Gérer des stocks de poisson chevauchants (1) n’est pas facile. Participer à deux réunions dans le même créneau horaire relève de l’impossible. C’est pourtant la proposition de deux eurodéputés français qui ont organisé chacun de son côté une réunion sur la réforme de la PCP, le 12 octobre 2011 en fin d’après-midi au Parlement Européen à Bruxelles :
- 16h30 à 18h30 : « La réforme de la politique commune des pêches (PCP), les enjeux pour les Régions françaises » sous le parrainage d’Estelle Grelier, Eurodéputée de Fécamp, membre de la Commission Pêche du Parlement Européen,
- 17h30 à 19h : « L’Union européenne laisse-t-elle l’aquaculture aux autres ? » sous le parrainage d'Alain Cadec, Eurodéputé des Côtes d’Armor, vice président de la Commission Pêche du Parlement Européen.
Réforme de la PCP. Les enjeux pour les régions françaises
Depuis la révélation des grandes lignes de la future politique commune de la pêche par la commission européenne le 13 juillet 2011, plusieurs régions côtières françaises se sont senties attaquées. En première ligne, la Bretagne et la Basse-Normandie qui ont décidé de faire front aux propositions de Bruxelles : Pêche. Bretons et Normands rament ensemble contre Bruxelles (Manche Libre)
La réunion du 12 octobre 2011 organisée par l’Association des Régions de France (ARF) et la Région Bretagne sur les enjeux de la réforme pour les régions françaises peut être comprise comme un début de mobilisation de toutes les zones côtières françaises afin de sauvegarder les derniers pans de la pêche française après deux décennies de « casse forcenée », de relancer l’ostréiculture en grande difficulté et de poursuivre le développement de la mytiliculture…
Mais parmi les régions littorales françaises, la Région Nord-Pas-de-Calais a décidé de faire bande à part et de miser sur la pisciculture marine dans la continuité de son grand port de pêche à Boulogne...
Aquimer, la base de lancement de la pisciculture marine à la nordique !
Un axe important de la réforme de la PCP est le développement de l’aquaculture. Pas n’importe quelle aquaculture ! La pisciculture marine industrielle à l’image de la salmoniculture norvégienne…
La réunion du 12 octobre 2011 « L’Union européenne laisse-t-elle l’aquaculture aux autres ? » organisée par Aquimer, le nouveau pôle des produits aquatiques de la région Nord-Pas-de-Calais peut être comprise comme une adhésion au programme de développement aquacole européen en mettant sur orbite le projet « Nouvelles Vagues » qui avait été présenté en mai 2011 lors du colloque du Touquet-plage : Les rencontres de l’aquaculture 2011 (avec la présentation de la plateforme d’innovation piscicole « Nouvelles vagues »).
Aquimer, un second Cnexo ?….
Des investissements considérables dans la recherche et le développement aquacole à partir des années 1970 autour du pôle brestois Cnexo (l'ancestre d'ifremer)…
Résultats : La France a formé les chercheurs et les techniciens parmi les meilleurs au monde qui ont ensuite participé non pas au développement aquacole de la France mais du reste du monde avec l’émergence des grands pôles aquacoles internationaux : La crevette en Equateur, Colombie et Madagascar, le saumon au Chili, le bar et la daurade en Méditerranée. Des pays ou des régions du globe devenus leader dans l’aquaculture mondiale alors qu’au départ la France les dominait tous ou toutes avec sa conchyliculture et son élevage de truite (n°1 à l’époque).
La seule réussite significative de ces 30 dernières années est la perliculture en Polynésie française !
En se lançant dans la pisciculture industrielle, Aquimer ne répond pas aux préoccupations des professionnelles de la mer… Diversification des pêcheurs dans la mytiliculture, repeuplement en mer (saint-jacques, oursin, ormeau,…) qui sont d’autres voies aquacoles beaucoup plus prometteuses et surtout à la portée des entreprises halieutiques françaises.
De leurs côtés, les ostréiculteurs face au problème de mortalité des juvéniles d’huîtres, ont décidé de diversifier leurs activités aquacoles : algoculture, élevage de pétoncle, d’ormeaux,… des aquacultures à taille humaine que des pôles d’innovation comme Aquimer devront accompagner.
Le développement de grandes entreprises piscicoles en France est illusoire ! Il ne faut pas oublier que derrière la réussite piscicole norvégienne, il y a la manne pétrolière et les pêcheries minotières !
Philippe Favrelière
(1) Stock chevauchant : Stock dont le cycle biologique se déroule dans un secteur géographique couvrant des zones placées sous des juridictions différentes. Les stocks chevauchants concernent principalement les espèces migratrices et tout particulièrement les thonidés…
Autres articles :- Aliment aquacole, le "carburant" du pisciculteur !
- Pisciculture, la future vache à lait de l'agro-business
Invitation à la conférence : « L’Union européenne laisse-t-elle l’aquaculture aux autres ? »
Sous le parrainage de M. Alain CADEC, Député européen, Vice-président de la Commission de la Pêche au Parlement européen
Au Parlement européen à Bruxelles, mercredi 12 octobre 2011, de 17h30 à 19h00
Discours d’accueil : Alain CADEC, Député Européen, Vice-Président de la Commission de la Pêche, Parlement européen
Présentation d’Aquimer : Thierry MISSONNIER, Directeur d'Aquimer (Pôle des produits aquatiques)
Projection d’un film réalisé par Aquimer sur les enjeux de l’aquaculture
De quelle stratégie politique l’aquaculture européenne a-t-elle besoin d’ici 2030 ?
Courtney HOUGH, Secrétaire général, Plateforme européenne de technologie et d'innovation en matière d'aquaculture (EATIP)
Comment valoriser les efforts fournis par les producteurs européens ?
Arnault CHAPERON, Président, Fédération européenne des producteurs aquacoles (FEPA)
Comment mettre en place une interprofession qui rende justice à l’aquaculture ?
Hervé JEANTET, Président du Conseil spécialisé pour les produits de la mer, de l'aquaculture et de la pêche professionnelle en eau douce, FranceAgrimer
Le Portel ne veut pas du projet d'aquaculture à l'hoverport (Voix du Nord)
Pour les Portelois, pas question d'une plate-forme aquacole sur le site de l'hoverport, celui de l'ex-Comilog est plus approprié.
Le Portel ne veut pas du projet de plate-forme aquacole sur le site de l'hoverport a rappelé son maire Laurent Feutry suite au conseil portuaire. La ville « soutient ce projet mais estime plus logique de le positionner sur le site de la Comilog, au coeur des entreprises de traitement et de transformation des produits de la mer. Elle maintient que le site de l'Hoverport est situé en continuité sur le domaine de la plage, et que seuls des activités sportives , véliques, nautiques , touristiques et de remise en forme peuvent s'y développer avec harmonie. Si administrativement le développement sur ce site s'avérait difficile, elle prône un retour au domaine naturel de la plage, dans sa continuité », poursuit Laurent Feutry. « Elle regrette par ailleurs que le député-maire de Boulogne continue sa partie de Monopoly immobilière sur le domaine portuaire et voudrait imposer ce projet industriel sur le site de l'hoverport, pour garder des espaces plus intéressants à ses yeux sur le domaine Comilog. Elle regrette également que certaines voix, se voulant intimidantes, estiment que l'Hoverport est dans le domaine portuaire, propriété de la Région, et que la ville de Le Portel n'aurait donc pas son mot à dire, et ne pourrait que subir ! A ceux là, nous répondons que si une telle décision nous était imposée, la ville, ses élus, ses associations et ses habitants se mobiliseraient. »....
====================
Commentaires