En 2010, le réseau européen AKTEA qui regroupe les organisations de femmes de la pêche et de l’aquaculture, protestait contre l’absence de toute référence à la contribution des femmes dans le Livre Vert sur la réforme de la Politique Commune de la Pêche (PCP)... En février 2014, le réseau AKTEA interpelle de nouveau la Commission européenne et le Parlement européen afin que les instruments financiers qui accompagnent la PCP prennent mieux en compte les femmes : « Malgré l’attention portée par le législateur européen et par la Commission, nous constatons que les femmes sont rapidement écartées des stratégies nationales et des plans d’actions qui en découlent. Cette marginalisation des femmes est pleinement démontrée par l’évaluation à mi-parcours du Fonds européen pour la pêche (FEP) qui montre que peu de femmes ou d’organisations de femmes ont été associées aux processus d’élaboration des plans stratégiques et d’orientations nationales pour le FEP... »
Pêche artisanale : Perte d'une grande dame... inoubliable.
Chandrika Sharma lors d'une réunion internationale des pêcheurs au Brésil... Photo Alain Le Sann - 2006
Chandrika
Sharma a disparu dans l’avion de la Malaysian Airlines, dans la nuit du
7 au 8 mars 2014, le jour où le monde célèbre la journée internationale de la femme...
Source : Cdpm 29 par René-Pierre Chever
Source : Cdpm 29 par René-Pierre Chever
Chandrika
était depuis plus de 15 ans l’infatigable secrétaire et animatrice
d’ICSF (Collectif International d’appui aux pêcheurs artisans). Elle a
joué un rôle majeur dans la défense des pêcheurs artisans dans toutes
les instances internationales, en particulier dans l’avancée du dossier «
Pêche artisanale » à la FAO (Food and Agriculture Organization) et dans
la défense des droits humains des pêcheurs dans la CBD (Convention sur
la Diversité Biologique).
Elle
défendait avec constance et efficacité, sans jamais élever la voix,
mais avec fermeté, les intérêts des femmes dans la pêche. L’une de ses
dernières interventions se trouve dans le film « Chronique des oubliées »
sur la marginalisation des femmes pêcheurs en Inde. Ce film sera
présenté au prochain festival « pêcheurs du Monde » à Lorient. Le
festival sera dédié à sa mémoire.
Elle
a consacré sa vie à la défense des pêcheurs artisans, hommes et femmes,
dans la discrétion mais avec une efficacité extraordinaire, toujours
avec un large sourire, sans jamais se plaindre malgré la fatigue. Cette
fois encore elle se rendait à une réunion de la FAO à Oulan Bator
(Mongolie).
Une grande dame…inoubliable.
Alain Le Sann
« Derrière chaque bateau, il y a une femme, une famille, une communauté »
Le réseau européen AKTEA, qui regroupe les organisations de femmes de la pêche et de l’aquaculture, note que le livre vert 2010-2020, préparé par la Commission européenne et soumis à la discussion des acteurs européens, ne fait aucune référence au principe de l’égalité entre les femmes et les hommes. Selon les articles 2 et 3 du Traité européen, ce principe doit être pris en compte dans l’ensemble des politiques européennes. Il faut souligner que si le précédent Livre Vert (2000) mentionnait le mot « femme » une seule fois, le nouveau texte ne le mentionne pas du tout... (Extrait de la Réponse du réseau européen AKTEA au livre vert « Réforme de la Politique Commune de la Pêche »)
Avenir incertain
Des ressources financières et de gestion en baisse menacent la continuité de réseaux comme AKTEA qui ont joué un si grand rôle pour mettre en évidence la contribution des femmes aux pêches européennes
Créé en 2006, AKTEA est le réseau européen des organisations de femmes de la pêche. Ces femmes ont des activités diverses : certaines aident leurs compagnons pêcheurs, d’autres récoltent des coquillages, d’autres réparent les filets. Grâce à une action soutenue, ces organisations sont devenues des parties prenantes importantes dans la filière pêche et sont parvenues à influer sur les politiques relatives à ce secteur.
Les femmes de la pêche européenne se font maintenant les avocates des aspects sociaux de ce secteur et tiennent une place importante dans la gestion de la ressource. Certaines sont membres de Conseils consultatifs régionaux et donnent leurs avis à la Commission européenne. Les autorités considèrent souvent que les femmes ont l’esprit plus ouvert que les hommes dans les débats sur des questions cruciales concernant la pêche. Or, au bout de vingt années d’activité, il se trouve que ces organisations sont confrontées à de sérieuses difficultés. Ces structures fonctionnent sur la base du bénévolat, ce qui ne leur permet pas de construire des projets sur le long terme. Elles ont besoin d’un appui financier et de gestion de la part des autorités pour contribuer pleinement au développement d’une politique de pêche durable. Sans un tel soutien, elles cesseront d’exister.
Aujourd’hui, comme d’autres organisations de ce secteur, AKTEA est confronté à de nombreuses difficultés. L’avenir d’AKTEA était donc au centre de l’ordre du jour de son assemblée générale annuelle qui avait lieu le 15 octobre 2013 à Bruxelles. Le réseau a de plus en plus de mal à poursuivre ses activités habituelles. Depuis trois ans, il n’avait pas tenu sa réunion annuelle, il n’avait pas publié son bulletin semestriel. Le chapitre de la communication entre les membres (toujours un véritable défi étant donné la diversité des langues parlées en Europe) représente des dépenses importantes.
Aujourd’hui, comme d’autres organisations de ce secteur, AKTEA est confronté à de nombreuses difficultés. L’avenir d’AKTEA était donc au centre de l’ordre du jour de son assemblée générale annuelle qui avait lieu le 15 octobre 2013 à Bruxelles. Le réseau a de plus en plus de mal à poursuivre ses activités habituelles. Depuis trois ans, il n’avait pas tenu sa réunion annuelle, il n’avait pas publié son bulletin semestriel. Le chapitre de la communication entre les membres (toujours un véritable défi étant donné la diversité des langues parlées en Europe) représente des dépenses importantes.
Lors de la dernière assemblée annuelle, on demandait aux participantes de répondre aux deux questions suivantes : Avons-nous encore besoin de ce réseau ? Si oui, pour faire quoi ? De l’avis général, il était clair que les membres souhaitaient que le réseau continue à vivre ; premièrement parce qu’AKTEA est le seul forum où les femmes de la pêche de différents pays européens peuvent échanger leurs expériences, deuxièmement parce que le réseau joue un rôle important pour promouvoir et rendre plus visible la contribution des femmes aux pêches de l’Union Européenne.
Pour ses membres, le réseau AKTEA est une précieuse source d’information sur les institutions et politiques européennes. Pour ces raisons, les organisations en faisant partie décidaient de rédiger une déclaration à l’adresse des décideurs, de la Commission et du Parlement de l’UE, pour expliquer le rôle et l’importance d’AKTEA pour les femmes de la pêche et pour chercher des financements indispensables à la continuation du réseau. Pour obtenir un appui financier de la part d’institutions européennes, il faut d’abord convaincre les décideurs de l’UE de l’intérêt d’AKTEA. La déclaration dira qu’il contribue à la construction de l’UE en offrant un espace où les femmes, en tant que citoyennes européennes, apprennent à mieux connaître l’Europe et les États membres.
La mise en œuvre de politiques européennes relatives à l’égalité entre hommes et femmes a ouvert la porte à des fonds structurels UE pour les femmes. Le Fonds européen pour la pêche (FEP) actuel et le prochain Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) ont commencé à accorder plus d’attention aux initiatives des femmes au niveau de l’entreprise de pêche et de l’action collective. Dans le cadre de l’entreprise de pêche, les femmes peuvent faire une demande de financement pour aider à la diversification de leurs activités. Au niveau collectif, des fonds sont disponibles pour le réseautage. Dans la pratique cependant, peu de pays prêtent attention aux mesures introduites par le FEP en faveur de l’égalité hommes-femmes, et les initiatives de femmes financées par les fonds structurels sont peu nombreuses. Ce manque d’attention oblige les organisations féminines à s’interroger sur leur rôle, sur leur existence et leur acceptation dans l’espace public.
Les Actions envisagées pour appliquer la stratégie européenne en matière d’égalité entre hommes et femmes pour la période 2010-2015 qui accompagnent la Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions (COM 2010 491, SEC 2010-1080) évoquent aussi les femmes de la pêche. Il est notamment proposé « d’aider les États membres à promouvoir l’égalité des sexes dans les programmes du FEP en tirant les leçons de l’évaluation à mi-parcours », et de « créer un réseau pan-européen de femmes actives dans le secteur de la pêche et les régions côtières afin d’améliorer la visibilité de ces femmes et d’établir une plateforme pour l’échange des meilleures pratiques ». Lors du processus de consultation pour la feuille de route européenne sur l’égalité, le réseau AKTEA a fait état de ces propositions d’action. Bien que ces propositions aient été acceptées par la Commissaire européenne chargée de la pêche au cours d’une audition publique (2010) à la commission Pêche du Parlement européen, les organisations des femmes de la pêche attendent toujours. Cette longue attente aura des effets préjudiciables à la fois pour AKTEA et pour les organisations nationales qui ont contribué à améliorer les droits des femmes dans la filière pêche et à formuler des politiques de la pêche soucieuses des aspects sociaux.
Les femmes de la pêche aimeraient croire que cette dernière demande de soutien financier trouvera un écho plus favorable que les appels précédents auprès des autorités. La triste vérité est que, en l’absence d’une aide adéquate, la majorité des organisations de pêcheurs disparaîtront bientôt.
Katia Frangoudes (Katia.Frangoudes@univ-brest.fr) et Marja Bekendam (Info@hoekman-bekendam.nl), réseau AKTEA (Source : Yemaya - décembre 2013)
Déclaration du réseau européen AKTEA regroupant les organisations des femmes de la pêche, adressée au Parlement européen et à la Commission européenne.
Nous, organisations de femmes de la pêche en Europe, avons créé en 2006 le réseau européen AKTEA pour revendiquer nos droits, échanger des expériences et des informations afin de mieux connaître les combats et les revendications menés par les femmes de la pêche au niveau des Etats membres.
AKTEA agit pour rendre visibles nos actions et nos revendications en tant que femmes, mais aussi en tant que membres des communautés de pêches, auprès des institutions européennes. Nous sommes un réseau bénévole, au même titre que la plupart des organisations membres. C’est dans ce but que nous nous adressons directement aux institutions européennes car nous voulons que les instruments financiers qui accompagnent la Politique Commune des Pêches prennent mieux en compte les femmes. Malgré l’attention portée par le législateur européen et par la Commission, nous constatons que les femmes sont rapidement écartées des stratégies nationales et des plans d’actions qui en découlent. Cette marginalisation des femmes est pleinement démontrée par l’évaluation à mi-parcours du FEP qui montre que peu de femmes ou d’organisations de femmes ont été associées aux processus d’élaboration des plans stratégiques et d’orientations nationales pour le FEP.
