Filière huîtres Oléron. France : Vouloir une politique halieutique et/ou une politique touristique ?
La France veut des alignements de bateaux dans un port de plaisance ou/et des alignements de filières de cultures marines en mer ?
En ce jour du 5 mai 2011, les plaisanciers de l’île d’Oléron manifestent contre un projet de développement de filières d’huîtres dans l'Anse de la Malconche sur la côte nord entre Oléron et Fort Boyard.
Que représentent ces 400 hectares de champs d’huîtres portés par le Comité Régional de la Conchyliculture de Poitou-Charentes dans le futur parc marin des pertuis charentais d'une superficie de 819.258 hectares dans lequel les plaisanciers pourront pratiquer à loisir leur sport favori ?
Vouloir une politique de la pêche et de l’aquaculture pour la France
Vouloir une politique halieutique pour la France. C’est vouloir développer le secteur halieutique non pas à travers la seule vision des acteurs de la pêche, mais en y en associant les acteurs de l’aquaculture dans une synergie pêche / aquaculture.… Lire : Pêcheurs et conchyliculteurs, tous ensemble, tous ensemble...
Louis Guédon, député de la Vendée, vient de dresser un diagnostic de la filière de la pêche dans un rapport «Vouloir une politique de la pêche pour la France » ; il propose une politique de la pêche en France sans y intégrer un volet « Alternatives et perspectives » avec la dynamique aquacole et autres alternatives halieutiques comme le pacage marin, les récifs artificiels, etc…
Ces alternatives halieutiques déjà choisies par des professionnels de plusieurs régions comme le pacage marin de coquille saint-jacques en baie de Granville ou en baie de Saint-Brieuc, ne demandent qu’à être soutenues et généralisées. Ces programmes innovants seraient la meilleure forme de soutien au métier de marin-pêcheur dans la perspective d’une transition vers une gestion maitrisée des stocks halieutiques.
Des exemples à l'étranger : Au Japon, les pêcheurs de pétoncles sont devenus à partir des années 1970 des pêcheurs-aquaculteurs qui produisent actuellement plus de 250.000 tonnes de pétoncles chaque année (10 fois la production annuelle de Saint-Jacques en France). En Alaska, les pêcheurs capturent près de 400.000 de tonnes de saumons chaque année dans le cadre de ce pacage marin (ou sea-ranching) après l'ensemencement de la mer avec des milliards de smolts, des jeunes saumons produits en écloseries (coopératives ou d'Etat)...
Philippe Favrelière
Autres articles :
- Loi de modernisation de l'agriculture et de la pêche sans ambition halieutique
- Schéma directeur de l'aquaculture : Qu'attendent les pêcheurs pour se protéger ?
- Pacifique Nord : Trop de saumons issus d'écloseries !
- Pêcheurs et conchyliculteurs, tous ensemble, tous ensemble...
- Aquaculture. Ne pas enfermer les pêcheurs dans la pêche
- A La Rochelle, les plaisanciers n'aiment pas les champs de moules et d'huîtres
- La Rochelle - Port des Minimes 2015 : La plaisance au coeur du parc naturel marin des pertuis charentais
Autres informations :
- Natura 2000 en mer : Parc marin des pertuis charentais
- Rapport Guédon (2011) : Vouloir une politique de la pêche pour la France (Diagnostic très documenté et pertinent du secteur de la pêche française et de la place du pêcheur dans la filière. Malheureusement, cette étude ne répond pas à une question fondamentale : Comment enrayer la dépendance de plus en plus grande de la France aux importations de produits halieutiques alors que notre pays règne sur le deuxième espace maritime dans le monde après les USA....?)
Parlement européen, 10 novembre 2010
Cécile Bigot, Sous-directrice de l’aquaculture et de l’économie des pêches
Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche
Pour télécharger le document, cliquer Ici
Aquaculture : A la recherche d’une stratégie de développement halieutique...
France : Toujours à la recherche d’un nouvel élan de l’aquaculture !!!
Avec Internet, Ifremer nous ouvre ses bibliothèques à des documents précieux comme la thèse de doctorat de Bernard Gilly sur les systèmes aquacoles en France.
Préparé au département de Stratégies de Développement et d'Aménagement de l'Ifremer, ce document daté de 1987 donne une analyse du développement aquacole de notre pays qui est toujours d’actualité. Une analyse avec un modèle d’aide à la décision que devrait lire tous les décideurs en mal de développement aquacole…
En 1987, Bernard Gilly se posait la question de savoir pourquoi la France n’arrivait pas à développer son aquaculture toujours ancrée dans la conchyliculture « traditionnelle » alors que d’énormes investissements avaient été consacrés à l’aquaculture dite « nouvelle ».
25 ans plus tard, les interrogations de Bernard Gilly sont toujours d’actualité ainsi que les analyses et les réponses apportées dans son document : "Les systèmes aquacoles en France : Analyse du développement de la recherche et modèle théorique d’aide à la décision"
Résumé.
Le secteur des cultures marines en France est souvent assimilé, dans les discours dominants, à l'aquaculture nouvelle (poissons ou crustacés élevés en mer) dont la production reste anecdotique. Dans la pratique, les élevages d'huitres et de moules (aquaculture traditionnelle) représentent un secteur d'activité d'un poids économique équivalent à celui des pêches maritimes.
Les discours dominants, étatiques, corporatistes et scientifiques, sur l'aquaculture nouvelle ont constitué un "paradigme aquacole", pérennisé sous la forme d'un système de représentations idéologiques empruntées à d'autres secteurs (en particulier au secteur agricole). Ignorant l'efficacité, la complexité et le déterminisme des différents systèmes de valorisation aquacoles, ce paradigme repose sur un modèle évolutionniste que l'analyse de l'histoire récente ne permet pas de confirmer.
Les différents résultats montrent que les freins au développement se situent au niveau de l'entreprise, vecteur essentiel d'un développement du secteur. Ils sont liés à la nature et au niveau de l'investissement d'une part, et d'autre part à l'évaluation des risques et incertitudes liés à la dépendance de la production par rapport à 1'environnement et aux imperfections des marchés des produits aquacoles.
Un modèle théorique d'aide à la décision de l'entreprise utilisant la programmation linéaire est présenté, avec un double objectif :
- obtenir une représentation du comportement général d'une firme aquacole indépendamment de sa ou ses productions, en tenant compte des facteurs de risque et d'incertitude ;
- permettre l'utilisation ultérieure de ce modèle pour fournir, aux investisseurs, aux organismes d'aménagement et à la recherche, un outil à multiples fonctions : sensibilité des résultats à des modifications de certains facteurs maîtrisés ou non par l'entreprise, faisabilité économique en univers incertain, simulation de l'évolution optimale des entreprises à plus ou moins long terme.
L'exploitation des ressources marines vivantes a essentiellement deux composantes : une activité de simple cueillette, la pêche sous toutes ses formes, et une activité de culture marine qui revêt des aspects très différents selon son degré de sophistication. Ces deux composantes ont des caractéristiques communes tant au plan biologique qu'au plan économique : toutes les deux sont des activités économiques basées sur l'exploitation de ressources naturelles renouvelables; toutes les deux utilisent, à des degrés divers, la productivité naturelle du milieu aquatique. L'état d'avancement des travaux économiques est assez inégal pour ces deux secteurs: de nombreuses analyses économiques théoriques et appliquées ont été menées sur la pêche maritime, permettant l'émergence d'un véritable sous ensemble de l'économie des ressources naturelles (dans la réalité, son degré d'avancement la place souvent en position de leader en la matière). Les travaux économiques menés sur les cultures marines n'ont ni cette homogénéité, ni ce degré d'avancement, malgré les questions importantes qui sont en jeu (aménagement du littoral, développement des productions). Ces travaux procèdent généralement à partir de deux types d'approche: une approche agricole ou une approche halieutique, c'est à dire que pour étudier les enjeux de l'aquaculture, on commence par lui retirer sa spécificité en utilisant a priori une approche exogène au secteur.
Notre thèse est qu'il n'existe pas d'aquaculture "nouvelle" qui s'opposerait à l'aquaculture "traditionnelle". Mais une même activité aquacole dont la diversité des mises en œuvre témoigne d'une différence de forme et non de nature : plus ou moins grande dépendance par rapport aux capacités biotiques du milieu, plus ou moins large contrôle des phases du cycle biologique. Ces sont ces critères (et les espèces élevées) qui différencient plus sûrement les types d'aquaculture que leur supposé caractère de nouveauté ou de tradition. Cette dualité erronée s'est pourtant traduite, historiquement, par la séparation des recherches entre organismes : l'Institut Scientifique et Technique des Pêches Maritimes (ISTPM) se consacrait à des recherches très appliquées en conchyliculture, venant en appui d'une profession très structurée depuis de nombreuses années ; le Centre National pour l'Exploitation des Océans (CNEXO) avait développé une recherche de pointe sur les nouvelles formes d'aquaculture et suscitait des développements d'entreprises en s'impliquant directement dans le processus de production et/ou de commercialisation. Au delà des réelles divergences thématiques, ces deux types de recherches traduisaient l'affrontement de deux logiques scientifiques et de deux logiques sociales de l'approche scientifique....
