Pêche petits pélagiques : Le poisson du riche dévore la sardine du pauvre !

Dans le monde, sardine, sardinelle, anchois, maquereau, chinchard, hareng et autre petit poisson pélagique tiennent une place considérable dans l’équilibre alimentaire de nombreuses populations parmi les plus pauvres. Ces espèces qui représentent les volumes les plus importants dans les captures de toutes les mers du globe, sont aussi les espèces les plus convoitées par l’industrie minotière.

Plus d’un quart des captures mondiales sont ainsi transformées en farine et en huile pour nourrir de plus en plus de poissons et de crevettes d’élevage. Avec le développement de l’aquaculture intensive pour satisfaire les besoins toujours plus grands des plus riches, les petits pélagiques sont détournés de leur vocation première à savoir nourrir directement les populations les plus pauvres.

A toujours développer l’aquaculture intensive d’espèces carnivores, saumon, bar, turbot, thon, et d’espèces omnivores, tilapia et panga, il ne faudra pas s’étonner que la sécurité alimentaire des populations se dégrade dans les pays où ces petits pélagiques constituent une source importante de protéines.


Il faudrait mettre fin à cette croyance que les petits poissons pélagiques sont impropres à la consommation humaine directe. Ces poissons contribuent à plus de 50% de l'offre alimentaire totale de poisson dans plus de 36 pays en Afrique, en Asie et ailleurs selon Tacon et Metian (Fishing for Feed or Fishing for Food: Increasing Global Competition for Small Pelagic Forage Fish)

Autres articles :

Pour aller plus loin...

Dans le golfe de Guinée, la ressource en petits pélagiques est vitale...

Source : Fishing for Feed or Fishing for Food: Increasing Global Competition for Small Pelagic Forage Fish / Albert G. J. Tacon and Marc Metian / Royal Swedish Academy of Sciences 2009 - Ambio Vol. 38, No. 6, September 2009… A télécharger Ici

Autres publications de Tacon, cliquer Ici

Autres publications sur les problématiques « Petits pélagiques », cliquer Lenfest Ocean Program

****************************

La pêche artisanale de petits pélagiques, un filet de sécurité alimentaire pour l’Afrique

Intervention de Gaoussou Gueye, Secrétaire Général CAOPA au Forum Social Mondial Dakar 2011

En Afrique, particulièrement en Afrique de l’Ouest, les petits pélagiques, -les sardinelles en particulier-, fournissent des protéines à bas prix, accessibles en particulier aux groupes les plus défavorisés de la population. Les petits pélagiques jouent ainsi un rôle de ‘filet de sécurité alimentaire’. Du point de vue de la sécurité alimentaire, les petits pélagiques sont donc une ressource stratégique. Le secteur de la pêche et de la transformation artisanale ouest africaine joue un grand rôle dans cette pêcherie et, grâce au travail des femmes transformatrices de nos pays, permet une distribution des petits pélagiques sous forme braisée, salée, séchée ou fumée et, de façon croissante, également en frais….

Mais une grave menace pèse sur les petits pélagiques ouest africains, celle d’une exploitation industrielle irresponsable qui semble se développer avec des armements russes et chinois (China fishery / Pacific Andes). Il y a quelques mois, cinq navires usines russes, dans le cadre d’accords secrets, étaient au large des eaux sénégalaises pour l’exploitation des espèces pélagiques telles que les sardinelles. Les professionnels artisans ont tiré la sonnette d’alarme par rapport à ces navires qui sont interdits par la législation sénégalaise vu le risque qu’ils mènent à une surexploitation de ces ressources…. Intervention intégrale, cliquer Ici

==================

Les petits pélagiques ne sont pas à l’abri de la surpêche….


Beaucoup de conseillers expliquent que manger des espèces de poisson placées au début de la chaine alimentaire comme la sardine ou l’anchois, permet de lutter contre la surpêche… Or, contre toutes attentes, une étude étatsunienne (1) démontre que les stocks de petits pélagiques auraient tendances à s’effondrer partout dans le monde.


