Des parents après le départ de leurs enfants souffrent du syndrome du Nid vide. Des mamans qui viennent d’accoucher, du syndrome du Ventre vide. D’autres, du syndrome du Nez vide. A cette liste, nous pouvons maintenant ajouter le « Syndrome du Parc vide » dont souffrent beaucoup d’ostréiculteurs depuis la mortalité massive des jeunes huîtres….
Cette maladie se manifeste par une hyper activité dans la recherche de la perle rare qui pourra regarnir les parcs ostréicoles en mer. Troubles d’autant plus violents que les huîtres sauvages couvrent les rochers tout autour des concessions ostréicoles lesquelles se vident inexorablement de leurs huîtres. Maladie fatale quand les huîtres auront toutes quitté les parcs pour retrouver leur liberté…. Lire : Mortalité des huîtres 2010 : Sauve qui veut !
Huîtres invasives autour de parcs mortifères
L’huître japonaise a été importée du Pacifique en petite quantité dans les années 1960 par la Hollande et la France. Puis massivement par les ostréiculteurs français dans le cadre de l’opération Résur en 1971 après la quasi-disparition de l’huître portugaise.
Au départ, cette huître du Pacifique ne se reproduisait que sur les côtes charentaises et girondines. Avec le réchauffement climatique, elle a envahi le moindre rocher de Bretagne, de Normandie puis de Hollande, Allemagne, Danemark et maintenant Norvège…
L’huître japonaise (Crassostrea gigas) est classée dans les espèces marines invasives les plus dangereuses des côtes européennes. Sa présence est le plus souvent malvenue comme au Pays-Bas. En Hollande, elle entre en compétition avec d’autres espèces halieutiques plus rémunératrices pour les pêcheurs ou avec des espèces protégées comme les oiseaux migrateurs qui n’ont plus de moules à grignoter…
Pour sauver les huîtres, changeons les pratiques
Alors qu'en octobre 2010, une délégation française partait au Japon à la recherche de la perle rare, un article du quotidien Ouest France « Pour sauver les huîtres, changeons les pratiques » expliquait que le remède à cette crise ostréicole n'était pas à chercher ailleurs, mais qu'il existait ici en France...
Au Japon, les ostréiculteurs français ont rencontré Hatakeyama Shigeatsu qui leur a donné Une leçon japonaise : La mer a besoin de la forêt ! Coordinateur de l’Association de Préservation de la Forêt Huîtrière (Oyster Forest Care Association), ce chercheur japonais travaille tout particulièrement sur l'amélioration de la qualité de l'environnement marin...
"Au pays du Soleil-Levant, les ostréiculteurs français ont découvert des pratiques bien plus respectueuses de l'environnement et de l'animal, rapporte Solène Le Roux, rédactrice en chef de Cultures marines. Par exemple, on n'utilise pas de coupelles en plastique pour élever le naissain, mais des coquilles Saint-Jacques. Pas d'élevage intensif non plus des adultes sur des tables métalliques. Les Japonais ont mis en garde leurs collègues francophones : " Si vous n'adoptez pas de telles mesures, vous trouverez des solutions passagères, mais les problèmes reviendront. " Source : On achève bien les huîtres... (Le Point)
Plus de discipline selon les ostréiculteurs britanniques
Après l’Irlande, c’est maintenant au tour de la Grande Bretagne d’attaquer la France sur sa gestion de la crise ostréicole….
Dans un entretien au site en ligne The Fishsite, David Jarrad de l’association des coquillages de Grande-Bretagne (Shellfish Association of Great Britain) donne son point de vue sur la situation de la mortalité des huîtres japonaises. Il indique que les producteurs britanniques souhaitent plus de régulations, mais que d’autres pays ne sont pas d’accord. Il explique aussi que les ostréiculteurs français en s’approvisionnant dans les écloseries du Royaume-Uni placent leurs collègues anglais dans une situation très difficile, avec une baisse des stocks d'huîtres alors qu’ils n’ont constaté qu’un seul cas de mortalité au cours de l'année 2010, à Whitstable dans le sud de l’Angleterre. Source : Ostreid Herpesvirus-1 (OsHV-1) Update (The Fishsite)
Philippe favrelière (texte modifié le 12 février 2011)
Autres articles :
- Tsunami : Le témoignage d'Hatakeyama Shigeru, ostréiculteur à Kesennuma (Miyagi-Japon)
- En Corée, sélection naturelle du naissain d'huître
- Une leçon japonaise : Les huîtres ont besoin de la forêt !
- Mortalité des huîtres 2010 : Sauve qui veut !
- Irlande : Les premières analyses accablent les huîtres françaises
- Avis d'experts : Ostréiculture et biotechnologies
- Huître. Bancs naturels en voie de disparition dans le monde
- Avec Cousteau, à la chasse aux dons (repeuplement des gisements huitriers de l'Hudson à New York)
Importations d'huîtres du Japon à risque !
Anses – Saisine n° 2011-SA-0072 / Saisine liée n° 2010-SA-0200
Maisons-Alfort, le 28 juin 2011
Huîtres importées du Japon entre le 11 octobre 2010 et le 25 février 2011
Le Japon n’est pas autorisé à exporter des mollusques bivalves pour l’élevage en Europe, mais une autorisation exceptionnelle d’importation à des fins de recherche a été obtenue auprès de la Commission européenne le 15 septembre 2010. Quatre lots d’huîtres du Japon ont été reçus au Laboratoire de Génétique et de Pathologie (Ifremer – La Tremblade) entre le 11 octobre 2010 et le 25 février 2011. Ces huîtres ont été soumises à des analyses visant, d’une part, à identifier à quelle espèce elles appartiennent et, d’autre part, à rechercher la présence d’agents infectieux notamment exotiques. Par ailleurs, ont été réalisés des essais de caractérisation de la sensibilité du naissain importé au virus OsHV-1 µvar (microvar) et aux bactéries V. splendidus et V. aestuarianus. Un rapport de synthèse de ces analyses a été réalisé en mai 2011.
(....)
La saisine de la DGAl du 9 mars 2011 précise : « considérant la gravité de la situation de la filière conchylicole, le CNC souhaite modifier substantiellement [la phase 2 de la feuille de route initiale] et obtenir de la Commission européenne une dérogation pour importer et introduire directement dans le milieu naturel des huîtres adultes et/ou du naissain en provenance du Japon »
(....)
Les essais réalisés à l’Ifremer ont mis en évidence, dans certaines conditions, une sensibilité à l’OsHV-1 µvar des huîtres japonaises importées. Si cette sensibilité est apparue globalement moindre que celle du naissain français dans deux des trois essais réalisés, il n’est pas possible de conclure de façon univoque à une plus grande résistance du naissain importé du Japon au virus OsHV-1 µvar, et encore moins à l’origine génétique d’une telle résistance.
Conclusion et recommandations de l’Agence
Au regard du risque non négligeable d’introduction, de persistance et de diffusion dans le milieu naturel d’agents pathogènes notamment exotiques, l’Anses recommande, pour tout projet d’importation d’huîtres en France, de s’en tenir au principe d’une importation en deux temps tel qu’énoncé dans la saisine d’août 2010 et validé dans l’avis du 27 septembre 2010 (n°2010-SA-0200).
Compte tenu des résultats des analyses réalisées par l’Ifremer sur lots reçus à la Tremblade entre octobre 2010 et février 2011, l’Anses recommande de ne pas importer d’huîtres vivantes en provenance du secteur de Miyagi (Japon) à des fins d’introduction dans le milieu naturel.
L'obtention d'un niveau de protection sanitaire adéquat est jugée difficile ; aucune mesure n’a pu être identifiée qui soit susceptible d’améliorer l’état sanitaire des huîtres du secteur de Miyagi et qui permettrait d’envisager leur introduction en France.
Compte tenu des difficultés liées à l’importation d’huîtres à partir de zones susceptibles d’héberger des agents pathogènes exotiques pour la France, et de celles liées à l’évaluation de leur résistance à l’OsHV1-µvar, des recommandations sont émises dans l’argumentaire en faveur d'autres solutions.
Pour télécharger l'Avis, cliquer Anses
L’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a été saisie le lundi 23 août 2010 par la Direction générale de l'alimentation (DGAl) d’une demande d'évaluation des risques sanitaires liés à l'importation d'huîtres vivantes Crassostrea gigas du Japon à des fins expérimentales en milieu confiné.
Cette saisine n’a pas pour objet l’évaluation des risques sanitaires liés à l’importation d’huîtres vivantes qui seraient placées en milieu naturel, ou dont la descendance le serait. (Saisine n°2010-SA-0200 / Saisine liée n°2010-SA-0068)
Avis de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail relatif à une demande d'évaluation des risques sanitaires liés à l'importation d'huîtres vivantes Crassostrea gigas du Japon, cliquer Anses
========================
Risques liées aux transferts
Afssa – Saisine n° 2008-SA-0214
Maisons-Alfort, le 23 juillet 2008
Avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments sur l’évaluation des risques zoo-sanitaires liés à l’exportation ou aux échanges intra-communautaires d’huîtres dans un contexte de surmortalité d’huîtres creuses sur le littoral métropolitain, Cliquer Afssa
Afssa – Saisine n° 2008-SA-0261
Maisons-Alfort, le 12 septembre 2008
Avis de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments sur l’évaluation du risque zoo-sanitaire lié, d’une part, à la réimmersion du naissain (naturel ou d’écloserie) dans le milieu et, d’autre part, à la reprise des exportations ou des échanges intra-communautaires d’huîtres dans le contexte de surmortalité d’huîtres creuses sur le littoral métropolitain, cliquer Afssa
======================
Nathalie Cochennec-Laureau et Jean-Pierre Baud - Ifremer, Nantes
Bulletin Epidémiologique / Santé animale - Alimentation
Mars 2011 trimestriel /numéro 42
Dans ce premier numéro de 2011, vous trouverez un article qui présente une analyse détaillée du phénomène de surmortalité qui touche les huîtres creuses en France depuis 2008, son évolution dans l’espace et dans le temps, ses causes infectieuses et les facteurs environnementaux, ainsi que les solutions de contrôle envisagées.
