En Suisse, on ne rigole pas avec la maltraitance animale... Dans ce pays où siège l’Organisation internationale du travail (OIT)....
Les pêcheurs à la ligne suisses sont désormais tenus de mettre à mort immédiatement les petits poissons, en les assommant ou en combinant «rupture de nuque» et coup sur la tête. Les autorités fédérales confirment aussi qu'il est interdit de pêcher des poissons dans l'intention de les remettre à l'eau.
Les pêcheurs à la ligne suisses sont désormais tenus de mettre à mort immédiatement les petits poissons, en les assommant ou en combinant «rupture de nuque» et coup sur la tête. Les autorités fédérales confirment aussi qu'il est interdit de pêcher des poissons dans l'intention de les remettre à l'eau.
L'Office fédéral de l'environnement (OFEV) et l'Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV), en tant qu'autorités de surveillance, ont élaboré des directives pour les autorités cantonales. Le but est de clarifier la situation juridique, écrivent-elles ce lundi 15 décembre dans un communiqué.
Selon celles-ci, les pêcheurs à la ligne doivent mettre à mort immédiatement leurs prises destinées à la consommation. La méthode usuelle, pour les poissons de plus de 22cm, consiste à étourdir l'animal le plus rapidement possible en lui assénant un coup sur la tête ou en lui brisant la nuque, puis à le mettre à mort au plus vite en le saignant par incision des branchies ou en l'éviscérant.
La saignée des petits poissons de moins de 22cm est par contre jugée difficile à mettre en pratique. Les pêcheurs peuvent donc s'en passer. Pour ces poissons, il faut éviter de recourir à la seule méthode «rupture de la nuque» sans donner un coup supplémentaire sur la tête: mal effectuée, elle risque de paralyser l'animal sans le tuer, écrivent l'OFEV et l'OSAV.
La saignée des petits poissons de moins de 22cm est par contre jugée difficile à mettre en pratique. Les pêcheurs peuvent donc s'en passer. Pour ces poissons, il faut éviter de recourir à la seule méthode «rupture de la nuque» sans donner un coup supplémentaire sur la tête: mal effectuée, elle risque de paralyser l'animal sans le tuer, écrivent l'OFEV et l'OSAV.
Le document de l'Office fédéral de l'environnement (OFEV) nous explique le geste précis de mise à mort du poisson.... Sinon, il indique clairement que la pratique "No kill" est interdite en Suisse à quelques exceptions près... Cliquer Ici pour accéder au document : Aide à l’exécution : Pêche à la ligne - Interprétation des dispositions légales relatives à l’étourdissement et à la mise à mort des poissons de petite taille et à la remise à l’eau des poissons capturés - Décembre 2014
Contrainte interdite
Il est par ailleurs interdit de pêcher des poissons à la ligne avec l'intention de les remettre à l'eau, car il ne faut pas exercer une contrainte sur un animal sans raison valable, indiquent les offices. Et de préciser qu'en Suisse, il n'existe aucun lieu de pêche avec remise à l'eau obligatoire des poissons capturés (secteurs «no kill» ou «catch and release»).
Les poissons appartenant à une espèce protégée ou pêchés durant la période de protection doivent par contre être remis à l'eau après avoir été capturés. Ceci doit se faire immédiatement et en évitant les manipulations comme le fait de les mesurer, les peser ou les photographier, qui sont susceptibles de stresser le poisson, expliquent encore l'OFEV et l'OSAV.
Récemment, la Commission fédérale d'éthique pour la biotechnologie dans le domaine non humain (CENH) est arrivée à la conclusion qu'on ne peut pas exclure que certaines espèces de poissons soient dotées de sensibilité.
