2010, année de la biodiversité. Préserver la biodiversité fait partie des priorités de la planète au même titre que diminuer les émissions de gaz à effet de serre. C'est préserver les espèces, les écosystèmes et tout ce qu'ils peuvent apporter à l'espèce humaine ; c'est concevoir une utilisation durable des ressources.
Toutes les actions en matière de gestion des pêcheries qui visent à limiter l’impact des activités halieutiques sur les ressources et les écosystèmes marins, sont autant de mesures pour protéger la biodiversité : sélectivité et interdiction des engins, époque et cantonnement de pêche,….
Cependant, la biodiversité marine dépend de multiples facteurs, des activités terrestres et autres activités littorales : urbanisation, tourisme, plaisance, agriculture, industrie,… avec des impacts parfois désastreux liés à certaines activités comme l’extraction de granulats, le bétonnage des côtes, l’assèchement des zones humides,…
Un exemple : La perte des herbiers marins à travers le monde
La perte des herbiers marins (ou prairie) à travers le monde influe directement sur les ressources halieutiques. Les prairies marines sont affectées par les impacts liés au fait que plus d’un milliard de personnes vivent à moins de 50 km des côtes. Ces prairies marines fournissent des « prestations vitales » : habitat pour des milliers de poissons, d'oiseaux et d'invertébrés. Dans les régions tropicales, ces prairies sont une importante source de nourriture pour les dugongs, les lamantins et autres tortues vertes, des espèces en voie de disparition.
Pour le moment, il n'y a pas eu d'évaluation précise de la perte globale d’herbiers dans le monde. Dans une première approche « Accelerating loss of seagrasses across the globe threatens coastal ecosystems », une équipe de chercheurs a estimé que les herbiers disparaissent à une vitesse de 110 km2 par an depuis 1980 et que près du tiers de la surface des prairies a disparu. Ces pertes sont comparables à celles des mangroves et des récifs corralliens. (Lire le très bon article : Les herbiers de Zostères marines du Bassin d'Arcachon)
Monnayer les services rendus par la biodiversité
« Les règles de notre société sont basées sur des règles économiques : de ce constat est née l’idée d’intégrer la biodiversité dans les questions économiques. Jusqu’à présent, nous avions adopté une approche patrimoniale. Elle a abouti à des résultats certes intéressants, tels que la constitution de réserves naturelles, mais limités puisque nous ne sommes pas parvenus à enrayer le déclin de la biodiversité. Cette approche n’est plus suffisante, l’ampleur de la crise actuelle d’extinction des espèces le montre. Pour influer sur les pratiques du secteur privé, il apparaît nécessaire d’adopter une logique économique. »
La méthode privilégiée à l’heure actuelle repose sur l’estimation du coût du « service rendu » par la nature. Par exemple, la valeur des zones humides peut être estimée à partir de leur fonction d’épuration des eaux usées et de prévention des inondations. Dans les années 90, la ville de New-York a ainsi réalisé de fortes économies en renonçant à construire une station d’épuration et en optant pour la restauration des milieux naturels sur ses bassins versants.
Le projet européen TEEB (The economics of ecosystems and biodiversity) propose d’évaluer le prix de l’inaction face à l’érosion de la biodiversité. Il faut en effet renforcer les connaissances scientifiques sur l’évaluation des services rendus par les écosystèmes pour pouvoir intégrer ce coût dans l’analyse financière des projets d’entreprises.
Le chef du projet TEEB, M. Pavan Sukhdev, a déclaré pour sa part que : « le processus alarmant de destruction des écosystèmes et de la biodiversité tient en grande partie à leur absence de visibilité économique, alors que, justement, leur valeur économique pour nos sociétés est inestimable. Les ressources naturelles dont nous disposons (notre capital naturel) sont tout aussi importantes que celles que nous créons (notre capital matériel). La reconnaissance et la prise en compte de la valeur que représentent les bénéfices que ce capital naturel rapporte à la société doivent devenir une priorité stratégique.»
La nature : un investissement rentable
Le rapport TEEB démontre qu’il peut être très rentable d’investir dans la protection des écosystèmes. En effet, la nature sous-tend un large éventail de secteurs économiques et multiplie les possibilités de croissance à long terme. La nature a la capacité de fournir des prestations vitales, telles que la protection des côtes ou la régulation du climat, pour un prix souvent inférieur aux investissements dans des solutions technologiques. Quant aux zones protégées – pierre angulaire de nos politiques de conservation – elles ne sont pas seulement salutaires pour la nature ; elles peuvent aussi engendrer des bénéfices substantiels. En Écosse, on estime que les bénéfices publics de la protection du réseau Natura 2000 (le réseau européen de zones protégées) sont trois fois supérieurs aux coûts correspondants.
Autres articles :
- De Rio à Nagoya, les enjeux de la diversité biologique
- Marais, tourbières, prairies humides, lagunes, mangroves,….
- Gironde : les pêcheurs du plus grand estuaire d’Europe s’expriment…
- La plaisance à la barre des journées de la mer…
- Grenelle de la mer : Régler le compte des pêcheurs !
- Les scientifiques prédisent la disparition des récifs coralliens
- Communiqué du PNUE : Avis aux Aménageurs durables
- Pêche et conchyliculture face aux espèces invasives
- Importance des pêcheries dans les récifs artificiels
- Portail Européen de la Biodiversité : BISE (Biodiversity Information System for Europe)
- Rapport TEEB : Téléchargement
- Les rapports TEEB sont disponibles à l'adresse suivante : http://www.teebweb.org/
- Très bon article sur le bassin d'Arcachon : Les herbiers de Zostères marines du Bassin d'Arcachon - La Zostère marine (Zostera marina), aussi appelée herbe de mer ou varech marin, de la famille des Zosteraceae, est une plante à fleur aquatique qui se rencontre sur les fonds marins sableux ou sablo-vaseux de l’hémisphère Nord. Cette plante, qui a failli disparaître de l’océan Atlantique dans les années 1930 et accuse actuellement une régression de population, fut une source de nourriture pour les Amérindiens et continue d’avoir, de nos jours, un rôle écologique important par son aptitude à former des herbiers....