Résumé
Le phénomène international de surmortalité des naissains de Crassostrea gigas décrit depuis 20 ans a connu une ampleur dramatique depuis 2008, avec 40 à 100 % de mortalité par an sur cette classe d’âge, en France. Cet article se propose d’en faire l’analyse, de caractériser les différences observées par rapport aux mortalités estivales de l’huître creuse avant 2008, de mettre à jour les connaissances actuelles sur la compréhension de cette mortalité, notamment sur la piste infectieuse (herpes virus OsHV-1 µvar) et la mise en évidence de facteurs environnementaux aggravants. Enfin, l’intérêt d’une sélection familiale de type « taux de survie améliorée » est renforcée et pourra contribuer à moyen terme à répondre, tout du moins partiellement, à une sortie de crise de la filière ostréicole française.
Littoral, le Magazine des Gens de Mer
Samedi 05 février 2011 à 16h15
Depuis l’été 2008, les ostréiculteurs vivent sous le couperet d’un virus très virulent qui décime les huîtres juvéniles et leurs naissains. De nombreuses entreprises vivent sur des stocks qui s’épuisent. La profession s’inquiète et cherche des solutions alternatives pour contrer le vent de la crise. Y aura-t-il encore des huîtres pour Noël ?...
Un film d’Antoine Tracou. Coproduction Aligal
Depuis l'été 2008, les ostréiculteurs vivent sous le couperet d'un virus très virulent qui décime les huîtres juvéniles et leurs naissains. De nombreuses entreprises vivent sur des stocks qui s'épuisent..... Partout en France, le naissain d'huître frise la pénurie, et le cours des huîtres juvéniles explose. Les causes de ces mortalités sont difficiles à cerner : le virus est identifié depuis longtemps par les scientifiques, mais il est impossible à éradiquer.
Le réalisateur Antoine Tracou a choisi de suivre trois ostréiculteurs installés sur la Manche et sur la côte atlantique. Plutôt que de baisser les bras, ils ont en commun une volonté farouche de tester de techniques d'élevage alternatif, plutôt que de céder à la fatalité. Ainsi, par exemple, Sébastien Lemoine, qui a choisi d'expérimenter de nouvelles technologies en face de Carnac. Ou Julien Lafosse, à Blainville sur mer, qui vise le haut de gamme et récolte médaille sur médaille.....
===================
Il est peut-être temps de remettre les pendules à l'heure. Si les huîtres ont manqué durant les fêtes, et si le rationnement devrait perdurer de nombreuses années, il n'est plus possible d'en reporter la faute exclusivement sur un nouveau virus ou sur des pollutions phytosanitaires. De multiples rapports accusent les ostréiculteurs d'avoir été négligents : mécanisation à outrance de l'élevage ; transferts excessifs de naissains (larves) et de juvéniles, facilitant les épizooties ; contrôles sanitaires insuffisants.
Ainsi, le 10 mai, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) constatait que " l'évolution actuelle des modes d'élevage, notamment l'augmentation de la densité d'animaux et le rythme soutenu d'introduction des jeunes huîtres, influe probablement sur la surmortalité ". Une huître qui reste collée à vie sur son rocher subit jusqu'à 150manipulations dans un parc d'élevage." Cela la stresse, la fatigue ", accuse Jean-Pierre Baud, responsable de l'aquaculture durable à l'Ifremer. L'ostréiculture est devenue de l'élevage en batterie.
Stressés, les mollusques n'offrent plus qu'une faible résistance aux maladies. Notamment à ce virus OsHV-1mvar apparu à l'été 2008. Il extermine plus de 60 % du naissain et des juvéniles, épargnant les adultes. Un mollusque infecté meurt en deux jours !....
Plan d'urgence. En février 2010, un rapport remis au ministre de l'Agriculture et de la Mer confirme ce manque d'anticipation de la profession : " Il faut souligner également un certain nombre d'aspects préoccupants des pratiques ostréicoles qui, dans le contexte de la crise sanitaire actuelle, contribuent à amplifier les phénomènes observés et rendent difficile leur interprétation : transferts multiples d'un parc à l'autre, absence totale d'informations sur le statut sanitaire des naissains et des parcs de production, mélange de populations d'âges et de statuts sanitaires différents, absence de vide sanitaire dans les parcs et les écloseries. " Philippe Vannier, directeur de la santé animale à l'Anses, insiste : " Les pratiques comme les transferts multiples, l'absence de traçabilité contribuent à amplifier le système infectieux. " Des accusations que Goulven Brest, président du Comité national de conchyliculture, réfute : " On ne peut pas élever les huîtres dans un milieu entièrement confiné…..
Mais, au pays du Soleil-Levant, les ostréiculteurs français ont aussi découvert des pratiques bien plus respectueuses de l'environnement et de l'animal, rapporte Solène Le Roux, rédactrice en chef de Cultures marines. Par exemple, on n'utilise pas de coupelles en plastique pour élever le naissain, mais des coquilles Saint-Jacques. Pas d'élevage intensif non plus des adultes sur des tables métalliques. Les Japonais ont mis en garde leurs collègues francophones : " Si vous n'adoptez pas de telles mesures, vous trouverez des solutions passagères, mais les problèmes reviendront. " En attendant, la profession ostréicole exige des dotations gouvernementales. Déjà, 80millions d'euros ont été décrochés pour 2009-2010, et 170millions supplémentaire sont réclamés pour 2011-2013. En moyenne, 80000 euros par établissement ostréicole... Pour lire l’article intégral de Frédéric Lewino (qui a écrit l'un des meilleurs articles sur le sujet), cliquer ici
===================
Maladies des Huîtres : Approches multifactorielles pour l'étude d'interactions...Approches multifactorielles pour l'étude d'interactions entre l'huître creuse Crassostrea gigas et deux Vibrio pathogènes, V. splendidus et V. aestuarianus : épidémiologie, variabilité de la sensibilité de l'hôte et pathogenèse
Sophie De Decker - Ifremer La Tremblade - LGP - Laboratoire de Génétique et Pathologie
Université de La Rochelle (28/09/2010), Pierre Boudry (Dir.)
Mutations dans le secteur conchylicole
Elaboration d’un outil opérationnel d’études et d’analyses technico-économiques
Synthèse des travaux 2010
Dominique Mille (CREAA)
Véronique Le Bihan (CAPACITES, Univ. Nantes)
Février 2011
AGLIA
La conchyliculture connaît en France une situation très contrastée. Alors que la mytiliculture a su faire évoluer ses techniques de production pour rester un secteur rentable, l'ostréiculture connait actuellement une crise importante due à des mortalités des naissains.
L'objectif de cette étude est donc de proposer aux professionnels, désireux de s'installer ou de faire évoluer leur entreprise, des référentiels technico-économiques leur permettant d'intégrer toutes les tâches techniques en termes économiques et d'évaluer ainsi la rentabilité de leur activité.
Pour télécharger le document, cliquer Aglia
Réflexion personnelle
Cet un outil devait valider l’extension de la conchyliculture au large et en particulier valider le développement de l’ostréiculture sur filières et en eaux profondes à partir d’huîtres triploïdes. Une fuite au large devant les problèmes grandissant sur l’estran.
Avec les problèmes de mortalité des juvéniles (jusqu’à 100% dans la zone de référence), l’outil est dans l’attente d’une huître résistante !
Quant à la mytiliculture, l'étude réalisée en 2009/2010 valide l'extension de l'élevage de moule au large notamment sur les filières du pertuis breton.... Eté 2011, la mytiliculture charentaise est en crise ! Sud Ouest : Bouchots : rien ne va plus !
Ne pas minimiser les facteurs environnementaux dans la mutation du secteur conchylicole et l'adaptation de la conchyliculture aux changements climatiques....
================
Mortalités des huîtres en Méditerranée
Principaux résultats du programme de recherche sur les mortalités d’huîtres creuses et recommandations (Cepralmar - Ifremer 2010)
- Eviter l’ensemencement du naissain et les transferts pendant les périodes à risque, c'est-à-dire lorsque la température de l’eau est comprise entre 17 et 24°c.
- Il n’est pas possible de favoriser une voie d’approvisionnement en naissain plus qu’une autre pour limiter le risque de mortalité.
- Se renseigner sur le parcours zootechnique des lots d’huîtres : les huîtres ont-elles ou non déjà été exposées à un épisode de mortalité ? Privilégier les huîtres qui ont déjà été exposées aux mortalités.
- Envisager des densités d’élevage plus faibles en paniers et sur cordes.
- Suivre les cheptels et retirer les huîtres moribondes ou mortes afin d’éviter d’entretenir l’épizootie.
- Favoriser la production d’huîtres en mer en eau profonde à condition de pouvoir y réaliser un cycle d’élevage complet. Eviter de transférer ces huîtres naïves sensibles à la mortalité dans des bassins contaminés (ex. étang de Thau) au risque de tout perdre. En cas de transfert, il est impératif d’éviter les périodes où le risque est important et d’adopter des pratiques d’élevage qui permettent de limiter les pertes.... Pour télécharger le document, cliquer Ici
====================
Le 20 février 2011
Aquaculture et Espèces exotiques : Avis du Comité Economique et Social Européen (CESE) publié au Journal Officiel de l’Union Européenne du 17/02/2011
L'aquaculture est une activité en évolution constante, qui doit offrir des solutions aux demandes du marché, et notamment une diversification des espèces élevées et commercialisées.
Par le passé, l'aquaculture européenne, à l'instar des autres activités agricoles ou d'élevage, a fait bénéficier la société de l'introduction d'espèces exotiques. À l'heure actuelle, quatre des dix principales espèces produites par l'aquaculture dans l'Union européenne peuvent être considérées comme exogènes (truite arc-en-ciel, huître du Pacifique, carpe commune et palourde japonaise), et leur présence est aujourd'hui considérée comme habituelle et indispensable.
Néanmoins, l'introduction d'espèces exotiques invasives est actuellement considérée comme une des causes fondamentales de l'altération de la biodiversité à l'échelle mondiale. Les principales voies par lesquelles se produit l'entrée indésirable d'espèces exotiques aquatiques dans l'Union européenne sont les eaux de ballast des navires de grande taille, la pêche sportive et l'aquariophilie. Le changement climatique provoque également l'entrée d'espèces exotiques qui arrivent par leurs propres moyens.
