A Mayotte, les Glorieuses sont les îles de la Tentation !

Les Glorieuses, îles de la Tentation pour les pêcheurs mahorais...

Revue de presse (en bas de page) concernant toute cette zone de l'Océan Indien, stratégique en matière de ressources halieutique et de ressources énergétiques (pétrole...)

Les Glorieuses : Vue sur l'ilot situé au Sud-Ouest du lagon

La pêche est une activité vitale à Mayotte. Dans le 101e département français, la pêche tient la seconde place de l’économie insulaire après le tourisme. A quelques encablures, les Glorieuses, des ilots français inhabités, sont interdites à la pêche !

Fin décembre 2013, l’arraisonnement de deux bateaux de pêche mahorais par la marine française dans les eaux interdites à la pêche des Glorieuses, ne peut que nous interroger sur la complexité territoriale et juridique de la zone économique exclusive de la France, dans cette région stratégique qu’est le canal du Mozambique ... Outre la procédure d’arraisonnement contestée et longuement commentée dans les médias mahorais et réunionnais (1), il faut se rendre à l'évidence : les Glorieuses sont devenues les îles de la Tentation non seulement des pêcheurs mahorais, mais aussi des pêcheurs malgaches.

Les Glorieuses où il n'y a pas de présence humaine permanente, sont régulièrement l'objet de la convoitise des pêcheurs. Le 19 avril 2013, sept barques mahoraises y sont interpellées. Le 19 novembre 2013, 13 pêcheurs malgaches embarqués sur un voilier sont pris en flagrant délit de pêche illicite par Le Malin. Mais certains navires viennent de très loin, comme ce navire battant pavillon du Sri Lanka, interpellé le 6 avril 2011 par La Rieuse, autre navire de surveillance des FAZSOI (Forces armées de la zone sud de l’Océan Indien).


A 220 km de Madagascar et 250 km de Mayotte, les Glorieuses sont devenues les îles de la Tentation de nombreux pêcheurs du Canal du Mozambique.

Quelle gloire tire la France à maintenir ce paradis marin à l'état sauvage ? Zone refuge à de nombreuses espèces menacées : tortues marines, mammifères marins, requins et raies, oiseaux marins. Un paradis marin entouré de populations pauvres. Pourquoi interdire la pêche à tous ces peuples autochtones voisins ?

Les Mahorais pourraient exploiter les ressources halieutiques des Glorieuses ?

Deux poids, deux mesures !

Les pêcheurs mahorais continuent leurs activités dans le Parc Naturel Marin de Mayotte. Mais, ils sont interdits de pêche aux Glorieuses dans le Parc Naturel Marin des Glorieuses créé en 2012. (2)

Le Parc naturel marin de Mayotte a été créé par décret le 18 janvier 2010. C’est le premier parc naturel marin créé en outre-mer. Situé dans le canal du Mozambique, un des hauts lieux de la biodiversité mondiale, le Parc naturel marin de Mayotte couvre l’ensemble de la zone économique exclusive (68 381 km²). Sur une île où les ressources de la mer constituent la principale source de protéine et la pêche, le second secteur d’activité, concilier protection du milieu marin et développement durable des activités constitue un des défis à relever par le Parc. (3)

Le Parc naturel marin des Glorieuses, quatrième parc marin français et deuxième de l’océan Indien,  a été créé par décret le 22 février 2012. Situé à l’entrée du canal du Mozambique, un des hauts lieux de la biodiversité mondiale, le Parc s’étend jusqu’à la limite de la zone économique exclusive. Il sert de zone refuge à de nombreuses espèces menacées : tortues marines, mammifères marins, requins et raies, oiseaux marins. Il couvre plus de  43 000 km². Avec le Parc naturel marin de Mayotte, dont il est contigu, la France se dote d’une aire marine protégée de plus de 110 000 km2, la plus grande créée en France, à ce jour. (4)

Philippe Favrelière

(1) Le Marin : Îles Glorieuses : polémiques sur l'interpellation de braconniers mahorais
(2) En matière de pêche, les Glorieuses sont soumises à la réglementation des îles Eparses qui dépendent des Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF)
(3) Agence des aires marines protégées : Parc naturel marin de Mayotte
(4) Agence des aires marines protégées : Le Parc naturel marin des Glorieuses 

Autres articles : 

Pour aller plus loin...

Le 19 février 2014

Mayotte. Pêcheurs en colère


Les élus pêcheurs de la Chambre d'agriculture, de la pêche et de l'aquaculture de Mayotte (CAPAM) ont laissé éclater leur mécontentement dans une conférence de presse. Ils accusent l'État et l'Union européenne de les avoir sacrifiés aux bénéfices des thoniers senneurs espagnols et bretons.

Source : Mayotte Hebdo

Avec l'avènement de Mayotte en tant que région ultrapériphérique (RUP), les pêcheurs de Mayotte savaient que la réglementation communautaire s'imposerait à eux un jour ou l'autre. Mais, ils ne pensaient pas que toutes leurs revendications seraient balayées d'un seul trait. Vendredi dernier, ils apprennent de la bouche de l'eurodéputé Younous Omarjee que les propositions qu'ils avaient soumises à la Commission européenne et au Parlement européen n'ont pas été prises en compte par le Conseil de l'Union européenne le 17 décembre dernier. Parmi ces propositions figuraient notamment l'interdiction pour les thoniers senneurs de pêcher dans la zone des 24 milles nautiques, la demande d'une dérogation pour permettre aux navires mahorais (immatriculés à Mayotte) et aux navires ayant pêché au moins 40 jours dans les eaux de Mayotte durant les deux dernières années ou encore la reconnaissance du parc naturel marin.

Aucune n'a été retenue, ce qui a eu le don de faire sortir de leurs gonds les élus pêcheurs de la CAPAM. Ces derniers crient au lâchage du ministre de l'Agriculture qui aurait cédé aux pressions des lobbys de la pêche industrielle espagnole et bretonne.

"Nous regrettons que les demandes des pêcheurs de Mayotte n'aient pas été prises en compte par le Conseil de l'UE et que celui-ci décide de manière unilatérale, de ne pas prendre en considération l'aspect environnemental et durable de l'activité de pêche artisanale en privilégiant l'accès aux pêcheries industrielles" a déclaré Dominique Marot.


En effet, la décision du Conseil de l'UE rend la tâche très compliquée aux pêcheurs mahorais.

Ils devront cohabiter avec de plus en plus de thoniers senneurs dans la zone des 100 milles nautiques qui ne paieront plus de redevance au profit des professionnels mahorais (400 000 euros). "En 2007, on nous avait dit que le parc marin serait une façon pour les pêcheurs de pratiquer leur métier de manière exemplaire pour le respect de l'environnement.

Là, l'Europe balaie tout, on n'a plus que nos yeux pour pleurer" s'indigne Régis Masséaux.

Il est rejoint par un Pierre Baubet, particulièrement vindicatif. "C'est un signal très négatif qui vient d'être donné. La situation est défavorable et sans possibilité de retour. On nous bassine avec le développement durable et l'environnement.

Pour la piste longue, on a tout arrêté pour protéger des dugongs et des coquillages. Et là, le même ministère qui a supervisé la mise en place du parc marin ne se soucie pas de la ressource halieutique de celui-ci. La ressource diminue, on scie la branche sur laquelle on est assis."

Les pêcheurs mahorais ont fait remarquer que les usines de production à Maurice avaient doublé (de 15.000t à 30.000t annuelles) leur capacité de production et qu'il fallait bien les rentabiliser.

Pour se faire entendre, ils comptent sur la voie juridique et le recours du Parlement européen.

Mais, ils n'y croient pas vraiment. "Cela va prendre cinq ans et ceux qui ont fait la connerie ne seront plus là", affirme Pierre Baubet, exaspéré.

Régis Masséaux pour sa part rappelle que les petits pêcheurs mahorais ont fait de gros efforts pour se mettre aux normes.

Bien qu'ils soient accablés par ce qui s'est passé à Bruxelles, les pêcheurs mahorais ne comptent pas en rester là. "On n'attend plus rien des gouvernements, de l'Europe et des affaires maritimes. Mais on ne va pas se laisser mourir. On ira chercher le poisson là où il est. On ira au Geyser, aux Glorieuses. À ce propos, on a traité des pêcheurs qui s'y étaient rendus comme des voyous, alors que les thoniers senneurs vont tout massacrer en toute impunité."

Pour se faire entendre, les pêcheurs mahorais vont faire appel à des organisations telles que Greenpeace ou Sea Shepherd pour faire des opérations coups de poing sur les thoniers senneurs. Ils envisagent également d'alerter des syndicats de pêcheurs hexagonaux qui ont organisé des actions de désobéissance, mais aussi l'hebdomadaire le Marin, spécialisé dans l'information maritime.

"C'était pourtant si facile de faire quelque chose, d'obtenir un bon accord dans lequel tout le monde peut cohabiter", rappelle Pierre Baubet.

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Le 17 février 2014

Mayotte : Jusqu'à 340 millions d'euros de fonds européens pour la période 2014-2020

Le ministre délégué aux Affaires européennes, Thierry Repentin, a confirmé au cours de sa visite à Mayotte que les fonds structurels européens pour l'île, suite à sa "rupéisation", s'élèverait à plus 200 millions d'euros pour la période 2014-2020. Voire plus en comptant d'autres fonds européens.

Source : Zinfos 974

Thierry Repentin a même affirmé qu'en compilant les différents programmes européens, comme la FEDER, le FSE (fonds social européen), ou la FEADER (fonds agricole), le 101e département français peut espérer bénéficier de plus de 340 millions d'euros. Concernant la filière pêche, une autre enveloppe devrait être allouée.

"Aucun autre département en France ne bénéficie d'une telle augmentation, et c'est normal, puisqu'en devenant Région ultrapériphérique de l'Union européenne, Mayotte pourra prétendre à de nouveaux types de crédits européens", précisé Thierry Repentin.

Le ministre exhorte les collectivités locales mahoraises, les acteurs économiques et les associations à monter différents projets afin de consommer les enveloppes européennes. 

Il a par ailleurs annoncé la création d'une cellule Europe à la Préfecture de Mayotte afin que l'utilisation de ces fonds soit accompagnée par l'État.

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Dans le Marin du 17 janvier 2014, "Fonds européens. Les pêcheurs ultramarins inquiets"

Coup de gueule des Réunionnais et inquiétude aux Antilles, où viennent de se tenir des Assises de la pêche et de l’aquaculture outremer : les pêcheurs ultramarins veulent que l’Europe prenne mieux en compte leurs spécificités.

La nouvelle PCP (politique commune de la pêche) les inquiète, surtout le Feamp (Fonds européen pour les Affaires maritimes et la Pêche). « Ce nouvel instrument financier est valable pour l’hémisphère nord », déplore Jean-René Enilorac, président du comité des pêches de La Réunion. Le comité fustige l’absence d’aides à la construction « alors que nous avons besoin de moderniser la flotte ». L’Europe « nous bride et finance nos voisins », accuse-t-il, évoquant les senneurs européens présents dans l’océan Indien. Les pêcheurs réunionnais réclament un instrument déconnecté de la PCP et espèrent fédérer toutes les Rup françaises.

Côté Antilles aussi les pêcheurs soulignent l’écart entre la PCP et leurs problématiques. Difficile de faire appliquer un quota de marlin bleu alors que les pêcheurs sont loin de remplir leurs déclarations de capture ! Et surtout, ils font face à la restriction des zones de pêches à cause de la pollution par le chlordécone et l’invasion du poisson lion.

D'après le Marin : Les ultramarins interpellent l’Europe bleue

Cliquer Ici pour lire le Marin ou aller dans le Kiosk

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Guide des parcs naturels marins

Les parcs naturels marins français sont nés officiellement le 14 avril 2006 lorsque fut votée la loi créant ce nouvel outil de protection ainsi que l’établissement public dont dépendent les parcs : l’Agence des aires marines protégées. Ce fut l’aboutissement d’une histoire commencée dans les années 1980 à l’ouest de la France, avec la nécessité de protéger la mer d’Iroise tout en respectant les usages maritimes locaux.

Retrouvez dans ce document l'histoire des parcs naturels marins et la présentation des cinq parcs naturels marin créés (Iroise, Mayotte, Glorieuses, golfe du Lion, estuaires picards et mer d'Opale) et des trois projets en cours (Arcachon, normand-breton, Martinique).