Pour éviter une nouvelle marginalisation lors de la mise en place du FEAMP, AKTEA propose l’utilisation d’indicateurs sur le genre au moment des différentes évaluations. Ces indicateurs nous permettront de connaître le degré d’intégration des femmes dans les processus de mise en place des fonds, mais aussi le nombre de projets financés qui sont portés par des femmes ou destinés aux femmes. Les femmes méritent d’être prises en considération par l’ensemble des axes du FEAMP et pas seulement par un seul axe comme pour le FEP (axe 4). Les organisations des femmes de la pêche revendiquent les mêmes droits que les hommes pour accéder à ces fonds, non seulement en tant que conjointes collaboratrices ou pêcheuses mais aussi en tant qu’organisations nationales ou locales.
Le réseau AKTEA fonctionne depuis 7 ans sans financement. Il doit maintenant être soutenu par des financements européens. C’est ce que prévoit le plan stratégique européen sur l’égalité des chances qui mentionne le soutien financier d’un réseau européen des femmes de la pêche par la DG MARE. Lors de l’Assemblée Générale d’AKTEA du 15 Octobre 2013 à Bruxelles, nous avons décidé à l’unanimité de maintenir le réseau AKTEA car c’est notre seule source d’information accessible en provenance de l’Europe et notre moyen de lobbying pour être visibles et faire connaître nos revendications au niveau européen. AKTEA est l’unique endroit où nous pouvons nous rencontrer et échanger sur nos droits et sur l’égalité des chances entre femmes et hommes, mais aussi sur la situation du secteur de la pêche et des communautés dans lesquelles nous vivons.
Nous vous adressons cette déclaration car nous voulons continuer à être des actrices dans la construction européenne et dans le maintien du secteur de la pêche, mais pour cela nous devons pérenniser notre réseau en demandant simplement la mise en application des dispositions énoncées par la DG MARE dans le plan stratégique européen sur l’égalité des chances.
AKTEA réseau Européen des organisations de femmes de la pêche agit en faveur de :
- la promotion de la visibilité du rôle des femmes dans la pêche et l’aquaculture
- la promotion de la reconnaissance de la contribution des femmes dans ces secteurs
- la promotion de la participation des femmes dans le processus de décision lié au secteur de la pêche
- la promotion des échanges d’expériences, des problèmes et solutions, parmi les femmes de la pêche en Europe.
- la promotion de l’intégration de femmes et des organisations des femmes au sein du cadre institutionnel et politique de la pêche et d’aquaculture en Europe.
- la promotion de l’amélioration de la confiance en soi de femmes
- la promotion du développement durable de la pêche et de l’aquaculture et la survie des communautés de pêches et littorales.
Source : http://www.fishwomen.org/
Autres articles :
Pour aller plus loin
Le 27 Février 2015
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Alex Cope, réserve de Millbrook
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Vol 119 - The role of women in the seafood industry
Le 17 mars 2014
PCP. Femmes dans la pêche
Femmes dans la pêche: un rôle méconnu
Cliquer Ici pour télécharger ce Dossier n° 17 - Juillet 2003
30 janvier 2014
Mesures spécifiques dans le cadre de la politique commune de la pêche pour développer le rôle des femmes
Cliquer Ici pour accéder aux Textes adoptés
Le 10 mars 2014
Autres articles :
- Biodiversité. Pour la reconnaissance du rôle des femmes impliquées dans la pêche...
- 8 mars : Journée mondiale des droits des femmes
- Yemaya donne la parole aux travailleuses de la pêche
Pour aller plus loin
Le 27 Février 2015
Femmes de mer - 42 Portraits de Femmes travaillant dans les secteurs de la pêche et l’aquaculture
A l’occasion du Salon International de l’Agriculture, Alain Vidalies, secrétaire d’État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, et Pascale Boistard, secrétaire d’Etat chargée des Droits des femmes, ont présenté l’ouvrage « Femmes de mer ».
Cet ouvrage met à l’honneur le travail des femmes et leur place dans l’ensemble de la filière de la pêche et de l’aquaculture. Il présente de manière détaillée 42 portraits de femmes mais aussi les différents métiers qu’elles exercent tant à bord des navires de pêche et dans la production aquacole qu’à des postes administratifs et de secrétariat.
Conçu dans le cadre du plan d’action du gouvernement en faveur de l’égalité femmes-hommes et de la mixité des métiers, ce livre nous invite à partager la vision de ces femmes sur leurs conditions de travail, les difficultés auxquelles elles sont exposées, leur savoir-faire et leur parcours personnel.
La richesse et la diversité de la pêche et de l’aquaculture françaises se tissent au quotidien par l’activité de femmes et d’hommes passionnés par leur métier. Ils sont à la source de près de 100 000 emplois indirects. Avec une consommation de produits aquatiques de 35kg par habitant et par an, et un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros pour la pêche et l’aquaculture, ces secteurs représentent un des piliers de l’économie maritime française.
La richesse et la diversité de la pêche et de l’aquaculture françaises se tissent au quotidien par l’activité de femmes et d’hommes passionnés par leur métier. Ils sont à la source de près de 100 000 emplois indirects. Avec une consommation de produits aquatiques de 35kg par habitant et par an, et un chiffre d’affaires de 1,7 milliard d’euros pour la pêche et l’aquaculture, ces secteurs représentent un des piliers de l’économie maritime française.
Cliquer Ici pour télécharger : Femmes de mer - 42 Portraits de Femmes travaillant dans les secteurs de la pêche et l’aquaculture
7 mai 2015
« La seule place pour les seins d'une femme à bord d'un bateau est sur la proue »
Alex Cope, réserve de Millbrook
Le
Tribunal canadien des droits de la personne donne raison à une
pêcheuse autochtone de la réserve de Millbrook, en Nouvelle-Écosse, qui
avait déposé une plainte pour discrimination sur la base de son sexe.
Source : Radio Canada
Source : Radio Canada
Stacey
Marshall Tabor rêve de devenir capitaine de bateau de pêche au homard
depuis longtemps. Elle a commencé à travailler comme membre d'équipage
sur un des bateaux de la réserve en 2000 et a décroché un brevet de
capitaine, peu après, pour obtenir de l'avancement. Mais selon le
Tribunal des droits de la personne, ses demandes pour obtenir une
licence de capitaine ont été rejetées pendant des années par le conseil
de bande de la réserve, uniquement parce qu'elle est une femme.
En
fait, selon la décision du Tribunal, des hommes moins compétents
qu'elle ont obtenu des postes de capitaine au cours des années 2000.
Même son mari a reçu un poste de responsabilité, en dépit du fait que sa
seule expérience dans le domaine des pêches consistait à préparer des
équipements et à peindre des bouées. Le Tribunal note également, dans
sa décision, qu'elle a fait l'objet de commentaires dérogatoires d'un
membre en vue du conseil de bande, qui lui a dit à plus d'une reprise
que la « seule place pour des seins de femme à bord d'un bateau est sur
la proue, comme figure de proue ».
Discrimination systématique
La
Première Nation de Millbrook a nié, dans sa défense, avoir rejeté la
candidature de Mme Tabor parce qu'elle est une femme. Elle précise que
sa candidature a été considérée au même titre que celles de deux
candidats masculins. L'homme qui a obtenu une licence de capitaine lors
de sa dernière demande en 2008 était plus compétent qu'elle, a soutenu
la réserve.
Le
Tribunal, toutefois, a conclu que la candidature de Mme Tabor n'a
jamais été sérieusement considérée et que son rejet s'inscrivait dans
une tendance plus large, au sein de la réserve, consistant à refuser
systématiquement aux femmes des postes de responsabilité au sein de
l'industrie des pêches. Le Tribunal n'impose pas de remède pour
l'instant, puisque les deux parties ont fait état de leur désir de
trouver un terrain d'entente. Il demandera toutefois aux parties de lui
faire un compte rendu sur l'état de leurs négociations.
Ironie
du sort, la plaignante, Stacey Marshall Tabor, est la nièce de Donald
Marshall fils, celui-là même qui a défendu avec succès les droits de
pêche des communautés micmaques.
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Le rôle des femmes dans la filière des produits de la mer
La
dernière publication GLOBEFISH, traite d’un sujet malheureusement
trop peu traité et abordé : le rôle des femmes dans la filière des
produits de la mer. Parce que la moitié des travailleurs de la mer
sont en fait … des travailleuses ; invisibles, mal payées mais
indispensables à la filière.
Le travail qu’a mené Marie Christine Monfort au cours des mois passés, repose sur la littérature scientifique (sociologues, anthropologues…) et sur l’examen de la situation des connaissances sur le sujet dans six pays, dont la France.
Le travail qu’a mené Marie Christine Monfort au cours des mois passés, repose sur la littérature scientifique (sociologues, anthropologues…) et sur l’examen de la situation des connaissances sur le sujet dans six pays, dont la France.
« L’attention
portée aux femmes, très présente aux Nations Unies, pointe son nez à
Bruxelles et descend lentement mais sûrement dans nos filières, pour
plus de visibilité, de reconnaissance et d’équité... »
Marie Christine Monfort (économiste-consultante dans la filière des produits de la mer)
Cliquer Ici pour accéder à la publication de Globefish : "The role of women in the seafood industry"
Marie Christine Monfort (économiste-consultante dans la filière des produits de la mer)
Cliquer Ici pour accéder à la publication de Globefish : "The role of women in the seafood industry"
Vol 119 - The role of women in the seafood industry
One
in two seafood workers is a woman. This worldwide desktop study, the
first of its kind, presents what is known, and what remains to be
investigated in this crucial component of the seafood industry.
Globefish Research Programme, Vol. 119
Author: Marie Christine Monfort
Language: English
Women
participate to all segments of the seafood industry, including
fishing, farming, trading and selling, monitoring and administrating.
But the widespread lack of consideration for their role and work in the
seafood industry are, in many respect, disadvantageous to them and
ultimately bar them from fully and equitably participate to the
industry.
The
primary aim of this report is to increase consciousness of business
leaders and policy makers, to enlarge their knowledge and sensitization
about the value women bring to the seafood industry, and to encourage
them to consider each time they develop a new project or a policy:
“Have we not overlooked women?”