Le règlement (CE) n° 708/2007 relatif à l'utilisation en aquaculture des espèces exotiques et des espèces localement absentes a fait récemment l'objet de quelques modifications, sur lesquelles le Comité a déjà émis un avis (CESE 453/2010; rapporteur: M. SALVATORE), qui a été approuvé à une large majorité et reste aujourd'hui parfaitement valable. Certaines des suggestions proposées dans cet avis, par exemple qu'il soit précisé que les installations aquacoles fermées doivent toujours être situées à terre, l'exigence d'une distance minimale de sécurité et d'une protection face aux prédateurs, etc., sont désormais reprises dans la proposition de modification (modifications de l'article trois), ce qui démontre le caractère approprié des recommandations du CESE.
Conclusions et recommandations
1. Le Comité juge appropriées les améliorations apportées à la rédaction du règlement (CE) n° 708/2007, qui rejoignent en grande partie les recommandations de l'avis CESE 453/2010, et notamment la nouvelle définition, plus précise, des "installations aquacoles fermées", fondée sur les résultats du projet IMPASSE (action concertée de recherche intitulée "Incidences sur l’environnement d’espèces allogènes utilisées dans l’aquaculture"), ainsi que la clarification sur la situation desdites installations quant à leur éloignement des eaux libres.
2. Le Comité estime que l'aquaculture doit pouvoir continuer de profiter des bénéfices apportés par l'introduction d'espèces exotiques ou l'introduction d'espèces localement absentes de l'Union européenne, à condition que soient adoptées les mesures nécessaires pour éviter toute altération des écosystèmes et de la biodiversité; cela permettrait de favoriser le développement durable de cette activité.
3. Le Comité souligne qu'il importe d'établir clairement les conditions que doivent réunir les installations aquacoles fermées, afin de réduire leurs charges bureaucratiques.
4. Le Comité est également favorable aux modifications apportées au règlement (CE) nº 708/2007 suite à l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne, et dont la finalité principale est d'autoriser la modification des annexes I, II, III et IV en application de la procédure de "comitologie".
Voir l’intégralité de l’Avis du Comité économique et social européen sur la «Proposition modifiée de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) no708/2007 relatif à l'utilisation en aquaculture des espèces exotiques et des espèces localement absentes» COM(2010) 393 final — 2009/0153 (COD) (2011/C 51/16) / Rapporteur général: M. José María ESPUNY MOYANO, publié au JO de l’UE du 17 février 2011. Cliquer Ici
===============
Le 15 mars 2011
Huîtres de l'estuaire, huîtres de secours (Sud-Ouest)
Prélever des huîtres naturelles de l'estuaire de la Gironde pour réensemencer les parcs d'élevage de la Charente-Maritime. C'est l'une des pistes de réflexion que suggère le Comité régional conchylicole de Poitou-Charentes pour pallier la perte de production liée aux mortalités qui frappent depuis trois ans les jeunes huîtres. Elle était de 30 % en moyenne l'an dernier, avec des écarts observés suivant les établissements, et ira en augmentant cette année, selon les professionnels. Le président des ostréiculteurs charentais, Gérald Viaud, assure que ces lots naturels de l'embouchure du fleuve ont mieux résisté jusqu'alors aux causes des mortalités qui déciment les cheptels ostréicoles partout ailleurs.
Contaminées au cadmium
Cela reste à prouver au plan scientifique. Mais, dans un courrier qu'il adressait mi-février au président du Conseil général de la Charente-Maritime, Dominique Bussereau, qui l'avait sensibilisé à cette hypothèse, le ministre de l'Agriculture et de la Mer ne ferme pas la porte. Bruno Le Maire rappelle que « dans le contexte actuel des mortalités touchant l'ostréiculture, [sa] volonté est que toutes les pistes susceptibles d'aider à la reconstitution des stocks de naissain et de juvéniles d'huîtres soient explorées ». Le ministre émet toutefois la réserve que « les précautions nécessaires soient prises ». S'agissant des huîtres de la Gironde, c'est la contamination au cadmium qui éclaire la mise en œuvre des précautions ainsi requises. Selon Bruno Le Maire, la contamination n'est pas rédhibitoire puisque « des dérogations nationales existent pour le réensemencement de zones saines avec de très jeunes huîtres issues de zones contaminées ». Encore faut-il que « ces dérogations définissent les conditions permettant de s'assurer que les jeunes huîtres ne sont pas contaminées à des teneurs supérieures aux normes en vigueur, afin que les huîtres adultes qui seront consommées ne présentent aucun risque pour la santé publique ».
Protocole préalable
Question : une huître juvénile contaminée au cadmium peut-elle se décontaminer une fois retrempée en zone saine, durant les deux à trois années de croissance qui précèdent sa consommation ? Un protocole expérimental doit le dire. Bruno Le Maire fait de sa rédaction le préalable de la démarche qui s'engagerait alors.... Philippe Baroux
Cette semaine, plusieurs ostréiculteurs devaient se rendre à Sandai, au Japon, pour se procurer des naissains. Cela, afin de relancer la production d’huîtres, frappée par une mortalité. Mais le tsunami qui a frappé l’archipel, a évidemment l’ostréiculture. « Toute la profession est émue face à cette catastrophe qui a touché le Japon. Beaucoup d’ostréiculteurs japonais étaient prêts à nous aider. Nous sommes tous inquiets, car nous n’avons pas de nouvelles. Sont-ils toujours vivants ? On ne sait pas », s'inquiète Hervé Jenot, le président du comité régional de conchyliculture de Bretagne sud. Les ostréiculteurs bretons sont solidaires vis-à-vis de leurs homologues japonais. « Il faut mesurer leurs besoins. On fera notre possible pour les aider. Pourquoi pas une aide matérielle ? », suggère-t-il….
==================
Japon : « Tout est tombé à l'eau » (Sud Ouest)
Le président Olivier Laban devait se rendre au Japon afin d'étudier une éventuelle réintroduction d'huîtres de Sendai dans le Bassin.
C'était une mission prévue depuis longtemps. Une délégation menée par Goulven Brest, président du Comité national conchylicole (CNC) et à laquelle participait notamment Olivier Laban, président de la Section régionale conchylicole (SRC) devait se rendre, dès samedi prochain, au Japon : « Nous devions faire plusieurs visites, explique ce dernier. Tout d'abord, il était prévu d'aller sur les sites de production d'Hiroshima, afin de regarder les pratiques culturales du secteur. Nulle intention d'ailleurs de ramener des échantillons, les huîtres là étant porteuses d'une maladie pathogène. L'objectif de ce déplacement était surtout de se rendre sur les parcs de la baie de Sendai… »
Les naissains de Sendai - C'était bien sûr sans compter la catastrophe survenue le 11 mars au Japon, le séisme puis le tsunami ayant frappé tout particulièrement la grande région de pêche et de conchyliculture de Sendai : « Cette baie est le berceau de l'élevage de notre huître crassostrea gigas, relève Olivier Laban. Il faut se rappeler qu'après la mortalité des huîtres portugaises dans les années 1970, les ostréiculteurs de la région de Sendai avaient fourni le naissain d'huître qui avait permis à l'ostréiculture française de se relancer. Chez nous, le Gujanais Roger Druart était même parti là-bas afin de ramener des huîtres… »....
« Un projet abandonné » - Ce déplacement, en fait, était le second en quelques mois : « En octobre dernier, une délégation y était allée à la recherche d'une souche résistante face à la mortalité du naissain que nous connaissons. Et nous comptions bien ramener des échantillons, cette fois-ci. Nous avions de plus conclu un partenariat avec la Communauté d'agglomération du Sud-Bassin visant à renforcer cette initiative. Et le fait de réintroduire du naissain avant l'été nous aurait permis de tester leur résistance dans le milieu du bassin d'Arcachon. »....
Une écloserie sur le Bassin
Que faire ? « Nous avons peu de pistes concrètes pour sortir de la crise, assure Olivier Laban. Nous avons un contact avec Vancouver au Canada via le ministère de l'Agriculture. Nous allons le relancer. » D'autres solutions sont à l'étude : « Il existe un programme de recherche menée par des privés, un groupe d'écloseurs. Mais nous en craignons les conséquences, celles liées au fait que l'on nous dicte les règles du jeu… Un autre programme va aussi être lancé par le CNC et l'Ifremer, c'est une autre piste. »
Mais le projet de créer une écloserie sur le bassin d'Arcachon émerge de plus en plus : « Voilà des années que l'on en parle, dit le président de la SRC. Nous venons de voter une étude pour sa faisabilité. » En effet, au vu des années « avec » et « sans » naissain, la profession avait déjà décidé en 2005 de se lancer dans la création d'une écloserie. Son intérêt réside dans la possibilité de gérer la température de l'eau, la qualité de la nourriture planctonique et d'offrir donc une garantie de résultat. « L'avantage d'avoir une écloserie chez nous, sorte de coopérative est net, dit Olivier Laban. Elle serait administrée par la profession elle-même. Vous savez, il faut que l'on évolue dans nos têtes si l'on veut survivre. Soit on regarde passer le train sans rien faire, soit on le prend. Et il est urgent de sortir de la crise. »
Huître janvier 2011
Les huîtres du Bassin d’ Arcachon sont un des piliers de la visibilité des lieux, premier centre d’ Europe de production de naissain, l’importance de la ostréiculture est une évidente réalité comme les difficultés qui frappent les professionnels du secteur, les jeunes huîtres se meurent sans qu’on ne puisse vraiment savoir pourquoi, avec elles, toute une filière est mise à mal, des entreprises, des Hommes, une histoire…
Consommateurs d’huître nous ne sommes pas toujours au fait des batailles menées par la profession pour conserver en cet endroit des huîtres viables : un exploitation officielle d’huître commençant mi XIXème siècle
La Gravette décimée par une épizootie dans les années 20 et remplacée par la Portugaise...
La Japonaise (Crassostrea gigas ) dans les années 70 qui vint sauver une nouvelle fois la filière...
En 1997, l’Institut public français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) met au point une huître dont les chromosomes sont génétiquement modifiés, commercialisée en 2000, cette huître possède non pas 2n chromosomes (espèce diploïde, où chaque chromosome est apparié avec son homologue) mais 3n. Elle est donc dite triploïde
Elevage huîtres tétraploides
Grâce à une méthode brevetée en 1996 aux Etats-Unis, on a obtenu des huîtres tétraploïdes nécessaires pour la reproduction de l’espèce créée....
Précisons ici que cette huître n’est pas un OGM comme l’entend directive 2001/18, il n’y a pas d’apport de gène mais modification chromosomique
L’intérêt de cette huître triploïde crée est qu’elle devrait être sans mortalité, de qualité uniforme et en théorie stériles.
