Les aires marines protégées : efficaces à des fins halieutiques ?

Les aires marines protégées : efficaces à des fins halieutiques ?

Un séminaire organisé par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) devait être l’occasion de répondre à cette question.

Le 10 février 2012, s'est tenu le séminaire de clôture du projet Aires marines protégées et gestion halieutique par optimisation des ressources et des écosystèmes (Amphore), dont l'un des principaux objectifs était d'évaluer l'efficacité réelle des Aires marines protégées (AMP) à des fins de gestion des pêcheries. Il a été mené entre 2008 et 2012 dans le cadre du programme Biodiversité de l'Agence nationale de la recherche (ANR).

« L'objectif était d'étudier ce qui se passe pour les activités de pêche à l'extérieure des AMP », explique Raymond Laë, chercheur à l'Institut de recherche pour le développement (IRD) et coordinateur du projet Amphore. « Dans cette démarche, l'AMP est considéré comme un investissement réalisé par la société et qui bénéficie à certains acteurs », rappelle Jean Boncoeur, professeur au Centre de droit et d'économie de la mer (Cedem), ajoutant que les impacts positifs ne se limite pas à la pêche aux frontières de l'Aire, mais aussi aux activités récréatives et plus généralement sur le développement économique local.

Quatre AMP ont été évaluées : Le parc national de Port Cros (Var), le parc marin des Bouches de Bonifacio (Corse-du-Sud), l'AMP de Bambung (Sénégal) et le parc national du Banc d'Arguin (Mauritanie).

Un compte-rendu tout au conditionnel d’Actu-Environnement : Aires marines protégées : les pêcheries bénéficieraient indirectement de la création de réserves

« Finalement, il n'y a pas de miracle à attendre », estime Didier Gascuel, chercheur au pôle halieutique de l'Agrocampus Ouest de Rennes, précisant que « ce que l'on ne peut pas pêcher dans la zone se retrouve plus ou moins à l'extérieur ».

Pour Didier Gascuel, « d'un point de vue des ressources halieutiques, si l'on pouvait contrôler strictement les prises on n'aurait plus besoin de créer des zones protégées ». Finalement, pour les chercheurs, la décision de créer une zone protégée revient à sélectionner les zones où la pêche est autorisée ou non, l'effet source compensant globalement l'interdiction de pêche dans l'AMP.

Si mettre en réserve des zones marines, sur des milliers de Km2 et pendant des décennies, donne si peu de résultats et des conclusions formulées au conditionnel, on peut se poser des questions sur l’utilité des aires marines protégées étant donné les efforts consentis tant humains que financiers.

Autres articles :

Pour aller plus loin...

Les aires marines protégées, quel impact sur la pêche ? (IRD)

Mai 2012

La surface du globe comptait en 2005 plus de 5 000 aires marines protégées. Ces réserves permettent de préserver la biodiversité. Cependant, leur impact sur la pêche reste à démontrer. Le programme Amphore(1), coordonné par l’IRD et regroupant des laboratoires français et ouest-africains, en dresse un bilan biologique et économique nuancé. Quatre réserves de taille et d’ancienneté variables ont plus particulièrement été étudiées, dont deux en Afrique de l’Ouest : l’une au Sénégal, l’autre en Mauritanie. A l’intérieur de la zone protégée, l’interdiction d’exploitation se traduit par une faible augmentation de la biomasse totale en poissons, avec toutefois une amélioration de la diversité du peuplement. Mais les observations et modélisations effectuées par les chercheurs montrent que la ressource halieutique est renforcée à l’extérieur de l’aire, dans la zone accessible aux pêcheurs. Plus la réserve est étendue, plus les effets sont positifs. Toutefois, la mise en place de vastes surfaces protégées peut être problématique, surtout dans des zones fortement anthropisées, et demande une gestion participative.

