Article écrit en janvier 2011 et réactualisé en mai 2014
Avec l’annonce de la fin de la surpêche, c’est un tsunami qui a secoué les médias étatsuniens. L’onde de choc n’a pas encore traversé l’Atlantique. La surpêche est toujours d’actualités dans le Vieux continent d’autant plus que le PNUE - agence environnementale de l’Onu - avait une nouvelle fois communiqué sur la surpêche à la fin de l’année 2010… Pourtant, les bons résultats affichés dans la plupart des criées françaises sont un signal ?
La surpêche fait vendre, ainsi que sa fin !
La surpêche fait vendre, ainsi que sa fin !
Ces dernières années, la surpêche a fait vendre beaucoup de papiers… Mais que l’annonce de la fin de la surpêche fasse couler autant d’encre aux USA, est assez surprenant…
« Est-ce la fin de la surpêche ? Le scientifique US au Top dit Oui »
L’article de Jay Lindsay sur la fin de la surpêche, publié le 9 janvier 2011 par l’agence de presse AP, a été repris, copié, collé, puis publié dans des centaines de journaux, magazines, et autres sites d’information en ligne d’Outre-Atlantique !!!
« Pour la première fois depuis un siècle, il n'y a plus de surpêche dans les eaux étatsuniennes, » annonce un expert gouvernemental de haut niveau.
C’est l’affirmation de Steve Murawski qui a récemment pris sa retraite de directeur scientifique à la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), l'organe fédéral qui réglemente la pêche aux USA. S’appuyant sur des statistiques et des évaluations qui remontent à 1900, il précise que « ses connaissances lui permettent de dire que nous avons atteint un bon niveau, ce qui est une étape importante. »
La déclaration de Murawski intervient après une période de turbulences dans les pêches étatsuniennes. Tout particulièrement en Nouvelle-Angleterre sur la côte nord-est où les mesures drastiques de gestion et la privatisation des ressources halieutiques ont amplifié la réduction de la flottille de pêche, passant de 1.200 bateaux au milieu des années 1990 à 580 aujourd'hui… Lire : USA : Fureur des petits pêcheurs face à la privatisation du pétoncle géant !
Des pêcheurs, victimes de la surpêche…
Les pêcheurs sont les principales victimes de la lutte contre la surpêche. « La surpêche a un coût trop élevé, » selon Dave Marciano, pêcheur à Gloucester, près de Boston. Après avoir exercé pendant 30 ans, il a été obligé de vendre son permis de pêche en juin 2010. « Le nouveau système de gestion est trop coûteux pour rester aux affaires, » a-t-il déclaré. « Il m’a ruiné. » « Nous aurions pu éliminer la surpêche en prenant plus en considération le côté humain de la pêche. »
A lire l’article : Has overfishing ended? Top US scientist says yes
Philippe Favrelière (article publié le 13 janvier 2011) (608)
Autres articles :
- Thon rouge : Le retour
- Atlantique Nord-Est : "Contrairement à une idée reçue, l'état de nos stocks de poissons s'améliore"
- Surpêche : Ce que nous devons savoir...
- Pêche profonde. Discussion autour du chalutage dans les grands fonds...
- USA : Fureur des petits pêcheurs face à la privatisation du pétoncle géant !
- Gestion des pêches mondiales : Gardons notre sang-froid !
Pour aller plus loin...
Le 21 Mai 2014
USA. Avec la fin de la surpêche, les stocks ne sont plus surpêchés, mais épuisés ou réduits...
En 2011, un éminent spécialiste étatsunien a annoncé la fin de la surpêche dans les eaux de son pays. On comprendra qu'un parlementaire veut maintenant remplacer « overfished » (surpêché) par « depleted » (épuisé, réduit). Derrière la bataille des mots se joue en fait la révision de l’approche scientifique et politique de la gestion des pêches. L’utilisation du terme surpêché pour qualifier un stock en mauvais état induit une explication unique et la responsabilité des pêcheurs dans la situation. Elle implique donc des mesures de contraintes seulement pour les pêcheurs. Mais dans les faits, un stock en mauvais état peut être lié à des modifications environnementales, une variabilité naturelle, un accroissement de la prédation naturelle, une pollution. Il ne s’agit pas de nier la surpêche mais de rechercher la multiplicité des causes possibles, ce qui implique des mesures bien plus complexes qui ne concernent plus seulement les pêcheurs.
Surpêché ou épuisé ? Petits mots, grands effets !
Actuellement, moins de 30% des stocks de poissons sauvages qui font
l'objet d'un suivi régulier par la FAO sont surexploités, signe positif
d'un renversement de la tendance observée au cours des dernières années.
