En Islande, la société de pêche Thorbjörn navigue contre vent et tempête financière

L'Islande est un pays souvent pris comme exemple pour la gestion de ses pêcheries. Au début des années 90, le pays a adopté les Quotas Individuels Transférables (QIT). Ce sytème de gestion a abouti à la concentration des activités halieutiques entre les mains de quelques sociétés sans pour autant régler les problèmes de surpêche. (Voir l'article : En Islande, le poisson et la baleine vont payer !)

Un article de l'AFP, nous décrit l'une des sociétés qui se partagent les droits de pêche islandais.

Sur le port de Grindavik, dans l'extrême sud-ouest de l'Islande, le vent souffle à 70 km/h balayant violemment le sol mais il en faut bien plus pour dissuader les pêcheurs de sortir en mer, habitués au rude climat et bien décidés à traverser la tempête financière.

"Nous avons l'habitude de sortir pêcher sous mauvais temps et dans des conditions difficiles", sourit Eirikur Tomasson, 55 ans, à la tête de l'entreprise de pêche Thorbjörn.

Créée il y a 60 ans par son père et trois autres pêcheurs, la société est aujourd'hui l'une des cinq plus importantes de l'île : elle dispose sur le port de sept bateaux et d'une usine de préparation du poisson à l'export. Au total, 400 personnes y sont employées, un nombre stable malgré un chômage qui ne cesse de grimper dans le pays nordique depuis l'effondrement des banques en octobre (8,9% en mars).

"Ce n'est pas la pire crise que nous ayons connue", assure M. Tomasson, contraint de délaisser il y a peu la pêche pour prendre les rênes de l'entreprise avec son frère après la mort de leur père. L'ancien pêcheur, à la stature imposante, cheveux grisonnant, estime que la récession n'a eu pour l'instant que très peu d'impact sur le secteur. "Avec la récession mondiale, nous avons bien sûr dû nous adapter aux nouvelles conditions de marché, dit-il, avec une baisse des prix de 20 à 40% selon les mois car nos clients n'ont plus les moyens de payer le même prix que l'an passé". Mais il souligne que cela a été compensé par la dévaluation de la couronne islandaise (près de 44% l'année dernière). Les exportations sont en effet payées en euros, aussi, une fois les sommes converties en couronnes, le revenu est-il plus élevé. Un euro s'échangeait contre près de 171 couronnes mercredi.

L'an passé, Thorbjörn a réalisé un chiffre d'affaires de 6 millions d'euros

A 200 mètres du siège de la société, 25 personnes -- en majorité des femmes d'origine polonaise -- s'activent dans l'usine où chaque jour plusieurs tonnes de poissons sont acheminées. "Rien n'a changé depuis la crise", raconte Ali Elmandour, un Marocain de 37 ans, venu rejoindre sa femme --elle aussi Marocaine -- en Islande il y a deux ans pour y travailler. "Nous avons toujours autant de poissons. Et dans la vie quotidienne, tout le monde s'entraide".
"Entre 10 et 12 tonnes de poissons sont traitées chaque jour dans notre usine", explique le contre-maître Hallfredur Bjarnason, la quarantaine dont 19 ans passés dans l'entreprise. Les poissons --le plus souvent du cabillaud et de l'églefin --passent invariablement par la même chaîne de traitement : la tête est d'abord découpée, puis c'est au tour des corps pour être transformés en filets, eux-mêmes calibrés avant de passer à la phase de salage. En bout de chaîne, les filets atterrissent dans un bassin d'eau salée où ils resteront deux à trois jours avant d'être plongés 14 jours dans un autre bassin salé, dernière phase avant le conditionnement pour l'exportation. Entre 80 et 85% des filets sont à destination de l'Europe (principalement vers la région de Catalogne en Espagne et du marché britannique).

"Rien ne se perd dans le poisson", ajoute M. Bjarnason.

"Les têtes et les bouts découpés ne sont pas jetés, ils sont exportés vers l'Afrique, au Nigeria. Une tête, qui sert notamment à faire de la soupe, nourrit là-bas cinq personnes", dit-il. L'an passé, les 5.000 pêcheurs islandais ont attrapé près de 1,3 million de tonnes de poissons, équivalent à 99 milliards de couronnes. La pêche, non subventionnée, est tournée à 90% vers l'exportation. Les exportations de poissons et produits marins représentaient en 2008 36,6% des exportations totales. (Copyright AFP)

Pour des informations complémentaires :
  • Dossier Quotas Individuels Transférables : QIT
  • Articles sur l'Islande

Image Google Earth : Islande vue du ciel

Commentaires