Alerte : une réforme sous influence
Nul ne nie la nécessité d’une réforme de la Politique Commune de la Pêche (PCP), ni d’un débat sur cette réforme, associant l’ensemble des citoyens et donc des ONG. Cependant, le projet de réforme porté par Maria Damanaki est profondément marqué par l’influence du modèle américain essentiellement libéral et conservationniste. Pour faire passer ce modèle en Europe et dans le monde entier, de puissantes fondations ont engagé un lobbying forcené, utilisant avec l’appui de leur argent tous les relais possibles pour influencer le grand public et les décideurs : scientifiques, journalistes, ONG environnementalistes. Le vocabulaire devient un enjeu de communication manipulé par des agences de lobbying...
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Ainsi, la surpêche, qui est souvent réelle, mais complexe, est présentée comme une donnée catastrophique généralisée. Les droits de pêche, qui peuvent aussi correspondre à des droits humains (au travail, à la sécurité des moyens de subsistance), deviennent des droits marchands. La nécessaire protection des océans devient la préservation de l’intégrité des océans au prix de l’exclusion des pêcheurs, et la pêche est chargée de tous les maux. La pêche artisanale est réduite à la petite pêche côtière, alors qu’elle a la possibilité de s’exercer sur la majeure partie des zones de pêche. La défense de cette petite pêche par les ONG se traduit aux États-Unis, mais aussi en Europe et ailleurs, par la mise sous tutelle de ces pêcheurs. En permanence, l’information sur la pêche, qui devrait vulgariser un domaine d’une grande complexité, se transforme en stratégie de communication avec des slogans très simplistes. Par exemple, la campagne de « fish fight » contre les rejets est profondément réductrice de la complexité du sujet. Une partie des rejets est due à des pratiques de pêche, et il faut travailler à leur réduction, mais une autre partie est liée à la politique de gestion par les quotas.
Que penser par ailleurs d’une campagne anti-chalut qui associe ce dernier à l’explosion d’une bombe atomique sur le fond des océans ?
Le but de ces campagnes est de choquer systématiquement le public pour mener à des solutions simplistes qui ont toujours des effets pervers et aggravent les problèmes qu’elles sont censées résoudre. Les ONG, comme les scientifiques, ont un rôle d’alerte à jouer pour attirer l’attention sur des problèmes, mais ce n’est pas à eux de mettre pour autant les pêcheurs sous tutelle. Le travail en commun avec les pêcheurs, leur accompagnement pour résoudre les problèmes, ne sont possibles que sur la base d’une confiance mutuelle. Assez de « com » et de « pensée unique », de l’information, du débat contradictoire, de la transparence !
Alain Le Sann - Edito du Bulletin collectif Pêche et Développement - 4e trimestre 2012
Alain Le Sann - Edito du Bulletin collectif Pêche et Développement - 4e trimestre 2012
Blue Charity Business : De richissimes fondations ont engagé un lobbying forcené...
Le rapport Blue Charity Business est sorti le 6 novembre 2012.
Télécharger le rapport en Français (et en anglais) en cliquant Ici pour comprendre tous les ponts mis en place par ces puissantes fondations nord-américaines entre la réforme de la pêche étatsunienne (Magnusson-Stevens Fisheries act) et celle de la pêche européenne (PCP)
"Blue Charity Business" dans les médias
Depuis la mise en ligne du rapport, une série d'articles en relation avec cette thématique ont été publiée dans les médias et sur plusieurs blog... L'ensemble de la revue de presse est en bas de cette page...