Dans le contexte de surexploitation des ressources aquatiques, les aires marines protégées (AMP) sont des outils de conservation de la biodiversité. Ces zones délimitées en mer font l’objet de mesures de préservation pour la sauvegarde des habitats, nécessaires à la reproduction des poissons et à la croissance des juvéniles. Quel rôle jouent-elles dans la gestion des activités halieutiques ? La perte pour les pêcheurs est-elle compensée ? Le programme Amphore(1) s’est attaché à répondre à ces questions fondamentales. Conduit de 2008 à 2011, ce projet piloté par des chercheurs l’IRD(1) a porté sur quatre aires marines protégées, dont deux ouest-africaines : l’une de petite taille – 7 km² – et datant seulement de 2004 située à Bamboung dans l’estuaire du Sine-Saloum au Sénégal, l’autre plus ancienne, créée en 1976, très étendue avec quelque 6.000 km² et localisée dans le parc national du Banc d’Arguin en Mauritanie (2).

Un bilan nuancé

Du point de vue biologique, les scientifiques dressent un bilan en demi-teinte. La mise en place de mesures d’interdiction ou de limitation de la pêche n’induit pas de hausse significative des biomasses, c’est-à-dire de la quantité de poissons dans la réserve. Par contre, la diminution de la pression halieutique se traduit par une augmentation du nombre d'espèces présentes – autrement dit de la biodiversité –, avec plus d'espèces de grande taille. La composition du peuplement et la structure trophique sont ainsi modifiées, avec un pourcentage de prédateurs plus élevé.

En revanche, à l’extérieur du périmètre, dans la zone ouverte aux pêcheurs, la biomasse de poissons s’accroît sensiblement. Les modélisations des chercheurs ont montré un phénomène de migration qui représente 20 % de la biomasse de l’aire marine. A Bamboung, cet effet est sensible jusqu’à 2,5 km de la bordure de la surface protégée et se traduit par une augmentation des captures de poissons-chats et de raies.

L’influence de la réserve est encore plus importante dans le Banc d’Arguin, où l’on estime qu’elle améliore de 25 % les captures des pêches commerciales en bordure du périmètre interdit. L’enrichissement est donc d’autant plus significatif que la zone protégée est étendue. Cependant, il diminue au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la limite de l’aire. D’un point de vue économique, les aires marines protégées ont donc un impact significatif en termes d’activités de pêche et de rendements. Mais l’étude montre aussi que le gain enregistré à l’extérieur ne fait que compenser en poids l’absence d’exploitation à l’intérieur pour les pêcheurs, avec cependant une valeur marchande des captures plus élevée du fait de l’augmentation du nombre d’espèces plus recherchées.

Compenser les coûts

La question des mesures compensatoires à l’interdiction ou aux limitations de pêche imposées aux activités halieutiques est délicate. Au stade actuel de développement de l’écotourisme dans les contextes ouest-africains, les revenus générés par cette activité ne suffisent pas à compenser cette perte ni à couvrir les frais de surveillance. Le contrôle et le maintien de ces restrictions dans la durée ont en effet un coût. Celui-ci est supporté soit par la communauté locale, comme à Bamboung, soit par l’Etat, dans le cas du Banc d’Arguin. Il recouvre des actions de surveillance, impliquant du personnel et des moyens navigants. Selon les estimations du projet de Bamboung, le taux d’autonomie financière de la réserve s’élève à seulement 18 % de ses coûts de fonctionnement. Dans un premier temps, le respect des espaces protégés par les populations riveraines et les pêcheurs est encouragé par des financements extérieurs, comme ceux du Fond français pour l’environnement mondial, dont le versement se justifie par l’intérêt écologique des zones mises en réserve. Dans le cas du Banc d’Arguin, les financements viennent principalement de fonds privés extérieurs et d’organisations considérant que la préservation de la biodiversité doit être soutenue.

