Pêche durable : Grâce à la cogestion, l’avenir des ressources halieutiques est assuré !!!

Pêche durable : Grâce à la cogestion, l’avenir des ressources halieutiques est assuré !!!

Autonomie, responsabilité, participation, cogestion,… Des mots forts de l’étude sur l’exploitation des ressources halieutiques dans le monde réalisée par Nicolas Gutiérrez, chercheur uruguayen à l’Université de Washington. Conclusion principale de l’étude « Leadership, social capital and incentives promote successful fisheries » publiée le 5 janvier 2011 dans le magazine Nature : La gestion communautaire est la clé de la pêche durable !

Au Chili, 30.000 pêcheurs côtiers exigent l’exclusivité sur la zone littorale des 5 milles… Au Salvador, d’autres pêcheurs demandent l’interdiction des pêcheries industrielles de crevettes dans les 5 milles… Aux USA, des pêcheurs manifestent leur désaccord par rapport à la privation de la ressource en pétoncle….

Dans de nombreuses régions du monde, les communautés de pêcheurs-artisans défendent leurs droits d’exister… Leur existence est principalement conditionnée au libre accès des zones de pêche traditionnelles. Or, depuis quelques années, cet accès est remis en cause. Développement de la pêche industrielle avec privatisation des stocks de poisson. Sanctuarisation des zones côtières dans le cadre d’aires marines protégées. Dans les deux cas, sous couvert d’une meilleure gestion des ressources halieutiques….

Nicolas Gutiérrez remet en cause les politiques des pêches trop centralisées

Dans son étude, Nicolas Gutiérrez a analysé 130 pêcheries dans 44 pays à travers le monde (1), des pêcheries exploitées en cogestion, la gestion communautaire. D’après ses résultats, 40% des pêcheries analysées sont bien gérées (en vert clair ou foncé sur la carte).

« La majorité des pêcheries mondiales sont gérées d’une manière fortement centralisée avec des règles imposées par le haut », a déclaré Nicolas Gutiérrez. « Nos résultats montrent que de nombreuses pêcheries à travers le monde sont bien gérées avec des pouvoirs centralisés limités, mais à condition que les communautés de pêcheurs soient activement associées à la gestion des ressources. »

« Les résultats montre qu’une gestion fondée sur une responsabilité partagée entre les autorités centrales et les pêcheurs locaux, est la « seule solution réaliste » face aux problèmes de la pêche, » a-t-il ajouté.

« Beaucoup de gens pensent qu’introduire les pêcheurs dans le processus de gestion, c’est laisser le renard garder le poulailler, » indique Ray Hilborn, co-auteur de l’étude, « Or, nos recherches montrent tout le contraire. Plus l’industrie des pêches est impliquée dans la gestion, meilleurs sont les résultats. »

« Nos résultats montrent que des ressources supplémentaires devraient être consacrées à identifier les dirigeants communautaires et à renforcer le capital social plutôt que d'imposer des tactiques de gestion sans la participation des usagers », a martelé Gutiérrez.

L'étude confirme les théories de Elinor Ostrom qui a remporté le prix Nobel d'économie en 2009 pour avoir contesté la sagesse conventionnelle à savoir que la propriété commune est toujours mal gérée, et qu'elle doit être régulée par les autorités centrales sinon privatisée.

Philippe Favrelière

(1) dont une pêcherie en rade de Brest (Finistère - France), probablement la pêcherie de coquille saint-jacques avec son écloserie coopérative du Tinduff..... Voir la liste des pêcheries : Information complémentaire

Autres articles :

Pour accéder à l'étude : Leadership, social capital and incentives promote successful fisheries - Nicolás L. Gutiérrez, Ray Hilborn & Omar Defeo - Nature (2011) doi:10.1038/nature09689 - Published online 05 January 2011… School of Aquatic and Fishery Sciences, Box 355020, University of Washington, Seattle, Washington 98195-5020, USA… Pour accéder à l’étude, cliquer Ici

Photographie de Philippe Favrelière : Port de pêche au nord du Chili (Antofagasta ?)

Commentaires