Du Pays Royannais à la Baie de Lannion, l'extraction de sable crée des remous

https://www.change.org/p/madame-segolene-royal-non-au-projet-de-concession-mini%C3%A8re-pour-l-exploitation-et-l-extractions-des-s%C3%A9diments-marins-granulats-et-sable-sur-le-banc-des-mateliers-%C3%A0-l-embouchure-de-la-gironde-entre-le-d%C3%A9partement-de-la-charente-maritime-et-la-gironde?just_created=true
« les fonds ont baissé de 10 mètres et des roches sont apparues. Les bateaux ne peuvent plus travailler là-bas. Le lançon est parti, les zones de frayères des turbots ont été détruites, on ne voit plus de barbues (...) Le bruit des sabliers ajoute au phénomène de désertion des poissons. » 

Rappelez-vous (en 2012) : Touche pas à mon lançon ! 

Samedi 24 Janvier 2015 (à partir de 10h) : Peuple des dunes et Lannion Trégor Communauté  appellent à manifester à Lannion contre l'extraction des sables : Baie de Lannion : "La dune ne se régénérera pas" et Projet d'extraction de sable. Pour l'agglo, "un déni de démocratie"

Lannion : 6000 personnes contre l'extraction de sable


En Pays Royannais, l'avis favorable de la commission d'enquête sur le projet de concession minière à l'embouchure de la Gironde fait réagir. La résistance s'organise contre l'exploitation et l'extraction des granulats et des sables marins au large de la Côte de Beauté.

L'enquête publique s'était déroulée du 17 septembre au 17 octobre 2014. Environ 250 personnes, associations ou collectivités ont émis des observations, quasi unanimement hostiles à ce projet, qui prévoit sur 30 ans d'exploitation l'extraction d'un volume annuel moyen de 430 000 m3 de graves et sables, dans une zone située au plus à 1 km de la Pointe de la Coubre, à La Palmyre. A noter que le seul avis favorable recensé parmi les contributeurs à l'enquête publique émane du conseil municipal du Verdon-sur-Mer (NDLR sur l'autre rive de l'estuaire de la Gironde !).  

Cliquer Ici pour signer la pétition "Non au projet de concession minière pour l'exploitation et l'extraction des sédiments marins "granulats et sable" sur le banc des "mateliers" à l'embouchure de la Gironde"

En Baie de Lannion, le Peuple des dunes rameute ses troupes contre l'exploitation d'une dune sous-marine. Un projet d’extraction de sable, déposé par la Compagnie armoricaine de navigation (Can), filiale du groupe Roullier, prévoit de pomper 400 000 m3 – maximum – de sable coquillier par an dans la baie de Lannion, pendant 20 ans, sur une dune sous-marine située à environ 6,7 km de Trébeurden et 9,4 km de Locquirec (Finistère)... Des élus et une partie de la population s'y opposent. La décision du ministère de l'Économie est imminente.

Jusqu'en 2013, la Can exploitait du maërl. Or, en septembre 2013, l'Europe a interdit l'extraction de ce sable constitué par deux espèces d'algues, afin d'éviter la destruction d'habitats marins. La Can, qui cherche de nouveaux gisements pour compenser cette interdiction, a donc ciblé cette dune sous-marine. Celle-ci mesure environ 15 km de long, soit 186 millions de m3, en ne ciblant toutefois que les 4 km2 les plus hauts.

Entretien avec Bernard Lenoir, directeur foncier de la Can, Compagnie armoricaine de navigation.

La décision du ministère de l'Économie serait imminente, avez-vous des échos ?

Elle est imminente depuis 18 mois. On pense qu'il va bientôt falloir que l'État prenne position. Maintenant, je ne fais pas de pronostics et notre seule source, c'est la lecture de la presse.

Le maërl n'étant plus autorisé, où prélevez-vous le sable ?

On a vécu jusqu'alors avec nos deux gisements en baie de Morlaix et de Saint-Brieuc, qui sont autorisés jusqu'en 2035 pour la Horaine et 2036 pour les Duons. Le problème est que ces deux seuls gisements dont on dispose, ne produisent pas assez, même en prélevant quasiment le quota maximum : 125 000 m3 pour le premier et 50 000 m3 pour le second. Résultat, depuis la fin du maërl, on est en déficit.

Quels sont les besoins bretons en sable coquillier pour l'agriculture ?

