Aquaculture : Parlons de caca

Après le caca d’huître du Canard Enchainé, Le Monde Diplomatique sort ce mois-ci un article « Caca » sur l’aquaculture : « Fausse solution de l’aquaculture. »


Comment les conchyliculteurs et les pisciculteurs peuvent-ils défendre leurs projets en toute sérénité si les arguments des opposants, même les plus fantaisistes, sont retranscrits à la lettre près par des journalistes sous influence ?...

Actuellement, tous les programmes de développement conchylicole (huître et moule) sont bloqués en France. Filières à huîtres de l’Anse de la Malconche à Oléron, Filières de moules de Cancale/Saint Coulomb, Bouchot de la baie de la Vilaine,...

Dans son article du Monde Diplomatique, Jean-Sébastien Mora prend un raccourci qui le mène tout droit à une impasse : Résumer l'aquaculture aux seuls élevages de poissons carnivores (qui représentent à peine 10% de la production aquacole mondiale). Jean-Sébastien Mora s’appuie sur les thèses de Stéphan Beaucher, ancien de GreenPeace et porte-parole de la coalition Ocean 2012. Stéphan Beaucher stigmatise l’aquaculture en s’appuyant sur la pisciculture d’espèces carnivores notamment l’élevage de saumon. Le refrain est bien connu : « Le développement rapide de l’aquaculture de poissons carnivores a accru la pression sur les stocks halieutiques dans des proportions inquiétantes. Il faut en moyenne entre 2,5 et 4 kg de poissons sauvages pour la fabrication d’1 kg de poissons d’élevage. La farine et l’huile destinées à l’alimentation proviennent d’une activité halieutique destructrice mais qui ne fait jamais la « une » des médias : la pêche minotière. Avec 30 millions de tonnes de poissons, elle représente près d’un tiers des captures mondiales, alors qu’elle ne concerne qu’une poignée d’espèces jugées moins nobles sur le marché : le capelan, le hareng, le chinchard, la sardine, la sardinelle, l’anchois du Pérou, etc. »

Or, l'importance des élevages de salmonidés tend à diminuer dans le monde. Dans son dernier rapport « Situation mondiale des pêches et de l’aquaculture 2012 », la FAO nous explique que globalement : « La part des poissons diadromes, notamment les truites arc-en-ciel et autres salmonidés (NDLR saumon atlantique,...), les anguilles et les esturgeons, a fortement reculé, passant de 6,3% en 1990 à 2,5% en 2010. »

Aussi arrêtons de stigmatiser l’aquaculture en France et en Europe. Et prenons le train en marche du développement piscicole, conchylicole, de l'algoculture.... Sans quoi l’Europe continuera à piller les mers du monde pour satisfaire ses besoins en poissons, coquillages et crustacés toujours plus importants...

Parlons enfin du bon caca !

Dans son ensemble, l'aquaculture n'est pas une fausse solution... C'est une activité complémentaire à la pêche comme dans le cas des opérations de repeuplement (exemple de la coquille saint-jacques en baie de Granville et rade de Brest). C'est surtout une alternative à la pêche comme la conchyliculture, l'algoculture, la pisciculture en étangs...en bassins dans lesquels les asiatiques versent le caca des porcs et des volailles, et où ils font directement caca (vu non pas à la télé mais sur le terrain en Indonésie)... Pour conclure, n'oublions pas le caca des poissons qui fertilise les rizières dans le cadre de la rizi-pisciculture...

En finir avec ce type d'articles qui enfoncent toujours plus notre pays dans les Abysses de l'aquaculture mondiale (voir ci-dessous le classement des principaux pays aquacoles en Europe et dans le monde). En France, la production aquacole plafonne depuis une trentaine d'années entre 220.000 et 250.000 tonnes, alors que l'aquaculture mondiale a triplé son volume pendant la même période. Avec son tilapia, l'Egypte fait maintenant partie des leaders mondiaux avec près d'1 million de tonnes....

Halte au caca d’huître !

Imaginez, face à 7 kms de plage de sable fin, dans une eau limpide, des millions d’huîtres recrachant chaque jour des tonnes d’excréments. Les huîtres, en effet, filtrent l’eau en permanence, retiennent le phytoplancton, en extraient la matière nutritive, sur laquelle agissent des enzymes digestives, et tout ce qui n’est pas digéré est évacué sous forme de caca d’huître…

Le projet fait cauchemarder les habitants d’Oléron. Il consiste à suspendre en pleine mer, sur pas moins de 360 hectares, des cages remplies d’huîtres grâce à 50 kms de câbles maintenus à flot par 15 000 bouées, le tout arrimé au fond avec un millier de blocs de béton, pesant chacun entre 2,5 et 4 tonnes. On appelle ça des « lanternes japonaises ». En avril 2011, à peine arrivée, la nouvelle préfète, Béatrice Abolivier, a donné son accord au début des travaux, qui doivent durer un an.

Du coup, 2 500 Oléronais ont déjà signé une pétition contre ce qu’ils appellent l’ « usine à huîtres », une association de défense a été créée pour l’occasion, et deux maires du coin ont dégainé des recours contre l’arrêté préfectoral. En s’appuyant sur des docs de l’Ifremer, l’Aplimap, qui regroupe les opposants, a calculé que les huîtres pourraient rejeter chaque jour 600 à 800 tonnes d’excréments ! Suite Ici

Fausse solution de l’aquaculture

L’idée de remplacer le poisson sauvage par du poisson d’élevage se heurte à des réalités incontournables, mettant en péril les écosystèmes marins à grande échelle.

« Il faut une volonté politique claire de développer une aquaculture durable et compétitive, afin de faire face à la concurrence des pays tiers. » Cette remarque répétée d’Alain Cadec, vice-président de la commission de la pêche, révèle le vrai visage de la production en captivité, celui de la conquête des marchés. Dans le secteur de l’agroalimentaire, c’est l’aquaculture qui dynamise le plus les échanges internationaux, avec des taux de croissance annuelle en matière d’exportations dépassant 50 % pour certaines espèces. En dépit d’une série d’annonces, le souhait d’une production d’élevage compatible avec la préservation de l’environnement ne se manifeste plus vraiment dans les propositions de la commission pour une réforme de la Politique commune de la pêche (PCP), ni dans l’organisation commune des marchés (OCM) des produits de la pêche et de l’aquaculture. Car l’idée de « remplacer » le poisson sauvage par du poisson d’élevage ne résiste pas à la plus petite analyse écologique.

Il est tout d’abord peu probable que l’aquaculture se substitue un jour à la production naturelle des écosystèmes marins. « Ceux qui la promeuvent oublient de rappeler que les poissons d’élevage sont nourris à partir de poissons sauvages. », alertait déjà en 2001 la revue Nature..... Suite Monde Diplomatique

Autres articles :

Illustration dans IRIN : Le Poo d'or est une façon amusante et vivante pour attirer l'attention sur le sujet qui tue la plupart des enfants dans le monde d'aujourd'hui © London School of Hygiene and Tropical Medicine

Pour aller plus loin

Le 16 août 2013

Et maintenant parlons plus précisément de Caca de porc....

Poisson d'élevage chinois : enquête sur les risques sanitaires

La Chine assure la moitié de la production mondiale de tilapia, le troisième poisson le plus populaire de la planète.

Source : L'Express par Harold Thibault - publié le 14/08/2013 

Un article à boire et à manger... Notamment après avoir lu cette partie sur le Caca de porc :


Li Jie a créé une porcherie, de sorte que les excréments de ses cochons sont déversés dans le bassin des poissons

Quant à Li Jie, l'éleveur, il rogne sur les frais de nourriture des poissons : à proximité de ses bassins, il a créé une porcherie, de sorte que les excréments de ses cochons sont déversés dans le bassin des tilapias, même s'il prend soin de préciser qu'il ne s'agit là que d'une portion de leur régime alimentaire...

Question à l'auteur de l'article : Li Jie pratique l'agro-pisciculture ? Association d'un élevage terrestre (porc, volaille,..) avec la pisciculture (traditionnellement la carpe) ? Technique ancestrale décrite par Fan Li dans le premier livre sur la pisciculture chinoise il y a plus de 3000 ans !

Leur production se retrouve au rayon des surgelés européens ou américains. Mais, dans nombre de fermes piscicoles, les normes sanitaires sont moins respectées que celles du rendement... Plongée dans un monde opaque qui n'hésite pas à frauder.

