Conflits pour le contrôle des ressources naturelles : le poisson de Somalie

Plus de 40 % des conflits internes sont liés aux ressources naturelles, selon un nouveau rapport du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). Un exemple par rapport aux ressources halieutiques est la piraterie au large des côtes somaliennes qui s'étend maintenant aux côtes du Yémen. Un conflit interne devient maintenant un conflit international.

Selon le PNUE, les ressources naturelles sont essentielles à la Consolidation de la paix. L'environnement et les ressources naturelles doivent faire l'objet d'une attention accrue dans le processus de consolidation de la paix pour éviter que les conflits internes ne perdurent ou ne s'amplifient, selon un nouveau rapport publié le 20 février 2009 par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). En effet, les conflits liés aux ressources naturelles ont statistiquement deux fois plus de chances de reprendre dans les cinq années suivant un accord de paix.

Pourtant, ces questions ne sont prises en compte que par un quart des accords de paix réglant des conflits liés aux ressources naturelles.

Un rôle plus important pour l'environnement dans la planification post-conflit, ainsi qu'une plus grande capacité pour l'alerte précoce sont requis pour répondre aux risques environnementaux et mieux exploiter les opportunités, révèle le rapport. Ceci inclut une meilleure intégration des questions environnementales dans les activités de consolidation de la paix entreprises par le système onusien, ainsi qu'une utilisation plus attentive des ressources naturelles pour le rétablissement de l'économie et des services essentiels, et pour la création de moyens de subsistance durables dans les pays en phase post-conflit.

A mesure que croît la population mondiale, et à mesure qu'augmente la demande, il est probable que les conflits liés aux ressources naturelles s'intensifient dans les décennies à venir. De nouveaux conflits pourraient également être générés par les conséquences possibles du changement climatique pour l'accès à l'eau et la sécurité alimentaire, par exemple.

Citant la création de moyens de subsistance durables, le dialogue et la construction de la confiance comme des clés potentielles de consolidation de la paix, le rapport souligne aussi le rôle important que peut jouer la bonne gestion des ressources naturelles dans le redémarrage de l'activité économique des pays en phase post-conflit. En offrant une plateforme de coopération, des besoins et des objectifs environnementaux communs peuvent constituer une impulsion importante pour la paix.

La piraterie somalienne s'internationalise

Le cas somalien n'est pas développé dans le rapport du PNUE. Toutefois, la Somalie est citée comme un pays en conflit depuis 1991 pour des questions liées au poisson et au charbon de bois (page 11).

Depuis l'envoi des forces navales internationales pour protéger les eaux de la corne de l'Afrique à la fin de l'année 2008, la situation n'est toujours réglée même si les médias restent actuellement muets. Au contraire, la piraterie s'étend maintenant aux eaux yéménites. « Les pirates africains du Golfe d’Aden et de la mer d’Oman menacent la vie et les moyens de subsistance des pêcheurs yéménites, selon les autorités locales. La lutte menée par les forces navales internationales contre les pirates a en outre aggravé ces risques, ont indiqué les autorités, car les pirates utilisent les bateaux des pêcheurs yéménites pour camoufler leurs activités. « La piraterie est devenue une menace pour les pêcheurs et leurs activités en mer, parce que les gardes-côtes [yéménites] n’assurent pas leur protection et les pêcheurs yéménites sont devenus des boucliers humains », a déploré Khaled Abdullah, secrétaire général de l’Association du littoral de l’Hadramaout », selon un article de l'IRIN du Bureau pour la coordination des affaires humanitaires de l'ONU.
D’après Mutahar Rashad al-Masri, ministre de l’Intérieur du Yémen, 42 actes de piraterie ont été perpétrés en 2008, qui ont abouti à l’enlèvement de 815 marins yéménites. Seuls 592 d’entre eux ont été libérés.

Menace pour l’île yéménite de Socotra

Socotra, la plus grande île du Yémen, située dans l’océan Indien, est également menacée par la piraterie, puisqu’elle dépend essentiellement du ravitaillement par voie maritime. En janvier 2009, l’île s’est trouvée confrontée à une pénurie de diesel après que des pirates se furent emparés du navire de ravitaillement.

Les coupures de courant ont duré deux semaines, compromettant la prestation des services de base, selon Fahd Saleem, journaliste local. « Ce qui est dangereux, c’est que les actes de piraterie risquent de se multiplier dans la région qui sépare Socotra des autres régions [du sud] du Yémen. Or, les vivres et autres marchandises arrivent à Socotra par la mer », a-t-il expliqué à IRIN. Selon M. Saleem, un navire appartenant à une société qui mène des projets de construction routière à Socotra a été saisi par des pirates et les projets auraient été interrompus si ceux-ci n’avaient pas restitué le bateau.
Source : IRIN


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