Huître Marennes-Oléron : Deux études pour mieux rebondir face à la crise....
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Le plus grand centre ostréicole, dans le plus grand département halieutique français (Pêche + aquaculture), avec une vente annuelle d’huître de plus de 50.000 tonnes en Charente-Maritime, se dévoile dans une « Étude sur les perspectives à court, moyen et long terme de l'ostréiculture en Charente-Maritime ».
Cette étude permet à la profession ostréicole charentaise de mieux se connaitre afin de mieux rebondir dans toute sa diversité et toute sa complexité face à la crise…
Face à la crise due aux mortalités massives de naissains d'huîtres que nous subissons tous les étés depuis 2008, la profession constatant le manque de réactivité des administrations, des scientifiques et des élus politiques a entrepris de chercher par elle même les solutions de sortie de crise. Cela s'est traduit ce lundi 27 juin 2010 à Bourcefranc par la présentation devant plus de 300 ostréiculteurs des deux premières phases de l'étude lancée depuis octobre 2009 par le Comité Régional de la Conchyliculture Poitou-Charentes.
Un réseau de plus de 900 entreprises familiales
L'ostréiculture en Charente Maritime est encore artisanale et à forte composante familiale. Sur les 910 exploitations, 52 % font moins de 100.000 euros de CA annuel, 66 % commercialisent moins de 40 tonnes avec une médiane à 26 tonnes. Les itinéraires techniques sont multiples, il n'existe pas Une ostréiculture mais autant qu'il y a d'ostréiculteurs.
Chacun s'adapte à la composition de ses parcs, à leur disposition géographique, à leur productivité, à ses filières commerciales. Cela apporte des points positifs par exemple en terme de réactivité face à un problème ou de rapidité d'adaptation, mais comporte aussi des faiblesses comme l'impossibilité de parler d'une seule voix ou d'avoir une politique tarifaire harmonisée.
La moyenne d'âge des exploitants est de 44 ans, les femmes chef d'entreprise ne sont que 8 % et seules 33 % des exploitations ont une forme sociétale.
Autour de certains des choix fondamentaux pour l’ostréiculture de demain, les tensions s’avivent entre promoteurs du « progrès technologique » (écloserie, triploïdie, sélection, nouvelle zootechnie) et tenants de la « sagesse des anciens ». Il existe un risque réel de fracture au sein de la profession.
Les différentes actions à envisager doivent intégrer cette multiplicité de formes. Il semble évident que ce qui pourrait convenir à une exploitation de 300 tonnes ne le serait pas pour une exploitation de taille plus modeste.
Étude sur les perspectives à court, moyen et long terme de l'ostréiculture en Charente-Maritime
Parties 1 et 2 : état des lieux et diagnostic
Comité régional Conchylicole Poitou-Charentes
Via.Aqua. Aquaculture, Seafood & Marketing / Benoît Gaillard Consultants
Mars 2011
L'état des lieux résulte de la collecte, de l'analyse et de la mise en forme d'un très grand nombre de données en provenance d'une large variété de sources.
A chaque fois que cela a été possible, les sources ont été recoupées pour valider les données présentées ; c'est le cas notamment du fichier compilant les déclarations des calamités agricoles 2009 – qui comportent de nombreuses données économiques et financières – et du fichier CGO.
Les sources ont été indiquées pour chaque tableau et chaque graphique.
Pour faciliter la lecture de certains graphiques , des bulles ont été insérées pour donner un exemple de la façon il faut lire le graphique.
L'état des lieux et le diagnostic sont structurés à partir de trois entrées très simples :
- Les conditions et l'organisation de la production (foncier, techniques, pratiques….).
- La commercialisation des produits et le marché.
- Les réalités humaines et financières des entreprises ostréicoles.
Pour télécharger le document, cliquer : CRC Poitou-Charentes
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Le cas du bassin de Marennes-Oléron.
Auteurs : D. Mille (CREAA) et O. Le Moine (IFREMER LERPC-La Tremblade)
Août 2011
Creaa / Ifremer / Ancorim
Les enjeux
Le site étudié est le bassin conchylicole de Marennes-Oléron qui constitue avec le reste des rivages de Poitou-Charentes, l’un des plus importants centres conchylicoles européens et le premier en matière ostréicole.
Bien que bénéficiant historiquement de conditions préférentielles pour la réalisation de l’élevage des coquillages, l’activité conchylicole est aujourd’hui menacée outre par les mortalités précoces de juvéniles d’huîtres, par des risques de plus en plus prégnants : dégradation de la qualité des eaux, raréfaction de l’eau douce et augmentation de la fréquence des phénomènes climatiques violents ce qui entraîne une dégradation globale des conditions de production.