Price: € 30.00
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Le 17 mars 2014
PCP. Femmes dans la pêche
Mesures spécifiques dans le cadre de la politique commune de la pêche pour développer le rôle des femmes
La pêche européenne
Femmes dans la pêche: un rôle méconnu
Cliquer Ici pour télécharger ce Dossier n° 17 - Juillet 2003
Rapport concernant des mesures spécifiques dans le cadre de la politique commune de la pêche pour développer le rôle des femmes
30 janvier 2014
(2013/2150(INI))
Commission de la pêche
Commission des droits de la femme et de l'égalité des genres
Rapporteurs: Dolores García-Hierro Caraballo, Raül Romeva i Rueda
Cliquer Ici pour accéder aux documents du Parlement Européen (rapport, résolution et texte adopté)
Cliquer Ici pour accéder aux documents du Parlement Européen (rapport, résolution et texte adopté)
(Réunions conjointes de commissions – article 51 du règlement)
PROPOSITION DE RÉSOLUTION DU PARLEMENT EUROPÉEN
EXPOSÉ DES MOTIFS
RÉSULTAT DU VOTE FINAL EN COMMISSION
Exposé des motifs
Le
présent rapport a pour objet de renforcer les connaissances, les
recommandations et les initiatives de la commission de la pêche et de la
commission des droits de la femme en rapport avec le rôle
socioéconomique joué par les femmes dans le secteur de la pêche et de
l'aquaculture, dans le cadre de la réforme de la politique commune de la
pêche.
Parmi
les actions spécifiques mises en œuvre ces dernières années par la
commission de la pêche du Parlement européen en ce qui concerne le
développement de l'égalité entre les hommes et les femmes dans la
politique commune de la pêche figurent notamment la résolution du
Parlement européen sur les réseaux de femmes dans la pêche,
l'aquaculture et les activités de diversification (2004/2263(INI)) de la
commission de la pêche, le Fonds européen pour la pêche pour la période
2007-2013 et, surtout, l'audition organisée en 2010 par la commission
de la pêche sur "Les femmes et le développement durable dans les zones
de pêche", durant laquelle les conditions difficiles auxquelles sont
confrontées les femmes dans le monde de la pêche et la nécessité de
promouvoir l'implication des femmes dans tous les aspects de la
politique de la pêche ont été soulignées.
L'audience
commune de la commission de la pêche et de la commission des droits de
la femme sur le rôle des femmes dans la pêche et l'aquaculture
européennes, qui s'est tenue le 14 octobre 2013, a été l'occasion
d'analyser la situation des femmes dans le secteur de la pêche, leur
rôle dans la création de nouvelles possibilités dans les communautés
côtières, les nouvelles actions visant à soutenir la création de réseaux
de femmes et les échanges de bonnes pratiques, la prise en
considération de la dimension de genre dans les diverses étapes de mise
en œuvre du Fonds européen pour la pêche, en particulier à l'axe 4 de
celui-ci, et les perspectives d'avenir dans le cadre de la réforme de la
politique commune de la pêche.
En
ce qui concerne la réforme en cours de la politique commune de la
pêche, il convient de mentionner le rapport sur la pêche artisanale à
petite échelle et la réforme de la politique commune de la pêche
(2011/2292(INI)), qui reprend les concepts particulièrement importants
pour le rôle des femmes dans le secteur de la pêche, ayant trait à
l'amélioration des conditions sociales et professionnelles des femmes et
à leur rôle économique, social et culturel, ainsi que la communication
générale sur la réforme de la politique commune de la pêche
(2011/2290(INI)). Celle-ci souligne la nécessité d'accorder une plus
grande reconnaissance juridique et sociale aux femmes du secteur de la
pêche, ainsi que l'importance de leur travail et le rôle qu'elles jouent
dans l'économie familiale, y compris celle des couples non mariés.
Malgré
l'importance socioéconomique des femmes dans le secteur de la pêche et
de l'aquaculture, les plans, les programmes et la législation en matière
de pêche font rarement concrètement référence à l'existence de
conditions équitables d'accès aux emplois liés à la pêche pour les
femmes.
Le
travail des femmes dans la pêche et les activités connexes se fait
souvent de manière invisible, comme complément au travail de leur
partenaire, dans un contexte économique de plus en plus difficile pour
les entreprises familiales. Les femmes se trouvant dans cette situation
ne touchent pas de salaire fixe et ne bénéficient pas de prestations
sociales. Signalons également que certaines femmes exercent cette
activité comme unique moyen de subsistance.
La
rareté des informations statistiques disponibles au sujet du rôle des
femmes dans le monde de la pêche, ainsi que les difficultés rencontrées
pour y accéder, représentent un obstacle majeur pour évaluer les tâches
exercées par les femmes et la contribution économique de celles-ci. Il
est par conséquent difficile de connaître en détail la réalité de la
situation professionnelle des femmes du secteur de la pêche et de
l'aquaculture lorsque les informations fournies ne sont pas ventilées
par genre ou par type d'activité à l'intérieur du secteur de la pêche et
sont davantage axées sur la production de poisson.
La
nouvelle politique commune de la pêche doit contribuer à la protection
de l'environnement marin et, en particulier, à l'atteinte d'un bon état
écologique en 2020, comme le prévoit la directive 2008/56/CE du
Parlement européen et du Conseil établissant un cadre d'action
communautaire dans le domaine de la politique pour le milieu marin
(directive-cadre "stratégie pour le milieu marin"). Pour ce faire, il
convient de prendre en considération la contribution des femmes
travaillant dans le secteur de la pêche artisanale, vu son importance
pour la réalisation des objectifs de la directive de par le travail
respectueux du milieu marin effectué par les femmes.
Il
convient également de garder à l'esprit le fait que les femmes et les
jeunes sont les principales victimes en période de récession ou de crise
économique telle que celle que nous connaissons actuellement et qu'ils
sont les premiers à voir se détériorer leurs perspectives d'emploi, leur
rémunération et leurs conditions de travail.
Il
existe actuellement en Europe quelques associations et organisations de
femmes du monde de la pêche ayant pour but de défendre leurs droits et
d'obtenir des conseils et qui leur permettent de rester en contact, de
parvenir à une meilleure coordination et de pouvoir accéder aux aides
existantes. On dénombrait en 2008 dans l'Union 18 organisations actives
au niveau local ou régional, 4 organisations nationales, un réseau
national, 3 réseaux transnationaux et 1 réseau européen.
En
Europe, le plus vaste réseau de femmes est le réseau AKTEA: ses
objectifs sont notamment d'améliorer la visibilité du rôle des femmes
dans la pêche, l'aquaculture et les autres activités connexes, de
sensibiliser l'opinion à la contribution des femmes à ces secteurs,
d'impliquer les femmes dans les processus décisionnels de ces secteurs,
d'échanger des expériences, etc.
La
formation est l'un des aspects clés du développement et de la
professionnalisation de tout secteur professionnel. Les tâches exécutées
par les femmes dans la pêche artisanale doivent être régulées au moyen
de formations officielles favorisant la continuité du métier dans la
société. Il y a lieu également de souligner la nécessité, pour les
femmes du secteur de la pêche, d'apprendre à utiliser les outils
informatiques nécessaires aux activités spécifiques des entreprises ou
de l'économie familiale et relatifs à la gestion.
Le
futur Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP)
pour la période 2013-2020 est actuellement en cours d'élaboration. Il
constituera le principal outil d'aide au financement dans le secteur
européen de la pêche et de l'aquaculture.
Dans
le cadre de ce nouveau FEAMP, les États membres devront garantir
l'accès des jeunes et des femmes du secteur de la pêche à une formation
permanente, afin qu'ils puissent mieux se valoriser sur le marché du
travail de la pêche et assurer leur promotion et leur présence dans tous
les organismes représentatifs.
De
même, ils devront garantir les aides à la promotion et au maintien des
associations de femmes dans le secteur de la pêche et de l'aquaculture
qui promeuvent un renforcement de leur présence, leur confiance et leur
reconnaissance sociale.
Il
convient également de souligner l'importance de la participation des
chercheuses dans le domaine de l'environnement marin, surtout en ce qui
concerne l'emploi des femmes dans le secteur de la pêche et l'état des
ressources, essentielles à une exploitation durable de la pêche, en
anticipant les incidences éventuelles du changement climatique.
D'après
l'article 79 du FEAMP, sont notamment admissibles à une aide les types
d'opérations liés aux analyses scientifiques et à la mise en œuvre de la
PCP, les programmes d'échantillonnage nationaux pluriannuels, les
campagnes scientifiques de recherche sur le milieu marin, etc.
Soulignons toutefois l'importance que le nouveau FEAMP assure la
collecte et l'analyse continues de données relatives à l'emploi des
femmes dans le secteur de la pêche et l'aquaculture et leur contribution
socioéconomique à ce secteur. Le respect de cette exigence favoriserait
en outre le respect des conditions générales figurant à l'annexe III du
FEAMP, réclamant l'application et l'exécution effectives d'une
stratégie explicite visant à promouvoir l'égalité entre les hommes et
les femmes garanties, entre autres, par un système de collecte et
d'analyse de données et d'indicateurs ventilés par sexe permettant
l'élaboration de politiques d'égalité fondées sur des éléments probants.
Le
nouveau FEAMP devra par ailleurs encourager l'octroi d'aides à toutes
les femmes qui contribuent de manière invisible, par leur travail, à
l'économie familiale, sous le statut de conjointe, de partenaire de vie,
etc.
Le
nouveau règlement de base de la politique de la pêche énonce à
l'article 2 ses principes généraux et établit, à l'article 7, des
objectifs pour l'exploitation durable des ressources ainsi que des
mesures visant à atténuer l'incidence négative des activités de pêche
sur la biodiversité et les écosystèmes marins. Pour atteindre ces
objectifs, il est essentiel de mettre en valeur les activités des
pêcheuses de coquillages, qui exploitent les ressources halieutiques de
manière durable, dans le respect des populations et de leur
régénération, et qui sont conscientes qu'en dépassant les limites de ce
milieu, elles ne disposeront plus à l'avenir de ressources pour exercer
leur profession.
La
nouvelle politique commune de la pêche devra poursuivre la réalisation
des objectifs relatifs au principe d'égalité, à la reconnaissance
historique du rôle socioéconomique des femmes dans le monde de la pêche,
à la lutte contre la discrimination fondée sur le genre, aux mesures
sociales et aux aides nécessaires pour lutter contre le chômage, à la
promotion de l'inclusion des femmes dans les comités et conseils
consultatifs et de leur participation aux associations ainsi qu'à
l'élaboration des instruments financiers et des mesures et aides
sociales nécessaires lors des périodes de repos biologique des
travailleuses.