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Oléron. Filières conchylicoles : « On ne veut pas envenimer la situation » (Sud Ouest)
Les plaisanciers ont annulé leur rassemblement contre les filières en mer.
En début de semaine, plusieurs associations de plaisanciers avaient lancé un appel pour se réunir (lire « Sud Ouest » du mercredi 4 mai). En cause : le projet d'un champ de filières en mer sur 400 hectares, dans l'anse de la Malconche, face à l'île d'Oléron. Il fait redouter aux plaisanciers des problèmes liés à l'accélération de la sédimentation ou au danger présenté pour la navigation.
L'association des plaisanciers d'Antioche (APA), l'association des plaisanciers du port de Saint-Denis-d'Oléron (APPSD), entre autres, sont passées à l'action hier, à 14 h 30, devant la mairie de Saint-Georges-d'Oléron, afin de rencontrer le commissaire-enquêteur sur la question des filières conchylicoles au large.
Calmer le jeu - À leur arrivée, les représentants ont annoncé l'annulation du rassemblement, afin de calmer le jeu, de crainte d'une contre -manifestation d'ostréiculteurs.....
Échanges courtois - « On a jamais été contre les touristes, ajoutaient les autres professionnels, mais l'ostréiculture existe depuis la nuit des temps et on a le droit de souhaiter que ça continue encore longtemps. C'est pour ça qu'on s'est mobilisé à l'appel de nos syndicats et par le bouche à oreille ». Un espoir, donc.
Au lieu de l'affrontement craint, on a pu assister à des échanges courtois, comme cette discussion entre M. Pierre Chemin, ostréiculteur à Dolus et des plaisanciers restés sur place. Pierre Chemin : « On n'y arrive plus. Mais ne croyez pas pour autant qu'on se moque du reste : on travaille même sur des systèmes d'ancrage écologiques, des installations et du matériel qui respectent les droits et les activités de chacun. Il faut ouvrir un espace de dialogue et finalement y ''aller ensemble'' ».
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Le 11 août 2011
Le délicat partage (Sud Ouest)
Entre fort Boyard et les bouchots des Saumonards, l'anse de la Maleconche, où la conchyliculture rêve d'un champ de production d'huîtres sur filières immergées de 426 hectares.
On tousse au port du Douhet, on s'irrite au bassin de Saint-Denis-d'Oléron. Pendant ce temps-là, Boyardville gronde, le Comité régional des pêches maritimes est contre, et la commune de Saint-Georges-d'Oléron a, elle aussi, voté son opposition. Cela n'a pas suffi !
À l'issue de l'enquête publique, le commissaire a rendu un avis favorable au projet de champs de filières pour l'élevage d'huîtres et de moules dans l'anse de Maleconche. Avis certes assorti de quelques réserves, mais avis favorable quand même. C'est désormais à Madame le préfet de trancher dans ce dossier qui adopte les contours d'un énième conflit d'usage dans les pertuis.
La Maleconche, c'est un berceau du littoral oléronnais. Calé entre la pointe des Saumonards, sentinelle du chenal de Boyardville, et la pointe des Normands, gardienne du port du Douhet. Bordée en mer, par la monumentale carte postale du fort Boyard. Et à terre, par la dune, avec au-delà, la grande pinède des Saumonards. Le vacancier chérit ce vaste lit de sable blond. Le plaisancier aime ces eaux. Et les conchyliculteurs, aussi.
Il y a des lustres que ces derniers ont aligné leurs pieux de bouchots en bord de plage pour élever les moules. Un peu plus au large, ils cultivent aussi depuis une décennie un champ de soixante filières. C'est le projet d'étendre le secteur réservé à cette technique consistant en un maillage d'installations immergées reliées au fond, et maintenues en suspension par des bouées, qui attise les tensions.
Les ostréiculteurs attendent de cet élevage sur filières des vitesses de croissance supérieures aux techniques traditionnelles de production sur l'estran.
« Trois fois l'île d'Aix »
Impressionnante poussée de croissance en vérité, puisque ce champ étendrait ses limites sur 426 hectares. La zone proposée à la délimitation préfectorale forme ainsi un triangle imparfait dont l'un des segments, relativement parallèle au littoral, s'étire sur 3,9 km dans sa plus grande longueur, puis se brise en direction de la côte sur une distance de 1,8 km. « C'est plus de trois fois la surface de l'île d'Aix ! », peste le président de l'Unan, la Fédération départementale des associations de plaisanciers. Philippe Grand n'est donc pas près de céder un pouce de terrain. Il l'a fait savoir au commissaire enquêteur en noircissant d'observations deux feuillets et demi....
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Le 20 août 2011
Oléron. Filières à huîtres : Le « non » des marins pêcheurs (Sud Ouest)
Le projet des conchyliculteurs n'est pas du goût des pêcheurs, qui expriment leur opposition. Jean-Marie Berbudeau : « Cette pratique d'empiétement n'est pas tolérable ».
Après les plaisanciers (lire notre édition du 11 août dernier), ce sont les marins pêcheurs professionnels qui expriment leur opposition au projet de champ de filières conchylicole de la Maleconche, entre fort Boyard et l'île d'Oléron.
Dans un communiqué co-signé du président du comité régional des pêches maritimes, Michel Crochet, et de Jean-Marie Berbudeau, président du comité local des pêches de Marennes-Oléron, ils expriment s'être rapproché du commissaire enquêteur, le 4 mai dernier, pour l'informer de leurs arguments qu'ils rappellent ici.
« De nombreux professionnels dépendant des coureaux se verraient amputer d'une zone de pêche non négligeable, si le projet devait voir le jour. Si nous sommes solidaires des conchyliculteurs, vues les difficultés qu'ils rencontrent, ce projet ne viendrait cependant que renforcer la fragilité des pêcheurs charentais. Cette pratique d'empiétement n'est pas tolérable, de surcroît lorsqu'elle est le fait de collègues qui ne savent que trop bien la dureté de nos métiers, les restrictions européennes. Il est tout simplement hors de question d'accepter cette conquête maritime ! » Le message adressé à ses porteurs, au comité régional conchylicole Poitou-Charentes est clair.
« Concertation biaisée ? »
« Une question reste en suspens : à quelle catégorie d'ostréiculteurs cette extension du champ de filières profitera-t-elle ? Ceux dont la situation pourrait être allégée en trouvant un tel projet, ou bien s'agit-il de renforcer l'assise de certaines cabanes bien connues sur notre territoire ? », interrogent les co-signataires.
Lesquels évoquent aussi l'enquête publique qui s'est tenue durant un mois à la mairie de Saint-Georges-d'Oléron. « Le rapport de l'enquête publique fait état de 153 avis favorables et de 195 avis défavorables. Outre les pêcheurs qui se sont exprimés, le conseil municipal de Saint-Georges-d'Oléron s'est également opposé de manière unanime au développement de ce projet. Cependant, la conclusion, surprenante, du commissaire enquêteur est quant à elle favorable… nous sommes quelque peu étonnés de cette conclusion. Mais la décision ultime est entre les mains de Mme le préfet de la Charente-Maritime. »
Et d'ajouter : « Certes, le commissaire enquêteur émet des réserves : la maîtrise des déchets, un suivi annuel de l'influence des filières sur l'environnement, étudier l'éloignement du champ de la côte. Mais la pêche et nos craintes sur ce projet ne semblent pas un argument opportun ! Quel est donc l'intérêt d'une enquête publique ? Pourquoi solliciter des citoyens, les structures, les élus ? Encore un nouvel exemple d'une concertation biaisée ? »
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Marennes-Oléron. La culture en filière des huîtres (France 3 Poitou-Charentes)
Oléron (17): les huîtres en filière Voir cette vidéo
La technique de la filière, plus largement répandue pour les moules, a déjà fait ses preuves en Bretagne et Normandie pour les huîtres. Elle permet une pousse plus rapide car permanente puisque les huîtres, immergées, sont nourries en permanence.
Un projet portant sur près de 300 hectares au large de Chassiron a été initié il y a sept ans. Il est aujourd'hui sur le point d'aboutir et pourrait concerner à terme une cinquantaine de professionnels. A l'heure actuelle, un seul ostréiculteur exploite cet élevage sur filière entre Oléron et La Rochelle.
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Le 17 janvier 2012
Pour développer les huîtres de pleine mer (France 3 Poitou-Charentes)
C'est l'épilogue d'une longue bataille entre ostréiculteurs et plaisanciers et de 10 ans de travail sur le dossier, le préfet de la Charente- Maritime a signé l'autorisation pour la mise en place d’un parc de près de 400 hectares au large de l’ile d’Oléron.
Les huitres en filière au large d'Oléron…. Voir cette vidéo
Un champ de filières ostréicoles sera progressivement installé en mer au large d'Oléron pendant les sept années à venir. Environ 400 filières pour l'élevage des huîtres ou des moules seront installées progressivement sur sept ans. Toutes les étapes de la production seront ainsi réalisées en Charente-Maritime.