D'emblée, Steven avait prévenu son prétendu client : son usine n'a pas reçu la licence CIQ, du nom de l'Administration chinoise du contrôle de la qualité, de l'inspection et de la quarantaine. En principe obligatoire, ce certificat représente la garantie par les services de l'hygiène de Pékin qu'un producteur respecte bien les normes en vigueur pour l'exportation vers l'Union européenne. L'entreprise Hi-Taste ("goût exquis") n'a jamais obtenu le sésame. Qu'à cela ne tienne...

"Franchement, assure Steven, il ne faut pas s'inquiéter pour ça." Il suffira d'utiliser les documents d'une autre usine dont il connaît bien le gérant : "Nous vendrons sous leur nom, explique Steven. Au début, je sais, cela étonne. Mais tous les clients finissent par comprendre." Si l'opération tourne mal et que les douanes du port européen détectent un produit chimique illégal, par exemple, il suffira de montrer aux agents les papiers de l'usine prête-nom.

Le manager de Hi-Taste a déjà eu recours à cette combine pour expédier des conteneurs vers l'Espagne. Ce que confirme volontiers Simon, l'un des patrons de Kelong, l'usine complaisante que Steven se propose de solliciter en échange d'une commission : ce mode opératoire a aussi été utilisé il y a quelques mois par une entreprise française, assure-t-il. Mais il refuse de donner son nom.

Une fois précisée cette formalité à propos de laquelle "il n'y a vraiment pas à s'en faire", Steven, assis dans son bureau orné d'un portrait de Mao, prodigue ses conseils en affaires. A son avis, puisque l'économie marque le pas en France, le plus judicieux serait de se lancer dans le trading vers l'Afrique. C'est en direction de ce continent que partent les filets de poisson les moins beaux, parfois cassés ou un peu marron. "C'est plus simple, ajoute Steven. En Afrique, personne ne contrôle."

Dans le sud-est de la Chine, dans la très industrielle province du Guangdong, la ville de Zhanjiang est désormais la capitale planétaire de deux marchés mondialisés - la crevette et un poisson, le tilapia. Ici, les producteurs proposent des filets de toutes tailles, avec tous les niveaux de glaçage d'eau possibles : une fine couche d'eau glacée entoure les filets achetés au rayon surgelé afin d'éviter que le froid ne brûle le produit. Selon les demandes des marques, 10, 20 ou 30 % du poids total du filet peut donc être de l'eau glacée. En fonction des exigences des douaniers de chacun des pays du monde et selon les besoins des négociants, toutes les pratiques ont cours. Qu'elles soient légales ou non.

L'espèce se reproduit sans peine

Ici, à Zhanjiang, les industriels de la filière piscicole se sont pris d'amour pour un poisson en particulier, le tilapia. En octobre 2010, une spécialiste de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture constatait dans une note de recherche que la production mondiale de ce poisson avait explosé depuis deux décennies, passant de 830 000 tonnes en 1990 à 1,6 million en 1999 et à 3,5 millions en 2008, avant d'enregistrer une légère décélération. La République populaire demeure de très loin le premier fournisseur de la planète et ses fermes d'élevage assurent à elles seules la moitié de la production mondiale. Une part d'autant plus remarquable que le tilapia, originaire d'Afrique, n'a été introduit qu'en 1978 en Chine, dans la province centrale du Hubei.

Depuis, la hausse de la demande internationale a poussé les fermiers du Guangdong à franchir le pas. Car le tilapia a toutes les qualités : il grandit vite, tombe peu malade, se reproduit sans peine, offre de forts rendements. Le tilapia est devenu le troisième poisson d'élevage le plus populaire de la planète, après la carpe et le saumon. On le trouve en filets dans tous les supermarchés d'Amérique du Nord et d'Europe, lorsqu'il n'est pas utilisé comme matière première dans les plats surgelés. Bref, tout le monde apprécie ce poisson d'eau douce... sauf, précisément, les habitants de la région qui s'étend de Zhanjiang à Maoming, dans le Sud-Est chinois, d'où ont surgi des dizaines d'usines et un nombre incalculable de petits éleveurs. La raison en est simple : dans ce secteur proche de la mer de Chine méridionale, les habitants trouvent que cette espèce d'eau douce, qu'ils élèvent, n'a pas de goût.

"Le poisson d'eau de mer a bien plus de saveur", affirme Li Jie, l'air amusé, un producteur dont les bassins sont situés à proximité de la zone urbaine de Zhanjiang. Son élevage de tilapias rapporte entre 2000 et 3000 yuans par mois (entre 250 et 370 euros) à ce père de trois enfants - tout juste de quoi couvrir les besoins essentiels de la famille, mais pas assez pour vivre dans l'aisance. Voilà pourquoi, sans doute, près de 30 % des éleveurs piscicoles des environs de Zhanjiang ont changé d'activité ces deux à trois dernières années. "Certains parlent des aléas de la météo, explique Li Jie.

Mais la raison principale est ailleurs : les usines nous achètent le poisson à un prix trop faible. Les patrons nous disent qu'ils n'ont pas le choix s'ils veulent conserver leurs clients à l'export." C'est ça aussi, la mondialisation. La moitié de la production mondiale de tilapia est basée en Chine, car les producteurs de ce pays ont accepté de rogner sur les prix.

A la pression sur les marges s'ajoute le manque de formation des patrons de petites fermes piscicoles. Li Jie le reconnaît : "La plupart ont une faible connaissance de la science de l'élevage, ils ne savent pas qu'il faut davantage oxygéner l'eau l'été, par exemple. Personne ne les conseille, alors les pertes grimpent." Dans le même temps, les prix des granulés d'alimentation pour ses tilapias n'en finissent pas d'augmenter : ils atteignent l'équivalent de 14 à 16 euros les 25 kilos selon la qualité. Au cours de la dernière année, explique Li Jie, la nourriture des poissons a coûté environ 21000 euros, auxquels s'ajoutent les salaires et la location du terrain. "Les affaires ne sont pas bonnes", dit-il.

Nombre d'usines et de petites fermes piscicoles de Zhanjiang abandonnent, mais d'autres ont ouvert ailleurs, notamment sur l'île voisine de Hainan, moins développée. Là-bas, explique Lau Jamark, un commercial de Joinwealth, la licence CIQ, destinée à rassurer les douaniers européens, s'obtient en vingt-cinq jours. Il faut patienter une quarantaine de jours pour obtenir une certification dans la région de Zhanjiang.

Un futur tilapia plus performant...

Le gouvernement chinois est sensible aux difficultés des éleveurs, qui se plaignent d'être écrasés par le marché. Dans la province du Guangxi, une "équipe d'innovation pour le tilapia", financée par l'Etat, aurait créé une nouvelle espèce, le "Baigui no 1", capable d'atteindre un bon poids - et un prix correct - en deux mois à peine.

En attendant la commercialisation de ce prodige, les producteurs subissent les pressions économiques de leurs clients, occidentaux en particulier. L'usine Joinwealth a parfois travaillé avec la Fishin' Company, fournisseur de Walmart, la chaîne américaine de supermarchés discount, mais ses patrons ont dû attendre trois mois, après l'envoi de la commande, pour être enfin payés. Cette entreprise, basée à Seattle, a même essayé de convaincre son fournisseur de récupérer une partie de sa commande déjà livrée outre-Pacifique, après avoir constaté un trop-plein de ses stocks, ce qui ne facilite pas la tâche pour les usines chinoises.

Cette pression incessante sur les prix a un impact sur la qualité. Certains éleveurs sont tentés de donner davantage d'antibiotiques aux poissons, car ils craignent de gagner trop peu. Steven, le manager de Hi-Taste, explique que les petits exploitants de fermes piscicoles sont très malins dans ce domaine : "Si on leur donne une nouvelle liste de produits chimiques interdits sur les marchés à l'export, ils vont immédiatement utiliser autre chose."

Li Jie a créé une porcherie, de sorte que les excréments de ses cochons sont déversés dans le bassin des poissons

Quant à Li Jie, l'éleveur, il rogne sur les frais de nourriture des poissons : à proximité de ses bassins, il a créé une porcherie, de sorte que les excréments de ses cochons sont déversés dans le bassin des tilapias, même s'il prend soin de préciser qu'il ne s'agit là que d'une portion de leur régime alimentaire. Agé de 31 ans, dont sept dans le métier, l'éleveur ignore dans quels pays partent ses poissons une fois coupés en filets et surgelés. De fait, la traçabilité est inexistante jusqu'au bassin d'élevage : un intermédiaire vient simplement relever la production de son bassin, la paie au prix du marché, puis la livre aux usines de la région, qui se chargent de l'expédition sans distinguer entre les éleveurs.