Pêche : business bleu
Alternatives Economiques n° 319 - décembre 2012
Le collectif Pêche et développement a jeté un pavé dans la mare aux idées reçues sur la gestion durable de la pêche. Son rapport "Blue Charity Business" montre que les nombreuses ONG mobilisées contre la surpêche (WWF, Greenpeace, New Economic Foundation…), et qui contribuent par leur lobbying à Bruxelles à orienter la réforme en cours de la politique européenne, sont largement financées par une poignée de grosses fondations, principalement américaines. Or, celles-ci, met en garde le rapport, notamment vis-à-vis de leurs bénéficiaires, tendent à présenter la pêche dans son ensemble comme un pillage organisé des mers, ce qui est parfaitement faux. Elles prônent aussi une gestion privative des quotas de pêche. Des influences qui pourraient se traduire par une chute drastique de l'emploi dans le secteur, à laquelle l'opinion aura été préparée par des messages présentant une vision caricaturale des problèmes environnementaux liés à cette activité.
Ouest France - vendredi 09 novembre 2012
L'association Pêche et développement critique les fondations américaines qui visent « la mise sous tutelle » des pêcheurs.
La polémique
Des millions de dollars pour un retour à la nature vierge. C'est ce que dénonce l'association lorientaise Pêche et Développement, en s'appuyant sur les conclusions d'un rapport intitulé Blue Charity Business - le business caritatif de l'environnement marin, auquel elle a contribué.
La diabolisation des pêcheurs
Le rapport s'attarde, entre autres, sur les intentions de riches fondations américaines qui soutiennent « la mise sous tutelle » des pêcheurs. Elles ont leurs relais en Europe et pèsent, selon Pêche et Développement, sur les orientations de la politique commune des pêches de l'Union européenne. Leur but, selon Pêche et Développement : « Affaiblir le poids des pêcheurs et leur présence en mer pour libérer des espaces pour des activités nettement plus lucratives, tourisme, énergie, extractions diverses. Pour cela, assène encore Pêche et développement, il faut diaboliser la pêche. »
Sud Ouest – vendredi 30 novembre 2012
Les Américains ont souvent un coup d'avance. Du moins a-t-on coutume de le dire. Celui qu'ils jouent sur la réforme en cours de la politique commune des pêches (PCP) n'est pas un modèle du genre. C'est l'avis que formule Pêche et développement, un collectif qui soutient la pêche artisanale et les travailleurs de la mer, et vient de publier « Blue Charity Business dans les pêches européennes ». Dans ce panorama rédigé par le consultant rennais Yan Giron et auquel ont contribué deux membres du collectif, Alain Le Sann et le Rochelais Philippe Favrelière, est décortiquée l'influence de certaines organisations caritatives américaines sur l'organisation de la pêche.
Les négociations sur la réforme de la pêche maritime dans l'Union européenne arriveront à leur terme en 2013. Selon cette étude, un groupe restreint de fondations caritatives, principalement américaines, a investi plusieurs dizaines de milliers de dollars pour soutenir des activités de lobbying. Finalité de la démarche ? Peser, via les organisations non gouvernementales qu'elles financent, sur la définition de la politique commune des pêches. Ces fonds privés seraient mobilisés pour infléchir une politique publique et parvenir à une mise sous tutelle de la pêche européenne, comme c'est arrivé aux États-Unis, exprime en substance l'auteur de l'étude. Le but, selon Pêche et développement, serait d'affaiblir le poids des pêcheurs et leur présence en mer. En appuyant sur l'indispensable retour à une nature vierge. La ficelle n'est pas nouvelle. Elle consiste à diaboliser une filière, « afin de libérer des espaces en mer pour des activités nettement plus lucratives : tourisme, énergie, extractions diverses. »
Yan Giron : " Les Fondations américaines doivent faire preuve de transparence"
Le Marin - vendredi 16 novembre 2012
Comment les fondations américaines s'y prennent pour exercer leur influence en Europe, sur la réforme de la politique commune de la pêche en particulier ? C'est l'objet d'une étude réalisée par Yan Giron, consultant pêche chez Ameris, et publiée par le collectif Pêche et Développement....
Pour accéder à l'ensemble du dossier : Blue Charity Business
Pour accéder à l'ensemble du dossier : Blue Charity Business
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