Cette nouvelle orientation prise par certains ostréiculteurs de Marennes-Oléron vise à lutter contre la surmortalité des naissains et à rapatrier toute la chaîne de production en Charente-Maritime. Ces huîtres Marennes-Oléron, élevées en plein mer, n'iront plus grandir dans les eaux plus froides de Normandie, de Bretagne ou d'Irlande.
Cette technique des filières est déjà utilisée dans d'autres bassins ostréicoles français.
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Le 7 mars 2012
Filières à huîtres : Impasse à la Maleconche (Sud Ouest)
Outre qu'il pose la question des usages et du partage de l'espace maritime, le dossier Maleconche met en plein sur la protection des paysages.....
Le projet d'élevage d'huîtres et de moules sur des filières immergées dans l'anse de la Maleconche - au large des plages oléronnaises de la Gautrelle et des Saumonards - continue de faire des vagues.
Signé le 2 décembre dernier l'arrêté du préfet, autorisant le Comité régional conchylicole Poitou-Charentes à implanter ces installations au large d'Oléron, dans le pertuis d'Antioche, n'a pas éteint l'incendie. Au contraire.
« Le lobbying a primé sur l'intérêt général », tempête le président de l'association des plaisanciers de La Rochelle, dans l'éditorial de la dernière publication de sa revue. Alain Garcia résume bien ainsi le sentiment des opposants qui disent que les conchyliculteurs, sur le sujet, ont voulu aller très vite, pour prendre de vitesse la procédure de création du parc naturel marin des pertuis.
Cette instance sera probablement plus contraignante car tout sujet maritime y sera débattu contradictoirement entre les différents usagers, plaisanciers compris, avant qu'une décision ne l'emporte sur le fond.
« Encore une fois, nous ne sommes pas contre les filières conchylicoles en tant que telles, commente à son tour Philippe Grand, le président de l'Union départementale des associations de navigateurs (Unan17). Mais il ne faut pas les mettre n'importe où. Cela fait dix ans que nous demandons l'étude d'une solution alternative. L'entêtement de l'Administration dans ce dossier est considérable. C'est de la folie de laisser faire ça, mais compte tenu du fait qu'il s'agit de l'outil des conchyliculteurs, c'est politiquement incorrect de dire qu'on est contre. »
L'Unan 17 prépare donc en ce moment un recours devant le tribunal administratif (1). « Nous ne sommes pas seuls, les troupes sont remontées et d'autres formes d'actions ne sont pas invraisemblables ! », prévient le président.
Objectif, éviter la création de cette zone couvrant 387,5 hectares localisée sur la côte est de l'île d'Oléron pour mettre en place des filières (lire ci-contre).
« Un danger maritime »
De 426 hectares et 420 filières à l'origine le projet a pourtant été revu à la baisse. Il est prévu aujourd'hui pour 364 filières (2). Mais les griefs sont maintenus. Ils sont rangés dans trois chapitres portant sur la sécurité, l'environnement, et l'économie.
« Cette réalisation créerait un danger maritime particulièrement redoutable du fait de sa proximité avec la longe de Boyard (NDLR, un haut-fond) où les déferlantes sont fréquentes », avait écrit l'Unan17 au commissaire enquêteur. Outre l'incidence paysagère du champ, l'accélération de l'envasement du fond est l'un des risques que soulève l'association qui « ne peut pas accepter l'appropriation de l'espace maritime au profit de quelques-unes et au détriment de tous les autres. »
C'est exactement l'argument que le directeur du comité régional conchylicole retourne aux opposants : « Pour essayer de contenter les plaisanciers, nous avons, par rapport au projet initial, retiré des filières qui étaient devant le port du Douhet. Ils sont pour le développement de leur activité, pas pour le développement de la nôtre. Or, ces filières, nous en avons besoin. Et elles s'inscrivent aujourd'hui dans un schéma régional de développement aquacole que prévoit la loi de modernisation agricole. Il est en cours de préparation en Poitou-Charentes, avec un double objectif : recenser les sites aquacoles existants, et inventorier les sites potentiels. »
(1) Parmis les opposants, l'an passé, on trouvait aussi outre les plaisanciers des ports du Douhet et de Saint-Denis-d'Oléron, sur la route desquels se situe le champ de filières, la commune de Saint-Georges-d'Oléron. Le Comité régional des pêches maritimes de Poitou-Charentes, avait aussi contesté le choix des conchyliculteurs. (2) Les 80 premières pourraient être mises en place dès cette année. Les autres le seraient ensuite progressivement, dit en substance le directeur du Comité régional conchylicole....
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Le 22 mars 2012
Marennes-Oléron : Un risque majeur (Sud Ouest)
Les usagers du littoral se mettent en travers du projet de filières de la Maleconche.
«Faut-il risquer de dénaturer un patrimoine touristique exceptionnel, unique sur la côte orientale d'Oléron, pour réaliser un projet gigantesque dont le bénéfice économique et social pour l'ensemble du secteur ostréicole n'est pas démontré ? »
La question est posée par des riverains du littoral de la Maleconche, cet espace remarquable qui s'étire dans le sud du port du Douhet. En mer, il y a le projet des conchyliculteurs de développer un vaste champ de filières, pour cultiver des huîtres à plus grande profondeur. Le dossier rencontre l'hostilité des associations de plaisanciers, de la commune de Saint-Georges-d'Oléron, il est regardé de très près par l'association de protection des paysages d'Oléron. Et, depuis le 4 février dernier, date de constitution de l'association pour la préservation du littoral de la Maleconche et des pertuis charentais (Aplimap), il rencontre en travers de sa route des habitants des communes oléronnaises et usagers du littoral. 135 adhérents.
Leur combat est moins de pointer les contraintes à la navigation que posera le champ de filières, que mettre en exergue les arguments d'une contestation relevant de considérations environnementales. Constituée après la date de publication de l'arrêté préfectoral créant ce lotissement conchylicole, l'association ne peut agir en justice. Mais elle n'en bâtit pas moins un argumentaire pour, au besoin, enrichir celui des associations qui, elles pourront porter le fer dans la plaie. Le dépôt d'un recours est imminent, la fin de ce mois de mars est évoquée.
Relèvement des fonds
Que déplore donc l'Aplimap ? D'abord, l'idée que le champ de filières est voulu et accepté de toute la profession. « C'est faux, relève l'équipe rassemblée autour du trésorier Bernard Delamarre. Lequel souligne que c'est bien parce que des ostréiculteurs, dans l'environnement des riverains, ont exprimé leurs réserves sur le projet, qu'ils se sentent légitimes, eux aussi, à le critiquer. « L'idée n'est pas d'opposer tourisme et ostréiculture », relève-t-il, repris en écho par Anne Karehnke, secrétaire de l'association : « La mer est inaliénable, elle nous appartient, à tous. Et là, elle serait aliénée pour soixante ostréiculteurs ? »
Au-delà des passions, l'Aplimap (1) entend avancer une démonstration constructive. Ses membres ont procédé à des calculs. « Pour créer ces 387 hectares de filières, le projet tend 50 km de câbles, supportés par plus de 10 000 bouées. À seulement 1 900 mètres du port du Douhet. » Une proximité qui fait redouter les nuisances visuelles. Mais aussi les perturbations sonores induites par le trafic des bateaux de 16 à 23 mètres qui exploiteront ces filières. Au passage, la question du port d'accueil de cette flottille est d'ailleurs posée, sans trouver sa réponse.
La crainte d'un relèvement du fond d'une part, de la pollution de la plage proche, d'autre part, est formulée. Pollution liée aux « activités de manipulation, avec brassage de boues pendant les phases de remontées des installations ». Pollution induite par les rejets organiques des mollusques, aussi. Suivant la densité de coquillages qui sera retenue, et selon le pourcentage de pertes de juvéniles lors de cette phase de croissance, Bernard Delamarre énonce la fourchette de 300 à 800 tonnes de rejets par jour. Caution scientifique de la démarche ?
Le trésorier de l'association a calculé à partir de données disponibles auprès du Centre régional d'expérimentation et d'application aquacole du Château-d'Oléron, et en extrapolant à la superficie mise en culture. Il dit avoir aussi recoupé ses résultats auprès d'un « chercheur de l'Ifremer spécialiste des rejets des coquillages. » Un scientifique extérieur au département, dont Bernard Delamarre ne communique cependant ni l'identité, ni la station de recherche à laquelle il est rattaché.
(1) L'association est présidée par Noëlle Demyk.
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Le 20 avril 2012
Maleconche : les conchyliculteurs menacent de bloquer les ports (Sud Ouest)
Le rapport de force est installé sur le dossier des filières d'élevage
Les conchyliculteurs iront-ils jusqu'à bloquer les ports de plaisance, pour convaincre les opposants au projet de filières d'élevage de la Maleconche - au premier rang desquels les plaisanciers - de calmer leurs ardeurs ? La menace est réelle et sérieuse. Elle a été posée hier, à l'occasion d'un point de situation du Comité régional conchylicole Poitou-Charentes sur les dossiers d'actualité de la conchyliculture. C'était l'ultime temps de réflexion du 40e Salon du matériel conchylicole, cultures marines et pêche de La Tremblade. Très vite, le dossier des filières de la Maleconche est arrivé sur la table.
