Amazonie, le nouvel eldorado de l’aquaculture industrielle ?
Du Bacalao (*) à Manaus, les liens se resserrent entre le Brésil et la Norvège...
Traditionnellement, le Brésil importe de la morue (*) et du saumon depuis la Norvège. Dorénavant, le géant de l’économie latino-américaine va importer du savoir-faire aquacole du géant halieutique européen.
En vertu d’un accord signé début février 2011, Brésil et Norvège ont décidé d’unir leur effort pour développer la pêche et l’aquaculture. Un séminaire international se tiendra en mars 2011 à Manaus au cœur de la forêt amazonienne…. D'où le gouvernement brésilien tracera son futur programme aquacole.
Au Brésil, le développement de l’aquaculture est récent. Il concerne principalement crevettes, tilapias et coquillages (moules et huîtres). Comme dans le reste du continent latino, l’aquaculture commerciale et à échelle industrielle reste la forme dominante pour des espèces essentiellement d’eaux salées.
Néanmoins, il existe un potentiel énorme pour le développement de la pisciculture en eau douce. Des initiatives artisanales existent ici et là en Amazonie. Mais, le plus vaste bassin fluvial au monde offre un potentiel aquacole considérable… Le poisson pourrait très bien remplacé le boeuf élevé après défrichage de la forêt amazonienne !!!
(*) bacalao ou morue, plat typique au Brésil, dont l'origine remonte à la colonisation portugaise
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Pour aller plus loin...
Signe des temps : l’aquaculture d’eau douce impose sa suprématie sur la pêche maritime…
Panga du Mékong et Tambaqui de l’Amazone, deux illustres inconnus dans le monde halieutique, il y a à peine quinze ans, ont devancé tous leurs cousins océaniques dans le plus grand salon des produits de la mer au monde…
Un produit à base de pangasius vietnamien récompensé en Europe
La compagnie par actions Vinh Hoan de la province de Dong Thap (Sud) a remporté le prix "Best retail product" pour son "Provocake", un produit à base de pangasius du Vietnam.
Ce dernier lui a été décerné dans le cadre du concours ''Seafood Prix d'Elite" organisé par l'exposition européenne des fruits de mer de Bruxelles (European Seafood Exposition de Bruxelles) qui a eu lieu du 3 au 5 mai à Bruxelles (Belgique).
Le Provocake est préparé à base de chair de pangasius et de crevette, avec champignons, légumes dont de l'asperge, et de la cive. Il est parvenu en finale devant 37 produits concurrents de 14 pays.
Les produits récompensés sont exposés sur un stand spécial de cette exposition.
Le Vietnam a exporté au premier trimestre plus de 153.000 tonnes de pangasius pour plus de 376 millions de dollars, soit une croissance en glissement annuel de 5,2% en volume et de 21,6% en montant, la compagnie par actions Vinh Hoan demeurant la première entreprise vietnamienne dans l'exportation de pangasius. Source : Vietnam plus
Le tambaqui du lorientais Halieutis primé
Le tambaqui du Brésil, proche cousin du piranha, peut peser jusqu’à 40 kg.
Les ribs (côtes) de tambaqui concoctés par la société lorientaise Halieutis ont reçu le Prix Élite, mardi soir, à Bruxelles, à l’occasion du salon international des produits de la mer Seafood. L’entreprise concourait dans la catégorie des « meilleurs produits pour la restauration ». Ce premier prix ravit l’équipe qui était présente à Bruxelles. « Une superbe nouvelle », se réjouit Béatrice Dary, directrice du marketing et de l’innovation à Halieutis. C’est Javier Henriques, acheteur pour le Brésil, qui a reçu le trophée.
Auteur : Jesus Nuñez
Cahiers Agricultures. Volume 18, Numéro 2-3, 136-43, Piscicultures : le poisson de demain, Synthèse
Résumé : La biodiversité ichthyologique en Amazonie est parmi les plus importantes de la planète avec environ 2.500 espèces recensées et une estimation de plus de 5.000 au total, voire 6.000 si l’on considère l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale et les Caraïbes. Malgré cette grande diversité ichthyologique, la production piscicole des espèces « introduites » est encore supérieure à celle des espèces autochtones. L’idée de développer des espèces locales s’est finalement imposée devant le constat d’une pêche d’eau douce en stagnation et parfois même en régression pour certaines des espèces les plus demandées sur les marchés. On observe depuis plus d’une dizaine d’années une hausse continue de la production piscicole d’espèces amazoniennes, Colossoma macropomum, notamment Piaractus brachypomus et leurs hybrides particulièrement en vogue au Brésil et en Colombie. À l’heure actuelle, quelques dizaines d’espèces ont été identifiées comme présentant des caractéristiques intéressantes pour la pisciculture et, parmi elles, environ une dizaine fait réellement l’objet d’un processus de domestication même si l’état d’avancement est encore très variable suivant les espèces. Parallèlement, au développement de la production pour la consommation humaine, on constate l’émergence de l’élevage d’espèces ornementales et des actions de repeuplement d’espèces indigènes. Compte tenu des pratiques comme les introductions d’espèces et la production d’hybrides non stériles, le développement de la pisciculture devra s’accompagner de règles de conduite claires tant du point de vue des ressources hydriques que biologiques.
