USA : Fureur des petits pêcheurs face à la privatisation du pétoncle géant

Sur la côte nord-est des USA, la capture de pétoncle géant pèse près de 400 millions de dollars en chiffre d’affaires. Cette ressource parmi les cinq plus importantes du pays est entrée dans le processus de privatisation "Catch share" ("captures partagées") depuis le jeudi 4 novembre 2010. L'administration étatsunienne en charge des affaires maritimes (NOAA) poursuit donc sa politique des quotas individuels transférables (QIT) malgré le désaccord d’une majorité de pêcheurs (Gloucester Times : NOAA affirms catch share push in face of industry fire).

La privatisation de la plus grande ressource de pétoncle au monde (plus de 30.000 tonnes de noix de pétoncle par an) intervient au moment où la criée de Fécamp, port normand de coquilles saint-jacques, passe dans la plus grande indifférence sous la coupe d’un armement privé ((1) Le Marin du 5 novembre 2010 : Fécamp. La criée passe au privé).

Indifférence face à la privatisation de la criée de Fécamp

Sous le mandat d’Obama le marxiste (appellation donnée au président étatsunien par le Tea Party la nouvelle opposition républicaine lors des dernières élections), la privatisation d’une ressource halieutique est un coup porté aux petits pêcheurs au dépend des grandes pêcheries. En France, la privatisation d’une criée va tout à fait dans le sens de la politique libérale de Sarkorzy, une politique à contre courant de tout le mouvement coopératif, l’assise de nombreuses structures de pêche existantes, créées au siècle dernier en soutien à l’activité halieutique.

Coïncidence ou pas ! La privatisation de la criée de Fécamp va dans le sens de l’organisation des pêches outre-Atlantique. Dans le nord-est des USA, la pêcherie de pétoncle est sous le contrôle de très gros armements, véritables entreprises intégrées qui possèdent leur flottille de bateaux-dragueurs, chacune leur port avec tous les services (carburant, glaces,...), leur usine de conditionnement, et qui investissent maintenant dans l'éolien offshore (voir article : Du pétoncle à l'éolien offshore).

A quand maintenant la privatisation de la coquille saint-jacques dont les stocks sont au plus haut sur les côtes normandes et bretonnes ?

La réponse d'Alain Le Sann dans l'Edito de Pêche et Développement (N°89 - 3e trimestre 2010) cliquer : Aveuglement ou cynisme ?

Autres articles :

Pour aller plus loin....

(1) Placée en liquidation judiciaire le 24 septembre dernier, la coopérative gestionnaire de la criée de Fécamp laisse sa place à un armateur fécampois, Yvon Neveu. La criée sera désormais gérée par une entreprise privée appelée "La criée de Fécamp" fondée par cet armateur, propriétaire de deux chalutiers de 24 mètres, le SPES et le Symbiose, spécialisés dans le poisson pélagique, congelé et exporté à travers la société Ecopromer (25 salariés pour 5 millions d’euros de chiffre d’affaires). Les élus locaux et le Ministre de l'agriculture et de la pêche avaient appelé à une solution. « La coopérative de Fécamp rend des services d'intérêt général indispensables aux marins-pêcheurs et la saison de la pêche à la coquille Saint-Jacques doit démarrer prochainement. Bruno Le Maire souhaite donc que toutes les pistes soient étudiées afin de préserver l'activité de pêche et les emplois du littoral » (extrait du communiqué du Ministère de l'Agriculture en septembre 2010).

======= 16 mai 2012 ======

Découvrir la pêche du pétoncle géant en Nouvelle-Angleterre (USA)

Aux USA, le quota de pétoncle géant est de 1,2 million de livres en 2012 (à vérifier)

Source : NOAA Announces Proceeds from 1.2 Million Pound Scallop Catch Will Fund 13 Cooperative Research Projects

==== 11 juin 2011 ====

Dans Nature : Aux USA, les QITs en question !

La commission européenne a décidé de passer au régime des quotas individuels transférables (QIT) pour les bateaux de plus de 12 mètres et tous les arts traînants (drague, chalut) quelque soit la taille du navire...

Les étatsuniens qui ont une pratique de plusieurs années des QITs dans plusieurs zones de pêche, se posent beaucoup de questions à un moment où la NOAA, l’autorité des pêches aux USA, veut généraliser ce système de gestion à l’ensemble des pêcheries.

Lire l’article de Nature du 2 juin 2011 : Fisheries: What's the catch? (Pêche : Où est le piège ?)