En
résumé, les femmes qui travaillent dans le secteur de la pêche
demeurent confrontées à de nombreux besoins. Il est nécessaire de
réglementer leurs conditions de travail et de leur garantir une
situation égale à celle des hommes, de faire en sorte que les
générations futures soient attirées par les conditions de travail du
secteur et de reconnaître la contribution des femmes au développement
durable de la pêche. Pour ce faire, il est essentiel que cette réforme
de la politique commune de la pêche pose les bases nécessaires à
l'élaboration des aides, lignes directrices, plans et programmes de
formation, ainsi qu'à la reconnaissance et à l'obtention des droits
nécessaires pour assurer un avenir meilleur et plus stable aux
travailleuses du secteur de la pêche.
Résolution du Parlement européen
Mesures spécifiques dans le cadre de la politique commune de la pêche pour développer le rôle des femmes
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Résolution
du Parlement européen du 27 février 2014 concernant des mesures
spécifiques dans le cadre de la politique commune de la pêche pour
développer le rôle des femmes (2013/2150(INI))
Le Parlement européen ,
– vu les dispositions législatives applicables au Fonds européen pour la pêche, notamment les règlements (CE) n° 2328/2003,
(CE) n° 861/2006, (CE) n° 1198/2006 et (CE) n° 791/2007 du Conseil, qui
établissent les règles et les accords relatifs aux interventions
structurelles de l'Union dans le secteur de la pêche,
– vu
la directive 2010/41/UE du Parlement européen et du Conseil du 7
juillet 2010 concernant l'application du principe de l'égalité de
traitement entre hommes et femmes exerçant une activité indépendante, et
abrogeant la directive 86/613/CEE du Conseil(1) ,
– vu
sa position du 6 février 2013 sur la proposition de règlement du
Parlement européen et du Conseil sur la politique commune de la pêche(2)
,
– vu
sa position du 12 septembre 2012 sur la proposition de règlement du
Parlement européen et du Conseil portant organisation commune des
marchés dans le secteur des produits de la pêche et de l'aquaculture(3) ,
– vu
la proposition de la Commission et les positions adoptées par le
Parlement et le Conseil au sujet du Fonds européen pour les affaires
maritimes et la pêche (COM(2011)0804),
– vu
la proposition de la Commission et les positions adoptées par le
Parlement et le Conseil au sujet de la proposition de règlement du
Parlement européen et du Conseil définissant les règles de participation
au programme-cadre pour la recherche et l'innovation «Horizon 2020»
(2014-2020) et les règles de diffusion des résultats (COM(2011)0810),
– vu
la communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au
Comité économique et social européen et au Comité des régions intitulée
«Stratégie pour l'égalité entre les femmes et les hommes 2010-2015»
(COM(2009)0491),
– vu sa résolution du 15 décembre 2005 sur les réseaux des femmes: pêche, agriculture et diversification(4),
– vu
sa résolution du 22 novembre 2012 sur la petite pêche côtière, la pêche
artisanale et la réforme de la politique commune de la pêche(5),
– vu sa résolution du 22 novembre 2012 sur la dimension extérieure de la politique commune de la pêche(6),
– vu sa résolution du 12 septembre 2012 sur la réforme de la politique commune de la pêche – communication globale(7),
– vu l'audition sur les femmes et le développement durable des zones de pêche, organisée par la commission de la pêche le 1er décembre 2010,
– vu
l'audition sur la promotion du rôle des femmes dans la pêche et
l'aquaculture européennes, organisée le 14 octobre 2013 au Parlement
européen par la commission de la pêche et la commission des droits de la
femme et de l'égalité des genres,
– vu l'article 48 de son règlement,
– vu
les délibérations communes de la commission de la pêche et de la
commission des droits de la femme et de l'égalité des genres
conformément à l'article 51 du règlement,
– vu le rapport de la commission de la pêche et de la commission des droits de la femme et de l'égalité des genres (A7-0070/2014),
A. considérant
que le travail effectué par les femmes dans les secteurs de la pêche et
de l'aquaculture n'est pas reconnu et reste globalement invisible, bien
qu'il apporte une valeur ajoutée considérable sur le plan économique et
qu'il contribue à l'amélioration de la viabilité sociale, économique et
environnementale de nombreuses localités et régions européennes, en
particulier dans les régions dépendantes de la pêche;
B. considérant
que, dans les États membres de l'Union, plus de 100 000 femmes
travaillent dans le secteur de la pêche, dont 4 % dans le secteur de la
capture et dans des emplois liés à l'activité des navires de pêche, tels
que la réparation des filets, le déchargement des embarcations ou le
conditionnement des produits, 30 % dans celui de l'aquaculture
(principalement la pêche aux coquillages à pied) et environ 60 % dans
l'industrie de la transformation;
C. considérant
la pénibilité des travaux traditionnellement effectués par les femmes
dans les secteurs de la pêche et de l'aquaculture, notamment la pêche
aux coquillages à pied, la vente traditionnelle de poisson, ambulante ou
dans des infrastructures appropriées, la fabrication et la réparation
de filets de pêche et le déchargement et la classification du poisson,
ainsi que l'emballage dans des conditions climatiques particulièrement
difficiles;
D. considérant
que les statistiques sous-estiment fortement la situation
professionnelle réelle des femmes dans certains de ces secteurs, que la
crise économique généralisée ainsi que le taux de chômage élevé dans
certains États membres ont contribué à augmenter davantage ces chiffres
et que le nombre de femmes travaillant dans le secteur de la pêche s'est
accru, notamment dans la pêche aux coquillages à pied, dans le but de
compléter, voire d'assurer, le revenu des ménages;
E. reconnaissant
la contribution apportée par les femmes aux activités ayant trait à la
pêche et à l'aquaculture, en particulier à celles relatives à la
fabrication et à la réparation des engins de pêche, au déchargement et à
la classification du poisson, à la gestion de l'approvisionnement des
navires en produits, au traitement, à la transformation, au
conditionnement et à la commercialisation du poisson, ou à la gestion
des entreprises de pêche;
F. considérant
que le Parlement, au paragraphe 30 de sa résolution du 22 novembre 2012
sur la petite pêche côtière, la pêche artisanale et la réforme de la
politique commune de la pêche, invite les États membres à prendre en
considération l'importance des rôles économique, social et culturel des
femmes dans l'industrie de la pêche de manière à leur permettre
d'accéder aux prestations sociales et souligne que la participation
active des femmes aux différentes activités connexes à la pêche
contribue au maintien et à la survie du secteur de la pêche, au maintien
des traditions et des pratiques spécifiques et à la protection de la
diversité culturelle des différentes régions;
G. considérant
que le Parlement, dans sa position du 12 septembre 2012, plaide pour
l'encouragement de la participation des femmes aux organisations de
producteurs du secteur de la pêche et de l'aquaculture;
H. considérant
que le Parlement, au paragraphe 31 de sa résolution du 22 novembre 2012
sur la petite pêche côtière, la pêche artisanale et la réforme de la
politique commune de la pêche, demande au Fonds européen pour les
affaires maritimes et la pêche (FEAMP) d'apporter un financement afin
d'encourager la participation des femmes au secteur de la pêche, de
soutenir les associations de femmes, d'assurer une formation
professionnelle pour les femmes et d'améliorer le rôle des femmes dans
le secteur de la pêche en soutenant à la fois les activités pratiquées à
terre et les activités liées à la pêche, tant en amont qu'en aval;
I. considérant
que le Parlement, au paragraphe 39 de sa résolution du 22 novembre 2012
sur la petite pêche côtière, la pêche artisanale et la réforme de la
politique commune de la pêche, demande à la Commission et aux États
membres d'adopter des mesures pour garantir que les femmes puissent
jouir du même niveau de salaire et d'autres droits sociaux, économiques
et liés à l'emploi, y compris les assurances couvrant les risques
auxquels elles sont exposées en travaillant dans le secteur de la pêche
et la reconnaissance de leurs pathologies spécifiques en tant que
maladies professionnelles, ainsi que les mesures destinées à appliquer
les coefficients de réduction afin d'anticiper l'âge de départ à la
retraite en raison de la pénibilité du travail (travail de nuit, travail
dangereux, horaires soumis au rythme de la production ou aux
possibilités de pêche);
J. reconnaissant
que les statistiques relatives à la main-d'œuvre, et notamment celles
ventilées en fonction des genres dans certaines activités, ainsi que
celles portant sur la pêche artisanale et la petite pêche côtière,
l'aquaculture extensive et les activités connexes, restent moins
nombreuses que celles relatives aux captures, aux débarquements, au
tonnage, etc.;
K. considérant
que les données statistiques relatives à l'Union et aux États membres
concernant la main-d'œuvre dans le secteur de la pêche et de
l'aquaculture ainsi que dans les secteurs connexes ne sont ni complètes,
ni harmonisées ou sont ventilées par des indicateurs qui ne
permettraient pas d'évaluer la contribution des femmes dans ces
secteurs;
L. considérant
qu'en dépit de leur travail et de leur considérable apport économique,
les femmes du secteur de la pêche et de l'aquaculture ne jouissent ni
d'une protection sociale et syndicale adéquate, ni d'un statut
professionnel approprié;
M. considérant
que les femmes subissent une discrimination économique dans le secteur
de la pêche et qu'à travail égal, elles sont moins rémunérées que les
hommes;
N. considérant
que, bien souvent, le travail des femmes dans le secteur de la pêche ne
bénéficie d'aucune reconnaissance juridique et ne donne droit à aucune
protection sociale adaptée aux risques et aux problèmes de santé
spécifiques et caractéristiques de ces activités;
O. considérant
que, au paragraphe 42 de sa résolution du 22 novembre 2012 sur la
petite pêche côtière, la pêche artisanale et la réforme de la politique
commune de la pêche, le Parlement invite la Commission et les États
membres à prendre des mesures pour favoriser une reconnaissance accrue,
tant au niveau juridique que social, du travail des femmes dans le
secteur de la pêche, pour garantir que les femmes qui travaillent à
temps complet ou à temps partiel pour des entreprises familiales ou qui
aident leur conjoint, contribuant ainsi à assurer leur propre viabilité
économique ainsi que celle de leur famille, bénéficient d'un statut
légal ou de prestations sociales équivalentes à celles réservées aux
travailleurs indépendants, conformément à la directive 2010/41/UE, et
pour qu'elles se voient garantir des droits sociaux et économiques,
notamment une rémunération égale à celles des hommes, des allocations de
chômage en cas de cessation (temporaire ou définitive) d'activité, le
droit de percevoir une pension de retraite, de concilier vie familiale
et vie professionnelle, de prendre un congé de maternité, de bénéficier
de la sécurité sociale et de soins de santé gratuits, et de disposer
d'une protection de la sécurité et de la santé au travail, ainsi que
d'autres droits sociaux et économiques, notamment une assurance couvrant
les risques en mer;
P. considérant
que, dans sa résolution du 12 septembre 2012, le Parlement a jugé
nécessaire que le rôle des femmes dans le secteur de la pêche fasse
l'objet d'une plus grande reconnaissance et soit mieux valorisé tant au
niveau juridique que social, que les femmes jouissent des mêmes droits
que les hommes et que les conjointes et les partenaires de vie des
pêcheurs soutenant l'entreprise familiale bénéficient d'un statut
juridique et de prestations sociales équivalents à ceux des
indépendants;
1. exhorte
la Commission à élaborer un programme statistique ciblant
