Quatre saisons après, l’huître immortelle !

On savait l’huître aphrodisiaque, pourvue d’une vigueur hybride, mais immortelle, non ! Pour la qualité première, je laisse chacun juge. Pour la vigueur hybride, nous en parlerons prochainement avec des chercheurs californiens ; c'est aussi l'« Huître des 4 saisons ». Pour l’« immortelle », je me réfère au compte-rendu de Philippe Baroux publié le 18 septembre 2009 dans Sud-Ouest après la réunion des responsables de l’ostréiculture française à l’Aquarium de La Rochelle.

« L'avenir de l'ostréiculture française est suspendu à la découverte d'une huître résistante aux causes actuelles de mortalité massive. C'est aujourd'hui, à Paris, que le Comité national de la conchyliculture décidera des modalités du programme de recherche qui débute.

L'idée a été émise après un deuxième été de très fortes pertes sur le cheptel d'un an. Le président du Comité national, Goulven Brest, annonce un taux de 70 %, pour la période comprise entre mai et aujourd'hui. Le plan d'action qui doit être officialisé dans la journée a été peaufiné en début de semaine à La Rochelle. Les représentants de l'ensemble des centres de production français (la Méditerranée exceptée) s'y retrouvaient pour discuter des prix en début de campagne de commercialisation, mais aussi de leur avenir, qui passe désormais par l'identification et la reproduction d'une famille « immortelle » et provenant du milieu naturel. Des rencontres ont déjà eu lieu avec des scientifiques, et des visites ont été organisées dans les centres techniques et les écloseries de Vendée et Charente-Maritime, les spécialistes du naissain. »

Un retour aux sources d’huîtres japonaises ?

Face aux mortalités massives de naissain, les responsables de l’ostréiculture sont à la recherche d’une huître résistante en provenance du Japon ou d’Australie. Une souche d’huître issue du milieu naturel plutôt que de la manipulation en écloserie.

Après le développement des huîtres triploïdes depuis le début des années 2000, il s’agit là d’un recentrage de l’ostréiculture sur ses fondamentaux. Les pertes plus importantes de naissain « artificiel » ces deux dernières années ont fait pencher la balance du côté de l’identification et la reproduction d’une huître résistante en provenance des gisements naturels. Au 31 août 2009, les taux de mortalités cumulés depuis début mars varient selon les centres ostréicoles de 40 à 100% pour le naissain triploïde contre 20 à 54% pour le naissain de captage naturel selon l’Observatoire conchylicole de l’Ifremer. L’huître 3n qui devait booster la production ostréicole nationale, ne survit pas au bloom printanier. Un comble pour cette huître dite « Huître des 4 saisons » !.

Cependant, le retour aux sources laisse plutôt perplexe, 40 ans après la réussite de l'opération "Résur" (importation massive de naissains et de géniteurs de Crassostrea gigas à partir du Japon et de Colombie Britannique pour remplacer l'huître portugaise décimée). Il relève plus du désespoir ou de la fuite en avant que d’une stratégie de développement. Cette huître « immortelle » ne représenterait-elle pas le trésor imaginaire caché en haut du Mont Fuji, au milieu des îles nippones ?

Lisez les deux articles parus dans "Le Télégramme" : Morbihan en eaux troubles et dans "Ouest France" : Morbihan : Trop d'herbicides dans les eaux de surface. Un exemple parmi d'autres. Comment poursuivre la culture des huîtres dans des eaux toujours plus troubles, à moins d'imaginer l'ostréiculture dans des bassins artificiels comme ceux d'un aquarium (de La Rochelle) !
Suite 2e partie

Autres articles :

Autre information :

Mollusques bivalves : Conditions d’introduction en Aquaculture (CCPA)

Le représentant de l’EMPA renvoie au plus grand niveau de mortalité des huîtres C. gigas ces dernières années. Il propose trois solutions possibles pour maintenir la population :
a) l'introduction de différentes sous-espèces de C. gigas de pays tiers ;
b) des essais d'hybridation entre différentes espèces étrangères d'huîtres ;
c) l'introduction d'espèces exotiques d'huître qui sont localement absentes.
Il demande à la Commission sous quelles conditions ces différentes hypothèses pourront être considérées.