De l'avis de tous les membres de la CENH, utiliser les poissons avec attention et respect s'impose même en l'absence de certitude absolue au sujet de leur sensibilité à la douleur. Les méthodes d'étourdissement et de mise à mort comme les conditions de détention et de pêche doivent donc être adaptées sur la base de ces nouveaux critères, avait alors indiqué la commission... D'après : La Tribune de Genève
Lundi 1er décembre un chalutier usine coréen, l’Oryang 501, en pêche dans les eaux russes du détroit de Behring a fait naufrage ; seuls huit marins ont pu être sauvés. La composition de l’équipage était multinationale : « Soixante personnes se trouvaient à bord : un inspecteur russe, onze Sud-Coréens, treize Philippins et trente-cinq Indonésiens. Le mauvais temps serait à l’origine du naufrage.» Rien ne permet d’affirmer que ces marins étaient des esclaves des mers, mais ce n’est pas la première fois qu’un bateau coréen, particulièrement de cette compagnie Sajo Group, est mis en cause. Les familles des marins disparus constatent d’ailleurs que le chalutier usine continuait à travailler dans des conditions difficiles, sans repos. Un autre bateau de la même compagnie, l’Oyang 70, a coulé dans les eaux de Nouvelle-Zélande, en 2010, provoquant 6 disparitions. En 2011, c’est l’Oyang 75, avec un équipage de 32 Indonésiens, qui a été mis en cause pour usage de travail forcé, non-paiement de salaires et abus sexuels. Un réalisateur a récemment tourné un documentaire sur ce sujet. « Depuis 1994, les équipages indonésiens ont travaillé dans les chalutiers-usines coréens dans les eaux néo-zélandaises : une main-d'œuvre bon marché prenant le quota de poissons des sociétés néo-zélandaises. Tous les jours, ces Indonésiens ont souffert de violents abus, verbaux, physiques ou sexuels, contraires aux droits de l’homme. Ils sont également forcés de travailler 20 heures par jour et n’ont que 3 heures de sommeil. En juin 2011, 32 membres de l’équipage indonésien de l’Oyang 75 ont quitté le navire. Après seulement 5 mois à bord du navire, ils n’auraient plus à endurer les durs traitements infligés par les officiers coréens.
Ces hommes craignaient en permanence que leurs femmes et leurs familles soient menacées par des agents en Indonésie. Ils ont emprunté jusqu’à 2 000 $ pour pouvoir signer avec une agence de recrutement pour obtenir un emploi pour ensuite signer des contrats chers pour deux ans. De même, ils devaient mettre en gage des choses telles que leur terre familiale comme garantie de leur travail. Ils ont fait face à la faillite en Indonésie, tout ça pour un pauvre salaire de 200 $ par mois.
Cet acte a encouragé d’autres équipages indonésiens dans les chalutiers-usines à s’exprimer sur les abus cruels qu’ils ont vécu chaque jour, en Nouvelle-Zélande, mais aussi dans l’Océan Indien, la Mer du Japon, la Mer de Béring et l’Océan Sud-Atlantique. Le film de Guye Henderson montre une choquante réalité : les équipages indonésiens n’ont aucune protection officielle et aucun droit contre un tel traitement inhumain, que ce soit en Nouvelle-Zélande ou dans d’autres zones de pêche. Leur sort d’esclaves modernes est une honte pour les droits de l’homme internationaux
Un autre pays se trouve fréquemment sur la sellette pour utilisation systématique de travailleurs forcés, la Thaïlande. La situation scandaleuse des pêcheurs migrants birmans, laotiens et cambodgiens a donné lieu à plusieurs campagnes menées soit par des organisations européennes comme Environmental Justice Foundation, des organisations internationales, des syndicats et ONG d’Asie du S-E. « Plus de 80% des pêcheurs sur les bateaux thaïlandais viennent du Myanmar, du Cambodge et du Laos. La plupart des pêcheurs migrants sur les bateaux de pêche thaïlandais sont des clandestins, des pêcheurs sans papiers ou sans autorisation de travailler.» Selon une étude de 2010, 31% des pêcheurs cambodgiens employés sur des bateaux thaïlandais étaient des travailleurs esclaves et leur nombre, loin de décliner, serait en progression.
Des bateaux de Taïwan se trouvent également fréquemment accusés, comme en témoigne cette dépêche de l’AFP : « Navire taïwanais: des pêcheurs "esclaves" se jettent à la mer : c'est le quotidien : ils me disaient que c'est sept jours sur sept, 18 heures par jour, pendant deux ans » . Plus récemment, un marchand d’hommes taïwanais a été condamné au Cambodge. Il promettait des emplois attractifs à des Cambodgiens, en Malaisie et au Japon. Ils se retrouvaient sur des bateaux taïwanais en Afrique. Le fructueux trafic aurait concerné au moins un millier de personnes.