A télécharger : Guide des parcs naturels marins  en cliquant : Agence des Aires Marines Protégées


Un livret de 19 pages, richement illustré, présente une cartographie de chaque parc, ses chiffres-clés et les grands enjeux propres à ces territoires (protection de la biodiversité marine et la sensibilisation des acteurs locaux).

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Le 17 février 2014

Nosy be, l’île aux parfums... de pétrole ?

Réunion ministérielle à Iavoloha du 12/02 : il faut sauver le soldat Tourisme à Nosy Be …

Source : Madagascar Tribune

Un Conseil des Ministres s’est tenu ce Mercredi 12 Février 2014. Des initiatives y ont été définies semble-t-il pour atteindre un objectif légitime et cohérent : « relancer le tourisme de façon intensive », redonner à ce secteur, et prioritairement à Nosy Be, toute la place et toute l’image qu’il mérite auprès des voyagistes et des touristes étrangers

Les ministères de l’Intérieur et de la sécurité, des Forces Armées, le secrétariat d’État à la Gendarmerie Nationale ont ainsi été priés, aux cotés du Ministère du Tourisme, de prendre toutes les mesures nécessaires pour veiller « à la restauration de l’État de droit, à la sécurité et à la relance du tourisme sur l’île de Nosy Be […] actuellement classé zone orange ». [1]

Notre Ministère de la Communication s’est lui-même engagé à la mise en place en 72 heures d’un site web officiel « Destination Nosy Be Madagascar 2014 » et à la définition d’un plan de communication musclé pour « fracasser » et contrer la malfaisance de ce NET qui monte en épingle de manière irresponsable des « faits futiles ». Non, mais… Il est temps de montrer que l’ordre règne à Nosy Be. Exhiber des kalachnikovs et des uniformes dans les spots télé devrait bien évidemment faire revenir le touriste bourgeois européen en quête de sensations fortes.

Bref, foin de digressions, les moyens et la volonté sont au moins déclarés pour mettre un terme à l’hémorragie de réservations des Tours Opérateurs qui programment Madagascar. Il y a urgence en effet, les catalogues de l’hiver 2014-2015 sont d’ores et déjà fixés. Louable initiative que de se préoccuper en urgence d’un secteur pourvoyeur de devises et d’emplois mis à mal par ces 5 années de crise…

Mais qui donc a eu l’idée saugrenue de mettre Nosy Be au milieu du bloc d’exploration pétrolier «Ambilobe»

Mais… dans le même temps, le 14 Janvier 2014 le site Offshore Magazine SiloBreaker.com annonçait le lancement par Exxon Mobil d’une nouvelle étude sismique sur le bloc Ampasindava [2]. Exxon avait, il faut le dire bénéficié d’un décret d’extension de ses 3 permis signé le 17 juillet par Andry Rajoelina, l’autorisant à la reprise de ses activités d’exploration sur les permis Ampasindava, Majunga, Cap Saint-André.

Et Sterling Energy, opérateur pétrolier titulaire du bloc « Ambilobe », annonçait en même temps qu’il pouvait, selon les résultats des nouvelles analyses sismiques à lancer, planifier les premiers forages d’exploration en 2015/2016 sur le bloc « Ambilobe » qui jouxte le précédent. Les programmes d’acquisition 3D devant permettre de confirmer le potentiel des sites de forage identifiés.

Au beau milieu géographique de ces blocs et de cette zone bloc d’exploration pétrolière : Nosy Be, icône de notre tourisme Sea Sun & Sun, dont la réputation « d’Île aux Parfums » lui a valu de voir son nom détourné par une franchise de parfumeries.

Un deuxième cheveu sur la soupe pétrolière : le parc national Marin de Sahamalaza à la lisière du bloc Ampasindava

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Le 20 mars 2014

Océan Indien : Vers un groupement des pêcheurs artisanaux


Pendant deux jours –les 17 et 18 mars 2014–, une cinquantaine de représentants de la pêche professionnelle artisanale des pays du bassin indianocéanique (Comores, Madagascar, Maurice, Seychelles et La Réunion) se sont réunis à Saint-Gilles à La Réunion, pour poser les bases d’une coopération régionale. L’objectif est de créer à terme une structure représentative des pêcheurs de l’océan Indien. Le Comité régional des pêches maritimes de La Réunion (CRPEM) a été chargé de mener une étude dessinant les contours d’une telle structure régionale.

Source : La Tribune de Madagascar

La volonté de fédérer les pêcheurs du bassin indianocéanique au sein d’une structure régionale émane d’un triple constat :
  • la pêche artisanale, qui représente l’écrasante majorité de la pêche en océan indien, n’est à l’heure actuelle pas en mesure de participer activement aux décisions qui affectent les modes d’exploitation des ressources communes du bassin indianocéanique ;
  • cette filière artisanale renferme un potentiel, indiscutable et pourtant peu reconnu, de création d’emplois et de revenus dans chacun des pays membres de la COI ;
  • les innovations portées localement par les professionnels ont généralement peu de répercussions à travers la région alors que leur diffusion ou leur partage permettrait de valoriser l’expertise des pêcheurs et de mettre en évidence le rôle de la profession dans les économies de la région.

Les deux jours de discussions qui viennent de s’écouler constituent l’aboutissement des échanges initiés il y a plus d’un an entre les pêcheurs artisans des îles de l’océan Indien grâce à l’appui du Programme SmartFish, dont l’un des objectifs est de promouvoir la participation du secteur dans la gestion des pêches.

Les participants ont pu bénéficier de l’expérience d’initiatives similaires comme celle de la Confédération africaine des organisations professionnelles de pêche artisanale (CAOPA).

Cette rencontre s’est tenue à l’invitation du CRPMEM de La Réunion et de la COI avec le soutien financier de l’Europe (FED- FEDER) et du Conseil régional.

Les activités des pêcheurs artisanaux de Madagascar sont souvent perturbées par les pêcheurs industriels mais aussi par les recherches pétrolières effectuées par des navires qui se déplacent le long de la côte ouest de Madagascar.

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Réflexion régionale sur la pêche durable… sans Mayotte

Si Mayotte n’a pu participer aux échanges de la Commission Océan Indien sur la gouvernance de la pêche dans la zone Océan Indien, elle bénéficiera malgré tout des moyens satellites de lutte contre la pêche illégale.

Source : Le Journal de Mayotte  par Anne Perzo-Lafond

La Commission Océan Indien, composée des Seychelles, Maurice, Comores, Madagascar et la France, a initié une réunion de haut niveau sur la recherche de «nouvelles approches pour une pêche durable». Elle s’est tenue du 9 au 11 mars dernier en présence de 80 participants. Mayotte n’étant toujours pas admise au sein de la COI où la France est représentée par La Réunion, elle n’a pu y assister.

La révolte des pêcheurs mahorais l’a montré, il faut avoir une réflexion urgente sur le volume de ressource prélevée dans notre zone par les thoniers français, espagnols et seychellois… C’est d’ailleurs précisément aux Seychelles que se tenaient les débats.

Les trois thématiques principales portaient sur le commerce et la sécurité alimentaire, le suivi en matière de surveillance, et la gouvernance et la gestion de la pêche. Autant de thèmes qui concernent notre île. Et les conclusions des trois journées de travail mettent davantage en relief le ridicule d’une situation qui exclut les professionnels locaux, puisque selon la COI, «la collaboration et l’intégration régionale sont essentielles, non seulement en terme de stocks partagés mais aussi pour la gestion de la pêche».

Inutile d’aller plus loin, les points suivants ne font que conforter l’idée qu’il manque une partie du puzzle pour qu’il soit réussi.

Des eaux inégalement surveillées, un satellite à la rescousse

Surtout que la réalité rattrape la politique : la mise en place de ces «nouvelles approches pour une pêche durable» a en effet été décidée dans le cadre du programme SmartFish, programme de pêche régionale financé par l’Union européenne… et qui concerne en partie Mayotte.

16 millions d’euros ont été débloqués par l’Union Européenne lors de la signature d’une convention ce 6 mars à Maurice avec la COI. Allouée aux actions qui concluaient la rencontre évoquée plus haut, la somme sera aussi consacrée à la lutte contre la pêche illégale, avec la mise en place d’un tout nouveau système de surveillance par satellite. «Nous bénéficierons pour notre zone de pêche Zone Economique Exclusive d’un contrôle depuis La Réunion, avec intervention de leurs moyens nautiques si nécessaire», nous indiquait Cécile Perron, directrice déléguée du Parc Naturel Marin de Mayotte.

Les zones des 24 et 100 milles sont par contre peu ou mal contrôlées à Mayotte qui manque de moyens nautiques, seul l’Odet de la gendarmerie maritime étant capable de s’y rendre, quand elle n’est pas affectée à la lutte contre l’immigration clandestine. « Le nouveau satellite permettra de détecter tout bateau identifié par sa balise VMS… pour peu qu’il en ait une, ce qui n’est pas le cas des Sri Lankais par exemple! », complète Régis Masséaux, président du Syndicat des pêcheurs mahorais. Les grosses unités de Mayotte en seront équipées.

En plus de la pêche illégale, le programme SmartFish est censé lutter contre les rejets post-capture de poissons morts de la part des thoniers senneurs, qui avait été dénoncé entre autres, par Régis Masséaux.

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Délibération relative à l’application de la politique commune de la pêche à Mayotte adoptée par le Conseil de gestion


Le conseil de gestion prend acte des dispositions suivantes, adoptées dans la politique commune de la pêche et le règlement précisant les modalités de son application à Mayotte, qui vont dans le sens des orientations de gestion du Parc, sans être suffisantes : 
• Zone de 100 milles réservée aux navires immatriculés dans les ports de Mayotte, ainsi qu’aux navires européens pêchant traditionnellement dans ces eaux sous réserve qu’ils n’augmentent pas leur effort de pêche (droit d’antériorité)
• Interdiction de l’utilisation des sennes tournantes pour la capture des thons et autres grands migrateurs dans la zone de 24 milles nautiques autour de Mayotte
• Possibilité d’adopter des mesures de conservation dans la Zone Européenne Exclusive (ZEE), sous réserve qu’elles ne nuisent pas aux intérêts des navires de pêche des autres Etats membres ou qu’elles soient établies conjointement avec ceux-ci
• Gel de la flotte de thoniers senneurs à leur niveau actuel
• Possibilité d’augmenter la flotte basée à Mayotte sans limitation pour les navires de moins de 10 mètres et jusqu’au niveau préconisé par la Commission des thons de l’océan Indien pour les palangriers de moins de 23 mètres.

Il déplore cependant que ce règlement ait écarté les dispositions suivantes qui figuraient dans le texte proposé par le Parlement européen, qui auraient ouvert de vraies possibilités de gestion équilibrée des ressources naturelles dans le périmètre du Parc :
• Reconnaissance du Parc naturel marin de Mayotte dont le territoire est celui de la ZEE.
• Par dérogation à la politique commune, possibilité pour la France, dans tout le périmètre du Parc, d’adopter les mesures de conservation nécessaires à la préservation de l’environnement, y compris en limitant la pêche aux seuls navires immatriculés à Mayotte et aux navires ayant pêché pendant au moins quarante jours dans les eaux de Mayotte au cours des années 2012 et 2013
• Interdiction de pêche sous dispositifs dérivants de concentration de poissons et sous grands mammifères marins et requins-baleines dans le périmètre du Parc.

Le conseil de gestion, au titre de son pouvoir de proposition aux autorités qui règlementent, souhaite que ces dispositions soient prises en considération car elles constituent des mesures indispensables à l’atteinte des objectifs de développement durable du Parc naturel marin de Mayotte.

Par ailleurs, le conseil de gestion propose que le règlement du Fonds Européen pour les Affaires maritimes et la Pêche (FEAMP) autorise les financements nécessaires à la professionnalisation de la pêche à l’extérieur du lagon conformément aux orientations de gestion du Parc naturel marin, notamment le financement de navires utilisant des techniques de pêche écologiquement exemplaires, ciblant les espèces pélagiques, limitant les risques de captures accidentelles et excluant les rejets.

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L'aquaculture mahoraise se développe à Dembeni


La préfecture de Mayotte a autorisé l'exploitation d'une nouvelle ferme aquacole à Dembeni, annonce France Mayotte Matin ce jeudi 13 mars 2014. Un arrêté préfectoral attendu d'après le quotidien mahorais, qui précise : "il était temps, puisque la procédure de mise à disposition du public avait été ouverte les 6 et 7 juillet 2011." Pour le journal, la pisciculture, qui produira chaque année jusqu'à 60 tonnes d'ombrines tropicales, pourrait "booster un peu la filière qui a bien du mal à se lancer" Mais avant de retrouver des poissons venus de Mayotte à Rungis, la publication espère que "les avions cargo fret seront plus réguliers, afin d'envoyer en temps et en heure les ombrines sur le marché européen."