spécifiquement les régions dépendantes de la pêche, en accordant une
attention particulière à la pêche côtière artisanale, aux méthodes de
pêche artisanales et aux canaux de commercialisation propres à ce
secteur, ainsi qu'au travail et aux conditions sociales et syndicales
des cueilleuses de fruits de mer, des remmailleuses de filets et des
travailleuses artisanales de la pêche et des activités connexes, dans le
but d'évaluer les besoins propres aux activités des femmes et
d'améliorer la reconnaissance sociale de ces professions à forte
pénibilité;
2. estime
nécessaire d'améliorer la collecte et l'analyse d'informations
statistiques au sujet de l'emploi dans le secteur de la pêche, ventilées
par sexe, type d'activité et type d'emploi (indépendant, salarié, à
temps complet, à temps partiel, occasionnel), afin de pouvoir évaluer la
contribution des femmes au secteur de la pêche et de l'aquaculture;
3. demande
instamment à la Commission d'étendre la compilation d'informations
ventilées par sexe au secteur des captures et d'introduire de nouveaux
indicateurs comme l'âge, les niveaux d'éducation et de formation et
l'activité de conjoints ou de partenaires;
4. juge
nécessaire d'instaurer des définitions claires concernant les
indicateurs statistiques utilisés pour la collecte de données sur
l'emploi de la main-d'œuvre dans la pêche, l'aquaculture et les domaines
connexes; estime, en outre, qu'il y a lieu d'élaborer une série
d'indicateurs statistiques au niveau de l'Union, et demande aux États
membres de fournir, en temps utile, des données complètes concernant ces
indicateurs;
5. invite
instamment la Commission et le Conseil à reconnaître, tant sur le plan
juridique que social, le rôle joué par les femmes dans le secteur de la
pêche et de l'aquaculture et dans le développement durable des zones
dépendantes de la pêche, dans le but d'éliminer tous les obstacles
économiques, administratifs et sociaux qui entravent leur participation
dans des conditions équitables;
6. demande
instamment à la Commission et au Conseil d'inciter les États membres à
réglementer et à reconnaître comme maladies professionnelles les lésions
aux articulations ou à la colonne vertébrale et les maladies
rhumatismales provoquées par les rudes conditions météorologiques dans
lesquelles les pêcheuses de coquillages, les remmailleuses de filets,
les femmes qui déchargent les embarcations et conditionnent les
produits, celles qui travaillent dans des entreprises de transformation,
les femmes chargées du traitement, les pêcheuses et les négociantes
doivent travailler, ainsi que les affections liées à la manipulation de
poids excessifs;
7. invite
instamment la Commission à reconnaître que le travail des femmes
contribue à l'amélioration de la traçabilité des produits de la pêche,
ce qui améliore l'information du consommateur et assure des normes de
qualité et de sécurité plus élevées pour les produits de la pêche et de
l'aquaculture tout en améliorant les possibilités économiques,
gastronomiques et touristiques offertes par les zones de pêche;
8. appelle
à la création (dans le cadre du Fonds européen pour les affaires
maritimes et la pêche et/ou d'autres instruments) de mécanismes de
soutien spécifiques pouvant être activés en cas d'urgence (catastrophes
naturelles) ainsi que de mécanismes de compensation financière
permettant de venir en aide aux pêcheurs et aux pêcheuses ainsi qu'à
leurs familles pendant les interdictions temporaires de pêche, en
particulier dans les régions où la pêche est la seule source de revenus;
9. juge
nécessaire d'encourager et de soutenir financièrement la création
d'associations de femmes via des réseaux aux niveaux national et
européen, dans le but d'accroître la visibilité du rôle de la femme dans
le secteur de la pêche, de sensibiliser la société à la contribution
des femmes dans ce secteur, de faciliter les échanges d'expériences et
de leur permettre de faire connaître leurs besoins et leurs
revendications à tous les niveaux, des administrations locales jusqu'aux
institutions européennes;
10. invite
instamment la Commission et les États membres à faciliter l'accès au
financement aux organisations de femmes dans le secteur de la pêche, de
l'aquaculture et les secteurs connexes, afin qu'elles puissent mettre en
œuvre leurs initiatives, consolider leurs organisations et créer des
liens avec d'autres organisations de femmes en vue d'échanges
d'expériences et de bonnes pratiques;
11. estime
qu'il y a lieu de favoriser et de renforcer la participation effective
des femmes aux organes de consultation et aux conseils consultatifs, de
décision, représentatifs, régionaux ou confréries, en garantissant leur
participation aux processus décisionnels tant dans le secteur public que
dans le secteur privé dans les mêmes conditions que les hommes;
Le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP) 2013-2020
12. observe
que seul un État membre de l'Union a profité des possibilités offertes
par l'axe 4 du Fonds européen pour la pêche pour financer des projets
dont les bénéficiaires sont des femmes, et invite instamment les États
membres à utiliser les possibilités offertes par le FEAMP pour :
*
appliquer le principe d'égalité des chances, tant au niveau de
l'élaboration qu'au niveau du développement ou de la mise en œuvre des
programmes opérationnels;
*
rendre le secteur de la pêche plus accueillant pour les femmes, en le
remodelant et en mettant à sa disposition des équipements appropriés
(tels que des vestiaires sur les bateaux ou dans les ports);
*
aider les associations de femmes, telles que celles qui réparent les
filets, celles qui déchargent les embarcations et celles qui emballent
les produits de la pêche, et favoriser leur mise en réseau;
*
soutenir les projets visant à atténuer les problèmes liés aux
conditions de travail des ramasseuses de coquillages à pied, notamment
la conciliation de la vie familiale et professionnelle;
* appuyer les projets visant à promouvoir, à diversifier et à valoriser le rôle des femmes dans la pêche et l'aquaculture;
*
favoriser l'accès des femmes et des jeunes filles à la formation grâce
au financement de formations spécifiques, à l'enseignement professionnel
et à la reconnaissance professionnelle de leur activité. À cette fin,
les États membres devraient mettre en place des procédures pour
l'obtention de certificats professionnels reconnus officiellement et
créent des centres de formation pour les métiers habituellement exercés
par les femmes des différents groupes;
*
assurer aux jeunes femmes des possibilités d'emploi et favoriser la
continuité entre les générations, notamment en développant les activités
durables pour le milieu marin;
*
promouvoir la formation professionnelle, en particulier pour les femmes
travaillant dans le secteur de la pêche et de l'aquaculture, afin
d'améliorer leur accès à des postes de direction et à des postes
techniques et de gestion qualifiés liés à la pêche et de garantir
l'égalité salariale;
*
renforcer le rôle des femmes dans la pêche, en particulier en soutenant
les activités pratiquées à terre et les activités associées à la pêche,
tant au niveau de la production qu'au niveau de la transformation, de
la commercialisation et de la vente;
*
favoriser les initiatives entrepreneuriales des femmes, notamment, le
cas échéant, la diversification économique de certaines activités liées
au secteur de la pêche, telles que la muséologie, les traditions
culturelles, l'artisanat, la gastronomie et la restauration;
*
favoriser les initiatives entrepreneuriales dans des activités
distinctes de la pêche dans les zones côtières qui ont subi des pertes
d'emplois à la suite de la réforme du secteur de la pêche;
13. invite
instamment les États membres à faciliter l'accès à des prêts à taux
réduit permettant de surmonter les difficultés spécifiques rencontrées
par les femmes pour financer les projets susceptibles d'être inclus dans
les programmes nationaux mis en œuvre dans le cadre du FEAMP;
14. demande
aux États membres de soutenir les initiatives entrepreneuriales de
femmes en facilitant l'accès aux microcrédits et en fournissant une
information adéquate sur les possibilités de financement;
15. invite
instamment les États membres à prendre des mesures pour développer et
moderniser les infrastructures locales, diversifier les activités
économiques et améliorer la qualité de la vie dans les régions
tributaires de la pêche, notamment celles qui en dépendent entièrement,
afin d'assurer leur développement durable, tout en luttant globalement
contre la pauvreté, en particulier lorsqu'elle frappe les femmes et les
enfants, et en s'efforçant de prévenir la violence contre les femmes et
la violence domestique;
16. rappelle
les positions adoptées dans le cadre du programme-cadre pour la
recherche et l'innovation «Horizon 2020» (2014-2020) au sujet de la
promotion de la participation des femmes à l'ensemble des activités de
recherche, des projets et des disciplines scientifiques, notamment
celles qui se consacrent à la connaissance du milieu marin;
17. demande aux États membres :
*
de reconnaître juridiquement le travail des femmes qui contribuent
économiquement au maintien de la cellule familiale et de celles qui le
font grâce à leur travail, même non rémunéré;
*
de garantir des aides aux femmes, en leur accordant des allocations de
chômage en cas de cessation forcée (temporaire ou définitive)
d'activité, le droit de percevoir une pension de retraite, de concilier
vie familiale et vie professionnelle, de prendre un congé de maternité
(quel que soit leur statut au sein de leur couple), de bénéficier de la
sécurité sociale et de soins de santé gratuits, et de disposer d'une
protection face aux risques liés au travail dans le secteur maritime et
de la pêche;
18. considérant
que, au paragraphe 28 de sa résolution du 22 novembre 2012 sur la
politique commune de la pêche, le Parlement demande que l'Union
européenne réclame, au sein de l'OMC, la pénalisation des pays menant
des actions discriminant les femmes et, au paragraphe 45 de ladite
résolution, que la Commission, lorsqu'elle négocie des accords de pêche,
s'efforce d'obtenir des États côtiers qu'ils dédient une partie
minimale de l'aide sectorielle au développement accordée à des projets
ayant pour objectif la reconnaissance, la promotion et la
diversification du rôle des femmes dans le secteur de la pêche, et
garantisse l'application du principe de l'égalité de traitement et
d'égalité des chances pour les hommes et les femmes, notamment en ce qui
concerne la formation et l'accès au financement et aux prêts;
19. invite
instamment la Commission à faire en sorte que la dimension européenne
de genre soit ancrée et garantie dans les accords de partenariat
économique concernant la pêche;
Règlement de base sur la politique commune de la pêche
20. exhorte
les États membres à veiller à la réalisation des objectifs de la
nouvelle politique commune de la pêche relatifs à l'accès aux ressources
halieutiques sur la base de critères environnementaux, sociaux et
économiques transparents et en tenant compte des principes d'égalité de
traitement et des chances entre hommes et femmes;
21. prie
instamment les États membres de reconnaître le statut professionnel des
femmes en cas de cessation temporaire d'activité, y compris lors des
périodes de repos biologique;
22. demande
à la Commission et aux États membres de veiller au respect de la
directive 2010/41/UE afin que les femmes du secteur de la pêche qui
travaillent à temps complet ou à temps partiel pour des entreprises
familiales ou qui aident leur conjoint ou partenaire, contribuant ainsi à
assurer leur propre viabilité économique ainsi que celle de leur
famille, ainsi que celles qui travaillent dans ce secteur pour assurer
leur subsistance et n'appartiennent à aucune cellule familiale,
bénéficient d'un statut légal et de prestations sociales équivalents à
ceux des travailleurs indépendants;
o o o
23. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission et aux gouvernements des États membres.
