C’est une première dans les produits de la mer en France. Cette marque lie un producteur à son produit. Le producteur s’identifie dans la tradition ancestrale et son produit est identifié comme naturel. Les deux autres marques dévoilées ces jours-ci suivent une autre démarche. « Pêcheur responsable » la marque commerciale de FranceAgriMer concerne le pêcheur. « Baie de Granville » la marque commerciale de la criée de Granville concerne le produit.
Mais lisez déjà les réactions sur le Blog de Marcus :
Il y a huître et huître
Mais il n'est pas forcément bien vu d'en parler !
Surtout si c'est pour expliquer que les huîtres nées et élevées en mer sont naturelles et que les autres (nées et stérilisées en écloserie) ne peuvent, par voie de conséquence, prétendre à cette définition !
C'est une fois encore, le combat de David (une poignée d'irréductibles ostréiculteurs soucieux de conserver à la fois leur indépendance professionnelle et le caractère naturel de toute la chaine de production) contre Goliath (les écloseurs, soutenus par les pouvoirs publics et l'IFREMER, promoteurs des huîtres tétraploïdes et triploïdes de laboratoires).
Un combat pour l'indépendance d'un métier ancestral qui n'est pas sans rappeler celui mené par certains agriculteurs contre les semenciers pour sauvegarder la diversité.
Pour parodier Nicolas Sarkozy, je vous demanderais volontiers de me dire si vous trouvez normal que, dans ce pays, un ostréiculteur puisse être poursuivi en justice au seul motif qu'il certifierait, par voie d'étiquetage, que ses huîtres, issues d'un captage naturel sont nées et élevées en mer ?
Par ailleurs, j'estime personnellement avoir le droit de savoir ce que je vais acheter ou trouver dans mon assiette. Or s'agissant des huîtres, ce droit à l'information du consommateur, qui constitue pourtant un minimum, est actuellement refusé par l'État.
Quels intérêts puissants, cette volonté de transparence, peut-elle bien déranger ?
Réponse de Marcus de l’île de Ré
Voir le site de Ostréiculteur traditionnel : Les huîtres nées en mer
Autre articles :
Pour plus d'informations :
- La démarche "huîtres durables" est lancée ! (Réseau Cohérence)
Des ostréiculteurs de la Ria d’Etel et du Golfe du Morbihan, soucieux de faire valoir leurs pratiques plus respectueuses de l’homme et de son environnement, ont initié l’élaboration d’un cahier des charges « huîtres durables » en partenariat avec le Syndicat Ostréicole de la Ria d’Etel, la Section Régionale Conchylicole de Bretagne Sud, le Syndicat mixte de la Ria d’Etel et le Réseau Cohérence.
Le cahier des charges repose sur 3 volets complémentaires : .... - Agroalimentaire. Les marques dans la crise (le journal des entreprises)
- Laurence Hutchinson - Aquaculture et permaculture (Arpent nourricier)
Le bonhomme et son parcours
C’est surtout l’auteur de l’ouvrage central sur le sujet de l’aquaculture naturelle. Le livre Ecological Aquaculture, édité par Permanent Publications de Maddy Harland, déborde de détails techniques, d’expertise, de réflexion mûrie sur la façon d’élever des truites ou des écrevisses sans acheter d’aliments. Toutes proportions gardées, le parcours de Laurence Hutchinson m’évoque celui de Masanobu Fukuoka : son père était dans l’industrie pétrolière, et Laurence m’a décrit la pêche à la truite comme un ancrage psychologique parmi toutes les pérégrinations de sa famille. C’est sa passion pour la truite et pour son milieu naturel qui l’a conduit à se démarquer fortement de la pratique industrielle de la pisciculture. Et dans les années 80, cette position à contre-courant (peut-être une posture inspirée des salmonidés) devait être encore plus difficile à tenir qu’aujourd’hui.
En observant les liens et les interactions dans un écosystème aquatique naturel, il a peu à peu proposé un modèle d’aquaculture soutenable et écologique, qui rend à la rivière une eau plus propre qu’il lui a pris, tout en produisant des poissions en pleine santé et au goût incomparable. Sans se réclamer au départ de la permaculture ni de ses pères, Laurence a suivi la même démarche, et abouti à un système qui représente une hérésie pour celui qui est persuadé que les poissons doivent grandir entassés dans des bassins en béton en mangeant de la farine de poisson additionnée d’antibiotiques ; qui ressemble à une évidence naturelle pour qui n’a justement pas l’expérience de l’aquaculture industrielle ; et qui s’impose comme une révélation pour celui rêve d’établir un système d’aquaculture écologique mais ne sait pas par où commencer..... - Reportage de Là-bas si j’y suis : La fin des mois en R
France Inter, le lundi 26 avril 2010
Ce sont deux gaillards, Eugène Riguidel et Antoine Chao, qui partent en virée en bateau. Pour fêter le printemps. Et parce que c’est la fin "des mois en R", et donc la fin de la saison des huîtres.
Les huîtres, si bonnes que "l’on en mangerait sur la tête d’un pouilleux". Sauf que ... sauf que le démon du profit a mis ses sales pattes sur nos huîtres.
Les huîtres triploïdes, vous connaissez ? Ce sont les huîtres qui ont aboli les mois en R.
Un reportage d’Antoine Chao
Pour une ostréiculture durable (Bretagne Durable)
Le réseau Cohérence délivre un identifiant "ostréiculture durable et solidaire" aux professionnels qui choisissent de s'engager dans une démarche respectueuse de l'homme et de l'environnement.
