Interdiction des rejets ! Poisson sacrifié...

Pétitions en ligne... Réveillez-vous !

Deux pétitions en ligne se préoccupent de la survie des poissons en liaison avec les rejets en mer... Des poissons sacrifiés lesquels, dans le pire des cas, seront immortalisés dans ce concours de dessin : Paint a fish

La pétition la plus ancienne concerne les boues rouges évacuées en plein coeur du parc national des Calanques : Sanctuarisons la Méditerranée : Stop aux rejets de boues rouges

La pétition la plus récente concerne les rejets de poissons en mer : Non au 0 rejet (pétition lancée par le comité national des pêches maritimes) et Pour amender l'interdiction de rejet....  (pétition lancée par le comité régional des pêches Nord Pas-de-Calais)

Si les citoyens ne se mobilisent pas à signer ces 2 pétitions, le poisson sera sacrifié sur l’autel des activités anthropiques prédatrices. Dans le cas des rejets de boues rouges, il s’agit d’arrêter l’empoisonnement de toute la biodiversité marine. Dans le cas de l'interdiction des rejets de poisson en mer, il s’agit d’éviter l'amorçage d’une industrie minotière à vocation aquacole dans les ports européens : transformer du poisson en farine et en huile en vue de nourrir des espèces d'aquaculture...

Les eurodéputés (1) à l’origine de la mobilisation contre le déversement de boues rouges dans le Parc National des Calanques, veulent sanctuariser la Méditerranée au nom de l’environnement et de la santé publique...Sanctuariser ! soit !

Après leur mobilisation autour de la Grande Bleue, les eurodéputés doivent se mobiliser aux côtés des pêcheurs qui lancent un appel pour amender l’interdiction des rejets. En plus des revendications professionnelles exposées plus bas, c’est l’impulsion d’une filière minotière de plus en plus "gloutonne" de poisson sacrifié dans les fours minotiers qui est en jeu ! 

Pétition : Non au 0 rejet

Pour soutenir les pêcheurs français dans leur démarche contre le "zéro rejet" dans le cadre de la réforme de la Politique Commune des Pêches, soutenez la position ci-dessous adressée aux Parlementaires européens qui devront voter sur le sujet le 4 février prochain.

Mesures techniques de la politique commune de la pêche
Les pêcheurs français se positionnent

OUI   à la réduction des rejets

NON  au zéro rejets

OUI   à une gestion collective

NON  à la privatisation des ressources

OUI   à la sélectivité des engins

NON  à l’élimination des pêcheurs

Les pêcheurs sont pour une pêche responsable et durable
L’Europe est pour un arrêt irresponsable et durable de la pêche

Motion des pêcheurs français à l’attention des parlementaires européens.

« Si les négociations du Conseil des ministres du 12 juin 2012 ont permis de faire évoluer la discussion autour de l’atteinte d’un RMD en 2015 là où cela est possible, en 2020 au plus tard et de la suppression du caractère obligatoire du système de CPT,

Vous avez néanmoins  approuvé le 18 décembre dernier l'obligation pour les navires de pêche de débarquer toutes les captures, ce qui revient, de fait, à interdire les rejets.

Cette obligation apparaît bien comme irréaliste et inapplicable ;  la profession ne peut pas adhérer au « zéro rejet » car cette proposition outre qu’elle remet en cause  le principe de la stabilité relative,

met en évidence :
  • l’absence de différenciation des rejets (individus hors quotas, espèces non commercialisables, individus hors taille) ;
  • l’absence de prise en compte du rôle écosystémique des rejets et de la question des pêcheries mixte.
et ne tient pas compte :
  • des dégradations des conditions de travail pour les équipages qui seraient amenés à travailler sans rémunération pour ces « rejets » ;
  • de la question majeure de la capacité de stockage et de transformation à bord et à terre, qui  à ce jour est  inexistante.
En conséquence, nous vous demandons de vous positionner : 
  • pour le refus de l’obligation de débarquements de toutes les captures et de l’utilisation des captures sous-taille à des fins de transformation en farine animale,
  • pour accueillir favorablement l’obligation de déclaration de toutes les captures et à l’élaboration d’objectifs de réduction intégrés dans des plans de gestion pluriannuels par pêcheries, intégrés dans des plans « Rejets » basés sur la sélectivité et la modernisation des navires,
  • pour demander la prise en compte des pêcheries mixtes. 
Vous avez aussi approuvé l’idée d’obtenir un niveau de conservation des stocks supérieur au rendement maximum durable (RMD) d'ici à 2020.

Cette disposition n’est ni fondée, ni réaliste.

Nous maintenons l’engagement d’atteindre le RMD d’ici 2015 là où c'est possible, et en 2020 au plus tard, en  raisonnant  par pêcheries.

Nous vous demandons de considérer que les actions réalisées depuis des années par la profession en faveur d’une pêche durable constituent des avancées notoires et témoignent de sa volonté d’exploiter les ressources d’une façon soutenable.

Elle s’est engagée sur les principes énoncés ci-dessus, mais elle ne survivrait pas à une politique irréaliste.

En conséquence, nous vous remercions de vous positionner en ayant pris connaissance des éléments avancés ci-dessus. »

Fishes Love French Fishermen

Signez la pétition : Non au 0 rejet

Comité National des Pêches Maritimes et des Elevages Marins

Pétition 2 : Pour amender l'interdiction de rejet.