(1) JO L 180 du 15.7.2010, p. 1.
(2) Textes adoptés de cette date, P7_TA(2013)0040.
(3) JO C 353 E du 3.12.2013, p. 212.
(4) JO C 286 E du 23.11.2006, p. 519.
(5) Textes adoptés de cette date, P7_TA(2012)0460.
(6) Textes adoptés de cette date, P7_TA(2012)0461.
(7) JO C 353 E du 3.12.2013, p. 104.
Dernière mise à jour: 7 mars 2014
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Le 10 mars 2014
Justice économique, sociale, écologique et de genre pour un développement durable
Une
déclaration féministe pour l’après 2015. Tandis que les Nations Unies
prennent des décisions concernant le développement international de
l’après 2015, des femmes de tous âges, de toutes identités, de toutes
ethnicités, de toutes les cultures, dans tous les secteurs et régions,
se mobilisent pour agir en faveur de la justice écologique, économique,
culturelle, sociale, et de genre, pour le développement durable et une
paix inclusive. Nous aspirons à des modifications fondamentales et
transformationnelles des structures du modèle actuel de développement
néolibéral, extractif et exclusif qui perpétue les inégalités de
richesse, de pouvoir et de ressources entre les pays, au sein même des
pays, et entre les hommes et les femmes. Nous remettons en question le
paradigme sécuritaire actuel qui consiste à augmenter les
investissements dans le complexe militaro-industriel et qui contribue
aux conflits violents entre et au sein des pays.
Source : Social Watch
Source : Social Watch
Nous
exigeons une transformation paradigmatique du modèle économique actuel
de développement néolibéral qui choisit le profit avant les personnes et
qui exacerbe les inégalités, les guerres et les conflits, le
militarisme, le patriarcat, la dégradation de l’environnement et le
changement climatique. Par contre, nous demandons des modèles
économiques et des approches du développement qui soient profondément
ancrés dans les principes des droits humains et de la durabilité
environnementale, qui tiennent compte des inégalités entre les
populations et les états, et qui rééquilibrent les relations de pouvoir
en faveur de la justice, pour engendrer la paix, l’égalité, l’autonomie
des peuples et préserver la planète.
Ce
nouveau processus transformationnel exige la redistribution des charges
injustes et inéquitables qui pèsent sur les femmes et les filles
lorsqu’elles soutiennent les économies et le bien-être de la société,
fardeaux qui s’alourdissent dans des situations de violence et de
conflits et durant les crises économiques et écologiques. Cette mutation
doit également se préoccuper du type de croissance provoqué et veiller à
ce que cette croissance garantisse le bien-être et la durabilité pour
tous. Ces transformations doivent également affronter les facteurs
interconnectés et structurels des inégalités, et les multiples formes de
discrimination basées sur le genre, l’âge, les classes, la caste, la
race, l’ethnie, le lieu de naissance, les antécédents religieux ou
culturels, l’orientation sexuelle, l’identité de genre, la santé et les
capacités.
Un
modèle de développement qui fonctionnera pour les femmes et les filles
de tous les âges et de toutes les identités devra être profondément
ancré dans l’ensemble des obligations en matière de droits de l’homme,
dans les principes de non-régression, de réalisation progressive et dans
les Principes de Rio, incluant des responsabilités communes, mais
différenciées, ainsi que le respect des Obligations extraterritoriales
des États telles qu’elles sont énoncées dans les Principes de
Maastricht. Ce modèle exige également que les états aient ratifié et
appliqué les traités internationaux relatifs aux droits de la personne,
notamment relatifs aux droits économiques et sociaux et aux droits
humains des femmes, et aux accords multilatéraux sur l’environnement.
Tout cadre de développement durable post-2015 doit avoir pour objectif
l’inclusion sociale et l’équité, la sécurité humaine et la paix durable,
le respect des droits de la personne pour tous et l’égalité entre les
sexes. Cela exige d’examiner le paradigme actuel sécuritaire consistant à
investir lourdement dans une paix et une sécurité militarisées ; de
respecter la laïcité de l’État lorsqu’elle est intégrée dans les normes
nationales ; d’inverser le modèle actuel de surconsommation et de
surproduction pour créer un modèle de consommation, de production et de
distribution durables ; et de garantir un nouveau plan de viabilité
écologique qui applique une approche se souciant de la biosphère et qui
pratique le respect des frontières planétaires et la durabilité
écologique.
Nous
visons à susciter un engagement politique et à surmonter les obstacles
financiers et juridiques qui entravent le développement durable, la
paix, ainsi que le respect, et la protection des droits humains de la
femme. Nous exhortons la communauté internationale à prendre des mesures
contre les conditions sociales, économiques et environnementales
injustes qui perpétuent les conflits armés, la violence et la
discrimination, la féminisation de la pauvreté, la marchandisation des
ressources naturelles, et les menaces pesant sur la souveraineté
alimentaire qui empêchent les femmes et les filles d’acquérir leur
autonomie, de jouir de leurs droits humains et de parvenir à l’égalité
des genres. Spécifiquement, nous demandons que :
1.
L’égalité des genres soit transversale et que tous les objectifs et
stratégies de développement durable la prennent en considération,
qu’elle devienne un objectif spécifique pour parvenir à l’égalité des
genres, à l’autonomisation des femmes et à la pleine réalisation des
droits humains de la femme, contribuant ainsi à la redistribution du
pouvoir, des richesses et des ressources, ainsi que de l’information et
des technologies. Nous demandons que cessent toutes les formes de
violence basées sur le genre, notamment les mariages précoces et forcés,
les crimes d’honneur et la violence sexuelle, surtout pendant et après
les conflits et les catastrophes naturelles ; nous appelons à la
suppression de toutes les formes de discrimination basées sur le genre,
l’orientation sexuelle, la race, l’ethnie, les antécédents culturels et
la santé ; il faut que les femmes se voient garantir une participation
équitable, pleine et efficace à tous les niveaux de la vie publique et
politique, dans le domaine des responsabilités et des prises de
décisions, y compris dans les processus de paix ; nous demandons que
l’on garantisse aux femmes des droits égaux à la propriété foncière ;
que l’on garantisse à toutes les femmes l’usage autonome de leur
sexualité, de leur corps et de leurs droits génésiques sans
stigmatisation, discrimination ou violence ; nous demandons que l’on
collecte des données et des statistiques, ventilées, entre autres, par
genre, âge, race, ethnie, lieu, invalidité, et statut socioéconomique,
afin de guider la formulation, le suivi et l’évaluation des lois, des
politiques et des programmes.
2.
Les objectifs concernant l’éducation doivent tous inclure des moyens
spécifiques pour lutter contre les pratiques sociales, culturelles et
communautaires qui empêchent les filles, les adolescentes et les femmes
durant leur existence d’accéder à l’éducation, de terminer leurs études
et de poursuivre un apprentissage continu ; doivent tous créer des
environnements favorables à l’éducation des filles, où la sécurité,
l’hygiène et la mobilité sont assurées ; doivent permettre à tous les
enfants d’accéder à une éducation de qualité durant la petite enfance,
au cours de l’éducation primaire, secondaire, et de l’enseignement
supérieur et doivent éliminer les disparités entre les sexes, en mettant
l’accent sur le passage entre le primaire et le secondaire, puis entre
le secondaire et l’enseignement supérieur afin que les filles, les
adolescentes et les jeunes personnes restent à l’école et terminent
leurs études ; doivent fournir une éducation scolaire et extrascolaire
afin que toutes les femmes soient au courant de leurs droits humains et
qu’elles puissent les exercer ; doivent proposer des programmes complets
d’éducation sexuelle qui promeuvent des valeurs telles que le respect
des droits humains, la liberté, la non-discrimination, l’égalité des
genres, la non-violence et la consolidation de la paix ; doivent
élaborer des programmes d’enseignement qui tiennent compte de la parité
hommes-femmes et qui éliminent les stéréotypes sexistes, le sexisme, le
racisme, l’homophobie et qui offrent une formation aux enseignants afin
qu’ils fournissent une éducation impartiale et neutre.
3.
Tous les objectifs concernant la santé doivent comprendre : la
réalisation du droit au meilleur état de santé possible, notamment à la
santé sexuelle et reproductive. Les services de santé doivent être
intégrés et complets, exempts de violence, de coercition, de
stigmatisation et de discrimination, et doivent mettre l’accent sur
l’accès équitable, en particulier pour les adolescents, à la
contraception, à la contraception d’urgence, à l’information sur la
procréation assistée, aux services de maternité, à l’avortement
sécurisé, à la prévention et au traitement des IST et à la prévention,
au traitement, et aux soins et au soutien fournis en matière de VIH ;
ils doivent également proposer des services aux victimes de la violence
dans des situations d’urgence et en cas de conflits armés. Tous les
services doivent être accessibles, abordables, acceptables et de
qualité. Les nouveaux investissements et stratégies en matière de santé
et les objectifs et indicateurs doivent être solidement ancrés dans le
respect des droits de l’homme, et ne pas ignorer les droits sexuels et
génésiques.
4.