La stérilité permet à l’huître d’être vendue toute l’année (plus de mois en R pour la consommation…), leur stérilité implique qu’elles ne dépensent pas d’énergie pour la reproduction et poussent donc plus vite que les autres.
En contre partie, les ostréiculteurs perdent en indépendance, le passage en écloserie où on utilise les huîtres tétraploïdes.
Un comité de surveillance devait dans le temps évaluer que l’huître tétraploïde ne s’intègre pas dans les bassins, les scientifiques avaient prévenus : si 10 génération sont en place, elles remplaceraient inéluctablement toutes les autres huîtres !
Le Réseau Vigilance, vient donc de rendre disponible le résultat de cette étude dans :
Benabdelmouna Abdellah, Tourbiez Delphine, D’Amico Florence, Cantin Christian, Grizon James, Seugnet Jean-Luc (2011). Niveau de ploïdie des naissains d’huître creuse captés dans les bassins de Marennes Oléron et d’Arcachon. Réseau Biovigilance, campagne 2009.http://archimer.ifremer.fr/doc/00032/14282/
Les conclusions sont doubles :
1- Les scientifiques de l’IFREMER ne mettent pas en évidence la présence d’animaux polyploïdes, triploïdes et à fortiori tétraploïdes, parmi les animaux collectés au sein des deux bassins de captage naturel que sont Marennes Oléron et Arcachon ;
2- Il est important de signaler que depuis le début du réseau biovigilance, année 2009 comprise, l’aneuploïdie détectée dans les deux bassins prospectés a toujours été du type hypodiploïde, c’est à dire obtenue suite à la perte, à partir d’un état initial diploïde, d’un ou de plusieurs chromosomes ;
Un hypodiploïdie frappe donc de manière récurrente le naissain du Bassin d’ Arcachon, après étude, cette dégénérescence génétique n’est pas liée à la reproduction, donc à son environnement….
Une hypodiploïdie c’est assez grave, la perte d’un chromosome dans une cellule somatique est appelée monosomie, alors que le gain d’un chromosome est appelé trisomie. D’une façon générale, et chez tous les eucaryotes, les aneuploïdies sont très souvent à l’origine de dérèglements cellulaires et induisent le développement de divers cancers…
Huître
L’environnement du Bassin d’Arcachon provoque donc trop de stress aux huîtres pour leur permettre d’être viable, cela relancera le débat sur la pollution des eaux du Bassin...
On peut aussi comprendre que les animaux hypodiploïdes peinent à survivre face aux divers stress biotiques et abiotiques qu’ils vont rencontrer durant leur mise en élevage ce qui assombrie à nouveaux le ciel des ostréiculteurs…
Quiberon. Pêche à pied. Le coup de gueule des professionnels (Le Télégramme)
Les pêcheurs à pied professionnels en ont assez d'essuyer des remarques acerbes de vacanciers ou de résidants les accusant de piller les sites en ramassant les huîtres sur les roches de la presqu'île. Certains envisagent même de monter une association contre eux. Rencontre avec l'un d'eux dans la baie à proximité de Port-Haliguen.
Pourquoi votre profession de pêcheurs à pied est-elle décriée ?
Les gens sont persuadés que nous faisons un carnage, alors qu'en sélectionnant les huîtres de taille conséquente, on permet aux plus petites de grossir. Il faut savoir que ces roches, il y a quelques années, n'étaient pas recouvertes par les huîtres, mais par des moules et du goémon, qui aujourd'hui ont complètement disparu. On pourrait dire qu'elles sont envahissantes.
Combien de kilos prélevez-vous lors d'une pêche?
On ramasse chacun 150 à 200 kilos par jour, depuis octobre, en fonction des marées bien sûr. Les grosses sont vendues à Cancale, les autres partent chez les ostréiculteurs du coin. On voit des particuliers ramasser plus qu'il n'en faut pour une consommation personnelle et sans vraiment sélectionner. Nous, nous avons une licence et nous payons des cotisations.
Quel est l'enjeu de la pêche aux huîtres?
Tout le monde connaît le problème de la mortalité des naissains d'huîtres dans les parcs, ce qui a engendré la disparition de nombreux professionnels ostréicoles. Notre récolte permet aux ostréiculteurs restants de ne pas mettre la clé sous la porte et aussi de parer à la demande des fêtes de fin d'année. Nous remarquons aussi que, là où nous avions ramassé de grosses huîtres, il y a de nouveau plein de nouvelles petites, ce qui nous conforte pour l'avenir.
«Il n'y a aucun dommage causé par ce type de pêche»
Louis Ferrero, directeur du comité des pêches, tient aussi à apporter quelques explications. Il rappelle tout d'abord que les huîtres creuses de mer peuvent être pêchées toute l'année et que la nouvelle pêcherie existe depuis deux ou trois ans. «Les ostréiculteurs sont intéressés à cause du taux de mortalité de leurs huîtres de moins d'un an, ce qui a développé cette activité, souligne-t-il. Cela permet aux pêcheurs de travailler dans certains secteurs où il y a surabondance d'espèces, grâce à Mère Nature, tout en soulageant d'autres secteurs qui étaient exploités, comme pour la palourde par exemple».
181 autorisations en Bretagne
Ces pêcheurs ont une licence régionale en Bretagne, et il leur faut aussi une autorisation, sous forme de timbre. 181 autorisations ont été délivrées pour environ 400 à 500 tonnes prélevées par an. «Il n'y a aucun dommage causé par ce type de pêche, puisqu'au contraire, ils nettoient cette surabondance et permettent aux petites de se développer, conclut-il. D'autres naissains d'huîtres apparaissent et les petites passent le cap des un an, ce qui est bon signe. Il y a une totale incompréhension de la part des gens qui critiquent et de ceux qui veulent créer une association contre ce type de pêche». Pas de doute, les pêcheurs peuvent compter sur le soutien plein et entier du comité.
=======================
Arcachon : Les huîtres sauvages (Sud Ouest)
L'étude sur le stock des huîtres dans le Bassin, réalisé par la mission pour le parc marin du bassin d'Arcachon, a été présentée, une première fois, mardi à la Teste-de-Buch (Lire « Sud Ouest » d'hier). Elle a été détaillée, hier matin, devant les ostréiculteurs, à l'issue du bureau mensuel du CRC, par Anne Littaye chef de la mission d'études, et Thomas Scourzic, gérant co-associé du bureau d'études Océanide.
Avec les ostréiculteurs
Ce bureau d'études a réalisé les comptages, en juin dernier, avec l'aide de cinq ostréiculteurs (Florian Fresquet, Frédérique Paillère, Olivier Demay et Sébastien Dufau de Gujan-Mestras, et Mickaël Thiry d'Andernos-les-Bains), sur trois zones choisies en fonction des activités et de la présence des ostréiculteurs. L'étude conclut à un stock de 131.600 tonnes d'huîtres dans le Bassin, dont 16 600 tonnes (seulement) d'huîtres d'élevage. « Un chiffre cohérent » selon Olivier Laban, le président du comité régional conchylicole. Il correspond aux déclarations des ostréiculteurs pour leurs dossiers de calamités en 2009.
Le chiffre nouveau et plus important concerne donc les huîtres sauvages (85 %), dont 50.000 tonnes de mortes (des tapis de coquilles) et 65.000 (tout de même) d'huîtres vivantes.
Olivier Laban « prend acte » de ce chiffre, d'autant qu'il a « suivi de près la méthodologie pour l'évaluation » et trouve qu'elle a été « plutôt bien faite ».
« Huîtres à l'ancienne »
Face à cet important stock d'huîtres sauvages, Olivier Laban s'interroge plus encore sur la cause réelle du manque de captage : « On pensait qu'il manquait d'huîtres mères dans le Bassin (d'où l'immersion de 150 tonnes d'huîtres mères bretonnes l'an dernier), mais les huîtres mères sauvages existent, elles libèrent des larves, le problème est donc ailleurs. » Cette année, le captage est encore plus rare (50 huîtres par tuile) que l'an dernier (150 à 200 huîtres), et même dérisoire par rapport aux 3 à 4.000 huîtres des bonnes années. De plus la mortalité sur les collecteurs est évaluée à 90 % : « La chute brutale des températures de l'eau en juillet n'explique pas tout. »
Il faut ajouter la mortalité (65 à 70 %) des huîtres juvéniles. « C'est la double peine, et ça s'aggrave », déplore Olivier Laban qui va de nouveau sensibiliser les maires du Bassin et le nouveau sous-préfet sur « la qualité de l'eau ».
Les ostréiculteurs pourraient aussi tirer parti de ces huîtres sauvages. Olivier Laban évoque une « piste de travail » aussi bien pour regonfler les stocks que nettoyer le domaine public maritime : « L'huître sauvage n'a pas une jolie forme mais on pourrait parler d'une huître à l'ancienne. » Bernadette Dubourg
=====================
Le commissaire enquêteur qui formulera un avis sur le projet de Parc naturel marin Pertuis Charentais-estuaire de la Gironde va recevoir aujourd'hui celui du Comité régional conchylicole Poitou-Charentes. Avis défavorable du bureau représentant des ostréiculteurs et des mytiliculteurs de la Charente-Maritime, émis lundi soir.
Surprenant. Parce que l'annonce du projet avait été reçue « plutôt favorablement » par la profession. Mais, au terme des deux années de concertation, elle ne s'y retrouve plus. « Il nous est aujourd'hui très difficile de trouver des raisons objectives et décisives en faveur du parc », indique le courrier expédié hier de Marennes. Plus qu'un non ferme et absolu, c'est un « non de la déception » qui est formulé, pour reprendre l'expression du directeur du Comité régional, Laurent Champeau. Son président, l'ostréiculteur Gérald Viaud explique : « Nous n'avons pas été écoutés, c'est dommage. Ce parc était l'opportunité d'avoir un outil de protection dans lequel nous aurions pu nous retrouver. Or, nous avons été mis au même rang que tous les autres, au même rang que les industriels par exemple. Ça n'est pas acceptable, nos huîtres sont les sentinelles du milieu naturel. »
Un parc trop vaste
Pourquoi cette position, alors que les conchyliculteurs ont obtenu l'orientation spécifique dans le projet qu'ils réclamaient ? « Notre sentiment est que cette concession ultime répond davantage à des considérations d'ordre tactique qu'à une véritable volonté de pérenniser nos activités menacées par la dégradation de l'environnement, et plus particulièrement de la qualité des eaux littorales. » Les pêcheurs professionnels, qui réclamaient cette même orientation, ont à l'inverse délibéré en faveur du parc.