Enfin, l’Europe est de plus en plus touchée par le phénomène de l’exploitation des pêcheurs migrants. En Espagne, en Ecosse, les équipages des navires hauturiers sont souvent composés de pêcheurs issus de pays du Sud, Pérou pour l’Espagne, Indonésie et Philippines pour l’Ecosse. Tous ces pêcheurs ne sont pas employés dans des conditions indignes et sont considérés comme des pêcheurs locaux, mais, quand il s’agit de clandestins, la tentation est grande de ne pas respecter leurs droits . Des situations d’esclavage ont été dénoncées à la suite d’enquêtes d’organisations comme ITF (International Transport Federation) ou Apostolship of the Sea et des institutions officielles du Royaume-Uni. En Ecosse, la police enquête sur la situation de deux pêcheurs philippins. Il y a suspicion de travail forcé au profit d’une agence philippine : les deux pêcheurs doivent rembourser les prêts consentis pour financer leur passage illégal au Royaume-Uni. On assiste donc à une généralisation du Nord au Sud, de l’utilisation de main-d’œuvre immigrée sur les bateaux de pêche lointaine et hauturière. Tous ne sont pas soumis au travail forcé ou à des conditions indignes, mais cette tendance traduit une crise de recrutement dans ce secteur où les conditions de travail sont souvent rudes. La précarité de leur situation juridique et leur isolement créent des conditions propices au développement du travail forcé ou dans des conditions proches de l’esclavage. Souvent ces migrants sont obligés de rembourser ceux qui ont organisé leur déplacement et leur embauche, parfois sans que leur patron soit obligatoirement au courant.
Les révélations des diverses enquêtes sur la situation dramatique de nombreux pêcheurs migrants dans plusieurs pays ont suscité de vives réactions et des propositions en direction des consommateurs ou des distributeurs. La plus habituelle est un appel au boycott soit par les consommateurs et par la grande distribution. Suite aux enquêtes publiées par le Guardian, Carrefour a décidé d’arrêter l’achat de crevettes en Thaïlande. Par contre, Tesco, une grande enseigne britannique, a refusé de s’engager dans cette voie. Ces approches relèvent assez clairement de démarches fondées sur le libéralisme, dans la mesure où c’est au marché de régler des problèmes de droits humains en évacuant la responsabilité des Etats. Comme le rappelle la journaliste du Guardian, Felicity Lawrence : « La vraie solution exige une politique différente, qui rééquilibre le pouvoir et réaffirme l’importance des intérêts collectifs par rapport à ceux des individus et des entreprises – qui non seulement, sauve les travailleurs esclaves en mer parce qu’ils sont victimes, mais leur donne aussi un appui pour qu’ils puissent se syndiquer, comme ils l’ont fait ailleurs dans la pêche, afin de lutter contre les abus ». La protection des droits humains au travail relève de la responsabilité politique, et c’est donc aux Etats de fixer les règles des échanges commerciaux de manière à garantir le respect des droits des travailleurs. En Asie même, et plus particulièrement en Thaïlande, les enquêtes des ONG, des syndicats, des organisations internationales (OIT), ont permis de créer un processus politique pour créer les conditions du respect des droits humains dans la pêche. L’OIT a adopté en 2007 une Convention (N° 188) pour garantir un travail décent dans la pêche. Du 11 au 13 décembre 2013, à l’initiative d’ICSF et du projet régional de la Baie du Bengale, s’est tenu à Bangkok, un atelier qui a permis de réunir des représentants des syndicats, des armateurs, des ministères, d’organisations internationales, des ONG, des universitaires.
La rencontre a validé un plan d’action en sept points.
Un groupe de travail a été créé pour assurer le suivi de la mise en application de ces propositions.