Pour télécharger cette très bonne étude, cliquer Ancorim/ CREAA
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Ancorim
Le Réseau atlantique pour la gestion des risques côtiers (ANCORIM – Interreg IVB Secteur de l’Atlantique) est un projet financé par le fonds européen de développement régional (FEDER), visant à renforcer la capacité d’action des décideurs dans les régions de l’Atlantique, dans le but d’éviter et de réduire les risques côtiers, notamment ceux qui sont liés aux changements climatiques. Il est axé principalement sur la mobilité de la ligne de rivage, la qualité des eaux et les activités économiques côtières, ainsi que l’aménagement du littoral.
L’arc atlantique est constitué de 33 régions européennes qui s’étendent sur un linéaire côtier de 2500 km, comptant environ 70 millions d’habitants. Ces régions sont caractérisées par une forte identité, liée à la proximité de l’océan et présentent également une grande diversité naturelle et culturelle. Elles sont aussi très vulnérables en raison des pressions qu’elles subissent d’origine humaine ou naturelle : tourisme, urbanisation, érosion côtière, pollutions …. Les différents risques sont par ailleurs potentiellement accentués par les effets pressentis du changement climatique : surcôte de tempêtes, inondations, …. Dans ce contexte, le projet ANCORIM vise à renforcer les capacités opérationnelles des décideurs et gestionnaires du littoral des régions atlantiques dans le but de faire face aux risques littoraux. Il se propose ainsi de mettre en réseau les ressources scientifiques et techniques existantes à l’échelle de l’espace atlantique européen, ainsi que de fournir des outils d’appui à la décision, et de valoriser les exemples de bonnes pratiques existantes dans les différents territoires concernés. Le projet ne consiste pas à développer des travaux de recherche scientifique mais à intensifier les échanges opérationnels entre la communauté scientifique et les décideurs en vue d’améliorer la prévention et gestion des risques côtiers. Pour plus d'informations, cliquer Ici
Autre étude : Enquête sur les besoins des décideurs et des acteurs pour la gestion du littoral Poitou-Charentes
Archive de l'INA : C'est à voir....
En 1970, l'ostréiculture du bassin de Marennes-Oléron connaissait beaucoup de problèmes avec l'huître portugaise "maladive"...
1970, c'est l'année des grandes mutations dans l'ostréiculture charentaise :
- introduction de l'huître japonaise plus poussante,
- passage à l'élevage sur table,
- mécanisation...
- Et l'éternel Professeur Daste et sa navicule bleue dans le laboratoire du Château d'Oléron...
Marennes : Les huîtres
Poitou Charentes actualités - 29/12/1970 - 10min48s - Si problème de chargement, cliquer Ina
Sur l'ile d'Oléron, le bassin de Marennes connait une forte activité ostréicole qui s'étend sur plusieurs kilomètres. En effet, la production d'huîtres dans cette région est très importante, le chiffre d'affaire croit et la consommation augmente. Cependant, les ostréiculteurs connaissent de plus en plus de difficultés qui aboutissent à une perte de leur production. Des solutions scientifiques sont alors envisagées: un bassin biologique a été mis en place pour étudier le verdissement de l'huitre ainsi qu'un laboratoire de biologie ostréicole et marine, à Poitiers, a été ouvert. Ce centre effectue des recherches sur le plancton dont l'huître se nourrit. Aussi, l'évolution ostréicole se veut industrielle et les cultivateurs doivent adapter leur structure à cette évolution.
Production : Office national de radiodiffusion télévision française Poitiers
Journaliste : Renaud, Edgard
Mars 2012
CESER Aquitaine, Poitou-Charentes, Pays de Loire, Bretagne
La pêche de coquillages, une activité ancestrale
La pêche de coquillages pour la consommation humaine est une activité ancestrale apparue dès la Préhistoire.
Des amoncellements de coquilles d’huîtres et de moules sont ensuite retrouvés autour des habitations des zones côtières datant de l’Antiquité. L’huître était alors si commune qu’à Athènes, où est née la démocratie, on utilisait sa coquille comme bulletin de vote servant à bannir un citoyen jugé indésirable (de là vient le mot d’ostracisme).
Au Moyen-âge, les huîtres étaient consommées par les populations aisées dans les villes et constituaient un plat de pauvres dans les régions de production.
A la Renaissance, de nombreux marchands d’huîtres à l’écaille firent leur apparition à Paris, ville qui faisait une grande consommation d’huîtres.
A partir du 18ème siècle, l’exploitation des ressources augmenta prodigieusement. Partout, on prélevait de plus en plus et la pénurie s’annonçait. Dès 1750, on tenta de protéger la ressource par des réglementations, très difficiles à faire accepter par les populations locales dont la survie dépendait de cette activité.