Le Comité régional conchylicole regrette aussi l'échelle du parc. Trop grand.....
Pour en savoir plus :
- Parc Naturel Marin de l'estuaire de la Gironde et des Pertuis charentais, cliquer AAMP
- Les activités humaines dans le Parc Naturel Marin, cliquer AAMP
- Télécharger : Richesses humaines - Les hommes et la mer
Arcachon : Parc naturel marin : le résultat des études (Sud Ouest)
La mission pour la création du parc du bassin d'Arcachon a présenté, hier, les résultats des six premières études. Prochain rendez-vous en décembre.
L'intérêt des élus, des associations et des professionnels pour le futur parc naturel marin du bassin d'Arcachon ne se dément pas, si l'on en juge par le nombre important de personnes qui assistaient, hier après-midi, salle Pierre-Cravey à La Teste-de-Buch, à la présentation des résultats de six études complémentaires, menées par la mission d'études que conduit Anne Littaye depuis février 2010.
Ces six études portent sur des thèmes aussi variés que les loisirs liés à la mer, la faune des prés salés d'Arès, le panache de l'eau du Bassin dans l'océan, ou encore les stocks de moules, de crépidules (petits coquillages) et d'huîtres, sauvages et d'élevage (lire ci-dessous).
Les prés salés d'Arès
Ces études ont été menées en partenariat, selon les sujets, avec le Siba, Ifremer, les ostréiculteurs, les pêcheurs le bureau d'études Océanide et l'université.
Les conclusions de ces études ne sont ni nouvelles, ni révolutionnaires. Disons que, pour certaines, elles confortent ce qui se savait déjà, notamment par le biais d'autres études : la plaisance et le nautisme sont les premiers loisirs du Bassin devant la baignade et le farniente, les prés salés ont un rôle de nourricerie pour plusieurs espèces.
Pour d'autres, elles précisent des chiffres ou des volumes. Les 456 prélèvements effectués entre le 26 mars et le 5 avril ont permis de chiffrer le stock de moules à 790 tonnes. Étude qui n'avait jamais été faite.
Le stock des crépidules (apparues sur les côtes françaises à la fin des années 40) est, pour sa part, estimé entre 131 et 505 tonnes. « Je pensais qu'il y en avait plus », commente Jean-Michel Labrousse, le président du comité local des pêches, qui se désole, cependant, de l'important nombre de moules vides, cette année.
Des critiques ont été exprimées, hier. Par exemple, sur le nombre « restreint » de personnes interrogées (500), et la période (mai-juin) pour l'étude sur les loisirs. Isabelle Galinier rappelle qu'une étude plus complète du Siba est en ligne sur le site du syndicat.
Orientations de gestion....
==================
« Les huîtres sauvages pourraient apporter du sang nouveau » (20 Minutes)
« Comme tous les ans, en particulier depuis 2008, on a beaucoup de mortalité sur nos parcs, mais ce n'est pas propre au Bassin », estime Grégory Boucher, 30 ans, qui est ostréiculteur au Cap-Ferret. Les 65.000 tonnes d'huîtres sauvages relevées dans le rapport d'Océanide*, pourraient être utilisées comme réserve de géniteurs. Pour le jeune ostréiculteur, « il vaut mieux garder cette idée sous le coude car les huîtres sauvages pourraient apporter du sang nouveau. » Néanmoins, la cause de la mortalité des huîtres fait encore débat. « L'huître creuse que nous élevons, la crassostrea gigas en latin, a été introduite dans les années 1970 et serait en voie de dégénérescence, ce qui expliquerait la mortalité, mais j'ai du mal à y croire », explique Grégory Boucher. Sur l'ensemble du projet de parc marin, l'ostréiculteur juge la conciliation des intérêts économiques et écologiques « un peu contradictoires » même si « plus d'écologie ne peut pas faire de mal ».E. P.
==================
Le 25 octobre 2011
Grande-Bretagne : Quel statut pour l’huître japonaise ?
====================
L'estuaire au secours de l'huître (Sud Ouest)
Les services de l'État vont autoriser les ostréiculteurs du département à pêcher des huîtres sauvages dans des gisements de l'estuaire de la Gironde, fermés depuis trente ans pour cause de cadmium.
Là où il contemple l'ostréiculture, le capitaine du « Morlaisien » doit gentiment sourire. En 1868, une tempête avait contraint Hector Patoizeau à relâcher dans l'estuaire de la Gironde, avant d'y déverser un chargement d'huîtres qui commençait à sentir plus fort que la marée. Des huîtres portugaises, dont les plus résistantes ont essaimé dans l'embouchure du fleuve, jusqu'à garnir le bassin de Marennes-Oléron, tout proche. Des producteurs charentais avaient construit leur fortune sur cette aubaine : la portugaise était bien acclimatée dans leurs eaux lorsque l'huître plate a disparu, au début du XXe siècle.
Cent quarante-trois ans après les péripéties du « Morlaisien », l'estuaire de la Gironde pourrait revenir au secours de la production d'huîtres en Charente-Maritime. Mais cette fois, le hasard n'a rien à voir dans l'affaire.
L'obstacle cadmium est levé
Il n'est plus question de la plate, ni de la portugaise, décimées tour à tour par des maladies.
Le sujet préoccupant, c'est l'huître japonaise, la creuse de nos tables de réveillon qui est produite sur les parcs depuis les années 1970. Depuis quatre ans, l'avenir de cette variété préoccupe toute l'ostréiculture mondiale. Ses souches meurent en masse, sans que la science pose de conclusion définitive sur les causes de ces surmortalités : 71 % de pertes moyennes recensées l'année dernière par l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), sur l'ensemble des bassins de production français.
Des producteurs de Marennes-Oléron tiennent peut-être une solution à cette crise. Ils pensent que les gisements sauvages de japonaises de l'estuaire de la Gironde pourraient contribuer à regarnir leurs parcs ravagés par ces mortalités.
Huîtres : la rive gauche de l'estuaire se sent lésée (Sud Ouest)
Les services de l'État vont autoriser les ostréiculteurs de Charente-Maritime à pêcher des huîtres sauvages dans des gisements de l'estuaire de la Gironde fermés depuis 30 ans pour cause de cadmium (« Sud Ouest » de lundi 24 octobre). Or l'estuaire de la Gironde possède deux rives et, à 12 km en face de la Charente-Maritime, s'étend le territoire du Nord-Médoc. Un territoire qui, lui aussi, a connu l'âge d'or et la décadence de l'ostréiculture, puis son interdiction totale du fait de la pollution par le cadmium.
L'accord reçu pour les sites retenus autour de Royan, Saint-Palais-sur-Mer et Talmont est vécu comme une provocation, de l'autre côté de l'estuaire. Car depuis plus de deux ans, les élus de la commission aquaculture de la Communauté de communes Pointe du Médoc, sous la responsabilité du maire de Talais, Franck Laporte, s'évertuent à faire évoluer le dossier conchyliculture sur la rive gauche (1). « Nous n'allons pas rester les bras croisés », certifient les élus, prêts à fournir en huîtres sauvages aussi bien les ostréiculteurs de Marennes-Oléron que ceux du Bassin.
Une histoire ostréicole
Le poète Ausone, préfet des Gaules à Bordeaux, témoignait déjà de la succulence de la chair des huîtres plates « élevées dans les étangs du Médoc que les marais engraissent ». Les huîtres plates disparaissent (sauf au Verdon et à Soulac) lors des travaux d'assèchement des marais au XVIIe et XVIIIe siècles.
En 1868, par les hasards d'une tempête, le caboteur « Morlaisien » déverse sa cargaison d'huîtres portugaises au large de Talais. Elles vont prospérer et devenir le plus important gisement huîtrier français.
Les petits ports médocains de l'estuaire ont connu la prospérité économique du fait de leur activité ostréicole. Jusqu'en 1968, Le Verdon, Neyran, Talais, Saint-Vivien, Jau-Dignac-Loirac et Valeyrac faisaient vivre jusqu'à 1 200 familles sur 1 194 parcs de captage, 382 parcs d'élevage, neuf parcs d'affinage et d'expédition.
La pollution au cadmium a eu raison de cette activité économique prospère.
Problème de classement....
Réunion aquaculture....
« De façon équitable »
Le virus responsable des mortalités du naissain d'huîtres vient d'être identifié comme un virus existant avant 2004. L'espoir est désormais de mise chez les ostréiculteurs.
Découverte importante. Le laboratoire Frank Duncombe de Caen a retrouvé le virus U Var dans des échantillons d'huîtres étudiés en 2004. « Ce résultat remet clairement en question les connaissances actuelles. Il est par ailleurs en accord avec les observations des professionnels de l'ostréiculture pour lesquels l'accroissement des mortalités a débuté avant 2008 », explique Joseph Costard, président de la section de conchyliculture Normandie-Mer du Nord. « Cette découverte a été effectuée en Normandie grâce à des méthodes plus sensibles que celles d'Ifremer. L'annonce qui nous avait été faite de l'arrivée d'une variante supposée du virus seulement en 2008, et responsable de la mortalité, n'est pas cohérente avec les résultats des recherches que l'on vient d'obtenir. »
Trouver la cause. L'agent pathogène n'est pas seul. « Il y a un virus et une bactérie. Ce n'est donc pas une mutation qui provoque la mortalité depuis 2008 car ils étaient déjà présents en 2004 et nous savions vivre avec. Pourquoi pas à nouveau maintenant ? Désormais, il faut trouver la ou les causes de cette rupture d'équilibre », insiste Joseph Costard qui souhaite que le laboratoire Duncombre soit agréé. « Cela fait quatre ans que je me bats pour que les méthodes de recherches de ce laboratoire soient agréées. Ce serait un plus pour la profession et ce laboratoire doit être un laboratoire référent. »
Sortir de la crise. Pour Joseph Costard, c'est l'espoir d'une sortie de crise. « Je réclame que…
==================
Le 12 novembre 2011
Le Médoc veut relancer sa production d'huîtres (Sud Ouest)
«Les solutions sont toujours venues de la profession ! ». Jeudi après-midi, à Talais, lors d'une réunion de la commission aquaculture initiée par la CdC Pointe du Médoc et son vice-président Franck Laporte. Oliver Laban, le président du Comité régional de la conchyliculture Arcachon-Aquitaine (CRC), a sans doute résumé avec cette phrase ce qui pourrait aider à initier un protocole d'études pour la relance de l'activité ostréicole sur la rive gauche de l'estuaire de la Gironde. Jusqu'à présent, ce dossier était bien enterré du fait de la pollution par le cadmium. Il y a vingt ans, ce métal très polluant avait mis fin à l'activité ostréicole qui s'était développée dans le grand estuaire.
