Mais une fois débarqué, ce poisson dont on connait les caractéristiques précises, se perd dans la masse du marché mondialisé des produits de la mer.
On dit que le pêcheur garde dans le plus grand secret la carte de ses lieux de pêche favoris. Cependant, les chercheurs de l’Ifremer à partir des données enregistrées sur les log-book (journal de bord) et transmises par chaque bateau peuvent estimer avec une remarquable précision les zones de pêche de la flottille française dans l’ensemble des eaux communautaires… matérialisées par des petits « carrés » sur la carte de la pêche française en Europe.
Les captures côtières noyées dans la Pêche en Atlantique Nord-Est
Pourquoi demander autant de précisions aux pêcheurs et aux scientifiques si dans le même temps le reste de la filière se caractérise par son manque criant de transparence. Par exemple : La langoustine pêchée dans le « carré » du Plateau de Rochebonne, au large des côtes d’Oléron, se retrouve par un tour de passe-passe réglementaire dans la masse des produits pêchés en Atlantique Nord-Est (ANE) sur le banc du poissonnier. Le commerçant peu scrupuleux est en droit sans autre précision obligatoire de vendre à même le port des langoustines capturées dans l’ensemble des eaux communautaires et au-delà en apposant l’étiquette réglementaire qui indique « Pêche en Atlantique Nord-Est » (ANE), une zone de pêche qui s’étend au Nord depuis le Groënland jusqu’à la mer de Barents, et au Sud jusqu’aux Açores. Voir : Cadre réglementaire de l'étiquetage des produits de la mer (FranceAgriMer)
Pour une meilleure identification des produits de la mer
Pour une meilleure identification des produits de la mer mis en vente sur les étals, il est nécessaire de préciser sur l’étiquette réglementaire :
- Un lieu de capture précis : reprendre la carte utilisée pour le partage des TAC et des Quotas entre les pays en remplaçant les numéros par des noms communs. Par exemple : VIIIb = Golfe de Gascogne, WIIIa = Côte Sud Bretagne
(Cliquez pour agrandir l'image)
La grande distribution pas favorable ?
Explication avec le cabillaud d'après un article de l'AFP (Les consommateurs veulent du poisson durable et l'information qui va avec )
« Les consommateurs européens sont de plus en plus demandeurs de poissons pêchés dans le respect des espèces, mettant fournisseurs et distributeurs au défi de leur livrer l'information nécessaire pour faire leurs emplettes avec la conscience tranquille. »
A la foire de l'alimentation Anuga, qui s’est tenu cette semaine à Cologne (ouest de l'Allemagne), le sujet occupe les esprits des acteurs de la filière poisson.
De plus en plus conscients de la surexploitation des ressources marines, les consommateurs sont nombreux à ne vouloir mettre que des poissons pêchés « durablement » dans leur assiette. « C'est surtout le cas en Allemagne, en Suisse, en Autriche », relève Anne-Claire Gobert, venue promouvoir à Cologne les conserves de poissons de la société française Delpierre, basée à Boulogne-sur-Mer (nord)….
Les associations de protection de l'environnement Greenpeace et WWF publient depuis plusieurs années des listes des poissons les plus menacés. Mais celles-ci « déconseillent complètement l'achat de certains poissons, alors qu'ils sont bien représentés dans certains endroits », explique Christopher Zimmermann, de l'Institut national allemand d'étude de la forêt et de pêche.
Le cabillaud « toujours présenté comme surpêché, va très bien par exemple dans la zone de pêche du nord-est de l'Arctique », détaille-t-il. Une nouvelle base de données allemande présentée à l'Anuga doit donc permettre aux acheteurs, surtout professionnels, de s'y retrouver, en distinguant entre les différentes les zones de pêche.
En mer de Barents (zone I tout en haut sur la carte), les ressources en cabillaud se portent bien. La Norvège et la Russie qui se partagent les captures dans cette zone de la mer Arctique, viennent de fixer une augmentation du quota des captures pour l’année 2010. Le quota de cabillaud a été fixé à 607.000 tonnes pour 2010, contre 546.000 tonnes cette année et 525.000 en 2008. (Seafoodsource)
Si le consommateur demande plus de précisions sur l’origine et la qualité des produits de la mer, dans le sens du travail de la base de données de l'Institut national allemand d'étude de la forêt et de pêche, la grande distribution ne le souhaite pas. « Un projet scientifique qui sera de peu d'utilité au consommateur final, craint toutefois Jürgen Matern, responsable des achats chez le géant de la distribution Metro. « Le consommateur ne pourra pas l'utiliser, c'est trop à la fois », prédit-il. » Philippe FAVRELIERE (texte modifié le 16 octobre 2009)
Autres articles :
- Etiquetage : Le flou « libéral » sur la traçabilité du poisson !
- Fraudes. Attention... Poissons suspects !!!
- Marché du poisson "France" : aucune solution en vue !
- Le marché opaque du poisson : l'origine (1)
- Pêcheurs exigés la certification « Origine France »
- Le marché opaque du poisson : le prix (2)
Revue de Presse :
Des initiatives locales sont prises pour mieux identifier le poisson, en septembre 2009, Granville avec la Marque "Baie de Granville", maintenant, Lorient. Mais est-ce suffisant ? Ne faut-il pas modifier avant tout la réglementation européenne sur l'identification des produits de la mer qui favorise plutôt les grands Groupes importateurs de poisson ?.
Du bulot et poisson « Baie de Granville » (Ouest France)
Une marque commerciale va valoriser les produits vendussous la halle à marée de Granville.
