Quels poissons choisir ? :
- Comment choisir ses poissons et autres produits de la mer ?
- Vente directe du poisson : Les criées devront faire avec
- Calendrier des produits de la mer par mois (Ofimer)
- Tableau des saisonnalités du poisson par port de pêche (Ofimer)
Si tout le monde reconnait qu’il est urgent de lutter contre les pilleurs d’océans, les bateaux pirates de la pêche illégale et les pratiques destructives (souvent de survie dans les pays du Sud), personne ne s’entend sur les moyens d’arriver à une gestion durable des ressources tant les intérêts et les approches sont différents. Orienter les consommateurs uniquement à l’aide de guides figés et déshumanisés, dans un classement séparant les bons poissons, des poissons acceptables ou à éviter, qui ne tiennent pas compte de l’évolution des stocks, de l’empreinte carbone et surtout de l’impact socio-économique à travers notamment les communautés de pêcheurs, est contestable et même dangereux face aux intérêts et convoitises économiques dont fait actuellement l’objet la filière de la pêche ou maintenant de l’aquaculture.
Dans le choix d’un poisson, plusieurs facteurs entrent en jeu. Pour certains consommateurs, le critère « santé corporelle » est prépondérant au critère « santé environnementale » (Quels poissons faut-il manger ?). Pour d’autres, le prix prévaut et peu importe l’origine, les conditions de production, élevage ou sauvage. Et il y a ceux pour lesquels certification rime avec bons poissons, peu d’impacts environnementaux, bonne qualité sanitaire,…
En France, il existe tout au plus une dizaine de guides avec des listes de poissons dont les plus médiatisés sont la liste du WWF, la liste de Greenpeace, la liste de Nausicaa, le guide des espèces de Seafoodchoices Alliance, Ces guides sont portés par des associations environnementales internationales à l’exception de la liste Nausicaa qui émane du centre national de la mer de Boulogne/mer.
Pourquoi des guides figés ? Ils ne sont pas actualisés, aucun de ces guides n’a tenu compte de l’augmentation des quotas de pêche pour l’année 2009, marque d’une bonne gestion. Le cabillaud dont les quotas sont augmentés de 30% en mer du Nord et 20% en mer de Barents reste figé dans les poissons à éviter. Pour le colin d’Alaska, Greenpeace USA vient de mener une campagne pour limiter la pêche car cette ressource serait selon l’organisation en danger ; Greenpeace France ne le mentionne pas alors que le colin d’Alaska fait partie des 5 espèces les plus consommées en France.
Pourquoi des guides déshumanisés ? Derrière tous ces poissons présentés dans les listes, il y a des pêcheurs. Des pêcheurs artisans et des aquaculteurs familiaux qui vivent dans des communautés littorales dont la survie dépend essentiellement des ressources halieutiques proches. Des multinationales qui considèrent la pêche ou l’aquaculture comme un business.
Pourquoi des guides contestables ? Aucun de ces guides ne fait mention de l’empreinte écologique des produits de la mer. Des produits capturés aux antipodes comme le hoki de Nouvelle-Zélande et le colin d’Alaska sont mis en évidence du fait de leur certification MSC ! Il en est de même des produits d’élevage, comme les espèces carnivores (saumon, bar et crevette) même bio dont l’impact sur les stocks en mer n’est plus à démontrer. Certains guides aux USA et en Grande-Bretagne, pourtant grand producteur de saumon, ne mentionnent aucune espèce carnivore dans les produits à privilégier. « Les élevages d'espèces carnivores, y compris le saumon, la morue et la crevette, qui exigent des aliments d’origine animale riches en protéines et tout particulièrement du poisson sauvage, contribuent à augmenter la pression sur les ressources naturelles de poissons marins » selon l’organisation britannique MCS (Marine Conservation Society) qui édite un guide en ligne « Fish to eat » - « Fish to avoid » ; malgré l’avertissement ci-dessus, MCS mentionne tout de même dans « Fish to eat » les espèces carnivores bio ?
Multiplication des certifications avec une forte tendance greenwashing
Selon Terra Choice, agence américaine spécialisée sur le marketing environnemental, la tendance est au Greenwashing, laver au vert sa réputation. Cette agence qui a mené une étude dans les enseignes américaines (jardineries, magasins de bricolage, distributeurs de matériel informatique, ...) ont relevé que les affirmations liées à l'environnement étaient toutes fausses (sauf une !).
Bientôt tous les poissons présentés sur les étals de nos supermarchés auront leur certificat : MSC, Friend of the sea, ASC, Rouge, AB, et autres…. avec une tendance très nette au développement durable.
Dans son article, mentionné plus haut, Adam Anson indique avoir du mal à s’y retrouver surtout qu’actuellement on assiste à un combat des chefs entre les différents groupes d’intérêt. Après avoir impulsé l’écolabel MSC de la pêche durable, WWF annonce la sortie d’un nouvel écolabel pour l’aquaculture durable, ASC. Pratiquement, dans le même temps, un conglomérat d’entreprises réunies au sein de Global Alliance Aquaculture sort sa propre certification. Dernièrement, les américains ont assisté par l’entremise de la télévision à un duel entre le MSC et Greenpeace pour l’avenir du colin d’Alaska, la plus grande pêcherie mondiale de poisson blanc devant le cabillaud.