En répondant aux critères d'un cahier des charges précis, ils peuvent alors vendre des huîtres labellisées par le réseau. Reportage vidéo avec Guillaume Cinquin, ostréiculteur basé au Tour du Parc (56) et Audrey Richeboeuf, animatrice de la section "ostréiculture" pour Cohérence.
Dans notre magazine n°2 (voir rubrique notre actu), le reportage "Une certaine idée de l'ostréiculture", sur les chantiers de Guillaume Cinquin et Laurent Thomas, ostréiculteurs au Tour-Du-Parc (56)....
27 octobre 2010
Les conseils de la Direction des Fraudes pour des fêtes réussies : Exemple des huîtres
Pour un organisme officiel aussi important que la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), que d’approximations sur la page « Huîtres » du portail de cette administration considérée sérieuse… Toutefois, on y apprend une information importante que l'huître triploïde serait en cours d'étiquetage : «.... un décret en cours d'adoption imposera l'information du consommateur sur la nature "triploïde" de l'huître, par voie d'étiquetage....» En cours d'étiquetage depuis 2004 !!!!
« Origines : Plate ou creuse, la culture de l'huître part du naissain, huîtres minuscules provenant d'établissements spécialisés dans le golfe du Morbihan, dans la région charentaise, et même du Japon ou du Canada. En fait, peu importe l'origine car c'est du lieu de production que dépendent la couleur et le goût d'une huître adulte. »
Pour la répression des fraudes, l’huître triploïde est une nouvelle variété ! : « L'huître triploïde, une nouvelle variété - L'huître triploïde possède trois lots de chromosomes alors que l'huître est naturellement biploïde (deux lots de chromosomes). Cette particularité est issue du croisement entre une huître tétraploïde (ayant subi un choc thermique agissant sur la fécondation) et une huître biploïde. Stérile, l'huître triploïde présente l'avantage de grossir plus vite et sa texture est constante toute l'année. (Elle ne représente actuellement qu'une très faible partie de la production. Saisie par la DGCCRF, l'AFSSA a confirmé l'innocuité pour le consommateur et les risques pour l'environnement. Après concertation au sein du CNC (Conseil National de la Consommation), un décret en cours d'adoption imposera l'information du consommateur sur la nature "triploïde" de l'huître, par voie d'étiquetage. »
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1 décembre 2010 : Le point sur l'aquaculture biologique
En France, le marché du poisson bio s’élevait à près de 17 millions d'euros (2008)
En France, le marché des produits halieutiques étiquetés bio (AB) s’est élevé à près de 17 millions d’euros et sa croissance a été de 220% entre 2007 et 2008. En 2008, 123 fermes aquacoles étaient certifiées en aquaculture biologique dans l’Union Européenne pour un total de 225 dans le monde entier. L'UE représente près de la moitié de la production mondiale qui est estimée à 50.000 tonnes.
En termes de production, les cinq États membres les plus importants : Royaume-Uni, Irlande, Hongrie, Grèce et France. Elle concerne principalement les élevages de saumon, truite, bar, daurade et carpe (ndlr + production de crevette impériale bio en Charente-Maritime). Le marché du saumon bio connait une très forte croissance en France, en Allemagne et au Royaume-Uni.
Le Règlement communautaire sur l'aquaculture biologique 710/2009 est entré en vigueur le 1 juillet 2010. Il définit les conditions de production aquacole biologique (densité, espacement, alimentation, utilisation produits chimiques...)
Par exemple, la densité maximale pour le saumon est fixée à 10 kg par m³ (kg/m3) dans les cages en mer et 20 kg/m3 dans les bassins en eau douce. Pour le bar et la daurade, la densité maximale est de 15 kg/m3 en mer et de 4 kg/m3 en bassin ou lagune…
Remarque personnelle : si cette réglementation a permis d’uniformiser les règles de l'aquaculture bio au niveau européen, elle est très critiquée par les pionniers de l’aquaculture bio qui observent un nivellement vers le bas au profit de l’aquaculture industrielle. Actuellement, les plus grands producteurs bio dans l'Union Européenne sont les salmoniculteurs norvégiens qui possèdent des fermes en Irlande et en Ecosse. Source : Organic aquaculture laws go into effect (Fis)
Autre remarque : Huître triploïde et certification bio
IFOAM, l’organisation internationale « gardienne » de la bio dans le monde, indique clairement l’incompatibilité entre polyploïdie et produit biologique. Dans les règles concernant la production en aquaculture, elle indique page 57 « Les opérateurs ne doivent pas utiliser des organismes artificiellement polyploïdés. »
Télécharger le document : Les normes IFOAM pour la production et la préparation en agriculture biologique version 2005
D’autre part, l’huître triploïde en tant qu'organisme polyploïde est considérée comme une espèce exotique dans la réglementation communautaire. Cliquer Ici
Elle entre donc dans le champ de la législation des espèces exotiques : Règlement (CE) n° 708/2007 du Conseil du 11 juin 2007 relatif à l'utilisation en aquaculture des espèces exotiques et des espèces localement absentes. Ce règlement vise à créer un cadre régissant les pratiques aquacoles afin d'assurer une protection adéquate du milieu aquatique contre les risques associés à l'utilisation en aquaculture d'espèces non indigènes. Ce règlement s'applique aux mouvements (introduction ou transfert) d'espèces exotiques ou localement absentes en vue de leur utilisation en aquaculture dans l'Union européenne (UE). Il porte sur des espèces d'origine animale ou végétale (y compris les organismes unicellulaires) ainsi que sur les parties de ces animaux ou végétaux. Le règlement s'applique à tous les types d'installation aquacole et à tout type d'aquaculture…. La réglementation européenne sur les espèces exotiques a été modifiée le 23 novembre 2010 (voir ci-après).