Pour accéder à l’article intégral, cliquer : Piscicultures : le poisson de demain
Brésil: les Indiens ne veulent ni barrages ni routes en Amazonie (AFP)
Des Indiens de tout le Brésil campent à Brasilia depuis lundi pour demander au gouvernement de mettre fin aux grands travaux d'infrastructure qui détruisent leurs terres en Amazonie.
Parés de leurs plumes et de leurs peintures traditionnelles, les Indiens ont installé une grande hutte au toit de paille en face du Parlement où ils resteront jusqu'à jeudi, date à laquelle ils espèrent être reçus par la présidente Dilma Rousseff.
Nous ne céderons pas, nous ne laisserons construire aucun autre barrage ou projet d'infrastructure, comme des routes, qui détruisent la biodiversité de nos terres qui est quelque chose de sacré, a déclaré à l'AFP le cacique Marcos Aporina, responsable de l'Organisation des Indiens d'Amazonie brésilienne (Coiab).
Le grand projet du gouvernement controversé au Brésil et à l'étranger par des écologistes et les Indiens est le barrage de Belo Monte au coeur de l'Amazonie, le troisième le plus grand du monde et évalué à 11 milliards de dollars.
La Coiab a convoqué 800 indiens représentant les 230 ethnies du pays pour présenter leurs revendications à la présidente Rousseff qui a pris ses fonctions en janvier. Ils demandent l'accès à la terre, à l'éducation et à la santé et la création d'un statut qui assure leurs droits.
Nous vivons dans des campements improvisés parce que les grands agriculteurs de soja ont envahi nos terres, a dénoncé Leila Kaiowa, représentante des Indiens guarani-kaiowa de l'Etat du Mato Grosso do Sul (centre-ouest), une tribu où les suicides de jeunes sont nombreux par manque de perspectives, selon les anthropologues. La Fondation nationale de l'Indien estime à près d'un million le nombre d'indigènes au Brésil -soit moins de 0,5% des 191 millions d'habitants- qui vivent sur 12% du territoire national.
Images du WWF (Programme USGS/WWF HydroSHEDS)
Photographie wikipedia : (haut) tambaqui ou pacu ou cachama (Colossoma) (bas) panga
« Dans 5 ans, l’Amazonie peut multiplier par 6 la production brésilienne de poissons », a déclaré Ideli Salvatti, ministre de la pêche et de l’aquaculture.
Selon Ideli, l’Amazonie a le potentiel de faire passer la production nationale de 1,5 million à 7,5 millions de tonnes par an d'ici 2016. Elle a souligné que la région représente 5% de la superficie terrestre du monde, 33% de la superficie des forêts tropicales, et 8,5% de l’eau douce du monde. « La Chine avec 7% de l'eau douce, est actuellement le plus grand producteur de poissons avec 60 millions de tonnes par an, » a indiqué la ministre. « Il est incompréhensible que l'aquaculture ne soit pas la force motrice de l'économie amazonienne », a déclaré le ministre.
Selon la ministre, les bénéfices tirés de la production de poisson sont élevés par rapport à l'élevage de bovidés. Ideli a indiqué qu'il faut en moyenne 3 ans pour produire 200 kg de viande de boeuf sur un hectare de la région. Alors que l’élevage de tambaqui en étang peut atteindre 4 tonnes/ha/an (soit 12 tonnes sur trois ans). Dans des bassins aménagés, la production peut même dépasser les 70 tonnes par an.
Arrivée sur le marché européen d'un poisson d'Amazonie rare et protégé (AFP)
L'Arapaima, un poisson rare élevé et pêché dans le fleuve Amazone, notamment au Pérou, a fait son entrée sur le marché européen, considéré comme un nouveau débouché pour ce produit.
C'est une espèce protégée (à l'état sauvage) par la CITES, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages, a indiqué mardi à l'AFP Veronique Ehanno, porte-parole de la société française Adrien, importatrice de ce poisson, à l'occasion d'une journée de lancement de ce produit.