Comprendre quelles sont les espèces les plus vulnérables aux activités humaines est une condition préalable à l’élaboration de stratégies de protection efficaces. Des études sur les espèces terrestres ont suggéré que les espèces de grande taille et les grands prédateurs sont les plus vulnérables, et il est communément admis que de tels motifs s'appliquent également dans l'océan. Cependant, il n'y a pas eu d’études globales confirmant cette hypothèse pour la mer.

Une équipe de chercheurs étatsuniens (1) a analysé deux ensembles de données de la pêche (Evaluation des stocks et débarquements) pour déterminer les grandes lignes historiques de la vie des espèces qui ont connu un effondrement dramatique de leur population. Contrairement aux attentes, les résultats suggèrent que deux fois plus de pêcheries de petits pélagiques, des espèces à faible niveau trophique, se sont effondrées comparées aux pêcheries des grands prédateurs. Ces conclusions contrastent avec ceux sur la terre, ce qui suggère des différences fondamentales dans la façon dont la pêche industrielle et la conversion des terres affectent les communautés sauvages.

En effet, l'effondrement même temporaire de petits pélagiques, des poissons à faible niveau trophique dans les écosystèmes marins, peut avoir des répercussions très importantes en réduisant l'approvisionnement alimentaire des plus gros poissons, des oiseaux et des mammifères marins.

(1) Unexpected patterns of fisheries collapse in the world's oceans de Malin L. Pinskya, Olaf P. Jensenb, Daniel Ricardc, and Stephen R. Palumbia (Hopkins Marine Station, Department of Biology, Stanford University, Pacific Grove, CA 93950; Institute of Marine and Coastal Sciences,Rutgers University, New Brunswick, NJ 08901; and Department of Biological Sciences,Dalhousie University, Halifax, NS, Canada B3H 4J1Pour plus d'informations, cliquer Ici

Photographie de pêcheurs brésiliens (Pêche de la sardine à Itajaï -Brésil)

=================

Le 5 décembre 2010 : Réflexions mauritaniennes


La semaine dernière, l'Institut mauritanien de recherches océanographique et de pêche (IMROP) de Nouadhibou a abrité un atelier centré sur les impacts de l'industrie de la farine de poisson. Cet atelier dont l’ouverture a été supervisée au nom du ministre des Pêches par la conseillère technique Mme Boba Mint El Khaless a vu la présence de représentants du ministère chargé de l'environnement ainsi que de certains acteurs de cette filière accompagnés d’experts marocains et sénégalais. Cet atelier, qui a duré trois jours s'inscrit dans le cadre du suivi des activités économiques dans le domaine maritime afin d’en connaître les effets positifs et négatifs.

A cette occasion, le directeur de l'IMROP, M. Mohamed M'Bareck Ould Soueilem a souligné que la fabrication de la farine et de l'huile de poisson constitue une activité nouvelle dans notre pays et ce par le biais de 5 unités de fabrication apparues au cours des toutes dernières années à Nouadhibou avec une capacité de transformation de 100 tonnes de poisson par an.

Malgré les opportunités d'emplois engendrées par cette nouvelle activité il convient d’y regarder à deux fois avant de continuer à autoriser à tour de bras l’implantation de ces usines.

Au moins l’une de ces usines qui fait apparemment la fierté de nos responsables a été démantelé dans un pays voisin qui n’en a pas voulu et voilà qu’elle se retrouve chez nous. Mais c’est sur le principe qu’il faut déjà s’élever. La transformation du poisson en farine n’est pas une valorisation mais une sous valorisation du produit. En effet à l’heure actuelle la Mauritanie exporte de la sardinelle congelée vers la Cote D’ivoire, Le Nigeria, le Cameroun pour près de 300 dollars la tonne. En dehors de l’apport en numéraire, les produits mauritaniens sont devenus stratégiques pour ces pays où la moindre pénurie déclenche des émeutes populaires. Or, cette sardinelle, transformée en farine, sera vendue au mieux à 1200 dollars la tonne. Il faut cinq tonnes de poissons frais pour obtenir une tonne de farine. Faites le calcul, 5 Tonnes valent 1500 dollars en les transformant en farine leur valeur tombe à 1200 dollars. Pas besoin d’être un génie en mathématiques pour savoir qu’il y a un manque à gagner pour le pays. Il faut savoir que de part le monde généralement ce sont les déchets ou les restes après filetage qui sont transformés en Farine. La fabrication de farine de poisson était aussi un moyen de tirer parti des surplus de la pêche pour la consommation humaine. Son intérêt s'affirma et une pêche spécialisée dans ce but fut créée et prit le nom de pêche minotière. En Europe, six espèces principales de petits pélagiques sont utilisées, pour produire la farine et l’huile de poisson : lançon, tacaud, sprat, capelan, merlan bleu et hareng.