Posté par IPR le Jeudi 13 Mars 2014

L’aquaculture à Mayotte est récente puisqu’elle date de 1999

Source : DAF Mayotte

Organisation de la filière

La filière compte 4 producteurs :
- Mayotte aquaculture, filiale de l’entreprise Cannes aquaculture, exporte 120 tonne par an vers la métropole
- trois producteurs, basés sur le pépinière d’entreprise aquacole (PEA) d’Hajangua orientent leur production (30 tonnes) sur le marché local des particuliers ou de la restauration collective.

Une association pour le développement de la filière (AQUAMAY) assure :
- l’approvisionnement en alevins des entreprises grâce à son écloserie-nurserie
- l’accompagnement des producteurs de la PEA
- l’importation des aliments pour poisson des producteurs de la PEA
- la recherche pour diversifier la production

Le GSMA assure la formation de jeunes dans cette filière. Ceux-ci peuvent compléter leur formation ensuite en métropole.

La production est composée essentiellement de l’ombrine tropicale, mais également du cobia (ombrine).

Atouts
- un lagon aux qualités exceptionnelles pour développer cette activité et des conditions météorologiques clémentes
- l’appui de la collectivité et de l’ODEADOM
- la mise en place progressive des différents maillons de la chaîne : atelier de transformation, IFREMER

Contraintes
- les surcoûts dus à l’isolement géographique de Mayotte (aliments pour poisson et coût du fret aérien des exportations)
- l’image des poissons d’élevage auprès des consommateurs moins bonne par rapport aux poissons pêchés.


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Le 14 Avril 2014

Politique communautaire de la pêche : deux poids, deux mesures ?


Yolaine Costes, vice-présidente de la Région, chargée de la continuité territoriale, de la mobilité et des TAAF (Terres australes et antarctiques françaises) dénonce une "politique de deux poids deux mesures" de la part de l’Europe quant à la stratégie communautaire de pêche dans la zone océan Indien.

Le Parlement européen s’apprête à voter ce mercredi 16 avril en faveur de la prorogation de trois nouveaux accords de pêche impliquant l’Union européenne et les Seychelles, mais aussi Madagascar et enfin les Comores. S’ils sont approuvés par le Parlement, les nouveaux protocoles offriront de nouvelles possibilités de pêche à près de 124 thoniers senneurs et 46 palangriers européens dans la zone Sud-Ouest de l’océan Indien. Après l’accord de partenariat avec le Mozambique adopté en 2012 et celui avec Maurice en 2013, ce sont donc aujourd’hui cinq accords de partenariats qui à eux seuls accordent des possibilités de pêches à plus de 300 thoniers senneurs et palangriers européens dans la zone.

Source : Clicanoo.re par Yolaine Costes

Ironie de l’histoire, c’est le même jour que sera adopté le Fond Européen pour les Affaires Maritime et la Pêche (FEAMP) auquel sont soumises La Réunion et Mayotte pour 2014-2020. Malgré quelques avancées en faveur des RUP qui ont été, à chaque fois, véritablement arrachées par le député européen du Parti Populaire Européen, Alain CADEC, à la Commissaire DAMANAKI, le FEAMP reste globalement opposé au développement de la flotte de pêche dans toute l’Europe et donc, à La Réunion et à Mayotte. Sauf que si les motifs de surpêche sont légitimes pour le continent européen, ils ne sont pas recevables pour l’océan Indien. Ce constat semble d’ailleurs manifestement partagé par l’Union européenne au vu des accords internationaux conclus en faveur de plus de 300 navires européens autorisés à exercer leur activité dans notre bassin maritime.

Accord de partenariat et achats de licences d’une part, contraintes réglementaires et restrictions environnementales d’autre part, l’Union européenne donne incontestablement l’impression de pratiquer en matière de pêche une politique de deux poids deux mesures. Pour autant, il n’est pas question de remettre en cause le principe de ces accords de pêche qui bénéficient aux pays de la zone et qui constituent pour eux des sources de revenus importantes mais de les faire évoluer vers une véritable politique de la pêche à l’échelle de notre bassin maritime.

La dénomination d’ « accords de partenariat » semble ici tout à fait pertinente mais à la seule condition d’intégrer les intérêts des RUP françaises de l’Océan indien. Elle correspond à une évolution nécessaire des relations devant se nouer dans le secteur de la pêche entre les pays de la zone. La pêche est l’un de ces nombreux domaines où, pour bien jouer, il faut jouer collectif. Ce partenariat à l’échelle du bassin maritime est un atout d’autant plus fort que les bateaux de pêche évoluent dans les mêmes eaux, ciblant les mêmes espèces pélagiques migratrices.

La création récente de la fédération des organisations professionnelles de pêcheurs de la Commission de l’Océan Indien tout comme le lancement du prochain Conseil Consultatif Régional à l’échelle de notre bassin maritime vont donc dans le bon sens.

Ces structures propices au dialogue devront faire valoir les intérêts de nos îles, en imposant dans chaque accord conclu entre l’Union européenne et les pays de la zone, un chapitre dédié aux RUP et au développement local de leurs filières « pêche ».

Elles devront aussi et surtout parvenir, avec l’aide des pouvoirs publics locaux, à convaincre la France et l’Union européenne de ne plus tenir La Réunion et Mayotte à l’écart des retombées économiques dont bénéficient aujourd’hui essentiellement les flottilles continentales.

Telle doit être la position d’une Europe de l’Océan indien consciente d’elle-même, afin d’équilibrer les relations, aujourd’hui asymétriques, et libérer tout le potentiel de nos filières de pêche. Mieux associer les RUP, mieux équilibrer le FEAMP vers les territoires du Sud-Ouest de l’océan Indien, redonnerait incontestablement du sens à nos ambitions en assurant la rentabilité économique de nos entreprises de pêche, gage d’attractivité à l’égard des jeunes pêcheurs, en garantissant aussi une plus grande présence des flottilles des RUP sur l’ensemble du bassin, tout en se montrant attentif à une gestion durable des ressources halieutiques.

Yolaine COSTES

Des voix s'élèvent aussi à l'Île Maurice contre les accords de pêche avec l'Union Européenne...

Sur RFI : Union Européenne - Île Maurice : Controverse sur l'accord de pêche

L’accord de pêche entre l’Union européenne et l’île Maurice est au centre d’une nouvelle controverse. Ni les activités des navires de pêches européens ni les compensations versées par l’UE au gouvernement mauricien ne profitent à la communauté locale. Des critiques formulées par l’océanographe mauricien, Vassen Kauppaymuthoo. Il a attiré l’attention des députés européens et réclame la suspension de cet accord. L’océanographe observe aussi une baisse des stocks de poissons dans la région.

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Le 12 avril 2014

Pour une stratégie offensive de mise en valeur des ZEE ultramarines

Délégation sénatoriale à l’outre-mer

Source : Sénat

La Délégation sénatoriale à l’outre-mer, présidée par M. Serge Larcher (app. Soc - Martinique), braque les projecteurs sur l’importance et la diversité des potentiels de croissance durable portés par les espaces maritimes de la France et de ses outre-mer à l’heure où il apparaît urgent d’ouvrir de nouvelles perspectives aux économies ultramarines et nationale. Ses trois rapporteurs, MM. Jean-Etienne Antoinette (app. Soc - Guyane), Joël Guerriau (UDI-UC - Loire-Atlantique) et Richard Tuheiava (app. Soc - Polynésie française) ont ainsi inventorié ces potentiels et analysé les opportunités qu’ils offrent pour relever les défis du 21ème siècle, tels l’impératif alimentaire, la transition énergétique, la recherche médicale ou encore la prévisible pénurie de ressources minérales pour les industries de pointe, dans un rapport d’information adopté à l’unanimité par la délégation le 8 avril 2014.

Alors qu’un certain nombre de pays se positionnent activement dans la course aux ressources marines, la France, qui dispose grâce à ses outre-mer de la deuxième zone économique exclusive (ZEE) la plus vaste au monde derrière les États-Unis avec près de 11 millions de km2, se réfugie dans les discours incantatoires et laisse s’étioler le capital de connaissance qu’elle avait engrangé. Au moment précis où l’Europe commence à prendre des initiatives et où un embryon de gouvernance mondiale se met en place au sein d’instances onusiennes, la France, qui fut longtemps pionnière, ne doit pas décrocher.

L’exercice de la souveraineté sur de vastes étendues et la compétition internationale ont certes un coût difficile à assumer en période de crise mais il s’agit là d’un investissement d’avenir, une opportunité historique de croissance et de rayonnement. La France, et ses outre-mer en première ligne, doivent se saisir de cette chance et miser sur l’économie bleue.


Du Pacifique à Saint-Pierre-et-Miquelon en passant par la Guyane ou encore le canal du Mozambique dont la ZEE française représente près des deux tiers, la course aux ressources marines est engagée. Simultanément, des technologies de pointe, encore au stade expérimental il y a peu, deviennent matures et entrent en phase industrielle, en particulier dans le domaine des énergies renouvelables. Le moment est venu d’ériger la mise en valeur des ZEE en priorité stratégique.

À cette fin, la Délégation sénatoriale à l’outre-mer formule dix recommandations classées selon trois axes :
  • mettre en place une gouvernance nationale cohérente et offensive ;
  • fédérer les énergies de l’ensemble des acteurs pour le plus grand bénéfice des territoires ;
  • promouvoir aux échelons local, national, européen et mondial un cadre normatif favorable à une économie bleue attractive et durable.

La réforme en cours du code minier doit être l’occasion de prendre en compte les spécificités des outre-mer et des activités offshore.

Cliquer Ici  pour lire la synthèse du rapport d’information de la délégation "ZEE ultramarines : Le moment de vérité"

Cliquer ici pour télécharger le rapport "ZEE ultramarines : Le moment de vérité" ou pour lire en ligne le rapport

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Les zones économiques exclusives ultramarines : le moment de vérité (extrait)

b) Les ressources halieutiques et végétales : des perspectives contrastées

Source : Sénat

(1) Les ressources de la pêche : inventorier et structurer

(a) Un potentiel à optimiser

La ressource est mal connue et à exploiter avec prudence. ZEE n'est en effet pas nécessairement synonyme de « zone de pêche utile ». L'importance des ressources halieutique au large des côtes varie selon qu'elles sont ou non bordées par un plateau continental.

Les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), Kerguelen, Crozet, Saint-Paul et Amsterdam ainsi que Saint-Pierre-et-Miquelon sont entourées de vastes plateaux poissonneux ; de même la Guyane dispose d'un plateau continental de 40 000 km2, particulièrement riche. La Réunion et Mayotte en sont dépourvus, ce qui limite la pêche côtière. Les îles des Antilles disposent quant à elles d'un plateau continental modeste.

La ressource dépend aussi de l'existence de lagons dans lesquels se pratique une pêche artisanale de poissons particuliers à ce milieu. Ainsi, Mayotte dispose d'un des plus vastes lagons du monde (1 000 km2) ; même si les pêcheurs s'y sont longtemps limités à exploiter les eaux lagonaires ou limitrophes, ils pêchent désormais le listao en mer ouverte, espèce également ciblée par les thoniers tropicaux opérant dans la zone.

Dans le Pacifique, la mer serait pauvre au-delà des lagons. Les eaux tropicales chaudes de la ZEE polynésienne sont assez peu productives, la partie la plus riche se situant au nord, plus proche de l'upwelling65(*) équatorial. La zone océanique dans laquelle est située la Nouvelle-Calédonie n'est pas non plus favorisée, les migrations de thonidés passent assez loin à l'est et au nord du territoire.

Les outre-mer n'échappent pas à la tension planétaire sur les ressources halieutiques.

La richesse halieutique de la planète est menacée par la surpêche : les prélèvements de poissons destinés à la consommation sont en effet passés de 16,8 millions de tonnes en 1950 à 128 millions de tonnes, qui fournissent à plus de 4,3 milliards de personnes environ 15 % de leurs apports en protéines animales. Selon la FAO66(*), « près de 30 % de ces stocks sont surexploités (...), 57 % sont pleinement exploités et seulement 13 % ne sont pas pleinement exploités »67(*). Ce constat vaut pour les grandes espèces pélagiques68(*), au premier rang desquels les thons, mais il est plus difficile à dresser pour les espèces côtières.

