Les pêcheurs artisans d’Amérique Latine réclament leurs Droits

Lors de la conférence de la FAO à Bangkok d'octobre 2008, les pêcheurs artisans d’Amérique Latine ont fait une déclaration pour réclamer plus de droits humains, sociaux et économiques et pour assurer les conditions requises d’une pêche durable et la garantie des droits d’accès à la ressource. Ils revendiquent aussi pour assurer des bénéfices post captures aux pêcheurs artisans et à leurs communautés. (Déclaration de l’atelier de Punta de Tralca Chili, 4-8 Août 2008)

Les participants aimeraient insister auprès de la FAO sur le fait que les pêcheurs artisans, hommes et femmes, les peuples indigènes, et les communautés de pêcheurs traditionnels sont des gens qui ont leur propre territoire, leur propre culture et leurs propres activités économiques basées sur des activités liées à la pêche constituant la base de leur identité, ainsi que de leurs moyens d’existence; ils ont des droits d’accès à la ressource, et ils ont la garantie de jouir des bénéfices après récolte, de contribuer à nourrir les régions voisines, et d’alimenter les marchés extérieurs.
Nous considérons qu’une exploitation durable de la ressource halieutique est mieux assurée par les pratiques de la pêche artisanale. La culture de la pêche artisanale devrait donc être renforcée, grâce à un soutien au développement de la pêche basée sur des pratiques responsables et éthiques, et une gestion durable de la ressource. La définition de ce qu’on entend par pêcheurs artisans, pêche artisanale, et communautés de pêcheurs artisans devrait correspondre aux réalités de chaque pays, étant donné que la pêche artisanale est une expression socioculturelle et pas simplement une forme d’emploi.
Nous soutenons l’idée que les ressources aquatiques sont propriété commune, et nous nous opposons à la privatisation des droits à la ressource dans un environnement aquatique. Les droits des pêcheurs artisans, des peuples indigènes, des femmes, et des communautés locales qui dépendent des ressources des eaux littorales et continentales, ainsi que la durabilité de la ressource devraient être sécurisés et sauvegardés.
Allouer des droits d’accès et d’utilisation de l’environnement aquatique à d’autres ne devrait pas mettre ces droits en danger. Les droits de pêche devraient être compris comme des droits collectifs et ne devraient en aucune façon mettre en danger les droits des pêcheurs artisans, ou générer des divisions au sein de leur communauté. Par-dessus tout, on devrait pouvoir garantir au secteur de la pêche artisanale Latino-Américaine le droit de se développer et de décider de son propre avenir.
L’application d’outils de gestion des pêches basés sur les droits ne devrait pas mettre en danger les droits d’accès et l’utilisation des ressources halieutiques des communautés de pêcheurs artisans, ou encourager la surexploitation, comme cela a été le cas dans l’application des quotas individuels transférables (QIT).
Nous rejetons les QIT, qui ont des impacts environnementaux, sociaux et économiques importants. Ils mettent les communautés de pêcheurs artisans et leurs moyens d’existence en péril, et représentent un système d’allocation de droits à la ressource totalement inéquitable.
Les participants appellent à une vision de développement économique en Amérique Latine basée sur une série d’objectifs et de valeurs beaucoup plus larges. Le modèle que les pays qui contrôlent l’économie mondiale essaient d’imposer doit être combattu, étant donné les implications conséquentes qu’il peut avoir sur les activités liées à la pêche, et sur les droits d’accès des communautés de pêcheurs et des peuples indigènes ainsi que des peuples d’origine africaine. Ces pays devraient être informés et devraient respecter les systèmes d‘utilisation de la
ressource halieutique mis en oeuvre par les pêcheurs artisans dans le monde.
La mondialisation qui est essentiellement basée sur le commerce menace la survie des communautés en imposant un tel modèle de développement économique. La gestion des pêches doit répondre aux effets négatifs d’une demande excessive générée par la mondialisation par rapport aux capacités naturelles. Les mareyeurs, les transformateurs, les consommateurs devraient être informés et se plier aux conditions exigées par une gestion et une utilisation responsables de la ressource.
Source : Droits du jour du 15 octobre 2008 (Newsletter de la Société civile à la conférence de la FAO à Bangkok sur la pêche à petite échelle)

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