Le représentant de la Commission (DG MARE) clarifie les termes du règlement (CE) n°708/2007 et fait principalement référence aux articles 3 et 4 de ce règlement qui s'appliquent aux espèces de l'annexe IV. Elle ajoute que les États membres pourront prendre des mesures visant à restreindre l'introduction même si l'espèce est dans l'annexe IV et suggère un contrôle de la législation nationale. En ce qui concerne l'hybridation, elle dit que le règlement considère les espèces fertiles résultantes comme des espèces étrangères et ainsi le règlement s'appliquerait normalement. Néanmoins, l'approbation possible de l'introduction et les conditions associées relèvent du Comité consultatif (États membres) et de l'autorité compétente selon la procédure définie dans le règlement.

Un autre représentant de la Commission (DG SANCO) décrit les conditions de l'importation de C. gigas de pays tiers :
a) le pays tiers doit être sur la liste prévue dans la législation. Cela signifie que le pays doit remplir plusieurs conditions générales en ce qui concerne la capacité des services aquatiques de santé animale ;
b) le pays tiers doit être en mesure de signer le certificat sanitaire approprié pour confirmer la situation appropriée de la santé du pays. Il souligne qu'actuellement seuls les États-Unis (certaines régions) sont énumérés comme pays tiers autorisé à exporter des mollusques pour qu’ils soient ensuite élevés. Néanmoins, à cause d'une présence significative de la maladie aux Etats-Unis, les autorités américaines ne sont pas en mesure de signer le certificat sanitaire approprié pour les envois originaires des régions touchées.
Il ajoute que Maroc et Canada sont inclus dans le programme d'inspection de DG SANCO pour 2010 et, si les résultats des inspections sont satisfaisants, ces pays pourront être autorisés à exporter des mollusques pour qu’ils soient ensuite élevés dans la Communauté. Il demande aux participants de fournir toute information sur les pays tiers qui pourraient être susceptibles d’exporter cette espèce d'huître.

Le président demande à EMPA de prendre contact avec la Commission sur cette question. Les autres représentants des mollusques et crustacés soutiennent l’EMPA.

Source : Compte-rendu succinct de la réunion du groupe de travail II (Aquaculture) du Comité Consultatif sur la Pêche et l’Aquaculture du 3 juin 2009

Le 11 novembre 2009 : Une huître immortelle et parfaite !

Vendée - Un laboratoire pour trouver l'huître parfaite (Ouest France)
L'inauguration a été précédée d'une visite des laboratoires menée par le biologiste Gildas Gautier, recrue de la SFC.
Les locaux de la Sélection française de l'huître (SFC) ont été officiellement inaugurés hier sur l'île de Noirmoutier. Ce laboratoire permettra de sélectionner des souches d'huîtres plus résistantes.
Quatre des huit écloseries que compte la France se sont regroupées en SAS (société par actions simplifiées) pour créer la SFC, implantée sur le territoire de la commune de l'Epine, juste après « l'Etier des 3 coëf ».
Ces quatre « mousquetaires » sont trois écloseurs vendéens (Vendée Naissain, France Turbot, Sodabo) et un écloseur normand (Satmar, dans la Manche). Ordinairement concurrentes, ces entreprises sont solidaires sur ce dossier qui est celui de la survie d'une profession. C'est dire l'enjeu de cette mission de longue haleine pour laquelle près de 3 millions d'euros ont été investis sur 5 ans, avec l'embauche d'un biologiste. Des aides publiques sont actuellement à l'étude, avec l'appui du CNC (Comité national conchylicole). « C'est certes en discussion mais rien n'est concret. Nous restons 100 % privé à ce jour », prévient prudamment le patron de Vendée Naissain Stéphane Angeri, président de la SFC.