La ressource halieutique ultramarine est aujourd'hui très mal évaluée. D'une part, les eaux tropicales se distinguent, à l'exception de la Guyane69(*), par une forte diversité et une faible abondance des espèces ; cette observation ne s'appliquant évidemment pas à Saint-Pierre-et-Miquelon ni aux TAAF70(*). D'autre part, cette difficulté est renforcée par les insuffisances de l'appareil statistique. La pêche outre-mer ayant très majoritairement un caractère artisanal, les données déclaratives des pêcheurs sont le plus souvent inexistantes, raison pour laquelle, depuis quelques années, les données sur la pêche outre-mer ne sont plus publiées par la direction des pêches maritimes et de l'aquaculture (DPMA) du ministère de l'agriculture.

Des systèmes d'informations halieutiques (SIH) ont cependant été mis en place dans chacun des DOM pour améliorer les connaissances sur les activités de pêche et les ressources exploitées, grâce à des réseaux d'observateurs réalisant des enquêtes directement auprès des pêcheurs.

Les principales évaluations disponibles concernent les thons et istiophoridés (marlins) réalisées par des organisations internationales telles que la commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique, la commission des thons de l'océan Indien ou la commission des pêcheries de l'ouest et du centre du Pacifique, qui font état de fortes tensions sur la ressource. Le vivaneau rouge, les crevettes pénéides font l'objet d'une évaluation annuelle par l'Ifremer depuis une quinzaine d'années en réponse à la demande de la Direction de la mer de Guyane. Toujours en Guyane, l'acoupa rouge a fait l'objet de premières évaluations, en 2010 et 2012.

L'évaluation relative au vivaneau, espèce du plateau continental guyanais fait globalement état d'une légère progression des stocks menacée par l'intensité de la pêche. Pour d'autres espèces, une diminution des populations est déjà tangible : il s'agit des poissons de récif sensibles à la dégradation des coraux, particulièrement en Polynésie au vu de l'importance de la pêche lagonaire, ou encore de la crevette sauvage guyanaise (1 000 tonnes pêchées par an contre 4 000 dans les années 1990), pour laquelle les causes de l'effondrement de la ressource sont actuellement recherchées dans les changements de l'environnement local.

Aux Antilles, on peut distinguer les activités de pêche pratiquées sur le plateau insulaire et ciblant principalement des espèces démersales71(*) et benthiques72(*), de celles pratiquées plus au large ciblant des stocks partagés de grands migrateurs (thon jaune, dorade coryphène, marlins). Les activités au large utilisent les DCP ancrés pour la capture de ces espèces. Une baisse des rendements de marlin bleu a été observée tandis que sur les autres ressources aucune tendance particulière ou aucun signe de surexploitation ne sont apparus. Des données sont actuellement regroupées (principalement sur la dorade coryphène, le poisson volant et le thon noir) pour tenter de procéder à une évaluation d'ici quelques années. Toutefois, les pressions exercées (par l'utilisation de casiers, de filets ou de sennes) sur les ressources des plateaux insulaires pourraient fragiliser les ressources benthiques et démersales. La croissance de ces ressources suppose de mieux encadrer l'activité de pêche - légale et informelle - et de renforcer les mesures de conservation de ces ressources et de la biodiversité associée.

En Guyane, une évaluation de la pêche dite INN (illégale, non déclarée, non réglementée) a été réalisée par l'Ifremer. Elle révèle en particulier que l'acoupa rouge, principale cible de cette pêche, montre des signes de surexploitation.

Du point de vue de l'évaluation des ressources, une mention particulière doit être faite du programme ZoNéCo d'évaluation de l'ensemble des ressources marines menée en Nouvelle-Calédonie depuis 1991. Dans le domaine des pêches, il a pour objectif l'identification génétique des différents stocks exploitables ainsi que la définition de principes de gestion et le suivi de leur application.

Globalement, les ressources halieutiques des ZEE ultramarines demeurent méconnues, conséquence d'une biodiversité particulièrement riche du milieu, nombre d'espèces restant à découvrir. Dans ce contexte, il est néanmoins possible d'envisager un développement du secteur économique de la pêche.

(b) Structurer de véritables filières

Il est plus difficile en matière de pêche que pour les ressources minérales ou énergétiques d'affirmer que la ZEE française est un eldorado de richesses inexploitées. En revanche des pistes de développement existent dans différents segments d'activités. L'enjeu est de s'assurer que l'exploitation des ressources halieutiques de notre ZEE profite bien aux territoires qu'elles jouxtent, en particulier en termes d'emplois : soit en augmentant la part des prises françaises dans le niveau de pêche actuel, soit en structurant un secteur encore traditionnel pour créer de véritables filières économiques.

Selon l'Ifremer, les progrès dans les ZEE tropicales résident essentiellement dans l'exploitation des grands pélagiques, ou dans la petite pêche côtière. Des perspectives existent aussi en matière d'aquaculture.

Pour la pêche des thonidés au large, il existe quelques marges de progrès. Dans l'océan Indien, les stocks des principales espèces de thons tropicaux (albacore, patudo, listao, germon) ainsi que d'espadon (1 500-3 000 tonnes par an d'espadons pêchés par les palangriers réunionnais dont 80 % dans les eaux malgaches) approchent la pleine exploitation. Les prélèvements totaux ne pouvant pas être augmentés, les captures françaises ne pourraient s'accroître qu'en diminuant celles des navires étrangers.

Surtout, l'impact socio-économique de la pêche hauturière pourrait être augmenté à La Réunion en faisant en sorte que les débarquements des senneurs réunionnais et mahorais ne se fassent plus seulement à Maurice.

Dans le Pacifique, des risques existent sur le renouvellement des stocks de plusieurs espèces (thon rouge, thon jaune, thon germon, bonite) qui ne permettent pas d'envisager une augmentation globale des prises autorisées. Cela dit, des opportunités peuvent exister pour les palangriers de Polynésie et de Nouvelle-Calédonie au moment où la pêche industrielle par les grands senneurs, notamment japonais, est de plus en plus contestée par les États océaniens.

Pour la pêche côtière en revanche, les perspectives consistent moins à développer la part des pêcheurs ultramarins par rapport à leurs concurrents qu'à mieux exploiter la ressource.

Une question majeure est celle du recours aux DCP ancrés qui, s'ils sont bien organisés, peuvent alléger la pression de pêche sur les ressources démersales du plateau insulaire en favorisant la pêche de thonidés et autres grands pélagiques par des navires de petite pêche côtière qui alimentent le marché local en produits frais73(*). Elle est toutefois menacée dans les DROM par les règles de la politique commune de la pêche hostiles aux DCP.

Cette inadaptation des règles communautaires - pensées pour les eaux européennes - aux pêches tropicales a été pointée dans le récent rapport de la commission des affaires économiques du Sénat74(*) ; elle concerne aussi les aides à la modernisation d'un secteur resté largement artisanal et notamment le renouvellement des embarcations. Un exemple particulièrement emblématique est celui de la pêche côtière guyanaise équipée de petits navires, en bois, opérant au filet maillant. La pêche INN génère probablement une surexploitation de ces ressources et son éradication permettrait le retour à une situation saine des stocks avec un potentiel de développement de l'effort pour la flotte guyanaise, d'autant que les perspectives de croissance de la demande existent en raison de la démographie. Ce développement pourrait toutefois être compliqué par le manque d'infrastructures à terre. Le soutien à la modernisation et à l'extension de la flotte est nécessaire pour saisir les opportunités de développement. Elle est plus généralement une condition de la constitution en véritable filière économique d'une pêche ultramarine encore largement artisanale.

La lutte contre la piraterie et les prises destinées aux ventes illégales, très fréquente dans la pêche lagonaire notamment sous couvert d'activité de plaisance, constitue aussi une condition de sécurisation du cadre économique.

La prise de conscience du véritable fléau que représente la pêche INN75(*) marque cependant de véritables progrès comme en témoigne par exemple la réorientation, en 2013, du plan régional de contrôle des pêches maritimes de Guadeloupe vers la lutte contre les importations illégales et la pêche clandestine ou encore la signature, le 28 février 2014, de la nouvelle convention de coopération des pays de la Conférence de l'océan Indien (COI) mettant en place un partage systématique des informations en matière de pêche.76(*)

Compte tenu de ses coûts de production plus élevés que ceux de ses voisines, le développement des pêches ultramarines passe aussi par la qualité des productions.

L'aquaculture en donne sans doute l'une des illustrations les plus évidentes. Comme le soulignait déjà le Livre bleu en 200977(*), l'outre-mer est particulièrement propice au développement des activités aquacoles (conchyliculture, pisciculture, crevetticulture, algoculture...). Généralement éloignés des centres de consommation, les outre-mer ne peuvent être concurrents des productions de masse et de faible qualité de pays où les normes sociales, sanitaires et environnementales sont peu élevées, mais ils peuvent jouer la carte de la qualité et adopter de hauts standards. C'est dans cet esprit qu'a été lancé en 2005 le projet de développement durable de la pisciculture outre-mer piloté par l'Ifremer en relation avec les acteurs locaux en Martinique, en Guadeloupe, à La Réunion, à Mayotte, en Polynésie et en Nouvelle Calédonie. Renouvelé dans le cadre du programme « aquaculture durable 2009-2012 », il a tout d'abord consisté à développer avec succès la culture de l'ombrine. La production totale outre-mer a atteint 350 tonnes en quelques années sur l'ensemble de l'outre-mer et donné lieu récemment, parallèlement aux cultures artisanales de quelques tonnes, à la création de fermes de grande capacité à La Réunion et à Mayotte, non encore entièrement exploitées. Outre l'ombrine, le programme oeuvre actuellement au développement de deux espèces destinées aux marchés locaux : le platax, poisson très apprécié des polynésiens qui avait quasiment disparu du fait d'une surpêche lagonaire, et le cobia qui se prête particulièrement bien à la transformation (en filets, darnes voire salaisons et fumaisons). Ce dernier aspect fait actuellement l'objet d'études menées conjointement par l'Ifremer et le pôle agroalimentaire de la Martinique.

(2) Les algues : l'émergence d'une nouvelle économie

Les algues constituent un ensemble d'organismes photosynthétiques possédant des caractéristiques dissemblables. Aucun regroupement simple ne peut être opéré pour les définir et les placer dans une famille cohérente. Par leur présence à la surface des océans qui recouvrent 70 % de la planète, elles jouent un rôle majeur dans le climat. Des centaines de milliers d'espèces sont réparties sur la surface du globe et dans tous les types de milieux aquatiques. Elles ont colonisé tous les milieux de la mer aux eaux douces et saumâtres, des glaces polaires aux zones désertiques en passant par les sources d'eaux chaudes, et elles se sont adaptées aux environnements extrêmes, vivant dans des marais salants, dans des milieux acides, y compris dans des conditions de lumière extrêmement faibles. Elles représentent 90 % de la production primaire (la fabrication de matière organique, à partir de matière minérale et d'énergie) aquatique et 50 % de la production primaire globale.

On estime entre 200 000 et un million le nombre d'espèces existantes. Cette diversité biologique, répondant à leur adaptabilité exceptionnelle, laisse présager une immense richesse en molécules originales, notamment productrices de lipides, ouvrant des perspectives nouvelles au développement de molécules bio-actives, d'enzymes, de polymères, de bioproduits et de nouveaux procédés industriels.

Au niveau mondial, le marché des algues représente déjà entre 6 et 8 milliards de dollars par an ; la production d'algues de culture représente 46 % du total des volumes produits par l'aquaculture marine dans le monde, contre 9 % pour la pisciculture.

En l'état des connaissances actuelles, les algues paraissent pouvoir jouer un rôle majeur dans le développement des «biotechnologies bleues» qui reposent sur six secteurs clés :

1. La chimie : les algues représentent deux intérêts majeurs pour la chimie. Elles sont tout d'abord des ressources de molécules nouvelles, dont l'exploration et l'exploitation sont encore largement à venir. Elles sont également un moyen efficace de produire à grande échelle des molécules dont l'intérêt est déjà connu. C'est en particulier le cas du glycérol, ou encore de colorants comme la béta-carotène ou l'astaxanthine. Enfin, le jus d'algues est un des engrais les plus courants dans les jardineries, dont l'utilisation se répand rapidement grâce à son caractère biologique.

2. L'industrie : l'exploration du potentiel des algues ne fait que commencer. De très nombreux débouchés sont envisagés, des biomatériaux aux bioproduits en passant par les bioprocédés. C'est par exemple dans ce domaine que s'illustre actuellement le groupe français Amadéite.