Question : Est-ce-que le plan de relance de l'ostréiculture (avec près d'1 milliard d'huîtres triploïdes mises à l'eau dans les semaines à venir) respecte cette réglementation communautaire ?
L’aquaculture bio tenait aussi ses assises…
Les Assises de l’agriculture biologique se sont tenues le 28 septembre 2010. L’Agence bio y a présenté la situation en France notamment celle de l’aquaculture biologique. En 2009, on dénombrait 39 aquaculteurs bio en France.
Le cahier des charges français fixant les règles de production et de transformation des espèces aquacoles, publié en août 2000, a été remplacé par un règlement européen sur l’aquaculture biologique entré en application le 1er juillet 2010.
Ce nouveau règlement d’application précise les règles détaillées pour la production bio de poissons, d'algues marines et de crustacés.
On comptait en 2009 :
- 29 pisciculteurs certifiés bio, un chiffre qui a plus que doublé par rapport à 2008,
- 7 producteurs de crevettes biologiques (dont 6 en Charente-Maritime)
- 3 producteurs d’algues biologiques (tous en Bretagne)
La liste des espèces certifiées bio s’estélargie au fil des années : les pisciculteurs biologiques produisent désormais des truites, des saumons, des bars, des daurades, des ombres et des carpes.
Pour plus de détails cliquer Ici
Dossier de presse :
- 7ème Baromètre Consommation et perception des produits biologiques Agence BIO / Produits Bio : Les français confirment leur intérêt et le professionnels renforcent leurs actions
- Baromètre de consommation et de perception des produits biologiques en France - Rapport N°0901164 – Edition 2009 – Agence Bio / CSA
- Le Bio décolle en France (Jdle)
Le CA 2009 de l'agriculture bio française a été de 3 milliards d'euros.
Déjà notable en 2009, l’augmentation du nombre d’exploitations bio en France s’amplifie en 2010, selon les derniers chiffres présentés ce matin 29 septembre par l’Agence Bio. La consommation et l’importation sont également en hausse. Le ministre de l’agriculture a annoncé hier un renfort de 6 millions € pour les aides à la conversion en 2010.....
Interrogation de la Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique (FNAB) sur l’aquaculture biologique : Le développement de l’aquaculture biologique passe par le respect des principes généraux qui régisse
Aquaculture biologique - Quelque soit l’espèce élevée ou cultivée suivant le mode de production biologique, son référentiel de production doit être cohérent avec les principes généraux de notre mode de production, tels qu’énoncés par IFOAM (organisation international du bio dans le monde). Quels sont-ils, et comment l’aquaculture biologique peut-elle s’y conformer, pour un développement harmonieux, et harmonisé sur l’ensemble du territoire européen ?
La Fédération Nationale d’Agriculture Biologique des régions de France, créée en 1978, représente quelques 70% des producteurs biologiques, au travers des Groupements régionaux qui la constituent. Se définissant comme un « syndicat de développement », elle porte la parole des producteurs biologiques, favorise les partages d’expériences, et coordonne les actions menées en régions pour développer la production. Adhérente d’IFOAM, l’internationale des organisations bio, elle est membre de l’exécutif de sa branche européenne. Elle a initiée en 2001 un réseau informel de producteurs bio européens (ENOFO ) qui se veut à terme la parole des producteurs au sein d’IFOAM et une possibilité, là encore d’échanges de savoirs et savoirs-faire. Elle est également membre fondateur de l’Association des adhérents français d’IFOAM (AsAFI), qui permet à l’ensemble de la profession biologique française de parler d’une seule voix au niveau européen chaque fois que possible. Enfin, la FNAB a organisé, en novembre 2003, un séminaire de pisciculteurs bio européens, sur les possibilités de construire un référentiel commun pour l’aquaculture biologique.
Quelque soit l’espèce élevée ou cultivée suivant le mode de production biologique, son référentiel de production doit être cohérent avec les principes généraux de notre mode de production, tels qu’énoncés par IFOAM. Quels sont-ils, et comment l’aquaculture biologique peut-elle s’y conformer, pour un développement harmonieux, et harmonisé sur l’ensemble du territoire européen ?....
23 novembre 2010 : Modification de la réglementation européenne sur les espèces exotiques
Espèces exotiques et espèces localement absentes dans l'aquaculture
Le Parlement européen a modifié le règlement qui régit les pratiques aquacoles en ce qui concerne les espèces exotiques et localement absentes. La nouvelle législation offre une définition actualisée d'"installation aquacole fermée" où, sous certaines conditions, le degré de risques liés à l'utilisation d'espèces exotiques et localement absentes pourrait être réduit à un niveau acceptable. L'objectif est de rendre plus facile l'introduction d'espèces exotiques ou la translocation d'espèces localement absentes pour une utilisation dans de telles installations en les exemptant de l'obligation de permis, tout en assurant une protection adéquate de l'environnement. La résolution, rédigée par João Ferreira (GUE/NGL, PT), a été adoptée par 638 votes pour, 16 contre et 11 abstentions, Il s'agit d'un accord en première lecture avec le Conseil, qui devrait entériner le projet de règlement en temps voulu.