« Deux ou trois coquins »
On sait que le projet de champ de filières sur cette partie du littoral oléronnais, au droit du port du Douhet, est autorisé par arrêté préfectoral depuis décembre. Et que plusieurs associations (riverains, plaisanciers) et la mairie de Saint-Georges-d'Oléron y sont hostiles. Un recours serait en préparation.
Les conchyliculteurs rappellent deux points. En premier lieu, que dès le mois d'août débutera l'installation d'une première tranche de 70 filières. D'autre part, que le besoin pour l'économie ostréicole de ce nouvel outil n'est pas une vue de l'esprit. Ainsi, une réunion, programmée aujourd'hui, doit rassembler les premiers candidats à l'installation sur le site, pour dresser les modalités de la manœuvre.
Dans son plaidoyer sur le dossier (« les arguments de nos opposants sont infondés, les filières déjà implantées ont prouvé qu'elles n'engraissaient pas le trait de côte »), le président de l'interprofession conchylicole, Gérald Viaud, trouvait un allié, en la personne de François Patsouris, son prédécesseur, qui avait lancé l'opération Maleconche. « Il y a deux ou trois coquins prêts à mettre le feu à ce dossier vital pour l'ostréiculture, s'est enflammé l'élu trembladais. Les problèmes d'eau douce, notamment de la Charente, ne vont pas s'arrêter demain. Nous avons besoin d'un outil moderne […] Quand nous avions rencontré des problèmes sur les filières de Sud-Charente, nous sommes allés rencontrer ceux qui étaient contre : Comité départemental et ligue régional de voile, les plaisanciers. Ce que l'ancien président des mytiliculteurs avait dit alors était simple : " Si vous n'enlevez pas vos recours contre les filières, lors de vos régates en Tornado, préparez-vous à devoir courir contre des chalands mytilicoles !"»
La menace aurait porté ses fruits. Elle est donc réitérée pour le dossier « Maleconche. » L'étincelle du rapport de force est allumée. Gérald Viaud suit. François Patsouris poursuit : « Nous avons accepté l'extension du port de plaisance de La Rochelle, nous acceptons les boues de dragage en mer. Il faudrait des concessions. Ce serait de laisser ce champ de filières. » Le directeur du Comité régional conchylicole, Laurent Chapeau, monte à son tour à l'offensive : « Les ports de plaisances vont prochainement renouveler leurs autorisations de dragage pour dix ans. Nous pouvons réagir pour faire en sorte que les matériaux de dragage ne soient plus rejetés en mer. »
Le 25 avril 2012
Marennes-Oléron : Perte de sang-froid (Sud Ouest)
Deux associations de plaisanciers et de riverains d'Oléron, l'Aplimap et l'Unan 17, se sont senties directement visées par cette attaque. Dans un communiqué, elles désapprouvent « fortement les invectives et les menaces proférées » et « déplorent qu'un élu local, fonctionnellement en charge de l'ordre public, puisse préconiser le rapport de force (NDLR : François Patsouris est adjoint au maire de La Tremblade) comme moyen d'action ». Faisant référence aux déclarations de François Patsouris et de Gérald Viaud, ces associations posent la question suivante : « L'un et l'autre perdent leur sang-froid ; quitteraient-ils le terrain pacifique de l'argumentation faute de véritables arguments ? Où sont les" coquins" ? ».
Aplimap et Unan 17 mettent aussi un fer au feu en interrogeant : « Mme le préfet s'est-elle dessaisie de la compétence de l'État sur le domaine public maritime au profit du Comité régional conchylicole ? Nous sommes en droit de nous poser la question, puisque l'ancien et le nouveau président du CRC prétendent avoir accepté l'extension du port des Minimes, délivré des autorisations de dragage, accepté que puissent se dérouler les régates ; en résumé, le CRC prétend décider de tout ce qui concerne l'espace maritime. »
Et d'ajouter : « Il est vrai que, contre l'avis unanime de la municipalité de Saint-Georges-d'Oléron, contre l'avis du Comité régional des pêches […] contre l'avis des associations locales et départementales de plaisanciers, l'aberrant projet de lotissement de filières conchylicoles a été autorisé dans la superbe anse de la Maleconche, au bénéfice d'un petit nombre d'ostréiculteurs privilégiés. »
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11 juillet 2012
Chose promise, chose due. Comme elle l'avait annoncé, l'Association des plaisanciers de La Rochelle a saisi le tribunal administratif de Poitiers pour demander l'annulation du projet de filières ostréicoles dans l'anse de Maleconche, au large d'Oléron (« Sud Ouest » du 29 février). Elle n'est pas la seule. Plusieurs associations de navigateurs et de protection de l'environnement l'accompagnent, plus la mairie de Saint-Georges-d'Oléron qui a confié ses intérêts à Me Thomas Drouineau, du barreau de Poitiers.
50 km de câbles
Le Comité régional conchylicole Poitou-Charentes veut développer l'ostréiculture en eau profonde dans les pertuis charentais. Il y voit une réponse à la surmortalité des huîtres qui, depuis trois ans, frappe les parcs de Marennes-Oléron et de l'île de Ré. La technique favorise également une croissance des coquillages plus rapide que sur l'estran. Une soixantaine de filières existent déjà dans ce coin du pertuis d'Antioche, à un mille de la plage des Saumonards.
Leur nombre serait porté à 364, couvrant un triangle de 387 hectares. Soit quelque 50 km de câbles tendus à la surface de l'eau qui interdiront toute navigation. Malgré l'opposition des plaisanciers, des pêcheurs professionnels et des élus saint-georgeais, inquiets des conséquences sur le tourisme, l'enquête publique menée durant l'été 2011 s'est conclue sur un avis favorable. Suivi le 2 décembre de l'arrêté préfectoral d'autorisation d'exploitation.
« L'enquête a été bâclée, s'irrite le président des plaisanciers rochelais, Alain Garcia. Elle a totalement négligé l'aspect sécurité et l'impact sur l'environnement. Ce que nous demandons, c'est un gel du projet en attendant une enquête plus précise, à la lumière du futur Parc naturel marin. »
Quel impact ?
Pour les opposants, il est clair que les ostréiculteurs cherchent à passer en force avant qu'un classement des pertuis vienne renforcer les contraintes. C'est un élément que ne manquera pas de faire valoir Me Drouineau, mais qui s'ajoute à d'autres arguments de fond : « L'enjeu, pour Saint-Georges-d'Oléron, c'est la sauvegarde de la ressource touristique. L'étude d'impact est très sommaire. Elle ne répond pas aux questions que l'on peut se poser et ne dit rien sur les nuisances, notamment pour les plages. Comme si elle avait été compilée à partir de données techniques et météorologiques anciennes, pas même actualisées. »
L'association d'Alain Garcia avait déjà contesté les filières de moules de la baie d'Yves. Elle avait gagné à Poitiers en 2007 puis perdu en appel à Bordeaux deux ans plus tard. Son recours devant le Conseil d'État avait été jugé irrecevable.
Le recours pourrait être plaidé fin 2013 compte tenu de l'encombrement des juridictions administratives. Au cas où les travaux commenceraient entre-temps, Me Drouineau engagerait un référé suspension pour en demander l'arrêt immédiat
L'implantation de nouveaux bouchots dans la baie de la Vilaine provoque une levée de boucliers. Les opposants craignent un envasement de la grande plage, très fréquentée, de la station balnéaire.
Référence en matière d'élevage de moules de bouchots, la baie de Vilaine est aujourd'hui secouée par un vent d'opposition à l'implantation de plusieurs centaines de nouveaux pieux. Car ce projet est prévu, sur 14 hectares, à proximité de la grande plage, très fréquentée, de Damgan.
Le feu a été mis aux poudres après une récente réunion, aux Affaires maritimes à Lorient, au cours de laquelle le comité local de navigation a donné son accord au dossier. Le comité de défense du littoral de Damgan n'y était pas convié mais cette association environnementale a décidé de mener aujourd'hui l'offensive, appuyée par le maire de cette commune.
« Nous craignons des conséquences catastrophiques car ce projet va reproduire le même phénomène qu'à Kervoyal, à quelques kilomètres », explique son président Jacques Mathieu. « En 2000, le préfet n'avait pas tenu compte de la forte opposition manifestée lors de l'enquête publique et d'une étude qui démontrait les conséquences négatives. Il y avait autorisé l'installation de nouvelles concessions, mais les pieux ont retenu la vase qui se dépose désormais sur la plage de Kervoyal. »
30 cm de vase par an
Le maire Alain Daniel est catégorique : « J'ai déjà refusé ce dossier voici deux ans, dans le cadre de Natura 2000. Il y a le risque d'envasement de la grande plage mais ce site est aussi une zone de pêche fréquentée. Ce projet va être une catastrophe pour l'environnement et le tourisme. Je vais sensibiliser tous les maires de la baie pour le combattre. Nous ne pouvons pas laisser faire. »
400 tonnes par an
Ce phénomène d'envasement trouve son origine dans la construction du barrage d'Arzal : le cours de la Vilaine est désormais obstrué et le fleuve ne joue plus son rôle de chasse d'eau. « La vase s'est déposée de 30 cm par an. L'institut d'aménagement de la Vilaine n'a pas respecté le cahier des charges qui prévoyait un dragage régulier. Les travaux qu'il a tardivement menés ressemblent plus à un brassage de la vase qu'à un dragage », poursuit Jacques Mathieu.