Le groupe français Amadéite, basé dans le Morbihan, a créé un nouveau matériau composé de feuilles intercalées d'argile et d'algues vertes bretonnes. Ce matériau a des propriétés multiples : il permet de renforcer les défenses immunitaires dans le cadre de l'alimentation animale, réduisant ainsi la consommation d'antibiotiques ; ses propriétés mécaniques et physiques en font également un excellent candidat à l'utilisation dans les carrosseries de voitures ou dans l'emballage alimentaire. La production est par ailleurs saine pour l'environnement, puisqu'elle ne nécessite aucun procédé chimique. Cette technologie fait en ce moment l'objet d'un projet de recherche collaboratif.
Source : Centre d'études sur la valorisation des algues (CEVA)

3. La santé et la biomédecine : que ce soit par le développement de nouveaux médicaments ou de nouvelles thérapies, les algues sont pleines de promesses en matière de santé. Véritables « usines cellulaires », les algues permettent en effet, après modification génétique, la production de protéines recombinantes78(*) utilisées à des fins thérapeutiques ou de recherche (actuellement par exemple sur le développement de l'hormone de croissance humaine ou insuline...). De plus, les résultats préliminaires ont révélé que différentes espèces d'algues présentaient un potentiel antibactérien, antiviral ou anticancéreux.

Dans le domaine des produits de santé, on peut citer la fabrication de compresses hémostatiques à partir d'alginates de sodium qui fonctionnent comme de véritables éponges piégeant les bactéries. Les mécanismes de la cicatrisation sont accélérés grâce à l'échange de calcium entre le pansement et la plaie et également grâce à l'activation des macrophages.

Les algues sont également prometteuses pour la pharmacopée ; de nouvelles technologies basées sur le bioencapsulement des substances actives dans de l'alginate, une substance d'origine algale, simplifie beaucoup les processus et abaisse les coûts.

4. L'agro-alimentaire : les algues représentent un enjeu important, quoique pour le moment peu exploité, pour le monde agro-alimentaire. Leur récente certification « agriculture biologique » ouvre un nouveau marché à leur utilisation comme engrais, comme agents de saveur et de texture ainsi qu'à leur incorporation directe dans les productions. Les algues présentent des qualités nutritionnelles qui peuvent être un atout majeur pour l'évolution de la filière agro-alimentaire française. Elles ont la faculté de concentrer les minéraux, macroéléments et oligo-éléments. Le calcium extrait de l'algue lithothamne et l'iode des algues brunes en sont les exemples les plus spectaculaires. La spiruline se distingue également pour sa teneur en protéines. Des acides aminés libres ou engagés dans des molécules peptidiques sont présents dans les différentes espèces en quantité significative. De nombreux métabolites secondaires comme les pigments (caroténoïdes) ou les polyphénols sont de bons candidats pour lutter contre le stress oxydatif. L'un des axes majeurs de l'utilisation actuelle des algues dans l'agro-alimentaire est le développement rapide de compléments alimentaires d'origine algale, s'inscrivant dans la logique de la nutriceutique79(*).

5. L'environnement : les algues présentent également un intérêt très fort en matière de protection et de préservation de l'environnement. Indépendamment de leur mode d'utilisation, le seul fait de produire des algues est en soi positif pour l'environnement. Les tests effectués actuellement sur les élevages d'algues à l'intérieur des fermes aquacoles prouvent notamment leur forte absorption des rejets. Les méthodes de bioremédiation80(*) basées sur les algues sont très prometteuses, à l'image du projet de dépollution des eaux développé par la société Biolagostral à La Réunion.

La société Biolagostral a breveté un procédé industriel innovant permettant d'utiliser la capacité exceptionnelle d'absorption et de recyclage des polluants par micro algues. Couplée à une station d'épuration et à un digesteur biogaz, cette technologie permet de dépolluer les eaux usées, de récupérer les nitrates et les phosphates qu'elles contiennent et de fixer le CO2 émis par l'unité de méthanisation sans entraîner de pollution ou de dégradation du milieu naturel.
D'après le Livre bleu, une grande partie de ces biotechnologies bleues devraient être industriellement et commercialement mature en 2020-2030.

Selon M. Denez L'Hostis, pilote de la mission « mer et littoral » de France Nature Environnement (FNE) et administrateur de l'Agence des aires marines protégées81(*), l'ensemble de ces développements annoncés posent toutefois le problème de la brevetabilité du vivant, et surtout de la territorialisation de celui-ci, alors qu'aujourd'hui toutes ces ressources sont gratuites. D'après lui, « le sujet mériterait des travaux parlementaires, auxquels les outre-mer devraient prendre part de manière significative », et il en appelle à la signature d'un protocole additionnel, sur ces questions, à la convention de Montego Bay.

Si les macroalgues sont d'ores et déjà utilisées pour la production d'engrais et le secteur pharmaceutique, parmi les potentiels identifiés comme les plus importants figure l'utilisation de microalgues82(*) pour l'élaboration des biocarburants.

Vingt fois plus abondantes que les plantes terrestres, elles ont un rendement à l'hectare dix fois supérieur à celui des oléagineux et une croissance beaucoup plus rapide, tout en offrant une récolte continue, sans concurrence avec la culture alimentaire, ni conflit dans la gestion de l'eau s'agissant des cultures en mer.

De nombreux programmes de recherche ou de développement sont conduits dans le monde en vue de produire des carburants à partir de microalgues : les biocarburants de troisième génération83(*).

La France dispose à la fois du savoir-faire nécessaire, encore au stade de la démonstration, le programme SHAMASH piloté par l'INRIA étant l'un des plus avancés.

Le projet SHAMASH a été lancé en 2006 et vise à développer une technologie de biocarburant à partir de microalgues autotrophes. Ces organismes présentent la particularité d'accumuler un très fort taux de leur poids sec en acides gras. Les résultats préliminaires permettent d'envisager un rendement à l'hectare 30 fois supérieur aux oléagineux terrestres actuellement exploités.

Ce projet regroupe 8 équipes et entreprises françaises, et représente un budget total de 2,8 millions d'euros. Il est coordonné par l'INRIA de Sophia-Antipolis.
 
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Le 10 Avril 2014

La France interdit ses territoires en "jachère" aux populations affamées...

Opération de lutte contre la pêche illégale aux îles Eparses

[Communiqué de presse du 08/04/14 de la préfecture de La Réunion]

Source : Taaf

Déployée depuis le 6 mars 2014 en mission de surveillance maritime dans les eaux des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), la frégate de surveillance « Nivôse » des Forces armées dans la zone Sud océan Indien (FAZSOI) est intervenue pour mettre un coup d’arrêt à des actions de pêche illégale autour des îles Eparses du canal du Mozambique, formant le 5e district des TAAF.

Bien que la pêche y soit strictement réglementée, de plus en plus de pêcheurs en provenance de Madagascar sont signalés par les gendarmes en poste sur ces îles. Les pêcheurs sont à la recherche d’holothuries, aussi appelées concombres de mer, très prisés sur le marché asiatique. Cet animal contribue à l’équilibre écologique des lagons et à l’oxygénation des océans. Sa disparition par action de pêche massive provoquerait un préjudice irréversible.

Le samedi 29 mars au matin, à quelques milles de l’île française de Juan de Nova, la frégate « Nivôse » a déployé ses trois embarcations rapides et son hélicoptère de type « Panther » dans le cadre d’une opération de police d’envergure. Cette action aéromaritime a permis l’interception de cinq navires présents illicitement dans le lagon. Pendant l’opération, deux voiliers ont tenté de fuir mais se sont vus barrer le chemin par la frégate.

Les visites des cinq navires de pêches provenant de Mahajanga (Madagascar) qui transportaient 112 personnes, ont permis d’établir que trois navires pratiquaient la pêche de manière artisanale, mais que les deux autres, plus imposants, semblaient avoir une vocation quasi-industrielle. Près d’une tonne d’holothuries a été appréhendée et rejetée à la mer sur instruction du directeur de la mer sud océan Indien (DMSOI). Ont également été recensés 95 blocs de plongée, plusieurs dizaines de paires de palmes, des sondeurs, des dizaines de harpons ou encore des lignes, remis aux autorités françaises, qui témoignent de l’organisation de la filière. Après rédaction des procès verbaux, les navires ont été sommés de quitter la mer territoriale française.

Ces derniers mois, les îles Éparses ont fait l’objet de nombreux signalements d’incursions et d’activités de pêches illicites suivis par le service de surveillance des pêches du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Réunion.

Cette opération constitue un signal fort à l’encontre des flotilles de pêche en action illicite dans les zones économiques exclusives françaises et plus particulièrement autour de Juan De Nova.

Le « Nivôse » fait partie des cinq unités de la Marine nationale des FAZSOI, dispositif complété du patrouilleur des affaires maritimes « Osiris » pour la surveillance des activités de pêche, qui patrouillent régulièrement dans le canal du Mozambique et dans les mers Australes pour assurer le respect des droits souverains français dans la zone économique exclusive des 11 îles françaises du sud de l’océan Indien.

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Le 9 Avril 2014

L'Insee chiffre la pêche réunionnaise


À la fin 2011, la flottille de pêche réunionnaise se compose de 222 navires, soit 3,5 % du total de la flotte de pêche française.

Source : Insee

À La Réunion, la pêche s'exerce à proximité des côtes en sorties de moins de 24 heures (petite pêche) ou plus au large en sorties pouvant aller jusqu'à 20 jours pour la pêche palangrière (regroupant la pêche côtière et la pêche au large). La grande pêche industrielle s'exerce uniquement dans les zones économiques exclusives des Terres australes et antarctiques françaises (Taaf) lors de campagnes de plus de 20 jours.

La petite pêche représentait fin 2011 l'activité la plus importante en matière de flottille et d'emplois : 191 navires et 255 marins. Les prises de ce type de pêche sont destinées en quasi-totalité à l'approvisionnement du marché local. Le Département et la Direction départementale des affaires maritimes s'emploient à structurer la filière afin de maîtriser et d'accroître la production et la commercialisation.

Environ 10 % des embarcations pratiquent la pêche palangrière (pêche au large). Cette pêche se pratique dans une zone située entre 12 et 20 milles de La Réunion ou de Madagascar. Cette technique de pêche à la « longue ligne » consiste à capturer des poissons à partir de lignes pouvant mesurer plusieurs kilomètres et dotées de centaines d'hameçons accrochées à des bouées munies d'émetteurs. Un marin sur cinq inscrit à La Réunion pratique ce type de pêche.

Fin 2011, la grande pêche industrielle emploie 282 marins inscrits à La Réunion.

Les captures sont surtout des légines mais aussi des langoustes, des raies et des grenadiers.
L'activité de pêche pour chacune de ces espèces est soumise à un règlement qui détermine des quotas pour chaque année. L'objectif de ces quotas, établis par l'administration des Taaf et le muséum national d'histoire naturelle, est d'assurer la conservation à long terme et l'utilisation optimale des ressources dans la zone économique exclusive de Kerguelen et du Crozet. Le quota de pêche de légine a été fixé à 5 800 tonnes de prise pour la campagne 2011-2012 (source Taaf). Le quota de pêche pour la langouste reste stable à 400 tonnes.

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Le 30 Avril 2014

OMD : Augmenter la couverture des zones marines protégées...

OMD comme Objectifs du millénaire pour le développement

"Assurer un environnement durable" est l'un des huit objectifs que s'est fixé le programme onusien de lutte contre la pauvreté : Objectifs du millénaire pour le développement

Réduction de la perte de biodiversité comme moyen de lutte contre la pauvreté !!!

La surexploitation des stocks de poissons conduit à une diminution des rendements

En 2009, 30 % des stocks de poissons étaient surexploités et en danger pour des raisons biologiques, à comparer à 10 % en 1974. Cela signifie que les stocks mondiaux de poissons sont actuellement en dessous du niveau auquel ils peuvent produire des rendements maximaux durables. Durant les 40 dernières années, la condition globale des pêcheries mondiales a décliné en dépit des actions entreprises par les états côtiers en termes de développement de politiques et de gestion de la pêche. De plus en plus de stocks sont surexploités du fait de l’expansion continue de l’industrie de la pêche dans de nombreux pays.

La plus grande proportion de stocks surexploités est enregistrée dans les principales régions de l’océan Atlantique, de la Méditerranée et de la mer noire, où 50 % ou plus des stocks de poissons sont en dehors de leurs limites biologiques de sécurité. La plus petite proportion (10 % environ) de stocks surexploités setrouve dans les parties centre-est, nord-est et sud-est de l’océan Pacifique.