Réglementation européenne concernant l'utilisation en aquaculture des espèces exotiques et des espèces localement absentes
P7_TA-PROV(2010)0423 - Utilisation en aquaculture des espèces exotiques et des espèces localement absentes ***I (A7-0184/2010 - Rapporteur: João Ferreira)
Résolution législative du Parlement européen du 23 novembre 2010 sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 708/2007 du Conseil relatif à l'utilisation en aquaculture des espèces exotiques et des espèces localement absentes (COM(2009)0541 – C7-0272/2009 – 2009/0153(COD)) 165
Pour plus d'informations et lire le texte adopté par le Parlement Européen, cliquer Ici
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Revue de presse
Le 20 décembre 2009
Loire Atlantique / Baie de Bourgneuf - Des huîtres nées en mer aux Moutiers (Presse Océan)
Philippe Cadet a relevé mercredi les dernières huîtres qui seront vendues pour ces fêtes de fin d'année. Il vend des huîtres naturelles c'est-à-dire nées en mer, contrairement à 80 % de la production.
Ici on respecte la nature ! ». Nadine Cadet tient à le faire savoir. Ses huîtres qu'elle et son mari Philippe vendent sont naturelles. Pour faire connaître leur travail, ils viennent de rentrer dans l'association Ostréiculteur traditionnel qui défend ce label alors que la profession est confrontée à une importante mortalité des huîtres. Trente ans que Philippe passe ses journées les pieds dans l'eau à ausculter ses huîtres, les retourner, les laver, les mettre en cartons... « Et la passion est toujours là ». Il défend avec sa femme et comme seulement 20 % de la profession, des huîtres dites authentiques, naturelles, des huîtres nées en mer. En fait et vous ne le savez certainement pas : 80 % des huîtres naissent en... écloserie et non en pleine mer.....
Arcachon - Militants d'une huître née dans le Bassin ! (La Dépêche du Bassin)
Au port de La Teste, une dizaine d'ostréiculteurs ont rejoint la coordination nationale des 'Ostréiculteurs traditionnels. Défendre le naissain du Bassin, envers et contre tous ! Une dizaine d'ostréiculteurs de La Teste et de Gujan-Mestras adoptent la cause d'une association née en Bretagne, un an plus tôt.
Le 4 décembre 2009
Arcachon - Pour élever des huîtres nées en mer (Sud-Ouest)
Une douzaine de professionnels du bassin d'Arcachon viennent de rejoindre l'association créée il y a un an sur le plan national : Ostréiculteurs traditionnels
Réunis à La Teste, les premiers adhérents de l'association Ostréiculteurs traditionnels.
Qui dit ostréiculteur traditionnel, dit huîtres naturelles. Voilà le credo désormais porté par une douzaine de professionnels du bassin d'Arcachon. Ils viennent de rejoindre l'association Ostréiculteurs traditionnels, groupement de producteurs d'huîtres, issus des sept bassins ostréicoles français.
Réunis dans la cabane d'Angelika Hermann, ostréicultrice à La Teste, ils expliquent ainsi leur souci : « Nous voulons à la fois conserver notre indépendance professionnelle et le caractère naturel de toute la chaîne d'élevage des huîtres. Nous sommes producteurs et nous ne voulons pas, à terme, n'être que de simples "marchands" d'huîtres. Nous nous identifions dans un produit entièrement naturel. »
On l'aura compris, et à l'heure où les choix de moyens de pallier le manque de stocks d'huîtres marchandes (mortalité estivale, manque de naissain) agitent la profession, ces ostréi- culteurs refusent le recours aux écloseries.
« Identifier le produit »
« Il s'agit de valoriser l'huître née en mer et de répondre au cahier des charges mis en oeuvre par l'association ostréiculteurs traditionnels », indique Angelika Hermann (1). Le but de cette association est de faire savoir que l'on existe, afin que des collègues, intéressés par notre démarche, puissent nous rejoindre. »
Bernard Délis, ostréiculteur sur le port de Larros à Gujan le souligne : « En nous positionnant ostréiculteur traditionnel, nous voulons mettre en avant notre savoir-faire ancestral, notre respect du milieu et celui du client à la recherche de qualité. Car les consommateurs ont le droit de savoir ce qu'ils achètent sur les marchés. Huître née en mer ? Huître d'écloserie ? »
Un souci de « transparence » qui, selon les adhérents de l'association (2) « doit se retrouver sur les étals : « Le client doit savoir ce qu'il mange. Il doit avoir le choix entre consommer une huître issue du milieu naturel, élevée en trois ans, ou une huître issue d'écloserie. »
Un bassin « naisseur »
Certes, et alors qu'une nouvelle fois cette année, le bassin d'Arcachon se trouve face à un déficit de naissain, le problème de stocks d'huîtres à moyen terme est crucial. Mais des naisseurs, tel Terence Campagne ne veulent pas voir le Bassin envahi par l'huître triploïde, la fameuse huître stérile, dite des quatre saisons : « Gardons notre spécificité de bassin naisseur. S'il faut aller poser des collecteurs au Verdon, allons-y. »
Les professionnels de rappeler que cette huître stérile, a la particularité de ne développer de la chair, mais pas de laitance, et que « la vraie huître, c'est celle qui a vu le jour en mer de façon naturelle. »
Certes, cette huître n'est pas un organisme génétiquement modifié (OGM). Mais les « traditionnels » s'interrogent sur les triploïdes : « Elles peuvent affaiblir le milieu naturel. Nous n'avons pas assez de recul. »
D'où leur volonté de tout tenter de conserver sur le Bassin ce « savoir-faire » qui a fait de l'Arcachonnaise ce qu'elle est, « 100 % nature ».
