Estelle Bastien / 9 septembre 2012
Le Ruanglap Charoench 1, bateau battant pavillon thaïlandais, a été surpris en flagrant délit de pêche illégale au banc de Nazareth, situé à 800 km au nord de Maurice, le dimanche 9 septembre dernier. Il a été arraisonné et est attendu au port ce jeudi.
La Commission de l’océan Indien (COI) a fait appel au patrouilleur français Osiris pour mission de surveillance qui avait démarré le 6 septembre dernier. Aidé par un avion de la National Coast Guard, ce navire se dirigeait vers le banc de Nazareth. Cette région de l’océan Indien est réputée comme étant très poissonneuse. En cette période de l’année, elle est peu fréquentée puisque les bateaux mauriciens ne s’y aventurent pas à cause des mauvaises conditions de navigation.
Cette zone est particulièrement exposée à la pêche illégale. « Le banc constitue un site exceptionnel, long de plus de 240 km et large de 150 km. Il est très exposé aux activités illégales étant très proche des eaux internationales et très difficile d’accès. Mais il est aussi riche en poissons à haute valeur ajoutée qui sont aussi fragiles car contrairement aux thons, ils ne se déplacent pas », précise le secrétaire général de la COI, Jean-Claude de l’Estrac.
Le patrouilleur Osiris effectuait un contrôle sur un navire taïwanais suspect le dimanche 9 septembre à proximité du banc de Nazareth. A 11h50, l’avion de la National Coast Guard a signalé un navire en campagne de pêche. En début d’après-midi, le Ruanglap Charoench 1 a été pris en flagrant délit de pêche illégale par le patrouilleur. Durant la soirée du dimanche au lundi soir, le bateau thaïlandais a tenté de prendre la fuite.
«Dans des conditions très difficiles, l’équipe d’inspection a pu se rendre au contact du navire sans pouvoir monter à bord. Elle a pu relever son nom et identifier son pavillon thaïlandais. Après négociations, le capitaine du navire de pêche illégale a accepté l’arraisonnement et son déroutement vers Port-Louis sous escorte du patrouilleur Osiris », souligne Xavier Nicolas, coordonnateur du plan régional de surveillance des pêches à la COI.
Il faut dire que cela fait bien des années que Maurice détient des informations sur des activités illégales dans l’océan Indien, précisément au banc de Nazareth. Mais le directeur attaché au ministère de la Pêche, Daroomalingum Mauree, soutient que le gouvernement n’a pu agir, faute de moyens.
«Certains opérateurs nous avaient déjà informé de la présence de navires dans cette région qui péchaient illégalement. C’est d’ailleurs l’information que j’ai transmise à la COI dans le cadre de cette mission qui a été un succès », soutient Daroomalingum Mauree.
Le Ruanglap Charoench 1 est attendu à Port-Louis, le jeudi 13 septembre. Les coupables seront jugés à Maurice.
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Pillage des eaux mauriciennes au détriment de la pêche artisanale de l'archipel !!!
Jean-Claude de l’Estrac (COI) : « Nazareth, zone de pêche stratégique pour Maurice » (Le Mauricien)
Le secrétaire général de la Commission de l’océan Indien (COI), Jean Claude de l’Estrac, a fait ressortir, hier, lors d’une conférence de presse, à Ebène, que bien que très éloigné de Maurice, le banc de Nazareth constitue une zone poissonneuse d’espèces auxquelles les Mauriciens sont très attachés. « Elle constitue une réserve pour la sécurité alimentaire de l’île et de toute la région », a-t-il déclaré, après l’arraisonnement d’un navire de pêche thaïlandais, le Ruanglap Charoench, surpris en flagrant délit de pêche illégale, dimanche, par le patrouilleur français Osiris sur ce banc de pêche. Le navire est actuellement escorté vers Port Louis.
Selon M. de l’Estrac, une surexploitation des stocks de poissons tels que le sacréchien ou la carangue aurait des effets irréversibles à très long terme par manque d’approvisionnement sur les étals à Maurice. « Les prix du poisson vont augmenter pour les Mauriciens, tout particulièrement pour les espèces qu’ils affectionnent le plus. Ces poissons sont aussi appréciés dans les autres pays de la COI », dit-il. Contrairement aux thonidés, ces poissons ne sont pas migrateurs et la surexploitation illégale aurait des conséquences irréversibles à long terme sur l’emploi des pêcheurs mauriciens qui sont plusieurs centaines à pêcher sur les bancs. Jean Claude de l’Estrac a plaidé en faveur de cette industrie semi-artisanale de pêche à la ligne qui doit donc être protégée. Les ressources halieutiques sur les bancs sont très importantes pour Maurice mais sont fragiles et très exposées à la pêche illégale, compte tenu de leur haute valeur et de la proximité immédiate des eaux internationales où les navires illégaux peuvent se réfugier.