- Réflexion de Christian Lévêque (IRD) : Biodiversité - " Les espèces naissent, prospèrent puis disparaissent " (Science et avenir)A l'occasion de l'année de la biodiversité, l'institut de recherche pour le développement (IRD) organise à Marseille un cycle de conférences mensuelles. Premier intervenant, Christian Lévêque, hydrobiologiste, évoque les menaces pesant sur la biodiversité, le rôle de l'Homme et les mesures à mettre en œuvre pour préserver les espèces menacées.Sciences-et-Avenir : Quelles sont les menaces qui pèsent sur la biodiversité ?Christian Lévêque (1) : On classe généralement les menaces sur la biodiversité en quatre grandes catégories : la pollution, la destruction d'habitat, la surexploitation et les introductions d'espèces qui peuvent concurrencer les espèces autochtones. Cela est vrai, c'est l'aspect factuel, mais si on regarde un peu plus loin, les raisons de l'érosion de la biodiversité sont dans les comportements sociaux. Ce qui est en cause, c'est le profit à court terme : on exploite le plus vite possible pour faire le plus d'argent rapidement. C'est la corruption qui existe dans tous ces domaines de protection des ressources naturelles. Et c'est la pauvreté, dans les pays les plus démunis la biodiversité est une source de profit que ce soit par la surexploitation ou par le braconnage.....
- La zone la plus riche de l'estuaire de la Loire, entre Cordemais et Donges, est fragilisée. Au fil des siècles, les deux tiers des vasières ont été supprimés par les aménagements successifs. Et les poissons disparaissent.Les raisons ? Sans doute la marée noire, le climat... Les solettes et les éperlans manquent notamment à l'appel. Problème : les futures captures des pêcheurs naissent ici.« La densité des poissons est la plus faible de toutes les campagnes effectuées dans l'estuaire de la Loire », a révélé, hier, l'universitaire Anne-Laure Barillé en présentant les résultats d'une opération de chalutage scientifique réalisée entre juin et octobre 2008. C'était à Nantes, devant le Syndicat mixte pour le développement de l'aquaculture et de la pêche en Pays de la Loire (Smidap).....
- Dans le cadre de l'année internationale de la biodiversité (AIB), l'université Goethe de Francfort-sur-le-Main vient de mettre en ligne (et en libre accès) un dossier reprenant de nombreux documents de référence dans le domaine de la biodiversité. La plupart de ces documents sont en anglais.Cette sélection provient de la bibliothèque technique vifabio, une ressource spécialisée en sciences naturelles. En plus des nombreuses définitions et des ouvrages disponibles, le dossier en ligne liste également plusieurs sites internet (ex : page de la campagne officielle de l'AIB) ainsi qu'un calendrier des manifestations organisées dans le cadre de cet évènement international. Soutenu par l'Agence allemande de moyens pour la recherche (DFG), le projet de banque de données vifabio a été développé par la bibliothèque universitaire Johann Christian Senckenberg en partenariat avec d'autres bibliothèques ainsi que des organisations spécialisées en biologie.Le catalogue est disponible à l'adresse suivante (en anglais et en allemand) : http://www.vifabio.de/iyb2010/?lang=enhttp://www.vifabio.de/iyb2010/
Les ressources génétiques marines : un potentiel exceptionnel à protéger ! (Ifremer)
Une étude conjointe du CSIC (Espagne) et de l'Ifremer, parue dans le dernier numéro de Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), souligne l'urgence de la mise en place d'un cadre légal international pour la protection de la biodiversité en Haute mer et l'utilisation des ressources génétiques marines. En effet, les avancées technologiques récentes dans l'observation et l’échantillonnage de l'océan ont permis le développement considérable de la bioprospection de zones vierges d'exploration en Haute mer.
Conséquence : une augmentation spectaculaire du nombre de brevets et d'applications associées à des gènes d'organismes marins. Aujourd'hui, l'augmentation du nombre de brevets issus de ressources génétiques marines est dix fois plus rapide que la description de nouvelles espèces marines....
Parlement européen : Rapport sur la mise en œuvre de la législation européenne visant à la protection de la biodiversité (Parlement européen)
Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire / Rapporteure: Esther de Lange
Les entreprises face à l’érosion de la biodiversité : Une étude du WWF-France
Cette étude offre aux entreprises un outil de sensibilisation pour « penser globalement » et « agir localement » au regard de la biodiversité. Car si la biodiversité peut être complexe, les solutions concrètes pour améliorer la situation le sont souvent beaucoup moins.
Les entreprises sont au cœur des enjeux environnementaux à la fois par leurs impacts et dépendances, mais également par leur capacité à contribuer à une solution globale. Cependant, les outils pour les aider sont encore rares aujourd’hui. Le WWF-France a donc souhaité apporter son expertise aux décideurs politiques et économiques afin d’agir concrètement pour la restauration et la préservation du vivant…..
Téléchargez l'étude en cliquant Ici
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Présenté par Mme Geneviève Gaillard, Députée.
Assemblée nationale
Avril 2011
Rapport d’information déposé en application de l’article 145 du Règlement par la mission d’information relative aux enjeux et aux outils d'une politique intégrée de conservation et de reconquête de la biodiversité
Au nom de la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire et présenté par Mme Geneviève Gaillard, Députée :
Notre pays – et cela est essentiel –, a une situation et une responsabilité particulières en matière de protection de la biodiversité.