Ce poisson à chair blanche, au prix élevé de 25 euros le kilo à comparer avec les 8 euros que coûte le kg de saumon, est destiné à la restauration haut de gamme. Présenté comme le plus grand poisson d'eau douce du monde, il peut atteindre la taille de trois mètres pour 200 kilos.
Nous avons une capacité de production annuelle de 350 tonnes par an, et nous produisons à la demande, a précisé Isaac Gherson, directeur général de la société péruvienne Amazone, qui produit ce poisson et le conditionne. Amazone est la seule société productrice de ce poisson au Pérou. L'Arapaima, également appelé paiche en Amérique Latine, est également produit au Brésil. La société, qui souligne avoir aussi voulu créer un projet social autour de ce poisson, qui a permis à 75 personnes de trouver un travail dans cette région reculée du Pérou, à 36 heures de route de Lima, exporte déjà ce poisson vers les Etats-Unis, avec un objectif de 45 tonnes pour 2011, et étudie un lancement au Japon. Amazone est une filiale du grand groupe péruvien diversifié Hochschild, présent dans le ciment et l'industrie minière notamment. Hochschild est coté à la Bourse de Londres depuis 2006.
Pour Frédéric Lesourd, chef-enseignant à l'école de cuisine Le Cordon Bleu, à Paris, ce nouveau produit a des chances de plaire à une clientèle soucieuse de sa ligne, car il est léger et peu calorique.
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Un nouveau poisson sur le marché français….
Le Paiche, poisson amazonien du Pérou à la conquête de la... (Dailymotion)
Le Paiche, poisson amazonien du Pérou à la... par chartrestw
Réalisation journaliste Eric Minsky-Kravetz.
Tout le monde s’associe pour promotionner le Paiche (ou Arapaima) un poisson de l’Amazonie péruvienne, à Paris. Tout le monde se retrouve à l’Ambassade du Pérou : cuisinières péruviennes, expatriés français, armement Adrien…
Le reportage ayant été supprimé sur dailymotion, est visible sur Youtube
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Le 13 février 2012
Sénat 13 ème législature
Question écrite n° 17547 de Mme Marie-Christine Blandin (Nord - SOC-R) publiée dans le JO Sénat du 10/03/2011 - page 581
Mme Marie-Christine Blandin attire l'attention de M. le ministre chargé de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique sur l'implication de la France dans le plan de construction de gigantesques barrages hydroélectriques en Amazonie dans le cadre de l'approvisionnement électrique des grandes villes du Brésil. Une de ces réalisations est aussi envisagée sur le territoire péruvien.
Les gigantesques chantiers occasionnés ou en projet contreviennent dramatiquement à l'éthique, aux engagements sur la biodiversité, aux droits humains, et à la Constitution du Brésil qui dispose que « les terres traditionnellement occupées par les Indiens sont destinées à être en leur possession permanente ; l'usufruit exclusif des richesses du sol, des cours d'eau et lacs qui s'y trouvent leur appartient ».
Alors que la France a contribué positivement aux accords de Cancun -engageant sur la protection du climat- et de Nagoya -mentionnant la prise en compte des forêts primaires en harmonie avec les peuples qui y vivent dans leur diversité-, voici notre pays impliqué dans des trouées béantes, des pistes monstrueuses, des milliers de tonnes de béton à venir, et des ruptures de flux catastrophiques sur des fleuves d'Amazonie (Ene, Xingù et Beni).
Sont impliquées entre autres les entreprises GDF-SUEZ, dont l'État détient 35 % du capital, et Alstom pour les turbines.
Les études d'impact préalables à l'autorisation brésilienne ont été réalisées de façon non indépendante, sous la tutelle des entreprises. Le dossier des chercheurs universitaires en ichtyologie n'a pas été pris en compte : il annonce pourtant un bilan calamiteux pour la faune piscicole.
Il y a urgence humanitaire : sur ces terres vivent des indiens Ashaninka, Juruna et Surui dont la survie est intimement liée à la forêt primaire, à l'absence de contact avec les habitants des villes, à la pêche et à la chasse dans ce milieu préservé. Ces barrages sonnent leur fin.
Le Gouvernement ne peut pas rendre complices les Français, par sa participation à GDF-SUEZ, par les aides apportées aux entreprises d'une utilisation aussi rétrograde de leur argent.