La rive droite plus dynamique
Si le Médoc semble aujourd'hui croire à la relance de cette activité, la rive droite, elle, via son CRC Poitou-Charentes présidé par Gérald Viaud, a fait une démarche qui est aujourd'hui « jalousée » par la presqu'île. En effet, à partir de janvier 2012, et après deux années de travaux avec les services de l'État, les ostréiculteurs de cette rive pourront pêcher des huîtres juvéniles qui se trouvent sur les rochers découvrant entre Saint-Palais et Talmont. Des huîtres (âgées de 12 à 18 mois) qui iront ensuite rejoindre des parcs situés sur l'estran, en mer. Si le protocole réussi, ces huîtres pourraient être commercialisées dans le courant de l'année 2013. En se servant du gisement d'huîtres sauvages de l'estuaire, l'initiative engagée par la rive droite a pour objectif de réensemencer les parcs à huîtres touchés depuis des années en France par une forte mortalité.
Pour que ce processus aboutisse, les scientifiques devront valider le fait que ces huîtres de l'estuaire, toujours polluées par le cadmium, se décontaminent suffisamment dans l'océan. Selon Gérald Viaud, une première expérience menée en 2010 permet de l'observer. L'année 2012 sera donc déterminante.
Pas de raison d'opposer
Côté Médoc, la réunion de jeudi a permis de vérifier que le comité régional de conchyliculture Arcachon-Aquitiane, qui représente le Médoc et la Bassin d'Arcachon, n'avait jusqu'à présent pas engagé de démarche de relance de l'ostréiculture sur la rive gauche de l'estuaire. Il n'y avait donc aucune raison d'opposer « politiquement » les deux rives sur ce dossier. Les service de l'État n'ont fait que répondre à une volonté affichée et dynamique du CRC Poitou-Charentes.
Pas fait la démarche
Interrogé par « Sud Ouest » au lendemain de la réunion de Talais, Olivier Laban, qui préside le CRC Aquitaine, a été clair : « Nous n'avons pas fait de démarche. Et il y a deux raisons : les gens du Verdon ne nous ont pas fait remonter ce genre de besoin. Et ensuite, si je peux leur donner un conseil, je pense que dans un premier temps, on a suffisamment de ressources sur le Bassin d'Arcachon. Ce sont des huîtres sur lesquelles il y a zéro polémique. Contrairement à celles de l'estuaire, elles sont saines. On a soixante-cinq mille tonnes d'huîtres sauvages. Alors, avant d'aller s'embêter à pêcher dans l'estuaire et dans des conditions pas toujours faciles, autant pêcher nos huîtres ». Se voulant pragmatique, Olivier Laban juge aussi que la démarche engagée par le CRC Poitou-Charentes avec les huîtres juvéniles de l'estuaire devra faire face à un protocole assez lourd. Selon lui, il n'est d'ailleurs pas certain que beaucoup de producteurs de Marennes-Oléron ne s'engagent dans un processus qu'il juge plutôt long et relativement coûteux.
La volonté politique
Toutefois, l'initiative de la rive droite n'aura pas laissé de marbre Franck Laporte, le maire de Talais, qui préside depuis deux ans une commission aquaculture au sein de la CdC Pointe du Médoc. Encouragé par des producteurs locaux qui voudraient bien relancer l'activité, l'élu se bagarre pour que le Médoc puisse aussi avoir son protocole. Lors de la réunion de jeudi, Olivier Laban a donc fait un pas en cette direction. Présente lors de cette réunion en tant que représentante du Syndicat mixte pour le développement durable de l'estuaire de la Gironde, Pascale Got, la députée du Médoc, s'est engagée à porter un dossier pour que les études puissent être financées. Ce qui est un préalable au lancement de l'opération.
Le projet de la presqu'île
Le projet de relance de l'ostréiculture en Médoc devrait s'appuyer sur trois idées fortes. Il va d'abord s'agir de stimuler davantage l'activité de récolte de naissains d'huîtres. Elle est autorisée dans l'estuaire. Les ostréiculteurs de la rive droite posent déjà des collecteurs dans l'embouchure.
Ensuite, un protocole d'expérimentation va être établi pour permettre de placer des huîtres saines venant d'autres bassins dans les marais de Saint-Vivien. Il va s'agir de tester leur développement (engraissement) et le degré de contamination au cadmium qu'elle pourrait atteindre dans les marais. L'enjeu : vérifier que l'absorption de cadmium ne dépasse pas le seuil autorisé. Le dernier point de cette expérimentation va consister à placer dans les marais des huîtres sauvages collectées dans l'estran de la Pointe du Médoc, et de voir comment elles évoluent dans ce milieu. En clair, d'évaluer leur grossissement et leur décontamination.
=====================
Le 21 novembre 2011
Huîtres. «Ce sera pire en 2012 et 2013» (Le Télégramme)
Il y aura bien des huîtres à Noël, mais moins de travail pour les saisonniers. Le Carnacois Hervé Jenot, président du Comité régional de conchyliculture, fait le point sur la crise au sein de la profession. S'il ne désespère pas de l'avenir, il n'attend pas d'embellie avant plusieurs années.
Au déclenchement de la crise, en 2008, on avait dit qu'il n'y aurait plus d'huîtres en 2011...
Les médias ont dit ça, oui. Moi, je n'ai jamais dit ça. J'ai dit qu'il y aurait moins d'huîtres, et c'est ce qui est vrai. Sur le plan national, on produisait 130.000 tonnes avant la crise, et là on tombe à 70.000 tonnes. On est grosso modo à 50%. Au niveau du pays d'Auray, c'est encore 10% de moins environ, car on est impacté par le problème spécifique de la baie de Quiberon. Celle-ci représente à elle seule 2.500 des 3.000 hectares de parcs dans le coin.
Quel est le problème en baie de Quiberon ?
On y fait de l'élevage en eau profonde. Ce sont des huîtres qu'on sème dans des parcs à plat et qu'on récolte à la drague. Pour que ce soit rentable, il faut beaucoup de volume et du volume pas cher. Depuis 2008, étant donné que les juvéniles crèvent entre 70 et 80%, au moins au début, il n'y a plus de volume. Et comme il y en a peu il vaut très cher. En plus, on a actuellement trois prédateurs, le bigorneau perceur, l'étoile de mer et surtout depuis quatre-cinq ans, la dorade royale, qui se promène en bancs et qui peut manger des dizaines de tonnes. Au final, on a des prédateurs, un petit volume et une marchandise très chère. Du coup, les professionnels ont tendance à se rapatrier sur l'estran et à travailler les huîtres en poches.
Les prix vont-ils encore augmenter?
Est-on au pic de la crise après quatre années de surmortalité des juvéniles?
Non, la profession rentre tout doucement dans une période très dure. Ce sera pire en 2012 et 2013. Il y aura des soucis à se faire pour aider les entreprises à passer cette crise. Sachant qu'on n'a pas trouvé la sortie. On est sur des pistes, on est bien engagé, mais on n'a pas trouvé.
Rappelez-nous ces pistes...
Au niveau national, avec l'aide de l'État et d'Ifremer on a lancé plusieurs programmes pour essayer de changer de qualité d'huître en allant chercher à l'extérieur. On avait notamment une piste au Japon mais le tsunami a tout mis par terre. Donc pour l'instant ça n'a pas marché. L'huître des quatre saisons n'a pas marché non plus. On a aussi lancé un programme de plan de sauvegarde visant à faire de la sélection génétique à partir de celles qui ont survécu. Mais ça prendra du temps. Le quatrième programme, lui, a marché. L'État nous a autorisé à aller chercher des huîtres sauvages sur les rochers. Grâce à cela, beaucoup d'entreprises ont regarni leurs parcs. Dans ces sauvages, il y avait des juvéniles qui avaient passé le cap des mortalités et ça va faire des belles huîtres. Maintenant, ça ne va pas marcher ad vitam eternam. Des huîtres, on ne va pas en trouver des mille et des cents sur les rochers.
L'huître a l'origine d'une pensée reliant écologie et économie.....
L’Europe au chevet de l’ostréiculture, ou comment un zoologiste initie une première forme d’écologie économique (1870-1880)
Patrick Matagne. Université de Poitiers – IUFM Poitou Charentes, Laboratoire Ruralités
Cette communication est une contribution à l’histoire de la pensée écologique et économique, inscrite dans le contexte européen de la seconde moitié du XIXe siècle. A l’occasion d’une étude des causes de l’épuisement des bancs d’huître, le zoologiste allemand Karl August Möbius crée, en 1877, le néologisme biocénose, qui va devenir une des deux composantes de l’écosystème (l’autre est le biotope). Croisant les apports et les analyses des naturalistes et des économistes, il dénonce les effets néfastes d’une exploitation non durable des bancs d’huîtres. Il est aux racines d'une pensée reliant écologie et économie.
En 1869, le zoologiste allemand Karl August Möbius est envoyé en mission pour étudier l’ostréiculture. La situation est alors préoccupante. En Prusse comme en France, l’épuisement des bancs d’huîtres compromet l’avenir d’une activité littorale naissante.
Quelle est alors la situation de l’ostréiculture ? Quelles sont les causes de l’épuisement des bancs d’huîtres ? Comment restaurer la productivité ?
C’est à toutes ces questions que le gouvernement prussien demande au professeur Möbius de trouver des réponses. Le zoologiste, dans le cadre de cette mission, va développer une pensée qui relève d’une première forme d’écologie économique, qui le conduit à réfléchir à la durabilité de nos modes d’exploitation des ressources naturelles…. Suite Oeconomia
==================
Huître de Gironde : Un cadeau empoisonné ? (Sud Ouest)
Les ostréiculteurs de Marennes-Oléron pêcheront-ils jamais des huîtres de l'estuaire de la Gironde ? Rien n'est moins sûr.
