Afrique : Donner d’une main pour mieux reprendre de l’autre !

En ce week-end du 14 et 15 novembre 2009, le sénégalais Jacques Diouf, Secrétaire Général de la FAO, fait la grève de la faim pour protester contre le milliard d’affamés dans le monde. A la veille du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire qui se tiendra cette semaine à Rome, l’Afrique n’a jamais autant été dépouillée sur terre que sur mer. Que va-t-il rester à ce continent qui vient de passer la barre du milliard d’habitants ?

Peut-être vais-je choquer des concarnois et des familles de pêcheurs sur le qui-vive en cette période de piraterie au large des côtes somaliennes. Mais il me semble important de réagir à la série d’articles parue dans le Télégramme, et en particulier Thon tropical. Pourquoi un tel enjeu ? et Concarneau soutient la filière à M'Bour, compte-tenu de la situation économique catastrophique dans la plupart des pays africains qui pourtant bordent des mers parmi les plus riches en ressources halieutiques.

Souvenirs d’Afrique

J’ai toujours en mémoire cet immense chalutier qui allait et venait à quelques centaines de mètres de Grand-Lahou-Plage en Côte d’Ivoire. Il ratissait les fonds marins au grand dam des piroguiers Fanti, ces pêcheurs ghanéens parmi les plus grands de toute l’Afrique. Je me rappelle encore de ces imposants thoniers-senneurs, français et espagnols, qui débarquaient du thon congelé sur les quais du port de pêche à Abidjan. Ce thon mis en boite dans de grandes conserveries aux marques commerciales bien connues avant son exportation dans les pays européens. Des conserves bien trop coûteuses pour les abidjanais qui pouvaient malgré tout profiter d’un circuit parallèle à destination du marché national. Je me rappelle de ce très bon thiéboudienne de thon préparé par les cuisinières sénégalaises dans les maquis (petits restaurants) à l’arrière du port ou bien dans le quartier des affaires au Plateau…

Concarneau, le port de pêche le plus africain de France

Concarneau doit sa renommée dans le monde de la pêche, au thon capturé au large des côtes africaines. C’est l’un des principaux ports thoniers à l’échelle mondiale alors que cette ressource se trouve à plusieurs milliers de milles marins des demeures des marins-pêcheurs concarnois.

En 2008, la flotte thonière française présente en Afrique se composaient de 22 unités qui ont capturé 104.000 tonnes de thon pour un chiffre d’affaires total de 130.000 millions d’euros (soit près de 20% des captures nationales toutes espèces confondues). La production se répartissait en 83.400 tonnes pour l’océan Indien (principalement du thon listao) et 20.600 tonnes pour l’océan Atlantique (75% d’albacore). Le thonier le plus productif est le Glénan avec 7.309 tonnes, suivi des Cap Saint Vincent (6.174 tonnes), Avel Vad (6.174 tonnes) et Trévignon (5.626 tonnes). Des quantités par unité supérieures à celles de la plupart des criées de l’hexagone !

Trois armements se partagent la gestion de la flottille française : CMB (Chevannes-Merceron-Ballery), Saupiquet et Sapmer. Selon Orthongel, l'organisation des producteurs de thon congelé, les bateaux embarquent près de 300 marins bretons. En outre, cinq bateaux espagnols, dont deux actuellement dans l'océan indien sont commandés par des marins concarnois. Les équipages bretons sont complétés par des matelots sénégalais, ghanéens, ivoiriens, malgaches, seychellois…. pour un total de près de 650 marins.

Une fois pêché, le thon est aussitôt congelé à bord. A chaque renouvellement d’équipage, il est débarqué dans un port thonier africain, Abidjan, Dakar, Port Victoria ou alors réacheminé dans des cargos à destination de conserveries dans d’autres pays à faible coût de main d'oeuvre. Congelé ou conservé, le thon pêché par la flottille européenne rentre ensuite en Europe sans droit de douane. L'Europe est le plus gros marché mondial de la conserve de thon avec l'Espagne en tête des pays consommateurs.

Des contreparties sans commune mesure avec l’importance des captures

L’accès aux zones de pêche africaines est conditionné à des accords entre l’Union Européenne et chaque pays côtier. Pour pratiquer la pêche dans leurs zones économiques exclusives (ZEE), les pays européens versent des compensations financières, notamment à la Côte d’Ivoire, Sénégal, Seychelles, Madagascar, Maurice,... Cependant, ces contreparties sont sans commune mesure avec l’importance des captures.