A l'usine Kelong, Simon s'appuie sur un réseau d'une vingtaine de producteurs environ, dont il assure qu'ils ont tous fait l'objet d'une inspection des services de l'hygiène chinois, mais l'irrégularité des commandes est telle qu'il se fournit parfois ailleurs. Si l'un de ses gros clients, tel Beaver Street Fisheries, un fournisseur de Walmart, lui passe une commande de 10 à 15 conteneurs, à honorer en quelques semaines, il est bien obligé de se procurer la marchandise dans d'autres fermes, qui n'ont pas les licences requises. Kelong travaille aussi pour Froconsur, un agent néerlandais qui vend par conteneurs à des clients européens.

Les normes de l'UE divergent parfois de celles du marché américain. Le traitement au monoxyde de carbone, par exemple, est interdit dans l'Union européenne... mais presque systématiquement exigé par les distributeurs américains. Ce procédé permet au filet de tilapia de conserver longtemps sa couleur initiale ; il en améliore l'aspect extérieur, mais réduit d'autant l'alerte naturelle que constitue, pour le consommateur, le changement de teinte d'un filet de poisson au réfrigérateur.

A l'usine Go-Harvest, la directrice commerciale, Lucy Zhong, explique qu'elle tient à sa licence d'exportation vers l'UE, obtenue au prix d'investissements et d'efforts sur le plan de l'hygiène considérables : "Certains de mes concurrents acceptent d'appliquer un traitement au monoxyde de carbone sans le marquer sur le papier, mais, si le conteneur est inspecté à l'arrivée sur le marché européen et que vos douaniers s'aperçoivent de quelque chose, ce sera déclaré à la Chine et je peux perdre ma licence CIQ. C'est un risque que je ne veux pas prendre." Tout au plus reconnaît-elle que les poissons sont plongés dans une eau à laquelle est ajouté un anesthésiant chimique durant le transport entre les fermes et l'usine. Un procédé habituel qui permet d'éviter que les poissons, entassés en grandes quantités durant le transit, ne se tuent ou n'aient la peau abîmée.

Un truc pour franchir la douane

Les normes européennes amusent beaucoup Steven. Dans son bureau de l'usine Hi-Taste, il prend à témoin le visiteur : "Pour obtenir la fameuse licence, il faudrait que le lieu de production soit à plus de 50 mètres des dortoirs des ouvriers. Totalement irréaliste !" Ici aussi, un carton de la Fishin' Company, posé sur la table, confirme qu'une bonne partie de la production finira dans les supermarchés Walmart. A la fin de la conversation, alors qu'il fait découvrir son usine, Steven précise qu'il n'est pas nécessaire de changer ses chaussures car les employés sont en pause déjeuner.

D'ailleurs, un rinçage à l'eau est effectué chaque jour. La demande de tilapia est telle qu'il va ouvrir une deuxième ligne de production, explique-t-il. Les machines sont déjà en place. Liaquath Ali Khan, un ressortissant indien, sert d'intermédiaire avec les grands distributeurs. Ses deux principaux clients sont Walmart et Aldi, confie cet homme originaire d'Hyderabad, qui se targue d'avoir développé un truc pour franchir la douane aux Etats-Unis : les sept premiers conteneurs feront l'objet d'une inspection rigoureuse, mais, s'ils parviennent à passer, le contenu des 10 à 15 suivants ne sera sans doute pas analysé. Le tour est joué.

"Ce sont des problèmes de gouvernements", renchérit Steven. Son objectif est de les surmonter afin de résoudre une équation plus fondamentale : produire à un prix satisfaisant pour le client étranger. D'ailleurs, les bassins de taille réglementaire, dont dispose son entreprise, sont uniquement destinés à satisfaire les exigences des inspecteurs : "95 % du poisson vient des fermes et, à vrai dire, les fermiers sont au-delà de notre contrôle."

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Le Monde en met une autre couche...

Regardez bien ces deux producteurs industriels de coquillages !!!

D'après un article du quotidien Le Monde "L'île d'Oléron boude les huîtres industrielles", l'huître élevée sur des filières serait une huître industrielle !!!

Il faut ne pas être sorti de l'île d'Oléron pour associer la technique d'élevage en filière à une production industrielle...

C'est au japon où l'élevage de coquillages sur filière s'est développé à une très grande échelle dès les années 1970. Face à la diminution des stocks de pétoncle, les pêcheurs japonais ont été les premiers à adopter la conchyliculture sur filière (avec l'utilisation des lanternes japonaises)...

Comparée au projet ostréicole de la Malconche d'un potentiel de 5000 tonnes d'huîtres sur 400 ha, la pectiniculture japonaise se situe à un tout autre niveau : des dizaines de milliers de tonnes sur des milliers d'ha.  Pourtant, l'élevage de pétoncle japonais ne relève pas d'une activité de type industriel. 

Au Nord du Japon, les pêcheurs-conchyliculteurs produisent plus de 100.000 tonnes de pétoncles chaque année dans la baie de Mutsu. La pectiniculture est pratiquée dans un cadre familial au sein de coopérative de pêche (à l'image de ce couple qui relève ses lanternes japonaises de pétoncle)


L'île d'Oléron boude les huîtres industrielles

Source : LE MONDE | 29.12.2012 à 10h27 • Mis à jour le 31.12.2012 Par Laurence Girard - Ile d'Oléron (Charente-Maritime), envoyée spéciale


Bordée par la forêt, la plage des Saumonards s'étend sur près de 7 à 8 kilomètres. Face à la mer, les pieds dans le sable fin, le promeneur découvre à sa droite Fort Boyard. A sa gauche, le port du Douhet. Et en face de lui, l'île d'Aix et La Rochelle. Par beau temps, cet espace dénommé anse de la Malconche a des airs de paradis. Rien ne laisse supposer que son avenir a déclenché une tempête qui secoue l'île d'Oléron depuis des mois. Au coeur de la polémique : un projet de "filières", c'est-à-dire de production industrielle d'huîtres et de moules en eau profonde, sur près de 400 hectares, en plein cœur de l'anse.

Certaines huîtres de Marennes-Oléron, consommées lors des réveillons, sont déjà issues de filières. Cette technique d'élevage consiste à suspendre en pleine mer, sur des câbles maintenus à flot par des bouées et arrimés en pleine mer, des cages ou des lanternes dites "japonaises", contenant les poches d'huîtres. Laurent Chiron, dont l'entreprise produit près de 250 tonnes d'huîtres Marennes-Oléron, fait partie des pionniers qui ont testé les filières dès 2002 – en particulier dans l'anse de la Malconche – et les utilisent aujourd'hui en production.

M. Chiron est donc un farouche défenseur du projet de filières de 400 hectares porté par le Comité régional de conchyliculture (CRC) de Poitou-Charentes. Comme tous les autres promoteurs du projet, il s'est réjoui lorsque, en décembre 2011, la préfète Béatrice Abollivier a enfin signé un arrêté préfectoral d'autorisation. Mme Abollivier, en fonctions depuis six mois, avait été, en 2006-2007, chargée de mission au cabinet de Dominique Bussereau, alors ministre de l'agriculture et de la pêche, et actuel président du conseil général de Charente-Maritime.

Risques pour la plaisance, la pêche et les plages

Mais progressivement, les oppositions se sont cristallisées. Plaisanciers, adeptes du canoë de mer, pêcheurs, Société de protection des paysages de l'île d'Oléron, résidents amoureux de ce littoral ont uni leurs voix dissidentes en formant, en février, l'Association pour la préservation du littoral de la Malconche et des Pertuis charentais (Aplimap). "Elle compte aujourd'hui 850 membres", se félicite Noëlle Demyk, sa présidente. Cette ex-universitaire et professeure de géographie a choisi, à la retraite, de vivre sur l'île d'Oléron.

Aplimap a également obtenu le soutien des maires de trois communes du nord de l'île, soit Saint-Georges-d'Oléron, La Brée-les-Bains et Saint-Denis. Lors de l'enquête publique ouverte du 7 avril au 12 mai 2011, seule la commune de Saint-Georges a été conviée à donner son avis sur le projet.