Ces huîtres de gisements naturels sont chargées de cadmium, un métal lourd qui les rend impropre à la consommation. Mais, en aval, plus on s'éloigne du lit du fleuve et plus on avance dans le temps, plus la concentration fléchit pour se rapprocher des normes autorisant la mise en vente des creuses. Ainsi, après une transition par des zones saines, le produit parvient finalement à satisfaire aux exigences de la sécurité sanitaire. Une sorte de quarantaine salutaire qui est démontrée scientifiquement.
Le président du Comité régional conchylicole Poitou-Charentes y voit une aubaine pour compenser la baisse de production, celle qui résulte des surmortalités des jeunes huîtres.
Feu vert de l'administration
Gérald Viaud est donc parti en croisade. Il a rallié à sa bannière les services de l'État, afin qu'ils autorisent une réouverture encadrée de ces gisements naturels d'huîtres. Sous réserve du respect d'un protocole strict de pêche et de décontamination, l'Agence nationale de sécurité alimentaire (Anses, ex-Afssa), la Direction des territoires et de la mer, et l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) ont donné leur accord.
Il était ainsi convenu que les huîtres de l'estuaire seraient (re) parquées au pied du pont d'Oléron, sur des parcs qui font face au Château-d'Oléron. Et qu'elles ne seraient pas vendues avant plusieurs mois, pas avant que la concentration en cadmium soit repassée sous la norme sanitaire.
L'automne dernier, le sujet était sur les rails. Gérald Viaud annonçait la tenue d'une réunion d'information des professionnels avant la fin de l'année, et les premières pêches en estuaire au début de cette année. De réunion, il n'y en eut pas davantage que de pêche. Et ce même président du Comité régional conchylicole joue aujourd'hui la prudence. « Le sujet est en stand-by, commente-t-il. Nous l'aborderons lors de la prochaine session plénière du Comité régional, sûrement début février. Il faut voir comment cela va évoluer. Il y aura très certainement un vote… »
Pression des opposants
Pourquoi l'attentisme prend-il le pas sur l'enthousiasme ? Selon Gérald Viaud, « le Grand Port maritime de Bordeaux annonce de gros travaux. Je crains qu'ils ne remettent de mauvaises boues en suspension. » Mais, outre la rumeur des dragues et des pelleteuses, le bruit que son projet propage dans les cabanes lui est aussi revenu aux oreilles.
Au point que l'on se demande si ces voix professionnelles hostiles à la pêche en estuaire ne seraient pas sa première motivation à lever le pied.
Gérald Viaud s'en défend. « À cette pression, je peux opposer celle des partisans du projet qui me pressent pour aller pêcher ces huîtres. J'ai une centaine de demandes. A 62 ans, je n'ai pas d'état d'âme, et je ne comprends pas les arguments de ceux qui sont contre ; c'est un groupe qui a fait monter la purée ! »
Ostréiculteur dans le chenal d'Ors, sur la commune du Château d'Oléron, Benoît Massé dit toutes ses réserves sur le projet. « J'y suis farouchement opposé, pour une question d'image liée au cadmium. Si, pour un scientifique ou pour une personne qui connaît le sujet, les taux sont très faibles et que cela ne pose pas de problème - ce qui est certain -, que comprendra le consommateur ? Il verra l'image catastrophique d'une profession qui fait n'importe quoi pour essayer de s'en sortir. »
« Un risque pour l'image »
Le producteur oléronnais active la balance entre les avantages et les inconvénients. « L'administration a très bien encadré les choses. Le protocole est si contraignant que ne pourront être pêchées que de petites quantités d'huîtres, ajoute celui qui est membre de la commission du domaine public maritime au Comité régional conchylicole. Du coup, je ne vois pas l'intérêt de risquer d'altérer l'image de la profession pour sortir quelques kilos d'huîtres. Toutefois, si un vote est organisé et qu'une majorité de professionnels est pour cette pêche, je me rangerai à cette majorité. »
Son voisin Cyril Pain est sur la même longueur d'onde. Le producteur oléronnais, membres du conseil d'administration du Comité régional, évoque l'importance de la mobilisation contre le projet : « On ne peut pas la réduire à quatre ou cinq ostréiculteurs. Tous les jours, avant les fêtes, je recevais plusieurs coups de fil. Ça a commencé avec des gars du Château-d'Oléron, puis de Dolus et de la Seudre. J'ai demandé aux collègues les plus remontés contre le projet de se calmer, pour ne pas trop faire de bruit sur le sujet pendant les ventes des fêtes. » Un autre élément brouille la lisibilité du projet du comité, s'il s'entend comme une solution de secours apportée à l'urgence de soutenir la production. « Or, souligne cet autre fin connaisseur de l'ostréiculture charentaise qui préfère conserver l'anonymat, la rupture de production (liée aux surmortalités) qui était annoncée il y a trois ans pour 2011 n'a pas eu lieu. Et, pour 2012, pourra-t-on dire qu'il y aura des difficultés de production ? Quand on discute avec les professionnels, je n'ai pas l'impression d'un trou de production tel qu'il empêche de faire des affaires à la fin de cette année. Aussi, je comprends cette crainte de l'effet boomerang d'une pêche dans l'estuaire. La mesure devait, au départ, être positive pour la profession, mais elle pourrait être totalement négative pour l'image du produit. »
====================
Le 15 mars 2012
Comparons l'huître si bien élevée et sa sœur sauvage (Sud Ouest)
Les ostréiculteurs, face à la pénurie, pourraient se tourner vers le stock d'huîtres sauvages.
Souvent, les chercheurs cherchent dans leur coin sans que personne ne leur demande jamais rien. Et des fois, leurs thèses et leurs analyses rencontrent l'actualité. C'est le cas pour Flora Salvo. Cette jeune étudiante carcassonnaise de 28 ans a publié au printemps dernier une thèse qui devrait intéresser évidemment l'ostréiculture arcachonnaise. Le titre suffit à comprendre pourquoi : « Approche comparée des populations naturelles et cultivées d'huître japonaise Crassostrea gigas dans une lagune macrotidale (bassin d'Arcachon) : cycle biologique, relations trophiques et effets sur le benthos. »
Sur l'île aux Oiseaux
Au moment où l'ostréiculture arcachonnaise peine à sauver ses stocks amputés depuis plusieurs années par un virus herpès mortel, il est fortement question de s'intéresser aux huîtres sauvages du Bassin. Une étude toute récente commandée par la mission du parc naturel marin les a évalués à environ 65 000 tonnes (et 16 000 tonnes d'huîtres d'élevage).
La thèse de Flora Salvo ne pouvait donc pas mieux tomber. Elle est donc de Carcassonne. Elle a étudié à Toulouse, puis à Marseille, au Canada, et enfin à Bordeaux 1, et plus exactement à la station marine d'Arcachon depuis 2006. Soyons clairs, l'objet premier de sa thèse n'est pas vraiment l'huître en elle-même mais les différentes méthodologies employées pour étudier et comparer les huîtres sauvages et celles d'élevage. Reste que l'huître sauvage n'avait jamais été étudiée dans son milieu naturel.
Et il n'empêche que bien des observations se dégagent des études menées par Flora Salvo pendant tout de même cinq ans sur un point précis de l'île aux Oiseaux où se côtoient à la même hauteur huîtres d'élevage et huîtres sauvages.
Le travail, « laborieux » dixit Flora Salvo, a été considérable : prélèvements réguliers, échantillonnage, analyse de l'eau, étude minutieuse des sédiments tombés sous les huîtres ou des espèces présentes sous ces mêmes huîtres, comparaison des rejets des objets d'étude, au total 500 pages de textes, de tableaux, de courbes, etc.
Parlons de reproduction…
Inutile ici de revenir plus longuement sur les méthodes d'analyse qui, encore une fois, sont au cœur de cette thèse, attachons-nous plutôt à ce que l'étudiante a constaté.
Parlons d'abord de la reproduction. « L'effort de reproduction est plus faible chez les huîtres sauvages que chez les huîtres d'élevage, explique Flora Salvo. Parce que ces dernières sont plus charnues et donc plus fortes. Il faut dire que l'ostréiculteur met évidemment les huîtres dans des conditions optimales pour se développer. »
Rien n'indique ensuite que la laitance va mieux se féconder suivant que l'huître soit en culture ou laissée à son sort. « Ce qui est certain, c'est qu'elles pondent en même temps. Les conditions environnementales dictent la reproduction. »
Autre observation, « les bestioles qui vivent dans les sédiments sous les huîtres ne sont pas les mêmes suivant qu'elles évoluent sous une huître sauvage ou d'élevage. La vie est plus importante sous les récifs naturels d'huîtres. Ça indique que la culture de l'huître modifie l'environnement. Attention, il n'y a pas de jugement de valeur ici, c'est simplement une constatation qui ne dit pas si c'est positif ou négatif. On a aussi sous les cultures, des espèces non-originaires du bassin d'Arcachon. Mais il faudrait étendre l'étude à tout le Bassin pour en être sûr ».
La nourriture et le comportement sont les mêmes chez les deux types d'huîtres. Sauf que l'huître d'élevage mange plus que sa consœur. Et qu'elle est donc plus grosse et plus charnue.
==================
Pêche à pied. Interdite... mais tolérée ! (Le Télégramme)
Ce n'est pas nouveau, mais ce n'est pas su: la pêche à pied est interdite dans de nombreuses zones (presqu'île de Quiberon, et les îles notamment) où elle est pourtant pratiquée... et tolérée.
Zonage.
Un arrêté ministériel de 1999, explicité par des arrêtés préfectoraux révisés périodiquement (dans le Morbihan, le dernier remonte au 17février 2010), divise l'ensemble du littoral français en zones de pêche. Celles qui font l'objet d'une exploitation professionnelle importante sont classées zones de production de coquillages. Les autres sont dites non classées.
Interdictions.
Les zones de production font l'objet d'une surveillance sanitaire importante. Au gré des saisons et des prélèvements réguliers effectués, elles sont périodiquement interdites àla pêche, tant professionnelle que de loisir. Ce que l'on sait moins, c'est que les zones non classées, qui ne font l'objet d'aucune surveillance sanitaire, sont interdites du 1erjanvier au 31décembre. Et cela depuis treize ans!
La presqu'île, les îles, etc.