La surexploitation réduit la productivité des stocks de poissons. En conséquence, le total des prises en mer débarquées à terre (connu sous l’expression « prises débarquées ») a diminué dans le monde depuis son pic de 87,7 millions de tonnes en 1996. La reconstitution des stocks de poissons par des plans stricts de gestion rétablira leur productivité. En même temps, cela améliorera l’efficacité économique du secteur de la pêche, ainsi que la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes marins.

Des progrès significatifs ont été réalisés depuis 1990 pour augmenter la couverture des zones protégées. Ces zones sont dédiées à la sauvegarde et au maintien de la diversité biologique et des ressources naturelles ainsi qu’à la valeur culturelle qui leur est associée. De 1990 à 2012, les zones terrestres protégées ont augmenté, passant de 8,9 % à 14,6 % de la surface terrestre mondiale. Sur la même période, la protection marine a plus que doublé dans les eaux côtières, jusqu’à 12 milles nautiques, de 4,6 % à 9,7 %. La protection des zones marines de juridictions nationales potentielles (allant de la côte jusqu’à 200 milles nautiques) a augmenté, passant de 1,2 % à 5,3 %. Les zones protégées ont pour but de conserver et d’encourager la diversité biologique. Elles produisent aussi d’importants biens et services fournis par les écosystèmes dont bénéficient les économies locales, nationales et mondiales. En fait, une part importante de la population mondiale dépend des zones protégées pour ses moyens d’existence. Ayant reconnu l’importance de la biodiversité et des services écosystémiques, la convention sur la diversité biologique cherche à conserver au moins 17 % des zones terrestres du monde et 10% des zones côtières et marines d’ici à 2020 à travers un réseau mondial de zones protégées qui soit géré efficacement et équitablement, et qui soit écologiquement représentatif des ressources naturelles de la terre.

L’Amérique latine montre la voie dans la conservation de ses terres et de ses côtes, avec 21,3% de ses zones terrestres et 15,4 % de ses zones marines qui sont protégées. Les autres régions sont bien loin derrière. Des efforts continus sont nécessaires pour améliorer la couverture et, en particulier, l’efficacité du réseau mondial de zones protégées.

Source :
Objectifs du millénaire pour le développement : rapport de 2013
Objectif 7 : Assurer un environnement durable
Intégrer les principes du développement durable dans les politiques et programmes nationaux et inverser la tendance à la déperdition des ressources environnementales

Cliquer Ici pour télécharger le rapport


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Le 14 mai 2014

L’économie de la mer, horizon politique


"La mer, avenir de l'humanité", carte publiée par Nicolas Lambert, le 7 février 2014 sur :  Carnet Cartographique

“Les océans représentent 70% de la surface de la planète. Plus des deux-tiers de la population mondiale vit à moins de 100 kilomètres d’une côte. La mer est obligatoirement la nouvelle frontière de l’humanité“. Voilà comment parle de ce nouvel horizon, J.L. Mélenchon qui n’a de cesse de tenter de faire rentrer la question de la mer dans le débat public [Cf. faire entrer la mer en politique]. Ce positionnement, s’il n’est pas dénué d’universalisme est d’autant plus intéressant et stratégique pour la France que notre territoire national représente la deuxième plus grande surface maritime du monde, juste derrière les États-Unis. Pour contribuer au débat, j’ai donc réalisé une carte par anamorphose montrant le poids des états en fonction de la surface de leur zone exclusive économique*. Sur cette carte, la taille des pays est proportionnelle à leur surface maritime territoriale. Les 5 premiers pays sont représentés en bleu foncé.

(*) D’après le droit de la mer, une zone économique exclusive (ZEE) est un espace maritime sur lequel un État côtier exerce des droits souverains en matière d’exploration et d’usage des ressources. Elle s’étend à partir de la ligne de base de l’État jusqu’à 200 milles marins (environ 370 km) de ses côtes au maximum. Le terme est parfois abusivement appliqué aussi aux eaux territoriales et aux extensions possibles du plateau continental au-delà de ces 200 milles marins.

Source :  Carnet Cartographique (avec d'autres cartes toutes aussi parlantes de Nicolas Lambert)

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Maritimisation : la France face à la nouvelle géopolitique des océans

L'exploitation des ressources : un début de sédentarisation de l'homme en mer ? Le milieu maritime constitue un espace dans lequel l'homme est resté essentiellement nomade. Entamée il y a une trentaine d'années avec les plateformes pétrolières offshore, la sédentarisation des hommes en mer s'accélère avec le basculement qui s'opère des réserves de pétrole et de matières premières de la terre vers les mers.

Rapport d'information n° 674 (2011-2012) de MM. Jeanny Lorgeoux et André Trillard, fait au nom de la commission des affaires étrangères et de la défense, déposé le 17 juillet 2012

Cliquer Ici pour télécharger le rapport d'information

Le Général de Gaulle affirmait en 1969 à Brest : « L'activité des hommes se tournera de plus en plus vers la recherche de l'exploitation de la mer. Et, naturellement, les ambitions des Etats chercheront à la dominer pour en contrôler les ressources... ».

Aujourd'hui, la fluidité des échanges maritimes internationaux et par conséquent le respect de la liberté de circulation en mer est devenu un élément essentiel pour notre sécurité.

Demain, l'épuisement des ressources terrestres rendra nos économies plus dépendantes des ressources de la mer. Ce basculement de la terre vers la mer, cette « maritimisation » des enjeux entraînent des conséquences stratégiques majeures avec une territorialisation des espaces maritimes jusqu'alors libres d'accès et l'émergence de rivalités nouvelles entre grands pôles de développement.

La France possède le deuxième territoire maritime du monde grâce à l'outre-mer, des capacités et des atouts importants, une marine océanique qui compte, des industries navales compétitives, un savoir-faire et une maîtrise technologique en matière de construction navale, d'exploration et d'exploitation en haute mer de premier plan.

Cette nouvelle géopolitique des océans présente des opportunités, mais également des menaces avec le développement de la criminalité en mer et des trafics illicites, l'augmentation des acteurs en mer et du niveau de violence, mais surtout avec les risques de conflits liés à la volonté croissante des Etats de s'approprier des zones maritimes convoitées et de maîtriser les routes d'approvisionnement stratégiques.

Alors que les pays émergents sont en train de constituer des marines puissantes, la France est-elle prête pour un avenir qui se jouera en mer ?

C'est l'objet de ce rapport du groupe de travail sur la maritimisation de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées au moment même où débutent les travaux sur le nouveau Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale.

Extrait consacré à l'exploitation halieutique réduit à la portion congrue

Des réserves halieutiques à préserver, une aquaculture à développer.


Alors que la pêche maritime française qui emploie directement 24 000 marins embarqués, sans compter la transformation des produits de la mer et les cultures marines, est aujourd'hui en difficultés, il convient plus que jamais de contrôler et de surveiller le domaine maritime français pour préserver les réserves halieutiques.

La pêche constitue, en effet, un rouage de notre indépendance alimentaire qu'il faut sauvegarder, même si, d'ores et déjà, elle ne peut plus couvrir que 80 % de nos besoins, ce qui pénalise notre balance des paiements, le déficit global de la France sur les seuls poissons étant malheureusement passé en dix ans de 500 000 à 1 million de tonnes.

De ce fait, la flotte de pêche française est en net recul. De 1990 à 2008, le nombre de navires a diminué de 43 %.

De ce point de vue, la valorisation des ressources halieutiques des ZEE d'outre-mer constitue une perspective qu'on ne peut négliger.

Ces ZEE sont cependant caractérisées par des situations très contrastées, on constate en effet :
  • la disparité des outre-mer dans la configuration des fonds : d'un large plateau continental (Guyane, Saint Pierre et Miquelon) à l'absence quasi-totale de plateau (La Réunion) ;
  • la disparité des ZEE, celle des Antilles étant très petite par rapport à celle de la Polynésie (5 millions de km²) ;
  • la productivité des écosystèmes pélagiques qui constituent la grande majorité de la ZEE outre-mer est moindre que celle du plateau continental.

Si dans ce domaine de la pêche, l'immense ZEE française ne peut pas résoudre le déficit de la balance commerciale de la France, il convient de rechercher et développer les marges de progrès notamment pour assurer la stabilité économique des territoires d'outre-mer.

D'après les responsables de l'IFREMER, entendus dans le cadre des travaux conjoints du groupe de travail et de la délégation à l'outre-mer, les perspectives de croissance sont modestes dans un contexte par ailleurs marqué par une forte concurrence.

La pêche dans les outre-mer doit être regardée tout autant comme le moyen de maintenir ou développer le tissu socio-économique local que comme une nouvelle source de production de ressources inexploitées qui permettrait d'augmenter la part française dans la consommation nationale de produits de la mer très largement déficitaire.

La pêche en outre-mer est aujourd'hui en très grande partie une pêche côtière dans les 12 milles, avec de petites embarcations opérant à la journée, soit sur le plateau continental lorsqu'il existe, soit sous des dispositifs de concentration de poissons (DCP) ancrés15(*). S'y ajoute une pêche lagunaire, en Polynésie, très importante, en nombre de pêcheurs et en prélèvements.

Dans la plupart des territoires d'outre-mer, la pêche plaisancière (souvent le fait de pêcheurs retraités) constitue une pression de pêche sur les ressources du même ordre de grandeur que la pêche professionnelle. S'y ajoutent une pêche hauturière (senneurs de Mayotte et Réunion), palangriers (ciblant la légine) et caseyeurs (ciblant la langouste) dans les TAAF, palangriers à thonidés et à espadons dans l'océan Indien, crevettiers sur le plateau guyanais et caseyeurs martiniquais qui exploitent les vivaneaux sur le plateau de la Guyane.

Le constat d'une très forte exploitation des ressources côtières récifales est globalement partagé sur l'ensemble de ces territoires.

L'implantation de DCP ancrés, financée par la Commission européenne, a permis de transférer une partie de la pression de pêche vers le large, soulageant les ressources du plateau. Le non-renouvellement du parc de DCP, envisagé faute de soutien européen, conduira inévitablement à un repli des navires concernés vers la bande côtière et donc à une augmentation de la pression de pêche sur des ressources déjà très exploitées, voire surexploitées.

La seule marge de progrès dans les ZEE tropicales réside donc dans l'exploitation des grands pélagiques, soit au large, par de grands navires, soit à portée de la petite pêche côtière.

Les situations sont cependant très contrastées selon les zones.

Dans les TAAF, la légine australe est bien exploitée, avec 6 000 tonnes/an dans le cadre d'une pêche extrêmement réglementée qui a fait ces dernières années l'objet d'un contrôle renforcé pour limiter le pillage des stocks par la pêche illégale.

En ce qui concerne la crevette guyanaise (1000 T/an contre 4000 T/an dans les années 90), l'effondrement de la ressource est la conséquence d'un changement environnemental plus que de la pêche. La hausse du prix du carburant conjuguée à la baisse du prix de la crevette du fait de la concurrence de la crevette d'élevage font que cette activité est actuellement très réduite. Elle fait par ailleurs également l'objet d'un pillage par des navires de pêche des pays riverains.

La pêche des thonidés au large présente également de faibles marges de progrès. Les thonidés de l'océan Indien sont suivis et gérés au sein de la CTOI (Commission des Thons de l'Océan Indien) qui fixe les préconisations en termes de pression de pêche. Idem pour les thonidés du Pacifique (WCPFC) et de l'océan Atlantique (CICTA et CRFM).

Le diagnostic porté par la communauté scientifique internationale dans le cadre des ORGP (organisation régionale de gestion des pêches) montre que, dans l'océan Indien, les stocks des principales espèces de thons tropicaux ainsi que de l'espadon sont dans un état proche de la pleine exploitation (prélèvements durables maxima). L'activité des thoniers est par ailleurs fragilisée par le développement de la piraterie.

En définitive, le potentiel halieutique des territoires maritimes français apparaît fragilisé par le déclin de la ressource et la concurrence parfois illégale des navires de pêche étrangers.

Par ailleurs, les difficultés de la pêche pourraient être en partie compensées par les perspectives de développement de l'aquaculture outre-mer.

À Saint-Pierre-et-Miquelon, les efforts de recherche et développement en direction de la pectiniculture, aujourd'hui prometteurs, ont commencé il y a une dizaine d'années. Ils sont axés sur un produit phare, le pétoncle géant, à très forte valeur potentielle.