Au total, la pêche lointaine européenne, principalement française et espagnole, a capturé au large des côtes africaines environ 350.000 tonnes de thon pour un chiffre d’affaires de près de 500 millions d’euros en 2008.

Par comparaison, le Sénégal l’un des plus grands pays halieutiques africains et pour lequel les produits de la mer représentent une source importante de devises, le volume exporté est de 90.000 tonnes pour 160 millions d’euros en 2008 (selon l’agence sénégalaise de promotion des exportations).

Pour l’accord de pêche entre l’UE et le Sénégal couvrant la période du 1er juillet 2002 au 30 juin 2006, la contrepartie financière globale ne s’élevait qu’à 16 millions d'euros dont 3 millions pour l'établissement d'un partenariat portant sur le suivi de la ressource et l'évaluation des stocks, le contrôle des activités de pêche, le renforcement de la sécurité de la pêche artisanale, l'appui à l'instauration d'une pêche durable et la formation. Cet accord offrait des possibilités de pêche à 78 thoniers et 8 000 tonneaux de jauge brute pour les chalutiers et les palangriers. (Source : Bienvenue au Sénat). Aucun accord n'a été conclu depuis 2006 avec le Sénégal.

Arrêtons de prendre beaucoup d'une main et de donner un peu de l'autre !

Autres articles :

Pour plus d'informations :

Image Wikipedia : Thon Albacore

Pour aller plus loin.... L'extrait d'un article du Journal du Pays Basque concernant les thoniers-senneurs basques dans les eaux somaliennes.

Le pillage de l'Afrique
Dans un contexte plus général, treize navires seraient encore prisonniers des pirates somaliens et selon l'Organisation Maritime Internationale, 120 actes de piraterie maritime ont été recensés pour l'année 2008. Sans compter les cas non déclarés. La communauté internationale n'a pas tardé à réagir et dote les bateaux de moyens militaires. C'est le cas de l'Etat français : de nombreux pêcheurs effectuent leur travail, dans ces eaux somaliennes, riches en thon, accompagnés par des militaires qui se trouvent à bord.

Reste le problème de fond : pourquoi aller chercher si loin le poisson ? «Cela rapporte plus. De très nombreux navires étrangers ont profité de la faillite de l'Etat somalien en 1991 pour venir piller impunément les ressources poissonneuses somaliennes. Pour pallier la déroute des autorités qui ne pouvaient plus les protéger, les humbles pêcheurs somaliens se sont improvisés garde-côtes ! Peut-on leur reprocher une absence d'éthique, une dérive ?» affirme Silvain Touati de l'Institut français des relations internationales.
Très riches en thon, les eaux somaliennes sont largement exploitées par les bateaux de pêche européens et asiatiques. Ces navires pratiquent la pêche industrielle, qui consiste généralement à utiliser un filet pélagique qui ratisse les fonds marins et capture des bancs entiers de poissons.
Les prises sont conservées dans de puissants systèmes frigorifiques et peuvent être mélangées. Cette pratique entraîne une raréfaction des ressources en Somalie et dans toute l'Afrique.

Favoriser la pêche industrielle
Les faits parlent d'eux-mêmes : le 1er juin 2007, entrait en vigueur un accord signé avec le Maroc stipulant que 119 bateaux de pêche européens pourraient pêcher en échange d'une subvention de 144 millions d'euros versés par l'Union Européenne au Maroc.
Des milliers de petits pêcheurs artisanaux d'Agadir et des environs, assistent impuissants, au développement de la pêche industrielle. Et rentrent bredouilles. Les bateaux européens, armés jusqu'aux dents, continuent de sillonner les mers d'Afrique.
Sarean Zer,
Extrait de l’article : Alakrana : Dénouement heureux, mais les questions demeurent (Le Journal du Pays Basque)

Revue de Presse :

Le 18 novembre 2008 : l'aventure africaine concarnoise avec les chantiers Piriou

L'aventure mondiale du chantier naval Piriou (Ouest France)
Le groupe concarnois, premier chantier privé de construction et de réparation navales en France, prévoit de nouveaux développements à l'étranger et ouvre son capital à ses cadres.
1965, Concarneau, une cabane sur le port où deux frères, Guy et Michel Piriou, entretiennent des bateaux de pêche. 2009, Concarneau, le groupe Piriou, près de 1 000 salariés, des filiales à l'Île Maurice, au Nigeria, au Vietnam, en Pologne, de bons (et discrets) résultats

