Le dernier poisson. Quel avenir pour la pêche ?

Le dernier poisson. Quel avenir pour la pêche ?

Documentaire d'ARTE... Réponse des économistes de l'OCDE...

Un reportage d’Ismeni Walter sur ARTE - vendredi 21 octobre 2011 à 22h40

Un reportage catastrophe : Le dernier poisson

Malgré une apparente abondance, les poissons des océans représentent une ressource limitée. Ce documentaire montre l'urgence de faire évoluer les modes de production vers une pêche durable.

Chaque année, 90 millions de tonnes de poisson sont pêchées sur la planète. Cette ressource, que l'on croyait renouvelable, et donc inépuisable, est en réalité menacée. En effet, plus de 85% des poissons remontés dans les filets sont rejetés morts à la mer - et ne sont pas comptabilisés dans les quotas de pêche. Si la pisciculture semble à première vue une bonne solution, elle consomme en réalité plus de poissons qu'elle n'en produit : pour 1 kg de poisson d'élevage, il faut pêcher 5 kg d'espèces sauvages, transformées ensuite en farine. Sans compter la pollution qu'occasionne l'aquaculture... Les réglementations suffisent-elles pour sortir du cercle vicieux de la surpêche, qui bouleverse les écosystèmes ? De l'avis des experts, il existe des solutions pour mettre en place une pêche durable. Ce documentaire mène l'enquête de manière rigoureuse, dans plusieurs pays, pour dévoiler des réalités méconnues du public.

Le dernier poisson de l’artisan-pêcheur. Quel bel avenir pour la pêche industrielle !

De leurs côtés, les économistes Gunnar Haraldsson et David Carey tablent sur le dernier poisson pour les pêcheurs artisanaux avec la fin des stocks gérés en commun et ils prévoient un bel avenir pour la pêche industrielle avec la privatisation des ressources halieutiques dans un article publié en septembre 2011 par l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economiques) : « Ensuring a Sustainable and Efficient Fishery in Iceland » (Garantir une pêche durable et efficace en Islande)

Alain Le Sann du Collectif Pêche et développement : « L’indécente promotion des QIT par l’OCDE »

En 2009, le scientifique islandais Jon Kristjansson écrivait sur son site : « Je soupçonne la « science » d’être un outil pour établir des restrictions telles que le système des quotas puisse être maintenu, La réduction des débarquements mène à des prix plus élevés du poisson et plus d’argent pour les propriétaires de quotas qui les louent…La science est utilisée pour faire peur comme le pape au Moyen Age : « Qui sera responsable de la capture du dernier poisson ?»

La publication par l’OCDE d’un bref rapport à la gloire du modèle islandais de gestion par les QIT illustre parfaitement l’analyse de Jon Kristjansson. Il vient à point pour conforter les propositions de réforme de la PCP, il montre aussi très clairement quels seront les résultats de la mise en œuvre des QIT en Europe et l’aboutissement d’une gestion centrée non sur la ressource mais sur la recherche du profit maximum.


Les QIT entraînent la baisse des TAC (taux admissible de captures)

Le rapport s’intitule « Ensuring a sustainable and efficient fishery in Iceland » et a été rédigé par Gunnar Haraldson et David Carrey, deux chercheurs de l’OCDE. Il commence par vanter l’efficacité du système des QIT pour assurer la pérennité des stocks, ce qui paraît d’ailleurs curieux parce que leur propre graphique montre que la gestion par les QIT a abouti à diviser les captures de morue par deux en 25 ans, de 300 000 T à 150 000 T. Ils se félicitent en effet de ce résultat parce que les QIT créent une pression politique en faveur d’une limitation des TAC, favorable à une meilleure valorisation des quotas. Ils se félicitent également d’une augmentation de la taille moyenne des bateaux, gage, selon eux, d’une meilleure efficacité. Cette limitation des TAC, associée à l’augmentation de la taille des bateaux, permet d’accroître la rente.

Logiquement les QIT condamnent la pêche artisanale

Mais nos deux économistes, emportés par leur enthousiasme, ne veulent pas en rester là. Il faut améliorer l’efficacité du système, c’est-à-dire, la rente et la profitabilité des entreprises. Ils manifestent ainsi clairement que le but des QIT n’est pas d’améliorer la gestion des ressources pour fournir une nourriture de qualité mais de dégager le maximum de profit, signe pour eux d’une plus grande efficacité. Bien évidemment, comme seuls les gros bateaux dégagent le profit maximum, nos deux chercheurs demandent de renoncer au système qui protège la pêche côtière car celle-ci « a des effets négatifs sur l’efficacité du système de gestion des pêches ». Il est donc préférable d’éliminer la pêche côtière et artisanale pour développer d’autres activités dans les zones rurales. Ils suggèrent pour cela d’investir dans l’éducation et des infrastructures. De telles propositions vont certainement ravir et rassurer les pêcheurs côtiers auxquels ils proposent un avenir radieux avec des activités plus profitables, mais sans préciser lesquelles.

