"Mercury in fish", Mercure dans le poisson

Ce nouveau rapport « Mercury in Fish » (le mercure dans le poisson) nous rappelle les risques liés à la présence de mercure dans le poisson pour la santé humaine mondiale ainsi que pour les mammifères marins qui se nourrissent aussi de poissons. La sortie de ce document coïncide avec la conférence internationale du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) qui a lieu actuellement à Nairobi au Kenya, où le problème du mercure doit être discuté.

Les organisations « Zero Mercury Working Group » et le « Mercury Policy Project » qui ont élaboré ce rapport, exigent une réponse appropriée de la part des gouvernements et de l'ONU. Le rapport présente de nouvelles données sur les niveaux de mercure dans les poissons en Inde, aux Philippines et en Europe. C’est en Inde que la situation est la plus grave. Le rapport indique aussi le niveau du mercure dans la viande de baleine et autres mammifères marins consommés par les populations de l'Arctique et des îles Féroé, et par les Inuits au nord du Canada.

« La contamination des poissons et des mammifères marins par le mercure est une préoccupation de santé publique», a déclaré Michael Bender, co-auteur et membre de « Zero Mercury Working Group ». «Nos analyses sur des poissons vivant dans différentes parties du monde montrent que les niveaux d'exposition internationalement acceptés pour le méthyl-mercure sont dépassés, et parfois de beaucoup dans les pays et les zones étudiés. »

Les organisations recommandent également de prendre des mesures pour évaluer les risques et pour faire connaître ces risques, notamment par l'adoption de mesures juridiquement contraignantes sur la pollution par le mercure et par une meilleure collaboration entre le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE) et l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) afin de développer des enquêtes sur les niveaux de mercure dans les poissons du monde entier.
Source : Seafoodsource

Document intégral en anglais : Mercury in Fish

Autre article :

Autres informations :

Communiqués du PNUE :

Une occasion en or pour traiter la pollution au mercure

Par Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE

Ce mois-ci, le Forum ministériel mondial sur l'environnement à Nairobi, au Kenya, pourrait prendre une décision historique pour contrecarrer une menace mondiale qui pèse sur la santé de centaines de millions de personnes. Une stratégie pour commencer à traiter sérieusement le mercure et ses composés toxiques sera discutée pendant la réunion du conseil d'administration du PNUE, qui débutera le 16 février.

Le "cadre politique", résultat de sept ans d'intenses discussions menées par le PNUE, représente le premier effort mondial coordonné pour lutter contre la pollution au mercure. Il porte sur la réduction de la demande en produits et procédés-tels que les lampes de véhicules à haute intensité, et l'industrie du chlore-jusqu'à la réduction du mercure dans le commerce international. Les autres éléments comprennent la réduction des émissions dans l'atmosphère, un stockage du mercure respectueux de l'environnement et le nettoyage des sites contaminés.

Les ministres doivent également décider comment ces actions seront réalisées-certains, comme les États membres de l'Union Européenne, veulent un traité international et juridiquement contraignant, tandis que d'autres veulent accélérer une approche volontaire.
Selon nos évaluations, il est grand temps de passer à l'action. Les impacts du mercure sur le système nerveux humain sont connus depuis plus d'un siècle-le Chapelier fou (Mad Hatter en anglais) du livre "Alice au pays des merveilles" était ainsi nommé parce que les bonnetiers utilisaient le métal liquide pour renforcer les bords des chapeaux, respirant ainsi les vapeurs toxiques.

Dans de nombreux pays il est déconseillé aux femmes enceintes et aux bébés de manger des poissons tels que le thon. En Suède, par exemple, environ 50.000 lacs abritent des brochets avec des niveaux de mercure dépassant les limites internationales en matière de santé. Les femmes en âge d'avoir des enfants sont conseillées de ne pas manger de brochet, perche, lotte et anguille, et il est recommandé au reste de la population de n'en consommer qu'une seule fois par semaine.

