Baleines et bœufs radioactifs remettent Fukushima dans le fil des actualités !
A terre, bœufs radioactifs… En mer, baleines contaminées… Et n’oublions pas les dizaines d’espèces halieutiques contaminées au large des côtes nord-est du Japon.
Avec le retour des beaux jours et le réchauffement de l’eau de mer, la vie marine a décuplé son activité sur le littoral du Tohoku (cliquer sur la carte pour agrandir). La convergence des eaux froides du Nord et des eaux chaudes du Kuroshio fait de cette région océanique, l’une des plus productives au monde. Un véritable bouillon de cultures atomique…. Lire : Fukushima : Bloom atomique au large de la centrale nucléaire
Pour éviter une panique alimentaire… « Le gouvernement japonais a annoncé le mardi 19 juillet 2011 l’interdiction de la vente du bœuf élevé dans la préfecture de Fukushima, quatre mois après l’accident d’une centrale nucléaire dans la région. « Nous avons donné l’ordre au gouverneur de la préfecture de stopper les livraisons de l’ensemble du bétail de Fukushima », a déclaré le porte-parole du gouvernement, Yukio Edano. « Nous allons prendre toutes les mesures possibles pour indemniser les éleveurs de façon convenable ». Ouest France : Nucléaire. Le Japon interdit la vente du bœuf de Fukushima
Côté mer.... Le gouvernement japonais n’a pas pris de mesure d’interdiction même si à ce jour des dizaines d’espèces halieutiques dépassent ou sont proches de la limite commerciale des 500 Bq de césium/kg de poisson.
Depuis la découverte de lançons radioactifs débarqués au port de pêche d’Ita-Ibaraki, dans la Préfecture voisine de Fukushima, deux semaines après les catastrophes du 11 mars 2011, les autorités locales suivent l’évolution du niveau de la contamination marine selon un protocole d'analyse défini début avril 2011. Des échantillons sont prélevés dans les différents catégories d’espèces halieutiques depuis la région tokyoïte au Sud jusqu’à Hokkaïdo au Nord.
C’est parmi ces centaines d’échantillons prélevés dans les ports de pêche que des baleines débarquées à Hokkaïdo ont été analysées en mai 2011. A 31 Bq de césium/kg de viande fraiche, un niveau bien inférieur à bien d’autres espèces halieutiques capturées au large des côtes de Fukushima, la contamination des cétacés serait passée inaperçue sans la tenue de la réunion annuelle de la Commission Baleinière Internationale (CBI) début juillet 2011 à Jersey. Lire l’article de Novethic : Commission Baleinière Internationale : les conséquences de Fukushima éludées
Niveau de contamination des espèces halieutiques au 11 juillet 2011 (MAFF)
18 espèces au-dessus de la limite légale des 500 Bq de césium / kg
・Japanese sandlance イカナゴ (Ammodytes personatus) - Lançon
・whitebait シラス - Alevin (dont anchois)
・ Ayu sweetfish アユ(天然) (Plecoglossus altivelis) - Ayu
・ Japanese smelt ワカサギ(天然) (Hypomesus nipponensis) - Eperlan
・Land-locked salmon ヤマメ(天然) (Oncorhynchus masou) - Saumon
・Mediterranean mussel ムラサキイガイ (Mytilus galloprovincialis) - Moule
・Wakame seaweed ワカメ (Undaria pinnatifida) - Algue Wakamé
・Hijiki seaweed ヒジキ (Hizikia fusiformis) - Algue Hijiki
・Arame seaweed アラメ (Eisenia bicyclis) - Algue Aramé
・Japanese dace ウグイ(天然) (Tribolodon hakonensis) - Cyprinidé
・ Northern sea urchin キタムラサキウニ (Strongylocentrotus nudus) - Oursin
・Surf clam ホッキガイ (Pseudocardium sachalinense) - Mactre
・Fat greenling アイナメ (Hexagrammos otakii) - Sourcil type rascasse