Des pêcheurs du Sud, esclaves de l’océan
Une compagnie coréenne douteuse
Taïwan et la Thaïlande : travail forcé sur des bateaux de pêche
L’Ecosse, L’Espagne sont aussi concernés par le travail forcé
Illustration : Lutte contre la traite des êtres humains : Bienvenue sur le site Web anti-traite du Conseil de l'Europe
Une compagnie coréenne douteuse
Taïwan et la Thaïlande : travail forcé sur des bateaux de pêche
L’Ecosse, L’Espagne sont aussi concernés par le travail forcé
Illustration : Lutte contre la traite des êtres humains : Bienvenue sur le site Web anti-traite du Conseil de l'Europe
Une compagnie coréenne douteuse
Lundi 1er décembre un chalutier usine coréen, l’Oryang 501, en pêche dans les eaux russes du détroit de Behring a fait naufrage ; seuls huit marins ont pu être sauvés. La composition de l’équipage était multinationale : « Soixante personnes se trouvaient à bord : un inspecteur russe, onze Sud-Coréens, treize Philippins et trente-cinq Indonésiens. Le mauvais temps serait à l’origine du naufrage.» Rien ne permet d’affirmer que ces marins étaient des esclaves des mers, mais ce n’est pas la première fois qu’un bateau coréen, particulièrement de cette compagnie Sajo Group, est mis en cause. Les familles des marins disparus constatent d’ailleurs que le chalutier usine continuait à travailler dans des conditions difficiles, sans repos. Un autre bateau de la même compagnie, l’Oyang 70, a coulé dans les eaux de Nouvelle-Zélande, en 2010, provoquant 6 disparitions. En 2011, c’est l’Oyang 75, avec un équipage de 32 Indonésiens, qui a été mis en cause pour usage de travail forcé, non-paiement de salaires et abus sexuels. Un réalisateur a récemment tourné un documentaire sur ce sujet. « Depuis 1994, les équipages indonésiens ont travaillé dans les chalutiers-usines coréens dans les eaux néo-zélandaises : une main-d'œuvre bon marché prenant le quota de poissons des sociétés néo-zélandaises. Tous les jours, ces Indonésiens ont souffert de violents abus, verbaux, physiques ou sexuels, contraires aux droits de l’homme. Ils sont également forcés de travailler 20 heures par jour et n’ont que 3 heures de sommeil. En juin 2011, 32 membres de l’équipage indonésien de l’Oyang 75 ont quitté le navire. Après seulement 5 mois à bord du navire, ils n’auraient plus à endurer les durs traitements infligés par les officiers coréens.
Ces hommes craignaient en permanence que leurs femmes et leurs familles soient menacées par des agents en Indonésie. Ils ont emprunté jusqu’à 2 000 $ pour pouvoir signer avec une agence de recrutement pour obtenir un emploi pour ensuite signer des contrats chers pour deux ans. De même, ils devaient mettre en gage des choses telles que leur terre familiale comme garantie de leur travail. Ils ont fait face à la faillite en Indonésie, tout ça pour un pauvre salaire de 200 $ par mois.
Cet acte a encouragé d’autres équipages indonésiens dans les chalutiers-usines à s’exprimer sur les abus cruels qu’ils ont vécu chaque jour, en Nouvelle-Zélande, mais aussi dans l’Océan Indien, la Mer du Japon, la Mer de Béring et l’Océan Sud-Atlantique. Le film de Guye Henderson montre une choquante réalité : les équipages indonésiens n’ont aucune protection officielle et aucun droit contre un tel traitement inhumain, que ce soit en Nouvelle-Zélande ou dans d’autres zones de pêche. Leur sort d’esclaves modernes est une honte pour les droits de l’homme internationaux
Taïwan et la Thaïlande : travail forcé sur des bateaux de pêche
Un autre pays se trouve fréquemment sur la sellette pour utilisation systématique de travailleurs forcés, la Thaïlande. La situation scandaleuse des pêcheurs migrants birmans, laotiens et cambodgiens a donné lieu à plusieurs campagnes menées soit par des organisations européennes comme Environmental Justice Foundation, des organisations internationales, des syndicats et ONG d’Asie du S-E. « Plus de 80% des pêcheurs sur les bateaux thaïlandais viennent du Myanmar, du Cambodge et du Laos. La plupart des pêcheurs migrants sur les bateaux de pêche thaïlandais sont des clandestins, des pêcheurs sans papiers ou sans autorisation de travailler.» Selon une étude de 2010, 31% des pêcheurs cambodgiens employés sur des bateaux thaïlandais étaient des travailleurs esclaves et leur nombre, loin de décliner, serait en progression.
