Le groupe espagnol Pescanova vient d'ouvrir une nouvelle usine de conditionnement de crevettes à Chinandega au Nord-Ouest du Nicaragua. Cette usine équipée de la meilleure technologie a une capacité de production de 150 tonnes par jour pour un volume de stockage en chambres froides supérieur à 2000 tonnes. Elle emploiera plus de 2000 ouvriers.
Cette usine installée au coeur de la zone de production de crevettes d'élevage au Nicaragua, non loin du Golfe de Fonseca, haut lieu de la crevetticulture d'Amérique centrale, fait partie d'un complexe intégré parmi les plus importants dans le monde. Ecloserie, élevage et conditionnement d'une capacité annuelle de 30 000 tonnes de crevettes !
Pescanova a commencé à élever des crevettes en Amérique centrale dès 2004 par l'acquisition de Caminica et Serviconsa. En Equateur, le groupe a acquis Promarisco, le deuxième exportateur de crevettes du pays et El Rosario. Au Guatemala, Pesca SA et au Honduras, Novahonduras. En plus de la crevette, le groupe espagnol s'investit dans d'autres activités aquacoles : saumon au Chili, turbot en Galice et au Portugal,...
Pescanova est l'un des groupes de la filière pêche les plus importants dans le monde. Présidé par Manuel Fernandez de Sousa, le groupe de Vigo est présent dans 21 pays sur les quatre continents. En 2007, son chiffre d'affaires dépassait 1,2 milliards d'euros pour plus de 6300 employés.
Commentaire et analyse sur la crevetticulture dans le Golfe de Fonseca (Nicaragua) :
L’aquaculture de crevette fut initiée dans les années quatre-vingts dans le Golfe de Fonseca situé entre le Salvador, l’Honduras et le Nicaragua, attirant des investissements économiques d’une part mais posant une menace pour les écosystèmes de palétuviers et les activités économiques qui en dépendent d’autre part. Une dichotomie entre l’industrie de crevette et les populations locales fut établie, ne reflétant pas cependant la diversité de développements d’aquaculture existant dans la région – entre petites coopératives et grands complexes industriels. De plus, les diverses interactions entre l’aquaculture et les autres activités côtières ne sont pas analysées. Cette recherche mène, à travers l’intégration de plusieurs méthodologies et échelles d’analyse, à une compréhension plus nuancée des relations entre changements environnementaux, activités côtières et développement local d’aquaculture, utilisant la communauté de Puerto Morazán comme étude de cas. Les différentes méthodologies intègrent des analyses d’images satellitaires, de la cartographie SIG, des enquêtes statistiques de foyers et une participation directe dans la communauté de choix. L’étude démontre d’abord que l’aquaculture de crevettes affecte, directement, principalement les plages salines, générant cependant des changements indirects important dans l’écosystème côtier de palétuviers. Au niveau de la communauté, l’étude indique que les acteurs impliqués dans l’aquaculture de crevette sont plus avantagés en termes de revenus, capitaux et opportunités de vie. L’exemple de l’utilisation des lagunes saisonnières démontre ce point, étant donné que l’accès à ces sites de pêches privilégiés est contrôlé par une élite formée par les aquaculteurs de crevette locaux. Troisièmement, l’aquaculture a apporté une certaine richesse aux communautés, mais elle a aussi mené à une privatisation de zones côtières anciennement ouvertes à tous ; créant un écart socio-économique entre différents groupes. Au niveau régional, l’aquaculture de crevette locale est particulièrement vulnérable aux variations de marchés mondiaux et aux désastres naturels ; ce qui remet en question la durabilité à long terme de cette activité. Cette thèse avance le débat concernant les liens entre aquaculture de crevette, développement rural et écosystèmes de palétuviers en illustrant le rôle actif joué par les acteurs locaux et les dynamiques nuancées- incluant les changements d’utilisations du sol, démographiques, technologiques et biophysiques- générés par l’introduction de cette activité dans la région.
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