WikiLeaks : Le Parc Marin des Chagos comme arme politique !

WikiLeaks : Le Parc Marin des Chagos comme arme politique !

N’y-a-t-il pas mieux protégé qu’une base militaire seule au milieu de la plus grande réserve marine au monde ? Une aire marine protégée, grande comme la superficie de la France ou deux fois celle de la Grande-Bretagne. Un parc marin comme bouclier anti-pirate, interdit à toute forme de vie humaine à l’exception des US marines.

C’est la révélation du site WikiLeaks concernant l’Aire Marine Protégée de l’archipel des Chagos qui selon des notes confidentielles a été créée non pas dans un but de protection de l’environnement mais bien pour empêcher ceux qui sont nés dans l’archipel de s’y réinstaller.

Au début de l’année 2010, nous avions soutenu le combat du peuple chagossien : Les chagossiens crient à l’aide contre une aire marine protégée. Début de l'article : « Dans les années 60, les USA ont fait de l’archipel des Chagos, une base militaire au coeur de l’Océan Indien, un véritable porte-avion sur l’île corallienne de Diego Garcia. Aujourd’hui, les britanniques « propriétaires » de ces îles veulent en faire une immense zone marine protégée avec le soutien actif des associations environnementales internationales ! Les chagossiens qui ont été poussés à l’exil au moment de l’installation des militaires étatsuniens, sont les habitants légitimes des Chagos. Avec le soutien des mauriciens qui revendiquent ces îles, les chagossiens proposent un autre avenir pour leur archipel ! »

Protection de Diego Garcia avec le soutien de Pew Charitable Trusts

Au moment où les chagossiens lançaient leurs cris de désespoir, les organisations environnementales internationales comme Pew Charitable Trusts et Marine Conservation Society, mettaient en ligne une pétition pour la création d’une Aire Marine Protégée sur l’ensemble de l’archipel des Chagos : Protect Chagos.

En effet, les gouvernements britannique et étatsunien se sont appuyés sur des organisations environnementales influentes auprès du public pour faire passer leur projet de protection de la base militaire à Diego Garcia.

« Si Londres veut absolument aller de l’avant avec ce projet, il se base aussi sur l’accueil réservé quant à la création d’une réserve marine aux îles Hawaï. C’est là qu’entre en jeu le Pew Charitable Trust, derrière la création de la réserve marine, pour une campagne de relations publiques, afin que l’idée soit bien accueillie par le public. D’autant que le trust en question a bonne presse. » Philippe Favrelière (avec l'aide de l’article de l’Express mu : Wikileaks confirme : le parc marin créé exprès pour empêcher le retour des Chagossiens)

Autres articles :

Pour aller plus loin....

L'île Maurice s'offusque de révélations de WikiLeaks sur les îles Chagos (AFP)

Les autorités de Maurice et plusieurs collectifs de défense des habitants originaires de l'archipel des Chagos s'indignaient vendredi de fuites du site WikiLeaks jetant un nouvel éclairage sur la décision de la Grande-Bretagne de transformer les Chagos en un parc marin.

Le Royaume-Uni a donné son feu vert début avril à la création de la plus vaste réserve naturelle marine au monde autour des îles Chagos, dans l'océan Indien, une initiative vivement contestée par les anciens habitants de l'archipel expulsés dans les années 60. WikiLeaks a publié jeudi un câble diplomatique rendant compte d'un entretien en mai 2009 entre Colin Roberts, responsable des territoires d'Outre-Mer au Foreign office britannique, et un conseiller politique de l'ambassade des Etats-Unis à Londres. "Avec l'archipel des Chagos déclaré zone marine protégée, les Chagossiens ne pourront plus maintenir leur exigence pour un retour aux Chagos, leurs îles natales", aurait déclaré M. Roberts à son interlocuteur, assurant au passage que le nouveau parc serait interdit aux "Vendredi", en référence au compagnon de Robinson Crusoé dans le roman de Daniel Defoe….

WikiLeaks sur le parc marin des Chagos - Olivier Bancoult : « Nos avocats préparent la riposte » (Defimedia)

WikiLeaks a peut-être fourni assez de munitions aux autorités mauriciennes pour aider les Chagossiens à retrouver leurs îles natales. La publication, durant cette semaine, de correspondances échangées entre Washington et Londres a soulevé un tollé parmi la communauté internationale.