(1) w. w ostréiculteurstraditionnels. fr (2) Voici les premiers adhérents de l'association : Angelika Hermann, Thierry Beaugendre, Bernard Délis, Terence Campgane, Philippe Soubie, Frédéric Paillère, Alain Molen, Jean Jacques schlotterbeck, Patrice Gazo. Auteur : CHANTAL ROMAN
Le 19 décembre 2009
La pintade chaponnée, reine du réveillon (Le Monde)
Vous faites partie des Français qui n'ont pas encore décidé quel plat ils allaient servir à leurs convives pour le réveillon de Noël ? Optez pour la pintade chaponnée. Avec sa chair tendre et moelleuse, elle fait cette année une percée remarquée. Son prix la rend plus accessible que les grandes volailles classiques.....
Avant d'attaquer la pintade, ne pas hésiter à ouvrir quelques huîtres. Cette année encore, creuses ou plates, elles seront sur toutes les tables. Parmi les ostréiculteurs qui refusent la production des huîtres triploïdes, élevées en deux ans, signalons Louis Tessier (Thalassa Distribution), présent sur une dizaine de places dans les marchés parisiens - ses stands portent le sigle O.T. (ostréiculteur traditionnel) -, de même que La Gavrinis (réseau Cohérence) en vente à La Grande Epicerie ou à consommer dans les restaurants L'Huîtrier (17e), Rech (17e) et Jarasse (Neuilly-sur-Seine).
Février 2010
Mollusques les gènes de la discorde (Science et Avenir)
L'Ifremer a déposé un brevet pour produire des moules triploïdes, stériles et dodues, à l'instar de ce qui se fait déjà pour les huîtres. Une innovation qui inquiète les professionnels.
A la station Ifremer de La Tremblade, près de Rochefort, en Charente-Maritime, Tristan Renault, chef du laboratoire de génétique et de pathologie, a du mal à dissimuler son malaise. C'est sur ses paillasses, à l'embouchure de la Seudre, au milieu des parcs à huîtres de la fameuse Marennes-Oléron, qu'une moule triploïde très controversée a vu le jour. Révélé par un article du Monde en novembre dernier, le brevet déposé par l'Ifremer pour la fabrication de ce mollusque, rendu stérile et dodu par manipulation chimique, a aussitôt entraîné une levée de boucliers dans la profession. « Une réunion de crise a été organisée au Comité national de la conchyliculture. A l'unanimité, nous nous sommes prononcés contre ces moules triploïdes. Pas question d'aller contre la nature ! », affirme Rénald Bernard, mytiliculteur à Pénestin (Morbihan). Tristan Renault reste surpris de ce tollé.....
Pourtant, la triploïde n'a jamais fait l'unanimité chez les éleveurs. Dès son apparition, certains ont émis des doutes. Non pour des motifs sanitaires : les huîtres triploïdes n'ont posé jusqu'alors aucun problème de santé humaine et elles sont excellentes à déguster. Mais pour des raisons d'authenticité. Benoît Le Joubioux, ostréiculteur au Tour-du-Parc, dans le Morbihan, n'a ainsi jamais voulu y toucher : « Je n'en ai même jamais goûté. L'attrait de l'huître, c'est son côté sain et naturel. Nos coquillages ne sont ni nourris ni traités. Il ne faut surtout pas jouer avec ça ! » Ce professionnel, qui produit 70 tonnes par an, continue donc à réaliser lui-même les captages du naissain dans des bassins que sa famille possède en Charente. Mi-juillet, lorsque la laitance commence à se répandre dans la mer, dont la température monte, il dépose des tuiles en plastique au fond de l'eau sur lesquelles les larves vont se fixer et commencer à fabriquer le calcaire de leurs minicoquilles. Il relève ensuite ses bébés huîtres en novembre pour les rapporter dans le Morbihan où elles poursuivent tranquillement leur croissance pendant trois ans. « J'interromps ma production pendant les deux mois d'été, et cela ne me pose aucun problème. »Mais ce qui met en colère ce professionnel, c'est de voir ses voisins vendre des triploïdes, nées en écloseries, sans le mentionner sur l'étiquette..... Pour affirmer sa différence, Benoît Le Joubioux s'est donc résolu à créer en 2007 une association des ostréiculteurs traditionnels, qui regroupe aujourd'hui une trentaine de membres apposant l'étiquette « huître née en mer » sur leurs coquillages. Une initiative qui n'est pas du goût de tous. « Ceux qui achètent leurs naissains en écloserie nous accusent de sabrer le marché, en rendant les consommateurs méfiants. Mais ce sont eux qui jouent avec le feu depuis dix ans, dans leur course aveugle au profit », s'insurge-t-il.Le débat qui oppose les pros et anti-triploïdes ne se limite pas aux aspects commerciaux. Ces derniers mois, il a carrément tourné à l'affrontement, sur fond de graves inquiétudes pour l'avenir de l'ostréiculture française, numéro un européen et quatrième mondial (après la Chine, le Japon et la Corée). Ces deux dernières saisons, les naissains ont en effet connu de très fortes mortalités, dont les scientifiques n'arrivent pas à identifier clairement les causes. Les juvéniles ont été ravagés par un virus, l'herpèsvirus OsHV-1, identifié dans 16 des 17 échantillons analysés par l'Observatoire conchylicole (*).....