Pour la Bretagne et le grand Ouest, on estime qu'il faut 300 000 à 400 000 m3 par an. Les agriculteurs peuvent aussi se tourner vers d'autres produits, moins naturels. Nos débouchés sont bretons pour le sable brut. Et pour le sable broyé avec des fertilisants, ils sont bretons mais aussi français. Nous avons demandé 400 000 m3 mais c'est un maximum qu'on extraira... Ou pas, selon les besoins du marché.

Comprenez-vous les craintes des opposants ?


Si elles étaient fondées, l'administration aurait bloqué ce dossier avant de le poser sur le bureau du ministre. Tout le monde sait que le désensablement et l'érosion de la côte sont surtout dûs aux constructions faites par l'homme sur les rivages, aux tempêtes. On est à 7 km, ça n'est quand même pas tout près et il y a des gros gisements de maërl qui étaient plus proches que cela. 400 000 m3 ça n'est pas grand-chose quand on voit les gisements de 2,5 millions de m3 qu'exploitent des concurrents en Manche Est, à 10-15 km des côtes. Dans l'étude d'impact, les experts ont considéré que ça ne tuerait pas toute l'activité dans la baie. D'ailleurs, sur notre gisement de la Horaine, il y a un suivi environnemental régulier et on ne constate pas à proximité une baisse de la population de lançons ou de coquilles Saint-Jacques....

Pour les pêcheurs, « il y aurait conflit d'usage »

« L'impact ? Il est certain sur le milieu marin, les lançons, le bar, le lieu et pas mal d'espèces », affirme Alain Coudray, président du comité départemental des pêches. Selon les pêcheurs locaux, il en va de l'avenir des petits bateaux des Côtes-d'Armor et du Finistère qui pêchent dans cette zone. Ils sont plus d'une cinquantaine, représentant environ 80 emplois et 300 emplois induits.

Pour Alain Coudray, sur le site d'extraction de la Horaine, (exploité par la Compagnie armoricaine de navigation), au large de Paimpol, « les fonds ont baissé de 10 mètres et des roches sont apparues. Les bateaux ne peuvent plus travailler là-bas. Le lançon est parti, les zones de frayères des turbots ont été détruites, on ne voit plus de barbues (...) Le bruit des sabliers ajoute au phénomène de désertion des poissons. »

« Si la Can dit qu'on peut travailler ensemble sur ses sites avec la façon dont le sable est extrait, c'est faux ! », tempête le patron des pêcheurs. Pour lui, par exemple, le conflit d'usage est moins fort dans les pays anglo-saxons, où les bancs de sable sont plus grands. « Mais c'est sûr que ça coûte moins cher de faire tout au même endroit ! Si l'État donne son feu vert, on fera des actions. »

Pour plus d'informations :

Baie de Lannion

Ouest France : Extraction de sable. La Can propose de diminuer ses volumes
Ouest France : Baie de Lannion : "La dune ne se régénérera pas" 
Ouest France : Projet d'extraction de sable. Pour l'agglo, "un déni de démocratie"
Ouest France : Extraction de sable. Le Peuple des dunes rameute les foules 
Ouest France : Lannion. L'extraction de sable fait des vagues
RPA : Extraction de sable en Baie de Lannion : Touche pas à mon lançon !

Embouchure de la Gironde - Pays Royannais


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Écosystèmes estuariens, quels enjeux pour la biodiversité ?

Colloque francophone international

BioSphère Environnement

29, 30 et 31 janvier 2015

Royan et Saint-Georges-de-Didonne

Accès gratuit et ouvert à tous (Inscription avant le 15 janvier 2015)

Cliquer Ici pour télécharger le programme et fiche inscription

Transitions entre les eaux douces et les eaux marines, les estuaires abritent différents écosystèmes exploités par un grand nombre d’espèces durant tout ou partie de leur cycle de vie. Zones de reproduction ou de grossissement pour les poissons, escales migratoires ou zones d’hivernage pour les oiseaux, habitats privilégiés pour un grand nombre d’espèces végétales..., les estuaires sont des espaces déterminants pour la conservation de nombreuses espèces ou populations animales comme végétales et le maintien de services écosystémiques essentiels à l’humanité.

Le colloque « Écosystèmes estuariens, quels enjeux pour la biodiversité ? » a pour objectif de développer des échanges entre scientifiques et gestionnaires d’espaces, permettant de mesurer les enjeux relatifs aux espaces estuariens pour la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques rendus par ces espaces.