Il est écrit noir sur blanc, dans ces documents officiels et confidentiels, que le parc marin autour de l’archipel des Chagos a été créé pour empêcher le retour des Chagossiens dans leurs îles et nier toute tentative du gouvernement mauricien d’affirmer sa souveraineté sur ce territoire. Ces documents, selon les représentants des Chagossiens, donneront plus de poids à leur dossier qui devrait passer devant la cour européenne des Droits de l’Homme dans un futur proche. « Nos hommes de loi se sont déjà rencontrés », révèle Olivier Bancoult du Groupe Réfugiés Chagos : « Ils sont en consultation afin de déterminer toutes les implications des documents de WikiLeaks. Ils travaillent afin de relever un maximum de preuves et d’arguments qui joueront en notre faveur. Nous n’avons pas perdu un seul instant. »......

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Le 24 janvier 2011

Chagos: le parc marin devant le tribunal de la mer (Le Figaro)

La Grande-Bretagne avait-elle le droit de proclamer les Chagos zone maritime protégée ? Le Tribunal international du droit de la mer devra se prononcer sur la question à la demande de l’Etat mauricien. C’est le début d’une procédure au long cours.

Navin Ramgoolam avait pris grand soin, mardi 21 décembre, de ménager son effet. De fait, l’annonce, mardi, que l’Etat mauricien va traîner la Grande-Bretagne devant le Tribunal international du droit de la mer dans l’affaire des Chagos a pris les observateurs locaux de court, ainsi que le gouvernement britannique. Entouré de son ministre des Affaires étrangères, Arvin Boolell, et de son Attorney general, Yatin Varma, le chef du gouvernement a souligné, l’air grave, que cette initiative « historique » intervient après que toutes les possibilités diplomatiques « amicales » ont été épuisées. Décidé à démontrer aux Britanniques qu’il n’entend rien lâcher quant à sa souveraineté sur l’archipel des Chagos, Port-Louis a donc décidé de passer à l’offensive. Dans le document envoyé au Foreign Office en début de semaine, le gouvernement mauricien soutient que le parc marin créé par les Britanniques n’est pas compatible avec la Convention de 1982 et est donc illégal. Le gouvernement mauricien estime également que la Grande-Bretagne, n’étant pas un « coastal state », au regard de cette même Convention, n’est donc pas compétente pour créer un parc marin et que seule Maurice le peut.

L’arbitrage du Tribunal international du droit de la mer, recherché par la partie mauricienne, a souligné Navin Ramgoolam, ferait partie d’une « stratégie globale » visant à récupérer la souveraineté sur les Chagos. Et d’ajouter qu’un arbitre allemand, Rüdiger Wolfrum, a été choisi pour défendre les intérêts de Maurice dans ce dossier. L’initiative mauricienne a été saluée par les deux leaders de la communauté chagossienne, Olivier Bancoult et Fernand Mandarin, qui se sont entretenus avec Navin Ramgoolam la veille de l’annonce publique. « Je ne peux qu’accueillir cette décision de manière favorable. Le parc marin créé par le gouvernement britannique n’a jamais eu qu’un seul objectif, nous empêcher de pouvoir un jour retrouver nos îles. Nous ne pouvons donc que soutenir la procédure initiée par le gouvernement mauricien », confie Fernand Mandarin. Un sentiment partagé par l’avocat du Comité social des Chagossiens, Hervé Lassémillante, qui y voit un message clair adressé à la Grande-Bretagne et à d’autres puissances étrangères. « C’est une action audacieuse, visionnaire et unitaire qui montre que Maurice ne courbera pas l’échine devant un pays étranger, aussi puissant qu’il soit », explique-t-il.

Le recours au Tribunal international du droit de la mer est l’« étape logique », estime l’homme de loi. Mais déjà, quelques-uns s’interrogent sur l’aptitude de ce tribunal de rendre un jugement sur un dossier aussi sensible. « Ce tribunal s’occupe généralement de cas relatifs au milieu marin ou encore des différends entre des pays concernant la délimitation marine. L’affaire dont il se trouve aujourd’hui saisi est infiniment plus sensible et importante. Reste maintenant à savoir s’il saura gérer un tel dossier et résister aux pressions », se demande un observateur. Des critiques que balaie d’un revers de la main Hervé Lassémillante, qui estime le Tribunal international du droit de la mer tout à fait apte à se pencher sur cette question. « D’ailleurs, quelle que soit l’issue de cette procédure, Ramgoolam engrangera des points politiques et Maurice en retirera un prestige international », fait-il ressortir....