Notre territoire héberge, en effet, avec ses collectivités ultramarines, plus du tiers des espèces recensées au niveau mondial. La France est, par ailleurs, le seul État présent dans 5 des 25 « points chauds » de la biodiversité, ces espaces qui accueillent une combinaison d’écosystèmes à la fois riche et rare, la Méditerranée, les Caraïbes, l’Océan indien, la Nouvelle-Calédonie et la Polynésie. Une partie de son territoire – la Guyane – fait, par ailleurs, partie d’une des zones forestières majeures, l’Amazonie, considérée par la communauté scientifique comme le « poumon du monde ».
Avec 11 millions de km2, le domaine maritime français occupe la deuxième place mondiale. Au sein de ses collectivités ultramarines, notre pays abrite 55 000 km2 de récifs coralliens – soit 10 % du total mondial, ce qui le place à la quatrième position mondiale, mais aussi 20 % des atolls et 6 % des monts sous-marins, dont l’importance pour la biodiversité marine a récemment été découverte. Notre espace national renferme des écosystèmes particulièrement riches. Sur l’île de Rapa en Polynésie française vivent, sur un territoire représentant 40 % de celui de Paris intra-muros – environ 40 km2 – plus de 300 espèces endémiques, c’est-à-dire dont l’évolution est liée à un espace particulier. La richesse floristique et faunistique de la Nouvelle-Calédonie, sur un territoire d’une superficie de 16 360 km2, soit trois départements de taille moyenne est, de la même façon, comparable à celle de l’ensemble de l’Europe continentale.
« Par ailleurs, pour ce qui concerne le territoire uniquement, la France métropolitaine est un carrefour biologique pour l’Europe, avec quatre des huit principales zones biogéographiques (atlantique, continentale, méditerranéenne, alpine) », comme le souligne un récent rapport du Centre d’analyse stratégique....
La biodiversité constitue donc, en quelque sorte, « l’assurance-vie de la vie elle-même ».
Le présent rapport, sans chercher quelque exhaustivité, se propose d’explorer précisément ce domaine tout à fait majeur et passionnant qu’est la protection de la biodiversité....
Pour télécharger le document, cliquer Ici
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Revue de presse :
- 17 janvier 2010 :
Depuis le 1er juillet 2009, la France, en coopération avec Monaco, et conjointement avec les Samoa assure la présidence de l’Initiative Internationale pour les Récifs Coralliens (ICRI) et ce jusqu’en décembre 2011. La France et les Samoa prennent ainsi la suite des États-Unis et du Mexique. La première Assemblée générale de cette présidence s’est tenue à Monaco du 12 au 15 janvier 2010.
Les récifs coralliens et leurs écosystèmes associés constituent un emblème de la biodiversité de part leur diversité et leur importance dans le fonctionnement écologique global mais également pour leur apport en terme socio-économique (pêche, tourisme...) et dans le développement de hautes technologies médicales. Les coraux fournissent 120 milliards d’euros de « services » à l’humanité chaque année au niveau mondial…..
La France qui compte à elle-seule 57 000 m2 de récifs coralliens et de lagons (10 % de la superficie mondiale), porte une responsabilité mondiale en matière de conservation de la biodiversité corallienne....
« Les récifs coralliens sont un enjeu majeur pour la conservation de la biodiversité littorale et marine. Ils représentent en effet 95 % de la biodiversité côtière nationale et constituent une richesse naturelle inégalée en Europe. Il est de notre devoir de les préserver et il y a urgence à le faire en intervenant tant sur les causes de la dégradation, comme l’amélioration de l’assainissement , la maîtrise des pollutions, la diminution de l’effort de pêche... que par des outils de connaissance, de protection des aires marines concernées et des espèces menacées et de gestion intégrée des activités humaines sur la mer et le littoral », explique Jean-Louis BORLOO, ministre d’État, ministre de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de la Mer, en charge des Technologies vertes et des Négociations sur le Climat.
La réunion a permis l’élaboration de propositions pour une préservation des récifs coralliens et écosystèmes associées pour la région Caraïbe, et de recommandations, pour une limitation des impacts des pêcheries en milieu récifal, un groupe de travail a notamment été constitué sur cette problématique. Pour sa part la France a proposé d’accueillir le prochain colloque international sur la gestion des écosystèmes marins tropicaux (ITMEMS) en Guadeloupe en 2011....
- Le 28 mars 2010
Les Nations unies ont proclamé 2010 Année internationale de la diversité biologique. D’après son site Web officiel, « C’est une célébration de la vie sur la Terre et de la valeur de la biodiversité pour nos vies. Le monde est invité à prendre des mesures en 2010 pour sauvegarder la diversité de la vie sur Terre : la biodiversité ». La biodiversité y est présentée comme notre « richesse naturelle », celle dont nous dépendons pour obtenir « aliments, combustibles, médicaments et d’autres éléments indispensables » sans lesquels nous ne pourrions pas vivre.Nous sommes d’avis que, tout en étant vrai, ce qui précède ne parvient pas à refléter toute l’importance de la diversité biologique. Nous estimons nécessaire de préciser que les êtres humains font partie de la biodiversité de la Terre, non seulement en tant qu’usagers – et exploiteurs – mais aussi en tant que dépositaires d’une grande diversité de cultures, dont beaucoup possèdent des connaissances profondes sur l’utilisation durable de la biodiversité. Certaines de ces cultures ont déjà été anéanties,....
- Le 4 mai 2010
Le Point Sur….. La biodiversité remarquable en France : résultats de la première évaluation des habitats et espèces d'intérêt communautaire (Le Point sur n° 48) - avril 2010
La première évaluation de l’état de conservation des habitats et espèces parmi les plus menacés d’Europe a été réalisée par les États membres dans le cadre de la mise en oeuvre de la directive « Habitats, Faune, Flore ». Couvrant la période 2001-2006, elle révèle que la part des habitats et des espèces d’intérêt communautaire en bon état de conservation en France est faible. Ce premier bilan de santé constitue un état de référence auquel seront confrontés les résultats des futures évaluations.
