Tsunami. Au Japon, il n’y a pas que le thon rouge et les sushis… il y a aussi le Balaou

Au Japon, il n’y a pas que le thon rouge et ses sushis, il y a aussi le balaou, le fameux Sanma, un poisson populaire très apprécié des japonais dont le pays était autosuffisant avant les catastrophes du 11 mars 2011.

Le séisme puis le tsunami ont frappé le cœur névralgique de cette pêcherie d’importance nationale avec des débarquements compris entre 200.000 et 300.000 tonnes selon les années. Ports et bateaux de pêche détruits, chambres froides dévastées, le Japon doit importer dans l'urgence une grande quantité de balaou depuis les pays voisins, Chine et Taïwan.

3 mois jour pour jour, après le tsunami dévastateur du 11 mars 2011, le Japon fait ses comptes dans le recueillement, en souvenir des morts et disparus comme dans le port de pêche d’Ishinomaki durement touché : Fishermen remember victims 3 months after disaster, mais aussi dans l’inquiétude des pêcheurs proches de la centrale nucléaire de Fukushima, dont les réacteurs détruits continuent de contaminer l’atmosphère et l’eau de mer, et dans la colère devant la lenteur de la reconstruction dans les zones côtières du Tohoku (nord-est) ravagées cet après-midi du 11 mars par un séisme de magnitude 9 et des vagues énormes qui ont tout détruit sur leur passage, faisant plus de 15 000 morts et quelque 8000 disparus : colère et désespoir trois mois après la catastrophe

3 mois après, le Japon fait ses comptes (en quelques chiffres) :

  • Le Japon pleure ses morts et disparus au nombre de 23.500,
  • Le Japon évalue la reconstruction dans la zone côtière du Tohoku, recouverte de 25 millions de tonnes de débris et quelque 16 millions de tonnes de boue, à près de 250 milliards d’euros,
  • Le Japon estime la renaissance de la pêche et de l’aquaculture du nord-est, plus de 21.000 bateaux de pêche détruits ou endommagés dans 319 ports à reconstruire, 30% de l’ostréiculture japonaise, 90% de l’algoculture nationale, à près de 8 milliards d’euros (dernière évaluation de l'agence des pêches au 10 juin 2011).

Et tout ceci avec la menace nucléaire en toile de fond....

En manque de Sanma, le poisson bleu de l'automne....

Parmi les pêcheries les plus touchées par les catastrophes du 11 mars et ses répliques nucléaires prévisibles, il y a le balaou du Pacifique (Pacific saury) dont le cœur névralgique se situe dans la zone dévastée. Au Japon, le sanma - c’est le nom du balaou en japonais - est consommé massivement en automne. Ce poisson pélagique est servi le plus souvent entier salé et grillé, accompagné de radis géant râpé, de soupe miso et de riz. Il peut aussi être assaisonné de sauce soja, de jus de citron ou de citron vert. Les intestins sont amers mais beaucoup d'amateurs apprécient cette amertume, ce qui explique que le poisson soit très rarement vidé avant d'être cuit. (Source : Wikipedia)

Des importations record de balaou du Pacifique

Le Japon, qui est généralement autosuffisant en balaou du Pacifique avec des captures comprises entre 200.000 et 300.000 tonnes chaque année, a fixé dans l'urgence une quantité record d’importation pour l'année 2011.

La côte de Sanriku-Johban de la région du Tohoku, touchée par le tsunami du 11 mars, est la principale zone de pêche du balaou du Pacifique (Cololabis saira). Le port de Kesennuma totalement détruit était parmi les 3 principaux lieux de débarquement du pays. Par ailleurs, il y avait environ 46.000 tonnes de balaou dans les entrepôts frigorifiques du port à la fin de février, mais l'Agence des pêches estime que 20.000 tonnes a été perdues dans le tsunami. Le raz-de-marée a également détruit en grande partie la flottille ciblant le balaou (43 sur les 60 bateaux de pêche dans la région du nord-est).