À l'attention : des parlementaires européens.

Après le vote de principe du Conseil Européen des Ministres de la Pêche, la commission pêche du Parlement européen a voté le 18 décembre dernier en faveur de la proposition de la Commission Européenne visant à interdire les rejets. Une telle proposition, bien que séduisante au regard du développement durable et en apparence simple, est néanmoins totalement inapplicable en l’état car elle est la preuve de la méconnaissance totale de ce secteur économique. 

C’est pourquoi, les professionnels de la pêche s’y opposent pour les raisons suivantes :
  • La règlementation européenne actuelle en matière de sécurité des navires (capacité de charge des navires), en matière de règlementation des pêches (respect du règlement sur les mesures techniques et des quotas) et en matière sanitaire ne le permet pas.
  • Le mode de rémunération des marins pêcheurs et la législation sociale ne le permettent pas également. Tout travail méritant salaire, il n’est pas concevable de demander à des marins de travailler, trier, stocker du poisson sans contrepartie financière.
  • Toute réduction des rejets doit passer par un effort en matière de sélectivité et de gestion fine des pêches, efforts que les professionnels ont entrepris volontairement ces dernières années mais cela demande du temps et des moyens financiers importants.
  • Les Etats qui appliquent une interdiction des rejets dans le monde, le font de manière très limitée, et non globale. Leur expérience doit servir à mettre en œuvre au niveau européen, une politique réaliste, mesurée, qui vise à faire de ce secteur productif un secteur dynamique, durable, pourvoyeur d’emplois et de richesse le long des côtes européennes.
C’est pourquoi, avant de vous prononcer pour ou contre l’interdiction des rejets, l’ensemble des signataires de cette pétition tenaient à vous rappeler quelques éléments essentiels de ce débat.

Cliquer Ici pour signer la pétition "Pour amender l'interdiction de rejet"

Pour plus d'explications...

Pour ceux qui hésiteraient encore à signer la pétition, regardez cette vidéo sur la pêche chilienne, un pays qui a atteint le Zéro Rejet. En effet, les bateaux de pêche ramènent toutes leurs prises à terre, le Chili transforme plus de 90% de ses captures en farine et en huile de poisson pour approvisionner ses élevages de saumon (2e producteur mondial de saumon d'élevage avec plus de 500000 tonnes chaque année !)


"Mala Pesca" La depredación pesquera en Chile



Ressources en poisson privatisées, sans rejet en mer, le Chili est pris comme exemple ! Dans un document du Ministère de l'écologie (= Développement durable), le modèle chilien est glorifié, considéré comme un pays halieutique exemplaire : La gestion des ressources marines : regards croisés, de la Californie à la Terre de Feu

(1) Pétition du collectif Non aux boues rouges en mer, à l’initiative de deux eurodéputés, José Bové et Michèle Rivasi : Non aux boues rouges en Mer

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Le 5 septembre 2013

Europe. Interdiction des rejets pour compenser la baisse des captures minotières...

En Europe, les quotas de pêche réservés à l'alimentation animale (ou pêche minotière) ont tendance à diminuer depuis plusieurs années (voir tableau plus bas). L'interdiction des rejets dans la PCP réformée permettra de compenser la chute des captures minotières dans le seul intérêt de l'industrie de l'alimentation du bétail et du poisson...

L'interdiction des rejets va booster l'industrie minotière pour l'alimentation animale...

Carl-Christian Schmidt de la Direction des échanges et de l’agriculture de l’OCDE parle des rejets comme d'un gaspillage de la ressource halieutique. Il évite de parler du gaspillage de ressource qu'est la pêcherie minotière...

Les rejets gaspillent les ressources. Une interdiction européenne, adoptée en février 2013 par les ministres de la Pêche des États membres, entrera graduellement en vigueur, en commençant par la mer du Nord en 2014. En 2019, toutes les pêches de l’UE seront concernées, à quelques exceptions près. L’interdiction des rejets est positive à plusieurs égards. En premier lieu, il est absurde et éthiquement discutable de jeter de précieuses protéines de poisson comestibles, outre que cela pose un problème économique. Les rejets peuvent aussi compliquer sérieusement la gestion du stock de poissons, puisque le volume total de la production halieutique n’est pas connu. D’où des lacunes dans les données et informations requises pour une gestion durable et responsable des pêches.


Certains prétendent qu’il n’existe pas de marché pour écouler les poissons jugés indésirables. Cela peut être vrai dans certains cas. Mais le plus souvent, les poissons ne sont pas rejetés parce qu’ils n’ont pas de valeur, mais parce que le pêcheur peut faire des bénéfices plus élevés en ne gardant que les plus prisés.

L’intérêt est donc là : n’importe quel poisson ou presque peut être transformé en farine ou en huile de poisson, ingrédients clés dans l’alimentation animale et piscicole, ainsi que dans l’industrie pharmaceutique. De plus, vu la forte demande de ces produits dans l’aquaculture, il existe peut-être déjà un marché pour les poissons « indésirables » ramenés à terre.

De nombreuses zones de pêche sont surexploitées dans le monde, et peu rentables pour les pêcheurs. Il est indispensable de gérer efficacement les pêches pour améliorer la situation économique de ces communautés. Réduire les incitations à rejeter des prises, en supprimant les obstacles réglementaires et en trouvant des approches de marché qui augmentent la valeur de tous les poissons capturés, peut faire partie de la solution.