Un peu plus de 70% des stocks sont pêchés à des niveaux biologiquement
durables dont les stocks pleinement exploités (c'est-à-dire très proches
de leur rendement maximal équilibré) représentent plus de 60%, et les
stocks sous-exploités environ 10%. D'après le communiqué de la FAO (19 mai 2014) : Un rapport de la FAO souligne le rôle croissant du poisson dans l'alimentation de la planète. Pour plus de détails : La situation mondiale des pêches et de l'aquaculture 2014 (Sofia)
En Avril 2014, dans sa chronique de World Fishing, le scientifique israélien, Menakhem BenYami, un dissident de la science halieutique dominante se félicite de la bataille qui se déroule au Congrès des Etats-Unis sur le changement d’un mot dans le Magnuson Act, qui définit la politique de gestion des pêches du pays. Un parlementaire veut remplacer «overfished » (surpêché) par « depleted » (épuisé, réduit). Derrière la bataille des mots se joue en fait la révision de l’approche scientifique et politique de la gestion des pêches. L’utilisation du terme surpêché pour qualifier un stock en mauvais état induit une explication unique et la responsabilité des pêcheurs dans la situation. Elle implique donc des mesures de contraintes seulement pour les pêcheurs. Mais dans les faits, un stock en mauvais état peut être lié à des modifications environnementales, une variabilité naturelle, un accroissement de la prédation naturelle, une pollution. Il ne s’agit pas de nier la surpêche mais de rechercher la multiplicité des causes possibles, ce qui implique des mesures bien plus complexes qui ne concernent plus seulement les pêcheurs.
En Avril 2014, dans sa chronique de World Fishing, le scientifique israélien, Menakhem BenYami, un dissident de la science halieutique dominante se félicite de la bataille qui se déroule au Congrès des Etats-Unis sur le changement d’un mot dans le Magnuson Act, qui définit la politique de gestion des pêches du pays. Un parlementaire veut remplacer «overfished » (surpêché) par « depleted » (épuisé, réduit). Derrière la bataille des mots se joue en fait la révision de l’approche scientifique et politique de la gestion des pêches. L’utilisation du terme surpêché pour qualifier un stock en mauvais état induit une explication unique et la responsabilité des pêcheurs dans la situation. Elle implique donc des mesures de contraintes seulement pour les pêcheurs. Mais dans les faits, un stock en mauvais état peut être lié à des modifications environnementales, une variabilité naturelle, un accroissement de la prédation naturelle, une pollution. Il ne s’agit pas de nier la surpêche mais de rechercher la multiplicité des causes possibles, ce qui implique des mesures bien plus complexes qui ne concernent plus seulement les pêcheurs.
Au-delà de la gestion d’un stock particulier avec les approches classiques de RMD, de Tac et Quotas par espèces, il faut engager une approche scientifique de l’écosystème beaucoup plus complexe et prendre en compte les incertitudes, la variabilité naturelle dans le temps et l’espace, le rôle des éléments extérieurs à la pêche, celui du climat, etc… Pour Menakhem Ben-Yami, qui plaide depuis longtemps pour une révision radicale des approches classiques de gestion fondées sur les modèles mathématiques, aussi bien aux Etats-Unis (à la NOAA) qu’en Europe, au CIEM, les scientifiques ont pris conscience de la nécessité de modifier leurs approches. La politique de gestion basée sur la seule estimation de la mortalité par pêche mène à des impasses. Les ONGE ont concentré leurs critiques sur la surpêche et les responsabilités des pêcheurs, en minimisant les autres facteurs, pour imposer leur pouvoir, avec l’appui de Jane Lubchenco (issue d’une ONGE ultra-libérale, Environmental Defense Fund). Elles vont devoir changer de discours, si elles veulent continuer à prétendre s’appuyer sur les analyses des scientifiques. Menahkem Ben-Yami cite un récent rapport de la NOAA qui présente les principaux facteurs affectant l’habitat, dans l’ordre suivant :
- Pollution et qualité des eaux,
- Modification et dégradation des fleuves et routes migratoires,
- Fragmentation et pertes des habitats estuariens et des eaux peu profondes,
- Impact de la pêche sur les habitats,
- Variabilité et changement climatique,
- Espèces invasives et déchets en mer,
- Le bruit et le trafic maritime.
Pour la NOAA, l’approche écosystémique et environnementale va donc bien au-delà de la pêche. Dans cette approche, les pêcheurs peuvent jouer un rôle positif de sentinelles de la mer pour surveiller au jour le jour l’évolution du milieu, en lien avec les scientifiques. Les ONGE peuvent jouer un rôle d’alerte sans prétendre mettre les pêcheurs sous leur tutelle.
