Que reprochent les USA à la France ?
D’autre part, le rapport s’appuie sur un communiqué de la Commission Européenne du 20 juin 2008 (Déclaration du Commissaire Borg : «Fermer la pêche du thon rouge pour en assurer l'avenir») : « Cette année encore, nous avons constaté d'innombrables défaillances dans l'application des règles convenues à l'échelle internationale pour assurer une gestion durable du stock de thon rouge. Nous savons, par exemple, que huit senneurs à senne coulissante français ont pêché, certains jusqu'à 21 jours, depuis le début de la saison mais n'ont encore déclaré aucune capture. À cette date, à en croire les chiffres officiels, la moitié de la flotte française n'aurait rien capturé tandis que l'autre moitié, selon les déclarations qui ont été faites, aurait pêché plus de 90 % de son quota, cela alors que tous les navires présentent des taux d'activités similaires…. »
Source : adaptation personnelle à partir des documents ICCAT
Les captures de thon rouge en Méditerranée concernent un millier d'unités de pêche réparti entre les pêcheries artisanales (2/3) et les pêcheries industrielles (1/3). Si les pêcheries artisanales sont plus que millénaires, les pêcheries industrielles, notamment celles dotées de moyens de capture très importants comme les thoniers-senneurs de plus de 40 mètres ne datent que des années 80 avec le développement du marché du thon au Japon. L'autre particularité de l'activité industrielle est sa monospécificité, les armements ne ciblent que le thon rouge contrairement aux petits métiers qui ciblent les espèces en fonction des saisons. Voir cette vidéo émouvante sur la fin d'une pêcherie : Un moratoire désastreux pour les pêcheurs
Philippe FAVRELIERE
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Revue de presse :
- "La pêche durable du thon rouge existe pourtant depuis 1 000 ans" -
Selon l'UE, la mise en place de mécanismes de contrôle plus performants sur mer, sur terre et dans les fermes d'engraissement permettrait "une bonne application des règles et on l'espère, devrait suffire à préserver le stock de poissons". Des décisions évoquées à l'ICCAT, alors que "celle-ci n'a aucun pouvoir législatif réel", tempère Alain Fonteneau. La pêche illégale joue pour beaucoup dans la surexploitation de ce poisson migrateur. "Tout le monde sait que la Lybie offre son pavillon aux bateaux français", note le chercheur, "ils ont donc une immatriculation lybienne, mais vendront leurs poissons en France". Une enquête basée sur les circuits économiques empruntés par les thons et sur les données des barrières douanières, a montré que le Japon consommait 2 fois plus de thon rouge que ses quotas autorisés. "Il suffit de vendre le thon sous un autre nom, comme le patudo, pour berner les autorités", explique Alain Fonteneau. "C'est comme un trou dans le Titanic", se désole le scientifique. "On estime les stocks de thons rouges en Méditerranée à 200 000 tonnes, mais on sait qu'on surexploite, donc le bateau va finir par couler". La pêche durable du thon rouge est pourtant possible. "Elle existe depuis 1 000 ans !", s'enflamme Alain Fonteneau. "Les peintures étrusques montrent que cette pêche artisanale a fixé des communautés de pêcheurs, et créé des cités". La disparition de ces prédateurs très voraces, dont les migrations sont encore mal connues, "pourrait avoir des effets en cascades", prévient Jean-Marc Fromentin. "La surpêche des grands prédateurs marins peut en effet entraîner des changements d'équilibre au sein de l'écosystème auquel appartient l'humain". L'Iccat a décidé de financer un programme de recherche sur le thon rouge, qui permettrait d'évaluer les stocks. Une façon de "revaloriser les aspects scientifiques", selon Jean-Marc Fromentin. Alors que le trou dans la coque du Titanic s'élargit, certains continuent d'écoper. (Source : Ecolife)
le 26 mars 2009 : "le feuilleton continue avec la NOAA"
Thon rouge : le congrès américain épingle la France (Le Figaro)
Notre pays est inscrit sur une liste noire comprenant la Libye, Panama, la Chine, la Tunisie et l'Italie, en raison de son incapacité à contrôler la pêche illégale en Méditerranée.
La pêche au thon rouge en Méditerranée donne toujours autant de fil à retordre aux autorités françaises. En juin dernier, Bruxelles avait décidé d'interdire la pêche aux bateaux français huit jours avant la date officielle de fermeture. La commission estimait, en effet, que les thoniers, basés pour la plupart à Sète (Hérault), avaient déjà atteint leur quota. En janvier, nouveau rappel à l'ordre : le Congrès américain inscrit la France sur une liste noire des pays qui ne parviennent pas à contrôler et juguler la pêche illégale. Au niveau mondial, la pêche INN (illégale, non déclarée et non réglementée) représente plus de 30 % des prises déclarées.
Le Congrès appuie sa décision sur un rapport de la NOAA (administration américaine chargée de l'étude de l'océan et de l'atmosphère). Ce document pointe plusieurs infractions survenues en 2007 et en 2008 : l'utilisation de filets dérivants interdits ; des activités de pêche au-delà des périodes réglementaires ; l'absence de notification de prises de pêche ou des retards dans la communication des données. Le Congrès s'est saisi du dossier de la pêche illégale parce que le thon rouge est présent le long des côtes nord-américaines où il donne lieu à une intense activité de pêche sportive. Une loi autorise ce type de saisine et le lobby de la pêche est puissant au sein du Congrès. Or, le thon rouge de l'Atlantique est menacé par la surpêche qui sévit en Méditerranée où une grande partie de cette espèce migratrice se reproduit. Le comité scientifique de l'Iccat (Commission internationale pour la conservation du thon atlantique) préconise une limitation de la pêche à 15 000 tonnes par an alors que les quotas 2009 sont fixés à 22 000 tonnes et que les captures réelles sont évaluées à plus de 60 000 tonnes.