Quelle éthique développent ces multinationales de la pêche, de l’aquaculture et de la transformation ? Que penser de Marine Harvest qui produit des saumons bio en Irlande et qui dans le même temps est impliqué dans le scandale de saumons contaminés aux produits chimiques et élevés dans ses sites chiliens pour l’exportation vers les USA. L’Agence de l’Alimentation et des Médicaments américaine (FDA) maintient sous surveillance les importations de saumons. En effet, pour lutter contre l'anémie infectieuse du saumon (ISA), les éleveurs ont utilisé des produits interdits aux USA, dont le benzoate, un pesticide dont l’usage est très restreint, selon le New York Times du 5 février 2009. (la FDA revela documentos en que las salmoneras ocupan quimicos peligrosos - 6 février 2009)
Avec la multiplication des certifications, tout le monde s’y perd, même les suisses qui ne savent plus quels poissons achetés (La guerre du poisson) ou alors la ferme biologique Cochon bio à côté de Pornic (Loire-Atlantique) qui préfère importer du saumon bio plutôt qu’acheter du poisson sauvage dans un port de pêche voisin de la ferme, sur la base d’un article de presse qui vante les mérites du saumon de la ferme « Moisson Marine ».
Lors de la première conférence mondiale de la pêche à petite échelle organisée sous l’égide de la FAO, à Bangkok en octobre 2008, les organisations de la pêche artisanale ont affiché clairement leur opposition à tous ces écolabels qui selon elles sont un moyen pour « verdir » les impacts négatifs des activités de pêche et d’aquaculture industrielles dans le monde.
Elles se prononcent pour des certificats d’origine, comme l’Indication Géographique Protégée (IGP) en Europe. La semaine dernière, les ostréiculteurs de Charente-Maritime ont obtenu la certification IGP « Huîtres Marennes-Oléron ». Elle concerne plus d’un millier d’entreprises familiales pour près de 10 000 emplois. Après plus de 10 années de procédures, l’obtention de l’IGP est considérée comme une grande victoire pour ces professionnels de la mer car il s’agit de la reconnaissance d’un savoir-faire ostréicole plus que centenaire : l’élevage et l’affinage des huîtres dans les claires.
Informations complémentaires :
- Findus oriente sa stratégie vers la pêche durableDepuis 2007, Findus est devenu l'un des acteurs les plus engagés de la pêche durable en France. Premier acheteur de poissons certifiés par l’ écolabel MSC, le groupe en a fait un de ses axes marketing et cherche à faire évoluer les filières françaises vers la certification (Suite sur Novethic...)
- Un écolabel européen qui regarde au delà de la durabilité de l’opération de pêche ? (Source : L'Encre de Mer)
Un règlement est proposée par la Commission européenne au parlement européen et au Conseil pour établir un système de label écologique communautaire. La proposition souligne que la réglementation s’appliquera aux produits de la pêche et de l’aquaculture. Seront prises en considération à cette fin les incidences sur l’environnement les plus significatives au cours du cycle de vie des produits, en particulier l’incidence sur le changement climatique, l’incidence sur la nature et la biodiversité, la consommation d’énergie et de ressources, la production de déchets, les émissions dans tous les milieux de l’environnement, la pollution liée aux effets physiques ainsi que l’utilisation et le rejet de substances dangereuses.
La proposition indique que la Commission adoptera des mesures afin d’établir des critères spécifiques du label écologique pour chaque catégorie de produits.
Source : Proposition de règlement du parlement européen et du Conseil établissant un système de label écologique communautaire SEC(2008) 2118SEC(2008) 2119
- L’Alliance renforce la veille sur l’écoblanchiment (ou greenwashing)
En lançant l’Observatoire indépendant de la publicité, un site participatif et donc très réactif sur les publicités jugées « écologiquement trompeuses », l’Alliance pour la Planète invite à une vigilance citoyenne vis-à-vis des annonceurs.
Désormais, ce n’est pas une mais deux organisations qu’il est possible de saisir en cas de « greenwashing ». Le nouveau site de l’Observatoire Indépendant de la Publicité créé par l’Alliance pour la Planète offre une alternative –ou un complément- à l’ARPP (Autorité de régulation professionnelle de la publicité), l’organisme interprofessionnel des médias, annonceurs et agences de communication. Mis en ligne jeudi 3 février, l’OIP épingle en page d’accueil des publicités de Total, Renault, Herta, Volskwagen, Le Chat et France Betterave, assorties d’un simple titre, ironique (« Avec Total tout va bien », « Herta, du 100% naturel » « Le Chat lave plus vert »… ) et d’une note des internautes. Pas d’analyse officielle, donc, du collectif d’associations, mais des commentaires d’internautes, appelés à affûter leur regard critique sur ce site en forme de blog. Autrement dit, un observatoire participatif, sur lequel chacun peut soumettre une publicité. « C’est un lieu d’alerte mais aussi de formation, de sensibilisation ; pas seulement de dénonciation. Il y a un enjeu de culture qui est d’apprendre à décrypter les annonces » explique Jaques-Olivier Barthes, directeur de la communication du WWF.
Pour rendre son jugement officiel, au regard de la loi et des règles déontologiques du secteur, l’Alliance adopte la même rythme de fonctionnement que le Jury de déontologie de l’ARPP : une réunion par mois. L’Alliance fera appel à différents experts militants selon le sujet : le Réseau Action Climat pour la voiture, le CNIID (Centre d’information indépendant sur les déchets) pour les sujets environnement et santé… Ainsi qu’à un avocat et des membres du collectif « Publicitaires éco-socio-innovants ». Les règles de référence sont donc les mêmes que celles de l’ARPP, mais les avis seront sans doute plus sévères, à en juger par les publicités d’ores et déjà brocardées en ligne.
Source : Novethic
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