Au nord-est du Japon, le Sanriku est réputé pour ses produits de la mer. (1)
La côte accidentée, parsemée de baies plus ou moins ouvertes sur l’Océan Pacifique, est renommée pour son saumon, son cabillaud, son balaou, ses huîtres, ses pétoncles, ses ormeaux, son wakamé, son nori et autres ascidies….
Les touristes y apprécient le calme des villages de pêcheurs et le naturel des paysages…
Pêche et aquaculture sont deux activités vitales dans les communautés littorales du Sanriku baignant dans les eaux riches du Pacifique Nord.
Les deux préfectures de Miyagi et Iwate qui recouvrent administrativement cette région reculée, produisent près de 600.000 tonnes de produits de la mer chaque année (soit 10% de la production japonaise ou l'équivalent de la production française (1)). Trois grands ports de pêche classés parmi les 15 premiers de l’archipel nippon se détachent : Ishinomaki, Kesennuma et Miyako. Des ports où sont installées les plus grandes sociétés de pêche japonaises notamment la multinationale Nissui, leader mondial de la pêche….
Cependant, les fondements des activités halieutiques du Sanriku sont les coopératives de pêcheurs qui gèrent et organisent l’ensemble des productions côtières, pêche et aquaculture. Comme l’écloserie de saumon (photographie ci-dessus) de la coopérative de pêche à Miyako où les 3000 membres profitent de la politique de repeuplement en salmonidés (Sea-ranching).
Pour plus de détails sur les productions aquacoles du Sanriku, cliquer Hatakeyama.
Le 11 mars 2011, tout a basculé...
Du nord au sud : Miyako, Yamada, Otsuchi, Kamaishi, Ofunato, Rikuzen-Takata, Kesennuma, Minamisanriku, Sendaï, Matsushima.
Ce jour-là, le Sanriku est devenu l’épicentre de toutes les catastrophes de 2011, année record des cataclysmes dans le monde.
Les catastrophes ont coûté à l'économie mondiale plus de 380 milliards de dollars en 2011. A lui seul le tremblement de terre au Japon, suivi d'un tsunami et d'un accident (catastrophe) nucléaire à la centrale de Fukushima, a provoqué des dégâts évalués par l'ONU à 210 milliards de dollars (235 milliards par la Banque mondiale). Une année record de catastrophes dans le monde qui a pour épicentre, le Sanriku, cette région côtière au nord-est du Japon située à 70 km d’une faille océanique d’où tout est parti, à l’origine d’une réaction en chaine : Séisme d’une amplitude 9... Tsunami jusqu’à 40 mètres de hauteur... et Fukushima….
Dans les deux préfectures japonaises les plus touchées, Iwate et Miyagi (région du Tohoku), les communautés de pêcheurs du Sanriku ont payé un très lourd tribut. Près de 20.000 morts et disparus. Déplacement de dizaines de milliers de personnes qui vivent toujours dans des abris de fortune. Destruction du patrimoine halieutique (ports, bateaux, installations et cheptel aquacoles…).
Le tsunami a coûté au secteur de la pêche plus de 11,5 milliards d’euros (sur un total de 21,6 milliards € pour l’ensemble des activités relevant du Ministère japonais de l’Agriculture, de la Forêt et de la Pêche (MAFF)). Détail et dernière évaluation des dégâts datés du 25 novembre 2011, cliquer MAFF
Les communautés de pêcheurs, un an après…
Dimanche 11 mars 2012, les rescapés de Sanriku ont honoré la mémoire de 16.000 d’entre eux, tués par l’énorme raz-de-marée. Ils ont rendu hommage également aux 4.000 autres personnes, « portées disparues, déchiquetées dans la catastrophe ou emportées vers le large par les flots puissants. »
« Les habitants de cette région rurale de l’archipel nippon sont certes des gens disciplinés. Mais comment reprendre le cours de sa vie lorsque ses proches ont été laminés par les vagues, lorsque sa maison a été réduite à l’état d’allumettes, » lorsque son entreprise de pêche et toutes les infrastructures portuaires ont été anéanties ?
« D’autant que les ravages du tsunami ne sont pas les seuls auxquels les Japonais doivent faire face. Une menace plus insidieuse, plus mortelle encore, interdit un vaste territoire pour des décennies : la radioactivité, issue des quatre réacteurs détruits de Daiichi. »
Un an plus tard, tout reste à reconstruire dans le secteur de la pêche....
Les grandes sociétés de pêche ont plié bagage pour d'autres horizons. Restent les pêcheurs locaux livrés à eux-mêmes au sein de coopératives agonisantes. Quand elles n'ont pas disparu comme la coopérative d'Otsuchi en faillite depuis janvier....
Philippe Favrelière (avec l'aide des articles du Monde : Les catastrophes ont coûté 380 milliards à l'économie mondiale en 2011 et du Midi Libre/AFP : Japon : un an après, la mort rôde toujours à Fukushima)
(1) La longueur de la façade maritime du Sanriku (qui couvre les 2 préfectures de Miyagi et Iwate), équivaut approximativement à celle de deux départements bretons (Finistère + Côte d'Armor). Avec une production halieutique de 600.000 tonnes, le Sanriku atteint le tonnage de toute la France métropolitaine !!!