Fin avril 2012, le conseil municipal de Saint-Georges, présidé par le maire, Eric Proust, a émis un avis défavorable, en arguant de trois risques. Risque nautique, tout d'abord. "L'implantation envisagée rendra la circulation des navires de plaisance plus compliquée, voire dangereuse, en sortie de chenal." Or, "depuis la création de la réserve naturelle de Moëze-Oléron, les activités nautiques sont de plus en plus concentrées. Un pan de l'économie locale s'en trouvera affecté", fait valoir le maire. La pêche locale serait aussi menacée : "Les pêcheurs qui débarquent leurs produits à Boyardville seront exclus de leur zone traditionnelle de pêche." Enfin, la municipalité met en avant un risque pour les plages : "La maîtrise des déchets conchylicoles n'est pas avérée. Les mauvaises pratiques relevées dans le Coureau d'Oléron font craindre pour la préservation des plages."

"C'est une guerre de territoires"

Des arguments que reprennent à leur compte les édiles de La Brée-les-Bains et de Saint-Denis, communes qui vivent essentiellement du tourisme. "Même si nous comprenons la situation des ostréiculteurs, nous ne pouvons pas admettre qu'un projet se fasse au détriment des autres. Nous n'avons pas été associés. J'ai découvert le projet de filières le 1er mai 2011", explique Jean-Michel Massé, maire de Saint-Denis.

En juillet 2012, la mairie de Saint-Georges, accompagnée de plusieurs associations, a déposé un recours contre l'installation des filières devant le tribunal administratif de Poitiers. Puis, constatant l'avancée des travaux, les opposants ont adressé un référé fin septembre pour suspendre les installations. Le 23 octobre, le tribunal leur a donné raison en suspendant l'exécution de l'arrêté préfectoral. Cette décision a provoqué l'ire du CRC de Poitou-Charentes. Mais son président, Gérald Viaud, a néanmoins admis que le projet présentait une "faille " : "l'absence d'étude d'impact". Le tribunal a considéré qu'avec un coût estimé de 4,5 millions d'euros pour la pose de 347 filières, le projet ne pouvait s'en affranchir.

Une quarantaine d'ostréiculteurs ont décidé de contre-attaquer en déversant, début novembre, des huîtres devant les trois mairies hostiles. Ils ont, au passage, fustigé le dragage du port de Saint-Martin, au lourd impact environnemental, selon eux. "C'est une guerre de territoires", affirme M. Viaud. En attendant le jugement sur le fond, le CRC a lancé une étude d'impact sur son projet de filières.

Objectif : Accroitre la productivité

Mais même au sein de la profession ostréicole, le projet ne fait pas l'unanimité. Les petits ostréiculteurs craignent que les filières ne profitent surtout qu'aux grosses entreprises. Celles capables de s'acheter un bateau à 250 000 euros et les équipements nécessaires. Même si les subventions européennes pourraient alléger la facture.

L'enjeu pour les promoteurs des filières est d'accroître la productivité. Ils pensent gagner un an sur le développement des huîtres, grâce à un milieu marin plus riche, et avoir moins besoin de main-d'œuvre. Si les volumes produits sont plus conséquents, le taux de mortalité qui frappe les huîtres depuis 2008 est toutefois équivalent à celui constaté dans les autres types d'élevage.

Laurence Girard - Ile d'Oléron (Charente-Maritime), envoyée spéciale
 
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Le 27 Novembre 2013

Pas d'ormeaux, pour leurs 8 g de caca par kilo !!!

Conseil. Le « non » au parc à ormeaux

Conseil. Le "non" au parc à ormeaux

à Guisseny

Source : Le Télégramme

Au terme de l'enquête publique concernant la demande de France Haliotis pour l'implantation de parcs à ormeaux sur cinq hectares, le conseil municipal a donné sa position, négative. Raphaël Rapin a d'abord refait l'historique... En avril 2007, une première demande de concession avait été déposée par Haliotis pour un élevage sur dix hectares. Le conseil avait émis un avis défavorable par manque étude d'impact par rapport au rejet et à l'environnement du fait, notamment, de l'existence du site Natura 2000, de concertation globale avec les membres des associations utilisatrices et la faible distance par rapport aux côtes. « En avril 2008, nous avons exprimé notre refus auprès du sous-préfet et du directeur de cabinet de la préfecture », demandant de travailler sur un plan de zonage des activités dans le domaine maritime et terrestre. « Il est nécessaire de constater que rien n'a été fait dans ce sens depuis 2008 », précise l'élu. Et de rappeler qu'il « appartient bien au préfet d'accorder des concessions en mer ».

Nouvelle demande

Nouvelle demande de France Haliotis puis mise à enquête publique où sur 71 pétitionnaires, 70 se sont exprimés contre le projet ! Dans la notice d'impact, le maire fait remarquer les incohérences et les contradictions... Située à 1,4 km des côtes, au large du Vougot, l'étude dit par exemple que cela « n'entraîne que peu de gênes ». « Peu est généreux ! », lance le maire : « Pour qui ? La navigation sera interdite, il y a méconnaissance des usages ! »


Quel impact réel ?

Raphaël Rapin rappelle que Guissény ne dispose d'aucune installation ostréicole ou autre. « L'installation de l'élevage d'ormeaux créerait un précédent sur la commune ». Lorsque le demandeur parle alors d'impact sur le milieu cinq à six fois plus faible que pour les huîtres, il répond que France Haliotis affirme bien qu'il y a un impact ! Les déchets rejetés par les ormeaux représentent 8 g par kilo, ce qui ferait pour l'exploitation choisie 44 tonnes par an. Et les élus de se demander ce que serait l'avenir des plages avec ces déjections ou de remarquer le flou et la subjectivité des propos qui ressemblent au premier projet... Le conseil s'est en définitive prononcé contre et demande au préfet d'établir une cartographie du domaine public maritime qui sera intégrée à l'enquête publique.

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Le 28 Novembre 2013

Saint-Malo. Moules sur filières. Toujours des oppositions

À la suite de la réunion de concertation de vendredi, quatre associations réaffirment leur position contre l'expérimentation de moules sur filières au large de Saint-Coulomb et Cancale.

Source : Le Télégramme

Quatre associations, Apeme, APPR, Adicee et SPPEF 35, ont tenu à réagir après la réunion de concertation qui s'est déroulée à la sous-préfecture vendredi, en réaffirmant leur opposition à une expérimentation de moules sur filières au large de Saint-Coulomb et Cancale (Le Télégramme de dimanche). « Nous contestons la méthode employée par Goulven Brest, président du Comité régional conchylicole de Bretagne nord, assénant de nombreuses affirmations qu'il a refusé de confirmer au motif qu'il n'a pas les compétences scientifiques ! »

La conchyliculture a plutôt des effets positifs sur l'environnement
(Cliquer sur le tableau pour agrandir)

« Le littoral doit rester libre de toute construction »

Pour ces associations, « le littoral de la Pointe du Grouin au cap Fréhel doit rester libre de toute construction de filières. Nous disons non à un paysage dénaturé, à l'entrave de la circulation des bateaux (...). Nous désapprouvons les excès de la conchyliculture qui, par son caractère intensif et certaines pratiques professionnelles, ont conduit et conduisent à des effets très préjudiciables sur l'environnement, les paysages, la biodiversité. »

Valorisation des crépidules

En revanche, ils demandent « aux conchyliculteurs de mobiliser tous leurs moyens, non pas dans la création de filières, mais dans la mise en oeuvre d'une valorisation des crépidules à la dimension de la situation catastrophique que la conchyliculture et la pêche ont créée sur tout le littoral de la Côte d'Émeraude, dans les baies du mont Saint-Michel et de Saint-Malo. C'est le seul projet conchylicole qu'il est urgent de mettre en oeuvre sur notre littoral », estiment les quatre associations.

Remarque personnelle : Avec ce point de vue d'associations de rentiers des 30 glorieuses... Que peut-on espérer en matière de développement aquacole ? Quelle place pour l'aquaculture dans la politique maritime ?

Quant à "Eau et Rivières Bretagne", l'association n'est pas opposée au projet voir article de Ouest France

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Le 31 Janvier 2014

Mise en place expérimentale d’une intensification écologique de la pisciculture d’étang

Mémoire de fin d'études - Matthieu Adam

Diplôme d’Ingénieur Agronome - Spécialisation : « Halieutique - Aquaculture »

Le projet PISCEnLIT (PISCiculture Ecologiquement InTensive), dans lequel s’inscrit ce stage, cherche à appliquer l’écologiquement intensif à l’aquaculture. Plusieurs laboratoires,  de  trois  pays  différents  (France,  Indonésie  et  Brésil),  ont  étudié  différents systèmes en utilisant une approche écosystémique. Les objectifs étaient non seulement de redéfinir  cette  notion  mais  également  de  proposer  des  améliorations  techniques  ou organisationnelles aux élevages existants.