« Ces opposants sont de mauvaise foi. L'envasement existe mais il n'est pas dû aux bouchots. Quand la concession de Kervoyal a été exploitée, il y avait déjà 5 m de vase et la modification est minime depuis douze ans selon des études menées », assure Bernard Tobie, mytiliculteur à Pénestin et membre du groupement qui a déposé le dossier pour Damgan. « Nous sommes quatre exploitants de Pénestin et deux du Tour-du-Parc. Nous avons besoin de nous développer, non seulement car notre production diminue aux abords du barrage d'Arzal et parce que c'est une reconversion pour les ostréiculteurs touchés par la crise de l'huître. »
Pour Bernard Tobie, « ce projet n'aura pas de conséquences pour la plage de Damgan qui est distante de près de 2 km et protégée par des rochers. Ce site est intéressant pour les moules car il est abrité et riche en nourriture. On pourrait y produire 400 tonnes par an. »
Les opposants ne l'entendent pas de cette oreille : ils font déjà circuler une pétition avant que le dossier ne soit présenté à la commission des sites et soumis à une enquête d'utilité publique.
Patrick CERTAIN.
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Poids économique de la conchyliculture en baie du Mont-Saint-Michel
Repères
Chiffre d'affaires : à lui seul, le secteur de la conchyliculture dans la baie dégage un chiffre d'affaires de 43,3 millions d'euros.
Tonnage : Les moules arrivent en tête avec 10542 tonnes récoltées l'an passé, dont la moule de bouchots qui bénéficie désormais de l'appellation d'origine protégée. L'huître creuse représente une production de 5813 tonnes suivie de l'huître plate avec 1310 tonnes.
Emploi : les 125 entreprises totalisent 551 emplois, dont 468 emplois permanents. 69 saisonniers et 14 intérimaires renforcent les effectifs en haute saison.
Matériel : 58 navires amphibies permettent de travailler sur les exploitations, auxquels s'ajoutent 29 chalands, 120 yoles, 195 véhicules, 223 tracteurs et 77 élévateurs
Source : Les conchyliculteurs s'engagent dans la baie du Mont Saint-Michel (Ouest France)
Moules et huîtres sont essentielles pour l'économie de la baie du Mont Saint-Michel. Une convention instaure le respect de l'environnement.
Un espace de production
Dans la baie, entre Cancale et le Mont Saint-Michel, on trouve le premier bassin de production de coquillages en France. Pour l'huître plate, il s'agit même du premier bassin européen. Les producteurs doivent néanmoins concilier activité économique et préservation de l'environnement. « Il s'agit de régler les conflits d'usages qui apparaissent régulièrement et qui provoquent des tensions, explique le préfet, Michel Cadot. Certains voudraient que la baie reste un paysage. Elle doit être préservée, mais c'est avant tout un espace de production, qui permet de faire vivre et d'entretenir l'espace. »
Un document historique
Une convention a été signée hier par le représentant de l'État avec Jean-Louis Tourenne, le président du conseil général ; et Goulven Brest, à la tête du Comité régional de la conchyliculture en Bretagne nord. « Un document historique, de l'aveu même des professionnels, l'aboutissement de quinze années de discussions. » Elle instaure une nouvelle instance de gouvernance, de suivi et d'évaluation, associant tous les acteurs sur le terrain.
La convention prévoit un plan d'actions annuel pour un développement intégré de la conchyliculture dans la baie. Concrètement, il s'agit d'effaroucher les macreuses, ces oiseaux qui s'attaquent aux coquillages ; d'entretenir les chemins ; de ramasser les déchets sur l'estran ; de collecter et de traiter les coproduits, en particulier les petites moules impropres à la commercialisation. Le fonctionnement et l'entretien du port de Cancale et du port départemental du Vivier-Cherrueix figurent aussi parmi les actions prévues en 2012.
Le dispositif sera financé par une Cotisation professionnelle obligatoire, acquittée par l'ensemble des conchyliculteurs. Chacun paye, en fonction de la surface pour les huîtres, et du nombre de pieux pour les moules. Là encore, une première, car cette cotisation existait dans l'agriculture mais pas dans les exploitations maritimes. « Jusqu'à présent, on gérait en sanctionnant, en faisant appliquer les règles, décrit le préfet, pour résumer la démarche. Désormais, on fait confiance à la responsabilité collective de l'ensemble des professionnels. »
Un projet imaginaire, créateur de ressource halieutique pour Fécamp...
Quand les collectivités locales investissent dans des ports "Musée"...
Maud et Marine, deux étudiantes en architecture, imaginent le port du futur.
Voici quelques nouvelles du projet "Fécamp port secondaire, Fécamp qu'ça bouge"
Parcourez les rues du port imaginaire en compagnie de Maud et Marine, architectes depuis juillet 2012...
Nous avons obtenu notre diplôme avec les félicitations du jury. Nous venons tout juste de mettre le blog à jour avec les documents présentés lors du rendu de projet en juillet.
Vous pourrez y voir les images des projets de l'écloserie, des serres de traitement de l'eau "aquaponiques", et des éoliennes productrices de ressource halieutique. Plus tard nous ajouterons les photos des maquettes qui ne sont malheureusement pas encore en notre possession.
Maud Atamaniuk et Marine Canté
Environ 150 personnes se sont réunies, sur la plage de Foulerot contre le projet de la Maleconche
Un mégaphone à la main, les membres de l'association Aplimap parcouraient la plage de Foulerot, peu avant 17 heures, pour informer la population de l'action. Non loin de l'accès de la plage, un stand et sa banderole « Sauvons nos plages » a été dressé, chacun pouvant venir signer la pétition mis en place contre le projet d'implantation de filières ostréicoles dans l'anse de la Maleconche, dont le début des travaux est prévu pour la fin du mois d'août.
Étalées sur environ 400 hectares, les filières prévues auront pour but de développer l'ostréiculture en eau profonde et, selon le Comité régional conchylicole Poitou-Charentes, il s'agirait d'une réponse à la surmortalité qui touche les huîtres dans les parcs de Marennes-Oléron.
Noëlle Demyk, la présidente de l'association Aplimap, dénonce, elle, une enquête publique bâclée : « Les dégâts environnementaux n'ont pas du tout été évalués, nous voulons faire entendre notre voix et montrer que beaucoup de gens sont contre ce projet, même les élus des communes concernées. »
Au-delà de la pollution visuelle, les opposants craignent l'arrivée d'excréments produits par les coquillages sur la plage, ainsi qu'un excès de vase. « Ce projet sera aussi néfaste pour l'économie touristique locale, puisque toutes les activités nautiques disparaîtront », ajoute la présidente de l'association. Michel vient en vacances sur l'île d'Oléron depuis quarante-cinq ans : « Avec ce projet, Oléron la lumineuse ne sera plus lumineuse du tout ! »
Un recours a été déposé en justice au début de l'été, et si les travaux commencent « nous déposeront un référé suspensif au tribunal administratif », conclut Noëlle Demyk.
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"OUI à la plage, NON au parc à huîtres" (France 3 Poitou-Charentes)
Par Christine HINCKEL
Ile d'Oléron: plagistes contre ostréiculteurs par France3PoitouCharentes
42 ostréiculteurs doivent participer à ce projet de culture d'huîtres, 300 filières devraient être installées à terme.
Pour leur part, les ostréiculteurs se défendent de tout risque de pollution des eaux et du littoral.
Un recours au tribunal administratif a été déposé par l'association de sauvegarde des plages oléronaise
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D'autres collectivités ont su concilier tourisme et conchyliculture....
Aux boucholeurs, Cultures marines riment avec tradition et avenir
Elevage d'huîtres / Moules de bouchot / Moules de filières
Dimanche 12 août 2012, c'était le jour de la fête du village des Boucholeurs (sur les communes d'Yves et de Châtelaillon) avec la grande manifestation en l'honneur des huîtres et des moules de bouchots. Depuis trente-cinq ans, elle est organisée par ces hommes de la mer, les ostréiculteurs et les mytiliculteurs, désireux de faire découvrir leur patrimoine et leurs traditionnels jeux.
Des produits locaux
À ces animations se sont joints, depuis quelques années, des stands de produits locaux et d'artisanat. Tout au long de la journée, une foule nombreuse s'y est rendue flânant, pouvant déguster des huîtres et des moules, regarder les jeux proposés en bord de mer selon la marée, voire participer à la pêche aux canards, à la course de plates, au foot sur l'estran, etc.
L'éclade géante a également connu son succès, ainsi que les différents groupes musicaux et le bal. Quant aux enfants, une aire leur était spécialement dédiée avec des jeux et promenade en poney.