Une étude récente menée dans l'ouest du Bengale a trouvé des poissons avec des niveaux de mercure au-delà des limites de la sécurité alimentaire. Une étude aux Etats-Unis a révélé que environ 1 sur 12, ou presque cinq millions de femmes, ont des niveaux de mercure au-dessus du niveau considéré sain par l'Agence de Protection Environnementale des Etats-Unis.

Les autres effets potentiels sur la population comprennent les atteintes du foie et de la thyroïde, l'irritabilité, les tremblements, les troubles de la vision, la perte de mémoire et peut-être même des problèmes cardiovasculaires. Les scientifiques et l'ONG Sharkprojet ont également identifié une autre cause de préoccupation-l'augmentation de la consommation de viande de requin dans certaines parties du monde. Selon certaines estimations, ces aliments contiennent environ 40 fois plus de mercure que les limites de sécurité alimentaire recommandées, et peut-être encore plus.

Les niveaux de mercure dans les phoques et les baleines bélugas de l'Arctique ont augmenté d'environ quatre fois au cours des 25 dernières années dans certaines régions du Canada et du Groenland, avec des implications pour les communautés qui consomment des mammifères marins.

La bonne nouvelle est qu'au cours des derniers mois, l'Europe et les États-Unis ont soutenu l'interdiction d'exporter du mercure à partir de l'Union Européenne à partir de 2011. Entre-temps, les gouvernements, en coopération avec le PNUE, ont découvert une variété de produits et de procédés qui, autrefois, dépendaient du mercure, et pour lesquels il existe désormais des alternatifs rentables et sûrs. Ce n'est pas aussi évident pour d'autres produits tels que les lampes de décharge à haute intensité, les unités d'affichage à cristaux liquides et certains types de production de matières plastiques.

Il faut faire preuve de flexibilité. Mais ce n'est qu'en se mettant d'accord sur un avenir avec moins de mercure que les gouvernements déclencheront l'innovation avec une plus grande variété de produits et procédés rentables. L'extraction artisanale et à petite échelle de l'or est probablement un cas spécial. Les victimes sont parmi les plus pauvres dans le monde. Environ 10 millions de mineurs et leurs familles pourraient souffrir, dans des zones allant du Brésil et du Venezuela à l'Inde, l'Indonésie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et le Zimbabwe. Sur l'île de Mindanao aux Philippines, 70 pour cent des mineurs d'or pourraient souffrir d'une intoxication chronique au mercure. Environ un tiers des personnes qui ne sont pas directement employées dans l'industrie, mais vivant dans la région, ont également montré des signes d'intoxication chronique au mercure, selon les études scientifiques. L'alternative au mercure dans les petites exploitations minières, le cyanure, n'est pas vraiment une alternative.

Les arguments économiques sont également convaincants. Nous estimons que chaque kilogramme de mercure retiré de l'environnement peut générer l'équivalent de 12.500 dollars en bénéfices pour la société, l'environnement et la santé.

Entre-temps, il y a des preuves qu'au lieu de diminuer, la pollution au mercure pourrait être à la hausse, en partie à cause de l'augmentation de la combustion du charbon en Asie. Approximativement, sur les 6.000 tonnes de mercure rejetées dans l'environnement chaque année, quelques 2.000 tonnes proviennent des centrales électriques et de la combustion de charbon dans les foyers. Une fois dans l'atmosphère ou déversée dans les réseaux fluviaux, la toxine peut voyager des centaines et des milliers de kilomètres.

Autre fait alarmant, pendant que le changement climatique fait fondre l'Arctique, le mercure emprisonné dans la glace et les sédiments se déverse à nouveau dans les océans et la chaîne alimentaire.

