Meilleure protection des poissons que des emplois
L’approche « ruée vers l’or » qui au départ a prévalu dans l’exploitation des ressources halieutiques, s’est rapidement transformée en un véritable désastre national. A l’entrée de l’Alaska dans l’Union, le 3 janvier 1959, les stocks de saumon étaient épuisés. On comprend alors pourquoi la protection des ressources halieutiques ait été inscrite dans la Constitution de l’Etat. C’est une priorité nationale. Quelques années plus tard, le flétan connaissait aussi la surpêche.
Pour enrayer le phénomène, c’est au début des années 70, que l’Alaska a adopté une politique de gestion mieux encadrée. En 1995, l’Alaska est l’une des premières régions dans le monde à adopter les QIT (Quotas Individuels Transférables). Actuellement, les 18 espèces principales sont gérées selon ce système : saumon du Pacifique, colin d’Alaska, cabillaud du Pacifique, flétan, hareng, crabe royal…
La pêche a retrouvé des couleurs ces dernières années en battant des records. Les captures ont atteint un chiffre d’affaires de 1,3 et 1,5 milliards de US$ respectivement en 2006 et 2007. Selon les économistes Brigitta Windisch-Cole et Josh Warren qui ont publié en novembre 2008 un rapport : Les emplois dans la pêche alaskienne, « la pêche emploie directement en moyenne 7260 pêcheurs avec un pic en été de 20137. Ajoutez les milliers d'emplois dans la transformation, et tous les services vous mesurez l’importance économique de la filière pêche en Alaska ». Ce sont près de 54 000 personnes qui sont impliquées dans le secteur de la pêche en Alaska (ndlr pour une population totale de 670 000 habitants sur tout le territoire).
Le saumon est la pêcherie qui procure le plus de travail. Près de la moitié des pêcheurs sont impliqués dans cette activité très saisonnière. Toutefois, les emplois ne sont pas assurés comme actuellement ceux dans la pêcherie de crabe qui ont chuté considérablement en partie du fait que la ressource a été "privatisée", indiquent les économistes. Ce qui fait dire à certains qu’en Alaska les poissons sont mieux protégés que les emplois.
Se démarquer sur le marché de l’export avec MSC
La pêche représente plus de 50% des exportations de l’Etat pour une valeur de près de 2 milliards de US$. Les principaux marchés sont le Japon, la Chine et l’Union Européen qui connait la plus forte progression. La France représente un marché important pour les pêcheurs alaskiens. L’organisation promotionnelle des produits halieutiques d’Alaska l’a bien compris avec ses pages Web en français : AlaskaSeafood. On peut estimer à plus de 100 000 tonnes (poids brut) la quantité absorbée par le marché français principalement le surimi (à partir de colin d’Alaska), les filets de colin d’Alaska, le cabillaud et le saumon du Pacifique. Les statistiques officielles indiquent qu’en 2007 les USA ont exporté vers la France 31 000 tonnes de produits halieutiques pour une valeur de 168 millions de US$. Il faudrait y ajouter tous les produits qui transitent par les usines de transformation en Chine et qui sont ensuite réexportés sur le marché européen, notamment les filets de colin d’Alaska. Voir : Chine : L’empire du milieu règne sur le marché mondial des filets de poisson congelés
En France, les produits sont importés principalement par les usines de transformation du poisson comme Findus et Iglo, lesquelles peuvent apposer le label MSC car dans une stratégie d’exportation et de démarcation de leurs produits, les pêcheurs alaskiens ont été parmi les premiers à adopter les certifications « pêche durable » et tout particulièrement le label MSC. C’est une suite logique à la politique de gestion stricte que la certification des cinq premières pêcheries par le MSC : saumon, cabillaud, flétan, charbonnier et colin d’Alaska.