L’interdiction des rejets par l’UE va dans le bon sens : elle favorise la croissance verte car elle améliore l’utilisation des ressources et la gestion des stocks. Il importe cependant de poursuivre l’action visant le redressement des pêches internationales et de mettre en oeuvre des réformes en vue de les pérenniser.

D’après l’article de l’OCDE Observateur-2 sept. 2013 : Interdiction européenne des rejets de poissons - Quel est l’appât ?


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Pour le saumon d'élevage, manger du poisson est devenu un luxe !!! 

Le saumon d'élevage contraint au régime végétarien

Source : RFI 

Par Claire Fages

Peu à peu, les saumons d'élevage sont privés de leur nourriture habituelle, à savoir d'autres petits poissons, comme les anchois, qui coûtent désormais trop cher. De carnivores, les saumons deviennent végétariens.

L'être humain veut continuer à manger de plus en plus de poisson. Alors, c'est le saumon qui va devoir renoncer à ses petits anchois favoris. Dans les élevages de poisson, plus question de nourrir les saumons uniquement avec des anchois, c'est désormais le privilège des saumons sauvages.

Car l'anchois, tant capturé pour les fermes aquacoles du monde entier, est devenu rare, et particulièrement ces derniers mois, du fait du réchauffement de l'océan. Le Pérou, premier exportateur au monde d'anchois, a dû diminuer des deux tiers ses quotas. Résultat : l'anchois a battu son record de prix de tous les temps le mois dernier, plus de 2 100 dollars la tonne.

C'est pourquoi les fermes aquacoles cherchent de plus en plus à modifier le régime carnivore des saumons. La part du poisson dans la ration des saumons serait déjà passée de 60% à 7% en moins de quinze ans, au profit des protéines... végétales. Le soja et le tournesol ont déjà fait leur apparition dans les repas du saumon d'élevage.

Mais voilà, ces graines oléagineuses coûtent elles aussi de plus en cher en raison de leur incorporation croissante dans les rations des autres animaux d'élevage, bœufs, porcs ou volaille, de plus en plus consommés par l'espèce humaine !

Alors, le saumon pourrait connaître une nouvelle révolution de son régime alimentaire : en Norvège, on lui propose déjà de façon expérimentale des protéines sous forme de levures, ou d'extrait d'un résineux, l'épicéa. Le saumon semble s'être fait à ce régime végétarien de plus en plus radical, et le consommateur humain, qui n'est pas prêt de consentir à ce virage, mange du saumon végétarien sans y voir, pour l'instant, la moindre différence...

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L'Europe bleue prend le chemin du Chili ?

Au Chili, deux associations environnementales, Greenpeace et Oceana, ont salué l’adoption de la nouvelle loi sur la pêche. Selon elles, la loi Longueira va vers une pêche plus durable. En effet, les 7 familles qui se partagent 93% des quotas de pêche devront maintenant respecter le fameux Rendement Maximal Durable (RMD). D'autre part, elles sont rassurées par le peu de rejet de poisson : plus de 90% des captures chiliennes partent à la farine ! Enfin, elles applaudissent l’interdiction du chalutage de fond dans ce pays bordé d’une fosse abyssale de plus de 6000 mètres....


Le Chili est devenu un grand pays minotier pendant la période Pinochet. Au moment de la dictature, période des grandes inégalités, la pêche s'est concentrée autour de quelques familles (avec l'empire Angellini qui à la fin des années 1980  "monopolisait" près de 2 millions de tonnes d'anchois, sardine et chinchard pour la farine....). Ensuite, les sociétés minotières ont organisé une véritable ruée sur le chinchard dans le centre du pays à partir des ports de Talcahuano et Coronel.

Le développement de l'activité minotière a favorisé le décollage de la salmoniculture chilienne puis sa croissance exponentielle pour atteindre aujourd'hui près de 800.000 tonnes/an de salmonidés (Saumon + Truite).

Après le vote du Parlement européen qui a accepté la réforme ultra-libérale de la pêche communautaire proposée par Bruxelles, les industriels de la farine de poisson se frottent les mains. Une véritable aubaine que tous ces rejets de poisson ramenés dans les ports !  l'IFFO, organisation internationale des producteurs de farine de poisson, s'est montré ravi de la décision des eurodéputés qui apporte de l'eau au moulin des industriels de la farine de poisson, des fabricants d'aliments piscicoles et en bout de chaine de l'aquaculture, un volet de la croissance bleue de l'UE : IFFO welcomes vote on fish discards as good for supply of fishmeal and fish oil

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Le 7 juin 2013

France. Chaque année, 100 000 tonnes de poisson rejetées à la mer !

Selon Ifremer, près du quart des captures annuelles de la flottille française passe par-dessus bord. Gaspillage ? Pas si simple.

Source : Ouest France par Jean-Pierre Buisson

Le chiffre n’avait jamais été donné. Aux Assises de la pêche d’Infomer (Groupe Ouest-France), la présentation de Marie-Joëlle Rochet (Ifremer Nantes) a eu son petit effet, ce vendredi. « Nous évaluons entre 40 000 t et 107 000 tonnes le volume rejeté à la mer. Notre avis est que nous sommes plutôt dans le haut de la fourchette. » Sont majoritairement concernées les captures hors taille ou hors quota.