Le zonage de l’espace maritime met en présence une multiplicité d’acteurs (ONG, administration, pêcheurs, mareyeurs, villageois, etc.) dont les logiques et les intérêts divergent. Les enjeux de préservation de la biodiversité entrent en résonnance, voire en contradiction, avec d’autres usages et d’autres modalités de régulation, particulièrement dans les espaces soumis à de fortes pressions anthropiques. De plus, l’efficacité halieutique des aires marines protégées étant liée à leur étendue, la mise en place de vastes réserves peut s’avérer problématique. Cette situation rend nécessaire une démarche participative, où les acteurs locaux sont partie prenante des prises de décision et de leur mise en œuvre. Une gestion collaborative apparaît en effet la plus appropriée pour régler les conflits et occupe donc une place centrale dans les indicateurs de gouvernance retenus à l’issue du programme Amphore pour apprécier le fonctionnement des aires marines protégées.

Notes

(1) Le programme « AMP et gestion Halieutique par Optimisation des Ressources et des Ecosystèmes » (Amphore), financé par l’ANR « Biodiversité », a réuni neuf laboratoires de recherche français et quatre équipes d’Afrique de l’ouest (Institut mauritanien de recherches océanographiques et des pêches, CRO de Dakar Thiaroye, CNSH de Boussoura, Commission sous-régionale des pêches basée à Dakar) en partenariat avec les services chargés du suivi des AMP.

(2) Deux autres AMP, françaises celles-ci (parcs nationaux de Port-Cros et des Bouches de Bonifacio), ont été étudiées. Mais elles présentent des conditions trop différentes de celles d’Afrique de l’ouest pour être soumises à comparaison.

Rédaction – DIC, Karine Delaunay

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Le 7 juin 2012 : Les Aires Marines Protégées en question....

Les organismes internationaux se sont fixés 10% (jusqu'à 20% pour certaines associations environnementales) d'aires marines protégées dans le monde...

Grande oubliée de Rio 1992, la mer est en piètre état. Seulement 1,6% de sa surface fait l’objet d’une protection, alors que les objectifs d’Aichi, adoptés en 2010, prévoient qu’en 2020, 10% de la surface des mers et des océans soient protégés. Et le plus tôt sera le mieux. Depuis les années 1950, les captures de poissons ont plus que quadruplé, réduisant les capacités de reconstitution de nombreux stocks. «En 2000, les captures auraient pu être entre 7% et 36% plus importantes si les stocks n’avaient pas été menacés», souligne le rapport. Directement soumise aux pressions anthropiques, la bande littorale accuse le coup. «Sur 196 zones littorales mortes répertoriées dans le monde, seules 13 sont en voie d’amélioration tandis que 415 zones côtières sont touchées par l’eutrophisation.»

Le bilan de Rio : un désastre (Journal de l'Environnement)

Bientôt le point de non retour.

Deux semaines avant l’ouverture du sommet Rio +20, le Pnue dresse l’état de l’environnement mondial. Conclusion des experts onusiens: la planète est au bout du rouleau. «Les phénomènes biophysiques de notre planète sont poussés à leur extrême limite et dans certains cas, la ligne rouge est franchie», écrivent-ils.

Le premier sommet de Rio, dont nous fêterons dans quelques jours le 20e anniversaire, avait un ambitieux agenda. Reprenant à son compte les thèses développées, 5 ans plus tôt, par le rapport Brundtland, diplomates, experts et autres négociateurs devaient trouver les moyens de conjuguer efficacement développement économique et protection de l’environnement. Un concept des plus flous qu’on allait rapidement résumer en «développement durable».

A Rio, en 1992, la centaine de chefs d’Etats et de gouvernements présents à la conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement ne chômèrent pas. Trois conventions-cadres furent adoptées: sur les changements climatiques, la biodiversité et la lutte contre la désertification. Les forêts ne passionnèrent pas les foules de politiques: on se contenta d’une déclaration de principe. Bien qu’elle couvre les deux tiers de la planète, la mer ne fut pas évoquée lors de ce troisième sommet de la terre, après ceux de Stockholm et de Nairobi.