Ainsi, il y a des liens clairs et positifs entre les décisions prises par les ministres de l'environnement au Conseil d'administration du PNUE et celles à prendre plus tard dans l'année lors de la réunion cruciale de la Convention des Nations Unies sur le climat à Copenhague. Chaque personne aujourd'hui est contaminée à un certain degré par le mercure, et l'Organisation mondiale de la Santé fait valoir qu'il n'y a finalement pas de limite sûre. Ainsi, l'inaction et la tergiversation sur l'enjeu mondial du mercure n'est plus une option-nous le devons aux femmes enceintes et aux enfants qui ne sont pas encore nés, ainsi qu'à tous les mineurs artisanaux et leurs familles. Nous le devons à tous ceux qui veulent un monde plus sain et moins pollué.
Source : PNUE

Un traité historique pour gérer le mercure obtient le feu vert
Les ministres de l'Environnement soutiennent l'Initiative
pour l'économie verte pour mener le monde vers un avenir plus durable

Nairobi, 20 Février 2009 - Une gestion mondiale du polluant toxique du mercure a été convenue par les ministres de l'environnement à la fin du Conseil d'administration du Programme des Nations Unies pour l'environnement(PNUE). La décision, prise par plus de 140 pays, ouvre la voie à la levée d'une importante menace pour la santé de centaines de millions de personnes. Les gouvernements ont décidé à l'unanimité de lancer de négociations sur un traité international du mercure pour faire face aux émissions globales et aux rejets d'un polluant qui menace la santé des fœtus et des bébés aux mineurs d'or et leurs familles.

Ils se sont également convenus que les risques pour la santé humaine et l'environnement sont si importants que l'accélération de l'action volontaire dans le cadre d'un partenariat mondial sur le mercure est nécessaire pendant que le traité est en cours de finalisation.

Les huit points du plan du partenariat comprennent :
  • Renforcer la capacité des pays dans le monde entier de stocker le mercu
  • Réduction la provision du mercure provenant de l'extraction primaire du métal lourd
  • Projets de sensibilisation des risques et projets pour réduire l'utilisation du mercure dans l'exploitation minière artisanale, où l'on estime que 10 millions de mineurs et leurs familles sont exposés
  • Réduction du mercure dans des produits tels que les thermomètres et les lampes à décharge de haute intensité, ainsi que des procédés tels que certains types de fabrication de papier et la production de matières plastiques

Achim Steiner, Secrétaire général Adjoint et Directeur exécutif du PNUE, a dit: "Le PNUE a, pendant sept ans, a coordonné et contribué à un débat scientifique et politique intense sur la meilleure façon de traiter la question du mercure. Aujourd'hui, les ministres de l'environnement du monde, armés de tous les faits et de tous les choix, ont décidé qu'il est temps d'agir sur cette pollution ".
"Il y a seulement quelques semaines, les nations restaient divisées sur la manière de traiter cette menace majeure pour la santé publique qui touche chaque personne dans tous les pays du monde. Aujourd'hui, nous sommes unis sur la nécessité d'un instrument juridiquement contraignant et une action immédiate vers une transition à un monde faible en mercure ", a t-il dit.
"Je crois que ceci sera un véritable essor non seulement pour l'agenda sur les produits chimiques mais également pour tous les grands défis environnementaux de notre âge, de la perte de la biodiversité au changement climatique", a dit M. Steiner

Source : PNUE

Information ajoutée le 5 mai 2009 :

Mercure dans les océans: des experts tirent la sonnette d'alarme (RIA Novosti)

Le niveau des combinaisons de mercure s'accumulant dans le corps des poissons issus de la pêche a augmenté de 30% dans l'océan Pacifique entre le milieu des années 1990 et 2006, annonce une étude publiée par le magazine Global Biogeochemical Cycles.
Selon les chercheurs qui ont réalisé cette étude, il est nécessaire d'adopter des mesures énergiques afin de diminuer les rejets de mercure dans les océans. 75% du mercure qui pénètre dans l'organisme des personnes à travers le monde provient des poissons maritimes, rappelle le magazine.
Actuellement, la concentration moyenne en mercure dans l'eau océanique s'élève à environ 0,23 nanogrammes par litre. Selon les chercheurs, ce niveau pourrait augmenter de 50% d'ici 2050 si les rejets ne diminuent pas.
"Cette étude permet de mieux comprendre comment des concentrations dangereuses de mercure se retrouvent dans l'air, polluent l'eau et s'accumulent par la suite dans la nourriture que nous consommons. Elle souligne la menace qui pèse sur la santé de nombreuses personnes à travers le monde", a fait savoir Lisa Jackson, une des responsables du projet.