Quelques enseignements à tirer de cet article :

  • disparition des plus petits pêcheurs avec une concentration des quotas « monopole »,
  • mise en place de pratiques originales comme la création de fonds communs pour l’achat de quotas qui sont ensuite rétrocédés aux plus petits pêcheurs,
  • la restauration d’une ressource n’est pas obligatoire après le passage au QIT, parfois c'est l'inverse !!!
  • la restauration d’une espèce est complexe, elle est parfois impossible puisque les équilibres entre les espèces ont été modifiées…

Photo wikipedia / NOAA : Plactopecten magellanicus ou Pétoncle géant

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Le 22 novembre 2011 : La Cotinière au privé ?

La Cotinière : Un pas vers l'extension du port (Sud Ouest)

Pour financer l'extension du port de pêche, le Conseil général met à l'étude un partenariat public privé. Le maire de Saint-Pierre-d'Oléron n'y est pas hostile.

La modernisation du port de La Cotinière passe-t-elle par un partenariat public privé ?

Un partenariat public privé pour réaliser l'extension du port de pêche de La Cotinière, et gérer ses nouveaux équipements. Il y a trois semaines, le Conseil général de la Charente-Maritime délibérait pour mettre cette option à l'étude. C'est une technique de financement, voire de gestion, que l'on rencontre par exemple dans les constructions des nouveaux centres pénitentiaires. À Saint-Pierre-d'Oléron, cette approche fut aussi envisagée, mais sans suite, pour un projet de nouvelle gendarmerie.

S'il était retenu pour le port de pêche, ce partenariat trancherait avec une tradition ancrée sur le site depuis trente-trois ans. Depuis que le Département concédait en 1978 à la commune de Saint-Pierre-d'Oléron, et à elle seule, la gestion de cet outil devenu, au fil des ans, une des perles de l'économie de la pêche en Atlantique. Peut-être aurait-il le mérite d'accélérer le bouclage financier de cet imposant dossier de 44 millions d'euros.

Un budget de 44 millions

L'équipement portuaire actuel, ce sont deux bassins, une halle à marée, des ateliers de mareyage, et une aire technique équipée d'un lève bateaux de forte capacité. Une plateforme où l'activité est intense et qui est à l'étroit depuis plusieurs années. Les pêcheurs veulent plus de souplesse pour s'affranchir de la marée et partir au large, les normes vétérinaires se resserrent, il faut moderniser. Ce sont les fondements de ce projet de nouvel équipement que portent de longue date les acteurs de la filière et les élus saint-pierrais.

Il y a un an, le Conseil général validait le principe, et ses orientations : creusement d'un troisième bassin, construction d'une nouvelle halle à marée et d'un pôle de mareyage. Un projet justifié, aussi, par le pivot que constitue La Cotinière au plan de l'aménagement du territoire.

L'urgence de cette modernisation n'est dès lors plus débattue. D'autant moins discutée désormais que la concession par laquelle la commune a reçu la gestion du port départemental arrive à échéance le 31 décembre 2012. Et que, dans ce contexte, le prochain concessionnaire, quel qu'il soit, ne pourra pas s'engager sans une définition précise du cahier des charges qui fixera les travaux qu'il convient de réaliser. Saint-Pierre-d'Oléron est d'ores et déjà sur les rangs pour garder la main…..

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Un investisseur privé

L'inquiétude est-elle alimentée par le dossier d'extension du port de plaisance des Minimes, sur lequel le président du Conseil général Dominique Bussereau se fait presser par la Ville de La Rochelle de verser une subvention de 12 millions d'euros ? La réponse de l'élu oléronnais est absolument négative. « La différence avec La Cotinière est de taille. En ce qui concerne le port de pêche, le Conseil général est chez lui ! »

À la proposition du Département d'étudier l'option d'une alliance public privé, Patrick Moquiay répond qu'à la première analyse, il n'y est pas hostile. « Je n'ai pas de position doctrinaire sur ce point. Mais jusqu'à présent, je n'ai pas rencontré dans ce sens un cas de figure intéressant », tempère-t-il aussitôt.

Quelle serait la conséquence de ce choix, s'il était retenu ? La puissance publique se décharge de l'investissement sur un partenaire privé. Lequel, ensuite, se rémunère par le loyer que la puissance publique lui verse pour occuper le port. »

Patrick Moquay s'interroge. L'option ne serait-elle pas un écran de fumée pour masquer une stratégie visant à remettre la concession à ce partenaire privé ?

Rien ne permet aujourd'hui de l'affirmer. Le maire pense plus plausible que le Département veuille aligner le fonctionnement de La Cotinière sur Royan et La Rochelle. En l'occurrence, le Conseil général ne concéderait les « superstructures : la criée, la glacière », et il garderait la maîtrise directe des infrastructures, quais et bassins…

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Le 28 novembre 2011

D’où viennent les pétoncles ?