Des bateaux de Taïwan se trouvent également fréquemment accusés, comme en témoigne cette dépêche de l’AFP : « Navire taïwanais: des pêcheurs "esclaves" se jettent à la mer : c'est le quotidien : ils me disaient que c'est sept jours sur sept, 18 heures par jour, pendant deux ans » . Plus récemment, un marchand d’hommes taïwanais a été condamné au Cambodge. Il promettait des emplois attractifs à des Cambodgiens, en Malaisie et au Japon. Ils se retrouvaient sur des bateaux taïwanais en Afrique. Le fructueux trafic aurait concerné au moins un millier de personnes.
L’Ecosse, L’Espagne sont aussi concernés par le travail forcé
Enfin, l’Europe est de plus en plus touchée par le phénomène de l’exploitation des pêcheurs migrants. En Espagne, en Ecosse, les équipages des navires hauturiers sont souvent composés de pêcheurs issus de pays du Sud, Pérou pour l’Espagne, Indonésie et Philippines pour l’Ecosse. Tous ces pêcheurs ne sont pas employés dans des conditions indignes et sont considérés comme des pêcheurs locaux, mais, quand il s’agit de clandestins, la tentation est grande de ne pas respecter leurs droits . Des situations d’esclavage ont été dénoncées à la suite d’enquêtes d’organisations comme ITF (International Transport Federation) ou Apostolship of the Sea et des institutions officielles du Royaume-Uni. En Ecosse, la police enquête sur la situation de deux pêcheurs philippins. Il y a suspicion de travail forcé au profit d’une agence philippine : les deux pêcheurs doivent rembourser les prêts consentis pour financer leur passage illégal au Royaume-Uni. On assiste donc à une généralisation du Nord au Sud, de l’utilisation de main-d’œuvre immigrée sur les bateaux de pêche lointaine et hauturière. Tous ne sont pas soumis au travail forcé ou à des conditions indignes, mais cette tendance traduit une crise de recrutement dans ce secteur où les conditions de travail sont souvent rudes. La précarité de leur situation juridique et leur isolement créent des conditions propices au développement du travail forcé ou dans des conditions proches de l’esclavage. Souvent ces migrants sont obligés de rembourser ceux qui ont organisé leur déplacement et leur embauche, parfois sans que leur patron soit obligatoirement au courant.
Comment protéger les pêcheurs migrants ?
Les révélations des diverses enquêtes sur la situation dramatique de nombreux pêcheurs migrants dans plusieurs pays ont suscité de vives réactions et des propositions en direction des consommateurs ou des distributeurs. La plus habituelle est un appel au boycott soit par les consommateurs et par la grande distribution. Suite aux enquêtes publiées par le Guardian, Carrefour a décidé d’arrêter l’achat de crevettes en Thaïlande. Par contre, Tesco, une grande enseigne britannique, a refusé de s’engager dans cette voie. Ces approches relèvent assez clairement de démarches fondées sur le libéralisme, dans la mesure où c’est au marché de régler des problèmes de droits humains en évacuant la responsabilité des Etats. Comme le rappelle la journaliste du Guardian, Felicity Lawrence : « La vraie solution exige une politique différente, qui rééquilibre le pouvoir et réaffirme l’importance des intérêts collectifs par rapport à ceux des individus et des entreprises – qui non seulement, sauve les travailleurs esclaves en mer parce qu’ils sont victimes, mais leur donne aussi un appui pour qu’ils puissent se syndiquer, comme ils l’ont fait ailleurs dans la pêche, afin de lutter contre les abus ». La protection des droits humains au travail relève de la responsabilité politique, et c’est donc aux Etats de fixer les règles des échanges commerciaux de manière à garantir le respect des droits des travailleurs. En Asie même, et plus particulièrement en Thaïlande, les enquêtes des ONG, des syndicats, des organisations internationales (OIT), ont permis de créer un processus politique pour créer les conditions du respect des droits humains dans la pêche. L’OIT a adopté en 2007 une Convention (N° 188) pour garantir un travail décent dans la pêche. Du 11 au 13 décembre 2013, à l’initiative d’ICSF et du projet régional de la Baie du Bengale, s’est tenu à Bangkok, un atelier qui a permis de réunir des représentants des syndicats, des armateurs, des ministères, d’organisations internationales, des ONG, des universitaires.
La rencontre a validé un plan d’action en sept points.
- Obligation d’un contrat de travail écrit pour les pêcheurs embarqués.