・Brown hakeling エゾイソアイナメ (Physiculus maximowiczi)
・Stone flounder イシガレイ (Kareius bicoloratus) - Plie
・ Whitespotted char イワナ(天然) (Salvelinus leucomaenis) - Salmonidé
・Japanese mitten crab - Crabe
・ Rockfish シロメバル (Sebastes cheni) - Sébaste
Autres espèces halieutiques entre 100 et 500 Bq de césium / kg
マダラ Pacific cod (Gadus macrocephalus) 240 - Cabillaud
ギンブナ(天然) Silver crucian carp(wild) (Carassius langsdorfii) 113
アオメエソ(メヒカリ) Greeneyes (Chlorophthalmus borealis) 159
アワビ Abalone (Haliotis sp.) 196 - Ormeaux
マサバ Chub mackerel (Scomber japonicus) 110 - Maquereau
コモンカスベ Ocellate spot skate (Okamejei kenojei ) 138
マガレイ Littlemouth flounder (Pleuronectes herzensteini) 420 - Limande
マコガレイMarbled flounder (Pleuronectes yokohamae) 250
マアジ Japanese jack mackerel (Trachurus japonicas) 270
ヒラメ Olive flounder (Paralichthys olivaceus) 194
ケムシカジカ Sea raven (Hemitripterus villosus) 161
ウスメバル Goldeye rockfish (Sebastes thompsoni) 220
クロソイ Black rockfish (Sebastes schlegeli) 270
カナガシラ Redwing searobin (Lepidotrigla microptera) 183
マアナゴ Conger eel (Conger myriaster) 101 - Congre
コクチバス(天然) Smallmouth bass(wild) (Micropterus dolomieu) 330
ウチダザリガニ(天然) Signal crayfish (Pacifastacus leniusculus) 207
エゾアワビ Ezo abalone (Haliotis discus hannai) 290 - Ormeaux - débarquement à Ibaraki
Diverses espèces marines à moins de 100 Bq de césium / kg
ミンククジラ Minke whale (Balaenoptera acutorostrata) 31 - Baleine - débarquement à Hokkaïdo
カラフトマス Pink Salmon (Oncorhynchus gorbuscha) 76.68 - Saumon - débarquement à Hokkaïdo
カタクチイワシ Anchovy (Engraulis japonicus) 20 - Anchois - débarquement à Ibaraki
ヤマトシジミ Brackish-water clam (Corbicula japonica) 23 - débarquement à Ibaraki
スズキ Seabass (Lateolabrax japonicus) 67 - Bar - débarquement à Ibaraki
イワガキ (Crassostrea nippona) 45 - Huître de roche - débarquement à Ibaraki
イセエビ Japanese spiny lobster (Panulirus japonicus) 58 - Langouste - débarquement à Ibaraki
ワカメ(加工 乾燥) Dried wakame seaweed (processed) 44 - Algue - débarquement à Ibaraki
スケトウダラ Alaska pollack(Theragra chalcogramma) 5.6 - Colin d'Alaska - débarquement à Iwate
マイワシ Japanese sardine (Sardinops melanostictus) 30 - Sardine
シャコ Mantis shrimp (Oratosquilla oratoria) 50 - Crevette
マダイ Red seabream (Pagrus major) 27 - Daurade
オキナマコ Sea cucumber (Parastichopus gripunctatus ) 34 - Concombre de mer
ババガレイ Slime flounder (Microstomus achne) 36
マゴチ Flathead (Platycephalus sp.) 86
ヤナギダコ Chestnut octopus (Octopus conispadiceus) 21.3
ムシガレイ Shotted halibut (Eopsetta grigorjewi ) 50
キアンコウ Monkfish (Lophius litulon) 64 - Baudroie
ギス Japanese gissu (Pterothrissus gissu ) 53
鹿島灘ハマグリ Clam (Meretrix lamarckii) 34
ミズダコ Giant Pacific octopus (Paroctopus dofleini) 29 - Poulpe
アサリ Palourde 80
Et toutes les autres....
Source : MAFF (Ministère japonais de l'agriculture, de la pêche et de la forêt)
Autres articles :
- Catastrophe nucléaire : Menace radioactive sur la pêche et l'aquaculture ? (décryptage de la contamination marine actualisé régulièrement....)
- Fukushima : Bloom atomique au large de la centrale nucléaire ?
- Fukushima : Pêcher illégalement est un crime ! Déverser des eaux radioactives en mer ?
- Japon : L'après tsunami de la pêche
- Le témoignage d'Hatakeyama Shigeru, ostréiculteur à Kesennuma (Miyagi) (aperçu de l'aquaculture japonaise notamment dans la zone sinistrée : pétoncles, huîtres, ormeaux, oursins, saumons, algues : nori, wakamé, kombu, laminaria japonica,...)