Les 5 premières sont des espèces pour lesquelles, il n’y a pas ou peu de demande en consommation humaine directe, celle-ci étant inférieure à 2 % pour les premiers et 25 % pour le merlan bleu.

La farine de poisson est utilisée pour l’alimentation des animaux aussi bien terrestres (porcs, poulets…) que marins. La farine de poisson produite mondialement va à 46% à l'aquaculture, 24% à l'alimentation des porcs, 22% aux ruminants, animaux domestiques et produits pharmaceutiques.

Il est donc immoral de prélever sur l’alimentation humaine de qualité pour nourrir les animaux.

Mais il y a plus grave, il semble que l’industrie de farine de poisson est particulièrement néfaste sur l’environnement. Ailleurs dans le monde, les personnes qui y travaillent accusent ces usines d'être à l'origine de l'asthme et de problèmes respiratoires et dermatologiques de leurs enfants. En Mauritanie la situation sera plus grave car ces usines ne respectent pas les zones tampons qui doivent les séparer des habitations. En outre, les effluents non traités des usines contaminer les milieux marins avec des impacts graves sur la biodiversité. Ces rejets peuvent former des couches de matière organique dans la mer jusqu'à 1m d'épaisseur créant des "zones mortes". Dores et déjà l’air de Nouadhibou commence à être irrespirable à cause de cette poussière en permanence en suspension dans l’air. Il ne sera pas étonnant de constater une élévation inhabituelle des complications respiratoires. Il est donc évident que la multiplication des usines de farine n’est ni utile ni justifiable économiquement

Mais alors pourquoi continue-t-on à en implanter dans l’indifférence totale???!! MSS / Quotidien de Nouakchott

==================

Le 28 décembre 2010 : tension sur les prix mondiaux


Les importateurs invoquent le coût élevé de la marchandise sur le marché mondial pour expliquer la pénurie.
Pendant la fête de Noël à Yaoundé, le panier de nombreuses ménagères affichait incomplet : le poisson y était absent. En effet, depuis quelques semaines avant celle de Noël, les ménagères de la capitale soutiennent que le gros maquereau, les bars frais, le machoiron ou d’autres variétés de poissons, ont pratiquement disparu des étals des marchés. «A des moments pareils, l’on assiste à un marché noir des produits. Tout devient cher», confie Jean Mangwa, responsable d’une poissonnerie au marché Mvog-Mbi à Yaoundé.

Encore que «les prix varient toujours même quand il y a suffisamment du poisson sur le marché. C’est vrai que nous ne savons pas pourquoi, mais nous recevons des ordres de la hiérarchie que nous appliquons simplement», ajoute Zéphirin Waffo, l’un des responsables de Congelcam au marché Mvog-Mbi. «Je ne sais pas déjà ce qui cause cette pénurie. Néanmoins, les importateurs tels que Congelcam et Queen Fish nous ont fait savoir que les coûts ont augmenté sur le marché mondial. C’est cela qui freine l’importation massive du poisson», précise Jean Mangwa sur les causes de cette pénurie.

Un responsable de Congelcam approché par Mutations, soutient, sous anonymat : «Ce que nous faisons à notre niveau c’est de vendre tout ce que nous recevons de la hiérarchie, sans toutefois nous poser des questions. Alors, si elle ne nous envoie pas du poisson, cela signifie qu’il n’y a pas du poisson sur le marché mondial. Comme nous recevons les produits à partir du port de Douala, il peut aussi s’agir du bateau qui serait bloqué à un endroit», lance-t-il avec un air radieux. «Le poisson est devenu cher sur le marché mondial. Pourtant, on nous impose des prix au niveau national. Nous ne pouvons pas importer du poisson à des prix aussi élevés pour venir vendre à perte», ajoute Engelbert Talla, l’un des responsables de Congelcam, société leader sur le marché camerounais du poisson.

