En Côte d’Ivoire, pêcheurs Bozo et paysans Baoulé enterrent la « machette » de guerre !
Depuis les grandes sècheresses des années 1970, les pêcheurs Bozo du delta intérieur du Niger au Mali ont migré en masse vers des pays frontaliers. Beaucoup s’installèrent en Côte d’Ivoire, le long des lagunes côtières et autour des lacs hydroélectriques créés à l’époque d’Houphouët-Boigny. En 1971, un barrage sur le fleuve Bandama donne naissance au lac de Kossou au centre de la Côte d’Ivoire en pays Baoulé.....
Depuis une trentaine d’années, les conflits entre pêcheurs Bozo et paysans Baoulé n’ont jamais cessé sur le lac de Kossou pour aboutir à l’expulsion des pêcheurs Bozo en 2001….
Longtemps opposés sur les pratiques de la pêche sur le plan d’eau du Lac de Kossou dans la localité de Sakassou dans le centre de la Côte d’Ivoire, le conflit entre allogènes bozo et autochtones baoulé est en passe d’être résolu de façon définitive. Et ce, grâce à un code de bonne cohabitation élaboré de façon consensuelle par les deux parties.
Assis côte à côte sous une bâche dans le village d’Ayaou Sran dans le département de Sakassou, M. Ousmane Sarampo, pêcheur Bozo, Malien et M. N’Dri Koffi Jules, pêcheur Baoulé devisent gaiement. Ils échangent des plaisanteries, se tapotent dans le dos. Cette causerie, qui a priori semble banale, n’était pas possible il y a à peine deux ans.
C’est que Bozo et Baoulé se sont opposés pendant plus de 30 ans sur les pratiques de la pêche, les us et les coutumes des uns et des autres.
Les Baoulé reprochaient aux Bozo de créer leurs campements et d’aller souvent là où les autochtones ne vont pas pour pêcher. Ils sont aussi accusés d’avoir des pratiques et des moyens matériels de pêche que n’ont pas les autochtones. C’est le cas des réseaux enchevêtrés d’hameçons.
Les Bozo, eux, reprochaient aux Baoulé de détruire leurs matériels, leurs campements, et de vouloir s’accaparer leurs productions, etc.
La crise de confiance va se transformer au fil des années en conflit allant jusqu’à des dégâts matériels et parfois des pertes en vies humaines. Le conflit a atteint son paroxysme avec l’expulsion de milliers de pêcheurs Bozo en 2001 du plan d’eau du lac de Kossou.
Mais aujourd’hui, c’est de l’histoire ancienne. Un très mauvais souvenir que les différentes parties n’osent plus évoquer. L’objectif commun est désormais la création de richesse.
Pour y parvenir, il faut créer un environnement apaisé. C’est pourquoi, Bozo et Baoulé vont parvenir à un code de bonne cohabitation mis en œuvre de façon consensuelle et concertée, sous la houlette du ministère des Ressources animales et halieutiques en collaboration avec le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud).
Comment Bozo et Baoulé ont-ils pu arriver à ce résultat ?
Réponse dans Fraternité Matin : Plan d’eau du Lac de Kossou : Un code de bonne cohabitation pour régler le conflit Bozo-Baoulé
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Aka Koutouan Appolinaire, président de la coopérative des jeunes pêcheurs a fini par présenter des excuses publiques pour le comportement de ses pairs. Mais cela n'a rien changé. Les jeunes autochtones ont même mis le cap sur résidence du maire qui recevait le ministre à déjeuner. Pendant plusieurs minutes, ils ont fait pleuvoir des jets de pierres et de bâtons dans la cour de l'autorité municipale. « Nous n'avons rien à voir avec le ministre.
Nous en voulons au maire car c'est lui qui a laissé revenir les bozos dans la région », entendons-t-on çà et là. Il a fallu un renfort de l'escadron d'Aboisso pour calmer les différentes parties, au bord de l'affrontement. C'est donc sous forte escorte militaire que le ministre Kobenan Adjoumani et sa délégation ont quitté Ayamé aux environs de 17 heures. Au moment où nous mettions sous presse, le calme était revenu dans la ville.