M. le ministre doit savoir que le Brésil dispose de nombreux autres potentiels diversifiés de production d'électricité : encore faudrait-il, sur les économies, sur le solaire, sur l'éolien les aider à développer toute cette panoplie, au lieu de leur suggérer pour enrichir quelques unes de nos multinationales d'aller canaliser la force de milliards de mètres cubes, en ignorant que cette eau est un milieu de vie et de survie, d'équilibre local et planétaire.
Les indiens savent que le morcellement de la forêt leur sera fatal : les pistes s'agrandiront, les vendeurs de bois s'affranchiront de toute règle, les usines polluantes gourmandes en énergie se rapprocheront. Leurs représentants, reçus dernièrement au Sénat sont révoltés et déterminés, mais que pèsent-ils sans l'audace de décideurs qui oseront s'impliquer pour stopper le massacre ?
Aussi, elle souhaite savoir comment il compte agir pour faire éviter le pire.
Réponse du Ministère chargé de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique
publiée dans le JO Sénat du 09/02/2012 - page 338
Le Brésil connaît un développement économique extrêmement dynamique. La production et la consommation d'énergie primaire de ce pays augmentent à un rythme soutenu, de 4 % à 5 % par an, industrie et commerce étant les plus importants consommateurs d'énergie. Les entreprises françaises coopèrent de longue date avec les entreprises brésiliennes, en particulier en matière d'hydroélectricité, mais aussi en matière de production d'électricité à partir de biomasse ou d'énergie nucléaire. Le groupe GDF-Suez, par exemple, est présent au Brésil où il est un acteur de référence, implanté depuis une cinquantaine d'années et employant près de 2 300 collaborateurs. En ce qui concerne l'hydroélectricité, les entreprises françaises participent aux projets de Jirau et Santo Antonio, sur le fleuve Madeira, dans l'État de Rondônia. Sur Jirau (3 300 MW), qui sera exploité par Energia Sustentável do Brasil, le consortium de construction est constitué de GDF Suez (50,1 %), Eletrosul (20 %), Chesf (20 %) et Camargo Corrêa (9,9 %). Alstom y assure actuellement la fourniture de 10 turbines et de 17 alternateurs. Sur Santo Antonio (3 150 MW), dont le consortium EPC (Engineering, Procurement, and Construction, Ingénierie, Achats et Construction) est emmené par Construtora Norberto Odebrecht, Alstom livre 19 turbines et 22 alternateurs. Alstom est également présent dans le projet de barrage de Belo Monte (14 GW) à la frontière entre le Brésil et le Paraguay, dont les deux pays se partagent la production, en partenariat avec la société brésilienne Norte Energia. Ces grands chantiers s'accompagnent systématiquement d'actions et de projets menés en collaboration étroite avec des associations et des structures locales dans une vision de développement durable. Ainsi, autour du projet de la centrale de Sao Salvador sur la rivière Tocantins, GDF-Suez a réalisé un ensemble de programmes sociaux et environnementaux. L'audit réalisé par le Bureau Veritas, suivant le protocole de durabilité établi par l'International Hydropower Association a montré un niveau élevé de durabilité des programmes entrepris notamment dans le cadre du dialogue avec les parties prenantes, population indienne incluse. Sur le projet de Jirau, GDF-Suez participe au développement d'un nouveau pôle urbain (Porto Velho-Jirau) où seront installées 750 familles originaires du Mutum Paranà, la zone qui sera inondée par le futur réservoir du barrage. Ce nouveau pôle qui abritera également les ingénieurs et techniciens du barrage sera équipé de tout le confort nécessaire depuis les réseaux d'eau, électricité, télécommunication jusqu'aux écoles, commerces et services en général. Par ailleurs, sous l'égide de sa filiale Tractebel Energia, GDF-Suez a démarré la construction du centre de culture et de développement durable du Entre Rios do Sul dans l'État du Rio Grande do Sul. L'objectif de ce centre est de promouvoir la culture locale et renforcer le concept de développement durable et d'insertion sociale en aidant ainsi à réduire l'exode rural. Le projet inclut aussi des initiatives en matière de construction durable. Le centre sera dirigé par une association de développement de la communauté de Villa Alegre constituée de différentes communautés locales. Par leur présence, les entreprises françaises ont noué des relations fructueuses avec les autorités brésiliennes tant au plan local que national. Ces relations seront précieuses pour favoriser un développement économique responsable du Brésil. La France est ainsi engagée dans un partenariat énergétique d'ensemble avec le Brésil, incluant l'énergie nucléaire et les énergies renouvelables. Cette coopération étant au cœur du voyage du Premier ministre au Brésil en décembre dernier et des discussions qui ont eu lieu à cette occasion avec la Présidente du Brésil.
Pour plus d'explications : Lettre d'Amazonie
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