Le 28 mars 2010 : les premières huîtres "Slow Food"
Baden - Huîtres durables. Slow Food visite le chantier Mor Braz (Le Télégramme)
Mardi, une délégation de Slow food a visité l'établissement ostréicole Mor Braz, en compagnie du réseau Cohérence. Laurence Mahéo, ostréicultrice, peut apposer depuis septembre2009 un identifiant «Cohérence» sur sa production. Cet identifiant est attribué selon une méthode de certification participative pour une démarche de progrès. Né en 1997, le réseau Cohérence met en synergie plus d'une centaine d'associations du grand Ouest, consommateurs, protecteurs de la nature, paysans, artisans, acteurs de la santé, avec des objectifs communs: promouvoir des modes de productions, d'échange et de consommation équitables, respectueux des ressources naturelles et des milieux de vie.
Ostréiculture durable et solidaire - Laurence Mahéo, reprenant l'entreprise après la disparition subite de son père, et partageant le même esprit, fut ravie de souscrire au cahier des charges «Ostréiculture durable et solidaire», élaboré en partenariat avec la section régionale conchylicole de Bretagne, le syndicat mixte de la ria d'Etel, le syndicat ostréicole de la ria d'Etel, et le réseau Cohérence. Le cahier des charges comprend les critères de productions suivants: utilisation de coquillages nés et élevés en milieu naturel et d'origine exclusivement naturelle sur 100% de l'exploitation; gestion des déchets; et souscrire à un volet social humain et solidaire. Le réseau Cohérence a adressé un dossier à Slow Food pour la promotion du produit. Le président Piero Sardo a profité de sa visite en France pour visiter les deux chantiers ostréicoles morbihannais identifiés «Cohérence» (le second se trouve à Locoal-Mendon) avec le président du réseau Cohérence grand Ouest, Jean-Yves Le Doré.....
Communiqué de presse du 22 juin 2010
L’association Ostréiculteur Traditionnel a tenu son AG le 21 et 22 juin 2010 à Arcachon avec des participants de tous les bassins.
A cette occasion, nous avons effectué un état des lieux de tous nos bassins ainsi que du statut épidémique. L’objectif était de passer en revue tous les domaines où des modifications importantes auraient pu avoir lieu pouvant expliquer ces mortalités que ce soit en termes d’environnement, de recherche, concernant les écloseries mais aussi les professionnels.
A cette crise, l’état mais aussi la profession n’a fait qu’une réponse: un plan de réensemencement composé uniquement de triploïdes dites R (résistantes). Nous refusons ce plan dans la mesure où le collège d’experts indépendants a reproché le fait que « les triploïdes résistantes n’ont pas été testées pour leur résistance à la mortalité« avant d‘être proposées à la profession De plus, ces experts constatent que « leurs avis interviennent en aval d’un certain nombre de compromis et choix déjà actés par les scientifiques en charge et par la profession (CNC). Notre avocat a demandé au Tribunal Administratif une requête en référé afin de reporter ce plan en l’attente que l’Expert près la Cour d’Appel de Rennes ait rendu ses conclusions.
Lors de ces journées de travail les débats ont permis de prioriser la recherche de toutes les conditions qui pourraient avoir facilité l’augmentation de l’épidémie, ceci afin de dégager des préconisations pour tenter d’enrayer la progression des mortalités. Les adhérents ont débattu notamment des risques associés aux pratiques culturales, en particulier de l’augmentation des densités dans les poches, l’inflation des poses de collecteurs qui dans la situation épidémique actuelle a été considérée comme extrêmement dangereuse, la présence de stocks naturels non contrôlés au niveau viral, actions entraînant l »aquaculture du virus » . Ces préconisations sont les suivantes :
- favoriser l’application des conclusions du rapport Morest (Mortalités Estivales 2000-2006 qui indique les conditions dans lesquelles on diminue les risques d‘infection)
- faire un moratoire sur les huîtres triploïdes dans les bassins naisseurs pendant 3 ans, du fait qu’aujourd’hui ces animaux sont devenus sensibles à la mortalité, contrairement à la période 2000-2006. Par ailleurs, ces animaux ont provoqué des mortalités en Irlande. Nous exigeons des travaux de recherche sur la sensibilité nouvelle de ces triploïdes.
Chaque délégation régionale se chargera de transmettre ses positions à sa section respective.
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Le 6 novembre 2010
Damgan (Vannes) : Quand les femmes font des métiers d'hommes...(Ouest France)
Rien ne prédestinait Corinne et Patricia à devenir ostréicultrices à Pénerf n'ayant ni l'une ni l'autre de parents dans la profession. Corinne Dufreche, 51 ans, a appris son métier aux côtés de son mari Loïck Dufreche, ostréiculteur de père en fils.
Patricia Glaunec 38 ans, titulaire du bac G3, fille de commerçants, a d'abord travaillé dans un commerce à Rennes avant de le faire aux cotés de son mari Michaël Glaunec. Toutes deux sont conjointes collaboratrices et exercent le même métier mais de façon différente : Corinne travaille dans le commerce de détail auprès des particuliers, Patricia dans le commerce de gros fournissant les huîtres aux détaillants et ostréiculteurs de Charentes-Maritimes.
Comment s'organise votre métier avec celui de femme et mère de famille ?....
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Entretien avec Christian Guyot, ostréiculteur traditionnel à Pencadénic.
À 50 ans, Christian Guyot qui réside à Surzur est une figure de Pencadénic, au Tour-du-Parc, où il produit et commercialise uniquement des huîtres issues de la reproduction non dirigée en milieu naturel. Il est trésorier de l'association Ostréiculteurs traditionnels et du Syndicat de la rivière de Pénerf. Christian reçoit sur son lieu de vente, à l'avant de son chantier ostréicole, les nombreux touristes présents sur la Presqu'île en ces vacances de la Toussaint. Derrière la façade souriante se cachent pourtant les inquiétudes du chef d'entreprise lucide sur le devenir de sa profession.