La crevetticulture concerne principalement la Nouvelle-Calédonie et, à un degré moindre, la Polynésie, où les potentialités sont importantes. On y retrouve les mêmes exigences en termes de recherche et développement et d'organisation de la filière. Aujourd'hui, l'exportation de crevettes de Nouvelle-Calédonie constitue sa deuxième activité exportatrice, après le nickel.

La pisciculture concerne la Réunion, Mayotte, la Polynésie et la Nouvelle-Calédonie, avec des perspectives de développement, mais aussi des freins identifiés.

Dans l'aquaculture, comme dans la pêche, la France fait face à la concurrence de nombreux pays dont notamment la Chine et l'Inde qui ont développé des méthodes industrielles à des coûts très compétitifs.

Les difficultés rencontrées par la pêche française aussi bien en métropole que dans les territoires d'outre-mer militent pour un renforcement des moyens de contrôle et de surveillance maritimes des zones de pêche afin, d'une part, de protéger les stocks dans nos eaux territoriales contre les pêches illégales et la surexploitation de certaines zones et, d'autre part, défendre les intérêts de nos pêcheurs nationaux dont l'activité est essentielle à l'équilibre économique de ces territoires.


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Le 20 mai 2014

Pour une Europe ultramarine

Résolution du CESE (Conseil économique, social et environnemental)

Publié le : 13/05/2014

Traitée par : Délégation à l'Outre-mer

Rapporteur/Intervention : Gérard Grignon

Présentation

L’année 2014 est une année importante pour l’avenir des relations entre l’Union européenne (UE) et les Outre-mer (OM). Dans ce contexte, le Conseil économique, social et environnemental souhaite porter la vision d’une Europe ultramarine.

Ses recommandations s’organisent autour de quatre axes : dynamiser les synergies entre les Régions ultrapériphériques et les Pays et Territoires d’Outre-mer ; renforcer le soutien de l’UE en faveur d’une plus grande insertion régionale des Outre-mer ; utiliser de façon optimale l’article 349 du TFUE et conforter la place des acteurs de la société civile dans les relations entre l’UE et les Outre-mer afin de renforcer le sentiment d’identité européenne.

Cliquer Ici pour télécharger la résolution "Pour une Europe Ultramarine"

Présentation de la résolution "Pour une Europe ultramarine"



par M. Gérard Grignon au nom de la délégation à l'outre-mer

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Le 30 mai 2014

Coopération régionale

Pêcheurs artisans de l'océan Indien : un nouveau pas vers une structure commune

Le président du Comité régional des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) de La Réunion, Jean-René Enilorac, et Rémy Lannuzel, en charge de la coopération régionale au sein de l'organisme professionnel, viennent d'achever un déplacement d'une semaine à Maurice et à Rodrigues à la rencontre des pêcheurs de ces deux îles. Un nouveau pas vers une structure commune regroupant les pêcheurs artisans du sud-ouest de l'océan Indien.

Source : ipreunion

Les 17 et 18 mars derniers, le CRPMEM s’était vu confier la mission de préfiguration de la structure fédératrice des pêcheurs artisans de l’océan indien. "Il est grand temps que les pêcheurs artisans de l’océan Indien s’unissent et s’organisent pour mieux protéger les ressources halieutiques environnantes et pour mieux se faire entendre des organisations régionales de pêche dans la définition des décisions de sa gestion durable en océan indien", ont ainsi martelé les hôtes réunionnais à leurs homologues mauriciens puis rodriguais lors de ce déplacement.

Au programme de cette mission, de nombreuses visites de terrain auprès des pêcheurs artisans pour connaître leurs quotidiens, recueillir leurs attentes et identifier leurs besoins. Des rendez-vous ont également été pris auprès des autorités publiques des ministères de la pêche et des coopératives de Maurice ainsi qu’à l’assemblée régionale de Rodrigues. " Tous les échanges n’ont fait que conforter l’élan de structuration des pêcheurs artisans de l’océan Indien, que les thèmes de ressources communes à préserver et à transmettre, de métier de la pêche à valoriser et à faire reconnaître, de pêcheurs comme baromètres et experts de la mer ont rassemblé très largement ", indique le comité régional des pêche.

" Si tous les représentants professionnels rencontrés se sont accordés à dire que la pêche industrielle avait sa place en océan Indien, au travers une exploitation raisonnée et responsable, notamment sur la limitation des DCP dérivants de leurs bateaux, chacun a pu également insister sur l’obligation de solidarité entre filières au travers des retombées économiques attendues au bénéfice de la pêche artisanale de l’océan Indien. Les ONG seront mobilisées afin d’amplifier la voix des pêcheurs artisans sur ce thème ", poursuit le CRPMEM.

Dans les prochaines semaines, Jean René Enilorac poursuivra ses déplacements au contact des professionnels des autres pays de la Commission de l’océan indien (COI). Il note particulièrement la volonté unanime des pêcheurs artisans mauriciens et rodriguais de " dépasser leur isolement pour trouver collectivement des moyens de pérenniser leur beau métier ". " La structure fédératrice des pêcheurs artisans de l’océan indien s’en trouve encore ainsi renforcée ", conclut le CRPMEM.

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Juillet 2014

L'or bleu des Seychelles

Histoire de la pêche industrielle au thon dans l'océan Indien

2014
Ed. : IRD,
Coll. : Hors collection
Format 16 x 24 cm
ISBN : 978-2-7099-1759-9
Langue(s) : français,
Prix : 25,00 €
           
Fonteneau A., Marsac F., Michaud P.,

En 1976, année de l'indépendance du pays, il n'existait aux Seychelles aucune pêche thonière industrielle, et peu d'experts prévoyaient un développement majeur de ces pêcheries. Aujourd'hui Victoria, la capitale, devenue l'un des ports thoniers les plus actifs au monde héberge l'une des plus grosses conserveries de la planète et l'industrie thonière constitue la clef de voûte de l'économie du pays. On ignore souvent que le thon en conserve consommé en Europe provient pour l'essentiel des eaux seychelloises, qui recèlent de très importantes ressources en thons, découvertes lors des campagnes expérimentales de pêche menées par des thoniers senneurs français et espagnols.

En l'espace de vingt ans seulement, les retombées socio-économiques ont été considérables, avec création d'emplois et par ailleurs la mise en place d'une flottille palangrière semi-industrielle conduite par des opérateurs locaux. La recherche scientifique a en permanence accompagné ce développement, en assurant un suivi continu de la pêche thonière pour une gestion raisonnée des stocks et la préservation des écosystèmes pélagiques.

Fruit d'une importante recherche documentaire et de témoignages recueillis auprès de scientifiques, de patrons thoniers et de personnalités politiques, cet ouvrage retrace les différentes étapes de cette " épopée thonière ", jalonnée d'échecs et de réussites. Il nous livre le récit détaillé et vivant de cette tranche d'histoire mal connue et pourtant décisive pour le développement et la diversification économique des Seychelles, et pour les pêcheries thonières de l'océan Indien.

Francis Marsac, océanographe biologiste, est directeur de recherche à l'Institut de recherche pour le développement (IRD).

Alain Fonteneau, halieute, est directeur de recherche à l'IRD.

Philippe Michaud, économiste, actuellement conseiller au ministère des Affaires étrangères des Seychelles, est ancien directeur général de la SFA (Seychelles Fishing Authority).

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Conférence grand public sur l’Or Bleu des Seychelles

L’Ambassade de France aux Seychelles et l'Autorité de la pêche des Seychelles (SFA) ont organisé une conférence grand public sur l’Or Bleu vendredi 20 juin 2014 à Victoria, la capitale. Environ 70 personnes étaient présentes, dont le Ministre des Affaires Etrangères, M. Jean-Paul Adam, l’Ambassadeur des Seychelles pour la région Océan Indien, M. Calixte D’Offay, et l’Ambassadeur de France aux Seychelles, Mme Geneviève Iancu. Mme Iancu a salué le talent et l’expérience des trois co-auteurs qu’elle a qualifiés de témoins vivants du développement de la pêche au thon aux Seychelles.

Source : CTA

Le Seychellois Philippe Michaud et les Français Francis Marsac et Alain Fonteneau ont trouvé utile de retracer dans un livre, l’histoire de la pêche au thon aux Seychelles.L’ouvrage qu’ils ont intitulé ‘L’Or Bleu des Seychelles’, part des années 70 avec les premiers plans du gouvernement d’alors de l’exploitation du thon aux Seychelles. Il raconte ensuite les différentes étapes de cette activité importante pour l’économie du pays, allant des recherches, passant par la négociation avec les armateurs Européens et Japonais, l’arrivée des premiers thoniers, un début de pêche difficile, le développement des infrastructures, et les différentes évolutions dont la piraterie, jusqu'une activité importante et profitable aujourd’hui.

Aujourd’hui Victoria, devenue l’un des ports thoniers les plus actifs au monde, héberge l’une des plus grosses conserveries de la planète et l’industrie thonière constitue un des piliers économiques du pays.

En vingt ans seulement, les retombées socio-économiques ont été considérables, avec la création de milliers d’emplois et la mise en place d’une flottille palangrière semi-industrielle conduite par des opérateurs locaux. La recherche scientifique a en permanence accompagné ce développement, en assurant un suivi continu de la pêche thonière pour une gestion raisonnée des stocks et la préservation des écosystèmes pélagiques

Source: afrique-australe.aird.fr

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Le 11 Août 2014

Les Eparses, des îlots préservés de biodiversité stratégiques pour la recherche



Les Eparses, des îlots préservés de biodiversité stratégiques

Les îles Éparses, grains de corail de l'océan Indien administrés par la France, font figure de "point zéro", des havres de biodiversité préservés de l'activité humaine et qui servent de référence pour mesurer l'impact des bouleversements dus à l'Homme et au climat.

Source : La Dépêche / AFP

"Les Éparses sont des sites de référence car non perturbés par la pêche côtière et les rejets des bassins versants liés à l'urbanisation, mais impactés par les changements globaux comme l'acidification des océans", explique à l'AFP Matthieu Le Corre, directeur du laboratoire d'écologie marine (Ecomar) à l'université de La Réunion.

"On appelle ça un +hot spot+ de biodiversité", poursuit le chercheur, "un endroit où ne pèsent quasiment que des menaces naturelles, généralement dérisoires comparées aux menaces humaines" qui érodent la biodiversité dans les îles voisines.

Les Éparses, qui regroupent cinq îles (Tromelin, Les Glorieuses, Juan de Nova, Bassas da India et Europa) éparpillées autour de Madagascar, sont restées des sites importants de ponte des tortues vertes et imbriquées, espèces menacées et protégées.

Dauphins et baleines y passent aussi en toute tranquillité. Elles abritent également plus de 40% des oiseaux marins de l'océan indien occidental: pailles-en-queue à brins rouges, frégates du Pacifique, sternes fuligineuses et caspiennes, fous à pieds rouges viennent s'y reproduire.

En interaction permanente avec l'océan, ces oiseaux sont des "bio-indicateurs" importants de ses altérations. Plusieurs programmes ont permis de les mesurer, les baguer et de suivre ainsi leur déplacements en mer à la recherche de poissons volants, qui sont également la proie des thons.

La collaboration est étroite avec Madagascar, les Comores, Mayotte, les Seychelles et l'Afrique du Sud car "seule une approche régionale a du sens quand on parle de ressources halieutiques ou d'oiseaux marins", insiste M. Le Corre. Surtout dans une zone où la pêche industrielle est encore en expansion.

"La situation stratégique des Éparses est l'occasion de mettre en place une gestion raisonnée des pêcheries", abonde Cédric Marteau, directeur de la conservation du patrimoine naturel aux Terres australes et antarctiques françaises (Taaf), collectivité administratrice des Éparses depuis 2007.

Il pense notamment à une coopération sur la pêche artisanale avec Madagascar et le Mozambique en lien avec un programme de recherche franco-américain sur la connectivité génétique des poissons-clowns. Il a permis d'établir comment des poissons nés dans les récifs coralliens d'Europa peuvent se retrouver sur les côtes du Mozambique et de Madagascar.

- Des richesses encore mal connues -

"L'enjeu est de faire prendre conscience à nos voisins de l'intérêt de mettre en place une aire marine protégée. Nos récifs protègent les poissons dont les larves viennent repeupler leurs côtes", explique Cédric Marteau.

Aux Glorieuses, pourtant classées en parc naturel marin, c'est bien la petite pêche artisanale illégale en provenance de Mayotte ou des Comores qui exerce une pression sur la biomasse, dont la richesse est mal connue faut d'avoir été répertoriée.