La pression s'accentue
Les pays épinglés par les Américains ont deux ans pour communiquer leurs données et exposer leur programme. Rebecca Lent, directrice du bureau des affaires internationales de la NOAA, a rencontré les responsables de l'administration française des pêches à Paris à l'occasion d'un colloque sur la pêche illégale organisé par la Fondation Pew et le WWF. Elle devrait remettre un rapport d'étape en janvier 2010. Si les pays améliorent leurs contrôles ils seront sortis de la liste, sinon ils pourraient subir des sanctions économiques.
Au ministère de l'Agriculture et de la Pêche, on accuse le coup. La démarche américaine intervient à un moment où la surveillance s'est améliorée, explique-t-on. On fait valoir aussi que l'administration manque cruellement de moyens pour assurer les contrôles. Faute de personnel, les données sur les contrôles n'ont toujours pas pu être rendues publiques.
La pression ne cesse de s'accentuer. Lundi, une dépêche AFP révélait qu'une enquête vient d'être ouverte à Montpellier sur des soupçons de fausses déclarations de pêche par des thoniers et d'utilisation d'avion pour repérer les bancs de poissons : une pratique strictement interdite par l'Union européenne (UE) durant la campagne de pêche. Cette enquête a été sollicitée par la nouvelle Agence européenne de contrôle des pêches basée à Vigo (Espagne).
Le 5 février 2010
Le débat sur le thon rouge s'invite au procès de deux patrons-pêcheurs marseillais (Midi Libre)
Le tribunal correctionnel de Marseille a fait salle comble vendredi, à l'occasion du procès de deux thoniers locaux poursuivis pour pêche présumée illégale, une audience à laquelle s'est invité le débat d'actualité sur l'interdiction du commerce de thon rouge.
"C'est au travers des textes en vigueur actuellement que le tribunal doit statuer sans qu'il ait à se prononcer sur la légitimité des revendications des pêcheurs", prévient en préambule la présidente.
A la barre, deux petits patrons-pêcheurs marseillais, Georges Cuias, 51 ans, et Jean-Michel Lubrano, 43 ans, poursuivis pour avoir pêché des thons de taille ou de poids non conformes à la réglementation et pour avoir utilisé des matériels de pêche prohibés.
"Vous avez à vous prononcer sur un dossier particulièrement important, qui va au-delà des personnes des prévenus", explique Me Michel Pezet, l'avocat des deux pêcheurs qui évoque "une procédure assez extravagante".
"Quand un bateau japonais pêche en Méditerranée, en une seule pêche, il prend 3.000 tonnes (de thon rouge, ndlr), j'aimerais bien savoir combien il y a de thons sous taille" (dans sa cargaison, ndlr), s'interroge l'avocat.
Un de ses clients, Me Cuias, est notamment poursuivi pour avoir pêché sept thons dont le poids était inférieur aux 30 kg réglementaires.
"Tous les massacreurs de fonds marins, on ne les voit pas", poursuit Me Pezet qui s'emporte contre une réglementation jugée incompréhensible. "Les textes, il y en a trop, mal écrits et impossibles à interpréter"…..
Amendes requises contre deux thoniers pour pêche illégale à Marseille (Midi Libre)
Des amendes ont été requises vendredi à l'encontre de deux patrons pêcheurs de thon rouge poursuivis devant le tribunal correctionnel de Marseille pour pêche illégale présumée.
Le jugement sera rendu le 5 mars.
Georges Cuias, 51 ans, et Jean-Michel Lubrano, 43 ans, comparaissaient pour avoir pêché des thons de taille ou de poids non conformes à la réglementation et pour avoir utilisé des matériels de pêche prohibés.
Le représentant du parquet, Jean-Luc Blachon, a requis pour chacun d'entre eux une peine d'amende de 5.000 euros, assortie d'un sursis à hauteur de 2.000 euros.
"Il n'y a aucune raison de considérer qu'il faut mettre sur le grill les constatations des enquêteurs", a expliqué le procureur, estimant que les infractions étaient constituées.
Le 21 mai 2009, M. Cuias avait subi un contrôle qui avait révélé, selon les éléments de la procédure, que sept des 27 thons qu'il avait pêchés ce jour-là ne pesaient pas les 30 kg, poids à partir duquel la pêche de ces poissons est autorisée.
Il était également reproché à M. Cuias tout comme à M. Lubrano d'avoir utilisé des filets maillants dérivants, une pratique interdite.
"Il n'y avait pas de filets (sur nos bateaux, ndlr), ils voient des palangres (lignes munies d'hameçons, ndlr) et après, ils disent qu'on a pêché avec des filets", a déclaré M. Cuias, pour sa défense.
L'avocat de la défense, Me Michel Pezet, a mis en cause la qualité des constatations effectuées par les services de l'administration et demandé la relaxe de ses clients.
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