À quelques semaines des fêtes de fin d'année, quel est votre état d'esprit ? Je suis inquiet, moi comme les autres ostréiculteurs d'ailleurs. Nous sommes toujours….
Cela se ressent-il sur le résultat de votre entreprise ?....
Dans quelques semaines, je vais récupérer mes tubes de naissains en Charentes-Maritimes. Si mes tubes sont poivrés, tous les espoirs seront permis...
Le 18 février 2011
Locmariaquer (56) : Salon de l'agriculture. Un ostréiculteur à Paris (Le Télégramme)
Ronan Lorgeoux, producteur d'huîtres à Locmariaquer (56), animera un stand au Salon de l'agriculture. Pour la deuxième année consécutive, Ronan Lorgeoux animera un stand au Salon de l'agriculture de Paris, du 19 au 27 février. L'occasion pour le producteur de mettre à l'honneur et de faire découvrir au public ses produits, «les huîtres de Locmariaquer».
Ostréiculteur depuis 1996, Ronan Lorgeoux est à la tête d'une entreprise de taille moyenne. Il produit de l'huître exclusivement naturelle, en rivière d'Auray, avec des méthodes traditionnelles, héritées de ses aïeux. Bannissant tout produit d'écloserie, en particulier les huîtres triploïdes, il travaille à partir de naissain capté en mer, en Charente-Maritime. Une qualité reconnue et primée d'une médaille de bronze au Concours général agricole de 2010. «Je me fais fort d'honorer les huîtres de Locmariaquer élevées à Kerpenhir, à l'entrée du golfe du Morbihan», revendique l'ostréiculteur.
La Bretagne fascine…
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Le 8 juin 2011
L'ostréiculture traditionnelle au bord du gouffre (Ouest France)
La polémique
Pour dénoncer les mortalités qui frappent les jeunes huîtres creuses gigas, l'association de l'ostréiculture traditionnelle (60 membres) n'y va pas avec le manche du couteau. « Il semblerait que les instances dirigeantes professionnelles, comme le comité régional de la conchyliculture (CRC) fait preuve d'une crédulité et d'une méconnaissance totale des données scientifiques et biologiques. Elles se sont laissées abuser par Ifremer et les écloseurs qui ont mené l'ostréiculture dans une impasse totale ». Un pavé dans la mare qu'une profession, représentée par Yannick Stéphant et François Gouzer, n'a plus aucun scrupule à jeter à la face du monde.
« Bouillon de culture »
lls dénoncent « les promesses fallacieuses d'Ifremer et des écloseurs qui ont introduit des modifications génétiques. Lesquelles ont détruit l'ADN des huîtres traitées avec des produits mutagènes. D'un autre coté, poursuivent les ostréiculteurs de Saint-Philibert, les techniques d'élévation brutale de la température de l'eau dans les écloseries ont augmenté la puissance des virus ».
La casse, pour François Gouzer et Yannick Stéphant, est à l'avenant : des huîtres terriblement affaiblies, incapables de résister sur le plan biologique. « Les juvéniles seront morts à 90 % à la fin de l'été », tempêtent les ostréiculteurs en se défendant de jouer les oiseaux de mauvais augure...
Mais comment en est ont arrivé là ? « Le virus a été découvert en écloserie en 1991, et rien n'a été fait pour le stopper. Il y a le choc thermique des températures de l'eau supérieures de 6 à 10°, l'utilisation de produits chimiques (la cythocalasine B et le 6-DMAP). Un bouillon de culture » selon François Gouzer où se complaît un virus devenu incontrôlable.
Aux grands maux...
« Pourtant, une directive européenne oblige ceux qui utilisent ces produits à faire la preuve qu'ils ne sont pas dangereux pour l'environnement, l'animal et l'homme ».
Ce constat franchement alarmant, l'association a l'intention de le poser ce jeudi à Plouharnel lors de la réunion du CRC sur la surmortalité.
« On se fera entendre, même si on dérange. L'ostréiculture traditionnelle a toujours accompagné la nature, sans la déformer. Nous nous érigeons contre l'élevage en milieu dirigé, et l'écloserie d'huîtres de batteries : trop dangereux ! »
Désormais, l'association exige des comptes à Ifremer et aux écloseurs par voie judiciaire : « Une expertise est ordonnée par le tribunal de Rennes ». Elle exige également des facilités fiscales et foncières de la part de l'État « pour tenter de sauver ce qui peut l'être », et demande le report de la signature de la charte ostréicole du Morbihan. « Elle n'apporte rien, hormis la promesse de joutes juridiques ultérieures ». Bref, en attendant des temps meilleurs entre traditionnels et écloseurs, le pays des huîtres boit le bouillon. Et il est salé... Pierre WADOUX. Ouest-France
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Le 24 juin 2011
Caen - Les ostréiculteurs traditionnels en guerre contre l'huître à 30 chromosomes (20 Minutes)
Remontés par la crise de la surmortalité des huîtres, les ostréiculteurs traditionnels qui élèvent des coquillages nés en mer et non en écloserie, sont en guerre avec l'Ifremer qui a lancé une huître fine toute saison à croissance rapide, grâce à des manipulations génétiques.
"On est des éleveurs, mais on veut laisser faire la nature le plus possible. Avec la triploïde, on est en train de dénaturer un animal sauvage au risque que ça se retourne contre nous", peste Annie Castaldo, ostréicultrice traditionnelle dans l'Hérault.