Pour assurer une justice économique, nous demandons : un environnement
international favorable au développement, tenu de défendre les
obligations extraterritoriales qu’ont les États de garantir
l’application de politiques financières et macroéconomiques qui
respectent les droits économiques et sociaux tels qu’inscrits dans le
Traité de Maastricht. Les obligations sont les suivantes : des
politiques monétaires, de taux de change, fiscales, commerciales axées
sur le développement, des mesures fiscales progressives, un mécanisme de
rééchelonnement de la dette souveraine, et l’élimination des traités de
commerce et d’investissement qui appauvrissent les nations et les
peuples ; la remise en cause des cadres internationaux des droits de
propriété intellectuelle ; l’élimination des subventions dommageables ;
le renforcement des capacités productives à travers une stratégie
d’industrialisation inclusive et durable des différents secteurs
économiques en créant des sociétés écologiquement saines et qui
produisent moins de carbone ; transformer la division du travail basée
sur le genre et garantir la redistribution des travaux payés et non
payés, tout en assurant des travaux décents et des salaires corrects
pour tous ; l’application d’un plancher universel de protection sociale
pour les personnes de tous les âges afin qu’elles puissent accéder aux
services de base tels que les soins de santé, les soins des enfants et
des personnes âgées, l’éducation, l’alimentation, l’eau,
l’assainissement, l’énergie, le logement, l’emploi ; la reconnaissance
et la prise en compte de la valeur du travail d’assistance et la
protection des droits des travailleurs de la santé tout au long de la
chaîne mondiale des soins et l’assurance que les femmes auront un accès
équitable aux ressources ; la promotion des transferts de technologie,
du financement, du suivi, de l’évaluation et de la recherche dans le
domaine de la technologie conformément au principe de précaution ;
l’augmentation des financements en faveur de l’égalité des genres et des
droits humains des femmes et une réorientation des investissements
destinés à l’industrie de la guerre vers la sécurité humaine plutôt que
vers la sécurité militarisée.
5.
Pour promouvoir la justice écologique, nous demandons : que la santé
des écosystèmes et des services écosystémiques soit protégée et
régénérée et que la valeur intrinsèque de la nature soit reconnue et
respectée ; que la nature ne fasse plus l’objet de marchandisation ; que
l’on encourage des modes de consommation et de production sûrs,
durables et justes en éliminant les substances et les technologies
dangereuses ; que l’on garantisse la souveraineté alimentaire et l’accès
à l’eau pour tous, en accordant une attention particulière aux petits
exploitants agricoles et aux pêcheurs qui sont souvent des femmes, en
tant qu’acteurs économiques clés dont le droit à l’utilisation et à la
possession de terres et le droit à l’accès aux forêts, aux pâturages,
aux terres de parcours, aux rivières, aux lacs, aux mers et aux océans
doivent être protégés à travers des normes juridiquement contraignantes,
qui concernent également l’accaparement des terres et des ressources ;
que le respect des connaissances uniques des populations autochtones et
des communautés locales, y compris des communautés agricoles et côtières
soit assuré, et que soit garanti le droit de consentement préalable,
libre et informé pour tout projet de développement qui risque d’avoir
une incidence sur les terres, les territoires et les ressources que ces
communautés possèdent, occupent ou utilisent autrement ; que les
problèmes d’inégalité, d’exploitation et de pression subies par les
femmes vivant dans la pauvreté dans les communautés urbaines et rurales,
soient affrontés en inversant par exemple l’urbanisation rapide et
insoutenable afin d’éviter la dégradation des écosystèmes et
l’exploitation de ressources qui exacerbe les injustices dans les
régions urbaines, périurbaines et rurales. La justice écologique exige
le renforcement de la Convention des Nations Unies sur le Droit de la
mer, le respect des Principes de Maastricht concernant les obligations
extraterritoriales des États et une reconnaissance claire des pertes
culturelles et écosystémiques que le changement climatique n’a pu éviter
ainsi que des crises auxquelles font face les petits états insulaires
en développement – plus particulièrement en renforçant le Mécanisme
récent établi par la Convention--‐cadre des Nations Unies sur les changements climatiques qui régit les pertes et les dommages.
En
ce qui concerne la gouvernance et la redevabilité et les moyens de
mettre en oeuvre des cadres de développement durable, nous demandons que
l’on accorde la priorité aux financements publics plutôt qu’aux
partenariats public--‐privé,
que l’on encourage la transparence et la redevabilité dans le cadre des
activités du domaine public et privé qui sont liées au développement
durable. Le secteur privé est intrinsèquement orienté vers le profit et
n’est pas obligé d’investir dans les services sociaux et les biens
publics mondiaux. Aujourd’hui trente--‐sept
des 100 plus grandes structures économiques du monde sont des
entreprises. Le secteur public – qui a pour rôle essentiel de financer
les services sociaux dans le but de lutter contre la pauvreté et de
financer les biens publics mondiaux – est donc nécessaire à la mise au
point d’une stratégie de financement du développement durable. Tous les
budgets publics doivent être transparents, faire l’objet d’un débat
public, doivent être sensibles au genre, et affecter les ressources
requises à la réalisation de ces priorités. Nous devons garantir la
participation significative des femmes à la conception, à la
réalisation, au suivi et à l’évaluation des objectifs, des politiques,
et des programmes de développement ainsi qu’aux efforts de consolidation
de la paix ; il faut protéger les défenseur-e-s des droits humains,
garantir leur sécurité et leur non-persécution. Il faut assurer au
niveau national un recours utile et une réparation aux femmes dont les
droits humains ont été violés. Le suivi et l’évaluation doivent
comprendre la présentation par les états de rapports sur leurs
obligations soumis au Mécanisme d’examen périodique universel, au CEDAW
et à son Protocole facultatif, ainsi qu’à d’autres mécanismes relatifs
aux droits de l’homme et conformément aux accords multilatéraux relatifs
à l’environnement. Il est essentiel que les acteurs non étatiques, plus
particulièrement les sociétés transnationales et les partenariats
public--‐privé
respectent les réglementations, pratiquent la redevabilité et la
transparence pour que le développement soit durable. La justice sera
impossible sans des mécanismes efficaces de gouvernance, qui doivent
garantir d’une part le respect, le caractère exécutoire et justiciable
de tous les droits humains, et d’autre part assurer l’état de droit et
la pleine participation d’une société civile respectueuse de l’égalité
entre les femmes et les hommes.
Pour
souscrire à cette déclaration, veuillez envoyer un courriel indiquant
le nom complet de l’organisation ainsi que le pays où elle est active, à
: feministspost2015@gmail.com
Le 20 Mars 2014
Quand l’égalité des droits favorise la sécurité alimentaire
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Le 20 Mars 2014
Quand l’égalité des droits favorise la sécurité alimentaire
Combler
les inégalités entre les sexes dans l’agriculture est pour beaucoup
indispensable dans la lutte contre la pauvreté et le renforcement de la
sécurité alimentaire. Le changement climatique aggraverait aussi les
conséquences de ces inégalités.
Cliquer Ici pour télécharger le document "Women's land and property rights and the post-2015 development agenda
Source : Irin
Cliquer Ici pour télécharger le document "Women's land and property rights and the post-2015 development agenda
Source : Irin
«
Si nous voulons un développement durable, les thèmes du changement
climatique, de l’égalité des sexes et de la sécurité alimentaire doivent
aller de pair », a souligné Mary Robinson, ancienne Présidente de la
République d’Irlande, actuellement à la tête de la Mary Robinson
Foundation - Climate Justice, lors d’un récent colloque d’experts
organisé à Rome, à l’occasion de la Journée internationale de la femme.
«
Les agriculteurs familiaux sont la cheville ouvrière de la production
vivrière mondiale, mais figurent malgré tout parmi les populations les
plus vulnérables de la planète », a déclaré à cette occasion José
Graziano Da Silva, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies
pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).
«
L’avenir de notre sécurité alimentaire dépend en grande partie de la
réalisation de leur potentiel inexploité. Les femmes rurales sont un
volet important, non seulement en tant qu’agricultrices, mais aussi pour
leur rôle dans la transformation et la préparation des aliments, ainsi
que sur les marchés locaux », a-t-il ajouté.
Mais,
dans de nombreux pays comme la Tanzanie, le mode d’exploitation des
terres est archaïque et exclut toujours les femmes de la propriété
foncière. Malgré des lois sévères interdisant cette pratique, les femmes
agricultrices sont encore victimes de discrimination.
Asha
Ramadhani, une agricultrice du district de Mwanga en Tanzanie, tente
d’acquérir un lopin de terre dont elle a désespérément besoin pour
accroître sa maigre production de céréales. « C’est un processus
difficile et frustrant ; comme je suis une femme, ma demande est traitée
comme une faveur et non comme un droit », déplore-t-elle.
À
cause des mentalités locales concernant la propriété foncière, il est
difficile pour les femmes d’avoir accès aux meilleures terres.
Cette
divorcée âgée de 44 ans loue depuis trois ans une ferme d’environ un
hectare près du village de Mangio, où elle cultive du maïs, des
haricots, des légumes et des patates douces.
Si
dans ce village, il est possible de louer une parcelle en échange d’une
partie de ses récoltes, Mme Ramadhani a beaucoup de mal à payer le
propriétaire à cause du climat sec qui ne lui permet pas d’avoir de bons
rendements.
«
Mon propriétaire demande un quart de mes récoltes à chaque campagne
pour payer la location, mais la sécheresse me complique la tâche »,
a-t-elle déclaré à IRIN.
En
Tanzanie, les femmes ne possèdent que 20 pour cent des terres
répertoriées par le droit civil. C’est ce que révèle le profil du pays
réalisé par l’Agence des États-Unis pour le développement international
(USAID) concernant le droit de propriété et la gestion des ressources en
Tanzanie. Le nombre de terres que possèdent les femmes en vertu du
droit coutumier serait beaucoup moins élevé encore.
La
loi sur la propriété foncière (Land Act) et la loi sur la propriété
foncière dans les villages (Village Land Act) de 1999 régissent les
droits fonciers des femmes. La Constitution de la Tanzanie consacre
également l’égalité de toutes les personnes.
La
loi confère aux femmes le droit d’accès, de propriété et de gestion des
terres au même titre que les hommes et leur permet de participer aux
prises de décision s’y rattachant.
La
section 3 (2) du Land Act, ainsi que du Village Land Act, stipule que
les droits de toute femme à acquérir, posséder, utiliser et vendre des
terres doivent être respectés dans la même mesure et selon les mêmes
conditions que pour les hommes.
Les
femmes sont également autorisées à posséder ou occuper des terres
collectivement avec d’autres personnes, tout en étant protégées contre
le transfert illicite de titres fonciers en cas d’utilisation commune
des terres.
Mais la législation n’est pas suffisamment appliquée.
Dans
tout le district de Mwanga, les femmes pensent qu’il leur est de plus
en plus difficile d’avoir accès à la propriété foncière et aux points
d’eau, dans un contexte climatique toujours plus sec.
«
La plupart des propriétaires de grandes parcelles de terre sont des
hommes ; il n’y a presque [aucune] femme propriétaire terrienne,
notamment près des points d’eau », a déclaré à IRIN Mme Ramadhani.