- Rejets radioactifs de Fukushima : Bioaccumulation ou dispersion océanique ?
Greenpeace : Du césium radioactif en quantité excessive dans les poissons de Fukushima | The Mainichi Daily News
Les poissons capturés dans un port à environ 55 kilomètres de l'usine de Fukushima Daiichi contenait du césium radioactif à des niveaux dépassant la limite permise, a indiqué le groupe environnemental Greenpeace mardi.
Les échantillons prélevés à Onahama port d’Iwaki, Préfecture de Fukushima, à la fin de Juillet, notamment une espèce de sébaste ont été mesurée à 1.053 becquerels par kilogramme. La lecture, la plus élevée parmi les échantillons, est bien au-delà de la limite fixée par le gouvernement de 500 becquerels par kilogramme, selon une étude menée par le groupe environnemental.
D'autres échantillons, qui étaient toutes des truites, ont été mesurés entre 625 et 749 becquerels par kilogramme, dépassant à nouveau la limite provisoire. (...)
NB : Greenpeace a présenté une pétition au Premier ministre Naoto Kan, mardi, soulignant la nécessité de maintenir la consommation des aliments contenant des niveaux élevés de matières radioactives à un minimum. L'ONG demande des contrôles plus importants sur les produits de la mer ainsi que l'affichage des taux de radioactivité sur les produits mis à la vente. Source via Scoop.it : Mainichi Daily News
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Fukushima: panique autour des poissons contaminés (Le Temps)
Depuis l’accident nucléaire du 12 mars, la pollution des aliments s’étend. Les Japonais ne savent plus trop quoi consommer en toute sérénité
«Depuis l’accident nucléaire et les alertes sur l’eau du robinet en mars, puis sur les légumes et la viande cet été, je suis vigilante à l’extrême. Impossible d’acheter comme avant. C’est plus compliqué, très stressant. Je dois vérifier désormais l’origine de chaque produit.» Le témoignage de Kyoko T., 42 ans, qui élève seule à Tokyo un enfant de 11 ans, est de ceux que l’on entend beaucoup à Tokyo, de surcroît depuis qu’a éclaté l’affaire du bœuf contaminé (LT du 28.7.2011), dernier scandale en date illustrant, dans le pays, l’absence d’un système centralisé de contrôle des risques sanitaires.
Mi-juillet, la préfecture de Fukushima annonçait que du césium avait été détecté dans des dizaines de bœufs. La psychose a gagné le pays à la vitesse de l’instantanéité qu’impose l’ère numérique. Car, au final, de la viande impropre de 3000 bovidés (nourris avec une paille de riz contaminée à hauteur de 39 000 à 500 000 becquerels par kilo) avait été consommée depuis mars dans tout le pays, jusque dans des hôpitaux et cantines scolaires.
Les Japonais découvrent maintenant que divers poissons contaminés ont été pêchés au large de leurs côtes depuis mars, en neuf points précis de zones maritimes situées entre les préfectures de Fukushima et de Chiba (au nord de Tokyo). Est concerné le konago, un petit poisson de surface dont raffolent les gourmets nippons, et dont les ventes chutent. Entre mer et terre, le fait est, beaucoup de Japonais, inquiets ou stoïques, ne savent plus trop quoi consommer en toute sérénité.
D’autant que ces jours-ci, de nouvelles révélations ne rassurent guère. Dans la ville de Fukushima (à 60 km de la centrale nucléaire), le Citizen’s Radioactivity Measuring Station (CRMS), un laboratoire de mesure de la radioactivité, a découvert que du lait servi entre mars et juin dans des écoles de la ville était contaminé. «A l’irradiation externe, de plusieurs millisieverts à l’année pour les gens de Fukushima, s’ajoute le risque de l’ingestion de denrées contaminées du fait des dépôts de substances radioactives, explique Wataru Iwata, le responsable du CRMS. Les autorités n’ont édicté des restrictions de consommation sur la préfecture que vers le 20 mars. Les populations ont donc consommé plus d’une semaine après l’accident nucléaire des denrées très contaminées et ont pu recevoir des doses importantes.» Et de rappeler, pour l’exemple, qu’une semaine après l’accident, à 40 km de la centrale, «les végétaux étaient tellement contaminés que la limite annuelle chez un enfant pouvait être atteinte en consommant à peine 5 grammes de végétaux».
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