De leur côté, les vendeurs de poissons au détail se disent angoissés par cette pénurie qui frappe leur secteur. «Notre voeu est que les prix soient revus à la baisse sur le marché mondial, afin que nous ayons toutes les variétés de poissons et que nous puissions satisfaire notre clientèle. Et ceci avant la fin du mois qui est bien évidemment dans quelques jours seulement. Même si je reconnais que cela ne pourrait pas se faire aussitôt», conclut Engelbert Talla.

================

Janvier 2011

Face à l’augmentation des cours mondiaux, les spécialistes proposent de renforcer le commerce intra-régional du poisson notamment en Afrique Australe


Près de 10 millions de familles africaines sont impliquées dans la pêche artisanale, dont c’est le moyen d’existence. Environ 15% de la main d’œuvre du continent est directement ou indirectement employée dans le secteur de pêche. Les secteurs de la pêche et de l’aquaculture sont donc essentiels à la survie de millions de personnes en Afrique, la région n’ayant toutefois pas entièrement exploité les possibilités de commerce du poisson.

Selon un expert de WorldFish, le secteur africain de la pêche pourrait contribuer à la croissance économique annuelle du continent à hauteur de 6%, mais l'Afrique dispose d’une faible capacité d’adaptation pour relever ce défi en raison du manque d'information, de technologie, de qualifications et de ressources économiques. Des efforts sont cependant faits au niveau continental – avec l'Union Africaine et l'initiative sur la pêche du NEPAD – ou au niveau régional – avec, par exemple, la stratégie de développement de la pêche du COMESA, qui vise à accroître et à maintenir les contributions de la pêche et de l'aquaculture au développement socio-économique et à la sécurité alimentaire de la région, par le développement du commerce intra-régional des produits de la pêche.

Concernant la région de l'Afrique australe, un représentant d'INFOSA a souligné l’importance du potentiel du commerce intra-régional, avec une population régionale de 234 millions d’habitants et une production annuelle de poissons de 2.77 millions de tonnes. La Namibie est la plus grande nation de pêche dans la région. Environ 90% des poissons débarqués sont exportés, notamment en raison du très faible marché intérieur n’absorbant qu’environ 10% du total des captures annuelles – à la différence d'autres pays comme le Mozambique, les Seychelles, l’Île Maurice et l'Angola, où les marchés intérieurs absorbent une part relativement élevée de la production halieutique.

Environ 80% des produits de la pêche consommés sur les marchés intérieurs sont séchés et fumés, un procédé nécessitant beaucoup de main-d’œuvre largement pratiqué dans les pays comme la Tanzanie, la Zambie ou le Mozambique. Le commerce intra-régional de poissons est estimé à 170.000 tonnes, avec la Namibie exportant environ 70.000 tonnes de maquereaux vers la République Démocratique du Congo. Mais le commerce intra-régional se situe souvent à un niveau informel et par petites quantités, permettant la plupart du temps aux commerçants transfrontaliers d’esquiver les contrôles et d'éviter des impôts. Ces volumes disparaissent donc sans être déclarés. Le manque d’infrastructures adéquates – comme des équipements de transport, de stockage et de distribution – pour l’échange de plus larges volumes constitue également une barrière de taille à l’augmentation du commerce intra-régional du poisson. Mais l'imposition de tarifs élevés, couplée au manque d'harmonie entre les devises, et combinée avec le harcèlement de la part de fonctionnaires corrompus, sont également des facteurs empêchant les pays africains d'augmenter le commerce intra-régional du poisson.

Très bon article de presse avec tous les détails de l’analyse dans New Era, ‘African fisheries must deal with threats, opportunities’, 3 septembre 2010

=================

Le 31 mai 2011

Afrique de l’Ouest : Le Sénégal et la Mauritanie cités en mauvais exemple

Parmi les pays membres de la CSRP (Commission sous-régionale des pêches qui regroupe la Mauritanie, le Cap Vert, la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, le Sénégal et la Sierra Leone) dont les actions seraient en déphase avec la logique de concertation, dans la gestion des petits pélagiques, le Sénégal et la Mauritanie sont cités en mauvais exemple.

