Dans ces deux articles, Stéphanie Bérubé explique les difficultés qu’ont les consommateurs canadiens à trouver du poisson de « chez eux » bien que le Canada soit un grand pays halieutique ; le poisson d’importation envahit les étals alors que le pays exporte les 3/4 de ses captures !
En épicerie, c'est la même chose, dit-elle. Beaucoup de poissons d'ici, mais souvent mal indiqués.
On croit peut-être qu'il y a peu de poissons canadiens sur le marché parce qu'on a en tête les espèces exotiques. C'est certain, explique Mme Lévesque, qu'il n'y aura jamais de mahi-mahi ou de tilapia ici, ce qu'elle appelle les «espèces de fin de semaine» parce que ce sont celles que les clients choisissent pour faire le souper du samedi soir, lorsqu'il y a de la visite.
Et le prix ?
Plus cher que les poissons qui viennent de Chine ou du Chili, répond Éric Vigneau, propriétaire de la poissonnerie Fraîcheur des îles, de la Rive-Sud. Mais la qualité ne se compare pas entre «les couronnes de crevettes qui goûtent l'eau» ou les «pétoncles gonflés, transparents et visqueux» qui se vendent à l'épicerie et ce que vous conseillera un bon poissonnier, dit-il.
«Moi, je préfère manger de l'excellent poisson une ou deux fois la semaine, plutôt que du mauvais poisson sept jour sur sept», confie Jill Lambert, auteure du livre A Good Catch qui donne des conseils pour faire des achats réfléchis à la poissonnerie. Elle a aussi demandé à des chefs canadiens renommés de lui concocter des recettes, en utilisant des espèces issues de la pêche durable. Et, sans se concerter, les chefs ont surtout utilisé des espèces locales. Même les cuisiniers des Prairies ont choisi des poissons de rivières.
Selon Éric Vigneau, en plus du concept de «kilométrage alimentaire» qui peut motiver les tenants de l'achat local, dans le cas du poisson, il y a aussi la fraîcheur. Un saumon chilien qui arrive jusqu'au Québec pour être fumé peut perdre en fraîcheur en route. D'autant que le saumon chilien est parfois élevé dans de piètres conditions, mentionne au passage M. Vigneau.
«C'est vrai qu'acheter le poisson est devenu très compliqué, soupire Jill Lambert. Il faut y aller étape par étape, mais ne pas se priver de choisir de bons poissons. Moi, je le vois comme une chasse au trésor!»
Conclusion : parlez à votre poissonnier, ne soyez pas timide et demandez d'où vient votre poisson. Et pour toutes les question éthiques, Jill Lambert conseille de consulter le guide de seachoice.org.
Les trois quarts des prises canadiennes sont exportés, surtout aux États-Unis. Une partie des produits de la mer fait encore le chemin jusqu'en Asie, surtout vers le Japon. «Est-ce que le Japon va acheter autant de hareng en 2009? demande Christian Brun. Rien n'est moins sûr.» Reste le marché canadien, où il y a effectivement place à l'amélioration. Car si la consommation de poisson a légèrement augmenté au Canada, celle des fruits de mer est en diminution depuis 2000. Et pour le poisson, la consommation par habitant est nettement sous les deux portions hebdomadaires recommandées par les professionnels de la santé. «Les gens prennent des capsules d'oméga 3 et oublient de manger du poisson frais, estime Christian Brun, qui croit que la crise économique fera inévitablement diminuer la consommation de poisson. Il faut que les consommateurs pensent à nous quand ils sont à l'épicerie. En plus, on a les meilleurs produits de la mer. «
Au Nouveau-Brunswick, la saison du homard a déjà commencé pour une partie des pêcheurs d'hiver. La plupart reprennent plutôt la mer en mars. «Il faudra voir le prix. S'il est sous le seuil de la rentabilité, plusieurs pêcheurs vont se demander s'ils iront en mer ou s'ils vont couper du bois avec leur frère.» Au Québec, la pêche au homard commence fin avril en Gaspésie et début mai aux Î les-de-la- Madeleine. Celle de la crevette et du crabe, un peu plus tôt. Selon Jean-Paul Gagné, président de l'Association de l'industrie de la pêche du Québec, la crevette risque aussi d'être en crise, à moins que son petit sceau «éthique» ne vienne la sauver. Car la crevette québécoise a obtenu en 2008 son accréditation de la Marine Stewardship Council, qui assure qu'elle a été pêchée selon des principes de pêche durable. Si, ici, le sceau est très peu connu du grand public, il commence à être très populaire en Europe. En Grande- Bretagne, certaines épiceries n'acceptent que des fruits de mer qui portent le sceau. Même les McDonald's anglais n'utilisent que du poisson certifié dans leurs sandwichs!
Il faudrait commencer à aquérir ce réflexe ici aussi, estime Jean- Paul Gagné. Pour relancer l'achat de produits de la mer, l'industrie de la pêche du Québec travaille aussi à mettre en valeur le marché local. Les pêcheurs sont en train de créer des campagnes de promotion audacieuses, pour rappeler que l'achat local existe aussi chez le poissonnier.