Taux de survie « très difficile à évaluer »

Depuis 2003, le programme Obsmer, permet aux scientifiques de suivre différents navires et de ramener des données précises. Ainsi, sur la seule année 2011, « 351 navires ont été observés (9 % de la flotte). Ce qui représente 1 634 jours de mer, 656 marées et 6 000 opérations de pêche. » Soit 4 115 tonnes passées au peigne fin. Présenté devant deux cents professionnels de la filière, ce chiffre n’a suscité aucune protestation. Raison simple, personne ne sait vraiment quel est le volume de produits de la mer rejeté à chaque marée.

« Les rejets sont différents selon les techniques et les espèces capturées », explique Marie-Joëlle Rochet. Le chalut apparaissant comme le plus concerné. Mais ce recensement révèle aussi des surprises. Ainsi la pêche côtière remet-elle à la mer plus de poissons que la pêche hauturière. Quant au taux de survie, « il est très difficile à évaluer ». Pour plus d'informations : Observations à bord des navires de pêche professionnelle. Bilan de l'échantillonnage 2011

Recyclage « naturel »

Les pêcheurs font depuis des années des efforts de sélectivité en élargissant, par exemple, les mailles dorsales et ventrales de leur chalut. La flottille française fait globalement mieux que ses voisins. D’autres améliorations sont à l’étude, mais au final, ramener le taux de rejets à zéro comme vient de le décider l’Europe, dès 2015, apparaît « techniquement » impossible aux professionnels.

Le mot gâchis vient vite à l’esprit. La scientifique est beaucoup moins sévère. « Ces rejets subventionnent largement la communauté des oiseaux » explique-t-elle. « Toutes les espèces de la colonne d’eau en profitent, notamment la population benthique (de fond). » Au final, la totalité est recyclée « naturellement ».

La première expérience de limitation semble déstabiliser cette « chaîne alimentaire ». « Dans la zone concernée, nous constatons que la Frégate, oiseau protégé, se trouve en difficulté », pointe la scientifique. En ville, piafs et bisets se retrouveraient vite au régime sec si les citadins, plus sélectifs, les privaient de leurs déchets.

Observations à bord des navires de pêche professionnelle. Bilan de l'échantillonnage 2011

Auteur(s) : Dube Benoit, Dimeet Joel, Rochet Marie-Joelle, Tetard Alain, Gaudou Olivier, Messannot Cecile, Fauconnet Laurence, Morizur Yvon, Biseau Alain1, Salaun Michele (2012). Observations à bord des navires de pêche professionnelle. Bilan de l'échantillonnage 2011. http://archimer.ifremer.fr/doc/00109/21976/

Programme ObsMer

Ce document est une synthèse des informations collectées en 2011 à bord des navires de pêche professionnelle dans le cadre de l'action ObsMer. Cette action vise à observer in situ l'activité de pêche et l'ensemble de la capture, particulièrement la partie non retenue, en identifiant les espèces capturées, les tonnages par espèce et en prenant des mesures de tailles.

Cliquer Ici pour télécharger le document

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Le 3 mai 2013

La pression monte sur les eurodéputés à la solde des minotiers !


L'industrie minotière de la pêche danoise se frotte les mains... Avec le soutien du parlement européen, leur activité sera boostée par l'interdiction des rejets de poisson... Mais, il ne faudrait pas que les ministres de la pêche en tant que représentants des Etats membres,  mettent des bâtons dans le processus enclenché par certains eurodéputés...

«Nous espérons que les gouvernements ne fermeront pas la porte à un compromis»

Source : cfp-reformwatch.eu le 30 avril 2013

38 membres du Parlement européen demandent à chaque gouvernement de l’UE de jouer un rôle constructif dans la réforme de la pêche, avant la réunion du 2 mai au cours de laquelle la présidence irlandaise sollicitera l’approbation d’un nouveau mandat de négociation. Si une minorité de blocage dans le Conseil refuse de trouver un compromis avec le Parlement, « la réforme de la pêche risque d’être complètement bloquée », écrivent les députés européens

Le jeudi 2 mai 2013 constitue une date importante pour le futur des poissons et des pêcheurs européens. Les représentants des 27 gouvernements européens vont se rencontrer afin de décider s’ils souhaitent conclure de manière constructive les négociations entre le Parlement européen et le Conseil sur la réforme de la pêche ou si, au contraire, ils souhaitent bloquer la totalité de la réforme.

Le Parlement européen a exposé sa vision d’un futur où la pêche dans l’UE sera durable. En première lecture, une large majorité des députés européens – issus de tous les partis politiques et de tous les États membres – ont accepté de mettre un terme à la surpêche d’ici 2015 afin de permettre de ramener les stocks de poissons à des niveaux durables d’ici 2020. En d’autres termes, d’ici 2020, nous souhaiterions avoir une industrie de la pêche prospère, un environnement marin plus sain et des poissons européens durables pour les consommateurs européens.

Nous voulons mettre fin à la pratique des rejets de poissons en mer afin d’inciter les pêcheurs à utiliser des méthodes de pêche sélectives et à éviter les prises accessoires.

