Vive polémique chercheurs - Greenpeace en Mauritanie
Une vive polémique a opposé lundi, lors d’un atelier sur l’exploitation éventuelle des praires en Mauritanie, des chercheurs de l’Institut mauritanien des recherches océanographiques et des pêches (IMROP) et des responsables du département des pêches, d’une part, et des activistes de Greenpeace soutenus par certaines ONG de la place, farouchement opposés à une pêche expérimentale de cette ressource halieutique.
L’atelier, coorganisé par Greenpeace, la coalition mauritanienne "Publiez Ce que Vous payez" et l’ONG "Mer bleue", a tourné à l’invective et à la remise en cause des déductions scientifiques sur l’impact d’une telle exploitation et même sur la réalité des réserves de praires en question. Pour les chercheurs de l’IMROP, la ressource existe en abondance et devrait faire l’objet d’une exploitation expérimentale sur trois ans pour connaître ses éventuels impacts environnementaux. Le volume des captures expérimentales ne devraient pas dépassé les 15.000 tonnes par an sur un potentiel permissible de 300.000 tonnes par an, rien que pour la variété de la praire "Venus Rosalina", estiment les chercheurs de l’IMROP, qui ont notamment fait part de mesures de précaution issues d’un premier atelier organisé en fevrier 2007 à Nouadhibou dont la mise en place d’un comité scientifique indépendant. Ce comité avait déjà été mis en place pour suivre de près une telle exploitation.
Quant aux activistes de Greenpeace, ils ont tenté de remettre en cause l’évaluation même du potentiel de praires faite sur la base d’une étude du professeur Mika Diop. Forts du soutien d'un économiste et universitaire canadien, Rachid Sumaila, qui a fait le déplacement de Nouakchott pour cet atelier, les activistes de Greenpeace, qui reconnaissent, par ailleurs, l’impossibilité pour eux de se prononcer sur les données réelles des stocks de praires en Mauritanie, estiment, par contre, que les exemples de pêche aux praires par le dragage hydraulique est à l’origine d’une véritable catastrophe dans la mer hollandaise de Wadden.
Plusieurs autres questions liées à l’impact commercial, économique et social lié à l’exploitation des praires ont été soulevés pendant ces débats souvent houleux entre les experts. Plusieurs organisations comme la Fondation internationale du Banc d’Arguin (FIBA), l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) ont pris part à cet atelier. Lors d’un premier atelier organisé en février 2007 à Nouadhibou par l’UICN et la WWF, des recommandations avaient porté sur une pêche expérimentale dans un premier temps, avant d’ouvrir une pêche commerciale aux praires. Cette dernière n’était cependant envisagée qu’après la réalisation d’une étude d’impact environnementale, économique et sociale indépendante et basée sur des informations fiables, et la définition de règles strictes et précautionneuses de gestion et de contrôle de cette pêcherie. Nouakchott - 18/11/2008
Source : Afrique en ligne
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