Le 28 août 2009

Les centrales électriques au charbon empoisonnent le poisson (dd magazine)
Une contamination au mercure a été décelée dans tous les échantillons en provenance de 291 cours d’eau des États-Unis, rapporte une nouvelle étude menée par le U.S. Geological Survey (U.S.G.S). Entre 1998 à 2005, ils ont étudié la contamination par le mercure chez les poissons, dans les sédiments des fonds, et dans l’eau.
Résultat : environ le quart des poissons testés contiennent plus de mercure que le seuil de sécurité décrété par la U.S. Environmental Protection Agency (E.P.A., en français l’Agence américaine de Protection environnementale), et plus des deux-tiers des poissons excèdent le taux admis en ce qui a trait à l’ingestion de mercure par les mammifères.
Suite sur dd magazine

Le 5 septembre 2009

Rivières : le mercure nage comme un poison dans l'eau (BE)
Le U.S. Geological Survey (ndlr: USGS, proche par certaines fonctions du BRGM mais également de l'IFEN) vient de publier une étude montrant que le mercure contamine tous les poissons échantillonnés dans 291 rivières ou fleuves du pays. Ces travaux font partie intégrante du National Water-Quality Assessment Program (NAWQA), lequel fournit une évaluation périodique approfondie de la qualité des eaux. Son intérêt consiste en une méthode uniforme de collecte et d'analyse des données, à la fois dans le temps et dans l'espace, ce qui autorise des comparaisons valables à l'échelle du territoire américain.

Un quart des poissons échantillonnés ont montré des teneurs supérieures aux limites autorisées par l'EPA pour les personnes consommant du poisson régulièrement. Plus des 2/3 dépassaient le niveau d'alerte pour les mammifères se nourrissant de poisson. "Cette étude démontre à quel point la pollution au mercure est répandue dans notre atmosphère, dans les bassins versants et dans la chair des poissons de nos rivières" a affirmé Ken Salazar, Secrétaire du Department of Interior. "Elle nous adresse un signal clair que nous devons continuer à protéger nos cours d'eau et le public des dangers liés à ces pollutions". Certaines des teneurs les plus élevées ont été relevées dans des zones associées à des bassins versants relativement peu développés, à forte densité forestière, comme la Caroline, la Floride et la Louisiane. On les retrouve également dans les régions de l'Ouest du pays où l'activité minière est conséquente.

Bien que le mercure, un neurotoxique, soit principalement dû aux émissions atmosphériques anthropiques, surtout en provenance des centrales électriques à charbon, ces dernières n'expliquent pas tout. Les chercheurs estiment que les zones humides et les forêts, en accroissant la conversion vers le methylmercure, la forme plus toxique et plus aisément assimilable par les organismes aquatiques, contribuent également au problème. Une fois dans la chaine alimentaire, le méthylmercure se bioaccumule de manière assez régulière, depuis les algues, aux invertébrés puis aux poissons, y compris dans des écosystèmes très différents les uns des autres. Dans les écosystèmes étudiés, le facteur déterminant de la teneur en mercure dans la chair des poissons était la présence de méthylmercure dans l'eau et non pas la nature, simple ou complexe, de la chaine alimentaire.

Depuis la découverte de la maladie dite de Mina Mata en 1956, le mercure dans la chair des poissons fait l'objet d'une préoccupation récurrente de la part des autorités. L'arrivée d'une nouvelle équipe à la Maison Blanche s'est traduite notamment par le retour de cette préoccupation aux Etats-Unis, et les résultats de l'étude de l'USGS confirment qu'il s'agit d'un problème généralisé.

L'EPA a donc prévu de réduire fortement les limites d'émissions de mercure autorisées pour les cimenteries et s'apprête à établir des normes strictes pour les centrales à charbon, en opposition avec les dispositions prévues sous l'administration Bush. L'administration avait également annoncé son intention de promouvoir la ratification d'un traité international visant à la réduction des émissions de mercure en février dernier, signalant dès son premier mois la priorité qu'elle accorde au sujet.

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