Alors que les Cariocas achèvent les derniers préparatifs de Rio +20, quel bilan peut-on tirer de 20 ans de «développement durable»? Le programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) s’est collé à l’exercice. Et les conclusions qu’il rend aujourd’hui dans son énorme rapport Géo 5 sont plus que déprimantes.

Pour évaluer l’état de la planète, les experts onusiens ont établi 500 indicateurs, sur des sujets aussi divers que la qualité de l’air, la pollution des eaux, les changements climatiques, la pêche, la déforestation ou la dispersion des produits chimiques. Hélas, faute de données crédibles suffisantes (notamment sur les déchets, la pollution de l’eau douce, les produits chimiques), 90 de ces objectifs ou cibles environnementaux ont pu être évalués. Et là, le constat onusien est sans appel: «Seuls 4 d’entre eux [ont] enregistré des progrès significatifs.»

Hormis donc la suppression de la production et de l’utilisation des molécules grignotant la couche d’ozone stratosphérique (les CFC et leurs cousins), l’élimination du plomb dans les carburants, l’amélioration de l’accès à une eau de meilleure qualité et la promotion de la recherche en matière de lutte contre la pollution marine, rien n’a progressé significativement ces deux dernières décennies. «Le monde ne s’oriente toujours pas vers une voie durable malgré les quelque 500 objectifs fixés au niveau international pour soutenir une gestion durable de l’environnement et renforcer le bien-être humain», résument les auteurs du Géo 5.

Si l’on tente de dresser l’état des lieux des grands milieux composant notre biosphère, le bilan n’est guère meilleur....

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Les aires marines protégées tiennent-elles leurs promesses ? (RFI)

En 2005, les aires marines protégées ou AMP étaient au plus de 5000 ! Un bilan plutôt positif sur l'objectif poursuivi en créant ces zones délimitées en mer pour protéger les ressources vivantes aquatiques ! Deux études viennent de paraître : l'une, australienne, publiée le 1er juin 2012, estime que ces AMP permettent une reconstitution progressive des stocks au-delà de leur périmètre. L'autre, réalisée en Afrique, par des chercheurs de l’IRD, dresse un bilan en demi-teinte du point de vue biologique.

Les aires marines protégées (AMP) sont des zones délimitées en mer pour préserver et sauvegarder les habitats de la faune marine, nécessaires à la reproduction des poissons et à la croissance des juvéniles. Bien que n’en démordent les pêcheurs professionnels qui soutiennent le contraire, l’étude australienne, publiée dans le journal spécialisé Current Biology, est la première à prouver que ces réserves marines permettent bien une reconstitution progressive des stocks de poissons au-delà de leur périmètre, dans les zones de pêche riveraines : « L'étude apporte des preuves formelles que les populations de poissons dans les aires ouvertes à la pêche peuvent être reconstituées grâce aux populations des réserves marines », a assuré Hugo Harrison, chef de l'équipe du Centre d'excellence pour les études sur le récif corallien de l'ARC australien (*).

Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques ont analysé et suivi l'ADN des espèces étudiées : ils ont cartographié la propagation des petites "truites de corail" (Plectropomus leopardus, de la famille des bars et mérous) et des "perches à raies bleues" (Lutjanus kasmira) depuis la zone de reproduction, sur la barrière de l'île Keppel, dans le Queensland. Là, la pêche y est interdite : « Nous avons découvert que les réserves marines, qui couvrent environ 28% des 700 hectares de la zone récifale des Keppel, avaient généré la moitié des jeunes poissons, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur » de leurs limites géographiques, a indiqué Hugo Harrison. Cette théorie est parfois contestée par l'industrie de la pêche, selon le chercheur Garry Russ, co-auteur des travaux....

A l'IRD, les chercheurs nuancent...