Autres articles :
- A Otsuchi, le tsunami a eu raison de la coopérative de pêche
- Au Japon, il n'y a pas que le thon rouge et les sushis, il y a aussi le balaou...
- Au Japon, l'après tsunami de la pêche
- Comment reconstruire la pêche sur 11,5 milliards d'euros de débris ?
- Hatakeyama, ostréiculteur à Kesennuma, témoigne !
Pour aller plus loin....
La reconstruction torture les habitants du Sanriku
Le cas de Minami Sanriku
Si la radioactivité hante les esprits au sud de Sendai, capitale de la préfecture de Miyagi, proche de la centrale de Fukushima, la reconstruction torture les habitants du nord qui ont tout perdu. Personne ne peut dire si les choses « sont trop lentes ou pas assez rapides », personne n’a le moindre repère face à une telle catastrophe inconnue de mémoire de Japonais. Peut-être des documents historiques du XVIIIe siècle évoquent-ils des cataclysmes de cette ampleur.
Les ruines qui ont résisté à la « grande vague » du 11 mars ont été déblayées à coups de pelleteuses pour faire table rase. « Notre ville est à l’état de terrain vague », confie le maire, Jin Sato, en sortant d’une réunion avec les sinistrés à l’hôtel Kanyo – 244 chambres luxueuses – le seul qui ait tenu le coup. Sur sa carte de visite, il a fait imprimer un grand « Merci à tous pour votre soutien ».
Lui qui a perdu plusieurs membres de sa famille dans la catastrophe, se démène pour trouver de l’aide, des budgets, des vêtements, des maisons pour ses administrés en état de choc. Un héros d’homme politique comme beaucoup de Japonais aimeraient en voir au niveau national.
« Nous avançons petit à petit » , souffle-t-il face à l’immense baie vitrée du superbe hôtel Kanyo qui donne sur ce qui reste de Minami Sanriku. « Nous avons réussi à avoir 2.200 maisons provisoires où sont logées plus de 6.000 personnes. Nous avons relancé l’ostréiculture et la pêche pour donner du travail. Mais ce dont nous manquons le plus, ce sont de terrains constructibles, là est le grand problème. Comment offrir un plan de reconstruction viable pour les années à venir ? » – c’est-à-dire intégrant le risque de nouveaux tsunamis. Rien n’est encore tranché et les discussions se poursuivent…. La Croix : A Minami Sanriku, la reconstruction torture les rescapés du tsunami
Photographies prises au cours d'un voyage découverte en novembre 1987 (Haut : baie d'Ofunato avec des cultures de Wakamé / Plus bas : Dans l'écloserie de saumon de la coopérative de pêche de Miyako, les deux techniciens éliminent les oeufs non fécondés)
Photographie satellite Jaxa : Partie méridionale de la côte d'Iwate (Tohoku)
====================
Le 6 avril 2012
Emporté par le tsunami du 11 mars 2011, le bateau de pêche au nom de "Ryou-Un Maru" a dérivé depuis l'île d'Hokkaido, dans le nord du Japon. Il devait être mis à la casse et ne transportait aucune cargaison. Le raz-de-marée a rejeté dans le Pacifique quelque cinq millions de tonnes de débris au total. En janvier, une demi-douzaine de bouées soupçonnées de provenir d'élevages ostréicoles japonais ont été découvertes près des côtes de l'Alaska. Elles pourraient être des débris liés au tsunami.
Le propriétaire japonais du "Ryou-Un Maru" avait précisé qu'il n'avait pas l'intention de le reprendre. Il s'agit du premier et plus grand objet ayant traversé l'océan Pacifique depuis le Japon après le tsunami meurtrier de mars 2011. D'autres débris sont attendus sur la côte ouest américaine ces prochains mois, voire ces quelques années.
Un bâtiment des garde-côtes a mis fin jeudi à l'odyssée du "Ryou-Un Maru" en tirant des minutions hautement explosives sur le bateau de 50 mètres de long. Suite aux tirs, un incendie s'est déclaré à bord et le bateau a commencé à prendre l'eau. Une haute colonne de fumée s'est élevée du navire. Le "Ryou-Un Maru", qui se trouvait jeudi matin à quelque 300 km au sud de Sitka (Alaska), a coulé en quatre heures environ, a précisé à Juneau (Alaska) un responsable des garde-côtes.
Ce bateau fantôme approchait dangereusement d'une zone très fréquentée par les cargos. Par ailleurs, des millions de tonnes de débris du tsunami dérivent toujours vers la côte est du Pacifique....
Le chalutier avait été repéré le 24 mars au large des côtes du Canada. Il avait ensuite pénétré dans les eaux américaines, au large de l'Alaska, vers des voies maritimes fréquentées par des cargos.
«Il fait entre 45 et 60 mètres de long, il n'y a personne à bord, n'est pas éclairé et il est à la dérive. Dans l'obscurité, il présente un sérieux danger pour les autres bâtiments transitant dans le secteur», avait expliqué jeudi Sara Francis, porte-parole des garde-côtes de l'Alaska.
Les garde-côtes assurent qu'il n'y a pas de risque sérieux de pollution. «S'il y a du carburant à bord, c'est probablement du diesel, qui va se dissoudre très rapidement et ne présentera que des risques limités pour l'environnement», a déclaré Mme Francis.
Sources : Tribune de Genève et NouvelObs
Commentaires