Source : Cyberpresse.ca
Les trois ports de pêche régionaux, La Côtinière, La Rochelle et Royan, produisent près de 10 000 tonnes de poissons et autres crustacés. La pêche côtière met sur le marché une large gamme de produits frais qui varie en fonction de la saison et qui peut être complété par les produits conchylicoles locaux (moule et huître). Nous avons un poisson très local, le maigre d’excellente qualité que très peu de consommateurs connaissent.
Un rapide calcul. Pour une population régionale de 2 millions d’habitants, chaque personne pourrait consommer en théorie 5 kg de poisson d’origine locale (la consommation moyenne française est de plus de 30 kg/individu/an). Pourquoi ne pas orienter la pêche locale sur ces marchés de proximité ?
Le mystère du poisson canadien
Les pêcheurs canadiens se sont beaucoup tournés vers l'exportation pour vendre leurs prises. Avec cette crise économique, ils aimeraient bien, maintenant, développer le marché, ici. Profiter de la sympathie qui existe pour l'achat local dans les productions terrestres et convaincre les consommateurs canadiens d'avoir le même élan chez le poissonnier.
Fort bien. Mais plusieurs lecteurs ont écrit pour savoir : où diable se trouve le poisson canadien ? Partout! répond Guylaine Lévesque, propriétaire de la Dorade Rose, avenue du Mont-Royal.
Ce n'est pas parce qu'on n'affiche pas «produit du Canada» devant les frigos qu'il n'y a pas de poissons locaux ici. On retrouve facilement de la morue, de l'aiglefin, de la sole de Terre-Neuve, dit la poissonnière. Du Québec, il y a les fameuses crevettes nordiques et des moules bleues, bien que la plupart des moules canadiennes viennent de Terre-Neuve. Le homard, en saison. Et en élevage, le Nouveau-Brunswick et la Colombie-Britannique ont du saumon. Il y a de la truite saumonée ontarienne et du doré du lac Winnipeg, énumère la commerçante, tout d'un souffle. «Ces espèces (locales) représentent environ 60% des ventes d'une poissonnerie», précise Mme Lévesque.
Ce n'est pas parce qu'on n'affiche pas «produit du Canada» devant les frigos qu'il n'y a pas de poissons locaux ici. On retrouve facilement de la morue, de l'aiglefin, de la sole de Terre-Neuve, dit la poissonnière. Du Québec, il y a les fameuses crevettes nordiques et des moules bleues, bien que la plupart des moules canadiennes viennent de Terre-Neuve. Le homard, en saison. Et en élevage, le Nouveau-Brunswick et la Colombie-Britannique ont du saumon. Il y a de la truite saumonée ontarienne et du doré du lac Winnipeg, énumère la commerçante, tout d'un souffle. «Ces espèces (locales) représentent environ 60% des ventes d'une poissonnerie», précise Mme Lévesque.
En épicerie, c'est la même chose, dit-elle. Beaucoup de poissons d'ici, mais souvent mal indiqués.
On croit peut-être qu'il y a peu de poissons canadiens sur le marché parce qu'on a en tête les espèces exotiques. C'est certain, explique Mme Lévesque, qu'il n'y aura jamais de mahi-mahi ou de tilapia ici, ce qu'elle appelle les «espèces de fin de semaine» parce que ce sont celles que les clients choisissent pour faire le souper du samedi soir, lorsqu'il y a de la visite.
Et le prix ?
«Moi, je préfère manger de l'excellent poisson une ou deux fois la semaine, plutôt que du mauvais poisson sept jour sur sept», confie Jill Lambert, auteure du livre A Good Catch qui donne des conseils pour faire des achats réfléchis à la poissonnerie. Elle a aussi demandé à des chefs canadiens renommés de lui concocter des recettes, en utilisant des espèces issues de la pêche durable. Et, sans se concerter, les chefs ont surtout utilisé des espèces locales. Même les cuisiniers des Prairies ont choisi des poissons de rivières.
Selon Éric Vigneau, en plus du concept de «kilométrage alimentaire» qui peut motiver les tenants de l'achat local, dans le cas du poisson, il y a aussi la fraîcheur. Un saumon chilien qui arrive jusqu'au Québec pour être fumé peut perdre en fraîcheur en route. D'autant que le saumon chilien est parfois élevé dans de piètres conditions, mentionne au passage M. Vigneau.
«C'est vrai qu'acheter le poisson est devenu très compliqué, soupire Jill Lambert. Il faut y aller étape par étape, mais ne pas se priver de choisir de bons poissons. Moi, je le vois comme une chasse au trésor!»
Conclusion : parlez à votre poissonnier, ne soyez pas timide et demandez d'où vient votre poisson. Et pour toutes les question éthiques, Jill Lambert conseille de consulter le guide de seachoice.org.