Aux USA, Le pétoncle est l’une des 5 pêcheries les plus grandes du pays. Dans le monde, c'est la première pêcherie de pectinidés. Malgré son importance économique, on n’en connait pas grand-chose de la vie et du comportement de Placopecten magellanicus sur la cote nord-est.

Les pétoncles poussent rapidement, ils ont tendance à vivre longtemps, et ils ne se déplacent pas beaucoup une fois sur le fond. Mais d’où viennent-ils ?

En novembre, les jeunes pétoncles, qui ont dérivé dans la mer au gré des courants océaniques depuis que leurs parents ont « frayé » à la fin de l’été, s'installent sur les fonds sableux et de graviers le long de la côte du Maine.

Personne ne sait d'où ils viennent ni où ils vont exactement, mais certains vont atterrir dans les zones abritées au coté des pétoncles de taille marchande. Les pêcheurs du Maine, qui capturent depuis des décennies les pétoncles sur les gisements côtiers, savent bien que certains endroits sont meilleurs pour Placopecten magellanicus que d'autres… Suite dans Waterfront : Scallops in Closed Areas

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Le 1 juin 2012


Maria Damanaki reçoit le soutien des USA dans la privatisation des ressources en poisson !

En marge de la conférence sur les Organisations Régionales de Gestion de la Pêche (ORGP) organisée le 1 juin 2012 à Bruxelles, la représentante de l’administration étatsunienne, Jane Lubchenco (NOAA), a encouragé Maria Damanaki à persévérer dans la mise en place de concessions de pêche transférables, c'est-à-dire d'un marché des droits de pêche que les pêcheurs peuvent monnayer s'ils souhaitent quitter le métier…

Une réforme contestée par les petits pêcheurs étatsuniens et l'association "Food and Water Watch" voir ci-après...

Les Etats-Unis vantent à l'UE la privatisation des droits de pêche (AFP)

Les Etats-Unis ont encouragé vendredi l'UE à mettre en place, comme le propose la Commission européenne, un marché des quotas de pêche, une mesure qui, assurent-ils, a fait ses preuves outre-Atlantique.

Beaucoup des mesures proposées par la commissaire européenne, Maria Damanaki, ressemblent aux changements auxquels nous avons procédé et dont nous tirons désormais d'énormes bénéfices, a confié à l'AFP Jane Lubchenco, sous-secrétaire d'Etat au commerce chargée des Océans, en marge d'une visite à Bruxelles.

A l'approche d'une réunion cruciale, prévue le 12 juin à Luxembourg, avec les ministres européens du secteur, Maria Damanaki a averti de son côté qu'elle ne renoncerait pas aux grands principes de sa réforme, estimant qu'il fallait introduire de vrais changements.

L'expérience aux Etats-Unis avec la mise en place de concessions de pêche transférables, c'est-à-dire d'un marché des droits de pêche que les pêcheurs peuvent monnayer s'ils souhaitent quitter le métier, nous a permis de mettre un terme à la surpêche dans de nombreux cas, a indiqué cette biologiste de formation. Alors que souvent l'exploitation de court terme des ressources se fait au détriment de la durabilité à long terme, cet outil permet de concilier les deux, a-t-elle affirmé.

Aux Etats-Unis, 27 stocks de poissons qui étaient très surpêchés en 2000 ont été reconstitués depuis grâce aux mesures mises en place, souligne Mme Lubchenco. Seuls 14% des stocks de poissons américains sont aujourd'hui surpêchés. Des garde-fous sont toutefois nécessaires pour éviter une trop grande concentration des quotas dans les mains de quelques gros acteurs, a-t-elle reconnu. Suite et source : Afp

Aux USA, “Food and Water Watch” est contre la privatisation de la ressource !

L’organisation étatsunienne “Food and Water Watch” conteste le fait que les concessions de pêche transférables ont amélioré les stocks de poisson aux USA.

Selon FWW, l’amélioration de la ressource halieutique est à mettre en parallèle avec la mise en place de TAC (Total admissible de captures) pour chaque espèce.

Cette organisation de consommateurs, très influente dans le pays, lutte contre la privatisation de la ressource halieutique qui selon elle favorise la concentration du secteur de la pêche et « pousse » les plus petits pêcheurs dans les filets du chômage. Lire : Catch Shares Are The Wrong Kind of Regulation

Pour plus d’informations sur la campagne de FWW contre la gestion des pêches par le système de Quota individuel transférable (QIT) : Fish, Inc. : The Privatization of U.S. Fisheries Through Catch Share Programs





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