Depuis son ouverture sur le monde et en moins de 10 années, le Vietnam s'est hissé dans le peloton de tête des principaux pays halieutiques de la planète. Pêche, aquaculture et exportation de produits aquatiques. Si la Norvège a le saumon, le Vietnam a le panga. Deux espèces amblématiques du développement industriel de l'aquaculture. Mais, tout développement anarchique a ses revers, entre autres, la pollution comme l'explique l'article du "Courrier du Vietnam".
Des mesures pour lutter contre la pollution au delta du Mékong
Les provinces du delta du Mékong sont en train de chercher des mesures destinées à lutter contre la pollution née de l'explosion des zones industrielles et des élevages aquacoles.
Ces dernières années, les filières d’aquaculture et de transformation des produits aquatiques ont connu dans le delta du Mékong un développement fulgurant. L'élevage des poissons-chats (tra ou basa), bien plus rentable que la riziculture, attire chaque année des milliers de paysans pauvres. Étangs, lacs, rivières et mêmes arroyos sont ainsi transformés en élevages. Un développement anarchique qui échappe à tous contrôles. Selon les experts, les effets nocifs de l'aquaculture sur l'environnement proviennent de plusieurs facteurs : gaspillage de la nourriture non consommée par les poissons, produits du métabolisme des poissons, traitements chimiques utilisés pour limiter l'accumulation de déchets sur les filets et produits chimiques pour traiter les maladies et parasites des poissons.
Par ailleurs, des centaines d'usines et d'établissements de transformation des poissons-chats ont été construits dans le delta, eux aussi grands pollueurs… Selon le ministère des Produits aquatiques, en 2006, le delta du Mékong comptait 699 200 ha de surfaces aquacoles contre 445 300 ha en 2000, avec une production de plus d'un million de tonnes, soit 70% de la production nationale. La filière aquacole génère chaque année 456 millions de mètres cubes de déchets. À quoi s'ajoutent environ 2 millions de tonnes d'engrais chimiques, 500.000 tonnes de produits phytosanitaires utilisés pour l'agriculture. Et aussi 102 millions de mètres cubes d'eaux usées et 600 000 tonnes d'ordures ménagères rejetés par les 3,34 millions d'habitants du delta...
Un niveau de pollution industrielle élevé
Le delta du Mékong compte à l'heure actuelle 20 zones industrielles (ZI), d'une superficie totale de 3.645 ha, et 177 complexes industriels (15 453 ha). Selon l'Office de protection de l'environnement du Nam Bô occidental, chaque année, ils rejètent 42,2 millions de mètres cubes d'eaux usées et 220.000 tonnes de déchets. Lors d'un récent colloque scientifique organisé dans la province de Long An, le Docteur Nguyên Chon Trung, directeur adjoint de l'Institut des sciences et de la technologie Phuong Nam, a déclaré : "La pollution et l'aménagement rapide des ZI dans cette région sans accompagnement d'infrastructures adéquates sont devenus une menace pour le développement de toute la région". Par exemple, dans la ZI de Trà Noc, à cause de l'absence de système de traitement des eaux usées, les usines (agroalimentaires, de produits aquatiques…) rejètent chaque jour dans la nature 10.000 m3 d'eaux usées... De nombreux scientifiques ont estimé que la construction des ZI et ZF devait se faire avec le souci de préserver l'environnement et dans une perspective de développement de la région à long terme.
À l'Institut des sciences et de la technologie Phuong Nam, on estime qu'il faut guider les entreprises dans le choix de technologies. Il est important aussi de mener des études scientifiques, d'appliquer des technologies ad hoc par exemple dans le traitement des ordures, des eaux usées...
L'institut Phuong Nam s'est vu confier par le ministère des Sciences et de la Technologie la tâche de concevoir des projets pilotes de développement économique et de protection de l'environnement. Selon Huynh Van Hoàng, directeur de l'institut, le mois prochain, son établissement organisera dans la ville de Cân Tho le colloque "Dangers de la pollution de l'environnement dans le delta du Mékong - Situation et solutions". La priorité sera donnée à la protection de l'environnement autour des ZI et ZF.
L'institut Phuong Nam envisage aussi de mener des études sur la construction de diguettes destinées à empêcher l'intrusion saline dans les terres agricoles, un phénomène récurrent dans le delta et qui a tendance à s'accroître. Il s'agit d'un plan à long terme. Selon M. Hoàng, "il faudra rassembler de nombreux scientifiques et un budget conséquent".
En mars dernier, l'institut Phuong Nam a organisé à Long An un colloque sur le développement industriel de cette province, dans lequel la question de la protection de l'environnement a tenu une place importante. Dans les temps qui viennent, un ou 2 colloques sur ce thème seront organisés. Ils serviront de support à l'élaboration d'un projet global qui sera soumis au ministère des Sciences et de la Technologie. Actuellement, l'institut Phuong Nam coopère avec des organisations espagnoles de protection de l'environnement, avec comme priorité dans un premier temps le traitement des eaux usées dans les complexes industriels et les ZI.
Huong Linh
Source : Le courier du Vietnam
Huong Linh
Source : Le courier du Vietnam
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