Pectiniculture. En Chine, le « Grand Bond en avant », c’est maintenant !

Le « Grand Bond en avant » de la Chine ! C’est parti dans la mariculture, l’aquaculture marine, la culture des pétoncles...

Dans les années 1958/61, la Chine de Mao Zedong avait proclamé le « Grand Bond en avant »… L’empire du milieu allait submerger l’occident. Après plusieurs années de famine, cette période se termina dans les champs de la « Révolution culturelle »… Période de répression et de régression économique de triste mémoire... C’est après la mort de Mao en 1976 que la Chine va rebondir et partir à la conquête du monde…

En France, plan de rigueur et évaluation de l’impact de l’épuisement des ressources halieutiques dans l’économie française (1) !… En Chine, les Communes populaires installées à l’époque du « Grand Bond en avant » commencent à donner des fruits de la mer, tant espérés 1/2 siècle plus tôt, avec le développement de l'aquaculture marine associée au pacage marin (2).

Créée en 1958, la Commune populaire de Zhangzidao est maintenant la plus grande entreprise de mariculture en Chine : « Dalian Zhangzidao Fishery Group » (3). A quelques encablures du grand port de Dalian en Mer Jaune. Sur une concession maritime couvrant 70.000 ha tout autour de l’archipel de Zhangzidao, le Groupe produit actuellement 60.000 tonnes de pétoncles dans l'année, ainsi que des oursins, des concombres de mer et des ormeaux... (A titre de comparaison, les pêcheurs de la Baie de Saint-Brieuc produisent environ 6.000 tonnes de coquilles saint-jacques sur le "Gisement principal" pour une surface 2 fois plus grande)

A la conquête du monde en arborant le pavillon MSC

La pêcherie de pétoncles de Zhangzidao est la première pêcherie chinoise à prétendre à l'écolabel MSC. Depuis octobre 2011, elle est entrée en phase d’évaluation du programme du Marine Stewardship Council.

Située au Nord de la Mer Jaune, la pêcherie est gérée par le Groupe Zhangzidao Fishery à Dalian. Chaque année, cette pêcherie produit plus de 60.000 tonnes de pétoncles japonais (Patinoplecten yessoensis) pêchés en plongée ou à la drague. Ils sont ensuite essentiellement vendus en frais sur le marché local ainsi qu’en Corée, puis en surgelés en Amérique du Nord et en Australie. L’évaluation de cette pêcherie va porter sur les opérations de pêche en plongée et à la drague durant une année, ainsi que sur ses méthodes de collecte de naissains sauvages et sur ses techniques d’élevage de naissains d’écloserie.

Coté en bourse, "Zhangzidao Fishery Group" est une société intégrée de pêche et d'aquaculture qui couvre toutes les activités depuis l'écloserie jusqu'au négoce. En possession de 70.000 hectares de concessions maritimes, le groupe s'appuie sur la production de 6 écloseries d'une capacité annuelle de 800 millions de pétoncles (3 cm), 10 millions de concombres de mer et 15 millions de naissains d'ormeaux.

L’évaluation de la pêcherie de pétoncles sera réalisée par l'organisme indépendant de certification Moody Marine Ltd et elle devrait être terminée à la fin de l’année 2012.

Elevage de pétoncles en baie de Bohaï à côté de la Mer Jaune

La satisfaction du "PDG"

Monsieur Wu Hou Gang, Président du Comité d’administration du Groupe Zhangzidao Fishery de Dalian, explique : « Les pratiques de pêche non durables ont, sans aucun doute, des effets néfastes sur l’environnement marin. Les consommateurs et acheteurs de produits de la mer en sont de plus en plus conscients et sont en attentes de solutions durables. »

« C’est pourquoi, la durabilité de nos pratiques est au cœur des préoccupations du Groupe Zhangzidao Fishery de Dalian, et nous mettons en place, dans nos pêcheries, des mesures qui contribuent à la protection de l’environnement marin. Nos méthodes de pêche en plongée ont très peu d’impacts sur l’écosystème environnant, et nous modernisons régulièrement nos dragues pour minimiser leur impact sur les fonds marins. Cette année, à la Réunion Annuelle des Nouveaux Champions (organisée par le Forum économique mondial), notre organisation a été sélectionnée, parmi plus de 10 millions d’entreprises du monde entier, comme l’une des 16 entreprises leaders dans le développement durable. »

« Nous considérons la certification MSC comme une preuve de durabilité de nos pratiques de pêche car ce programme de certification est largement reconnu comme le plus rigoureux pour les pêcheries à recrutement assisté. De plus en plus de marchés internationaux cherchent des produits de la mer certifiés MSC et, si nous obtenons la certification, nous pensons que le label MSC apportera une valeur ajoutée à notre marque, et nous ouvrira de nouveaux marchés », conclut Wu Hou Gang.

