Gouvernance des biens communs : Un Nobel conteste la privatisation de la ressource halieutique
Une étude contestataire sur la gestion des pêches peut mener à un prix Nobel. C’est ce qui est arrivé à Elinor Ostrom, professeur à l'Université d'Indiana aux USA. Ses recherches sur la gestion des ressources en poisson ont été couronnées par un prix Nobel d’économie en octobre 2009.
Ses travaux portent sur un sujet au combien d’actualité en cette période de réforme de la Politique Commune de la Pêche dans l’Union Européenne : « La Tragédie des biens communs ». What is it ? Me direz-vous.
La « Tragédie des biens communs » est la théorie économique défendue par les promoteurs de la privatisation de la ressource halieutique et qui souhaitent la mise en place des Quotas Individuels Transférables (QIT). Ces personnes mettent en avant qu’un bien commun ne peut pas être géré durablement ; elles se référent à un fait historique concernant les « communaux », ces espaces publics où le bétail de toute une « Paroisse » venait brouter en toute liberté et qui avaient été partagés ensuite entre tous les propriétaires en raison du surpâturage. Les économistes parlent aussi de « Tragédie des communaux ».
« Tragédie des communaux » popularisée par Garett Hardin
La tragédie des biens communs, ou tragédie des communaux, est une classe de phénomène économique décrivant une compétition pour l'accès à une ressource limitée, menant à un conflit entre intérêt individuel et bien commun. L'expression a été popularisée par un article de Garrett Hardin paru dans Science en 1968, intitulé The Tragedy of the Commons.
Le texte original décrit comment l'accès libre à une ressource limitée pour laquelle la demande est forte mène inévitablement à la surexploitation de cette ressource et finalement à sa disparition. Chaque individu ayant un intérêt personnel à utiliser la ressource commune de façon à maximiser son usage individuel, tout en distribuant entre chaque utilisateur les coûts d'exploitation, est la cause du problème. (source : Wikipedia)
Pour Elinor Ostrom, la « Tragédie des communaux » n’est pas toujours applicable
Le professeur Elinor Ostrom qui a partagé le prix Nobel avec son collègue Berkley Oliver E. Williamson, démontre que la théorie « Tragédie des biens communs » n’est pas toujours applicable. Dans son livre « Governing the Commons » publié en 1990, elle s’explique dans le détail.
Pour elle, ses confrères économistes partent d’un a priori contestable à savoir le manque de confiance entre les protagonistes, « la présence d’un resquilleur qui tire avantage de la propriété commune sans payer sa juste part des coûts ».
Elle explique que dans un système basé sur la confiance, les résultats sont tout autre. Ses travaux démontrent que si les protagonistes se font confiance, leur coopération crée au contraire une synergie avec des bénéfices pour tout le monde.
A l'attribution du prix, l'Académie Royale des Sciences suédoise a déclaré que le professeur Ostrom « conteste l'idée reçue selon laquelle un bien commun est mal géré et il doit être soit réglementé par les autorités centrales, soit privatisé ». Pour arriver à cette conclusion, elle s’est appuyée sur de nombreuses études notamment des travaux sur les ressources en poissons, les pâturages, les forêts, les lacs et les bassins d'eau souterraine.
Les travaux du professeur Ostrom vont dans le sens de deux projets communautaires de pêcheurs. Le projet Koster sur la côte Nord-Ouest de la Suède. Le projet de la communauté de pêcheurs de Cap Cod dans le Massachusetts, qui est considéré comme un exemple de gestion réussie aux USA et qui a été récemment présenté lors d'une conférence à Bruxelles.
Autre article :
Revue de presse :
Le 20 juin 2010
« Gouvernance des biens communs » (Le Monde)
Est-il possible d'exploiter les ressources naturelles sans les détruire ? Elinor Ostrom, Prix Nobel d'économie 2009, montre comment certains modèles de gestion permettent une exploitation durable.
Gouvernance des biens communs : pour une nouvelle approche des ressources naturelles (Cdurable)
Par Elinor Ostrom, prix Nobel de l’Economie 2009
La question de la gouvernance des ressources naturelles utilisées conjointement par de nombreux individus revêt une importance croissante pour les analystes politiques. Tant la nationalisation que la privatisation ont été mises en avant mais ni l’État ni le marché n’ont été uniformément en mesure de résoudre les problèmes liés aux ressources communes.
Remettant en question les fondements de l’analyse politique telle qu’appliquée aux ressources naturelles, Elinor Ostrom fournit dans cet ouvrage un ensemble unique de données empiriques afin d’étudier les conditions dans lesquelles des problèmes de ressources communes ont été résolus, de manière satisfaisante ou non.
Le Dr. Ostrom décrit d’abord les trois modèles les plus fréquemment utilisés en tant que fondements pour préconiser des solutions se basant sur l’État ou le marché. Elle passe ensuite en revue les alternatives théoriques et empiriques à ces modèles afin d’illustrer la diversité des solutions possibles. Dans les chapitres suivants, elle fait appel à l’analyse institutionnelle en vue d’examiner diverses stratégies – fructueuses ou infructueuses – de gouvernance des biens communs…..
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Hommage à Elinor Ostrom, Prix Nobel d'Economie 2009
Date : du 20 au 24 juin 2011
Lieux : Montpellier (Agropolis International & Corum) et Paris
Dans le cadre d’Agropolis International, le Cirad, l’Université Montpellier 1, le CNAM et l’UNESCO sont chargés de cette opération.
Elinor Ostrom est professeur de sciences politiques à l'Université d'Indiana, à Bloomington (USA) où elle a créé le « Workshop in Political Theory and Policy Analysis » avec son mari Vincent Ostrom. Elle est aussi directrice du « Center for the Study of Institutional Diversity » à l'Université d'État de l'Arizona.
En 2009, elle fut la première femme à recevoir le Prix Nobel d'économie, avec Oliver Williamson, pour son analyse de la gouvernance économique, et en particulier, des biens communs.
Elinor Ostrom est invitée en France pour un hommage à l’ensemble de ses travaux. Elle sera en France du 20 au 24 juin 2011 et participera à une série d’événements à Montpellier et à Paris.
Les travaux d’E. Ostrom constituent une des principales références pour ceux qui, dans le monde scientifique et politique, construisent leurs discours et leurs actions sur les échecs d’une part de la gestion uniquement étatique et d’autre part de la promotion de la propriété privée comme instrument universel de gestion des ressources et de l’environnement. L’analyse promue par E. Ostrom présente l’action collective et de l’auto-organisation comme une troisième voie entre privatisation et gestion étatique. Pour plus d'informations, cliquer Agropolis
Commentaires
http://web.mac.com/jonaas17/Site_JONAAS/CyberPeche_Licence_Pro_Aqua_Prix_Nobel.html
et suivantes…
Merci de célébrer la très emblématique attribution du Prix Nobel à Elinor Ostrom, évènement fondamental dont on n'a pas fini de parler …voir pour ex. "Le Monde" de ce 19/06/2010 p.4…