Nous réclamons la mise en place d’un réseau de zones de rétablissement des stocks halieutiques. Les quotas de pêche doivent suivre les recommandations scientifiques. Nous voulons améliorer la mise en œuvre et le contrôle et nous assurer que des sanctions seront prises à l’encontre des États membres et des opérateurs qui ne respectent pas les règles. Le restockage de nos mers vides dépend de ces mesures.

Il est vrai que ces objectifs ambitieux exigent des sacrifices à court terme, mais le statu quo n’est pas une option. Rien qu’au cours des dix dernières années, les captures ont enregistré une baisse de 25 % en Europe, le nombre de stocks de poissons surexploités a augmenté, et aujourd’hui l’UE importe un pourcentage stupéfiant du poisson que nous consommons, soit 65 %.

Pourtant, nombre de gouvernements européens souhaitent freiner la réforme.

Lorsque le Conseil a finalisé son approche générale le 27 février, il est apparu clairement qu’il souhaitait poursuivre la surpêche jusqu’en 2020 (il désire établir des quotas de captures durables uniquement « lorsque c’est possible », mais il n’a pas défini le terme « possible »). Il n’a pas défini non plus d’année butoir pour la reconstitution des stocks de poissons. Le Conseil prétend vouloir mettre un terme aux rejets, mais en réalité, il a introduit d’énormes vides juridiques qui permettront aux poissons d’être rejetés en mer dans une proportion pouvant atteindre jusqu’à 9 % du total des captures.

Les négociations du trilogue visant à trouver un terrain d’entente entre le Conseil et le Parlement semblent avoir commencé de manière constructive.

Nous, en tant que députés européens, admettons que les deux institutions doivent trouver un compromis concernant certaines de leurs priorités afin de déboucher sur un accord final avant la fin de la présidence irlandaise. Nous sommes donc ravis qu’au cours de la réunion du Conseil du 22 avril, plusieurs ministres de la pêche ont déclaré être disposés à faire preuve de souplesse.

Cependant, nous nous inquiétons du nombre encore plus important de ministres qui ont affirmé ne pas être prêts à s’éloigner de l’approche générale du Conseil, et qui semblent penser que le Parlement européen devrait se cantonner au simple rôle d’approbateur de son accord. Ces gouvernements ne semblent pas disposés à accepter, qu’en vertu du traité de Lisbonne, le Parlement européen ait des pouvoirs de décision égaux concernant la réforme de la pêche. Si ce groupe d’États membres forme une minorité de blocage au Conseil et refuse de donner mandat à la présidence irlandaise pour trouver un compromis avec le Parlement, la réforme de la pêche risque de se retrouver complètement bloquée.

La présidence irlandaise recherchera le soutien d’un nouveau mandat lors de la réunion du Coreper du 2 mai. Nous nous attendons à ce que, au nom de la démocratie et pour le bien du futur de nos mers, les gouvernements ne ferment pas la porte à la possibilité d’un compromis avec l’autre colégislateur.

Nous savons que l’équipe de négociation du Parlement, dirigée par le rapporteur Ulrike Rodust, est prête à jouer un rôle constructif. Une large majorité des 502 députés européens, qui ont voté en faveur de son report le 6 février, la soutiennent dans cette tâche. Nous sommes décidés à trouver des compromis ambitieux et pouvant également être mis en place dans les États membres.

Jusqu’ici, les gouvernements européens n’ont pas parvenu à présenter une politique de la pêche durable. Mais chaque gouvernement peut désormais jouer un rôle clé afin de renverser cette tendance et d’adopter la réforme. Nous demandons donc à tous d’agir en conséquence.

Membres du Parlement européen :
Kriton ARSENIS (Grèce, S&D)
Elena BĂSESCU (Roumanie, PPE)
Jean-Paul BESSET (France, Verts/ALE)
Michael CASHMAN (RU, S&D)
Vasilica Viorica DĂNCILĂ (Roumanie, S&D)
Chris DAVIES (RU, ALDE)
Bas EICKHOUT (Pays-Bas, Verts/ALE)
Lorenzo FONTANA (Italie, EFD)
Christofer FJELLNER (Suède, PPE)
Gerben-Jan GERBRANDY (Pays-Bas, ALDE)
Mikael GUSTAFSSON (Suède, GUE/NLG)
Catherine GRÈZE (France, Verts/ALE)
Rebecca HARMS (Allemagne, Verts/ALE)
Satu HASSI (Finlande, Verts/ALE)
Yannick JADOT (France, Verts/ALE)
Eva JOLY (France, Verts/ALE)
Jean LAMBERT (RU, Verts/ALE)
Isabella LÖVIN (Suède, Verts/ALE)
Linda McAVAN (RU, S&D)
Gesine MEISSNER (Allemagne, ALDE)
Guido MILANA (Italie, S&D)
Radvilė MORKŪNAITĖ-MIKULĖNIENĖ (Lituanie, PPE)
Norbert NEUSER (Allemagne, S&D)
Jens NILSSON (Suède, S&D)
Younous OMARJEE (France, GUE/NLG)
Sirpa PIETIKÄINEN (Finlande, PPE)
Phil PRENDERGAST (Irlande, S&D)
Raül ROMEVA i RUEDA (Espagne, Verts/ALE)
Anna ROSBACH (Danemark, ECR)
Birgit SCHNIEBER-JASTRAM (Allemagne, PPE)
Bart STAES (Belgique, Verts/ALE)
Rui TAVARES (Portugal, Verts/ALE)
Eleni THEOCHAROUS (Chypre, PPE)
Nils TORVALDS (Finlande, ALDE)
Claude TURMES (Luxembourg, Verts/ALE)
Ivo VAJGL (Slovénie, ALDE)
Renate WEBER (Roumanie, ALDE)
Sabine WILS (Allemagne, GUE/NLG)

(38 députés européens de 18 États membres et de 7 groupes politiques)

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Fish Fight lance sa campagne contre la drague à coquille

15 février 2013. L’Ong britannique Fish Fight en veut toujours plus pour sauver les océans (Hugh's Fish Fight: Save Our Seas)....