Le banc de Nazareth, situé en zone exclusive mauricienne, à 800 km au nord, constitue un site exceptionnel, long de plus de 240 km et large de 150 km. Il est très exposé aux activités illégales car très proche des eaux internationales et très difficile d’accès. Il est aussi très riche en poissons à haute valeur ajoutée
M. de l’Estrac a souligné que la période d’hiver austral est la plus propice à la pêche illégale sur les bancs. « Au nord-ouest de l’océan Indien, le risque de piraterie est trop fort pour que les bateaux illégaux aillent s’y aventurer, et au sud, où se trouve actuellement la majeure partie de la flottille, les conditions de mer sont trop extrêmes pour les navires de moins de 30 mètres. Il leur reste donc la zone des bancs où malgré les alizés les conditions de mer restent acceptables. La tentation est d’autant plus forte qu’en hiver, la plupart des bateaux mauriciens se limitent à la zone de St Brandon à cause de l’état de la mer. Les bateaux illégaux peuvent donc opérer sans être vus », dit-il. D’autres opérations de la COI seront conduites tout au long de l’année avec le soutien financier de l’Union européenne. Les zones les plus éloignées et inaccessibles où les analyses font apparaître un fort risque de pêche illégale seront ciblées.
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L’Osiris arraisonne un navire de pêche illicite (Clicanoo)
La lutte contre la pêche illégale dans l’océan Indien est un véritable enjeu économique et de protection de la ressource. Ce genre d’activités illicites est encore bien présent dans la région. Pour preuve le coup de filet réussi par le patrouilleur Osiris. Le navire français, engagé dans une opération de surveillance des pêches financée par le programme dédié de la Commission océan Indien (COI), a arraisonné lundi matin un navire thaïlandais pris en flagrant délit sur le banc de Nazareth, à 440 milles au nord-est de Maurice.
Dimanche, l’Osiris, en plein contrôle d’un navire taïwanais suspect, a été prévenu par l’avion des garde-côtes mauriciens. Ce dernier a repéré le navire, sans aucun pavillon ni nom apparent, en pleine action de pêche. Le patrouilleur français s’est aussitôt dérouté. Il est arrivé sur zone vers 17 h Mais les creux de 6 m et la tombée de la nuit n’ont pas permis aux contrôleurs des pêches de procéder aux vérifications d’usages.
Plus d’opérations coup-de-poing
À 22 h, le Ruanglap Charoench avait terminé de relever son filet, long de plusieurs kilomètres. Sans crier gare et tous feux éteints, il a pris la fuite malgré l’avertissement de l’Osiris. La course-poursuite, émaillée par plusieurs manœuvres d’intimidation de la part du navire pirate, s’est achevée à 7 h du matin lundi. Le fuyard ayant décidé d’y mettre un terme. Après négociations, son capitaine a accepté l’arraisonnement et son déroutement sur Port-Louis sous escorte où il est attendu d’ici à demain.
Le convoi se poursuit sous tension. À plusieurs reprises, le bateau thaïlandais a stoppé ses machines, faisant craindre une nouvelle tentative de fuite. Le navire arraisonné se servait d’un camouflage électronique pour brouiller les pistes. Le système d’information automatique identifiait ce bateau sous le nom de Onwa 1 255… Rien à voir avec le nom peint sur sa coque. Ni les tonnages en cale, ni la composition de l’équipage et encore moins le nom de l’armateur n’ont encore été communiqués, mais le capitaine risque une amende et la saisie du bateau. Pour la COI, qui vient de relancer le plan régional de surveillance des pêches grâce à une rallonge financière de l’Union européenne, se félicite de cette opération qu’elle qualifie de "coup-de-poing". Elle en promet d’ailleurs d’autres dans les zones les plus exposées à travers les 5,5 millions de km2 d’océan à surveiller dans les cinq pays qui la compose dont Agalega ou Rodrigues. Le programme régional de surveillance des pêches, financé à 75 % par l’Union européenne qui met au pot 12 millions d’euros de 2007 à 2014, a déjà à son actif 31 missions, 900 jours de patrouille en mer, 330 contrôles et 8 arraisonnements. Chassés du nord-ouest de l’océan Indien par les pirates somaliens, les bateaux de pêche illégale seraient de plus en plus tentés par les bancs riches (rouge, carangue, sacréchien…) et proches des eaux internationales au nord de Maurice.
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