Le travail des mytiliculteurs
L'ancienne cité de Chastel-Aillon qui était perchée sur la presqu'île du Cornard arasée par la mer, a laissé place aux parcs à huîtres des ostréiculteurs, les premiers se trouvant déjà face au village. Dans la baie d'Yves, les mytiliculteurs y ont toujours leurs bouchots.
Une exposition de cartes postales anciennes retraçait l'histoire du village et des cultures des huîtres et des moules. La carte postale illustrant le programme de la fête est assez intéressante car elle représente, vers 1925, la famille Landret (parents de Nicole Durand, l'archiviste des Boucholeurs et de Châtelaillon), qui attendait, dans les bouchots, la marée basse. En effet à cette époque, les mytiliculteurs récoltaient les moules de bouchots sur des pieux en mer. Il fallait attendre dans le bateau (la lasse) que la marée soit basse pour pouvoir décharger les moules dans les réservoirs de lavage puis les trier sur les tables sur l'estran. Après, ils pouvaient remplir leurs paniers en osier de moules et les charger sur des charrettes tirées par des chevaux jusqu'aux cabanes.
De nos jours, la récolte, avec les lasses en aluminium ou les chalands, permet aux mytiliculteurs de rentrer directement à la cabane pour continuer le travail. Sud-Ouest : Châtelaillon-Plage : Huîtres, moules et jeux aux Boucholeurs
Cette spécialité de moules cuites dans des aiguilles de pin est servie un peu partout dans l'île d'Oléron, midi et soir.
Un peu partout dans l'île, les dégustations d'éclade sont proposées, chez les producteurs, les ostréiculteurs.
Lorsque vous arrivez sur l'île d'Oléron, impossible de passer à côté. Offices de tourisme, guides touristiques et affiches vous préviennent : ici, on confectionne et on mange ses propres éclades de moules. Une spécialité oléronnaise qui ravit touristes et locaux depuis longtemps. Succès indéniable qui ne se trouve pas partout. Sur la route des huîtres, il n'y a qu'à demander. Entre Saint-Georges-d'Oléron et Le Château en passant par Boyardville, les pancartes « éclades à midi et le soir » se multiplient. Il suffit de s'arrêter et de commander.
La première question à se poser : éclade ou églade ? Pour les deux termes, il y a des partisans. Mais n'allez pas les contredire, ils sont chacun intimement convaincus d'avoir raison ! Question de patois apparemment. Selon Marc Vigneron-Larosa, président de l'État libre de Boyard, l'éclade serait une spécialité d'ici à cause de l'environnement. « Il y avait tout sur place pour faire ce plat : des pins à volonté, les planches étaient présentes et les moules venaient s'échouer sur la plage. Il n'y avait plus qu'à tout assembler ! »
Pour concocter les éclades, les moules de bouchots sont indispensables. Sur Oléron, les plupart prennent vie aux alentours de la plage des Saumonards. Des cordes de chanvre sont tendues entre des poteaux à trois mètres d'intervalle vers le mois de mars. Là, les larves de moules viennent s'y accrocher. Elles grandissent pendant quelques mois, puis sont décrochées et emmenées sur les bouchots, principalement à Boyardville pour la côte est. Les cordes sont enroulées autours des pieux en chêne. On les laisse ainsi pendant environ un an et demi, selon les producteurs. L'année suivante, elles sont récoltées et comblent les estomacs des touristes. Entre temps, elles sont surveillées de près afin d'éviter toute maladie et de supprimer les prédateurs.
Première chose à faire avant d'envisager la cuisson des éclades : ramasser les aiguilles de pins. Peu importe quelle espèce, le plus important est d'en ramener une quantité suffisante. Mais attention, interdiction de ramasser n'importe où et n'importe comment. Seul l'Office national des forêts (ONF) peut autoriser les producteurs à ramasser des aiguilles sur ses parcelles en échange d'une participation financière. Reste toujours la possibilité d'en recueillir dans les parcelles qui ne sont pas gérées par l'ONF. Mais, non seulement elles sont rares, et en plus, on risque une amende si l'on déborde sur les parties ONF sans autorisation.
Rentré chargé de sacs d'épines, commençons la disposition des moules. Disposer les moules pointes vers le haut pour éviter que, pendant la cuisson, les cendres ne tombent dedans. Les emboîter en commençant par une rangée d'environ six moules, tout dépend de la taille de la planche. Le tout doit former un ensemble homogène. Ensuite, placer les aiguilles de pins dessus. En mettre une quantité suffisante pour que les mollusques soient assez cuits. Refaire une nouvelle fois le manège pour être sûr de ne pas manger des moules crues. Autre manière de les installer sur la planche : autour de quatre clous centraux. Les disposer en étoile autour et élargir le cercle jusqu'à remplir la planche.
Partage et convivialité
« On utilisait cette méthode surtout avant, quand il n'y avait pas de rebord. C'était moins pratique car les moules tombaient de la planche. Alors on a changé de système ! », explique Bastien Clarinard, producteur d'huîtres et concepteur d'éclade. Lui n'élève pas ses propres moules, il les achète.
Pas comme Jean-Jacques Joubert - installé depuis 1994 - qui cuisine ses éclades avec ses propres moules. « Les moules ne représentent que 20 % de notre production, le reste, ce sont des huîtres. Mais nous tenons à préserver cette production et à la faire déguster aux clients », précise la femme du producteur.
Et n'allez pas systématiquement demander les éclades dans les restaurants. Le plus souvent, on peut les déguster chez les producteurs mêmes. Parce qu'on les prépare à l'extérieur, les éclades demandent de l'espace et un espace ouvert. Ce que les restaurants ne possèdent pas forcément. Et puis, les éclades sont exigeantes. Elles nécessitent beaucoup de temps de préparation, pour autant, il n'est pas possible de les préparer trop à l'avance.
Autre manière de les manger : en famille ou entre amis, du moins à plusieurs. On vient, on achète un ticket et puis les cuisiniers les assemblent. Ils enflamment ensuite le tout « C'est impressionnant », s'exclament des touristes dans la foule. Distribution générale quand tout est cuit et c'est à qui sera le plus imposant. Chacun lève son ticket pour se montrer et recevoir son assiette ! « Ça reste bon enfant », sourit un autre vacancier.
Pour manger des éclades, il ne faut pas avoir peur de se salir les mains. Les coquilles qui s'effritent sous la pression des doigts, le noir du brûlé qui laisse des traces et les quelques aiguilles de pins restées coincées dans les moules à peine écloses. Là, réside tout le charme des éclades : authentique, chaleureux et naturel. À l'image des Oléronnais, et c'est sûrement pour ça qu'ils affectionnent tant cette tradition.
Le record
Le 7 juillet, à l'occasion de la fête nationale de l'État libre du Boyard (Boyardville), le record oléronnais de la plus longue éclade a été battu. Anciennement détenu par Le Douhet, ce record est désormais de 60 mètres de moules grillées aux épines de pins. L'État libre du Boyard le détenait l'an dernier avec 48,6 mètres de moules cuites aux épines de pins, mais Le Douhet l'avait défié avec 50 mètres. Non sans fierté, l'État libre a repris son titre pour un moment, il l'espère.
- en constituant des cantonnements salutaires qui protègent et favorisent le développement des espèces indigènes marines animales ou végétales (nourriceries, nurseries)
- en constituant des garde manger pour de nombreuses espèces protégées (huîtrier pie, macreuses, eiders, goélands…)
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Le 7 janvier 2013
Regardez bien ces deux producteurs industriels de coquillages !!!
Le 7 août 2015
Ratisser l'île
« Le début des travaux a normalement lieu le 1er août, on veut organiser ces marches les quelques jours avant pour finir sur la plage de Boyardville », poursuit l'un des zadistes. Sur des distances raisonnables, les marcheurs termineront chaque boucle sur le marché pour avoir une meilleure visibilité. Première étape : Saint-Denis (lundi), puis dans l'ordre les jours suivants : Saint-Pierre, Dolus, le Château, Saint-Trojan/Grand Village et Boyardville. « On organise déjà des réunions publiques avec l'Aplimap et des opérations de ramassage de détritus sur les plages. » Pour eux, s'entame désormais l'une des dernières lignes droites de leur lutte.
Source : Sud Ouest (30 juillet 2015)
Ce projet, porté depuis cinq ans par l'Etat et le Comité régional conchylicole, est contesté par l'Association pour la préservation du littoral de la Malconche et des pertuis charentais, soutenue par les mairies de Saint-Denis-d'Oléron et La Brée-les-Bains, et la Société de protection de paysage de l'île d'Oléron. Le dossier sera plaidé sur le fond à l'automne
Un projet d’élevage d’huîtres et de moules sur 250 hectares, souhaité par l’État et quelques grandes entreprises ostréicoles et dont l’installation doit commencer début août, suscite l’opposition d’une partie des Oléronnais et d’ostréiculteurs. Ils critiquent l’absence de concertation et d’étude d’impact, craignant que ne disparaisse une partie du patrimoine naturel de l’île. Une Zad est installée dans une maison.