Cliquer Ici pour télécharger le rapport

Le projet PISCEnLIT s’inscrit dans un contexte mondial des productions aquatiques où la pêche atteint un plateau et où l’aquaculture connaît un développement soutenu au point de rejoindre en volume destiné à la consommation humaine les productions issues de la pêche.

Cependant, ce développement aquacole se heurte à de nombreux problèmes de nature environnementale, sociétale etc. et qui interpellent au niveau de sa durabilité.

Le développement de l’aquaculture, et singulièrement de la pisciculture, est désormais reconnu comme inéluctable pour faire face à la demande croissante en produits aquatiques.

En effet l’évolution de la demande de la société vis-à-vis des systèmes de production alimentaires nécessite la recherche de nouveaux moyens de produire plus efficients et plus respectueux de l'environnement. Ces systèmes de production doivent donc devenir plus économes en intrants (ressources alimentaires, énergie, eau) et moins polluants (limitation des émissions eutrophisantes, des gaz à effet de serre, des xénobiotiques…).

Aussi, il devient nécessaire de définir les conditions d’une intensification écologique des systèmes de production aquacoles afin de fournir plus de produits en utilisant mieux les leviers de l’écologie des aqua-écosystèmes. Ces conditions sont déterminées non seulement par la fonction de production qu’il convient d’optimiser, mais aussi par un ensemble plus vaste de services rendus par ces écosystèmes qui conditionnent la perception des acteurs et leur acceptabilité et ainsi déterminent leurs fonctions physiques, sociales, économiques, biologiques au sein des territoires.


L’étude des conditions d’une intensification écologique du système aquacole est abordée ici à travers une approche interdisciplinaire associant l’utilisation des outils de l’analyse environnementale, de l’économie de l’innovation et les perceptions par les différents types d’acteurs des services rendus par les écosystèmes et des scénarios d’intensification écologique. Compte tenu de l’extrême diversité des aqua-écosystèmes, cette étude porte sur un continuum de systèmes de niveau technologique croissant depuis des systèmes de pisciculture « de production » à faible niveau d’intrants peu productifs (étangs extensifs et semi-intensifs) jusqu’à des systèmes hors sol qualifiés « de transformation » très productifs avec une utilisation forte des facteurs de production (circuits fermés)

Pour plus d’informations : PISCenLIT

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Le 26 février 2014

Pour Capital (M6), le Tilapia est un produit low cost !

Comprendre que le Tilapia est un poisson à prix faible du fait qu'il est omnivore contrairement au saumon, bar et autre dorade qui exigent une ration à base de farine et d'huile de poisson très coûteuse...

C'est plutôt M6 qui produit des émissions Low Cost, vu comment l'émission Capital aborde le sujet... Une vraie arnaque que ce reportage !

Nouveaux produits low cost : arnaques ou bonnes affaires ? 

Source : M6

Jusqu'où ira le low cost ? Aujourd'hui, il semble qu'aucun secteur de la consommation ne soit épargné par cette tendance qui vise à toujours écraser davantage les prix. Évidemment, cette offre de produits bon marché est la bienvenue alors que notre pouvoir d'achat ne cesse de baisser. Mais comment s'y prennent les industriels pour produire moins cher ? Quels sont les nouveaux pays transformés en usines à bas prix ? Et surtout faites-vous toujours une bonne affaire en achetant ces nouveaux produits à petit prix ? Du high tech à l'habillement en passant par l'alimentation, Capital vous révèle les secrets de quelques-uns de ces nouveaux produits low cost.

Les chaussures « premier prix » sont-elles dangereuses ?

Que valent les smartphones à moins de 200 euros ?

Le nouveau poisson miracle

http://www.reportagestv.com/2014/02/24/capital-le-nouveau-poisson-miracle/

Durée du reportage 24 minutes... Cliquer Ici pour le visualiser

Il a un drôle de nom mais son prix est presque imbattable : entre 6 et 8 euros le kilo au rayon surgelé des grandes surfaces. Ce poisson au goût neutre et quasiment sans arrêtes est adoré par les enfants. Mais d'où vient le tilapia ? Au départ, on le pêchait dans les fleuves d'Afrique mais aujourd'hui, il est élevé de manière industrielle en Chine. Herbivore, il a le gros avantage d'être nourri au maïs et au soja et non pas avec des farines de poissons comme le saumon. Cependant, pour en produire toujours plus, des éleveurs abusent des antibiotiques et des hormones. Parfois même, ils fertilisent les bassins avec des excréments de cochon ou de poulet. Alors avec le tilapia, le poisson reste-t-il toujours un bienfait pour la santé ?

Géraldine Doussier

Pièces auto: l'homme qui fait baisser la facture

Fan li doit se retourner dans sa tombe !

Il y a 2500 ans, le chinois Fan li décrivait dans un traité consacré à la pisciculture de son époque, la technique de l’agro-pisciculture. Cette méthode ancestrale associe un élevage terrestre (porc, volaille) avec son caca et un élevage de poisson dans des étangs d’eau douce...

Lire l'article de Roland Billard à ce sujet : Le Traité de Fan Li (5ème Siècle av. JC) et la pisciculture en Chine

2500 ans plus tard, cette technique traditionnelle serait suspecte !

Parfois même, ils fertilisent les bassins avec des excréments de cochon ou de poulet. Alors avec le tilapia, le poisson reste-t-il toujours un bienfait pour la santé ?

Intégration agriculture-aquaculture : Principes de base et exemples

FAO Document technique sur les pêches. No. 407. Rome FAO. 2003. 161p.

Institut International pour la reconstruction rurale
Worldfish Center
FAO
Rome, 2003

Résumé

Ce document est une version corrigée et légèrement révisée d'un dossier d'information technologique précédemment publié sur l'intégration agriculture-aquaculture (IAA ou agro-pisciculture). Il contient 38 chapitres en sept sections, exposant les points fondamentaux et les caractéristiques des systèmes IAA avec une utilisation généreuse de dessins et d'images.

Les quatre premiers articles présentent des considérations socioculturelles, économiques et environnementales relatives à l'introduction des techniques IAA. Cette section est suivie par une vue d'ensemble des systèmes agricoles intégrés, accompagnée par six exemples, allant des systèmes intégrés herbacées-poissons et digues-poissons pratiqués en République populaire de Chine aux méthodes de cycles courts en étangs saisonniers et fossés au Bangladesh, en passant par le système VAC du nord du Viet Nam. La section suivante contient quatre documents qui concernent les systèmes d'élevage animal-poisson avec intégration de poules, canards et porcs. Deux sections avec un total de 16 présentations abordent ensuite différents aspects des systèmes riz-poissons, commençant par huit exemples techniques de cinq pays, y compris les systèmes d'irrigation concernant les crevettes marines en régions côtières et les crevettes d'eau douce en régions continentales. Huit autres présentations donnent des recommandations sur le choix du site, la préparation de la rizière, l'empoissonnement, l'alimentation, la gestion du riz et les questions relatives à la gestion intégrée des déprédateurs dans les systèmes riz-poisson. Une autre section de quatre documents concerne les aspects relatifs à l'alimentation et la gestion des poissons en IAA, tels que l'utilisation dans les étangs du fumier animal, des eaux usées domestiques et du lisier de bio-gaz, ainsi que les sources végétales d'aliments pour poissons. La dernière section contient quatre articles sur la propagation et l'alevinage des poissons se concentrant sur la production de petits et grands alevins et sur les carpes. Y est incluse une description de la propagation de la carpe en champs de blé et de l'alevinage en rizière comme activités de saison morte, et de la production en rizière irriguée de grands alevins.


Le but de cette publication est de donner aux décisionnaires des organisations gouvernementales et non gouvernementales ainsi que d'autres organisations impliquées dans l'agriculture et le développement rural, une vue d'ensemble et une base pour comprendre les principes du système IAA et les aider ainsi à décider s'ils souhaitent s'engager dans de telles activités et les inclure dans leurs programmes. Pour ceux qui travaillent directement avec les agriculteurs, cette publication vise à fournir de bons exemples du système IAA, mais elle n'est pas conçue comme une compilation de procédures à suivre à la lettre. Elle devrait plutôt contribuer à convaincre les lecteurs/usagers que les agriculteurs peuvent effectivement améliorer leurs conditions de vie soit en introduisant des systèmes IAA, soit en les développant davantage et en améliorant les nombreuses possibilités d’IAA sur leurs fermes actuelles au sein de leurs communautés.