Source : L'Encre de Mer par Alain Le Sann – Mai 2014
Pour la première fois la fin de la surpêche aux Etats-Unis
Source : BE USA (2012)
Un
éminent scientifique en halieutique a déclaré en début d'année la fin
officielle de la surpêche dans les eaux américaines. Steve Murawski, qui
occupait jusqu'à récemment le poste de directeur des programmes
scientifiques au sein du département de la pêche de la National Oceanic
and Atmospheric Administration (NOAA), affirme que plus aucune espèce de
poisson vivant dans les eaux territoriales américaines n'est
surexploitée cette année, contre 37 espèces l'année dernière. D'après
lui, il s'agit d'une première depuis 1900, date à laquelle remontent les
archives. "Jusqu'à preuve du contraire, nous sommes revenus à des
niveaux acceptables, il s'agit d'une étape [importante]," déclare
Murawski.
La
surpêche ne permet pas aux stocks de se reconstituer et de rester
sains. L'espèce surexploitée voit le nombre de ses représentants
diminuer jusqu'à son éventuelle disparition. Mettre un terme à la
surpêche ne signifie cependant pas que tous les stocks de poisson soient
sains, mais les scientifiques pensent qu'il s'agit d'une condition
primordiale pour y parvenir. D'après Murawski, une règle d'or en matière
de gestion des ressources halieutiques dit qu'une espèce est bien plus
abondante lorsqu'elle est pêchée à un niveau adéquat. Ce niveau est
évalué en prenant en compte plusieurs facteurs, tel que le cycle de vie
d'une espèce, le rythme de reproduction ou le taux de mortalité au sein
d'un environnement.
La
loi établissant les quotas de pêche aux Etats-Unis, nommée
Magnuson-Stevens Act [1], existe depuis 1976 ; cependant, c'est la loi
de réattribution des crédits, signée en 2007 par le président Bush, qui
ajoute une obligation de mettre un terme à la surpêche à la fin de la
saison de pêche 2010 - laquelle se termine en 2011, à des dates
différentes selon les régions. Murawski affirme que les Etats-Unis sont
le seul pays au monde qui dispose d'une loi définissant la surpêche et
exigeant des pêcheurs d'y mettre un terme. "Si l'on compare les
Etats-Unis avec l'Union Européenne [ou] avec les pays asiatiques, nous
sommes le seul pays pêcheur industrialisé qui ait réussi à mettre un
terme à la surpêche." déclare-t'il.
Ces
bons résultats viennent après que la Nouvelle-Angleterre ait mis en
place un nouveau système de gestion qui répartit les pêcheurs par
secteurs, en leur attribuant un quota annuel de pêche pour les poissons
de fond comme la morue, le haddock ou le flet. Si les pêcheurs dépassent
la limite autorisée pour une espèce, ils n'ont plus le droit de pêcher
les autres espèces. Murawski souligne que la mise en place d'un système
qui introduit des quotas de pêche stricts a eu un réel impact. Les
changements introduits par la Nouvelle-Angleterre ont d'autant plus
d'effet que près d'un tiers des espèces précédemment surexploitées
vivent au large de ses côtes.
Cependant,
l'impact économique des restrictions de la pêche est discuté, et ne
fait pas l'unanimité. Murawski avance que la fin de la surpêche aura
pour résultat des bancs de poissons en meilleure santé et une
reconstitution des stocks, et donc un bénéfice à terme pour la
communauté des pêcheurs de Nouvelle-Angleterre. D'autres estiment qu'il
s'agit d'un coup dur pour ces pêcheurs qui souffrent déjà - la flotte de
pêche, qui comptait encore 1200 navires au milieu des années 1990 n'en
compte plus que 580 aujourd'hui. Pour Brian Rothschild, professeur en
science et technologie maritime à l'Université du Massachussets à
Dartmouth, il s'agit d'une "victoire à la Pyrrhus", alors que les
autorités auraient pu rendre la loi plus flexible afin d'autoriser plus
de pêche sans pour autant mettre en danger les stocks. En refusant de le
faire, elles auraient alors inutilement empêché les pêcheurs de
profiter des bancs sains. " [Le nouveau système de gestion des quotas]
m'a ruiné" déplore Dave Marciano, 45 ans, pêcheur pendant trois
décennies au large de Gloucester (Massachussets). "On aurait pu mettre
fin à la surpêche en ayant plus de considération pour l'aspect humain de
la pêche."
Pour
Peter Shelley, avocat conseil à la Conservation Law Foundation, un
groupe environnemental, les problèmes de l'industrie poissonnière sont à
chercher du côté des années de surpêche, en particulier au cours des
années 1980, et pas du côté de la loi. "C'était une bulle. Les pêcheurs
ont vécu dans un monde déconnecté de la réalité, et [la surpêche] n'est
pas quelque chose de durable." déclare-t'il. "La fin de la surpêche est
un événement majeur [...] Je pense que nous allons commencer à voir
apparaître les signes d'un futur prometteur."
Pour en savoir plus : BE USA (2012)
Photographie : Coquillard sur la côte nord-est des USA (Wikipedia)
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