Mais, les pêcheries se sont-elles prémunies de tout problème ? Depuis plusieurs années, malgré les règles de gestion, la pêcherie de colin d’Alaska la plus importante en volume est en constante diminution. Les quotas de 2009 fixés à 815 000 tonnes sont à la moitié de ceux de 2004. Un conflit oppose actuellement Greenpeace et le MSC à ce sujet. Voir : Tempête sur le Colin d'Alaska - Greenpeace contre MSC
« Quand les Etats-Unis ont acheté ce territoire de montagnes et de toundra (ndlr grand comme trois fois la France) à la Russie il y a plus de 140 ans pour 7.2 millions de $, beaucoup ont considéré cet achat comme une bévue monumentale. Mais maintenant que l'état représente plus de la moitié de la pêche de la fédération, l'Alaska s'avère être un des meilleurs investissements que le pays n’ait jamais fait. »
Philippe FAVRELIERE
Autres articles :
- Pacifique Nord : Trop de saumons issus d'écloserie !
- Colin d’Alaska, la mort du poisson « Roi » de la transformation ?
Autres articles dans RPA en relation avec la pêcherie et son marché :
- Articles sur le cabillaud : cabillaud
- Articles sur le saumon : saumon
- Article sur le colin d'Alaska : colin d'Alaska
Voir toutes les données actualisées sur le site d'un transformateur, Tradex : http://www.tradexfoods.com/reports.php
- Alaska Pollock Market Update
- Coho Salmon Market Update
- Chum Salmon Market Update
- Pink Salmon Market Update
- Sockeye Salmon Market Update
- Pacific cod Market Update
- Pétoncle d'Alaska : Canada / USA : Market study – Scallops
Pour suivre l'évolution des cours mondiaux du poisson :
- Site FAO – SMIAR : Perspectives de l’alimentation : Analyse des marchés mondiaux
- Juin 2010 : Perspectives de l’alimentation : Analyse des marchés mondiaux (FAO juin 2010) - Economie mondiale des produits halieutiques (Pages : 50 – 57)
- Novembre 2010 : Food Outlook : Global Market Analysis (FAO - November 2010) - Perspectives de l’alimentation : Analyse des marchés mondiaux / Fish and fishery economy : Global Fish Economy Pages : 50 - 58
Beaucoup de renseignements sur la pêche du saumon en Alaska :
Pour plus d'informations sur les pêcheries alaskiennes :
Commentaire : L'Alaska fournit entre 5 à 10% des besoins en produits halieutiques de la France, essentiellement colin d'Alaska, saumon sauvage et cabillaud du Pacifique. Voir document de l'OFIMER : LE MARCHE DES POISSONS BLANCS
Les pêcheries de saumons du Pacifique Nord sont gérées dans le cadre d'une convention entre le Japon, la Corée, la Russie, le Canada et les USA, North Pacific Anadromous Fish Commission (NPAFC)
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Sitka (Alaska) : Ouverture de la pêche de Hareng à la senne tournante
sur fonds de séisme/tsunami au Japon
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About North Pacific Anadromous Fish Commission (NPAFC)
Short Description of the Convention
The main objective of the Convention is to promote the conservation of anadromous stocks in the Convention Area.
Convention Area
The waters of the North Pacific Ocean and its adjacent seas, north of 33 degrees North Latitude beyond 200-miles zones of the coastal States.
Species
The anadromous fish covered by the Convention are as follows:
Chum salmon (Oncorhynchus keta)
Coho salmon (Oncorhynchus kisutch)
Pink salmon (Oncorhynchus gorbuscha)
Sockeye salmon (Oncorhynchus nerka)
Chinook salmon (Oncorhynchus tshawytscha)
Cherry salmon (Oncorhynchus masou)
Steelhead trout (Oncorhynchus mykiss)
Conservation measures under the Convention
Prohibition of directed fishing for anadromous fish in the Convention Area.
Minimization to the maximum extent of the incidental taking of anadromous fish
Prohibition of the retention on board a fishing vessel of anadromous fish taken as an incidental catch during fishing for non-anadromous fish.
Le 18 novembre 2009
Alaska - La pêche autochtone vise la certification MSC (Seafoodsource)
La première pêcherie gérée par des peuples premiers aspire à l’écolabel MSC. Il s’agit de la pêcherie de saumon dans la réserve « Annette Islands Reserve (AIR) » qui est exploitée par la Communauté indienne Metlakatla en liaison avec le Bureau américain des Affaires indiennes.
