Au plaisir des yeux et des sens
Poissons : histoires de pêcheurs, de cuisiniers et autres.
Elisabeth Tempier
Editions Libre et Solidaire, Paris, 2014, 280 p.
Un beau pavé dans la mer des idées reçues
Ils sont magnifiques, les flamants roses, et on se réjouit de l’augmentation de leur nombre, c’est bon pour le touriste. Pourtant « les flamants roses sont une catastrophe, car ils sont un indicateur de déséquilibre du lieu ». « Plus il y a de flamants roses, plus le milieu est pauvre ». C’est compliqué, la biodiversité… Le livre d’Elizabeth Tempier fourmille de perles de ce genre qui bousculent à chaque page les idées reçues. Ce sont parfois des analyses de scientifiques mais le plus souvent des remarques de pêcheurs qui, au jour le jour, voient la mer et ses ressources se modifier. Elisabeth Tempier sait écouter les pêcheurs, elle aime particulièrement ses proches amis, les pêcheurs du Var, qu’elle voit de sa fenêtre partir en mer, quand le temps le permet. Elle est aussi secrétaire de la Prudhomie de Sanary, où elle est en permanence aux côtés des pêcheurs pour les accompagner et parfois les suivre en mer. Elle retranscrit la langue savoureuse des pêcheurs et peut ainsi rendre compte de leur immense savoir, de leur connaissance très fine du comportement des poissons, de l’évolution des ressources et du milieu. On mesure aussi la précision et la complexité de leurs techniques de pêche. Si l’essentiel des témoignages sont liés à l’expérience méditerranéenne des prudhomies, l’auteure a également su tirer parti de ses multiples contacts et voyages, en particulier en Bretagne. Il faut lire l’histoire du bar et du lançon, racontée par Robert Bouguéon, l’ancien président du Comité des pêches du Guilvinec, puis du Finistère, pour comprendre comment deux jeunes pêcheurs ont bouleversé les habitudes des bars et mis en péril leur pêche à la ligne.
Une remise en cause radicale des modes de gestion dominants
De son petit port de Sanary, animé par le va-et-vient d’une dizaine de bateaux, Elisabeth Tempier a posé les bases d’une remise en cause radicale des approches dominantes de la gestion des pêches, celle des scientifiques, comme celle des ONG environnementalistes. Les Scientifiques privilégient la gestion basée sur les quotas. Si elle est adaptée à des pêcheries monospécifiques, elle ne l’est guère pour toutes les pêcheries multispécifiques, dominantes en Atlantique, comme en Méditerranée. Sur le modèle des prudhomies, qu’elle a contribué à faire connaître et à valoriser, elle constate qu’une approche territoriale des pêches est plus adaptée à la diversité des écosystèmes mais aussi aux systèmes complexes qui tissent des liens entre les ressources, les milieux, les marchés, les organisations sociales et territoriales. L’uniformité des modes de gestion prônée par l’Europe est une catastrophe qui se traduit par des iniquités, des contraintes inouïes et souvent des mesures imbéciles. La dernière en date est l’interdiction totale des derniers filets dérivants qui condamne à la disparition des pêcheries séculaires. Tout récemment, des représentants de prudhomies viennent d’ailleurs de demander de sortir totalement du système de gestion européen pendant quelques années, pour tester la validité de leur gestion collective. Un mouvement de révolte contre les iniquités et les absurdités de la gestion autoritaire qui devrait faire école.
Ce n’est guère plus encourageant du côté des grandes ONGE qui privilégient les mesures d’interdictions d’engins, de zones, d’espèces, sans se soucier de l’impact réel de leurs propositions accompagnées de campagnes simplistes de propagande. Noam Chomsky dit avec raison que « la propagande est à la démocratie ce que la violence est à l’Etat totalitaire ». Elles continuent ainsi à demander l’interdiction totale du thon rouge sur les étals alors même que « de mémoire de pêcheur, nous n’avons jamais vu autant de mattes de thons, et si compactes… » . Même limitée, la vente de quelques thons à un bon prix est vitale pour les pêcheurs et évite de déplacer la pression de pêche sur d’autres espèces. C’est compliqué, la bonne gestion.
Au plaisir des yeux et des sens
Avec Elisabeth Tempier, l’approche de la pêche et des pêcheurs est d’abord sensible et humaine, avant d’être conceptuelle. Le livre en rend compte magnifiquement. Les photos de professionnels ou d’amateurs, les textes poétiques qui rythment les chapitres, les peintures lumineuses, illustrent chaque courte séquence d’une ou deux pages. Quelques pages plus théoriques, en annexes, permettent de saisir les enjeux d’une telle approche.
Evidemment, au cœur de l’ouvrage se trouvent des dizaines de recettes de poisson, celles de pêcheurs méditerranéens comme celles de grands chefs, certains multi étoilés. Les poissons de Méditerranée sont privilégiés, mais on trouve aussi les savoureuses recettes de la Lorientaise Nathalie Beauvais et, bien des poissons sont communs aux diverses façades de l’hexagone. Ce n’est pas un hasard si Carlo Petrini, le fondateur de Slowfood apporte sa prestigieuse caution à l’ouvrage. Elisabeth Tempier a établi des liens étroits avec Slowfish. Enfin, ce n’est pas non plus un hasard si l’éditeur s’appelle « Libre et Solidaire », tout un programme qui convient si bien à Elisabeth Tempier et à ses amis pêcheurs artisans.
