Utilisant la plus grande base de données au monde sur le plancton (Continuous Plankton Recorder, Plymouth), ces chercheurs proposent pour la première fois un indice planctonique reflétant la qualité et la quantité de nourriture disponible pour les jeunes morues. Cette recherche montre que cet indicateur biologique est associé au recrutement de la morue, expliquant presque 50% de sa variabilité. L'indice planctonique a permis également d'identifier les mécanismes intermédiaires influençant la survie des larves planctoniques. Suite à l'élévation des températures de surface depuis la fin des années 1970 à l'ouest de l'Europe, la composition du plancton a changé. On a assisté à une remontée des espèces caractéristiques des eaux chaudes vers le Nord, associée à une diminution des espèces caractéristiques des eaux froides(2). Cette réorganisation majeure a fortement affecté la biodiversité de la mer du Nord : elle a diminué le nombre et la taille des proies, de sorte qu'elles sont moins facilement capturées ou ingérées par les larves de morue. Il y a également un décalage entre l'apparition des larves de morue et la disponibilité en proies pour les jeunes morues.
Les scientifiques ont ainsi montré que l'augmentation des températures de surface a eu un double impact sur la survie des jeunes morues : d'une part, elle a augmenté le métabolisme des larves et donc le coût énergétique ; d'autre part, elle a diminué la quantité et la qualité des proies, c'est à dire le gain énergétique. Par conséquent, le déséquilibre énergétique des jeunes morues a augmenté, fragilisant leur survie et augmentant la mortalité larvaire.
Cette étude montre donc qu'en plus des effets de la pêche, la survie de la morue est actuellement fragilisée par le réchauffement des températures de surface. Elle permet pour la première fois de comprendre pourquoi l'abondance de la morue était importante durant les années 1960-1970 : durant cette période, l'indice planctonique montre que l'environnement biologique était très favorable aux jeunes morues. Source : CNRS
Notes :
(1) Parmi ces facteurs on peut citer les températures de surface et l'Oscillation Atlantique Nord, qui correspond à l'oscillation des masses atmosphériques entre les basses pressions centrées au niveau de l'Islande et les hautes pressions centrées sur les Açores.
(2) Beaugrand G, Reid PC, Ibanez F, Lindley JA, Edwards M (2002) Reorganization of North Atlantic marine copepod biodiversity and climate. Science, 296: 1692-1694.
Références :
Beaugrand G, Brander K, Lindley JA, Souissi S, Reid PC (2003) Plankton effect on cod recruitment in the North Sea. Nature, 426: 661-664
Des études montrent des changements dans la distribution spatiale des cabillauds et dans leur morphologie : La mer de Skagerrak en Norvège, bientôt trop chaude pour le cabillaud ?
Pour mieux connaitre les comportements de cette espèce et anticiper les changements, des chercheurs danois ont équipé des centaines de cabillaud de mini-thermomètre électronique. Les premiers résultats dénotent une capacité de l’espèce à s’adapter à l’élévation de la température et ils montrent que le stade crucial de la reproduction se réaliserait dans des zones beaucoup plus chaudes qu’on ne le croyait.
« Certains poissons ont été trouvés à des températures aussi froides que -1,5°C, tandis que d'autres vivaient dans une eau à près de 20°C. La morue est un poisson relativement adaptable qui peut tolérer des températures plus élevées qu'on ne le pensait. Cependant, ils semblent être un peu plus « conservateurs » quand ils se reproduisent. Au cours de cette période, tous les stocks de poissons étudiés cherchaient des zones où l'eau était comprise entre 1°C et 8°C. Cela indique que les étapes de l’œuf et la vie larvaire de la morue peuvent constituer un moment particulièrement vulnérable en ce qui concerne les effets du changement climatique », déclare le professeur Andersen. Pour plus d’informations : Cod Fish With Mini-Thermometers (Sciencedaily)
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