L’ensemble des porteurs de ce projet, très impliqués dans des logiques de sensibilisation du public indispensables à la construction de stratégies de conservation de la biodiversité, ont souhaité que le grand public puisse être pleinement associé à l’événement. Dans ce cadre, sont proposés à toutes et tous, en plus de la possibilité de participer librement au colloque : des expositions, des conférences et des sorties thématiques, un espace « forum » permettant des temps d’échanges avec les équipes scientifiques et des rencontres avec des structures offrant régulièrement des sorties, des visites, des conférences... sur le thème des estuaires.

Pour plus d'informations : http://espacesite.pagesperso-orange.fr/colloque-estuaires.pdf

« On tue la pêche sur l’estuaire »


La Commission européenne veut interdire l’utilisation, en janvier, des filets dérivants. Les pêcheurs de l’estuaire n’auraient plus d’outil de travail

Source : Sud Ouest par Étienne Béguin
Les pêcheurs sur l'estuaire de la Gironde vont-ils disparaître incessamment sous peu ? La Commission européenne s'apprête à interdire totalement, à compter de janvier 2015, l'utilisation de leur outil de travail, à savoir les filets dérivants. L'objectif est de mettre fin aux pratiques de pêche illégales liées à l'utilisation de cet engin.

Selon la Commission européenne, le respect des dispositions sur l'utilisation de ces filets est difficile à contrôler car la petite taille des flottilles concernées permettrait à certains pêcheurs de capturer des espèces dont la pêche au moyen de filets dérivants est interdite (1). Des pratiques de pêche illégale au filet dérivant ont en effet été constatées à plusieurs reprises. Ce qui a valu à la France d'être condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne en 2009 pour ne pas avoir suffisamment contrôlé ces pêcheries.

Assemblée nationale : Communication sur les filets maillants dérivants de Mme Estelle Grelier


Espèces en danger

« La pêche au filet dérivant détruit les habitats marins, met en danger la vie des espèces sauvages et menace la durabilité de la pêche, déclarait, en mai, Maria Damanaki, commissaire européenne chargée des affaires maritimes. Je suis persuadée que la seule manière d'éradiquer cette pratique une fois pour toutes est de disposer de règles claires qui ne laissent aucune place à l'interprétation. L'interdiction envoie un message clair, à savoir que nous ne tolérons plus aucune pratique irresponsable. »

De fait, la proposition de la commissaire européenne s'appliquera à tous les pêcheurs sans distinction, y compris à ceux de l'estuaire respectant la loi. « Cette proposition est complètement incompréhensible aux yeux des professionnels, s'insurge-t-on au Comité départemental des pêches maritimes et élevages marins d'Aquitaine (CDPMEM). Les objectifs premiers de cette mesure ne considèrent pas la diversité des pratiques de cet engin ».

Eau de mer et eau douce

« Si cette mesure est appliquée, on tue la pêche sur l'estuaire de la Gironde, pas moins ! », s'inquiète Coco Martin, pêcheur du port des Callonges à Saint-Ciers à la retraite mais dont les deux fils sont en activité. La pêche dans l'estuaire de la Gironde concerne en effet des espèces amphihalines, comme le maigre, qui se déplacent entre les eaux douces et la mer afin de réaliser complètement leur cycle biologique. Une période pendant lequel elles ne se nourrissent pas : le filet dérivant est donc le seul moyen de les attraper.

« Déjà que les pêcheurs ne sont plus très nombreux, poursuit Coco Martin. Il y a cent ans, près de 600 personnes vivaient de la pêche sur l'estuaire. Ils étaient encore près de 300 en 1982, lors de la création du comité local. Et aujourd'hui, seuls une vingtaine de bateaux subsistent sur le plus grand estuaire d'Europe ! ».

Sur la base de ces pratiques, l'Assemblée nationale a voté contre l'interdiction des filets dérivants le 4 novembre dernier. Le gouvernement français ira défendre cette position lors du Conseil des ministres européens de la pêche prévu les 15 et 16 décembre prochains.

Étienne Béguin

(1) Depuis 2002, tous les filets dérivants, quelle que soit leur taille, sont interdits dans les eaux de l'Union européenne lorsqu'ils sont destinés à la capture de grands migrateurs tels que le thon et l'espadon.

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