Source : Reporterre 27 juillet 2015 / Baptiste Giraud (Reporterre)
Il s’agit de «la technique conchylicole la plus répandue dans le monde, mais encore peu pratiquée en France», nous explique Laurent Champeau, directeur du Comité régional conchylicole (CRC) de Charente-Maritime, le promoteur du projet. Une « filière » consiste en un cordage tendu entre des bouées sur une centaine de mètres, à la surface de la mer et en eaux profondes, auquel sont accrochées verticalement des cages ou poches d’huîtres et de moules, garantissant une immersion permanente et non tributaire de la marée.
Un premier projet suspendu
Cela faisait une quinzaine d’années que le CRC mûrissait l’envie d’installer des filières dans le bassin de Marennes-Oléron. En 2011, un premier projet a vu le jour : l’anse de la Malconche, située au large de la plage des Saumonards et à proximité de trois ports de plaisance, a été choisie pour accueillir 387 hectares de filières. L’enquête publique a aboutit à un avis favorable et la préfecture a autorisé le début des travaux. En 2012, 42 premières filières ont été mises en place – en plus de 35 déjà présentes sur le site depuis les années 1990.
Opposés à ce projet, des riverains se sont regroupés dans une association, l’Aplimap (Association pour la préservation du littoral de la Malconche et des pertuis charentais). Ils ont demandé et obtenu du tribunal administratif de Poitiers la suspension du projet pour absence d’étude d’impact.
Second projet … et toujours pas d’étude d’impact
Mais les promoteurs ne se sont pas arrêtés là. A l’automne 2014, ils ont sorti un second projet, quasi identique au premier : l’espace convoité diminue quelque peu et des couloirs de navigation sont créés au milieu des filières. Il s’agit maintenant de poser 313 filières sur 251 hectares.
Nouvelle enquête publique : 77 % des avis récoltés sont négatifs. Cinq des huit maires de l’île s’opposent au projet. Quant aux études d’impact, « la réglementation a changé depuis le premier projet, et aujourd’hui il n’est pas nécessaire de faire une étude d’impact, un dossier ’loi sur l’eau’ suffit et a été fait », argumente Laurent Champeau. Le commissaire enquêteur rend un avis favorable, et le projet est autorisé en mars dernier. Le début des travaux est annoncé pour le 1er août 2015.
« Dès qu’on parle, on se fait taper sur les doigts »
Pour autant, il ne s’agit pas d’une opposition entre l’ensemble de la profession ostréicole et des touristes ou des retraités, comme certains ont pu le caricaturer. La préfecture a par exemple reproché aux opposants d’être dans le syndrome NIMBY (« not in my back yard » ou « pas dans mon jardin »), rejetant le projet car il gâcherait leur paysage. « Je me suis interrogé là-dessus », avoue la présidente de l’Aplimap, Noëlle Demyk, « mais c’est une accusation qui essaie de dissuader n’importe qui d’agir. C’est normal que ce soient les riverains qui se mobilisent. On défend le patrimoine naturel oléronnais. »
Quant au milieu ostréicole, il paraît difficile de lui trouver une unité : « On est dans un métier comme l’agriculture où ce n’est pas facile de parler », nous explique une ostréicultrice préférant garder l’anonymat. « Dès qu’on parle, on se fait taper sur les doigts. Nous avons déjà eu des contrôles sanitaires deux jours après nous être exprimé contre le projet. On ne peut accuser personne mais bon... »
Selon elle, 85 à 90 % des ostréiculteurs étaient contre le projet, il y a quatre ans. « C’est l’endroit le plus dangereux du coin. Si ça s’appelle la Malconche, ce n’est pas pour rien. » Un mytiliculteur aurait failli mourir dans cette zone, il y a quelques années, après que son bateau avait été renversé par une vague.
La concentration, une menace pour la profession, et l’environnement
Surtout, les filières ne seraient accessibles qu’aux plus grosses entreprises. L’installation d’une filière (payée par chaque exploitant) coûte 25 000 €, à quoi il faut ajouter une location annuelle et l’achat d’un bateau offrant suffisamment de sécurité et équipé pour travailler sur place (100 à 120 000 €, selon cette ostréicultrice).
A cet argument, Laurent Champeau répond qu’une entreprise ne pourra pas bénéficier de plus d’une filière. « Oui, répond l’ostréicultrice, mais il y a souvent plusieurs entreprises regroupées au sein d’une même grosse entreprise. Ça permet aux grosses de prendre des filières au nom de chaque petite entreprise ».
Enfin, l’impact environnemental est loin d’être maîtrisé. L’Aplimap craint l’envasement de la plage des Saumonards en raison des rejets issus des millions de coquillages regroupés (chaque filière peut produire 7 tonnes d’huîtres, et un total de 300 à 800 tonnes de rejets pourraient être émis par jour selon des estimations). Certains ostréiculteurs craignent plutôt que l’envasement se produise à l’entrée du bassin Marennes-Oléron, situé en aval de la Malconche. Les filières auraient pour conséquence de bloquer la circulation d’eau et donc de dégrader la situation des autres exploitants.
« Il y a eu des études qui à mes yeux ne montrent rien », confie Jean-Michel Massé. « Dans le doute, il aurait mieux valu s’éloigner des côtes et prévoir davantage de lieux de dispersion. » Sollicité au moment de l’enquête publique, l’IFREMER (Institut français de recherches pour l’exploitation de la mer) avait donné un avis favorable tout en pointant l’insuffisance des données océanographiques et des études sur la soutenabilité d’une telle densité d’élevage.
La conchyliculture sur le chemin de l’agriculture ?
« On voudrait éviter que l’ostréiculture en arrive au même point que l’agriculture. Bientôt il n’y aura plus rien de naturel, déjà que c’est compliqué avec la pollution de l’eau », affirme l’ostréicultrice. Lorsque nous l’interrogeons sur le parallèle avec les fermes-usines, elle répond : « On y arrive. Tout laisser aux mêmes sans s’occuper des autres. Pour l’État, c’est plus facile de contrôler quelques entreprises que des centaines, ça lui permet de réduire ses services. »
Les opposants au projet (Aplimap, une association de plaisanciers, la Société de protection des paysages de l’île d’Oléron, les mairies de St Denis, St Georges et la Brée) ont déposé une requête de référé de suspension au début du mois de juillet, s’appuyant notamment sur l’absence d’étude d’impact, inacceptable pour un projet d’une telle envergure. Ils espèrent obtenir une réponse avant le début des installations.
Le 10 juillet, dans le cas similaire des filières à moules de la côte d’Émeraude (Bretagne Nord), le tribunal administratif de Rennes a annulé l’arrêté autorisant l’installation de filières à titre expérimental par le CRC de Bretagne Nord, estimant que le projet nécessitait bien la réalisation d’une étude d’impact.
TOUJOURS PRÉSENTS, LES ZADISTES FONT CONNAÎTRE LA « ZONE AQUATIQUE À DÉFENDRE » AUPRÈS DES TOURISTES
Début avril, une ZAD était née sur la commune de Boyardville, sur l’île d’Oléron, avant d’être expulsée le 12 mai par les gendarmes mobiles. Dans la foulée, le vendredi 15, les zadistes avaient été accueillis sur le terrain d’un ostréiculteur lui aussi opposé au projet. Mais rapidement, l’hôte recevait des pressions en provenance de la préfecture, contraignant les zadistes au départ. Le lundi suivant, un contrôle sanitaire inopiné avait lieu dans son exploitation.
Depuis, un nouveau bâtiment a été investi sur l’île. Il s’agit d’une ancienne colonie de vacances aujourd’hui abandonnée. Une dizaine de zadistes y vivent et cherchent à renseigner et mobiliser les touristes sur le projet de filières. « C’est une ZAD atypique », nous explique Camille, « on occupe une zone qui n’est pas celle qu’on défend. Mais on peut le justifier : ce centre est à l’abandon depuis 20 ans et il y en a 2 autres comme ça sur l’île. »
Les zadistes organiseront des marches contre le projet entre le 27 juillet et le 1er août, sur l’île. Quant à la « vraie » ZAD, sur la mer : « C’est difficile mais pas impossible de l’occuper ! »
Suite à l’évacuation de la première ZAD, deux zadistes, Thill et Hugo, étaient poursuivis pour recel de vol d’électricité ainsi que violence et outrage à agent pour le premier et refus de prélèvement salivaire pour le second. Thill a été condamné à 105 heures de travaux d’intérêt général (TIG), Hugo à 35 heures de TIG et 300 euros d’amende. 300 et 500 euros de dommages et intérêts devront être versés aux gendarmes.
L’audience du référé de suspension aura lieu le 28 juillet au tribunal administratif de Poitiers.
Une nouvelle ZAD s’est installée à Oléron. Enjeu : un projet ostréicole industriel
Presque deux semaines après la naissance de la Zad de Boyardville à Oléron, la vie reprend ses droits dans la bien nommée « Maison Heureuse », en dépit de l’avis d’expulsion fraîchement placardé sur la porte. Séparé de la plage par une allée de pins, l’ancien lycée expérimental et ses nombreuses dépendances (réfectoire, buanderie, dortoirs et même une piscine massivement squattée par des crapauds), ont conservé un charme unique. Quelque chose de l’esprit anticonformiste abrité ici semble avoir imprégné le lieu, à l’abandon depuis 2012.