Après sa campagne victorieuse contre les rejets de poisson et le K-O dans le Parlement européen avec un vote sans appel pour le « 0 rejet », Fish Fight lance sa campagne télévisée contre la drague à coquille saint-jacques pour plus de réserves marines...

Hugh's Fish Fight: Save Our Seas



Fish fight peut encore compter sur les médias comme The Guardian : Fish Fight renews campaign to protect the seabed

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Commentaires

Hippolyte a dit…
Je ne pensais pas que quelqu'un oserait un jour écrire que l'interdiction des rejets en mer (de poissons morts ou mourants) "sacrifie le poisson sur l'autel des activités anthropiques" ! Ni que quelqu'un oserait écrire, pour accréditer cette affirmation aberrante, que cette mesure serait prise dans le but de favoriser l'industrie minotière !

La Commission européenne a clairement expliqué la finalité de cette mesure.

Personnellement voici ce que j'ai compris.

Tout d'abord, la mesure ne vise que les espèces qui ne peuvent pas être remises à l'eau avec des chances de survie importantes. Par exemple, il n'est pas question d'interdire les rejets de coquilles Saint-Jacques. Je dis cela parce que je sens que certains sont prêts à faire courir n'importe qu'elle folle rumeur pour essayer de discréditer cette mesure.

Ensuite, il est clair que ça ne dissuadera pas les pêcheurs de s'orienter vers des pratiques de pêche plus sélectives. Au contraire, la gêne occasionnée par l'obligation de débarquer des captures non désirées les incitera à faire en sorte qu'ils en capturent le moins possible. Ils pourront le faire en adoptant des technologies plus sélectives mais aussi, de façon plus banale, en s'abstenant de pêcher dans les zones où les captures non désirées sont trop abondantes. Aucune autre mesure réglementaire ne pourrait aussi fortement les inciter à pratiquer une pêche sélective !

Les poissons débarqués qui ont une taille supérieure à la taille légale pourront être vendus mais seront déduits des quotas. Des mesures seront évidemment prises pour empêcher les dépassements de quotas.

Les poissons d'une taille inférieure à la taille légale ne pourront pas être normalement commercialisés et seront transformés en farine. La transformation en farine des poissons sous taille légale n'a évidemment pas pour but de favoriser l'industrie minotière. Elle a pour but de dissuader les pêcheurs de capturer les poissons juvéniles. Evidemment que ça ne sera pas économiquement rentable pour eux ! Sinon, où serait la dissuasion ?

Pour faire respecter l'interdiction des rejets, la Commission européenne reconnaît que des systèmes de contrôle comme la surveillance vidéo embarquée sont indispensables. Evidemment, ça va choquer certains. Mais il faut être réaliste. Quelqu'un a-t-il une autre solution pour contrôler le respect de l'interdiction des rejets ?

Il y a beaucoup à dire sur cette mesure d'interdiction des rejets et je me réserve de le faire encore.

La pétition propose des amendements à cette mesure. Quels sont les amendements souhaités ? On aimerait savoir !
Hippolyte a dit…
J'espère que ceux qui signent cette pétition ont au moins pris connaissance de l'article 15 de la proposition de la Commission européenne, que l'on trouvera ici :
http://ec.europa.eu/fisheries/reform/com_2011_425_en.pdf

Ainsi que de l'amendement de compromis 32, soumis au vote de la Commission des pêches du Parlement européen, au cours de sa séance du 18 décembre 2012, que l'on trouvera ici, à partir de la page 27/90 :
http://www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//NONSGML+COMPARL+PE-500.589+02+DOC+PDF+V0//EN&language=EN

Le vote de la Commission pêche sur cet amendement a eu lieu à partir de 10h20 et l'amendement a été en très grande partie adopté (amendement découpé en 13 parties dont 10 ont été approuvées).
http://www.europarl.europa.eu/ep-live/fr/committees/video?event=20121218-0900-COMMITTEE-PECH

On ne peut pas faire semblant d'ignorer tout le travail effectué par le Parlement européen pour rendre cette interdiction des rejets adaptée aux nécessités actuelles.
Unknown a dit…
Bonjour,

je rejoins Hippolyte dans son analyse. Il serait peut-être grand temps d’arrêter de pousser des cris de vierges effarouchées et de faire la critique des pêcheries et de leurs impacts. Si les niveaux de rejets sont si élevés qu'il devient impossible de ramener le "faux poisson" qui de toutes façons finit par nourrir goélands et bulots, on peut légitimement se poser des questions sur la sélectivité des engins et techniques de pêche. Une question simple doit-on détruire pour produire? Et meme si la CE verrait bien "ces prises accessoires" transformées en farine, c'est mieux que le simple rejet.
Il faut juste encadrer tout ça pour que certains ne cible pas uniquement des espèces pour la transformation en aliments. La récente interpellation du super chalutier allemand en Manche Est doit nous questionner sur les pratiques de ces bateaux et la surveillance de leur travail.
Alors vive les cameras video embarquées !!
Aquablog a dit…
Bonjour Dimitri et bonne Année 2013...