Le Sénégal pour avoir autorisé «illégalement » des navires russes à accéder à cette ressource en contradiction avec sa propre législation.
La Mauritanie à cause de l’implantation des usines de farine qui pour produire une tonne de farine écrabouillent 5 tonnes de petits pélagiques. Dans ce dernier, comme dans le premier d’ailleurs, les recettes lorgnées procèdent de la même logique pernicieuse de pouvoir pêcher cette ressource qui indéniablement ne fait que passer. Mais dans le cas mauritanien, la floraison d’usines de farine qui empestent, chaque jour le climat dans notre capitale économique, est mue par la hausse du prix de la farine de poisson qui a frôlé les 2000 USD la tonne. La farine de poisson est notamment demandée dans l’aquaculture chinoise et l’élevage du Saumon.

Le rassemblement des acteurs à Mbour (Sénégal) visant à impliquer le plus grand nombre d’acteurs ne peut être que bénéfique pour exhorter à cette solidarité inter-états. Cependant, il laisse circonspects les observateurs sur la mise en place d’un cadre juridique de gestion concertée des petits pélagiques, largement tributaire des réformes envisagées au sein de la CSRP, elle-même. Une réorganisation dont la consécration prendra certainement encore beaucoup de temps avant que les Etats concernés ne soient convaincus de lâcher du lest car « la mise en place d’une gestion concertée des stocks partagée à une échelle sous-régionale (…) requiert un long murissement et encore plus d’apprentissage ».... Source : CSRP : Gestion des petits pélagiques, gros ennuis entre Etats ? Jedna DEIDA (Le Quotidien de Nouakchott et REJOPRAO)

==============

Le 16 juillet 2012

Les pêcheurs africains demandent plus de considérations pour les petits pélagiques...


Rome. En marge de la réunion du comité des pêches de la FAO (COFI)....

Les pêcheurs africains de la Confédération africaine des organisations de pêche artisanale (Coapa), ont lancé un appel à l’occasion de la deuxième rencontre parallèle organisée par la société civile, en marge des sessions du Cofi, sur l’exploitation des petits pélagiques en Afrique de l’Ouest. Ces espèces jouent un rôle vital dans la sécurité alimentaire. La sardinelle que tout le monde prend comme le poisson du pauvre, selon les professionnels, constitue un important filet de sécurité alimentaire....


ROME - La Confédération africaine des organisations de pêche artisanale (Coapa) demande l’intégration, la protection et la gestion des petits pélagiques considérés comme importants pour assurer la sécurité alimentaire des populations.

S’il y a un état de fait sur lequel les différents acteurs, représentants des Etats comme organisations professionnelles de pêcheurs, se sont accordés hier, c’est la menace qui pèse sur les stocks d’espèces pélagiques. Une très forte pression est exercée sur ces ressources reconnues et nécessaires pour la sécurité alimentaire. En Afrique de l’Ouest, ces ressources vitales pour lutter contre la pauvreté dans cette région sont menacées. D’où l’appel lancé par la Confédération africaine des organisations de pêche artisanale (Coapa), à l’occasion de la deuxième rencontre parallèle organisée par la société civile, en marge des sessions du Cofi, sur l’exploitation des petits pélagiques en Afrique de l’Ouest. Ces espèces jouent un rôle vital dans la sécurité alimentaire. La sardinelle que tout le monde prend comme le poisson du pauvre, selon les professionnels, constitue un important filet de sécurité alimentaire. La réduction de la surpêche et la mise en place d’accords d’aménagement de ces pêcheries (compte tenu de l’aspect migratoire des sardinelles) s’avèrent donc nécessaires pour donner la possibilité aux pays africains d’approvisionner les marchés nationaux et régionaux, indique la Coapa. «Ce qu’il nous faut aujourd’hui, c’est l’application de limites en matière de captures de petits pélagiques et aussi l’application transparente de conditions claires d’accès», a indiqué Gaoussou Guèye, secrétaire général de la Coapa.