Piriou. Les dirigeants du groupe prennent le contrôle du capital (Le Télégramme)
Le groupe Piriou est désormais sous le contrôle de ses cinq principaux dirigeants, Pascal Piriou (président du directoire), Georges Dalle (directeur industriel), Alain Le Berre (directeur administratif et financier), Yannick Moreau (directeur de l'ingénierie) et Michel Perrin (directeur commercial). Ils viennent de racheter la participation d'Axa Private Equity, un fonds d'investissement, actionnaire à hauteur de 40% depuis 2006. Cette année-là, le groupe Piriou avait cédé 80% de son capital, Jaccar, la holding familiale de Jacques de Châteauvieux, P-DG de Bourbon, acquérant également 40% des actions.
Un chiffre d'affaires de 149M€ cette année

Le 19 janvier 2010

La pêche illégale fait perdre 2 milliards de dollars par an à l'Afrique (grioo)
Selon une étude publiée par le cabinet African Advisory Board
La pratique de la pêche illégale dans les eaux africaines par des bateaux étrangers fait perdre chaque année plus de 2 milliards de dollars à l'Afrique, a révélé lundi à Paris, le président du cabinet d'expertise African Advisory Board, François N'Dengwe. S'exprimant lors d'un entretien avec la PANA, M. N'Dengwe, économiste d'origine camerounaise, a précisé que l'évaluation de son cabinet est confirmée par une enquête du Commandement central de l'armée américaine pour l'Afrique (Africom) sur la pêche illégale dans les pays africains.
"Je me suis rendu à Stuttgart, au siège d'Africom, pour confronter notre étude à l'enquête du colonel Christopher Castro. Ce dernier arrive à une estimation d'un milliard de dollars de perte annuelle pour la seule Afrique de l'Ouest. Et lorsqu'on procède à une estimation globale de la perte, Africom et nous arrivons à 2 milliards de dollars de perte", a-t-il expliqué.
Selon l'enquête d'African Advisory Board,….

Le 6 février 2010

Comment fonctionne la flotte européenne dans les pays ACP : l’exemple de l’Espagne (Collectif pech dev)
Un rapport sur la pêche lointaine d’Andalousie (Espagne), paru en septembre 2009, montre comment les bateaux européens obtiennent l’accès aux eaux et aux ressources des pays ACP, notamment en Afrique de l’Ouest. Les 64 chalutiers congélateurs andalous battant pavillon espagnol se concentrent sur la côte ouest africaine, de la Mauritanie à l’Angola. Pour avoir accès aux eaux de ces pays, les bateaux ont trois possibilités : d’abord à travers des accords établis par l’Union européenne (Ue) -comme l’accord UE-Mauritanie-, ensuite au moyen de licences privées, et enfin par la constitution de sociétés mixtes avec un partenaire local, ce qui implique le re pavillonnement du bateau dans le pays tiers. Les principaux pays où sont actifs les opérateurs andalous sont la Mauritanie et la Guinée Bissau d’où proviennent 60% des captures déchargées en Andalousie. Une des espèces cible est la crevette avec 3 700 tonnes de ce crustacé pêchée l’an passé par les bateaux andalous. Source : Agri-Infos , janvier 2010

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Le 3 novembre 2010

Comment l’Afrique nourrit l’Europe : (Sur) pêche UE en Afrique de l’Ouest

Ce rapport d’expédition donne un aperçu des types de bateaux rencontrés durant l’expédition, soulignant certains des problèmes de la surpêche à travers une série d’exemples. D’après le point de vue des pêcheurs locaux du Sénégal et de Mauritanie, une conséquence des opérations de pêche étrangère en Afrique de l’Ouest, c’est que les communautés de pêche locale voient leurs propres captures diminuer et voient la destruction de leurs ressources marines par les opérateurs étrangers, alors que les communautés elles mêmes n’en retirent que de maigres bénéfices. Source : CAPE

How Africa is feeding Europe EU (over)fishing in West Africa

The EU fishing fleets have a global reach. As a consequence, they are fishing in waters of some of the poorest nations on Earth, including those in West Africa

One of the biggest threats facing the world’s oceans today is overfishing. The UN Food & Agriculture Organisation (FAO) estimates that over 75% of all fish stocks are fully exploited, overexploited or depleted. In European waters, the level of overfishing is higher than the global average, with an estimated 88% of European fish stocks in a poor state. For some stocks, particularly predatory fish such as sharks, tuna and swordfish, the situation is even more alarming across all oceans, with declines of 90% compared with pre-industrial times.