Cliquer Ici pour télécharger le document "Intégration agriculture-aquaculture : Principes de base et exemples"

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Le 15 Septembre 2014

Contribution de l’Analyse du Cycle de Vie à l’évaluation environnementale des systèmes de pisciculture

Thèse soutenue le 24 mars 2014 à Rennes

Joël Aubin a soutenu sa thèse intitulée "Contribution de l’Analyse du Cycle de Vie à l’évaluation environnementale des systèmes de pisciculture" le 24 mars 2014 à l'Agrocampus Ouest, à Rennes.

Cliquez ici pour télécharger le document

Résumé :

L’Analyse du Cycle de Vie (ACV) est une méthode normalisée d’analyse environnementale qui prend en compte l’ensemble des étapes de la vie d’un produit depuis l’extraction des matières premières, leur transformation pour sa production, jusqu’à la gestion des déchets. Offrant une vision holistique et multicritère du lien entre le système de production et l’environnement, cette méthode a été adaptée à l’agriculture. Le sujet de la thèse présentée ici porte sur son adaptation au domaine de la pisciculture. La pisciculture est un secteur particulièrement dynamique avec une croissance à l’échelle planétaire rapide des enjeux alimentaires forts. Son utilisation de ressources naturelles (halieutiques notamment) et d’écosystèmes sensibles en font un sujet particulièrement approprié pour étudier les interactions entre élevage et environnement. L’objectif de ce travail est d’étudier en quoi l’ACV apporte un changement dans l'analyse de l'impact environnemental de la pisciculture. Ce travail est décliné autour de quatre questions illustrées chacune par un article scientifique. Une revue bibliographique apporte un éclairage sur la capacité de l’ACV à prendre en compte les spécificités de l’aquaculture pour en dresser un bilan environnemental. Un article comparant le profil environnemental par ACV de différents systèmes de production de poissons carnivores illustre comment l'ACV permet de mieux comprendre le fonctionnement des systèmes de production aquacoles et de mettre en évidence les points critiques pour l’environnement. Une étude sur le remplacement des farines et huiles de poisson dans l’aliment piscicole montre en quoi le caractère multicritère de l'ACV permet d'accompagner l’orientation des systèmes de production. Enfin, une étude sur un système de polyculture aux Philippines montre les besoins d'évolution des modalités d'application des ACV en pisciculture.

Cette étude ACV concerne l'aquaculture de transformation (élevage aquacole tributaire d'un aliment exogène)... A l'opposé, l'aquaculture de production (conchyliculture, pisciculture extensive en étangs) dépend de la production primaire du milieu...

Source : Joël Aubin - Contribution de l’Analyse du Cycle de Vie à l’évaluation environnementale des systèmes de pisciculture

A partir du cadre normalisé de l’ACV, il a été possible de proposer des innovations pour mieux prendre en compte les spécificités des élevages aquacoles et de la pêche. En particulier, des catégories d’impact spécifiques, comme l’utilisation de production primaire nette ou la dépendance à l’eau permettent de mieux illustrer le besoin en ressources fragiles de l’environnement. Il reste néanmoins à proposer des indicateurs opérationnels dans certains champs comme ceux de la biodiversité.

Plusieurs paramètres influencent les performances environnementales des élevages aquacoles :

- l’aliment, sa composition et sa gestion

- l’énergie, sa consommation et son origine

- l’eau, sa disponibilité et son besoin pour l’élevage

De fait, la capacité de l’élevage à transformer ces intrants va directement et indirectement jouer sur ses performances environnementales, en réglant la demande en ressources et l’émission de polluants : produits de dégradation ou non retenus par le système d’élevage. Ainsi, des systèmes extensifs, moins bien maîtrisés, peuvent présenter des impacts environnementaux ramenés à la tonne de poisson, équivalents ou plus élevés que des systèmes dits intensifs jugés classiquement plus polluants.

Les stratégies d’évolution des systèmes aquacoles portent aussi des risques de transfert de pollution que l’ACV peut mettre en évidence. C’est le cas du passage au circuit fermé, qui, s’il diminue la dépendance à l’eau et l’eutrophisation (dans une moindre mesure), peut induire une augmentation de la demande énergétique et de l’émission de gaz à effet de serre. C’est aussi le cas, lors du remplacement des ingrédients d’origine halieutique par des ressources végétales dans l’alimentation des poissons d’élevage : s’il n’y a pas de changement dans l’utilisation d’énergie ou l’émission de gaz à effet de serre, et une amélioration très nette de l’utilisation de production primaire nette, l’écotoxicité terrestre et surtout l’utilisation de surface terrestre sont largement plus élevées pour produire une tonne de poisson. Ainsi, le poisson d’aquaculture pourrait entrer dans la compétition pour l’usage des terres au même titre que les autres productions animales.

Source : Joël Aubin - Contribution de l’Analyse du Cycle de Vie à l’évaluation environnementale des systèmes de pisciculture

Le contexte biophysique influe aussi sur les bilans environnementaux des élevages aquacoles et nos résultats montrent l’importance d’une différenciation spatiale pour mieux comprendre les déterminants des impacts. Par ailleurs, le choix de la règle d’allocation des impacts entre les différents produits d’un système de production (comme une polyculture) peut influer sur les résultats environnementaux de chacun des produits. Une réflexion sur une règle biophysique adaptée au contexte aquacole est encore à mener.

Ce travail montre la richesse des enseignements que l’on peut tirer de l’analyse environnementale des piscicultures par l’Analyse du Cycle de Vie. Il illustre aussi les voies d’amélioration méthodologiques nécessaires qui sont plus liées au manque de connaissance sur les systèmes de production et à la façon de mener les inventaires qu’à la méthodologie normalisée de l’ACV. Cette étude montre la nécessité de compléter la gamme des catégories d’impact et de les rendre plus sensibles aux contextes locaux.

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Utilisation  de la méthode ACV (Analyse de Cycle de Vie) pour évaluer la durabilité des élevages de poissons

La pisciculture est en plein essor à travers le monde. Pour pérenniser son développement, elle doit pouvoir évaluer et maitriser ses impacts environnementaux. Les chercheurs de l’INRA ont montré que la méthode ACV peut être utilisée pour mesurer les impacts locaux et mondiaux des systèmes aquacoles et proposer des pistes d’évolution des pratiques.

Source : INRA par Jacques Le Rouzic

La pisciculture est devenue depuis la fin du XXème siècle aussi importante que l’industrie de la pêche dans le commerce mondial du poisson. Cette activité ancienne, dont on retrouve les premiers traités dès le VIème siècle avant J-C en Chine, est en plein essor depuis plus de 30 ans sur tous les continents avec un accroissement du volume de production mondiale de 8 % par an en moyenne.

Des besoins d’évaluation environnementale et de normes de qualité de la production

Comme toutes les activités humaines, la pisciculture, en raison des ressources qu’elle mobilise (eau, énergie,  aliments, surface d’écosystèmes, …) et de ses rejets (déchets organiques, médicaments, …), exerce des pressions sur l’environnement au niveau local comme au niveau mondial. La pisciculture est fortement décriée par les associations de défense de l’environnement, et suscite la méfiance de la part de certains consommateurs, notamment en Europe. Il est devenu nécessaire de développer des outils d'évaluation permettant  de mieux gérer le développement de la pisciculture et d’assurer sa durabilité et son acceptabilité par le consommateur.

Une méthode d’évaluation issue du monde industriel

C’est dans ce contexte de respect de l’environnement et de besoin de certification que les chercheurs de l’unité Sol Agro et Hydrosystèmes Spatialisation (UMR 1069 INRA/Agrocampus Ouest SAS) se sont intéressés à l’Analyse de Cycle de Vie (ACV). L’ACV est une méthode standardisée (ISO 14044), issue du monde industriel,  conçue pour évaluer les impacts environnementaux potentiels associés à un produit, en quantifiant les ressources consommées et les émissions dans l’environnement à toutes les étapes de la vie de ce produit, depuis les matières premières consommées jusqu’à la gestion des déchets.