En Afrique, une autre étude réalisée sur la même problématique par les chercheurs de L’Institut de recherche pour le développement (*) nuance : « A l’intérieur de la zone protégée, l’interdiction d’exploitation se traduit par une faible augmentation de la biomasse totale en poissons, avec toutefois une amélioration de la diversité du peuplement ».

Plus d'espèces et plus d'espèces de grandes tailles ...

Quatre réserves de taille et d’ancienneté variables ont plus particulièrement été étudiées, dont deux en Afrique de l’Ouest : l’une au Sénégal, l’autre en Mauritanie. « Plus la réserve est étendue, plus les effets sont positifs, soutiennent les scientifiques. Toutefois, la mise en place de vastes surfaces protégées peut être problématique, surtout dans des zones fortement anthropisées, et demande une gestion participative » de la population locale.

Toutefois s’il n’y a pas nécessairement plus de poissons à pêcher, la diversité des espèces recensées serait incontestablement plus grande : « La mise en place de mesures d’interdiction ou de limitation de la pêche n’induit pas de hausse significative des biomasses, c’est-à-dire de la quantité de poissons dans la réserve. Par contre, la diminution de la pression halieutique se traduit par une augmentation du nombre d'espèces présentes -autrement dit de la biodiversité-, avec plus d'espèces de grande taille. »

1. L'ARC australien (*) : l'équivalent du CNRS français

2. Le programme Amphore, coordonné par l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et regroupant des laboratoires français et ouest-africains, dresse un bilan biologique et économique nuancé.

La Grande barrière de corail australienne est le plus grand récif coralien au monde. Elle s'étend sur quelque 2.300 kilomètres et est constituée de 3.000 systèmes récifaux et de centaines d'îles tropicales. Elle abrite au moins 1.500 espèces de poissons et une trentaine de baleines, dauphins et marsouins.

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Le 7 juin 2012

Réserves marines : gains ou pertes pour la pêche ? (Univers Nature)

En 2005, on recensait plus de 5000 aires marines protégées (AMP) dans le monde. Un programme de recherche coordonné par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) (1) a dressé un bilan biologique et économique de ces réserves. Quatre AMP ont été retenues pour l’étude (2), dont deux ouest-africaines comprenant une petite réserve de 7 km² créée en 2004 à Bamboung au Sénégal, et une autre de 6000 km² instaurée en 1976 dans le parc national du Banc d’Arguin, en Mauritanie.

Du point de vue biologique, les mesures d’interdiction ou de limitation n’entraînent pas de hausse significative des biomasses, c’est-à-dire de la quantité de poissons présents dans la réserve. En revanche, la diminution de la pression halieutique se traduit par une augmentation du nombre d’espèces présentes, avec notamment plus d’espèces de grande taille.

A l’extérieur du périmètre des AMP, la situation évolue différemment. La biomasse de poissons s’accroît sensiblement dans la zone ouverte aux pêcheurs. Dans le banc d’Arguin, la réserve améliore ainsi de 25 % les captures des pêches commerciales en bordure du périmètre interdit. Selon les chercheurs, ce gain compense en poids l’absence d’exploitation à l’intérieur de l’aire, avec une valeur marchande des captures accrue du fait de l’augmentation du nombre d’espèces plus recherchées. Plus la zone protégée est étendue, plus l’enrichissement est significatif.

La création de ces réserves reste toutefois délicate, d’autant plus que celles-ci nécessitent beaucoup d’espace pour être efficaces. Par ailleurs, dans le contexte ouest-africain, le développement actuel de l’écotourisme ne suffit pas à compenser les pertes liées aux limitations de pêche, ni à couvrir les frais de surveillance. Assurés dans un premier temps par des financements extérieurs, ces coûts sont supportés soit par la communauté locale, comme à Bamboung, soit par l’Etat, comme c’est le cas pour le Banc d’Arguin.