Currently, the EU fleet is capable of catching between two and three times its maximum sustainable yield. Despite attempts to cut the size of fishing fleets and reduce pressure on fish stocks, the EU has increased the effective catch capacity in many of its fisheries by an estimated 2 to 4% a year. This increase in pressure on marine resources, coupled with declines in fish stocks across Europe, has meant that EU fishing vessels have moved to distant fishing grounds. Today, the EU’s fishing fleets have a global reach. As a consequence, they are also fishing in waters of some of the poorest nations on Earth, including in West Africa. Pour télécharger le document de Greenpeace, cliquer Ici

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Le 4 janvier 2010

Greenpeace : Libéraliser la pêche, un danger pour la sécurité alimentaire (Irin)

Le poisson risque de disparaître de l'assiette des populations les plus pauvres

La libéralisation du marché des produits de la mer menace la sécurité alimentaire des pays en développement, selon un nouveau rapport publié vendredi par le groupe de défense de l’environnement, Greenpeace International.

D’après le rapport intitulé « La marchandisation des océans », la libéralisation de ce marché se traduira par une augmentation des prix du poisson dans les pays en développement. En effet, davantage de ressources seront consacrées à l’exportation et les stocks de poissons pour la consommation locale diminueront. Le poisson ne sera plus destiné à l’alimentation des plus pauvres mais servira à nourrir le poisson d’élevage, relançant une aquaculture non durable, comme l’élevage de crevettes et de saumon, s'est inquiété le rapport.

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) envisage de diminuer, voire de supprimer les droits de douane sur le poisson et les produits de la pêche. Greenpeace a souligné que cette mesure profiterait à une poignée de pays développés, exportateurs de poisson, qui disposent de solides systèmes de gestion de la pêche. « Si l’OMC adopte cette mesure, le prix du poisson chutera, mais seulement à court terme », a déclaré Daniel Mittler, conseiller en commerce international pour Greenpeace, lors de la publication du rapport à Nairobi, la capitale kényane.

Toujours selon l’organisation de défense de l’environnement, la libéralisation du marché ne fera qu’accélérer l’épuisement des ressources halieutiques mondiales, en raison d’une surexploitation continue, notamment dans les pays en développement. Cette libéralisation du marché entraînera, à moyen et à long terme, une hausse des prix à mesure que les stocks mondiaux s’épuiseront, a indiqué le rapport.

Par ailleurs, la libéralisation du marché des produits de la mer constitue une menace pour l’écosystème marin et les conséquences de la surexploitation sont déjà visibles le long de la côte kényane. En effet, Athman Seif, président du Kenya Marine Forum, a signalé que la baisse des ressources halieutiques avait de graves conséquences sur la vie des populations côtières.....

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Le 7 août 2011

Mauritanie : Les accords de pêche avec les Chinois auront des retombées hautement positives (Afriquinfos)

NOUAKCHOTT (Xinhua) - Le président mauritanien Mohamed Ould Abdel Aziz a loué, vendredi soir, les rapports de coopération entre son pays et la Chine, notamment en matière de pêche.

Le chef de l'Etat mauritanien, qui s'exprimait au cours d'une émission radiotélévisée a précisé: « les Chinois peuvent attester que les études ont établi que cette société (Poly Handong Fishery) aura des retombées hautement positives sur les citoyens mauritaniens ».

Il a ajouté que « ceux qui s'opposent à la société en question sont des individus qui profitaient, à titre personnel et égoïste, de licences de pêche obscures accordées, sous leurs noms, à des sociétés étrangères, et qui ont été suspendues ».

Poly Handong Fishery est un groupe chinois de Poly Technology inc, ayant récemment signé une convention avec le gouvernement mauritanien pour un investissement de 100 millions de dollars dans le domaine de la pêche de fond.