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17 janvier 2012 : Conflit Bozos-autochtones Agni dans le Djandji Lac d’Ayamé : la richesse qui fait si mal ! (Nord-Sud)
Pratiques de pêches destructrices, pression démographique… le lac d’Ayamé, symbole du canton Djandji est aujourd’hui au centre de toutes les violences. Entre les jeunes pêcheurs autochtones et les Bozos, « je t’aime moi non plus».
Jolie matinée d’harmattan en ce vendredi de janvier. Au tréfonds d’un brouillard clair-obscur, le soleil ricane sur Aboisso, chef-lieu de région du Sanwi. En quelques minutes de route seulement, et voilà Ayamé la capitale du Djandji composée aussi de Bianouan et de Yaou. La belle petite bourgade, enfouie dans ce relief accidenté, est connue pour ses barrages hydroélectriques mais surtout pour son lac artificiel de 197 kilomètres carrés, réalisé en 1959 sur la rivière Bia. Aucun déboisement n’ayant précédé la mise en eau, le lac se présente comme un grand plan d’eau sombre d’où émergent des troncs d’arbres restés debout. II se présente aussi sous forme d’un barrage voûté s’appuyant d’un côté sur la montagne et de l’autre sur une digue de surélévation en terre compactée. Cap sur ce site, mère nourricière d’au moins 14 villages. Une vaste étendue d’eau de 91 mètres de côte. Rendez-vous sur l’un des débarcadères. On y découvre d’énormes trous à poissons en descendant le bassin. Mais derrière ce beau spectacle, un conflit oppose des Maliens appelés bozos aux autochtones. Deux communautés de pêcheurs qui utilisent les mêmes techniques de capture. Les rixes ne manquent pas. Il y a une dizaine de jours, le vase a débordé.
Le vase déborde
Une horde de jeunes gens, le visage grimé, la main armée de bouts de bois et de machettes ont pris à partie les pêcheurs bozos. Bilan, plusieurs blessés, des biens emportés, au moins 8 pirogues et des filets de pêche incendiés. Heureusement, les Bozos, malgré les préjudices subis, se sont abstenus de riposter pour ne pas envenimer une situation déjà volatile. A l’origine de toutes ces brutalités, l’exploitation du lac. Les Bozos sont ceux qui ravitaillent le plus efficacement les marchés en poissons. Les jeunes pêcheurs autochtones qui n’ont ni la science ni l’ardeur à ce type de labeur n’en peuvent plus de la cohabitation. Malgré les 60 millions Fcfa et les équipements mis à disposition par le gouvernement, les résultats n’ont pas été à la hauteur des promesses. Ils estiment que les étrangers sont à la base de l’échec. «Ils font des fétiches contre nous », explique Etienne, un jeune pêcheur. «Nous sommes des boucs-émissaires », rétorque Farba Soumaré, un Bozo. En réalité, il n’y a jamais eu d’amour entre les deux groupes, mais plutôt de la tolérance. Ce conflit, il faut le rappeler, ne date pas d’aujourd’hui. En 1998, les Bozos avaient été mis au ban de la ville. Les autochtones les accusaient d’avoir enfreint à leurs coutumes et profané des objets sacrés. A l’époque, leur capacité accrue de pêche permettait d’approvisionner les marchés alors que les pêcheurs locaux, plus petits, ne pouvaient en capturer que quelques kilogrammes à peine. Ce qui a entraîné une forte spéculation, obligeant une partie des populations notamment les femmes à réclamer le retour des Bozos. Revenus pour reprendre leurs activités, ils sont toujours lorgnés. Ils sont à nouveau confrontés aux mêmes élans xénophobes. Les jeunes autochtones opposent un refus catégorique de les voir exploiter ce qu’ils considèrent comme un bien exclusif à leur seul usage. Ils accusent aussi le maire de la ville d’être de connivence avec les Bozos et d’avoir manœuvré pour leur retour. «Je ne travaille pas au détriment de mes frères. Ce que je veux, c’est de leur donner les moyens afin de devenir compétitifs », se défend le président du conseil municipal, Louis Blaise Aka Brou.
