France : position de la Confédération Paysanne sur la crise ostréicole

Communiqué de presse - 23 juil 2008
Ces dernières semaines, depuis fin mai, des mortalités importantes ont été constatées sur du naissain et des juvéniles d'huîtres non seulement sur toutes les côtes de France mais semble-t-il aussi à l'étranger. Ce phénomène, encore inexpliqué, plonge les entreprises ostréicoles dans de grandes difficultés qui confinent, pour certaines, au désastre économique.
La Confédération Paysanne s'associe aux efforts déployés pour enrayer la crise grave que subit la profession ostréicole.

Les "Naisseurs" sont les plus touchés, mais toute la filière d'élevage est impactée. En 2010, la production nationale devrait ainsi être amputée de 50 %, avec des charges et des remboursements d'emprunts qui seront toujours les mêmes.

Mais, au delà de la résolution des problèmes graves de cet instant, il faut bien réfléchir à ce qui les a créés et amplifiés :
  • La profession ostréicole s'est lancée depuis plusieurs décennies dans une course folle à la productivité poussée en cela par des prix de vente sans réelle progression.Il s'agissait de produire plus et plus vite pour compenser le manque à gagner dans les entreprises. La fraction financière du bénéfice qui autrefois servait au fonds de sécurité a été sacrifiée pour pouvoir rentrer dans les négociations avec les centrales d'achat des grands distributeurs. Aujourd'hui, les entreprises ostréicoles en sont à espérer des aides de la collectivité pour assurer leur survie. La grande distribution empoche, les contribuables payent, voila le résultat.
  • Pour produire plus, de nouvelles zones de production ont été ouvertes, la production augmentant, les prix de vente sont déstabilisés. Voici le cercle infernal créé. Les prix baissent du fait des distributeurs, pour compenser, on produit plus ce qui entraîne une chute des prix...etc.
  • Pour produire plus vite, IFREMER et les écloseries développent une huître stérile dont le temps d'élevage, et théoriquement les coûts de production, sont divisés par deux. Une partie des producteurs abandonne l'ancien cycle de production de 4 ans et élimine les stocks tampons dont on leur explique qu'ils coûtent chers. Mais ce type d'élevage est très pointu, qu'un problème survienne et la machine s'arrête net. La formule 1 qui sort de la route faite pour elle, est bloquée par une simple motte de terre. Ces producteurs sont en grandes difficultés.
  • L'autre sujet d'inquiétude avec les écloseries (elles se comptent pour les françaises sur les doigts d'une main), c'est le manque de transparence dans leurs pratiques et surtout leur capacité à diffuser un éventuel agent pathogène puisqu'elles fournissent tous les bassins. Elles sont fortement soupçonnées par les professionnels d'être à l'origine de la crise actuelle.
  • L'ostréiculture est aussi fragilisée par les investissements énormes que nécessitent les méthodes de production "modernes". Les cages en eaux profondes, les "long lines" ne peuvent être exploitées que par des embarcations dont le coût est 3 à 4 fois supérieur à celui des chalands traditionnels. A cela, il faut ajouter le prix de ces nouvelles installations et l'on comprend vite qu'il faut raisonner en amortissement de longue durée. Evidemment, quelque soit le contexte, les banques demandent les annuités d'emprunts.....

Tous ces sujets sont toujours très discutés par la grande majorité des ostréiculteurs (venant d'entreprises artisanales et familiales) qui se sentent poussés vers une industrialisation qu'ils ne souhaitent pas. Malheureusement, il semble que cela soit la voie choisie par le ministère et les instances européennes.

Commentaires

Anonyme a dit…
Bonjour,en effet les petites structures ostréicoles souvent familiales ne souhaitent pas s'engager dans cette industrialisation forcenée proposée par des écloseries, dont le but n'est pas uniquement de faire sortir l'ostréiculture du moyen âge, comme certains le prétendent mais bien de faire de l'argent sur le dos des ostréiculteurs qui ont mordu à l'hameçon d'une proposition de rentabilité soi-disant supérieure. En effet, en proposant des naissains d'huîtres, notamment triploïde avec la promesse d'une huître commercialisable en 18 mois au lieux de 36, beaucoup ont cru à la poule aux oeufs d'or!!!! Ils n'ont pas réfléchi au fait d'être dépendant d'une structure commerciale pour élever, à l'argent "foutu en l'air" en cas de mortalité!!! Forcément, si l'état suit derrière, mais faut pas croire l'état ne remboursera pas tout!!! Certains ont voulu jouer, et nous faire passer pour des arriérés,mais aujourd'hui, si nous aussi nous avons perdu du stock, nous n'avons cependant pas perdu d'argent. Nous devons faire partie des professionnels qui demandons le moins d'argent public. Alors à quand le retour au bon sens? J'ose espérer que le mouvement est en marche. Certains, nous en faisons partie, ont eu besoin de cette crise de mortalité pour prendre conscience que nous avions un savoir-faire, une certaine éthique. Nous nous sommes structurés pour accéder à des instances de décision et faire entendre une autre voix de l'ostréiculture. Alors maintenant c'est à nous de jouer, c'est à nous de nous bagarrer pour ne pas reproduire les erreurs de l'agriculture. Mais c'est aussi aux consommateurs de bien choisir ce qu'ils veulent. Une huître issue du captage naturel, c'est une huître qui est en lait au printemps et en été, c'est une huître qui est est maigre lorsqu'elle a délaité, c'est une huître qui a besoin de quelques semaines pour se remplir. Mais c'est aussi une huître qui n'a pas besoin de la main de l'homme pour se reproduire!!!! Alors qu'est-ce que vous préférez? A vous de jouer. Parfem