A quelques jours du festival « Toute la mer sur un plateau », la Chambre de commerce a donné hier le coup d'envoi de la médiatisation de sa nouvelle marque commerciale « Baie de Granville ». Bulots et poissons passant sous criée bénéficieront désormais d'un étiquetage identifiable dans toute la France : le phare de Granville, et surtout en arrière plan, le Mont-Saint-Michel qui jusqu'à présent, comble d'ironie, servait d'abord à valoriser l'AOC des moules bretonnes du Vivier-sur-Mer.
Le pays de Lorient, l'Europe et la pêche (Ouest France)
Identifier le poisson lorientais pour séduire le consommateur.
La politique commune de la pêche sera réformée en 2012. Élus et professionnels participent à sa rénovation.
Hier à la Cité de la voile, Cap l'Orient a fixé les cinq points de sa contribution au Livre vert de la Commission européenne. Contribution née de la réflexion avec les professionnels de Keroman. Enfin, Cap l'Orient insiste aussi sur le partage des connaissances entre pêcheurs et scientifiques, sur la prise de décision au plus près du terrain et sur la valorisation des produits de la pêche (label, certification) auprès du consommateur.
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Pour un meilleur étiquetage du poisson frais
En octobre 2009, le Comité Consultatif sur la Pêche et l’Aquaculture (CCPA) avait émis un avis sur l'amélioration de l'information des consommateurs européens sur les produits frais de la pêche. Cette opinion a été appuyée par tous les membres du CCPA, sauf par les représentants de la transformation et du commerce (AIPCE et CEP) qui ont exprimé leurs points de vue différents.
Amélioration de l’information des consommateurs sur les produits frais de la pêche
Les consommateurs ont le droit d'être correctement informés sur les caractéristiques principales des produits alimentaires qu'ils achètent afin de leur permettre de faire un choix en connaissance de cause. L’information des consommateurs et l'étiquetage des produits sont les pièces centrales de l'organisation commune des marchés (OCM) dans le secteur des produits de la pêche et de l’aquaculture.
De nombreuses études de marché européennes et nationales (telles que Seafood Plus, Consensus, etc.) ont indiqué que les caractéristiques des produits de la pêche sont sources de confusion dans l’esprit des consommateurs.
Cette situation peu souhaitable est partiellement due à l‘application incorrecte de la législation relative à l'étiquetage existant des produits de la pêche. En outre, cette position est consolidée par une imprécision évidente dans les règles d'étiquetage fixées par l’Organisation Commune des Marchés (OCM).
L’une des principales sources de confusion vient de la différenciation entre les produits de la pêche frais et décongelés.
La congélation des produits de la pêche est une méthode de conservation qui augmente sensiblement la durée de l’entreposage. Cette méthode a contribué très positivement à donner aux consommateurs vivant loin des côtes l’accès aux produits de la pêche, et permis de mener des activités de pêche à une très grande distance des marchés ou des ports d'attache. Dans les points de vente, les produits réfrigérés sont parfois décongelés quelques heures avant d’être mis à la disposition des consommateurs. Sans un étiquetage adéquat, ces poissons dégivrés, une fois placés sur les comptoirs, sont en grande partie indiscernables aux yeux des consommateurs par rapport aux produits n'ayant subi aucun processus de congélation.
Les consommateurs ont le droit d’être pleinement informés afin de faire un choix en connaissance de cause à l'achat des produits de la pêche et d’être capable de distinguer les produits qui n'ont pas été préalablement congelés de ceux qui ont été dégivrées.
Il convient de noter que le Règlement (CE) n° 1234/2007 instituant une organisation commune des marchés agricoles établit que « les viandes fraîches de volaille » sont celles qui n’ont à aucun moment été durcies par le froid (voir les définitions officielles jointes en annexe).
Cette définition précise n'existe pas dans l’OCM du secteur des produits de la pêche et de l’aquaculture. Au contraire, dans certains États membres les « poissons dégivrés » sont considérés comme des « poissons frais » qui ont subi un « processus de décongélation ».
À la lumière de ces observations, le CCPA a accepté la transmission de la résolution suivante :
- Le CCPA demande à la Commission européenne d’apporter une définition claire et précise aux « produits frais de la pêche ». Cette définition devrait correspondre à celle qui existe pour d'autres viandes dans l’OCM du secteur agricole : tel que les « produits de la pêche non durcis à aucun moment par le froid ».
- L'étiquetage non seulement des « poissons frais » mais aussi des « poissons dégivrés » devrait s’appliquer afin de permettre au consommateur d'opérer un choix informé.
- En outre, les « produits frais de la pêche » et les « produits dégivrés de la pêche » devraient être placés séparément sur les étalages de poissons.
Source : Europa
Mais la Commission de la pêche du Parlement Européen a accepté que la « date de capture » ne soit indiquée qu’à titre facultatif sur les étiquettes, avançant que rendre la date de capture obligatoire sur les étiquettes « serait discriminant envers les navires qui conservent leurs poissons frais dans de la glace mais qui restent en mer plus longtemps », en général, le secteur de la pêche industrielle.
Les eurodéputés de la Commission de la pêche de tous les groupes politiques parlent souvent de l’importance de la protection spéciale des flottes artisanales, mais en ce qui concerne la mesure qui, en pratique, fournirait un certain avantage à la flotte artisanale, ils ont adopté une solution de compromis lors du vote sur l’Organisation commune des marchés dans le secteur des produits de la pêche et de l’aquaculture (rapport OCM).
D’après cfp-reformwatch.eu : La Commission de la pêche adopte les rapports sur l’organisation des marchés et les obligations d’information
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