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Le 18 août 2011

Un documentaire sur les Chagos présenté au Festival international du film insulaire (L’Express)

« Chagos ou la mémoire des îles », documentaire tourné en 2006 par le réalisateur Michel Daëron est à l’affiche du 11e Festival international du film insulaire de l’île de Groix (FIFIG) qui s’ouvre aujourd’hui.

Le festival démarre ce mercredi 17 août et se poursuivra jusqu’à dimanche prochain, le 21 août. 16 documentaires racontant l’histoire, parfois tragique, des peuples insulaires ont été sélectionnés pour cette 11e édition. « Chagos ou la mémoire de îles » sera projeté sur grand écran le vendredi 19 août.

Ce documentaire a été tourné en 2006 à Maurice, aux Seychelles et sur les îles de l’archipel des Chagos. En effet, l’équipe de tournage avait accompagné les 100 Chagossiens qui avaient été autorisés à visiter leur terre natale cette année-là.

Le film de Michel Daëron raconte l’histoire secrète de la déportation illégale des Chagossiens, orchestrée par les gouvernements britannique et américain. Ce document d’exception relate également la souffrance subie par ce peuple forcé à l’exil avec notamment des témoignages du président du Groupe Réfugiés Chagos (GRC), ainsi que des emblématiques représentantes des natifs des Chagos, Lisette Talate et Charlesia Alexis.

Egalement en compétition au FIFIG, des films qui bousculent les clichés et permettent d''aborder des réalités, des imaginaires, des drames ou des rêves insulaires, proches ou lointains. Cuba, Vanuatu, Martinique, Cap-Vert, Haïti, Sardaigne seront aussi représentés, cette semaine, à l’île de Groix, au large de Lorient dans le nord de la France.

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Strasbourg (Conseil de l'Europe), 20 déc 2012 (AFP)




La Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) a déclaré irrecevable la requête d'habitants des îles Chagos qui dénonçaient leur expulsion il y a plus de 40 ans par le Royaume-Uni de l'archipel de l'océan Indien pour accueillir une base militaire américaine.

Dans son arrêt définitif, rendu public jeudi, la Cour de Strasbourg note que "les requérants avaient accepté et reçu une indemnité dans laffaire (dite) Ventacassen, et ainsi effectivement renoncé à toute autre prétention".

La requête, introduite devant la CEDH en 2004, concernait lexpulsion des habitants des îles Chagos - territoire doutre-mer britannique situé au milieu de locéan Indien - entre 1967 et 1973, pour la construction dune base militaire américaine.

Selon les juges européens, "le traitement impitoyable et honteux auquel les intéressés et leurs ancêtres ont été soumis lors de leur renvoi des îles Chagos (a) été soulevé devant les juridictions internes (britanniques) et a trouvé un règlement définitif".

"En pareil cas, il nappartient pas à la CEDH de jouer le rôle dun tribunal (jugeant) du fond" d'une affaire, ont-ils conclu.

Les requérants étaient 1.786 personnes originaires des îles Chagos. L'archipel principal de ces îles, administrées par le Royaume-Uni depuis le XIXe siècle, est Diego Garcia.

Londres a salué jeudi "la fin du processus judiciaire, qui a duré des années", rappelant avoir déjà exprimé des "regrets sur les fautes commises envers les Chagossiens il y a plus de quarante ans".

"Le gouvernement étudiera sa position sur sa politique de réisnstallation" sur les îles Chagos, en accord avec ses engagements, a ajouté le ministère britannique des Affaires étrangères dans un communiqué.

De son côté, une organisation de défense des minorités, Minority Rights Group International (MRG), a estimé qu'avec cet arrêt de la CEDH, "le gouvernement se lavait les mains de toute responsabilité" après "avoir expulsé tout un peuple".

Fin 1966, Londres et Washington avaient décidé que les îles Chagos pouvaient être utilisées à des fins de défense américaine pour une durée indéterminée, la situation devant être réexaminée en 2016. Les îles furent donc évacuées entre 1967 et 1973.

Les habitants avaient engagé plusieurs procédures concernant leur expulsion et les préjudices subis. La première, introduite en 1975 (affaire Ventacassen), se termina en 1982 avec le paiement de 4 millions de livres par le Royaume-Uni et loctroi de terres dune valeur dun million de livres. Dans le cadre du règlement de cette affaire, les habitants des îles acceptèrent de renoncer à leurs prétentions.

Dans une affaire ultérieure, impliquant 4.466 demandeurs, la Haute Cour de Londres avait rayé la question de son rôle fin 2003, estimant quune tentative de réclamer une indemnité supplémentaire constituait un abus.

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