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Le 17 novembre 2009
Manger du kangourou pour sauver la planète (Slate)
Adopter un comportement alimentaire sobre en carbone n'est pas vraiment simple.
En 1992, Stefanie Böge, une chercheuse allemande travaillant à l'Institut de Wuppertal pour le climat, l'environnement et l'énergie (Rhénanie du Nord-Westphalie), publiait une étude dans laquelle elle calculait la distance parcourue par l'ensemble des produits agricoles et industriels nécessaires à la fabrication d'un yaourt aux fraises commercialisé dans la région de Stuttgart. Si le lait et le sucre étaient d'origine locale, la confiture de fraise était produite à Aix-la-Chapelle, avec des fraises importés de Pologne; les pots en verre était acheminés de Neubourg (à une centaine de kilomètres de Stuttgart), les couvercles étaient fabriqués à Weiden, dans l'est du pays, à partir d'aluminium importé de Cologne; les cartons d'emballages provenaient d'Allemagne du Nord; la colle était fabriquée à Düsseldorf à partir de produits provenant de Hanovre et de l'étranger etc... Au total, d'après notre chercheuse, c'est pas moins de 9 115 kilomètres de transport qui étaient nécessaires à la production de ce yaourt aux fraises. Encore celui-ci ne faisait-il pas l'objet d'exportation...
La conclusion, désormais classique, était qu'une consommation éco-responsable passait par l'achat de produits régionaux et de saison, conditionnés par les agriculteurs ou les producteurs eux-mêmes et vendus directement au consommateur. L'idée est simple: diminuer le nombre de «kilomètres alimentaires» - c'est-à-dire nécessaires à la fabrication et à l'acheminement de notre nourriture - permet de réduire la pression exercée par notre alimentation sur l'environnement, et en particulier son empreinte carbone.
L'idée est simple mais, si l'on s'en tient à cette dernière dimension (les émissions de gaz à effet de serre), elle est fausse. Ou à tout le moins grandement incomplète. D'abord parce que la distance parcourue n'est pas le principal paramètre à prendre en considération pour évaluer l'empreinte carbone associée aux «kilomètres alimentaires». Celle-ci dépend en grande partie des moyens de transport utilisés - leurs émissions respectives de CO2 étant très variables. Ainsi, selon l'Observatoire bruxellois de la consommation durable, le transport par bateau est responsable du rejet de 15 à 30 grammes de CO2 par tonne/km, le transport ferroviaire de 30 grammes de CO2 environ, le transport routier de 210 à 1 430 grammes (et davantage si le camion est réfrigéré) et le transport aérien enfin, de 570 à 1 580 grammes. Ainsi, un Américain résidant dans l'est des Etats-Unis et soucieux de réduire l'empreinte carbone de son alimentation, achètera-t-il de préférence des vins français, transportés par bateau, que des vins californiens, acheminés par la route...
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