Pour éviter une pénurie, le gouvernement japonais a fixé un quota d'importation record pour le balaou du Pacifique (1). Un quota de 11.800 tonnes, à peu près le triple des 3.520 tonnes importées en 2010, sera réparti entre les importateurs attitrés pour des produits provenant principalement de Chine et Taiwan. Source : Japanese saury imports to hit record (Seafoodsource)

Philippe Favrelière

(1) Afin de protéger le secteur de la pêche nationale, le Japon établit chaque année des quotas limitant les importations de 19 catégories de produits de la mer. Dans le passé, le balaou était englobé avec les quotas d’importation de limande à queue jaune, de pétoncle et de sardine séchée. Cette année, face à l’urgence, le gouvernement a fixé un quota distinct pour cette espèce très populaire dans la cuisine japonaise.

Autre article :

Photo Wikipedia : Balaou du Pacifique ou Sanma ou Pacific saury ou Cololabis saira

Pour aller plus loin....

Le 8 juin 2012

Des thons rouges californiens marqués aux isotopes radioactifs de Fukushima

Ces thons rouges du Pacifique ont transporté de la radioactivité depuis le Japon jusqu’en Californie....

Des radionucléides de Fukushima bons pour les sciences marines !

"Fukushima a des retombées positives pour la science marine" (Fukushima has positive fallout for marine science) titre la célèbre revue Nature, à un moment où le réacteur n°4 de la centrale nucléaire de Fukushima Daïchi redevient menaçant....

Pendant plusieurs décennies, les chercheurs ont exploité les isotopes radioactifs relâchés lors de tests nucléaires pendant la guerre froide. Dans les années 1940 et 1950, les îles Marshall dans le mi-Pacifique ont été le théâtre de nombreuses explosions nucléaires, qui ont relâché du tritium et du carbone-14 dans l’eau.

La catastrophe de Tchernobyl en Ukraine en 1986 avait relâché du caesium-137 soluble dans l’eau et du strontium-90. Ken Buesselet, un chimiste marin pour l’Institut Océanographique Hole dans le Massachusetts, a commencé sa carrière en analysant les courants dans la Mer Noire en utilisant des radio-isotopes de Tchernobyl.

On savait déjà que les thons rouges traversaient le Pacifique !

Le thon rouge se reproduit dans les eaux japonaises avant de rejoindre la côte californienne. Des chercheurs qui ont testé 15 poissons attrapés après la catastrophe en mars 2011 ont découvert que tous contenaient des traces de caesium-134, un radio-isotope soluble dans l’eau et rejeté dans l’océan lors de la crise de Fukushima.

Les poissons ayant voyagé jusqu’en Californie avant 2011 ne transportaient pas cet isotope. Les résultats de cette étude ont été publiés par le journal Proceedings of the National Academy of Sciences.

L’accident nucléaire de Fukushima a ainsi donné une opportunité aux experts en science marine d’étudier la migration des poissons ainsi que la circulation de l’air dans cette région de l’Océan Pacifique, d'après un article du journal Nature.

Les chercheurs ont comparé les ratios de caesium-134 et de caesium-137 pour estimer que les thons rouges en question avaient quitté les eaux japonaises environ quatre mois avant d’être capturés. Le calcul a pris en compte la croissance des poissons et le niveau de radioactivité.

Le cycle migratoire du thon rouge est assez bien connu, c’est pourquoi l’étude « ne nous a pas appris grand-chose sur les régimes de migration du thon » a indiqué Daniel Madigan, un biologiste marin pour l’Université de Stanford et co-auteur de l’étude.

Remarque : L'article ne dit pas si les japonais vont se réserver ce thon rouge dont la radioactivité est bien inférieure aux normes sanitaires fixées par le Japon

A partir d'Actualités News Environnement : La catastrophe de Fukushima a des retombées positives pour la science marine ?

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