Derrière le titre flatteur : La biodiversité remarquable en France : résultats de la première évaluation des habitats et espèces d’intérêt communautaire du document publié en avril 2010 par le Commissariat général au développement durable, se cache une toute réalité de l’état de conservation de la biodiversité en France.
La première évaluation de l’état de conservation des habitats et espèces parmi les plus menacés d’Europe a été réalisée par les États membres dans le cadre de la mise en oeuvre de la directive « Habitats, Faune, Flore ». Couvrant la période 2001-2006, elle révèle que la part des habitats et des espèces d’intérêt communautaire en bon état de conservation en France est faible : un habitat sur six et une espèce sur cinq. Les situations les plus défavorables sont observées pour les habitats marins, littoraux, dunaires, aquatiques et humides ainsi que les amphibiens, les poissons et les mollusques. Ce premier bilan de santé constitue un état de référence auquel seront confrontés les résultats des futures évaluations.
Le document montre que les habitats liés aux zones humides sont particulièrement dégradés et que les espèces de ces écosystèmes sont menacées. Malheureusement, certaines évaluations n’ont pu être conduites, surtout pour les espèces marines (62 % en Méditerranée et 80 % en Atlantique)
Parmi les vertébrés les plus en danger, on trouve les amphibiens (55 % en mauvais état) et les poissons (66 % en état défavorable). Chez les invertébrés, la situation apparaît très défavorable pour les crustacés et les mollusques. Enfin parmi les insectes, les papillons et les libellules sont les plus fragilisés. Notons que certaines évaluations n’ont pu être conduites, surtout pour les espèces marines (62 % en Méditerranée et 80 % en Atlantique), les chauves-souris (60 %) et les invertébrés. Par rapport à l’Europe, la situation française est néanmoins similaire, voire meilleure pour le nombre d’espèces en bon état.
L’agriculture, l’industrie et l’urbanisation en cause
Les activités agricoles et forestières (19 %), les processus naturels tels érosion et incendies (17 %), les changements des conditions hydrauliques induits par les activités humaines (16 %) et l’urbanisation et l’industrialisation (13 %) sont les 4 principales pressions et menaces listées pour les habitats.
L’agriculture et la sylviculture (27 %) constituent également la première menace pour les espèces, devant l’urbanisation et l’industrialisation (14 %), les processus naturels -espèces invasives, maladies etc. (13 %). D’autres activités comme la pollution, les transports et le tourisme figurent également parmi les facteurs d’influence négatifs.
La prochaine évaluation, qui portera sur la période 2007-2012, est attendue pour 2013. Elle permettra de préciser l’évolution de la biodiversité remarquable à partir de ce premier état des lieux. Journal de l'environnement : La biodiversité remarquable en France : un diagnostic alarmant)
- Le 7 septembre 2010 : Consultation biodiversité
Diversité aquatique : une richesse inexploitée (FAO)
Voir le texte du parlement européen : Rapport sur la mise en oeuvre de la législation européenne visant à la protection de la biodiversité (2009/2108(INI)) Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire / Rapporteure: Esther de Lange / 25.8.2010 ou Cliquer Ici
- Le 12 septembre 2010
- Le 17 septembre 2010 : WWF teste la biodiversité
- Le 18 septembre 2010 : Proposition et discussion sur la biodiversité au Parlement Européen avant l'adoption du rapport final
- 20 septembre 2010
Enrayer la perte de biodiversité d'ici 2020 (Parlement Européen)
Les députés regrettent profondément que l'objectif d'enrayer la perte de biodiversité d'ici 2010 n'ait pas été atteint pour l'instant et estiment que le maintien de la biodiversité devrait être pris en compte dans l'ensemble des politiques de l'UE, selon un projet de résolution qui doit être voté mardi. Le texte souligne également l'importance des sociétés privées pour la protection de la biodiversité et la nécessité d'incorporer les coûts et les risques externes. Un rapport d'évaluation établi en 2008 par la Commission européenne conclut que 50 % des espèces et jusqu'à 80 % des habitats en Europe sont menacés, et plusieurs études estiment que l’impact de la perte de biodiversité sur la prospérité, qui se chiffre actuellement à quelque 50 milliards d'euros par an, passera à 14 000 milliards d'euros, soit 7 % du PIB annuel estimé, en 2050. Suite…..
Les entreprises sont au cœur des enjeux environnementaux à la fois par leurs impacts et dépendances, mais également par leur capacité à contribuer à une solution globale. Cependant, les outils pour les aider sont encore rares aujourd’hui. Le WWF-France a donc souhaité apporter son expertise aux décideurs politiques et économiques afin d’agir concrètement pour la restauration et la préservation du vivant. Présenté aujourd’hui à l’occasion de l’université de rentrée du WWF, cet outil de sensibilisation est téléchargeable gratuitement en fin d’article.
Un outil de sensibilisation à l’usage des entreprises - Isabelle Autissier, Présidente du WWF-France et son Directeur Général Serge Orru nous expliquent pourquoi cet outil a été mis en place : "La biodiversité n’a pas de prix mais une valeur infinie, celle de la vie et des conditions de sa survie. En effet, la biodiversité est à l’origine de biens et de services indispensables aux sociétés humaines (oxygène, nourriture, médicaments, vêtements, régulation des maladies et du climat, stockage des gaz à effet de serre, services culturels…).....