Les QIT remettent en question les droits des pêcheurs

Nos généreux économistes libéraux n’en restent pas là. Pour eux, il faut lever toutes les restrictions aux investisseurs étrangers dans la pêche car ceux-ci auront aussi intérêt à peser en faveur de restriction des TAC, ce qui leur assure la rente maximale. Ils sont cependant conscients que l’introduction de capitaux étrangers en Islande s’accompagne de l’utilisation d’une main-d’œuvre non soumise au droit social islandais. Loin de remettre en cause le dumping social, ils proposent une phase de transition pour permettre le transfert de la main-d’oeuvre islandaise vers d’autres activités.

Voilà l’illustration parfaite de l’aboutissement de la dynamique mise en œuvre par les QIT en vue d’assurer le profit maximum : élimination du secteur artisanal concentration des armements, dégradation des conditions des matelots, délocalisations et mort des communautés de pêcheurs. La logique de recherche du profit maximum n’est pas celle du rendement maximum durable, et les garde-fous mis en place pour protéger le secteur artisan risquent d’être en permanence remis en cause au nom du profit maximum des seigneurs de la pêche qui disposeront du pouvoir et des capacités de lobbying si on ne veut pas leur céder.

Alain Le Sann, Secrétaire du Collectif Pêche & Développement, 5 Octobre 2011

Pour télécharger l’étude de Haraldsson, G. et D. Carey (2011), « Ensuring a Sustainable and Efficient Fishery in Iceland », OECD Economics Department Working Papers, No. 891, Éditions OCDE, cliquer QIT


Autres articles :
Pour aller plus loin....


Le 24 octobre 2011 : Analyse après visionnage du documentaire

Le réalisateur Ismeni Walter et Maria Damanaki souhaitent :
  • une pêche industrielle avec un contrôleur derrière chaque bateau !
  • une aquaculture intensive du type élevage agricole en batterie !
Le dernier poisson survivra

Le vendredi 21 octobre Arte présentait à 22 heures 41 un reportage à charge contre la pêche maritime professionnelle. Un de plus. Alain Le Sann de Pêche & Développement nous propose une réflexion directe sur cette question.

Il est temps de nuancer les propos outranciers et bien souvent erronés de ceux qui veulent le bien de la pêche et des pêcheurs grâce à des solutions fermes, définitives et sans appels. Comité des Pêches du Guilvinec

Documentaire Arte : Le dernier poisson


Le dernier pêcheur selon « Le dernier poisson »

Le film « Le dernier poisson » diffusé le 21 Octobre sur Arte nous a montré le modèle de pêche défendu par son réalisateur Ismeni Walter et Maria Damanaki. Le seul pêcheur qui ait eu le droit à la parole est un patron de chalutier industriel pêchant la morue (proprement semble-t-il), sous le regard de quatre caméras qui enregistrent en permanence l’activité du bateau et le contenu du chalut. Chaque mois, les enregistrements sont analysés par des scientifiques qui vérifient le respect des règles et des quotas et analyse le résultat des pêches. Ils disposent ainsi de données précises sur les stocks. Pour analyser en totalité ces enregistrements, il faut sans doute autant de contrôleurs que de pêcheurs, mais c’est cela que veulent imposer la Commission, des scientifiques et de nombreuses ONG… Suite de l’analyse par Alain Le Sann

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Le dernier poisson - Quel avenir pour la pêche ?

Le dernier poisson - Quel avenir pour la pêche ?

Samedi 06 octobre 2012 de 17h30 à 19h00

Muséum National d’Histoire Naturelle
Salle 1 / Auditorium
Grand public

Réalisé par Ismeni Walter
Ecrit par Ismeni Walter
Produit par Schiebener Filmproduktion pour la WDR
Documentaire, Allemagne, 2011, 45 min

Chaque année, 90 millions de tonnes de poisson sont pêchées sur la planète. Cette ressource, que l’on croyait renouvelable, et donc inépuisable, est en réalité menacée. En effet, plus de 85% des poissons remontés dans les filets sont rejetés morts à la mer − et ne sont donc pas comptabilisés dans les quotas de pêche. Si la pisciculture semble à première vue une bonne solution, elle consomme en réalité plus de poissons qu’elle n’en produit : pour 1 kg de poisson d’élevage, il faut pêcher 5 kg d’espèces sauvages, transformées ensuite en farine. Sans compter la pollution qu’occasionne l’aquaculture... Les réglementations suffisent-elles pour sortir du cercle vicieux de la surpêche, qui bouleverse les écosystèmes ? De l’avis des experts, il existe des solutions pour mettre en place une pêche durable. Ce documentaire dévoile des réalités méconnues du public et montre qu’il est urgent de faire évoluer les modes de production vers une pêche durable.

Débat en présence de :
  • Gilles Boeuf , Président du MNHN, biologiste marin 
  • Claire Nouvian, Présidente et fondatrice de BLOOM association
Ce documentaire sera projeté dans le cadre de la 8ème édition du festival Pariscience, le festival international du film scientifique, organisé par l'Association Science et Télévision (AST) qui ouvrira ses portes du Jeudi 4 Octobre 2012 au Mardi 9 Octobre 2012 au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris.
46 documentaires seront projetés et aborderont des thèmes variés. La pêche durable et la sauvegarde des espèces seront notamment mises à l'honneur.
Pour plus de renseignement sur le programme du festival, cliquer Ici

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