- Création d’un réseau d’assistance et de préparation au départ dans les pays d’origine des migrants, avec des syndicats et des organisations de défense des migrants.
- Modification de la loi thaïlandaise.
- Coordination du travail de protection des travailleurs dans la pêche et information sur leurs droits.
- Création d’un corps d’inspecteurs spécialisés sur les droits du travail dans la pêche.
- Mettre la pêche aux normes du droit du travail de l’ASEAN.
- Développer une recherche universitaire sur le travail dans la pêche.
Un groupe de travail a été créé pour assurer le suivi de la mise en application de ces propositions.
Ainsi, la défense des droits des pêcheurs migrants passe par l’appui à l’organisation de ces travailleurs et la mise en place de législations dans les pays concernés. Un simple boycott peut donner un signal, mais ne garantit en rien la mise en œuvre d’une politique qui assure le respect des droits des pêcheurs migrants, dans la durée.
Alain Le Sann
Décembre 2014
Autres articles :
- La pêche illégale en Afrique de l'Ouest alimente toujours le marché européen...
- Phoques du Canada, Phoques du Pas-de-Calais, Phoques du Bangladesh...
- Droit du travail. Protection sociale comme bouée de sauvetage des pêcheurs
- Thaïlande. Cartons pleins... Et Carton rouge pour le Cambodge ?
- Convention de l'OIT sur le travail dans la pêche. Un guide en solidarité avec le monde de la pêche
- Au large de l'Afrique, des marins-pêcheurs, esclaves des temps modernes...
- Bien-être animal. Connaissez-vous ce nouveau label "Fair-fish" ?
- UFC Que Choisir. Test comparatif des crevettes tropicales, coûte que coûte !
- Crabes en self service : la vidéo ne nous dit pas si les japonais les croquent sur place !
- Copenhague. Grève de la viande !.. et de l'aquaculture ?
Pour aller plus loin...
Le 20 Février 2015
La Thaïlande ne parvient pas à éliminer l’esclavage dans l’industrie de la pêche
The Hidden Cost
EnvironmentalJusticeFoundation
Plusieurs associations de défense des droits de l’homme ont dénoncé le problème : la Thaïlande ne parvient toujours pas à lutter efficacement contre l’esclavage sur les bateaux de pêche.
Source : thailande-fr
Source : thailande-fr
Cette industrie multimillionnaire est également minée par la corruption, qui empêche fréquemment les inspections des navires de pêche de déboucher sur des poursuites.
Le gouvernement militaire issu du coup d'Etat du 22 mai 2014 a pourtant affirmé avoir fait de gros progrès dans sa sa lutte contre le trafic d’êtres humains.
Mais selon Steve Trent, président de l'association "Environmental Justice Foundation (EJF)" qui vient de publier un rapport intitulé "Broken Promises" sur le sujet : « Rien de ce que nous avons vu ou entendu l'année dernière indique que la Thaïlande a pris des mesures significatives pour s'attaquer aux causes profondes du trafic de main d'oeuvre et des abus. Le gouvernement thaïlandais ne parvient toujours pas à prendre les mesures nécessaires pour prévenir les atteintes aux droits de l'homme dans l'industrie de la pêche. »
Le mois dernier, le ministre adjoint aux affaires étrangères Don Pramudwinai a détaillé les nombreuses mesures de surveillance mises en place, en précisant leurs coûts de plusieurs millions de dollars. Mesures qui, selon lui, sont la preuve que le gouvernement se bat contre l’esclavagisme.
Les États Unis qui ont établi un classement du traitement des travailleurs selon les pays (Trafficking in Persons (TiP) report) ont récemment rétrogradé la Thaïlande au niveau trois, le plus bas niveau qui comprend des pays comme l’Iran et de la Corée du Nord.
Ce déclassement est survenu après un reportage du Guardian sur l’industrie de la pêche en Thaïlande. Celui-ci montrait que des esclaves étaient obligés de travailler sur des bateaux de pêche, sans salaire, et après avoir été brutalisés par leurs employeurs.
Un activiste basé en Thaïlande du Sud a affirmé au Guardian que l’esclavage n’avait même pas diminué.