Cette convention a fait l'objet d'une vaste campagne de dénigrement et de critiques au sein de l'opposition et de la part de médias européens, la qualifiant de "pillage systématique des ressources mauritaniennes.

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La stratégie maritime de l’Afrique prend-elle l’eau ?


Source : Green et Vert

L’Union africaine s’est fixé 2050 comme date limite pour sécuriser les eaux territoriales du continent. Une date qui risque de se révéler utopique.

Des 54 pays qui composent l’Afrique, 38 ont des littoraux ou sont des îles. Avec ses 42 000 km de littoraux, c’est la dernière grande région sans protection maritime. Sans une stratégie exhaustive pour faire respecter les lois, surveiller et promouvoir l’économie maritime et ses ressources, l’Afrique perd des milliards de dollars chaque année et est la proie de nombreux criminels.

“L’Afrique reste encore le continent le plus touché par la pêche illégale, les actes de pirateries, le trafic de drogue, d’armes, d’humains, sans parler des mauvais bateaux et des vieux ports” déclare Annette Leijenaar, Directrice du département de gestion de conflits et d’installation de la paix à l’Institute for Security Studies (ISS), à Pretoria.

42 000 km de littoraux sans défense ou presque

Sur le milliard d’habitants que compte l’Afrique, environ 70 % dépendent du poisson pour avoir des protéines. Johan Potgieter, un des cadres d’ISS, envoie un message aux politiques :   “ Ne pensez pas à combien coûte une flotte. Pensez plutôt à combien cela va vous coûter de nourrir une population quand il n’y aura plus de poissons ?». 

Les pertes globales causées par la pêche illégale coûtent entre 10 et 23.5 milliards de dollars par an. Les prises illégales sont en train de devenir la norme. Les super-chalutiers étrangers n’hésitent pas à piller des centaines de tonnes de poisson par jour pour les exporter en Europe, tandis que les prises des pêcheurs locaux sont limitées en général à ce qu’ils peuvent ramener sur des pirogues de 8 m.
Par ailleurs, les opérations anti- pirates au large de la Somalie en 2011 ont couté environ 6,9 milliards de dollars. Pour Potgieter, les opérations anti-pirates d’Afrique de l’Est les ont repoussé vers la côte est de Madagascar, qui est relativement déserte. Les pirates y sont tranquilles pour établir de nouvelles bases. Cela ne règle pas le problème.

Des flottes à coûts exorbitants

Un bâtiment coûte des millions de dollars et il en faut 3 pour former une unité opérationnelle. Par exemple, trois bâtiments de patrouille de 80 m de la British Royal Navy coûtent 32 millions de dollars par an. Mais en dépit de ces sommes astronomiques et du manque d’expérience des officiers en commande, plusieurs nations ont commencé à acquérir des bateaux. Le Nigéria a prévu 49 bâtiments et 42 hélicoptères sur les 10 ans à venir. Le pays a aussi construit son propre bâtiment de patrouille de 31 m, le NNS Andoni.

Le Ghana a acquis deux anciens bâtiments d’attaque allemands et a commandé quatre nouveaux bateaux patrouilleurs à la Chine.  La Namibie a acheté un bâtiment chinois de 100 m et a renforcé les patrouilles autour des ports.

Potgieter explique ”Pour faire des arrestations, il faut un avion ou un drone et un bateau. C’est là que réside le problème. Ce n’est pas bon marché. Et si nous détectons un problème de l’autre côté de Madasgascar, il faut collaborer avec d’autres ! Peut-être les Français sont-ils les mieux placés pour agir. Mais il faudrait qu’on leur parle pour ca ! ”.

Une législation qui diffère de pays en pays

Il est nécessaire d’harmoniser les règles et les lois de chaque ministère de tous les pays de l’UA. Une tâche qui prendra environ 10 ans. Selon l’ISS, il faut une bonne gouvernance, une infrastructure solide, une compétence technologique, des mécanismes efficaces de partage d’informations, et une volonté politique forte. Très peu de pays africains possèdent ces éléments.

“La plupart des pays ne vont même pas vous autoriser à traverser leurs eaux si vous n’avez pas eu leur permission à l’avance. Nous avons besoin d’assumer la responsabilité pour le domaine maritime africain collectivement,” explique Potgieter.

Pour aller plus loin : Sommet sur la piraterie maritime au Cameroun en avril 2013 (gabonactu)

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