En somme, les organisations de la société civile (Osc) demandent aux Etat et aux organisations régionales de pêche de bien prendre en compte le rôle des petits pélagiques.

La Fao a été surtout exhortée à soutenir des initiatives ainsi que les efforts favorisant une gestion concertée de ces petits pélagiques. Concernant l’aquaculture, les professionnels soutiennent son développement, notamment en Afrique, mais cela doit être guidé par le souci de créer les conditions de sécurité alimentaire pour les populations africaines. Car, estime la Coapa, ce n’est pas une solution de développer une aquaculture pour l’alimentation des espèces cultivées en s’appuyant sur l’exploitation des stocks sauvages de petits pélagiques qui montrent des signes de surexploitation. «Ce qu’il nous faut, c’est une aquaculture basée sur des espèces qui ne demandent pas une nourriture à base de poissons sauvages, qui soit adaptée aux demandes des marchés locaux et régionaux, et qui ne soit pas basée sur une exploitation non durable de nos stocks», soutient le secrétaire général de la Coapa....

Ce document publié par le WorldFish Centre examine le potentiel de diverses espèces de petits poissons pour lutter contre la faim cachée. Les petits poissons constituent un aliment commun, base de l’alimentation de tous les jours pour de nombreuses populations dans les pays pauvres. Ces populations souffrent également de sous-nutrition, notamment de carences en micronutriments (la faim cachée). Des études menées en milieu rural au Bangladesh et au Cambodge montrent que les petits poissons représentent 50 à 80 % des captures lors de la pleine saison de production. Les petits poissons constituent un aliment très apprécié. Ils apportent de multiples nutriments essentiels et sont reconnus pour leurs bienfaits sur la nutrition, la santé et le bien-être des populations. Dans la mesure où la plupart de ces petits poissons se mangent entièrement, ils sont particulièrement riches en calcium et certains sont également riches en vitamine A, en fer et en zinc. Dans les régions dotées de ressources halieutiques importantes, il serait opportun d’intégrer cet aliment riche en nutriments dans les programmes et les politiques agricoles et ainsi accroître la production afin d’améliorer la nutrition et la santé des populations. (WorldFish Centre, 05/2012)

Pour télécharger le document, The potential of nutrient-rich small fish species in aquaculture to improve human nutrition and health, cliquer Worldfish Center

Shakuntala Haraksingh Thilsted *
Senior Nutrition Adviser
The WorldFish Center
Bangladesh & South Asia Office
House 22 B, Road 7, Block F, Banani
Dhaka 1213
Bangladesh

======================

Le 12 octobre 2012

Sénégal. Main basse sur la Sardinelle

En 5 mois, 29 chalutiers industriels de l'Europe de l'Est ont pêché "illégalement" au moins 125.000 tonnes de petits pélagiques dans les eaux sénégalaises, l’équivalent de la moitié des captures annuelles de l’ensemble de la pêche du Sénégal sur cette pêcherie essentielle, déjà sévèrement surexploitée....
 
Le scandale des autorisations de pêche au Sénégal : un drame en cinq actes

Enquête sur le pillage organisé des ressources pélagiques du Sénégal entre mars 2010 et avril 2012

Greenpeace / Octobre 2012

Pour télécharger le document, cliquer Greenpeace

Greenpeace dénonce les accords de pêche "illégaux" de petits pélagiques (sardinelles, ethmaloses, maquereaux, chinchards et anchois) avec la Russie et plusieurs pays de l’Europe de l’Est (Lituanie, Estonie, Ukraine,...)...

En définitive, 29 chalutiers sur les 44 ayant bénéficié d’un Protocole d’autorisation (signé entre octobre et novembre 2011) ont effectivement exercé une activité de pêche dans la ZEE sénégalaise entre décembre 2011 et avril 2012, et voient leur licence révoquée.

Ces 29 navires ont déclaré un volume de capture total de plus de 125 000 tonnes (plus les captures nécessaires pour la production de 3500 tonnes de farine de poisson), soit l’équivalent de la moitié des captures annuelles de l’ensemble de la pêche sénégalaise sur cette pêcherie essentielle, déjà sévèrement surexploitée.