Le MSC accueille avec satisfaction cette première pêcherie chinoise dans son programme... De belles perspectives en vue dans le plus grand pays halieutique du monde !

Philippe Favrelière à partir du communiqué de MSC : Une première pêcherie chinoise s’engage dans le programme d’évaluation du Marine Stewardship Council

(1) Ministère du Développement Durable : Impact de l'épuisement des ressources naturelles sur les agrégats économiques

(2) Pacage marin : La pisciculture à contre courant !

(3) Découvrir Zhangzidao Fishery Group, le site est maintenant en anglais...

Autres articles :

Illustration : Poster de la période du Grand Bond en avant / dessinateurs : Jiang Nanchun (江南春); Han Min (韩敏). Pour accéder à d'autres posters et même acheter une collection de posters cliquer Ici

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L’algoculture et ses contraintes géographiques en Chine

L’algoculture et ses contraintes géographiques en Chine

EchoGéo | numéro 19 | 2012 : janvier 2012/mars 2012

Sophie Litzler

La production aquacole mondiale a un taux de croissance annuel moyen de 6,2 % (2003-2008). La production des végétaux marins suit cette tendance avec 15,8 millions de tonnes d’algues cultivées. La Chine est le premier cultivateur mondial avec 10 millions de tonnes d'algues mais en 2008 elle a signalé une baisse de 13 % de sa production aquacole. Cet article souhaite montrer en quoi de nouvelles contraintes géographiques peuvent limiter le développement de l’algoculture malgré le grand potentiel de la filière. Nous présenterons un état des lieux mondial de cette activité puis une typologie de ces contraintes. Nous illustrerons cet axe de recherche par des études de cas sur la Chine.

Sommaire

  • Présentation générale de l’algoculture à différentes échelles
  • Les pays de culture de macro-algues à l’échelle mondiale.
  • Les principales espèces d’algues cultivées en Chine
  • Les usages des macro-algues, de la consommation alimentaire directe à l’industrie agro-alimentaire
  • Les différentes contraintes géographiques de l’algoculture
  • Les contraintes naturelles pour la production algacole.
  • Les contraintes anthropiques et la pollution littorale
  • Les conflits d’usages sur le littoral et la poldérisation menacent des espaces de cultures marines
  • Les évolutions de la culture des algues en Chine
  • Étude de cas d’un recul des concessions algales face à la littoralisation des activités en Chine : le choix du développement portuaire à Xingang (Liaoning)
  • Les perspectives d’évolution de l’algoculture chinoise dans le développement d’une aquaculture intégrant les productions marines
  • Un nouveau modèle chinois de mariculture intégrée exportable ?
  • Conclusion

Extrait

Les étendues à perte de vue des cultures marines sur le littoral de la Chine du nord offrent la sensation rare que les hommes peuvent enfin cultiver la mer. Elles nourrissent des hommes mais surtout leurs espoirs de nouvelle conquête agricole. Nous apportons ici une analyse géographique nécessaire de ces vastes cultures, de leurs contraintes et de leurs productions qui dans la nouvelle modernité chinoise sont en réalité sujettes d’autant d’espoir que d’inquiétude.

Les algues ne se réduisent pas aux phénomènes de marées vertes qui touchent les estrans de Bretagne ou de Chine. Présenter une thématique de recherche sur les algues, c’est tenter d’aller au-delà de la vision médiatique ou de l’opinion publique qui les perçoit en général de façon négative. Si nous changeons d’échelle et que nous portons un regard scientifique vers le monde asiatique, nous nous apercevons que l’algue est un végétal marin d’une grande valeur industrielle et commerciale cultivé intensivement depuis les années 1970 (les algues brunes cultivées s’échangent à 2 000 euros la tonne sur le marché mondial). Les enjeux de cette culture sont aussi économiques, en permettant une main-d’œuvre nombreuse et en constituant une filière agro-alimentaire performante sur un des rares espaces de conquête agricole : l’estran et la zone marine littorale ; les enjeux sont écologiques : la culture des algues avec la culture des coquillages et des poissons participent par exemple positivement au bilan carbone chinois avec une capture officielle de 1,4 million de tonnes de C02 en 2006 (Fang, 2009)....