Stéphanie Bérubé
La récession est le meilleur moment pour manger du poisson
La semaine dernière, c'était des producteurs bios d'Europe qui craignaient de perdre leur marché ; maintenant, ce sont les pêcheurs canadiens qui sont dans le pétrin. Le lien ? La récession, qui a biffé des listes d'épicerie la viande certifiée biologique et le homard. «On s'attend à ce que 2009 soit une année très difficile «, prédit Christian Brun, de l'Union des pêcheurs des Maritimes, de Shediac, au Nouveau-Brunswick. Déjà dans le pas du homard, l'année dernière, les prix ont été très bas. Les fruits de mer, explique-t-il, sont des produits de luxe. «Les restaurants sont d'importants acheteurs de poisson, poursuit- il. Et pour eux aussi, les choses vont au ralenti. C'est une crise mondiale, qui touche tout le monde.»
Les trois quarts des prises canadiennes sont exportés, surtout aux États-Unis. Une partie des produits de la mer fait encore le chemin jusqu'en Asie, surtout vers le Japon. «Est-ce que le Japon va acheter autant de hareng en 2009? demande Christian Brun. Rien n'est moins sûr.» Reste le marché canadien, où il y a effectivement place à l'amélioration. Car si la consommation de poisson a légèrement augmenté au Canada, celle des fruits de mer est en diminution depuis 2000. Et pour le poisson, la consommation par habitant est nettement sous les deux portions hebdomadaires recommandées par les professionnels de la santé. «Les gens prennent des capsules d'oméga 3 et oublient de manger du poisson frais, estime Christian Brun, qui croit que la crise économique fera inévitablement diminuer la consommation de poisson. Il faut que les consommateurs pensent à nous quand ils sont à l'épicerie. En plus, on a les meilleurs produits de la mer. «
Au Nouveau-Brunswick, la saison du homard a déjà commencé pour une partie des pêcheurs d'hiver. La plupart reprennent plutôt la mer en mars. «Il faudra voir le prix. S'il est sous le seuil de la rentabilité, plusieurs pêcheurs vont se demander s'ils iront en mer ou s'ils vont couper du bois avec leur frère.» Au Québec, la pêche au homard commence fin avril en Gaspésie et début mai aux Î les-de-la- Madeleine. Celle de la crevette et du crabe, un peu plus tôt. Selon Jean-Paul Gagné, président de l'Association de l'industrie de la pêche du Québec, la crevette risque aussi d'être en crise, à moins que son petit sceau «éthique» ne vienne la sauver. Car la crevette québécoise a obtenu en 2008 son accréditation de la Marine Stewardship Council, qui assure qu'elle a été pêchée selon des principes de pêche durable. Si, ici, le sceau est très peu connu du grand public, il commence à être très populaire en Europe. En Grande- Bretagne, certaines épiceries n'acceptent que des fruits de mer qui portent le sceau. Même les McDonald's anglais n'utilisent que du poisson certifié dans leurs sandwichs!
Il faudrait commencer à aquérir ce réflexe ici aussi, estime Jean- Paul Gagné. Pour relancer l'achat de produits de la mer, l'industrie de la pêche du Québec travaille aussi à mettre en valeur le marché local. Les pêcheurs sont en train de créer des campagnes de promotion audacieuses, pour rappeler que l'achat local existe aussi chez le poissonnier.
Source : Cyberpresse.ca
Commentaire
Qu’en est-il en France ou plutôt à La Rochelle dans un port de pêche ? Il y a 15 jours pour recevoir mes convives, je leur proposai de manger du poisson. Un peu à court de temps, j’avance dans le supermarché à quelques pas de là avec l’intention d’acheter du poisson de la région « Vous n’avez pas du poisson de La Côtinière ? » - ce port de l’île d’Oléron est la référence en matière de pêche fraiche dans la région bien plus important maintenant que La Rochelle – « Non, pas aujourd’hui » me répond la poissonnière. Je parcours des yeux l’étalage de poissons pourtant bien achalandé de ce supermarché « Et ces blancs de calamar ? » Parmi tous les produits, ils étaient probablement l’exception Rochelaise. Pour ce supermarché qui appartient par ailleurs à l’enseigne du premier armement à la pêche français, peu importe l’origine des produits de mer.Les trois ports de pêche régionaux, La Côtinière, La Rochelle et Royan, produisent près de 10 000 tonnes de poissons et autres crustacés. La pêche côtière met sur le marché une large gamme de produits frais qui varie en fonction de la saison et qui peut être complété par les produits conchylicoles locaux (moule et huître). Nous avons un poisson très local, le maigre d’excellente qualité que très peu de consommateurs connaissent.
Un rapide calcul. Pour une population régionale de 2 millions d’habitants, chaque personne pourrait consommer en théorie 5 kg de poisson d’origine locale (la consommation moyenne française est de plus de 30 kg/individu/an). Pourquoi ne pas orienter la pêche locale sur ces marchés de proximité ?
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