"On utilise ces îles comme observatoires de l'environnement mais encore faut-il y aller régulièrement et y rester. Mon rêve le plus cher serait qu'elles soient équipées de stations de recherche permanentes. Mais il faudrait que cela ne soit pas la crise...", déclare Matthieu Le Corre.

Sur l'île de Juan de Nova, l'ancienne station météo, pour le moins défraîchie mais qui a déjà abrité quelques scientifiques téméraires dans des conditions spartiates, devrait être rénovée.

La feuille de route pour les îles Éparses, classées réserve naturelle depuis 1975, est en effet de "développer conjointement la conservation et la recherche", affirme Cédric Marteau, en exploitant le savoir-faire des Taaf qui soutiennent chaque année quelque 250 chercheurs dans les bases des îles australes et de l'Antarctique.

"Si on arrive à conserver ces îles dans cet état préservé, les chercheurs viendront", assure M. Marteau.

- Vaste opération de dépollution -

A la suite d'un appel lancé en 2010, 53 candidatures, à 50% américaines et 50% européennes, dont la moitié françaises, ont été reçues. Finalement 36 programmes ont été retenus aussi variés que la sismologie pour les tsunamis, des marégraphes pour étudier le niveau de la mer, l'étude des coraux, des populations de poissons, mammifères marins ou encore de la dilatation des molécules d'eau, signe de réchauffement global.

Parallèlement, une vaste opération de dépollution a été menée de 2009 à 2011 pour enlever 1.300 m3 de "déchets historiques", dont 600 tonnes de ferraille, 14 tonnes de batteries, 12 tonnes d'hydrocarbures périmés. A présent, les déchets du quotidien sont traités, et notamment une tonne par mois et par île de tongs, bouteilles en plastique, filets et bouées de pêche et autre déchets hospitaliers que la mer pousse sur ces plages vierges.

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Le 12 Mai 2015

Accord de pêche : Vous avez dit reliquat ! mais de quel reliquat ?


Concernant les accords de pêche conclus avec des Pays Tiers, la nouvelle Politique Commune de la Pêche tend à se concentrer sur le reliquat, voir à le présenter comme quelque chose de nouveau... Or la référence au reliquat lors de la négociation des accords de pêche n’est pas nouvelle à la PCP réformée, puisque l'Union Européenne doit se conformer à la Convention des Nations Unies sur le Droit de la Mer (CNUDM) (voir encadré ci-dessus).

La référence au reliquat lors de la négociation d’accords d’accès n’est pas nouvelle à la PCP, étant donné que l’UE doit se conformer à ses obligations internationales. Dans le cadre de la précédente PCP (Règlement (CE) no 2371/2002), les Conclusions du Conseil de 2004 sur les accords de pêche déjà déclaré, entre autres, que la « Communauté doit : (1) contribuer à l’exploitation rationnelle et durable des reliquats des États côtiers sur les ressources marines, en particulier en empêchant la surpêche des stocks qui sont d’intérêt pour les populations locales ».

Le nouveau règlement de base tend à se concentrer sur le reliquat, voir à le présenter comme quelque chose de nouveau, afin de réitérer l’importance de l’évaluation des stocks antérieurs et le seul accès des navires de l’UE aux stocks qui ne sont pas exploitable par l’effort de pêche nationale de l’État côtier.

Il ressort en effet clairement du nouveau règlement que l’objectif général de la PCP ne peut être respecté en l’absence de données scientifiques de haute qualité et il s’ensuit que l’Union ne peut faire abstraction de l’absence de données scientifiques lorsqu’elle agit au niveau externe. La Commission, dans sa Communication sur la dimension externe de 2011 (COM 424 (2011)) a clairement indiqué que « Les APP (*) doivent toujours être fondes sur les meilleurs avis scientifiques disponibles, en utilisant le concept de rendement maximal durable (RMD) comme référence » (point 3.2). La Commission confirme également que les APP doivent se conformer à la CNUDM en accordant l’accès des navires de l’UE seulement aux ressources ayant un reliquat (point 3.1).

Dans sa résolution de 2012, le Parlement européen s’est félicité de l’intention de la Commission d’inclure plusieurs dispositions dans les futurs accords bilatéraux, y compris : le respect du principe de la limitation de l’accès aux ressources dont il a scientifiquement été démontré qu’elles étaient en excédent pour l’Etat côtier, en conformité avec les dispositions de la CNUDM. Cette approche est maintenant reflétée à l’article 31(4) du règlement 1380/20139.


En plus de cet article qui promeut la durabilité en soutenant l’État côtier dans l’accomplissement de ses propres obligations au titre de la CNUDM, l’article 31 contient une disposition particulière au point 4 qui prévoit que :
« Les navires de pêche de l’Union pêchent uniquement le reliquat du volume admissible des captures visé à l’article 62, paragraphes 2 et 3, de la CNUDM, et établi de façon claire et transparente sur la base des meilleurs avis scientifiques disponibles et des informations pertinentes échangées entre l’Union et le pays tiers concernant l’effort de pêche total exercé sur les stocks concernés par l’ensemble des flottes. En ce qui concerne les stocks chevauchants ou les stocks de poissons grands migrateurs, il y a lieu de prendre dûment en compte, pour la détermination des ressources accessibles, les évaluations scientifiques réalisées au niveau régional ainsi que les mesures de conservation et de gestion adoptées par les ORGP compétentes ».

Ainsi, lors de la négociation d’un APPD (**), l’UE doit seulement discuter l’accès aux stocks ayant un reliquat préalablement identifié, selon les évaluations scientifiques pertinentes et mises à jour, pour les ressources autres que thonières. S’agissant des stocks chevauchants et grands migrateurs (thonidés et espèces assimilées), l’UE doit respecter les recommandations et résolutions des ORGP compétentes et les TAC qu’elles ont déterminés; le tonnage alloué à l’UE fait partie de son quota global pour l’espèce spécifique relevant de la compétence de l’ORGP.

Si aucun reliquat n’a été établi conformément à la CNUDM, ou si les conditions de l’article 31(4) ne sont pas réunies, (y compris la nécessité d’avoir le meilleur avis scientifique disponible et la transparence), l’Union européenne ne peut pas négocier d’APPD avec le pays concerné et ses navires ne devraient pas avoir accès à ses eaux.

(*) Accord de Partenariat dans le domaine de la Pêche (APP)
(**) la nouvelle PCP parle dorénavant d’Accord de Partenariat pour une Pêche Durable (APPD)

Extrait de l'analyse de Cape (Coalition pour des accords de pêche équitable) -11 Mai 2015

Pas de reliquat, pas de pêche ?

L’intégration du concept de reliquat dans les accords de pêche UE



Dans son nouveau rapport, CAPE examine comment le principe de 'reliquat' est intégré dans le nouveau règlement de la Politique commune de la Pêche de l'UE. La nouvelle PCP fait de ce concept un élément fondamental de l’accès de l’UE aux eaux des pays tiers à travers ses accords bilatéraux de pêche.

L’UE a présenté cette approche comme étant un progrès enregistré dans le cadre de la réforme de la PCP. Il s’agit néanmoins d’un principe juridique de base des accords d’accès, codifié par la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (CNUDM) depuis 1982 et qui n’est pas nouveau à la dimension extérieure de la PCP.

Il doit s’entendre dans le cadre de la création de Zones Economiques Exclusives (ZEE), où un État côtier exerce des droits souverains aux fins d’exploration et d’exploitation, de conservation et de gestion des ressources vivantes des fonds marins, sous-sol et les eaux surjacentes dans sa ZEE.

En parallèle de ces droits souverains, Les Etats côtiers ont le devoir d’évaluer l’état des ressources dans leurs eaux à des fins de gestion et de conservation, afin de répartir les possibilités de pêche entre leurs flottes nationales. L’Etat côtier a le droit d’allouer aux Etats étrangers le «reliquat» qu’il ne peut pas exploiter lui-même.

La disponibilité d’un reliquat suivant la détermination de sa capacité de pêche par l’État côtier est la ‘raison d’être’ de la conclusion des accords d’accès. Les accords bilatéraux entre l’UE et les pays tiers, principalement les pays en développement d’Afrique et de l’Océan indien, ont toujours été basés sur ces règles, mais pas toujours appliqués à la lettre : dans le passé, on peut trouver de nombreux exemples où l’accès par les flottes de l’UE aux ressources des pays tiers par des accords bilatéraux n’étaient pas fondés sur l’existence prouvée d’un reliquat.

Les choses ont elles changé aujourd’hui, avec l’entrée en vigueur de la nouvelle PCP ?

Télécharger Ici l'analyse de Cape : Pas de reliquat, pas de pêche ? L’intégration du concept de reliquat dans les accords de pêche UE

La Banque Mondiale donne son avis sur les accords de pêche 

« Le commerce de services dans la pêche: Perspectives émergentes sur les accords de pêche étrangers »


Le dernier rapport de la Banque mondiale sur les accords de pêche étrangers, promeuvent « l’importation de services de pêche », grâce à des investissements privés (sociétés mixtes par exemple) au lieu de prendre en compte les intérêts des Etats côtiers en termes de développement de leur secteur de la pêche et surtout pour les communautés locales. Cette approche n’est pas en ligne avec les principes de la CNUDM, en particulier l’article 62 qui se réfère expressément à ‘d’autres Etats’ pour l’allocation d’un accès au reliquat, ce qui exclurait l’accès au reliquat pour des compagnies privées à travers des accords privés.


Veuillez trouver une analyse détaillée de ce rapport par CAPE : Revue du rapport de la Banque Mondiale « Le commerce de services dans la pêche: Perspectives émergentes sur les accords de pêche étrangers » : https://cape-cffa.squarespace.com/blog-en-francais/revue-du-rapport-de-la-banque-mondiale-le-commerce-de-services-dans-la-pche

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    Commentaires

    cc a dit…
    De toute façon, aujourd'hui les pêcheurs mahorais n'ont aucun droit. Ils sont en immense majorité sans papier. Quand ils sont français ou travaillent de façon régulière, ils sont sur des navires que l'administration française refuse de considérer comme des bateaux de pêche. Il n'y pas d'ENIM non plus, les pêcheurs sont des citoyens de seconde zone!
    Pour autant, vu l'état actuel de la flottille, il n'est peut être pas sérieux de les inciter à parcourir des centaines de milles. Il faudrait d'abord doter l'île de ports de pêche et assurer des débouchés à un prix correct pour les produits de la mer.Il faut également faire de marin un métier avec des droits avant d'imposer des contraintes énormes sur cette profession. Pour les zones de pêches, à mon avis, ça viendra après!
    C.C.
    Aquablog a dit…
    Merci pour votre commentaire...

    Plutôt qu'un programme de développement de la pisciculture à Mayotte... (Où en est ce projet ?) Mieux vaudrait un programme de développement de la pêche artisanale pour l'exploitation de cette vaste ZEE (100.000 km2)

    PF
    C.C. a dit…
    En effet, la pisciculture d'ombrine continue d'être mise en avant, les principaux "représentants" des pêcheurs sont impliqués dans ces projets. La gendarmerie est mise à contribution pour former des jeunes à ces métiers. Mais il s'agit d'un modèle économique et écologique totalement aberrant : aucune production locale d'aliment pour les poissons (déjà que l'île ne s'autosuffit pas en poisson et importe entre autre des maquereaux congelés), et surtout, une espèce exotique qu'aucun Mahorais ne connait (on l'appelle même-je crois- "fizungu", le "poisson des blancs")et des objectifs commerciaux à l'export. En gros on utilise juste le lagon comme une ferme pour sa chaleur et sa protection.
    Les problèmes sont nombreux et l'île petite. Seule deux poissonneries (l'une de la coopérative l'autre d'un armateur Muzungu) se partagent le marché officiel du poisson.
    Et le Parc naturel marin aura du mal à améliorer ça : les représentants des pêcheurs sont justement les deux poissonniers ; et avec les restrictions budgétaires de l'Agence des Aires Marines protégées, on a du mal à envisager un vaste programme de développement.
    Enfin, il faudrait définitivement sortir des logiques colonialistes, et ça, ça n'est pas une mince affaire...
    Bravo à vous pour ce blog, tout simplement le meilleur de tout l'Internet.
    Aquablog a dit…
    Vous confirmez l'information que j'avais reçu par ailleurs...

    Mayotte est peut-être une île petite mais elle suscite beaucoup d'intérêts !!!

    PF
    thierry a dit…
    peu importe que je soit un citoyen de seconde zone .je demande pas votre considération.