Au 19e siècle, un savant italien, Grassi, a découvert que le Leptocephalus brevirostris, poisson aplati et transparent capturé par plusieurs centaines de mètres de profondeur en méditerranée, jusqu'alors considéré comme une espèce à part entière, n'était en fait que la larve "leptocéphale" de l'anguille. Ainsi, pour la première fois, la démonstration était faite que l'anguille est un grand migrateur avec des phases marines et des phases continentales.
Quelques années plus tard en 1923, le savant Danois J. Schmidt découvrait que l'unique zone de ponte des anguilles se trouvait près des Antilles dans la mer des Sargasses. Depuis, les connaissances scientifiques sur les phases marines des anguilles n'ont pas beaucoup progressé.
Mais surtout, on connaît particulièrement mal la durée et le trajet des migrations des anguilles adultes quittant les eaux continentales européennes pour rejoindre la mer des Sargasses. Contrairement aux espèces plus grosses et respirant en surface (cétacés, tortues), on ne pouvait pas équiper les anguilles de balises Argos qui sont trop lourdes pour pouvoir être portées par des poissons de 2 kg tout au plus. D'autre part, les ondes radio ne traversent pas la masse d'eau et ne peuvent donc être transmises depuis les profondeurs marines auxquelles migrent les anguilles.
Récemment, des laboratoires américains ont mis au point des balises émettrices de petite taille, qui peuvent être disposées sur des poissons de petite taille. le dernier ajustement consistait à élaborer un système de largage permettant à la balise de remonter en surface d'où les informations pouvaient être envoyées aux satellites.
Le projet européen EELIAD, coordonné par le CEFAS, institut anglais sur la recherche en océanologie, vise à mieux connaître les phases marines des anguilles. Pour cela, le projet EELIAD prévoit d'équiper 200 anguilles avec des balises satellites largables. 100 d'entre elles en France et 100 en Irlande. Les balises sont programmées pour être larguées le 1er juillet prochain pour la moitié d'entre elles, et le 1er février 2010 pour les autres. A ce moment, les informations recueillies par des capteurs intégrés au cours du voyage des anguilles (t° et pression) seront envoyées, ainsi que la position géographique de surface, aux satellites du système Argos.
Pour la France, les anguilles marquées proviennent de la Loire où elles sont capturées par les pêcheurs professionnels d'anguilles argentées entre Tours et Ancenis. Une première série de marques ont été posées en collaboration avec des collègues du Danemark (Kim Aarestrup) de Norvège (Finn Ockland) sur 19 anguilles du 7 au 10 novembre 2008. Elles ont ensuite été transférées vers le large à bord du patrouilleur l'Iris.
Cette opération a été conduite avec succès, les anguilles ont été larguées au dessus de fonds de 100 mètres, à 70 km à louest de Saint-Nazaire, afin de se rapprocher du plateau continental".
Le 24 novembre 2009
Le mystère de la migration des anguilles partiellement résolu (BE)
La migration reproductrice des anguilles est l'une des plus impressionnantes en termes d'orientation et de distance. En effet, elle débute au large des côtes irlandaises, et se termine dans la Mer des Sargasses. Celle-ci est située au centre de plusieurs courants atlantiques, comme le montre la carte ci-dessous.
Cette migration reste un mystère sur de nombreux points. Cependant, grâce aux recherches menées par les scientifiques du projet EELIAD, financé par l'Union Européenne, la première étape de cette migration est enfin connue.
Kim Aarestrup, de l'Institut national danois pour les ressources aquatiques, et David Righton, du Centre pour les pêcheries environnementales et de sciences aquacoles, sont satisfaits. En collaboration avec de nombreux collègues, et grâce à l'utilisation de capteurs satellites, ils ont réussi à lever une part du mystère qui entoure la migration des anguilles : ils ont découvert ce qui se passe quand les anguilles quittent les côtes européennes en automne, c'est-à-dire pendant la première étape de leur voyage.....
Commentaires