Le problème n’est cependant pas encore entièrement résolu. Plusieurs chalutiers ont été repérés péchant illégalement dans la ZEE sénégalaise, dont le Oleg Naydenov, récidiviste notoire, une nouvelle fois surpris en flagrant délit par des agents de la Direction des Pêches du ministère le 4 Mai 2012.

Les petits pélagiques, une ressource alimentaire et économique essentielle pour le Sénégal

Les espèces de petits pélagiques les plus couramment pêchées au Sénégal sont, par ordre d’importance :

  • les sardinelles,  Sardinella aurita et S. maderensis, qui représentent 80-90% des captures totales de petits pélagiques ;
  • l’ethmalose, Ethmalosa fimbriata ;
  • le maquereau espagnol, Scomber japonicus ;
  • les chinchards, Decapterus rhonchus, Trachurus trecae ;
  • l’anchois, Anchoa guineensis.
Les Sénégalais sont de grands consommateurs de poissons, environ 28 kg par personne et par an, soit davantage que la moyenne de l’Union européenne et deux fois la moyenne des pays de la sous-région.

La pêche des petits pélagiques constitue, de loin, la principale activité de la pêche artisanale sénégalaise, puisqu’elle contribue à hauteur d’environ 70% au tonnage total des captures débarquées par les pirogues au Sénégal (environ 350 000 tonnes en 2010).

De ce fait, les sardinelles (Yaboye en wolof) sont les poissons les plus couramment commercialisés, mais aussi les plus accessibles pour les revenus modestes. Elles constituent également la principale ressource pour les activités de transformation traditionnelle (séchage ou fumage) et jouent un rôle essentiel dans le régime alimentaire de la population sénégalaise.

Par ailleurs, le secteur de la pêche artisanale fournit environ 60 000 emplois directs et contribue, directement et indirectement, à assurer un revenu à environ 600 000 personnes, soit un Sénégalais actif sur six.

====================

 Le 23 décembre 2012

Lutte contre la pêche illicite en Afrique: Sept Etats de la sous-région adoptent une stratégie

Source : Le Maghreb

A l'issu des travaux de la 19e session ordinaire de la conférence des ministres de la commission sous-régionale de la pêche (CSRP), une stratégie commune de lutte contre la pratique courante de la pêche illicite non déclarée a été adoptée , avant-hier, à Conakry par sept Etats de la sous-région.

Cette stratégie permettra aux Etats membres de la CSRP d'unir leurs efforts pour développer un plan global de lutte contre la pratique de pêche illicite, qui est devenue "monnaie courante" dans les eaux des pays côtiers, riches en ressources halieutiques, notamment en poissons et autres produits de mer. Crée il y a 27 ans, la commission est composée de six pays membres, dont la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau, la Mauritanie, le Sénégal et la Sierra Leone, qui partagent en commun une superficie estimée à 1,5 millions de km2, pour environ 30 millions d'habitants vivant essentiellement sur les côtes maritimes et pratiquant la pêche et autres activités connexes. La session ordinaire a planché sur la gestion des ressources transfrontalières pour éviter le pillage des ressources halieutiques dans la sous-région, la mise en œuvre effective de la convention de 1993 portant sur l'exercice du droit de poursuite, pour mieux contrecarrer la pêche illicite non déclarée.

Pour concrétiser les volontés politiques des Etats membres dotés chacun d'une politique sectorielle de lutte contre la pêche illicite, la 19e session de la conférence des ministres a décidé d'appliquer le droit de poursuite maritime aux navires de pêche en infraction dans l'espace maritime de la CSRP, l'arraisonnement et le retour du navire délinquant dans l'Etat membre où l'infraction a été commise conformément au droit international et la mise en commun des efforts des Etats membres pour renforcer la lutte contre la pêche illicite. Dans son plan d'action à long terme, la commission se donne pour mission de renforcer la coopération halieutique entre les Etats membres par une harmonisation à long terme des politiques et législation de pêches pour une exploitation durable des ressources halieutiques et des écosystèmes marins au bénéfice des populations de la Sous-région.