La naissance de l’ostréiculture moderne
C’est au milieu du 19ème siècle que naît l’ostréiculture moderne : ce terme traduit le passage de la cueillette des huîtres sauvages à leur élevage. En France, un système de plancher-collecteur est inventé afin de collecter les larves
– appelées alors naissain – en période de reproduction des huîtres. Le naturaliste Victor Coste, étudiant le captage et l’élevage du naissain, expérimente les premiers parcs d’élevage à Arcachon puis en Baie de Saint-Brieuc.
Il s’inspire pour cela de techniques romaines qu’il adapte : c’est en effet un Romain, Sergius Orata, qui inventa le premier système de parc à huîtres et parvint ainsi à faire grossir dans des lagunes des huîtres provenant du littoral, ainsi qu’à fixer les larves d’huîtres sur des branches d’arbres, maîtrisant ainsi l’ensemble du cycle de vie.
Les parcs se multiplient donc sur le littoral français, atlantique, mais également en Méditerranée, avec des techniques de plus en plus perfectionnées.
C’est en 1868 que la langue française intègre le terme ostréiculture.
L’histoire récente de l’ostréiculture : une succession de trois espèces
Jusqu’à la fin du 19ème siècle, l’huître plate (Ostrea edulis) est la seule espèce présente dans les eaux françaises.
Elle fut alors fragilisée et se raréfie progressivement, jusqu’à disparaître totalement en 1920 à Arcachon et en Charente. En Bretagne, on assiste à un regain de production de l’huître plate à partir de 1929 : elle atteint 24 000 tonnes en 1970. Victime de deux parasitoses en 1973, la production retombe à un niveau très faible (500 tonnes en 1980). Avec environ 1 200 tonnes par an, l’huître plate est aujourd’hui loin d’avoir retrouvé son tonnage des années 1970 et n’est produite qu’en Bretagne.
Deux espèces d’huîtres creuses se sont parallèlement succédé :
- l’huître « portugaise » (Crassostrea angulata) : introduite du Pacifique Ouest par les navigateurs portugais au XVIIème siècle, elle a été importée fortuitement en France dans les années 1870 par un navire devant se décharger de sa cargaison de coquillages pour affronter une tempête. Suite à cette introduction accidentelle, l’huître portugaise se développa très bien dans les eaux françaises. Elle sera ensuite cultivée jusque dans les années 1970, victime alors d’une épizootie d’origine virale.
- et l’huître dite « japonaise » (Crassostrea gigas) : originaire du Pacifique, elle a été introduite massivement dans les années 1970 ; c’est l’huître exploitée aujourd’hui. De récents résultats scientifiques en génétique montreraient que l’huître dite « portugaise » ne serait qu’une variété importée au Portugal de cette huître dite « japonaise ».
L’ostréiculture française aujourd’hui : une filière d’importance
Principal pays producteur d’huîtres en Europe, la France offre une grande diversité de crus et de terroirs à travers ses 7 régions d’élevage situées sur le littoral français, et notamment le littoral atlantique, avec des bassins de production principalement situés sur les côtes bretonnes, les côtes vendéennes, le bassin de Marennes Oléron et le bassin d’Arcachon.
L’ostréiculture est une activité emblématique des régions de la façade atlantique : base traditionnelle dans notre économie, elle est également un élément constitutif de notre richesse paysagère, culturelle et patrimoniale.
Pour mieux comprendre les enjeux de la filière, il est nécessaire, dans un premier temps, de bien appréhender les caractéristiques, le poids socio-économique de l’ostréiculture, le contexte réglementaire dans lequel elle s’exerce et son environnement de production.
Quel avenir pour la filière ostréicole ?
Cette analyse fait apparaître un certain nombre de défis auxquels doit actuellement faire face la filière. Ces défis sont tant structurels, du fait de la dépendance de l’ostréiculture vis-à-vis de son environnement, que conjoncturels, liés au phénomène de mortalité des jeunes huîtres creuses observé depuis 2008.
Dans ce contexte difficile, les réponses apportées à la filière sont de différents ordres. La communauté scientifique, les structures d’accompagnement technique et les interprofessions se consacrent à la compréhension, au suivi du phénomène et aux pistes de sortie de crise. L’Etat et les collectivités territoriales se mobilisent dans des plans de soutien pour compenser en partie les conséquences socio-économiques de la crise.
Les Assises de la conchyliculture, organisées par l’Etat de juin à octobre 2010, ont également permis de faire émerger des propositions consensuelles pour préserver cette activité.
Sur ces bases, les CESER de l’Atlantique ont à leur tour souhaité formuler des préconisations qui puissent être pertinentes au vu des caractéristiques de la façade atlantique, et bénéficier d’une approche interrégionale.
C’est l’objet de la dernière partie de cette contribution.
Le rapport intégral, cliquer Ici
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