L'urgence de la situation
But de la SFC : effectuer un travail de sélection à partir de 480 familles d'huîtres (mâle et femelle) issues du milieu sauvage. Ces familles feront un naissain qui sera répertorié et remis en mer pour suivi de comportement. Le biologiste recruté, Gildas Gautier, sera alors épaulé par le Sysaaf (syndicat avicole et aquacole de sélection), organisme référent qui établira un nouveau plan de sélection. Et d'ici 4 à 5 ans, en trois générations, une huître aux « caractères de survie » devrait voir le jour.
« Cette sélection n'est pas simple à mettre en route. Car il nous faut éviter la consanguinité en respectant la variabilité génétique, poursuit Stéphane Angeri. Jamais il n'y avait eu une sélection d'une telle envergure, mais on sait que c'est comme ça que ça marche ».
Il faut noter que le président de la Section d'Arcachon et le vice-président de la Section de Marennes-Oléron étaient présents à cette inauguration. Ainsi que Jacques Sourbier, président de la Section Vendée-Atlantique qui devait se réjouir que la profession « s'engage fortement dans cette volonté de sélection génétique. Mais elle nécessite un certain temps et nous devons faire face au très court terme de ces trois années à venir ». Philippe GILBERT.

Le 21 novembre 2009

Des "moules des quatre saisons" en France ? L'idée n'est pas sans danger (Le Monde)
Après les huîtres, bientôt des moules triploïdes dans nos assiettes ? Selon nos informations, l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer) vient de déposer un brevet intitulé "Obtention de mollusques bivalves tétraploïdes à partir de géniteurs diploïdes". Derrière cet énoncé barbare se cache la poursuite des investigations "dans le but de caractériser les performances biologiques des moules triploïdes dites "chimiques", obtenues via une induction chimique à partir de géniteurs diploïdes, et des moules triploïdes dites "naturelles", issues du croisement de femelles diploïdes et de mâles tétraploïdes".

En clair, il s'agit de créer une "moule des quatre saisons", produite et vendue toute l'année (aujourd'hui, la période de maturation/ponte s'étale de février à mai) afin d'en limiter l'importation (40 000 tonnes par an)....

Le 19 janvier 2010 : Communiqué

Lundi 11 janvier 2010 s’est tenue l’assemblée plénière à la SRC Bretagne sud :
N’ayant pas été actée dans le procès verbal du 26 novembre 2009 (sans doutes un oubli) !! la question de l’origine exact de « OSHV1 » a été reposée à l’assemblée et à monsieur Bédier directeur de l’institut ifremer à La trinité sur mer :

Après avoir déclaré le 26 novembre que l’origine du virus OSHV1 avait été détectée en premier sur des huîtres sauvages de Fouras (17) monsieur Bédier a reconnu le 11 janvier 2010 s’être trompé … et a confirmé que la première fois que des scientifiques d’ifrémer avaient détecté ce nouveau virus c’était sur un lot de naissains en provenance direct d’une écloserie (de toutes les façons il y avait des fuites depuis quelques temps au sein d’ifremer quelqu’un ayant lâché l’info…) ! je ne la nommerai pas ici car cette même écloserie travaille maintenant à l’élaboration de l’huître résistante …..

Quinze ans sans l’avoir su je trouve cela tout simplement dégeulasse !

Quand je vois de la publicité pour une écloserie disant « bien faire et laissez dire « je souhaiterai un peu plus de modestie car maintenant que la profession est flinguée il pourrait écrire « rien dire et laissez faire » !!!! en tous cas c’est terminé le travail sur les huîtres poussantes maintenant c’est » résistantes » et en vitesse !!

Ifremer nous parle de causes multifactorielles concernant les mortalités mais dans le même temps il trouve « OSHV1 » dans quasiment tous les lots de naissains ayant des mortalités alors quand serait-il aujourd’hui si ce virus n’avait pas trouvé son chemin dans un fond de bassine en écloserie ?

Donc maintenant, après toutes ces années sans surveillance ! un protocole de suivie sanitaire est peut être enfin en train d’être mis en place, pouvons nous espérer un peu plus de transparence de tout les intervenants qui gravitent autour de notre profession

Que l’ensemble des écloseurs considère qu’une nouvelle erreur au sein d’une écloserie leurs serait fatale également !!

Messieurs les écloseurs , merci d’arrêter de tamiser les larves d’huîtres !! la biodiversité en prend un coup à chaque fois !! et que même pour vous, il est préférable de produire moins mais plus longtemps.

Félicitations aux mytiliculteurs qui au regard de la situation dramatique en ostréiculture refusent en bloc l’introduction de moules triploïdes sur toutes les concessions de France et considèrent que la nature a jusqu’à aujourd’hui largement suffit à leurs besoins ….

je profite pour saluer tous les collègues ostréos-trads

Olivier Mahé

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