Le 28 septembre 2010 : la biodiversité n'a pas de prix
Université d’été du WWF 1 – Chiffrer la biodiversité : l’indispensable imposture ? (Ecoloinfos)
En 2006, la publication du Rapport de Nicholas Stern, ancien vice-président de la Banque mondiale, avait fait grand bruit en chiffrant les conséquences économiques du changement climatique. Enfin, la dimension économique arrivait dans le débat et attirait ainsi l’oreille des médias et des décideurs. En 2008, le Rapport de Pavan Sukhdev, chiffre à son tour l’économie des écosystèmes et de la biodiversité (EEB), phase considérée comme indispensable pour avancer dans les politiques de préservation, dont l’échec depuis 40 ans est unanimement – et tristement – reconnu par l’ensemble des acteurs du secteur.
Mais peut-on donner un prix la biodiversité ? Sandrine Bélier, députée européenne, membre de la commission environnement, Joshua Bishop, économiste en chef de l’IUCN Claude Anne Gauthier, responsable du Pôle International, Europe et outre-mer, et de la Fondation pour la Recherche sur la Biodiversité et Jacques Weber, directeur de recherche au Cirad, en discutaient autour de Jacques Mirenowicz, directeur de La Revue Durable à l’Université du WWF du 16 septembre 2010 « Biodiversité et entreprise »…..
Quand on achète du poisson, la seule chose gratuite c’est le poisson !
Mais notre système est ainsi fait que la création de richesse dépend de la destruction du milieu naturel. Il ne peut en être autrement dit Jacques Weber. Pourquoi ? Parce que dans notre système économique actuel, le travail est coûteux, la production est coûteuse mais la ressource est gratuite ! Par exemple quand on achète du poisson, on ne paie pas le poisson, il est gratuit, on ne paie que le coût de la capture. De la même façon pour toute ressource prélevée : on ne paie pas à la Terre le pétrole que l’on prélève. On paie le forage, le raffinage, le transport, la taxe, les pots de vin, les milices, la guerre en Irak (euh non, ce n’était pas dans la conférence, je me laisse déborder…)… mais pas le pétrole. Comment ainsi préserver la nature dans un monde où il est rentable de la détruire ? Pour J. Weber, le grand défi est de passer à un système où il est logique de la préserver. « Si on fait cela, toute la logique change ensuite ».
Faut-il donner un prix à la nature ?....
La biodiversité européenne en crise (Parlement européen)
Près de la moitié des mammifères est menacée d'extinction en Europe, et la situation est semblable pour les oiseaux. Cette situation inquiétante est soulignée par la Néerlandaise Esther de Lange (Parti populaire européen) dans un rapport qui sera débattu lundi 20 septembre. « Tout ce qui est précieux est sans défense », explique-t-elle en citant le poète Lucebert (1924-1994). Le débat dans l'hémicycle strasbourgeois se déroulera peu avant l'ouverture d'une conférence des Nations unies sur la biodiversité - et alors que l'année 2010 a été déclarée Année de la biodiversité.....
L'Europe se mobilise pour sauvegarder et rétablir la biodiversité (Net Iris)
Alors que l'année 2010 a été déclarée "Année de la biodiversité" en Europe, le constat est sans appel. Près de la moitié des mammifères, des poissons d'eau douce et des oiseaux est menacée d'extinction en Europe. D'ici une quarantaine d'années, de nombreuses espèces pourraient avoir totalement disparu.
"Des espèces comme le lynx au Portugal ou le campagnol des pins de Bavière ont quasiment disparu", indique l'eurodéputé Esther de Lange dans un rapport.
Et pourtant, l'Union européenne assure depuis près de 10 ans, la sauvegarde de la biodiversité et des écosystèmes dans le cadre du projet Natura 2000, un réseau de zones naturelles protégées.
Les eurodéputés ont estimé que les ambitions de Natura 200 n'étaient pas suffisantes et que la défense de la biodiversité devait être intégrée à la Politique agricole commune (PAC), à la politique de la pêche, à la politique de développement régional et à la politique en matière de recherche pour être efficace.
Dans une résolution adoptée la semaine dernière, le Parlement européen entend enrayer la perte de la biodiversité et restaurer les écosystèmes d'ici à 2020. Pour y parvenir, il invite les Etats membres à mettre pleinement en oeuvre l'article 6 de la directive Habitats.
Il demande également à la Commission d'adopter un modèle de réseau d'aires marines protégées (AMP) permettant de concilier préservation de l'environnement et pratique d'une pêche durable.
Les eurodéputés invitent également la Commission à garantir une "meilleure intégration de la biodiversité dans les autres politiques et domaines d'action européens", à savoir : l'agriculture, la sylviculture, la pêche, la politique et cohésion régionales, l'énergie, l'industrie, les transports, le tourisme, la coopération au développement, la recherche et l'innovation.
Ils proposent aussi de créer une plate-forme scientifique intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, sous l'égide du Programme des Nations unies pour l'environnement.
Enfin, la résolution propose de renforcer la directive concernant l'évaluation des incidences sur l'environnement, afin "de parvenir à une stabilisation, voire, le cas échéant, à un accroissement de la biodiversité". Cela passerait par exemple par l'introduction d'exigences particulières en matière de surveillance continue des effets sur la biodiversité des différents projets (ex : construction d'une route, champ d'éoliennes, etc.).
Soulignons que la France adhère pleinement à ces propositions, puisque dans le cadre du Grenelle de l'environnement, la préservation de la biodiversité constitue une priorité, et qu'unréseau d'aires marine protégées en haute-mer pour la protection de l'Atlantique, a récemment vu le jour.