Les chercheurs de l’unité SAS ont appliqué la méthode ACV sur différents types d’élevage de poissons, en Europe, en Asie et en Afrique. Etudiant divers systèmes de production - intensifs ou extensifs, en eau douce ou en eau salée - les chercheurs ont constitué des répertoires d’indicateurs (collectes de données sur la consommation en électricité de l’élevage, la consommation d’eau, le volume et le type d’aliments utilisé…), et intégré des modèles prédictifs (sur la consommation des nutriments par les animaux, sur les rejets et du devenir de certains composés comme le phosphore et l’azote dans l’environnement, …).

Trois facteurs ont été identifiés comme ayant une influence majeure sur l’environnement, au niveau local ou global :
  • la nourriture des poissons et sa gestion
  • la consommation d’énergie et son origine
  • l’utilisation d’eau (ou plus précisément la dépendance à l’eau)

L’ACV permet aujourd’hui de comparer entre eux, sur ces critères, divers élevages, intensifs ou extensifs, et de voir quels sont les points sur lesquels des améliorations sont possibles pour en optimiser la durabilité. L’analyse s’étend bien au-delà de la simple capacité de l’élevage à transformer les intrants en produits finis, en intégrant l’amont et de nombreuses catégories d’impacts qui reflètent la performance économique et environnementale de l’ensemble du système.

Des applications pour la pisciculture de demain

Les chercheurs mobilisent aujourd’hui l’ACV pour définir de nouvelles méthodes de production en pisciculture avec le double objectif de compétitivité et de protection de l'environnement dans le cadre notamment du projet PISCEnLIT. Les chercheurs sont aussi impliqués dans le projet ANR DESIRABLE qui a, parmi ses objectifs, le développement d’une filière de production d’insectes utilisables comme ressources alimentaires pour les poissons.

Contact(s)
Contact(s) scientifique(s) :
  • Joël AUBIN (02 23 48 70 42) SAS Sol Agro et hydrosystème Spatialisation
Département(s) associé(s) :
Environnement et agronomie, Physiologie animale et systèmes d’élevage
Centre(s) associé(s) :
Rennes

En savoir plus
  • Contribution de l’Analyse du Cycle de Vie à l’évaluation environnementale des systèmes de pisciculture. Thèse soutenue le  24 mars 2014
  • Aubin, J., 2013. Life Cycle Analysis as applied to environmental choices regarding farmed or wildcaught fish. CAB Reviews: Perspectives in Agriculture, Veterinary Science, Nutrition and Natural Resources. 8, N°11.
  • Aubin, J., Donnars, C., Supkova, M., Dorin, B., 2013. A critical panorama of methods used to assess food sustainability. In: Esnouf, C., Russel, M., Bricas, N. (Eds.), Food system sustainability: Insights from duALIne. Cambridge University Press, New York, 198-232.
  • Aubin, J., Tocqueville, A., Kaushik, S.J., 2011. Characterisation of waste output from flow-through trout farms in France: comparison of nutrient mass-balance modelling and hydrological methods Aquatic Living Resources 24, 63-70.
  • Projet DESIRABLE : http://www.agence-nationale-recherche.fr/suivi-bilan/environnement-et-ressources-biologiques/systemes-alimentaires-durables/fiche-projet-alid/?tx_lwmsuivibilan_pi2%5BCODE%5D=ANR-12-ALID-0001
  • Projet PISCEnLIT : http://www.piscenlit.org/
A propos de
Ces travaux ont été synthétisés dans le cadre de la thèse de Joël AUBIN, UMR SAS, Rennes.


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Une méthode simple et économique pour évaluer les effluents de pisciculture

En comparant deux méthodes d’évaluation des rejets d’un élevage de truites, les chercheurs de l’IFREMER et de l’INRA ont montré que l’utilisation d’informations nutritionnelles sur les aliments distribués et leur digestibilité permet d’obtenir une estimation correcte des rejets directs des poissons. La méthode de quantification des rejets dite "nutritionnelle" est d'utilisation simple, rapide et économique au niveau d’un élevage. Reconnue par le comité interprofessionnel des produits de l’aquaculture (CIPA), cette méthode permet de mieux appréhender l’impact environnemental potentiel des piscicultures.

Source : INRA

La part de la pisciculture dans la consommation de poisson ne cesse de croître dans le monde. En France, il y a actuellement plus de 600 élevages en eau douce, produisant ainsi 35000 tonnes de truites. Si la truite a besoin d’une eau d’excellente qualité pour croître, un élevage de plusieurs milliers de poissons devient une source de pollution potentielle pour la rivière en aval du site de production. Les rejets des poissons sont issus de la partie non ingérée de l’aliment (parfois inexistante), de la fraction indigestible de l’aliment – c.-à-d. la partie ingérée mais non absorbée (fèces) – et de l’utilisation partielle des nutriments absorbés entraînant la production de déchets métaboliques dissous (azotés et phosphorés notamment). Si la digestibilité des aliments, les techniques de distribution de l’aliment et de traitement des rejets s’améliorent dans le temps (réduisant ainsi la partie solide des rejets), il est plus difficile d’agir sur la partie dissoute. Chez la truite, cette partie représente 50 à 70 % de l’azote rejeté et 20 % du phosphore (Fivelstad et al., 1990 ; Kaushik et Cowey, 1991 ; Dosdat et al., 1996).

En France, les piscicultures produisant plus de 20 t/an sont soumises à autorisation au titre de la réglementation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE), impliquant notamment la réalisation d’une étude d’impact environnementale. L’autorisation ICPE est accordée pour une production donnée à condition de respecter les normes de rejets fixées par arrêté préfectoral (propre à chaque pisciculture). Cette réglementation sera renforcée d’ici à 2015 par l’application de La Directive Cadre Eau (DCE) Européenne, visant à obtenir pour 2015 un bon état écologique des masses d’eaux. Pour satisfaire aux réglementations et si besoin dimensionner les unités de traitement des rejets, il est indispensable pour le pisciculteur de pouvoir évaluer de façon fiable les rejets effectifs de son unité de production.

Une équipe de chercheurs de l’IFREMER, de l’INRA, de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agronomie de Toulouse (ENSAT) en partenariat avec la société BIOMAR (production d’aliments), a travaillé sur l’évaluation des rejets d’une pisciculture de truites. Les flux de rejets mesurés sur le terrain sur la base de prélèvements d’eau, de mesure de débits et d’analyses d’échantillons (méthode "hydrobiologique") ont été comparés aux estimations indirectes basées sur la digestibilité des aliments (méthode "nutritionnelle"). Il s’agissait de discuter la validité et l’utilisation pratique de ces méthodes pour les pisciculteurs et les autorités de contrôle comme outils de quantification des rejets dans le cadre de la réglementation.

Les résultats de l’étude ont montré que la principale difficulté de la méthode hydrobiologique est la mesure des débits d’eau, point clé de l’évaluation des flux de rejets, qui reste très fluctuante malgré l’utilisation de matériel de grande précision. A l’opposé, la méthode nutritionnelle, rapide et facile d’utilisation, est un moyen simple de prédire les flux de rejets des poissons. Elle requiert cependant des informations précises sur les coefficients de digestibilité, la composition et la quantité d’aliment ingérée. Un compromis reste à trouver entre la méthode nutritionnelle qui donne des valeurs de rejets directs des poissons à partir de l’aliment et la méthode hydrobiologique, qui permet de quantifier les rejets du système d’élevage. Une relation entre l’aliment distribué et les rejets du système d’élevage permettrait d’utiliser en routine la méthode nutritionnelle pour quantifier les rejets du système. L’utilisation de coefficients correcteurs permettant de s’approcher au plus près des valeurs mesurées en sortie du système d’élevage est nécessaire. Une typologie des systèmes d’élevage qui prend en compte leur configuration, le type d’eau utilisé et le nombre d’utilisations de l’eau dans l’élevage devra être effectuée au préalable.

Les formules mathématiques qui sous-tendent la méthode nutritionnelle n’ont pas encore été mises en valeur sous forme de logiciel. Les chercheurs sont intéressés par un partenariat qui permettrait de développer ce logiciel et de créer un outil qui pourra participer au maintien d’une aquaculture durable en Europe.