Les projets misent en œuvre par la CSRP sont essentiellement axés sur un objectif global qui contribue à la gestion durable des ressources halieutiques et au maintien du fonctionnement des écosystèmes marins, principalement la conservation et la gestion des populations de requins. Avec une distance de 350 km de littoral, la Guinée dispose d'un potentiel considérable en produits de mers. En eaux continentales les données disponibles certifient que le potentiel annuel exploitable est de l'ordre de 12 000 tonnes. Il ya lieu de rappeler que la pratique courante de la pêche illicite et la piraterie en mer causent une perte annuelle de plus de 100 millions de dollars américains à la Guinée.
Saïd I.

====================

Le 22 décembre 2012

Afrique du Nord Ouest : Vers des politiques régionales pour une pêche durable des petits pélagiques

Sénégal, Gambie, Mauritanie, Maroc

Dans la région Nord Ouest Africaine, les petits pélagiques représentent, les principales ressources vivantes exploitées. Les débarquements annuels varient entre 600 000 à 1 400 000 tonne, jouant ainsi un rôle social et économique majeurs en dépit de leur faible valeur commerciale.

Ces espèces constituent plus de 80% des captures globales et représentent 23% de la valeur des exportations de produits halieutiques des pays membres de la CSRP (Commission Sous-Régionale des Pêches)

L’intérêt socio-économique grandissant de ces pêcheries, confère à leur gestion durable un rôle déterminant dans les efforts des gouvernements visant la gestion durable des petits pélagiques pour en tirer de meilleurs profits (contribution à la sécurité alimentaire, équilibre de la balance des paiements).

Ces pêcheries sont connues pour leur complexité tant au niveau des ressources exploitées que du mode d’exploitation. Cette complexité se double d’une difficulté de suivi des flottilles étrangères industrielles ; qui ne sont pas soumises à l’obligation de débarquement dans les ports des pays riverains ; d’où une qualité de statistiques souvent douteuse qui ne facilite pas la promotion d’une pêche responsable.

C’est dans ce contexte que s’inscrivent les efforts déployés par la CSRP à travers le projet « Vers des politiques régionales pour une pêche durable des petits pélagiques en Afrique du Nord Ouest ». 

Pour la mise en œuvre du composant pays (Sénégal), un plan d’actions nationales a été adopté en plus de la création par arrêté ministériel d’un Comité national de gestion des petits pélagiques. Le présent rapport vise en rendre compte du déroulement, des principaux résultats et recommandations  de l’atelier de formation  en cogestion, communication, plaidoyer et de restitution d’un certain nombre d’études visant à améliorer l’état de connaissance sur les petits pélagiques.


L’atelier s’est tenu les 25, 26 et 27 septembre 2012 à l’Hôtel Faidherbe de Dakar, sous la Présidence du Directeur des Pêches maritimes du Sénégal. Les participants sont venus des différentes structures socio-professionnelles impliquées dans la problématique de gestion durable des pêcheries de petits pélagiques en plus des membres du comité national de gestion des petits pélagiques.

Il s’articule autour de trois parties (i) le rappel du contexte de l’atelier ; (ii) rappel des objectifs et résultats attendus de l’atelier et enfin (iii) des  principales recommandations à retenir de l’atelier.

Le rapport de l’atelier restitue la formation en cogestion, communication et plaidoyer ainsi que les études faite sur les petits pélagiques. La formation en cogestion, communication et plaidoyer contribue à une meilleure connaissance de la cogestion des pêcheries artisanales en vue de promouvoir une gestion durable des petits pélagiques. Plus ...

Pour en savoir plus :

The sardinella of northwest Africa

Fisheries, stock assessment and management

Ad Corten
Asberr Natoumbi Mendy
Hamady Diop

Octobre 2012

CSRP / AFD

Synthèse des connaissances sur les sardinelles : 

ce rapport présente les résultats de l’atelier sur « Les lacunes dans la connaissance des sardinelles », organisé par la Commission Sous Régionale des Pêches (CSRP) à Dakar du 19 au 21 juin 2012. 

Le but de cet atelier était de considérer les données actuelles disponibles sur la sardinelle et d’identifier les données additionnelles requises pour une gestion régionale adéquate de cette importante ressource.

Pour télécharger le rapport, cliquer CSRP

====================

Commentaires