Alain Le Sann
Secrétaire du Collectif Pêche & Développement
Juin 2014.
Didier Ranc, cité p 157.
Le 10 Novembre 2014
Cohabiter veut dire d'abord parler ensemble
La
réunion a été conclue à 17 heures 30 par Gaêl Abjean, le président de
la Commission cohabitation, qui apportera au CDPMEM29 les éléments
nécessaires pour établir les prochaines cartes de cohabitation 2015.
Pour aller plus loin
Le 10 Novembre 2014
Cohabiter veut dire d'abord parler ensemble
La
Commission cohabitation du Comité des Pêches Maritimes du Finistère
s'est réunie le 6 novembre 2014 à la CCI de Morlaix en présence d'une
quinzaine de personnes.
Illustration : copie d'écran de Avel Nevez Film
Illustration : copie d'écran de Avel Nevez Film
Le film « Pêcher ensemble tout un art » produit par l’association Avel Nevez Film
a permis de montrer aux pêcheurs que leurs accords intéressaient un
public plus large que la Commission cohabitation. La reconnaissance
publique de ces accords permet d’entamer la procédure de leur
solidification. Elle sera poursuivie par une présentation au Comité
Régional des Pêches et des Elevages Marins de Bretagne, au niveau
ministériel et européen au travers des Comités Consultatifs Nord-Ouest
et Sud-Ouest. Il serait très utile de le sous-titrer en anglais pour une
bonne compréhension à ce dernier niveau.
Source : Cdpm 29
Source : Cdpm 29
Le film "Pêcher ensemble : tout un art" n'a suscité aucune critique, au contraire il faut le sous-titrer en anglais
La
cohabitation en 2014 (jusqu’à présent) s’est bien déroulée. Il n’y a
pas eu un seul incident majeur. C’est le cas du côté Ouest où il n’y a
pas eu cette année l’arrivée massive de 15 perchistes en une nuit. Gaël
Abjean a remercié nommément l’Armement Porcher qui a mis un second à la
passerelle la nuit. Depuis, les problèmes ont disparu. Le seul incident
signalé concerne la cohabitation entre deux engins dormants filets et
casiers au niveau de la petite fosse. La demande des fileyeurs de
pouvoir commencer à caler leurs filets dès le coefficient de 78 a été
mise en délibéré entre Gaël Abjean et Patrick Loncle. Quand ils se
seront mis d’accord les cartes A et B 2015 seront expédiées par la
poste, ceci avant le 15 décembre prochain. Le ramassage des filets reste
inchangé et doit être terminé avant le coefficient de 75.
En ce qui concerne l’installation des pingers, 10 navires de
la flottille des fileyeurs hauturiers en sont pourvus. Jusqu’à présent
aucun navire n’a été contrôlé par la Royal Navy. C’est à croire qu’ils
les détectent autrement que visuellement…
Le
point d’information sur les rejets a été fait par Thomas Timaud de
l’AGLIA (association qui regroupe les régions Aquitaine, Poitou
Charente, Pays de Loire et Bretagne). Beaucoup d’informations sont
disponibles en Manche Est, en Mer Celtique ou dans le Golfe de Gascogne,
très peu dans la zone Manche Ouest (7e). Les informations du plan rejet
filet du Golfe de Gascogne pourront être retransmises aux fileyeurs de
Manche Ouest. Le souci est d’être aussi sélectif que possible, d’éviter
de faire des co-produits à bas coûts, de valoriser les quotas au maximum
et d’éviter l'installation des caméras à bord.
L’Ifremer,
représenté par Martial Laurans, a fait un compte rendu pédagogique de
la Campagne Manche Occidentale (Camanoc), menée par son institut. Les
pêcheurs ont pu constater la montée progressive au Nord et à l’Est des
"sangliers" (petits poissons rouges dont la forme rappelle celle des
cochons sauvages), ce qui prouve un changement profond de la nature des
masses d’eau. De même le développement des bryozoaires à une vingtaine
de milles de la côte Nord-Ouest de la Bretagne et Sud-Ouest de la
Cornouaille anglaise pose un problème aux pêcheurs qui ne pêchent aucun
poisson à proximité. Les premiers renseignements datent de 4 ans, ce qui
était considéré au début comme une rencontre fortuite devient monnaie
courante et constitue un autre signe de modification du milieu.
L’impact
des échanges de KW/Js, que ce soit pour les coquilles Saint-Jacques ou
les tourteaux, devient potentiellement important. La tendance est de
vider le trop plein d’effort de pêche de la zone Manche Est (7d) dans la
Manche Ouest (7e). Pour la Commission locale ces échanges ne peuvent se
faire que si le CDPMEM29 est dans la boucle. La proposition de
délibération mise au point par la Commission gros crustacés, d’interdire
toute pêche de langouste du 1ier janvier au 31 mai d’une même année, a
été rediscutée longuement. Il est apparu qu’il n’était pas forcément
utile d’appliquer cette décision au-delà du 6° Ouest. Cela reste à
confirmer par la commission gros crustacés et le bureau du Comité
National des Pêches maritimes et des Elevages Marins.
Discussions nourries sur une multitude de sujets au cours de cette Commission cohabitation.
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