Cécile Cassier

1- Conduit de 2008 à 2011, le programme AMPHORE (« AMP et gestion halieutique par optimisation des ressources et des écosystèmes ») a réuni 9 laboratoires de recherche français et 4 équipes d’Afrique de l’ouest.

2- Françaises, les deux autres AMP étudiées sont les parcs nationaux de Port-Cros et des Bouches de Bonifacio.

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Les aires marines protégées d'Afrique de l'Ouest - Gouvernance et politiques publiques

Les aires marines protégées d'Afrique de l'Ouest

Gouvernance et politiques publiques

Editeurs scientifiques

Jean-Yves Weigel, François Féral, Bertrand Cazalet

Veigel J.Y, Féral F, Cazalet B., Les aires marines protégées d'Afrique de l'Ouest. Gouvernance et politiques publiques. Presses Universitaires de Perpignan, 232 pages. PUP, 2007

Le Sommet mondial pour le développement durable, qui s'est tenu à Johannesburg en 2002, a réaffirmé le rôle des aires marines protégées dans la conservation de la biodiversité en prenant l'engagement de créer des réseaux représentatifs censés couvrir 20 à 30% de la surface maritime à l'horizon 2012.

L'expression détaillée des recommandations du Sommet et de celles du Congrès mondial sur les parcs de Durban (2003) ont mis l'accent sur la nécessaire cohérence des politiques de préservation des ressources naturelles et de développement socio-économique, plus particulièrement en ce qui concerne la catégorie d'aire protégée administrée principalement à des fins d'utilisation durable des écosystèmes naturels (IUCN, 1994)

Mais au-delà, ces recommandations soulignent l'indispensable association de toutes les parties prenantes (stakeholders) aux différentes étapes de la constitution et de la mise en œuvre d'une aire protégée ; elles appellent à la reconnaissance et au respect de la propriété coutumière, des droits d'usage et d'accès des populations locales, ce dernier point étant particulièrement important dans la mesure où il englobe la question des droits de pêche traditionnels peu ou pas pris en compte par les programmes de protection des espaces marins.

L'importance de la gouvernance est ainsi explicitement reconnue dans plusieurs recommandations du Congrès, dont celles concernant l'établissement d'un système mondial de réseaux d'aires protégées marines et côtières, la protection de la diversité biologique marine et des processus écosystémiques, la gestion intégrée du paysage pour soutenir les aires protégées, ou bien encore les recommandations portant sur la cogestion des aires protégées et sur la pauvreté des populations locales". Ces recommandations s'inscrivent dans un mouvement général qui mentionne le caractère central des facteurs sociaux, culturels, économiques et institutionnels pour la conservation et qui appelle à décentraliser le plus possible la gestion.

Cette reconnaissance de l'importance de la gouvernance environnementale conduit à adopter une conception plus ouverte de la gestion des aires marines protégées permettant de discuter, non seulement du rôle de l'administration dans le processus de régulation de l'accès et de l'usage des ressources, mais également de la contribution que peuvent apporter d'autres intervenants tels que les communautés de résidents ou de pêcheurs, les ONG et les acteurs privés. Cette reconnaissance, qui s'inscrit dans une tendance mondiale à la décentralisation de l'autorité et de la responsabilité, vise à obtenir un engagement plus marqué de la société civile dans le processus décisionnel et réhabilite la gouvernance locale.

Ainsi, la question de la gouvernance environnementale et locale des aires marines protégées est celle de la coordination des organisations et des acteurs privés, communautaires ou publics, qui suppose la prise en compte d'un ensemble de contraintes et la levée d'un certain nombre d'ambiguïtés susceptibles d'être autant d'obstacles à l'atteinte des objectifs de développement durable, Les aires marines protégées sont un champ d'expérimentation privilégié de tels modes de coordination dont l'enjeu dépasse ces espaces, au regard du nombre considérable d'usagers dépendant des ressources naturelles dans les pays du Sud.

La caractérisation et l'évaluation des modes de gouvernance….

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