Résolution du Parlement européen du 21 septembre 2010 sur la mise en œuvre de la législation européenne visant à la protection de la biodiversité (2009/2108(INI))
Commission de l’environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire / Rapporteure: Esther de Lange
36. invite instamment la Commission à mettre davantage l'accent sur les services écosystémiques dans sa future stratégie en faveur de la biodiversité et dans le cadre de Natura 2000, tout en poursuivant et en renforçant ses efforts pour parvenir à un état de conservation favorable des espèces et de leurs habitats;
Intégration dans d'autres domaines d'action
37. est convaincu que, si le réseau Natura 2000 en milieu terrestre et marin n'est pas le seul instrument européen de conservation de la biodiversité, la politique de l'Union européenne en faveur de la biodiversité ne peut faire l'économie d'une approche plus intégrée;
38. invite dès lors la Commission à garantir une meilleure intégration de la biodiversité dans les autres politiques et domaines d'action européens – agriculture, sylviculture, pêche, politique et cohésion régionales, énergie, industrie, transports, tourisme, coopération au développement, recherche et innovation, etc. – en vue de dégager des synergies et de renforcer la concordance des politiques sectorielles et budgétaires de l'Union européenne; souligne les grandes possibilités qui existent, en particulier dans la politique agricole commune, la politique régionale et la politique commune de la pêche, d'accorder une plus grande priorité à la biodiversité;
39. souligne le lien qui existe entre la gestion des eaux et la biodiversité comme élément essentiel pour le maintien de la vie et pour le développement durable;
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52. salue la réforme de la politique commune de la pêche (PCP) en cours de préparation et invite la Commission à intégrer les critères relatifs à la biodiversité dans ses futures propositions législatives; souligne en outre la possibilité d'élaborer, à titre d'alternative à la pêche, des modèles d'aquaculture durable conformes aux grandes lignes énoncées par la Commission dans sa communication intitulée "Construire un avenir durable pour l'aquaculture" (COM(2009)0162) et à la position exprimée par le Parlement européen dans sa résolution du 17 juillet 2010;
53. constate que les outils les plus importants pour atteindre les objectifs en matière de biodiversité dans le milieu marin, outre les directives "Habitats" et "Oiseaux", sont la directive-cadre sur l'eau pour les eaux côtières et la directive sur la stratégie pour le milieu marin pour toutes les eaux marines;
54. estime que la réduction des rejets doit être un objectif majeur de la PCP et demande à la Commission d'identifier les causes des rejets et d'élaborer des solutions spécifiques à chaque pêcherie, notamment par la mise en place de quotas multispécifiques ou de quotas de biomasse par la sélectivité des engins, comme la généralisation de la maille carrée, et par la gestion spatiale des stocks;
55. estime que les organisations régionales de gestion des pêches (ORGP) sont responsables de la gestion des pêcheries et qu'elles sont garantes de la pêche responsable en haute mer; estime qu'il est donc essentiel de renforcer leurs pouvoirs, notamment en ce qui concerne les contrôles et les sanctions dissuasives, et qu'il incombe en premier lieu aux ORGP de gérer les stocks de certaines espèces marines importantes sur le plan commercial et d'imposer le recours aux certificats de capture;
56. souligne la nécessité d'actions supplémentaires dans le domaine de la gestion intégrée des zones côtières (GIZC) et de la planification de l'espace maritime, celles-ci pouvant constituer des éléments importants pour une démarche participative fondée sur l'écosystème, en garantissant la préservation et la gestion durable des ressources marines et côtières, dans le respect des processus naturels et de la capacité de charge des écosystèmes;
57. souligne l'importance de veiller à la pleine mise en oeuvre de la directive-cadre sur l'eau en raison du recul significatif de la biodiversité aquatique et de la dégradation des écosystèmes d'eau douce, et souligne la nécessité d'inscrire la lutte contre le déclin de la biodiversité dans les plans de gestion des bassins hydrographiques;.....
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Le 20 juin 2011
Sein : Une mine... sous la mer
Par décret publié au journal officiel le 22 mai, le Premier ministre, François Fillon vient d'accorder à la société quimpéroise Les sabliers de l'Odet la «concession de Kafarnao» au sud-ouest de l'île de Sein. Ce titre minier pour l'extraction de 65.000m³ par an pendant dix ans de sable coquillier doit être complété par des études d'impact avant l'exploitation effective de la mine sous-marine. Le maire de Sein et le comité local des pêches d'Audierne sont opposés à cette concession qui a fait l'objet d'un vote favorable du Parc naturel marin d'Iroise en 2008. Source : Le Télégramme
Concession minière à Kafarnao. La réaction d'un Sénan
Paul-Yves Guilcher, habitant sur l'Ile de Sein, a réagi à notre article «une concession minière à Kafarnao» publié le 31mai dernier. Extraits. «Le haut-fond Fouquet était un lieu de pêche privilégié des pêcheurs sénans jusqu'en 1988. Cette zone de pêche très poissonneuse appelée "Kafarnao" devait son nom aux nombreux bancs de sable coquillé qui s'imbriquaient entre eux asymétriquement et dans un grand désordre (capharnaüm) à l'opposé des autres bancs situés en mer d'Iroise. Ces bancs au nombre de neuf, ont tous un nom, bien sûr nos ancêtres ne s'exprimant pratiquement qu'en langue bretonne, c'est tout naturellement que ces bancs ont des appellations bretonnes: banc Moant dar bis, banc d'Ar Bis, banc Julig Laou, Banc Jean Boulavré, banc Ret, banc Voan, banc d'ar sud Pen da reter and pen dar Miarven. Dans le noroît, nous trouvons également une zone de ridens appelés Bouloudennou dar gualarn», écrit-il.
«La richesse de la population sénane»
«Les pêcheurs sénans pratiquaient une pêche douce et pêchaient sur cette zone uniquement avec des palangres et ramenaient: turbots, raies douces, lieux jaunes... Ces bancs ont fait la richesse de la population sénane durant des décennies... N'en déplaise à Ifremer, organisme d'État, qui déclarait en 1985 que ces bancs n'étaient pas poissonneux...». «Ces dunes sous-marines, d'une hauteur de 40 m sont à notre avis une première barrière naturelle contre la houle océanique. Force est de constater que les structures de protection de notre île subissent de gros dégâts lors des tempêtes et ce depuis une quinzaine d'années. Lors de la première autorisation de prélèvements accordée (1988) aux Sabliers de l'Odet, malgré bien des oppositions, il était entendu que ces prélèvements se feraient au moyen d'une "benne preneuse". Nous n'étions pas dupes et savions que cette méthode ne serait pas exploitable dans ces parages et craignions déjà, à l'époque, un prélèvement par pompage qui n'épargnerait pas la biocénose. Nos craintes étaient justifiées car nous connaissons depuis longtemps leurs méthodes de prélèvement. Combien de tonnes ont déjà été prélevées en vingt ans?».