“Un esclave birman récemment échappé d’un bateau de pêche a affirmé qu’il y en avait beaucoup d’autres comme lui en mer. Principalement des Birmans et des Cambodgiens. Pour moi, c’est la preuve que les mesures prises par le gouvernement ne marchent pas”.
Les crevettes ainsi pêchées étaient intégralement revendues à des compagnies américaines, anglaises, et dans divers pays européens. Carrefour, Costco, Tesco, ou encore Wallmart étaient concernés.
Trafficking in Persons Report 2014
"We each have a responsibility to make this horrific and all-too-common crime a lot less common. And our work with victims is the key that will open the door to real change—not just on behalf of the more than 44,000 survivors who have been identified in the past year, but also for the more than 20 million victims of trafficking who have not.
Source : US Government
Source : US Government
As Secretary of State, I’ve seen with my own two eyes countless individual acts of courage and commitment. I’ve seen how victims of this crime can become survivors and how survivors can become voices of conscience and conviction in the cause.
This year’s Trafficking in Persons Report offers a roadmap for the road ahead as we confront the scourge of trafficking." -- John F. Kerry, Secretary of State
The Report
The 2014 Trafficking in Persons Report is available in PDF and HTML formats. Due to its large size, the PDF has been separated into sections for easier download. To view the PDF file, you will need to download, at no cost, the Adobe Acrobat Reader.
To request a hard copy of the 2014 Trafficking in Persons Report, please send your name, mailing address, and the number of copies you would like to request to TIPOutreach@state.gov.
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Le 20 Mars 2015
Thaïlande, les damnés de la pêche...
Les dessous de la mondialisation...
Vendredi 20 mars à 17h15 sur Public Sénat.
Un documentaire réalisé par Florence Morice. (Disponible en replay).
Les Etats-Unis, principal importateur, menacent d’un boycott. Le vice-ministre de Thaïlande a beau tenir un discours ferme, l’esclavage perdure. « Thaïlande, les damnés de la pêche », le documentaire de Florence Morice, en compétition au Figra 2015, est un appel de plus pour que ces êtres humains retrouvent leur liberté.
Esclaves en 2015
"Sold to the Sea" de l'ONG EJF... Pour en savoir plus dans : Thaïlande. Cartons pleins... Et cartons rouges pour le Cambodge ?
L'industrie de la pêche thaïlandaise, en plein essor, fonctionne grâce à l'exploitation de clandestins birmans, dans les mains de mafieux. Témoignages édifiants dans "Les damnés de la pêche" sur Public Sénat.
Source : NouvelObs par Pierre Hedrich
Source : NouvelObs par Pierre Hedrich
En dégustant sardines, maquereaux, seiches ou calamars provenant de Thaïlande, nous participons sans le savoir à un vaste réseau d’esclavage. C’est ce que révèle ce documentaire. Il met clairement au jour les différentes étapes du trafic humain qui transforme des milliers d’immigrés, principalement birmans, en esclaves pour l’industrie de la pêche thaïlandaise, fleuron de l’économie du pays, troisième exportateur mondial dont les deux tiers pour les Etats-Unis, l’Europe et le Japon. Un marché qui a rapporté 5 milliards d’euros en 2012. Kyaw a vécu ce terrible engrenage. Au départ, il voulait travailler en Thaïlande pour nourrir sa famille. Sans moyens, des passeurs lui proposent un marché :
Je te paye ton trajet et tu me rembourseras en travaillant
Ils lui font miroiter un emploi bien payé en usine. Mais arrivé au port, il découvre la supercherie et le montant de la dette : 500 euros. Vingt fois le salaire moyen en Birmanie. C’est le début de l’engrenage. Il est enrôlé de force sur un chalutier. Un travail harassant. Sans relâche. Vendu pour 600 euros, il n’est plus qu’une main-d’œuvre corvéable à merci. Quand les bourreaux de Kyaw lui ont ouvert le crâne à coups de pelle et quand il a vu un de ses camarades se noyer à côté de lui sans pouvoir rien faire, il a décidé de fuir au péril de sa vie. Mais les réseaux mafieux sont organisés, et ce n’est pas facile d’y échapper. Parce que même libres, mêmes recueillis dans des foyers de Bangkok, les bourreaux traquent les rebelles pour les tuer. La condition humaine n’a pas beaucoup de prix. Malgré les appels des ONG et des observateurs internationaux, le problème est loin d’être réglé. Encore beaucoup d’employeurs et de propriétaires de bateaux ne sont pas condamnés. La corruption gangrène même les officiels. Depuis quatre ans, la Thaïlande est sur la liste américaine des pays sous surveillance pour trafic humain. Les Etats-Unis, principal importateur, menacent d’un boycott. Le vice-ministre de Thaïlande a beau tenir un discours ferme, l’esclavage perdure. « Thaïlande, les damnés de la pêche », le documentaire de Florence Morice, en compétition au Figra 2015, est un appel de plus pour que ces êtres humains retrouvent leur liberté.