Pour une production annuelle de 3000 tonnes de saumon, l’activité concerne 53 fileyeurs et 12 senneurs. Les 5 espèces de saumon sauvages du pacifique : pink, chum, coho, sockeye et king. Près de la moitié des captures de saumon est transformée dans l’île par la société Annette Island Packing Co., détenue par la communauté indienne Metlakatla. L'entreprise produit principalement des filets et poisson entier pour les marchés européens. Le reste est vendu aux entreprises de transformation sur l'île.
«Nous sommes fiers, nous les autochtones, de détenir et d’exploiter à 100% cette pêcherie, » a déclaré Jeff Moran, gestionnaire des pêches pour la communauté indienne Metlakatla.
« Il est important que nous préservions cette pêcherie héritée de nos ancêtres et que nous la gérions durablement pour les générations présentes et futures. Cette évaluation en vue de l’obtention du label MSC nous fournit un précieux outil de gestion des pêches, et permet aussi de montrer à nos clients que nous avons des stocks de poissons bien gérés et des écosystèmes protégés ».
La pêche au saumon de l'Alaska qui est gérée par le département alaskien de la chasse et de la pêche, est certifiée MSC depuis 2000.
Le 5 février 2010
Une étude pour connaitre l’impact économique du passage aux quotas individuels sur la pêcherie de flétan en Alaska.
En 1995, la gestion de la pêcherie est passé d’un système classique à un système de QIT. Alexander Kotlarov qui est étudiant en économie à l'Université d'Alaska à Fairbanks, se propose d’analyser les changements survenus dans la pêcherie à partir d’une enquête auprès des pêcheurs. Pour 100$, les professionnels devront remettre leur réponse d’ici la fin mars 2010. Source : Study to examine economic impact of halibut-sablefish quota system (Fishnewseu)
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Une enquête réalisée auprès des pêcheurs de la baie de Bristol en Alaska révèle qu’une écrasante majorité (85%) est opposée à Pebble Mine. Par ailleurs, les pêcheurs pensent qu’il serait primordial de protéger les bassins versants de la baie de Bristol pour les générations futures.
« Les pêcheurs d'Alaska ne veulent tout simplement pas de Pebble Mine. Ils croient fermement que nous devons protéger la baie de Bristol et ses stocks importants de poissons sauvages », a déclaré Bob Waldrop, directeur de Bristol Bay Regional Seafood Development. « Le projet Pebble menacerait des milliers d'emplois bien rémunérés, qui sont essentiels à l'économie régionale. »
Le sondage indique également que 77% des personnes ne croient pas que la mine de Pebble et la pêche peuvent co-exister en toute sécurité.
La baie de Bristol représente près de la moitié des prises mondiales de saumon sockeye (ou saumon rouge)… L’association régionale de développement de la pêche en baie de Bristol regroupe près de 2000 petits patrons de pêche et leurs 5.000 matelots. FIS : Fishers firmly oppose pebble mine proposal
------ 20 août 2011 ------
Des chercheurs étatsuniens de l'Université d'Alaska à Fairbanks (UAF) travaillent sur la lyophilisation du poisson en vue de mieux valoriser les sous-produits de la pêche et de la transformation. Les nouvelles techniques de lyophilisation concernent le colin d’Alaska et les différentes espèces de saumon sauvages, les principales pêcheries d’Alaska.
L’un des objectifs de l'étude est de mettre au point un nouveau procédé qui produit des cubes lyophilisés avec moins de 10% d'humidité dans un laps de temps beaucoup plus court selon Chuck Crapo, spécialiste dans la transformation des produits de la mer…. Les cubes de saumon lyophilisées gardent leur couleur d'origine et se réhydratent plus rapidement que les aliments transformés par la lyophilisation classique.
Ces produits peuvent offrir des alternatives « saines » pour des parties moins intéressantes et qui sont habituellement perdues, selon Bechtel, un autre chercheur. Par exemple, lorsque le saumon est très proche de la saison de frai, la qualité de sa chair baisse….
Ces cubes de saumon sont riches en oméga-3 et peuvent éventuellement offrir une option détiétique pour les gens qui veulent augmenter la part des produits de la mer dans leur régime alimentaire... Les cubes de saumon peuvent être utilisées comme garnitures dans de délicieuses salades ou dans les soupes déshydratées. Sciencedaily : New Freeze-Dry Method Good for Processing Fish
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