«Saccage de ces bancs par les extractions»
«Ces bancs de sable sont un lieu de frayère, une nourricerie et le refuge des alevins de toutes espèces. Les lançons y foisonnent et attirent les prédateurs tels que bars, raies, turbots, barbus... Je devrais utiliser mes arguments à l'imparfait, car depuis le saccage de ces bancs par les extractions, le poisson bien sûr se raréfie. Il faut donc stopper ces pompages et classer cette zone Natura 2000 pendant une période de cinq ans afin que la faune retrouve son habitat». «Vous nous apprenez dans votre article que des études d'impact approfondies sont en cours. Mais quel organisme d'État effectue cette étude? Qui paye ces études? Nul doute que si c'est l'entreprise intéressée, l'expertise lui sera favorable. Il ne nous restera plus qu'à espérer alors que, cette fois, le comité de gestion du Parc marin prendra conscience de l'enjeu de sa décision, car si ces prélèvements sont seulement destinés à faire durcir les coquilles d'oeufs, pourquoi donc cet acharnement à détruire? Comme dit le maire de Sein: "Il existe des solutions alternatives"». «Enfin, créer un parc marin pour protéger la ressource, sans faire stopper le saccage des fonds marins que représente l'extraction du sable coquillé des bancs de Kafarnao, est pour les Sénans une véritable hérésie. De plus, cette activité est incompatible avec les engagements de la France en matière de protection de la nature».... Source : Le Télégramme
La zostère naine, or vert de l'estran (Sud Ouest)
Stéphane Guenneteau, garde technicien de la réserve naturelle, explique les vertus de cette plante.
Si tout ce qui brille n'est pas or, et tout ce qui est vert sur l'estran n'est pas forcément algues ou pollution. On pourrait même y compter fleurette dans ce qui ressemble de loin à une prairie. « On peut effectivement se méprendre », explique Stéphane Guenneteau, garde technicien de la partie maritime de la réserve naturelle de Moëze-Oléron.
« Comme chaque année, à cette époque, sur une partie de la côte est de l'île, le vert est la couleur dominante de la vasière. Cette couleur vient de la présence d'une plante aux feuilles fines et allongées, la zostère naine. »
Une plante à fleur...
Aussi étonnant que cela puisse paraître, il s'agit d'une plante à fleur, et non d'une algue, qui pousse sur le sédiment sableux et sablo-vaseux grâce à un réseau de rhizomes. L'ensemble donne l'aspect d'une prairie et forme ce que l'on appelle des herbiers.
Si l'on en croit Stéphane Genneteau, ces herbiers de zostères présentent un fort intérêt écologique, patrimonial mais aussi économique. « Effectivement, ils abritent une biodiversité importante en jouant un rôle majeur dans la reproduction et l'alimentation d'un grand nombre d'espèces comme le bar commun, la seiche, des crustacés (crabes, crevettes). Protéger la zostère a, par extension, un intérêt pour les professionnels de la mer. Ces herbiers contribuent également à lutter contre l'érosion marine en stabilisant le sol. Enfin, les feuilles de zostères qui s'échouent sur les plages forment ''la laisse de mer'' qui, décomposée par une faune de détritivores, ressource alimentaire pour les oiseaux. »
...très protégée
Les herbiers de zostères bénéficient de statuts de protection en tant qu'''habitat'' et ''habitat d'espèces'' et sont aussi répertoriés par la Convention pour la protection du milieu marin de l'Atlantique du nord-est dite Convention Ospar parmi les habitats menacés. Il paraît donc important de bien regarder où l'on pose les pieds lors d'une partie de pêche.
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Le 7 août 2011
Hérault. L'étang de Thau, une pelouse sous-marine sous surveillance (Midilibre.fr)
Un homme regarde depuis une barque un herbier, sorte de pelouse sous-marine, dans l'étang de Thau, le 29 juillet 2011. A côté des activités conchylicoles, l'étang de Thau, classé site d'intérêt européen pour son herbier de 2.400 hectares et ses magnifiques hippocampes, va bénéficier à partir de septembre d'une protection rapprochée.
A côté des activités conchylicoles, l'étang de Thau, classé site d'intérêt européen pour son herbier de 2.400 hectares et ses magnifiques hippocampes, va bénéficier à partir de septembre d'une protection rapprochée.
Sur les 19,5 km de cet étang entre Balaruc et Marseillan, l'étang de Thau, large de 4 km, est surtout connu pour la qualité de ses huîtres, de Bouzigues. Mais cette réserve naturelle, mélange d'eau douce et d'eau de mer, est aussi un écrin. Sous les vaguelettes se balancent paisiblement des herbes "zostères". "Il y en a deux sortes. Les marines, les plus grandes, qui peuvent aller jusqu'à 1,2 m, et les naines de 0,3 à 0,5 cm", explique Muriel Alexandre, en charge du programme de protection Natura 2000 débuté en 2009. Cet herbier, sorte de pelouse sous-marine, est d'un intérêt majeur pour la biodiversité.
"Avec les nutriments qui s'y trouvent, les plantes aquatiques et une multitude d'espèces se développent parfois de façon disproportionnée", constate le président des plongeurs héraultais Emmanuel Serval. "Les daurades et d'autres poissons y viennent pour se gaver", ajoute ce passionné.