TUF - Thai Union Frozen Products, leader mondial de la conserve de poisson
La croissance externe profite à TUF
L’empereur
de la conserve de poisson Thai Union Frozen Products a réalisé un
chiffre d’affaires record de 3,35 milliards d’euros en 2014. L’arrivée
dans son giron du fumeur français MerAlliance et des sardines
appertisées King Oscar gonfle mécaniquement les ventes du groupe
thaïlandais. TUF a annoncé une augmentation de capital de 367,5 millions
d’euros afin de financer en partie l’acquisition de Bumble Bee
Seafood, géant américain de la conserve.
Source : pdm-seafoodmag
Source : pdm-seafoodmag
Le
bénéfice net de TUF est reparti à des sommets l’an dernier avec 141
millions d’euros, presque le record obtenu en 2011. L’augmentation des
marges sur le thon et le petfood est à l’origine des bons résultats. La
répartition des ventes fait apparaître cinq activités majeures :
conserves de thon (44%), crevettes (24%), sardine et maquereau (5%),
saumon fumé (5%) et petfood (7%). Chiken of the Sea, John West, King
Oscar, Petit Navire, Parmentier, Mareblu et Century constituent le
portefeuille de marques internationales de TUF. Ses principaux marchés à
l’exportation sont les États-Unis (44% des ventes), l’Union européenne
(29%) et le Japon (7%).
Le travail inhumain concerne aussi TUF
^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^^Le travail inhumain concerne aussi TUF
Associated Press links slave fishing labor to Thai Union, prominent U.S. firms
The
Associated Press (AP) on Tuesday linked seafood products harvested by
slave laborers on fishing boats in Indonesia to major seafood companies
around the world, including Thai Union Frozen Products (TUF), Thailand’s
largest seafood corporation and one of the largest in the world.
Source : Seafoodsource By James Wright, Senior Editor
Published on Wednesday, March 25 2015
Its article, titled “Are slaves catching the fish you buy?”
details oppressive living and working conditions for laborers, mostly
from Myanmar, one of the world’s poorest nations, on fishing boats and
in isolated locations in Indonesia. Those considered flight risks are
often locked up as prisoners.
The
AP then linked the products the workers harvested to major
international and U.S. seafood companies like TUF, California
distributor Santa Monica Seafood, Stavis Seafoods in Boston and retail
giants like Walmart, Kroger and Safeway and foodservice distributor
Sysco.
Richard
Stavis, president of Stavis Seafoods, told the AP that his company and
others like it “care and are working as hard as they can” to source from
responsible fisheries, including notarized certification of legal
practices and third-party audits. “The truth is, these are the kind of
things that keep you up at night,” he said.
The
AP’s year-long investigation started in Benjina, Indonesia, where
reporters found hundreds of men trapped on the island village and
treated as prisoners. Talking to more than 40 current and former slaves,
the article documented the journey of a single large shipment of
slave-caught seafood that it tracked by satellite to Thailand and then
outward to the global seafood supply chain.
Product
shipped to Thailand, where “slave-caught seafood starts to lose its
history,” the article stated. Numerous Thai factories were identified,
including one that sells to TUF. Company CEO Thiraphong Chansiri emailed
a statement to the AP that condemned human rights violations but also
admitted the difficulty in cleaning up Thailand’s seafood industry.
Several
of the Thai processing plants where the product was shipped sell to
customers in Europe and Asia, but the AP traced shipments to the United
States, where trade records are public. Logan Kock, VP of responsible
sourcing for Santa Monica Seafood, said the industry is well aware of
the problem.
Suite : Seafoodsource
Suite : Seafoodsource
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