou quinze ans le temps nécessaire pour que l’eau de mer transfère la pollution du Pacifique nord-ouest à la zone équatoriale. Par ailleurs, une partie des eaux du Pacifique nord passe dans l’océan Indien en traversant les mers indonésiennes… avant d’être transportée vers l’Atlantique sud. La période de transfert est alors estimée à tente-quarante ans environ. « Lorsque les différentes sources de rejet en mer seront mieux évaluées, les simulations de dispersion marine devraient permettre d’améliorer l’estimation de l’évolution à moyen terme des concentrations en radionucléides », ajoute l’IRSN. Les inconnues sont donc encore nombreuses… Source : Radioactivité dans les océans : quelles conséquences ? (Futura Science)

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Le 16 juillet 2011

Il ne fait pas bon être une baleine au Japon (Metro)

La 63e Commission baleinière ouvre lundi à Jersey. Une ONG s'inquiète de l'impact du tsunami et de la radioactivité sur les cétacés

Comment les géants des mers ont-ils été affectés par le tsunami et la catastrophe nucléaire du 11 mars au Japon? C'est la question que pose l'ONG Robin des bois à la commission baleinière internationale, qui se réunit lundi à Jersey.

"Au sommet de la chaîne alimentaire"

L'association de défense de l'environnement s'inquiète d'abord des conséquences des rejets radioactifs massifs en mer au large de Fukushima. "Les baleines sont au sommet des chaînes alimentaires marines et leurs voies de contamination sont multiples : contact permanent avec la radioactivité artificielle, ingestion de plancton, de proies et de déchets contaminés, transmission de la radioactivité aux baleineaux pendant la période d’allaitement", note Robin des bois.

Certaines espèces, comme les rorquals communs, longent la côte est du Japon en avril-mai. Deux d'entre eux, capturés au large d'Hokkaido, présentaient des teneurs de 30 becquerels par kilos de césium 137.

Ingestion de débris

Le tsunami a également charrié des milliers de tonnes de déchets en tout genre, qui dérivent dans le Pacifique. Les débris sont ingérés par les cétacés, provoquer des occlusions intestinales ou la mort. D'autres substances (PCB, hydrocarbures, métaux lourds) contaminent toute la chaîne alimentaire marine. Une étude présentée lundi par la Société pour la conservation des dauphins et des baleines confirme le danger des plastiques pour les cétacés.

Robin des bois exhorte le comité scientifique de la commission baleinière à réaliser des études sur l'impact du tsunami sur les baleines du Pacifique nord.

Blocage et soupçons de corruption à la CBI…

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Baleines, algues, moules : océan radioactif au large de Fukushima (Rue 89)

Quatre mois après le séisme et le tsunami qui ont ravagé les côtes nord-est du Japon, la centrale nucléaire de Fukushima, détruite, vomit encore chaque jour d'importantes quantités de radioactivité dans l'environnement.

A cause des tonnes d'eau déversées lors d'une improvisation de la dernière chance pour refroidir les réacteurs blessés, c'est l'océan tout proche qui a surtout récupéré les radioéléments.

Si des tentatives de Tepco et d'Areva sont encore en cours pour limiter les rejets et colmater les fuites, la centrale ne peut pas être étanche. Or, il faut continuer à refroidir les cœurs et le combustible usé. Alors de l'eau radioactive s'écoule toujours en mer. Personne n'y peut rien.

Dilution des rejets toxiques… et concentration

Bien sûr, les courants transportent et diluent les rejets toxiques dans l'immensité de l'océan, mais il faut compter avec la vie qui a une tendance naturelle à lutter contre l'entropie… Sur la côte justement, il y a de la vie : des algues, des moules, des poissons, des mammifères marins, participant tous à une chaîne alimentaire complexe.

Chacun de ces organismes, à son niveau, capte et retient les particules présentes dans l'eau et se nourrit de l'étage inférieur. De proies en prédateurs, il y a concentration des éléments radioactifs.

Plus ils sont hauts dans la chaîne, plus ils risquent d'être contaminés. Outre les filtreurs, comme les moules, qui par définition vont retenir tous les polluants, les poissons carnivores, prédateurs, comme les thons ou les requins, sont particulièrement vulnérables.

Or, ce sont des prises et des mets de choix pour les populations humaines…

Une faune et une flore radioactives

Pour l'instant, en plus des détections directes d'iode 131, de césium 134 et de césium 137 dans l'eau de mer à 40 kilomètres de la centrale, ce sont les algues qui inquiètent : comme les champignons sur la terre ferme, les algues concentrent fortement les radioéléments. Et les grands mammifères marins avalent quotidiennement des tonnes de petits organismes qui se nourrissent de ces algues…

Mi-juin, dix-sept baleines ont été abattues au large d'Hokkaido dans le cadre du « programme de recherche » japonais sur les cétacés – une couverture pour de la chasse commerciale. Après analyse de six d'entre elles, deux se sont révélées contaminées au césium. Le gouvernement a interdit la pêche autour de la centrale. Les autorités et les responsables des pêcheries effectuent des contrôles du niveau d'irradiation de la pêche le long de la côte….

Commentaires

JLD a dit…
Nous le savions depuis des décénies !
Le nucléaire et ses risques.
La dégradation de l'iode 131 en iode 137 est connue et les observations prévisibles.
Quand on parle des risques, on les minimises et on se cache la réalité.
Un peu tart pour faire la fine bouche à présent !
Aujourd'hui, nous pouvons parler de conséquences :) et pourquoi pas mettre un peu de sel iodé pour faire passer le goût !?