Cette productrice participait cette semaine à Tourville-sur-Sienne (Manche) au rendez-vous annuel des Ostréiculteurs traditionnels (OT), qui compte 60 membres. Environ 10% des ostréiculteurs pratiquent l'huître traditionnelle, sans forcément adhérer à OT.
L'association s'apprête à lancer son propre étiquetage "huîtres nées en mer" sur les marchés et réclame une traçabilité.
OT refuse d'élever des mollusques nés en écloserie et surtout pas les triploïdes créées par l'Institut français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer. Ils les soupçonnent de jouer un rôle dans la surmortalité des jeunes huîtres apparue en 2008.
Le virus touche tous les ostréiculteurs, traditionnels ou pas. Mais OT se demande si la triploide ne conduit pas à un affaiblissement du capital immunitaire de l'huître, voire si elle n'est pas à l'origine de la mutation du virus.
A l'Ifremer, on assure qu'il n'existe à ce jour, "aucune donnée objective pour dire que l'origine de la fragilité est due à la triploïde" qui représente aujourd'hui plus du tiers du marché en France.
Cette huître lancée en 1995/1998 est dite "quatre saisons" parce que quasi stérile et donc jamais ou peu laiteuse. La laitance gâche l'été la finesse du goût et donc les ventes. Elle arrive à maturité en moyenne six mois plus tôt que son ascendant sauvage.
C'est l'Ifremer qui a développé en France cette invention américaine: la triploïde (10 triplets de chromosomes) vient d'une mère diploïde classique (10 paires de chromosomes et d'un père tétraploïde (10 séries de quatre chromosomes) créé par les scientifiques. Les pères sont fournis aux écloseries où naissent les triploïdes.
Les triple X ne sont pas des organismes génétiquement modifiés, car ce ne sont pas les chromosomes eux mêmes qui sont modifiés mais leur nombre, comme pour les clémentines sans pépins. Le procédé, rare pour les animaux, est utilisé pour la truite.
"On n'est pas contre le progrès", mais dans la transparence, a lancé Louis Teyssier, OT à Blanville-sur-mer (Manche), candidat en 2010 à la présidence du Comité national de la Conchyliculture, battu avec 13 voix sur 40.
OT a saisi plusieurs tribunaux administratifs. Celui de Rennes a nommé un expert chargé de voir si Ifremer et l'Etat se sont inquiétés du devenir de la nouvelle huître une fois en écloserie et si les biotechnologies ont pu accélérer ou provoquer la surmortalité.
L'expert s'est "étonné" de "l'absence de communication" entre l'Institut et les écloseries. Mais l'Ifremer affirme ne pas avoir mission de contrôle.
OT a aussi demandé au laboratoire Frank Duncombe de chercher un lien éventuel entre triploïde et surmortalité.
En attendant, les ostréiculteurs craignent une disparition de leur huître. Ils ont observé qu'à proximité des triploïdes, les diploïdes ont parfois dû mal à se développer. Et ils redoutent de perdre leur indépendance.
"Aux Etats-Unis, les écloseries ont pris le contrôle de la filière. Quand les concessions ferment, ce sont elles qui rachètent", explique le professeur Michel Mathieu, du centre de référence de l'huître à l'université de Caen, en soulignant que le paysage français est différent.
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Le 9 février 2012
Les huîtres Jégat reconnues par les plus grands chefs français (Ouest France)
Yvonnick Jégat est fier de ses employés. Grâce à leur travail, la qualité de ses huîtres a été reconnue par l'équipe de France des arts de la table.
L'histoire
« C'est gratifiant pour l'entreprise et pour les gars, on sait pourquoi on se bagarre ! » Yvonnick Jégat est le plus heureux des ostréiculteurs arradonnais.
Cette reconnaissance lui permet dorénavant de servir ses produits sur les plus grandes tables de France.
Ses huîtres sur les plus grandes tables
Cette histoire incroyable remonte au mois de décembre. Un de ses clients fait déguster ses huîtres à ses proches, à Paris. Yvonnick Jégat est ensuite contacté, peu avant les fêtes. Il se rend à la capitale pour faire découvrir ses produits à l'équipe de France des arts de la table, le 20 janvier. Et là, « on m'a annoncé que mes huîtres seraient servies pour les grands événements ».
Pas du genre à se mettre en avant, l'ostréiculteur n'en reste pas moins ému. « C'est une fierté pour nous ! Cela prouve aussi que les huîtres de Bretagne-Sud sont de qualité ! » Il est vrai qu'à Paris, les huîtres de Charente-Maritime labellisées la perle blanche ont tous les honneurs sur les plus grandes tables. Dorénavant, les huîtres de l'Arradonnais auront aussi une place de choix.
Travailler avec la nature
Le secret d'Yvonnick Jégat : travailler avec la nature. Ses huîtres « nées en mer » sont sujettes à une attention toute particulière. Comme certains autres, il ne fait pas d'élevage en poche ; il sème ses huîtres sur le sable. « Le cycle d'élevage sur sable permet d'avoir une coquille plus dure et une huître charnue. Une huître ça se croque, il faut qu'elle soit charnue ! »
C'est ce qui a fait la différence lors des dégustations. L'ostréiculteur travaille « selon la nature. Avec le soleil, les courants et l'eau douce » ; les trois ingrédients nécessaires à la croissance du fruit de mer.
« Une huître c'est entre 3 et 4 ans de travail ! » Chez lui, pas de triploïdes qui grandissent beaucoup plus vite....
Le 30 novembre 2012
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