Pour accéder au document intégral, cliquer Ici

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En Suisse, la banque Sarasin jauge l’aquaculture !

Pour les investisseurs désireux de participer à l'évolution de l’industrie en plein essor de l'aquaculture, cela signifie qu'il faut clairement privilégier les titres d’entreprises qui suivent une stratégie résolument durable...

Banque Sarasin – Private banking suisse durable depuis 1841

La Banque Sarasin & Cie SA est l'une des premières banques privées de Suisse. Son engagement pour une orientation durable constitue un élément essentiel de sa philosophie d'entreprise. Spécialisée dans le conseil en placement et la gestion de fortune, elle offre un service compétent et des produits de qualité à une clientèle privée et institutionnelle.

Sustainability Spotlight : L’aquaculture – la solution durable au problème de la surpêche ?

29.08.2012

L'aquaculture est un marché de protéines animales en plein essor qui croît plus rapidement que celui de la viande ou du lait. Avec le déclin du volume de pêche, les élevages de poissons se sont multipliés ces 40 dernières années. Dans son dernier commentaire "Sustainability Spotlight", la Banque Sarasin met en lumière les risques de durabilité de la pisciculture. L'aquaculture présente en effet de gros inconvénients: les poissons d'élevage sont nourris avec des poissons sauvages et les éleveurs utilisent fréquemment des antibiotiques et des hormones de croissance. L’entreprise chinoise Dalian Zhangzidao Fishery Group est l'une des rares firmes à avoir développé une approche intéressante de l’élevage intégré.

En Suisse, la consommation moyenne de poissons et de fruits de mer se situait vers 9,3 kg en 2011, ce qui correspond à une progression d'environ 50% depuis 1988. Aucun autre secteur alimentaire n'a enregistré une croissance comparable. La pêche industrielle a cependant conduit à une augmentation inquiétante de la part des zones de pêche proches de l'épuisement. Selon les estimations, les mers seront vides en 2050 si les quotas de capture restent inchangés. Ce sont des signes alarmants pour tous les secteurs économiques qui dépendent de la pêche. Si l'on considère les effectifs de poissons sauvages menacés, la pisciculture semble être la solution logique au problème. Le succès de ces dernières décennies a cependant un mauvais côté: contrairement aux attentes, l'élevage de poissons n'a pas mis un terme à la surpêche, mais au contraire renforcé les pressions sur les effectifs de poissons sauvages. Pourquoi? Parce que les poissons d'élevage se nourrissent de poissons sauvages. En moyenne mondiale, les aliments pour l’aquaculture sont issus à hauteur de 60% des captures sauvages.

L'alimentation des poissons d'élevage fait pression sur la faune aquatique sauvage

Les pressions sur la faune aquatique sauvage ne se sont donc pas relâchées. L'aquaculture est un élevage intensif impliquant le recours aux antibiotiques et à d'autres médicaments; des hormones de croissance sont même administrées à certaines espèces. L'utilisation d’antibiotiques est très critiquable, notamment en raison du risque de développer une résistance à ces médicaments. C'est pourquoi il faut s'attendre à un durcissement des conditions de production dans la branche et à une augmentation des coûts engendrés par les contrôles. Il se peut aussi que la confiance des consommateurs dans certaines espèces soit ébranlée par des articles négatifs dans les médias.

Une stratégie durable est essentielle pour les investisseurs

Pour les investisseurs désireux de participer à l'évolution de l’industrie en plein essor de l'aquaculture, cela signifie qu'il faut clairement privilégier les titres d’entreprises qui suivent une stratégie résolument durable. Cette stratégie doit tenir compte des principaux risques de durabilité de l'aquaculture, notamment de la part des poissons sauvages dans l'alimentation ou du recours aux antibiotiques. La Banque Sarasin a pris un petit nombre d'entreprises sous la loupe afin d'analyser leur façon de gérer les principaux risques de durabilité. Actuellement, seules quelques-unes d'entre elles sont qualifiées pour figurer dans l'univers durable. L'entreprise chinoise Dalian Zhangzidao Fishery Group, qui a développé une approche intéressante de l'élevage intégré, en fait partie. Le groupe est en outre spécialisé dans les fruits de mer pouvant être élevés dans des conditions écologiques. Source : Banque Sarasin

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