A Hippolyte

Officialisation d'une industrie minotière

En effet, la Proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil relatif à la politique commune de la pêche (Commission Européenne - Bruxelles, le 13 juillet 2011) officialise par son Article 15 dans l’Europe Bleue une activité minotière pour des espèces autres que des petits pélagiques... avec un échéancier bien précis...

Vous ne trouvez pas çà scandaleux... Mettre du merchulon à la farine !

http://ec.europa.eu/fisheries/reform/com_2011_425_en.pdf
http://ec.europa.eu/fisheries/reform/com_2011_425_fr.pdf

Allez voir au Chili et au Pérou, ce que pensent les pêcheurs artisans de la pêche minotière qui engloutit plus de 90% de leurs captures nationales... De l’anchois, de la sardine, du chinchard... et vous pensez qu’il y a un tri sélectif que les merlus passent à travers les mailles des sennes tournantes !..

Regardez le début du reportage de Mala Pesca (ci-dessus). Les images sont parlantes... Au Chili, pour les 7 familles qui monopolisent 93% des quotas de pêche du pays, le poisson n’est qu’une matière première de type industriel (que l’on aspire, que l’on convoie, que l’on réduit, que l’on met en sac et que l’on transporte sur des marchés porteurs...)

Un rapide calcul de l’activité minotière officialisée par l’Europe

Estimation : 750.000 tonnes de rejets ramenées à terre...

Prévoir l’équipement des bateaux et la mise en place d'infrastructures pour la fabrication d'une farine de qualité, sans quoi le poisson partira en engrais... Peu de valeur...

Les poissons carnivores (saumon, bar,...) exigent le "Prime", la meilleure qualité de farine de poisson !

750.000 tonnes de captures, c'est 150 000 tonnes de farine (+ 25.000 tonnes d’huile) pour produire près de 80.000 tonnes de saumon d'élevage !!!


Fin décembre 2012, la Manche a donné un aperçu du déferlement à venir... Aucune association à l’exception de Robin des bois (mais sa requête judiciaire a été bottée en touche), n’est venue apporter son soutien aux pêcheurs contre le pilleur de maquereau, chinchard et autre hareng... Après avoir « dérobé », pour une valeur de 1,2 million de poisson, il est reparti après s’être acquitté de la moitié de son forfait. Habituellement, on saisit la marchandise volée, puis on paye une amende ! Résultat : Un gain de près de 0,6 million d’euros...

Par ailleurs, l’interdiction des rejets mène tout droit au QIT avec des caméra à bord !

On peut combattre les rejets en mer par d’autres solutions beaucoup plus humaines...

* Améliorer la sélectivité des engins de pêche (des gains considérables ont déjà été obtenus)
* Changer le système de quota de pêche pour les pêcheries multispécifiques (30% de quotas en plus, il n'y a plus de rejets selon une expérience anglaise)
* Etc,Etc...

A bientôt

Philippe Favrelière
Hippolyte a dit…
On parle du poisson actuellement rejeté et qui sert à nourrir les mouettes. J'aime bien les oiseaux mais je trouve effectivement plus profitable pour l'humanité qu'il serve à nourrir des poissons d'élevage.

Mais vous avez bien relevé qu'il ne s'agit de transformer en farine que les poissons qui n'ont pas la taille légale de commercialisation. Il s'agit donc de juvéniles qu'il serait évidemment préférable de ne pas pêcher du tout, pour différentes raisons et notamment pour tendre vers un "rendement maximal par recrue".

Vous ne pouvez pas nier que les pêches qui ciblent les poissons, à l'exception de certains métiers de l'hameçon ou de métiers comme la bolinche, laissent repartir à l'eau des juvéniles qui sont condamnés à mourir, si ce n'est pas déjà fait sur le pont du navire. C'est particulièrement vrai pour les chalutiers et surtout pour les chalutiers de fond.

Etant donné que nous sommes bien d'accord sur le fait qu'il faudrait épargner ces juvéniles, je vous demande ce que vous proposez pour atteindre ce but. Ce n'est certainement pas en augmentant systématiquement les quotas qu'on diminuera la proportion des juvéniles capturés.

Augmenter la sélectivité des pratiques ? Cette mesure proposée par la Commission européenne constitue justement la plus efficace des incitations qui puissent pousser les pêcheurs à le faire ! A condition que l'on veille bien à ce que les pêcheurs ne tirent aucun bénéfice financier du débarquement de ces poissons qui finiront en farine. Et c'est justement ce qui est prévu.

Ce que je crois comprendre c'est que vous proposez que les pêcheurs continuent de rejeter en toute discrétion des quantités de poissons non comptabilisées. Non comptabilisées par les scientifiques pour les calculs de mortalités mais aussi et surtout non comptabilisées pour le respect des quotas. On comprend que les pêcheurs, pour qui ces quantités de poissons transformées en farine seraient déduites de leurs quotas, soient tentés de préférer la perpétuation du système actuel !