L’imbroglio continue
Cette profession de foi n’a pas permis d’annihiler les velléités de conflit sur le lac. Et tous les moyens sont bons : pagaies, coupe-coupe, bâtons, machettes parfois. Sur le terrain, la Coopérative des jeunes pêcheurs d’Ayamé maintient son interdiction faite aux Bozos d’utiliser le lac. Une coopérative fictive, objecte le ministre des Ressources animales et halieutiques, Kobena Kouassi Adjoumani. Après avoir vainement plaidé à perdre la voix, les pêcheurs maliens répliquent : «nous ne partirons pas ». A plusieurs reprises, les Bozos ont fait des compromis et accepté des mesures restrictives et/ou des mesures de surveillance accrues au point où le seul compromis qui leur reste à faire est de se retirer complètement de la zone de pêche. A l’évidence, c’est l’objectif des jeunes et, bien entendu, cela n’est pas une option pour tous ! En premier lieu, les femmes dont le commerce prospère grâce aux Bozos.
“Les Maliens nous aident et ce serait suicidaire de les mettre dehors”, explique Jeanne Konan, une vendeuse autochtone. «On est des pêcheurs de père en fils. On aime notre métier et on doit avoir le droit de l’exercer en toute sécurité. On ne peut pas laisser faire ceux qui veulent nous empêcher de gagner notre pain », observe Fodi Mandé. Que faire pour régler la situation ? Faire appliquer les textes, dire la vérité, c’est-à-dire dénoncer le laxisme, affirme le préfet de région, Seydou Gogoua. Le ministre Adjoumani a déjà donné le ton. Pour lui, les Bozos ont le droit de pêcher légalement. Mais il faut le respect de la loi : le permis, les engins de pêche, les niveaux de captures. Bref, la réglementation. «Ils savent que leur équipement et leur technique ont besoin d’être modernisés », dit-il. Malheureusement, il y a énormément de résistance au changement, même si cela est censé améliorer la qualité du produit au bout du compte. Les Bozos sont extrêmement inquiets pour la survie de leur flotte. Ils continuent de subir des pressions de toutes sortes même s’ils veulent respecter les consignes. «Ils harcèlent nos pirogues, coupent les amarres de la petite embarcation. Ils endommagent nos pirogues en y tirant différents projectiles en acier. C’est sûr que nous avons perdu notre saison de pêche au complet», souligne Adama Baldé. Du point de vue opérationnelle, les services de pêches reconnaissent que le lac ne peut supporter que 300 pêcheurs mais les autochtones considèrent que les étrangers ont dépassé les bornes. Richard Tokré, secrétaire général de la coopérative des jeunes pêcheurs, ne renonce pas à ses textes. «Pour pêcher, il faut être membre de notre coopérative. Pour être membre de la coopérative, il faut être ivoirien», insiste-t-il. Un labyrinthe. Pour l’heure, les deux parties refusent de bouger de leurs positions respectives. Mais les discussions continuent. «Nous sommes conscients qu’il n’existe pas de solution magique et qu’il n’en existera pas tant et aussi longtemps que les autochtones ne voudront pas sentir les autres », fait remarquer le président du conseil général, Aka Aouélé. Mais, pour le ministre, il faut faire respecter la réglementation. «Le conflit doit être réglé à tout prix », croit M. Adjoumani. Qui est d’avis que toutes ces palabres sont alimentées par un discours politique irréaliste. En attendant, les usagers ont absolument besoin de ressources pour survivre et prospérer. L’imbroglio reste total voire intenable !
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