"Une huître s'y développe deux fois plus vite que dans l'Atlantique", complète le président du syndicat mixte du bassin et maire UMP de Sète François Commeinhes. Au total, une vingtaine d'espèces d'oiseaux comme les flamants roses, sternes ou aigrettes, 88 espèces de poissons, 70 de mollusques et 200 d'algues se côtoient sur les 7.500 hectares de cet étang peu profond (2 à 11 mètres avec un petit gouffre à 26 mètres). Hippocampes craintifs Parmi les poissons, les plus étonnants sont les hippocampes.
Les herbiers servent d'habitat aux adultes et de nursery aux plus jeunes de ces petits chevaux de mer très craintifs. Qui filent se cacher au moindre mouvement suspect d'eau. On en compterait, selon une estimation, entre 5.000 et 30.000. "On a la chance d'avoir deux espèces rares d'hippocampes, le moucheté et celui à museau court", précise Mme Alexandre. "Les plus gros vont jusqu'à 20 cm", complète M. Serval.
Et d'en attraper un d'une douzaine de centimètres qu'il montre mais ne sort pas de l'eau car ce "n'est pas une bête de foire". L'enjeu à terme est de préserver un équilibre particulièrement fragile. Déjà des mesures ont été prises. Et d'ici un mois d'autres vont entrer en vigueur comme la limitation de l'usage de produits phytosanitaires ou des restrictions suuplémentaires de navigation et de mouillage.
"Il faut protéger sans atteindre les quelque 2.000 emplois induits par l'étang", note Mme Alexandre, notamment la conchyliculture qui concerne 1.500 hectares du bassin avec 13 à 20.000 tonnes d'huîtres et 3 à 4.000 tonnes de moules par an. Les villes côtières respectant des normes très strictes de rejet des eaux, le danger vient du ruissellement des eaux pluviales.
D'où la nécessité de bassins de rétention. "Cela va avec notre projet d'intercommunalité. On les construira dans les 3 à 5 ans", promet M. Commeinhes. L'autre pollution vient de l'irrespect d'une partie des 10.000 plaisanciers chaque année sur l'étang après avoir descendu le Canal du Midi: ils vidangent. Insupportable pour les habitants.
Dans la semaine, une soixantaine de professionnels ont encore manifesté sous la bannière "Thau n'est pas un bassin de décantation".
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Le 4 juin 2012
Le rôle crucial joué par les herbiers de posidonies au sein des mers et océans de la Planète n’est plus à démontrer. Ces prairies sous-marines offrent notamment des abris et de la nourriture à de nombreux organismes, tout en limitant en maximum l’érosion du littoral et en capturant des sédiments. De plus, ces plantes à fleur marines, dont certaines seraient âgées de 80.000 à 200.000 ans, pratiquent la photosynthèse en présence de lumière et produisent donc de l’oxygène en grande quantité.
Selon une nouvelle étude publiée dans la revue Nature Geoscience, un effet positif supplémentaire de ces plantes sur leur environnement peut être ajouté à cette liste. Elles participeraient en effet à la capture du carbone (C) libéré par les activités anthropiques, bien plus efficacement d’ailleurs que nos forêts. C’est du moins ce qu’affirme une équipe internationale de chercheurs menée par James Fourqurean de la Florida International University.
La posidonie pour lutter contre le réchauffement climatique ?
Certains chiffres, obtenus en compilant la situation de 946 herbiers dans le monde principalement grâce à des recherches bibliographiques, sont impressionnants. Un seul et unique hectare de cette plante stockerait actuellement jusqu’à 83.000 tonnes de carbone. Près de 19,9 milliards de tonnes de C seraient ainsi emprisonnés dans le monde, soit deux fois plus que la quantité de gaz carbonique libérée par l’exploitation de carburant fossile en 2010. Par comparaison, un hectare de forêt tempérée ou tropicale n’abriterait que 30.000 tonnes de C, soit près de 3 fois moins qu'un herbier.
Le taux moyen global de capture des herbiers serait de 27,4 millions de tonnes par an. Les forêts emprisonnent le carbone dans le bois pour une durée moyenne de soixante ans. La situation est tout autre pour les herbiers de posidonies puisque cet élément est conservé à hauteur de 10 % dans les racines et 90 % dans le sol, souvent pour plusieurs millénaires. La Méditerranée abriterait le stock le plus important, au point de retrouver du carbone emprisonné plusieurs mètres sous les végétaux.
Les herbiers de posidonies absorberaient 10 % du carbone capté par les océans alors qu'ils ne représentent que 0,2 % de leur surface. Ils jouent donc un rôle primordial en réduisant au maximum la présence de cet élément dans l'atmosphère et par conséquent en ralentissant le réchauffement climatique.
Une dégradation désastreuse des herbiers de posidonie
Malheureusement, la situation n’est pas aussi positive qu’il n’y paraît. Les herbiers souffrent d’une baisse de la qualité des eaux, de l'arrivée d'espèces invasives et de nombreux problèmes d’arrachage. Ils auraient déjà globalement perdu 29 % de leur surface. Cette tendance se poursuivrait actuellement à une vitesse de 1,5 % par an, causant ainsi la libération annuelle de 299 millions de tonnes de C dans l’environnement à partir des sédiments. La destruction d’un hectare de posidonies libérerait jusqu’à 25 % de carbone de plus que la déforestation d’une surface similaire.
Ces résultats rappellent l’importance extrême qu’il faut porter à la sauvegarde et à la restauration mondiale des herbiers de posidonies. Comme le souligne l’un des auteurs de l’étude, à l’inverse de nombreuses solutions proposées pour lutter contre le réchauffement, une posidonie recommence à capturer du carbone dès son retour dans un environnement favorable à sa croissance.
Photographie : Herbiers marins, posidonies (Posidonia oceanica) Wikipedia
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