Ce qui me fait le plus froid dans le dos, ce sont ces déclarations selon lesquelles il n'y aurait pas assez de place à bord des navires pour ramener ces poissons qui sont habituellement rejetés en mer ! Il y en a donc autant que cela ? Qu'un patron de chalutier vienne me dire que ces rejets actuels représentent 20 ou 30 % de ses captures et qu'il n'a pas la place à bord pour les ramener à terre ne me convaincra pas qu'il faut renoncer à cette interdiction mais au contraire qu'il faut la promulguer au plus vite !

Quant aux problèmes particuliers des QIT ou des chalutiers géants, que vous évoquez par ailleurs, je ne vois pas le rapport avec l'interdiction des rejets… qui doit s'appliquer à tout le monde, QIT ou pas, chalutier géant ou pas.
Hippolyte a dit…
Bon,

A propos de ce projet d'interdiction des rejets, revenons à l'analyse de l'article 15 du texte de la Commission européenne et à l'amendement 32 proposé par la Commission des pêches du Parlement européen.

Dans les deux cas, les interdictions de rejets proposées ne concernent que des espèces soumises à un plan de gestion européen, avec des TAC. Des poissons sans grand intérêt commercial ne sont pas concernés mais aussi, hélas, les poissons qui ne font l'objet d'aucun plan de régulation européenne mais qui peuvent être d'un grand intérêt pour certains pays. C'est par exemple le cas, jusqu'à présent, du bar et du maigre, pour la France. Je reviendrai à l'occasion sur les conséquences de la non prise en compte de ces espèces "oubliées".

Donc, dans les deux textes, on ne prend en compte que les espèces soumises à un plan de gestion européen, mais il y a toutefois une différence importante : la Commission européenne établit les interdictions espèce par espèce, avec mises en application étalées dans le temps, alors que l'amendement parlementaire demande qu'elles soient établies pêcheries par pêcheries. Avec cet amendement, les navires ciblant les petits pélagiques seraient ainsi contraints de conserver toutes les espèces faisant l'objet d'un plan de régulation, sans aucune exception, dès le premier janvier 2014. Les navires ciblant par exemple la morue, l'aiglefin, le merlan et le lieu noir ne seraient contraint de le faire qu'à partir du premier janvier 2016 (de conserver toutes les espèces soumises à un plan de régulation). Etc…

Evidemment, rien n'est définitif tant que le Parlement européen, dans son entier, et le Conseil, ne se sont pas prononcés. Mais ça donne des bases pour les discussions que pourraient avoir ceux qui s'intéressent à la question.

Plutôt que de relayer de façon plus ou moins démagogique le refus de cette mesure par les pêcheurs français, ceux qui représentent notre pays feraient bien de se pencher par exemple sur le cas du bar, dont plus de 70 % des captures sont réalisées par la France. Pourquoi le bar ne bénéficierait-il pas de cette mesure (pour dissuader les captures de juvéniles) ?
Je me suis bien amusé en lisant votre article,ça attire l'attention dès la lecture des premières phrases, j'aime bien ce genre de sujet qui nourrit la curiosité de nos pensées, merci à vous !!
Hippolyte a dit…
Le cas du bar

Pour que le débarquement obligatoire d'individus n'ayant pas la taille de commercialisation ait un impact bénéfique sur la préservation d'une espèce, il faut que deux conditions soient réunies: que le pêcheur ne tire aucun bénéfice financier de ce débarquement et que ces quantités débarquées soient déduites du quota qu'il est autorisé à pêcher et à commercialiser (= effet dissuasif).

Actuellement, pour le bar, il n'y a pas de TAC et donc pas de quotas établis au niveau européen. Dans ces conditions, l'interdiction de rejet du bar ne pourrait servir qu'à faire de la farine : elle ne permettrait pas de limiter la mortalité globale de l'espèce.

Le même raisonnement s'applique aux autres espèces qui n'ont pas de TAC.

Mais les données peuvent évoluer, s'il en est besoin. On peut mettre des TAC et des quotas là où il n'y en a pas encore.

Pour le bar, il n'y a donc pas de TAC (total admissible de capture) établi au niveau européen. On notera cependant que, dans son dernier avis sur cette espèce, le CIEM a demandé que les captures ne dépassent pas 6000 tonnes en 2013, pour l'ensemble de l'Europe. Dans les faits, ça correspondant à un véritable TAC scientifique… mais pas à un TAC officiel qui donne lieu à une répartition de quotas !

Pour le bar, chaque Etat fait donc actuellement sa propre réglementation.

Avec la création d'une licence "bar", en France, on a mis en place des limitations de capture du bar qui ne sont pas très contraignantes. Les rejets de bars sont donc parfois des rejets destinés à respecter des quantités de captures à ne pas dépasser mais le plus souvent ce sont simplement des rejets de poissons n'ayant pas la taille légale. Toujours est-il qu'avec des limitations aussi peu contraignantes, une interdiction des rejets de bar n'aurait actuellement pas grand effet sur la mortalité globale de l'espèce.

Mais si on veut respecter la limitation de 6000 tonnes demandée par le CIEM, il faudra bien faire quelque chose de plus (les captures étaient de 8000 tonnes en 2010).