Dans le Morbihan, les zones non classées, et donc interdites à la pêche, ne sont pas de petites enclaves. On peut citer les îles de Groix, Houat, Hoedic et Belle-Ile ou encore la presqu'île de Quiberon, de Beg Rohu (Saint-Pierre-Quiberon) à la pointe du Conguel côté baie de Quiberon. Et côté océan, de la pointe du Conguel à la ria d'Étel. Rien que cela!
Tolérance.
Il suffit de se promener dans l'ensemble de ces zones un jour de grande marée ? comme hier ? pour se rendre compte que ces interdictions ne sont pas respectées. De fait, Pierre-Yves Morvan, le chef de l'Unité littorale des affaires maritimes (Ulam) du Morbihan, admet une large tolérance vis-à-vis des pêcheurs à pied de loisirs, dont il mesure qu'ils «ne sont pas au courant des interdictions». Seuls sont verbalisés ceux dont la pêche «dépasse manifestement en quantité la consommation familiale» et ceux qui ont prélevé «une quantité importante de coquillages sous taille».
Alerte en presqu'île.
Ce gentleman agreement, qui prévalait depuis des années entre pêcheurs et fonctionnaires chargés de la surveillance, vient d'être remis en cause côté baie de Quiberon entre Beg Rohu et la pointe du Conguel (environ 6km de côte). Les Affaires maritimes ont en effet été alertées «il y a un mois et demi» que des pêcheurs professionnels avaient investi cette zone afin d'y prélever de jeunes huîtres, dans le but de les revendre aux ostréiculteurs. Ces derniers ont en effet trouvé dans le prélèvement d'huîtres sauvages une parade à la surmortalité des naissains.
Dégât collatéral.
«Du coup, on a été obligé de s'y intéresser et de faire passer le message afin de mettre fin à cette pêche illicite des professionnels», explique Pierre-Yves Morvan. Et comme il n'est pas question d'autoriser aux pêcheurs de loisir ce qu'on interdit aux professionnels, les premiers, qui ne bénéficient plus de la mansuétude à laquelle ils étaient habitués, sont victimes d'une sorte de «dégât collatéral». Au moins pour quelque temps, ils ont tout intérêt à changer de coin s'ils ne veulent pas être forcés de remettre leur godaille à la mer. Benoit Siohan
==================
Ifremer 2012
Laboratoire Environnement-Ressources des Pertuis Charentais
Patrick Soletchnik, Philippe Geairon, Olivier Le Moine, Stéphane Robert
Pour télécharger le document, cliquer Ifremer
Résumé
Une évaluation des stocks d'huîtres sauvages est effectuée en 2010 au cours d'une campagne visant à mesurer le risque de contamination des huîtres sauvages par les huîtres d'élevage et inversement, dans le contexte de l'épidémie à herpes virus qui touche l'ostréiculture depuis 2008. L'investigation conduite sur 21 secteurs des pertuis charentais, incluant les cotes Ouest des îles de Ré et d'Oléron, font apparaître une très forte hétérogénéité de répartition des stocks d'huîtres sauvages, fortement concentrées à l'Est des pertuis Breton et d'Antioche. L'estimation faite à partir des 21 secteurs est d'environ 35000 tonnes d'huîtres sauvages; stock probablement sous estimé car certaines zones rocheuses modestes n'ont pas été étudiées. Quoiqu'il en soit, la présence de milliers de tonnes d'huîtres sur des secteurs d'estran rocheux facilement accessibles, constitue, en cette période de crise, plus un stock à exploiter qu'à détruire !
Introduction
Dans un contexte de pathologie d'origine virale, en lien avec l'environnement, il semblait indispensable de comprendre dans quelle mesure les stocks d'huîtres sauvages étaient ou non impliqués dans les processus de contamination, de « portage » du virus. Avant toute chose, il était donc nécessaire de connaître ces stocks. C'est l'objectif principal de ce rapport.
Estimation des stocks
Sur les 21 sites visités sur le pourtour des pertuis charentais, les biomasses d'huîtres sauvages sont comprises entre quelques tonnes et près de 15.000 tonnes pour le site de Nieul sur Seudre au sud du pertuis d'Antioche (ndlr erreur géographique). Les 4 sites exposés situés à l'Est de l'île de Ré et de l'île d'Oléron représentent moins de 100 tonnes. La plus grosse population d'huîtres sauvages est bien concentrée à l'Est des pertuis avec près de 20.000 tonnes à l'Est du pertuis Breton et plus de 10.000 tonnes à l'Est du pertuis d'Antioche. Le total d'huîtres sauvages ainsi estimé en 2010 est d'environ 35.000 tonnes.
Remarque personnelle : Les auteurs ont confondu Nieul/Mer (au Nord de La Rochelle) avec Nieulle/Seudre dans les marais de la Seudre. S'il y avait 15.000 tonnes d'huîtres sauvages en Seudre, tout le monde le saurait et ce serait la ruée ! D'après l'étude, il y a plutôt 800 tonnes d'huîtres sauvages en Seudre...
Discussion
Très tôt après l'importation de l'huître creuse dans les pertuis charentais au début des années 1970, Héral montre que la capacité trophique du bassin de Marennes Oléron est très vite atteinte, et que 100.000 tonnes d'huîtres en élevage constitue très certainement une limite à ne pas dépasser (Héral, 1986).
Les stocks d'huîtres en élevage dans le bassin de Marennes Oléron ont été évalués en 1984, 1985, 1986, 1987, 1988 à respectivement 69, 82, 90, 94 et 110.103 tonnes, montrant par là combien cette biomasse n'a cessé d'augmenter durant cette période (Héral, 1986 ; Bodoy et al., 1987 ; Bodoyet Geairon, 1988; Caryo, 1991). En 1992, le stock est estimé à 76.103 tonnes (Bodoy, comm. Pers.). Une estimation des huîtres élevées en « surélevé » réalisée en 2001 fait état d'un stock de 40 000 tonnes (Le Moine et al., 2002), bien inférieur aux estimations de stocks réalisées dans les années 80. Une nouvelle évaluation est en cours en 2011 . Concernant les filtreurs compétiteurs, Sauriau (1987) estime leurs stocks à 14.400 ± 3.000 tonnes dans le bassin de Marennes, à partir de 370 stations d'échantillonnage. Une nouvelle étude de stocks de compétiteurs est également en cours en 2011. Les huîtres sauvages, sur les parcs abandonnés, ont pu constituer des biomasses atteignant 20.103 tonnes en 1994 (Prou et al., 1994). A partir du milieu des années 90, des opérations d'entretien (dragage) du DPM (domaine public maritime) sont entreprises régulièrement, secteur par secteur, afin de contenir les compétiteurs.
Les stocks d'huîtres sauvages (hors DPM) ont été rarement estimés. Cette étude fait état d'un stock évalué (à partir de 21 stations de mesure), à 35.000 tonnes qui représenterait déjà près d'1/3 de la capacité trophique des pertuis charentais. En 1994, Prou (Prou et al. , 1994) estiment la biomasse d'huîtres cultivées à 95 000 tonnes et les stocks sauvages, hors concessions, de l'ordre de 3.000 tonnes dans le bassin de Marennes. Aujourd'hui les stocks seraient de l'ordre de 7.500 tonnes pour ce secteur. Dans le contexte de l'épidémie à herpes virus touchant le naissain depuis 2008, ces stocks, dont certains sont facilement accessibles (par exemple, le site de Nieul avec 16.000 tonnes) peuvent représenter pour la profession en difficulté, une opportunité d'approvisionnement en juvéniles et en huîtres de demi élevage.
Spatialisation des stocks d'huîtres sauvages : Les stocks d'huîtres sauvages les plus importants sont situés à l'Est des pertuis Breton, d'Antioche et du bassin de Marennes Oléron. Si ces sites sont plutôt euryhalins, car soumis à l'influence du fleuve Charente, ce sont également ceux qui concentrent le plus les larves émises à partir des stocks d'huîtres en élevage ou sauvages. Ainsi, le captage se concentrerait « naturellement » d'abord dans les secteurs les plus calmes d'un point de vu hydrodynamique.
Gros plan sur le déclin des bancs d'huîtres (Cordis)
Une équipe anglo-américaine de chercheurs dirigés par l'université de Cambridge au Royaume-Uni a réalisé une analyse quantitative sur une zone de bancs d'huîtres, une grande première dans ce genre d'étude. En collaboration avec le Nature Conservancy et d'autres institutions de recherche et agences de gestion, le groupe de Cambridge a déterminé la biomasse actuelle, ou le poids vivant des bancs d'huîtres de nombreux estuaires des États-Unis.
Leurs travaux, présentés dans la revue Proceedings of the Royal Society B, contribueront à l'intensification des efforts pour la restauration côtière. L'habitat des huîtres souffre depuis de nombreuses années, tant sur le plan spatial que temporel.
Les chercheurs font remarquer que la biomasse totale a diminué de 88% au cours du siècle passé, tandis que les zones de bancs d'huîtres ont diminué de 64%. Ils ont fait remarquer qu'une zone physique simple n'est pas un indicateur fiable de l'état de l'habitat.
Commentant les résultats de l'étude, l'auteur de l'étude, le Dr Philine zu Ermgassen de l'université de Cambridge explique que les données nous offrent un meilleur tableau historique des conditions environnantes dans les baies et estuaires, ce qui entraînera de meilleures activités de restauration.
«Les huîtres ont toujours été une ressource précieuse, même il y a un siècle quand les gouvernements avaient répertorié de vastes ancrages et développé des archives sur les habitats très importants et bien détaillés», explique le Dr zu Ermgassen. «Bien que moins répandues ici en Europe, les huîtres étaient si nombreuses, ici et aux États-Unis, qu'elles formaient de grandes structures, des bancs d'huîtres, qui s'étendaient depuis les fonds marins.
Grâce aux archives rassemblées il y a un siècle, nous avons pu quantifier avec précision les changements concernant les bancs d'huîtres au fil du temps. Les anecdotes se sont transformées en faits incontestables. Bien évidement, de nombreuses pertes ont été ressenties mais ce n'est qu'une partie de l'histoire. Nous avons aussi remarqué des changements au niveau de la densité et de la structure des huîtres restantes, démontrant qu'il s'agit d'un habitat nettement en déclin. Les gestionnaires et scientifiques doivent être très attentifs à la densité lorsqu'il s'agit d'établir des objectifs de restauration et de conservation.»
Commentaires