On y entre par une fenêtre avec une chaise d’écolier en guise de marche-pied, les portes étant barricadées depuis une vaine tentative d’expulsion par les gendarmes peu après l’ouverture le 11 avril. L’intérieur, superbe et délabré, abrite aussi bien une fresque classée que des tags et des productions bariolées, vestiges d’expérimentations artistiques passées.
Porté par le Comité Régional de la Conchyliculture (CRC) Poitou-Charentes et validé par la préfecture de Charentes-Maritime fin 2011, il prévoyait l’installation de 347 filières conchylicoles (des câbles de 100 mètres garnis de poches d’huîtres et de moules maintenues à flot par des bouées et arrimés au fond) sur près de 400 hectares dans l’anse de la Malconche, à quelques encablures de la Maison Heureuse. 42 filières sont installées durant l’été 2012. Suspendu par le tribunal administratif de Poitiers fin 2012, le projet est finalement annulé en janvier 2014 en raison de l’absence d’études d’impact.
77 % d’opinions défavorables, mais pourtant accepté par le commissaire enquêteur
Revoyant sa copie, le CRC en propose alors une deuxième version redimensionnée : 313 filières réparties sur 250 hectares, mais toujours sans étude d’impact complète. Soumis à enquête publique fin 2014, le projet récolte 77 % d’opinions défavorables. Il est pourtant validé par le commissaire enquêteur, puis autorisé via un arrêté préfectoral en mars 2015.
Un procédé peu apprécié des opposants, et qui apporte toujours plus d’eau au moulin de celles et ceux qui s’interrogent sur les limites de la légalité. Et tentent d’imaginer, en actions, une définition possible de la légitimité.
Ils sont une petite quinzaine à avoir fait le choix de défendre leurs idées en occupant les lieux et en décrétant une « Zone Aquacole à Défendre ». Des jeunes qui pour la plupart ont participé à d’autres luttes, mais aussi des nouveaux militants dont c’est le premier combat comme Jess, rouquine de 19 ans, originaire de la région, mais qui « découvre seulement maintenant l’ampleur du projet. »
Cet ex-militant de Greenpeace trouve ici un terrain à la mesure de ses convictions : « La problématique de l’océan touche tout le monde. On porte ici des idées de respect du vivant, de décroissance, d’auto-organisation, et d’une certaine forme de démocratie directe. Et depuis notre arrivée, on a le soutien actif d’une partie de la population locale ».
Des habitants d’accord avec les zadistes
En effet, les visiteurs - sympathisants, voisins, curieux - n’hésitent pas à braver les prédications alarmistes des gendarmes, pour apporter des victuailles ou discuter autour d’un café. Comme Marie, accompagnée de ses petits-fils adolescents, venue partager un moment avec les zadistes. Proche de l’APLIMAP, association pour la préservation du littoral de la Malconche et des Pertuis charentais (une des associations « historiques » qui se bat au côté d’autres acteurs locaux, élus, plaisanciers...), cette « sympathisante de 70 ans » comme elle se nomme elle-même, s’investit dans la lutte depuis quatre ans.
« Je viens prendre des nouvelles, après l’ordre d’expulsion. Les gendarmes ont tenté d’empêcher ma visite en disant que les gens ici sont dangereux et agressifs », lance-t-elle dans un grand sourire. « Moi ce que je trouve dangereux, c’est ce projet aberrant et le déni de démocratie dont il fait l’objet ». Pour Marie, « l’idée est de se battre ensemble, sur tous les fronts ». Sur le plan juridique, notamment : « Nous allons déposer un nouveau référé en suspension, comme pour le premier projet. On n’a pas l’intention de laisser faire : il s’agit ni plus ni moins d’une partie du domaine public maritime mis à la disposition d’intérêts privés ».
Hugo, 25 ans, remonte avec une corde le bac de vaisselle nettoyée au point d’eau accessible dehors. Natif d’Oléron, il est un trait d’union avec les insulaires : « Ce projet n’est que les prémices de bien d’autres, facilités par la loi Macron et bientôt le traité transatlantique à venir. Au-delà d’une forme de privatisation de l’océan, ce projet à 4 millions d’euros dont 70 % d’aides publiques est imposé sans concertation ni étude d'impact sérieuse. Tout ça pour qui ? Entre 50 et 60 exploitants sur les 900 que compte le bassin Marennes Oléron ».
Un petit groupe s’affaire à consolider les barricades, et les coups de marteau qui résonnent dans les couloirs couvrent à peine les cris stridents des goélands qui tournoient autour du bâtiment. Au milieu de la salle baignée de lumière, le café fume dans des bocaux en verre. Marie et ses hôtes discutent des dégâts que pourrait occasionner le projet : « La modification de l’écosystème marin et des courants, l’envasement des plages, les quantités énormes de rejets organiques produits par des millions d’huîtres et de moules, la captation massive de phytoplancton… »
Hugo estime que « la surproduction liée au projet aura des conséquences sur le milieu, alors que dans le même temps il y a une mortalité de près de 80 % des huîtres actuellement, ce qui entraine le versement de subventions pour les pertes, favorisant la production, etc. » Un cercle vicieux emblématique de l’état calamiteux de la filière ostréicole sur l’ensemble des bassins français, victime de taux de mortalités records depuis 2008. Alors que quelque années plus tôt, l’IFREMER démarrait la diffusion à grande échelle de l’huître triploïde, une variété prétendument stérile, à croissance rapide, obtenue par croisement génétique. « Une grande partie des huîtres prévues pour grandir là sont issues d’écloseries, détaille Hugo. Peu ou pas contrôlées, celles-ci sont dans une logique de production industrielle et utilisent notamment des antibiotiques qui finiront en mer. »
Joint par téléphone, Gérald Viaud, président du CNC et du CRC Poitou-Charentes, voit la situation d’un autre oeil : « Les personnes qui ont signé contre le projet lors de l’enquête publique n’y connaissent rien. Les filières, véritables réserves à poissons, ne sont pas nocives pour l’environnement, d’ailleurs les filières déjà installées n’ont pas eu d’impact sur le milieu. Quant aux zadistes, ils ne sont pas à leur place. Pour moi, ils se sont trompés de combat ».
Lanceurs d’alerte
La salle de réunion se remplit de nouveaux visiteurs. Comme Jean-Claude, 58 ans, mytiliculteur sur la zone. Il rentre tout juste du congrès de la Confédération Paysanne, qui a eu lieu fin avril dans les Pyrénées-Atlantiques. Pour lui qui a « installé les trois premières filières sur l’île pour faire de l’algue en 1992 puis des moules », le projet de la Malconche n’est « que le début d’une dérive productiviste. Si je n’ai jamais eu de souci avec trois filières depuis 25 ans, c’est parce qu’il s’agit d’une petite surface. Le problème, c’est la taille du projet et de ceux qui y ont des intérêts : les grou, comme on les appelle ici, gros producteurs ayant grandi sur trois générations, qui vont, ensemble, asphyxier les conchyliculteurs plus modestes. Mais les vrais gagnants sont les écloseurs qui fournissent les naissains d’huîtres, et dont sont dépendants les grous qui finiront par se faire absorber. On s’achemine vers un monopole des écloseurs, et une disparition des petits producteurs. On peut s’attendre à des conséquences socio-économiques particulièrement sévères pour la profession. »
Creuzix, barbare-en-jupette tendance viking à ses heures de clown activiste, organise des sessions « nettoyage de plage et distribution de tracts » aux abords de la Maison Heureuse. Il résume à sa façon : « La situation ? C’est un gros merdier à venir, qu’il nous faut contrer rapidement avant qu’il ne prenne de l’envergure. Et plus on en apprend, plus on constate qu’on a raison… »
« Si on veut faire grandir cette lutte, il faut qu’elle soit comprise pour être partagée. Lanceurs d’alerte, on tente d’interpeller et sensibiliser la population locale, faire des liens avec les autres composantes de la lutte, ouvrir le dialogue », martèle Hugo. Ainsi, chaque dimanche à 16h, une réunion publique se tient dans le jardin de la Maison Heureuse. « Ça peut être houleux : certains ont des choses à dire, d’autres des choses à entendre. Mais chaque personne a la possibilité de s’exprimer, et on se découvre des sympathisants inattendus. En peu de temps, ça a déjà bien bougé, on est confiants. »
Et en cas d’expulsion ? « On n’est pas nombreux, mais on est déterminés », élude Viviane, 20 ans. « On continuera, d’une manière ou d’une autre », ajoute Hugo. La nouvelle Zad prend doucement ses marques et n’a visiblement pas l’intention de larguer les amarres. « On a pas mal de possibilités pour résister et peser dans le rapport de force, allant de la création à la Maison Heureuse d’un centre associatif autogéré proposant des ateliers et des chantiers participatifs, à la mise en place d’actions de blocages ». L’application d’une fameuse devise d’opposants au monde des Grands projets inutiles et imposés : « Résistance, et sabotage » !
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