Qui aurait pensé que les côtes mauritaniennes privées de tout apport d'eau douce à l'exception des eaux du fleuve Sénégal à l'extrême sud, seraient propices à l'élevage des huîtres dans sa partie la plus désertique ?Un projet pilote, financé par la coopération allemande (GTZ), a permis de récolter cet hiver plusieurs milliers d’huîtres. Elevés dans la Baie de l’Etoile, près de Nouadhibou, dans le nord du pays, les coquillages présentent des qualités exceptionnelles.
« Semés en février 2008, les premiers naissains ont donné dix mois plus tard des huîtres pleines et généreuses. J’ai été extrêmement surpris de la vitesse avec laquelle nous avons pu obtenir des huîtres commercialisables, explique Eric Pannequin, consultant français depuis deux ans sur le projet, qui ajoute : A titre de comparaison, en Europe il faut en moyenne 24 à 36 mois pour produire une huître ».
Le phénomène d'upwelling (ou de remontée d'eau) qui assure à la Mauritanie des eaux parmi les plus poissonneuses d'Afrique, est aussi l'assurance de nutriments pour le développement du phytoplancton, le "fourrage naturel" des huîtres.
L'ostréiculture, une diversification à la pêche
Initié en octobre 2007, ce projet conchylicole a pour objectif premier de permettre une diversification de la production halieutique en Mauritanie. « La pression sur la pêche et plus spécifiquement sur les poulpes est énorme ici, indique Ahmed Chérif, partenaire local du projet et propriétaire de l'usine de poisson "PCA" à Nouadhibou . Si la culture des coquillages fonctionne, c'est-à-dire si elle permet de faire rentrer des devises, alors cette pression sur les ressources en poisson pourra diminuer.»
Fin 2009, le marché européen
Pour le moment, les huîtres n'ont pas l’agrément sanitaire pour être commercialisées en Europe. A partir de la fin 2009, les îles espagnoles des Canaries, situées à quelques encablures en avion de Nouadhibou, pourraient devenir la destination privilégiée des huîtres du désert.
Image GoogleEarth : Baie de l'Etoile (Mauritanie)
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