La
procédure du village pour accéder à la propriété foncière avantage les
hommes, a-t-elle affirmé. « Beaucoup de mes amies ont perdu espoir, car
chaque fois qu’elles déposent une demande, elles échouent », a-t-elle
ajouté.
Les
rares femmes qui arrivent à vaincre la paperasserie se retrouvent avec
de petites parcelles qui se trouvent en plus éloignées des points d’eau.
Anna
Tibaijuka, ministre du Développement des territoires, de l’habitat et
de l’établissement humain en Tanzanie, a déclaré à IRIN que les hommes
et les femmes devaient avoir les mêmes droits concernant l’accès à la
propriété foncière. Selon elle, « il est important que les gens
connaissent leurs droits et qu’ils ne se laissent pas marcher dessus ».
« Comportements discriminatoires »
Yefred
Mnyenzi, de l’organisation non gouvernementale (ONG) Haki Ardhi qui
milite pour un droit foncier équitable en Tanzanie, a déclaré à IRIN que
la plupart des femmes accédaient à la propriété foncière grâce à leurs
liens de parenté avec des hommes. Il a ajouté que les filles non
mariées, les veuves et les femmes divorcées étaient souvent « brimées »
par les hommes de leur famille.
«
Dans certains cas, les maris utilisent des titres de propriété pour
obtenir des prêts sans en parler à leurs épouses, ce qui conduit à des
expulsions et à la perte de leur propriété », a-t-il expliqué.
Le
manque de connaissances, le système patriarcal, les stéréotypes sociaux
et les traditions archaïques sont parmi les obstacles qui empêchent les
femmes de faire valoir leurs droits fonciers en Tanzanie. « L’ensemble
de la population doit être suffisamment instruit pour pouvoir comprendre
ces problèmes », a déclaré M. Mnyenzi.
«
Lorsqu’elles sont mariées, les femmes ont généralement peu, voire aucun
droit foncier – il ne leur est pas permis, par exemple, d’ajouter leur
nom sur les documents de propriété – et elles ont encore moins de droits
à la mort de leur mari », d’après le rapport de l’USAID.
«
Le droit coutumier donne la priorité aux hommes ou à des groupes
dominés par des hommes en matière de propriété et, par conséquent, la
capacité des femmes à réclamer ou à hériter de terres est extrêmement
limitée », explique le rapport.
Selon
M. Mnyenzi, le gouvernement doit décentraliser l’administration des
terres pour permettre aux communautés locales de participer à la prise
de décision et de devenir financièrement autonomes. L’État doit
également lutter contre les coutumes, les croyances et les comportements
discriminatoires.
«
Dans les situations où les femmes sont reléguées à un statut inférieur
au sein de la société du fait de normes culturelles, il nous faut des
systèmes de soutien qui leur permettent de posséder et de gérer des
terres sans difficulté », a déclaré à IRIN Mary Lusibi, défenseure des
droits de la femme dans le cadre du programme tanzanien de réseau de
femmes (TGNP, selon le sigle anglais).
Problème sur tout le continent
De
telles pratiques discriminatoires ne se limitent pas seulement à la
Tanzanie. Les femmes possèdent moins d’un pour cent des terres sur le
continent africain, a souligné William Garvelink, conseiller principal
au Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS, selon le sigle
anglais).
«
Si le droit législatif ne fait pas de différence entre les sexes, le
droit coutumier prime et celui-ci se fonde sur un régime patriarcal. Il
est indispensable de garantir les droits de propriété des femmes pour le
développement de l’Afrique », a-t-il déclaré.
Les
experts demandent que l’égalité des droits fonciers figure au programme
des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) post-2015.
«
Le programme de développement post-2015 devrait intégrer des objectifs
et des indicateurs relatifs aux droits fonciers, aux ressources
naturelles et aux autres avoirs productifs qui incluent explicitement
les droits des femmes », ont indiqué dans un communiqué 38 organisations
internationales.
Selon un rapport de synthèse
de consultations thématiques mondiales des Nations Unies sur le
programme de développement post-2015, « garantir le respect des droits
fonciers pour les femmes est une stratégie indispensable pour garantir
l’égalité des sexes et renforcer la capacité d’agir des femmes dans le
monde entier ».
«
Il existe un lien évident entre l’inégalité entre les sexes, la
pauvreté de la société et l’absence de respect, de protection et de mise
en oeuvre de ces droits pour les femmes », ont ensuite expliqué les
auteures de ce rapport, Mayra Gomez, de l’ONG Global Initiative for
Economic, Social and Cultural Rights (Initiative mondiale pour les
droits économiques, sociaux et culturels), et Dr Hein Tran, du Landesa
Center for Women's Land Rights (Centre Landesa pour les droits fonciers
des femmes).
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Le 16 Mai 2014
Arundhati Roy, à propos des ONG
"Les
ONG doivent rendre des comptes à leurs financeurs, et non aux gens avec
lesquels elles travaillent," selon Arundhati Roy, militante et écrivain
indienne, auteure du roman "Le Dieu des Petits Riens" (Photo Wikipedia)
Source : Crisla
Source : Crisla
Une
analyse décapante du rôle des ONG par l’écrivaine indienne. Si elle
évoque le rôle de certaines ONG de développement, 10 ans après, elle
peut aussi concerner les ONG environnementalistes qui disposent
aujourd’hui de fonds bien plus considérables que les ONG de
développement…Cette analyse rejoint celle de Naomi Klein sur les BINGOs,
les grandes ONG environnementalistes anglo-saxonnes.
Les
mouvements de masse ont à faire face à un second danger, la résistance
sur le modèle des ONG. Il serait facile de déformer ce que je vais dire
en une mise en cause de toutes les ONG. Ce serait un mensonge. Dans les
eaux troubles de la mise en place de fausses ONG, créées soit dans le
but de siphonner les subventions ou alors d’éviter les taxes (dans les
Etats tels que Bihâr, on les considère comme dot), bien sûr, il y a des
ONG qui font un précieux travail. Mais il est important d’envisager le
phénomène ONG dans un contexte politique plus large. En Inde, par
exemple, le plein essor du financement des ONG a commencé à la fin des
années 1980 et dans les années 90. Cela correspondait à l’ouverture du
marché indien au néolibéralisme. A ce moment-là, l’Etat indien, conforme
aux exigences de l’ajustement structurel, réduisait les fonds de
développement rural, pour l’agriculture, l’énergie, les transports et la
santé publique. Etant donné que l’Etat abandonnait son rôle
traditionnel, les ONG se sont lancées dans le travail sur ces mêmes
domaines. La différence, évidemment, c’est que les fonds qui leur sont
disponibles représentent une part minuscule de la coupe budgétaire
actuelle dans les dépenses publiques.
Les
ONG avec le plus de fonds sont financées et mises sous tutelle par des
agences d’aide et de développement, qui sont, à leur tour, financées par
des gouvernements occidentaux, la Banque mondiale, les Nations Unies et
certaines sociétés multinationales. Bien qu’elles ne soient pas
exactement les mêmes agences, elles font certainement partie du même
grand réseau politique qui supervise le projet néolibéral et réclame une
réduction des dépenses gouvernementales dans un premier temps. Pourquoi
ces agences devraient-elles financer des ONG ? Pourrait-il juste s’agir
d’un élan missionnaire démodé ? De la culpabilité ? C’est un peu plus
que ça. Les ONG donnent l’impression qu’elles remplissent la place
vacante créée par un Etat en retrait. Et elles le font, mais
substantiellement, sans conséquences. Leur vraie contribution est
qu’elles désarment le mécontentement politique et distribuent en tant
qu’aide ou don généreux ce qui devrait revenir de droit aux gens. Elles
altèrent le psychisme public. Elles changent les gens en victimes
dépendantes et émoussent les contours de la résistance politique. Les
ONG forment une sorte de médiateur entre le dirigeant et le public.
Entre l’Empire et ses sujets. Elles sont devenues les arbitres, les
interprètes, les médiatrices. A long terme, les ONG doivent rendre des
comptes à leurs financeurs, et non aux gens avec lesquels elles
travaillent. Elles sont ce que les botanistes appellent des espèces
indicatrices. C’est presque comme si, plus le néolibéralisme engendre de
la dévastation, plus l’explosion des ONG est importante. Rien ne
l’illustre de façon plus émouvante que le phénomène des Etats-Unis
s’apprêtant à envahir un pays et simultanément préparant les ONG à
rentrer et nettoyer les dégâts. Afin de s’assurer que leur financement
n’est pas compromis, et que les gouvernements des pays où ils
travaillent leur permettront de fonctionner, les ONG doivent présenter
leur travail dans un cadre superficiel, plus ou moins coupé de tout
contexte politique ou historique, dans tous les cas, d’un contexte
historique et politique inopportun. Des rapports apolitiques (et donc,
en fait, extrêmement politiques) sur la misère des pays pauvres et les
zones de guerre font finalement paraître les gens (noirs) de ces pays
(noirs) comme des victimes compulsives. Encore un Indien mal nourri, un
autre Ethiopien crevant de faim, un autre Afghan d’un camp de réfugié,
un autre Soudanais mutilé … nécessitant l’aide d’un homme blanc.
Involontairement, ils renforcent les stéréotypes racistes et réaffirment
les exploits, le réconfort et la compassion (le « qui aime bien châtie
bien ») de la civilisation occidentale. Ils sont les missionnaires
laïques du monde moderne.
Eventuellement
– sur une plus petite échelle, mais plus insidieusement – le capital
disponible aux ONG joue le même rôle dans les politiques alternatives
que les capitaux spéculatifs qui rentrent et sortent des économies des
pays pauvres. Ça commence par dicter le programme. Ça change la
confrontation en négociation, ça dépolitise la résistance. Cela
interfère avec les mouvements populaires locaux qui ont
traditionnellement été autonomes. Les ONG ont des fonds qui peuvent
employer des locaux qui pourraient autrement être militants dans les
mouvements de résistance, mais peuvent désormais sentir qu’ils font
quelque chose de bien, immédiat et créatif (en gagnant de l’argent en
même temps). Une vraie résistance politique n’offre pas de tels
raccourcis. La politique sur le mode ONG menace de changer la résistance
en un travail de bureau avec des salariés aux bonnes manières, polis et
raisonnables, au travail de 9h à 17h. Avec quelques avantages en plus.
La vraie résistance a de réelles conséquences. Et pas de salaire...
Extrait d’une conférence d’Arundhati ROY aux Etats-Unis en 2004.
Publié par http://socialistworker.org/2004-2/510/510_06_Roy.shtml
Repris par Development Industry, Raza Rumi |14 avril 2009.
Traduction : Joana Neves, Mai 2014
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