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Le 29 Octobre 2014

La ferme aquacole de Santa Manza décroche son label rouge à Bonifacio


Dans un esprit de préservation de l'environnement et de santé des personnes, aucun traitement antibiotique n'est permis durant le cycle à la ferme aquacole de Santa Manza.Alain Pistoresi

Source : Corse matin

En exercice depuis 1987, la ferme aquacole de Santa Manza à Bonifacio qui produit près de 100 tonnes de Bar par an vient d'obtenir son label rouge

Depuis 1987 la SCA ferme marine de Santa Manza est une des pionnières en matière de poisson d'élevage en Corse et en France. La concession maritime de Raphaël Di Meglio, d'une superficie de deux hectares, produit 100 tonnes de poissons par an.

Avec pour production essentielle le bar. Cette ferme a obtenu un label rouge pour son élevage pleine mer et son propriétaire souhaite poursuivre sur cette voie, en essayant d'obtenir un label européen, l'IGP, indication géographique protégée.



Des conditions d'élevage contraignantes

Depuis 2012 la SCA ferme marine de Santa Manza (FMSA) bénéficie du label rouge sur son loup d'élevage. Cette distinction a été obtenue après plusieurs années de travail sur ses poissons.

« Nous nous sommes réunis avec des aquaculteurs de Corse pour créer un syndicat Mare e Stagni. Étant dans un environnement exceptionnel nous avons souhaité le préserver et avons alors décidé d'élaborer un cahier des charges "label rouge". Nous avons mis trois ans pour le rédiger », explique Raphaël Di Meglio. Ainsi plusieurs contraintes ont été imposées pour pouvoir prétendre à ce label. Le bar doit notamment être élevé en pleine mer, à faible densité pour le bien-être du poisson.

De même, la croissance se doit d'être lente : « Il nous faut trois ans pour qu'un bar atteigne les 400 grammes », précise Frédéric Balsaux, chef d'exploitation/biologiste. Le poisson est par conséquent moins gras. « Dans un esprit de préservation de l'environnement et de santé des personnes, aucun traitement (antibiotiques) n'est permis durant le cycle », ajoute le gérant.

Enfin, l'alimentation donnée aux bars est rationnée. « Nos bars ne sont pas gavés. De plus, nous avons créé un aliment qui ne coule pas, il flotte, et ne pollue pas ainsi les fonds marins », explique Frédéric Balsaux.
Un laboratoire agréé vient également régulièrement effectuer des contrôles sur la traçabilité ou sur la qualité gustative du bar. C'est ce dernier qui viendra récompenser le travail du fermier par le label rouge. Pour le moment seulement deux fermes en Corse ont obtenu le précieux sésame.


Un signe de qualité supérieure

« La concurrence grecque produit 40.000 tonnes par an de bars d'élevage. Dans 1 m3 d'eau on peut mettre jusqu'à 50 kg de poissons. Comment on peut faire de la qualité dans ces conditions ? Nous, nous n'en mettons que 20 kg. Pour se démarquer de la masse, on s'est imposé des contraintes fortes », explique Raphaël Di Meglio.

Son chef d'exploitation poursuit : « Le label rouge n'était que la première étape. Le but final est l'obtention de l'indication géographique protégée (IGP). C'est un label européen qui certifie que le poisson provient bien de Corse et ainsi permettra de garder une spécificité du terroir ».

Si une grande partie des bars de la FMSA sont commercialisés par leur filiale SARL sud marée, auprès de restaurateurs, de grandes et moyennes surfaces et poissonneries de détails, leur production commence à être reconnue en Sardaigne.

« Certains de nos clients italiens se détachent du critère prix et s'approvisionnent chez nous plutôt qu'en Sardaigne où l'élevage est intensif », précise Raphaël Di Meglio.

« On aimerait bien que les Bonifaciens se rendent compte de la présence sur leur territoire de la technique de pointe qu'est l'élevage raisonné. Plusieurs écoles extérieures à la ville (Lecci, La Trinité) sont déjà venues visiter les lieux, cela nous ferait plaisir de voir aussi les petits Bonifaciens ».

Et de conclure : « L'avenir c'est l'aquaculture, avec ses multiples contrôles, elle est gage de sécurité alimentaire. Cette dernière étant de moins en moins présente dans la pêche sauvage ».

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Le 31 Janvier 2015

Sortie de la revue Étangs


L’équipe d’Aquafilia est fière de vous annoncer le lancement de sa nouvelle revue, Étangs !

Étangs, c’est :
  • seize pages d’articles de fond et de fiches techniques dédiés à la gestion de votre étang, de son entretien à sa valorisation ;
  • des contenus rédigés par des professionnels de la filière.

Vous y trouverez 11 thématiques qui sauront vous intéresser : Écosystème, Espèce, Nuisible/Pathologie, Ouvrage, Gestion piscicole, Matériel/Produit, Législation, Diversification, Parcours de pêche, Marché et

Profitez  de l’occasion et envoyez-nous les vôtres ! Elles paraîtront avec le numéro 1 d’Étangs. Sortie prévue, mi-mars.

Pour plus d'informations : Aquafilia

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L'aquaculture, une "schizophrénie française"

http://www.cipa-pro.fr/web/index.php


La schizophrénie est un trouble mental sévère et chronique appartenant à la classe des troubles psychotiques. Ce trouble apparaît généralement au début de l'âge adulte et affecte environ 1% de la population. Comme les autres psychoses, la schizophrénie se manifeste par une perte de contact avec la réalité et une anosognosie, c'est-à-dire que la personne qui en souffre n'a pas conscience de sa maladie (à tout le moins pendant les périodes aiguës). Cette particularité rend difficile l'acceptation du diagnostic par la personne schizophrène et son respect du traitement. (Source : Wikipedia)

L'aquaculture, une "schizophrénie française"

Mal vue, empêtrée dans la bureaucratie, et pourtant souvent high-tech, l'aquaculture reste confidentielle en France, alors que la deuxième puissance maritime mondiale importe la majorité de sa consommation de produits de la mer.

Source : Courrier Picard / AFP

"Il y a une vraie schizophrénie française: la consommation de poisson a augmenté de 50% en dix ans, mais nous ne sommes autosuffisants que pour 20%. Il n'y a pas les politiques pour qu'on puisse produire", tempête Jean-Sébastien Bruant. Ce pisciculteur de l'île d'Oléron en sait quelque chose: 40 millions d'alevins de daurades éclosent chaque année dans sa ferme. Ils seront exportés à 90% vers le bassin méditerranéen. Nés grâce à des technologies de pointe, ces poissons grossissent ensuite en Grèce, Turquie ou Espagne. Qui les revendent à la France une fois arrivés à maturité.

Qu'est-ce que la pisciculture ?



CIPA

Savez-vous ce qu'est la pisciculture ? C'est tout simplement l'élévage de poissons. Grâce à cette vidéo, découvrez de manière simple et ludique la filière piscicole en France, les étapes de l'élevage des poissons, le métier de pisciculteur mais aussi les différentes espèces de poissons que vous pouvez retrouver sur les étals de votre poissonnier ou en grande surface. Vous verrez quelle est la recette d'un poisson aux bienfaits nutritionnels et gustatifs assurés, il y en a pour tous les goûts ! Et si vous voulez en savoir plus sur la filière, optez pour l'aqua-tourisme !


D'où un déficit commercial énorme pour le secteur des produits aquatiques: 3,6 milliards d'euros en 2013. La France importe 80% de sa consommation de produits marins issus de l'élevage. Il pourrait difficilement en être autrement: aucun élevage de poissons marins n'a vu le jour en France depuis 15 ans, selon l'INRA. Ceux qui existent couvrent seulement 15 hectares du territoire métropolitain, dont cinq en mer. Les poissons d'eau douce ne sont pas mieux lotis. La production de truites a diminué de près de moitié en quinze ans, selon le Comité interprofessionnel des produits de l'aquaculture (CIPA).

Pourtant, l'aquaculture explose au niveau mondial. La production a doublé entre 2000 et 2012, atteignant 90 millions de tonnes. Pour la première fois en 2014, le poisson vendu sur le marché mondial est venu en majorité de l'aquaculture et non de la pêche, selon la FAO (l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation). L'Asie, Chine en tête, produit 90% des produits marins d'élevage, contre 2% pour l'UE.

- Concurrence avec le tourisme -

Mais la concurrence du poisson chinois bon marché n'est pas la seule explication du retard de la France. La géographie de l'Hexagone ne facilite pas l'installation d'élevages de poissons marins, avec une côte Atlantique sujette aux tempêtes et des fonds peu profonds. En Bretagne et en Manche, les eaux sont trop froides l'hiver pour élever des bars et des daurades, explique Olivier Poline, responsable aquaculture de la plateforme d'innovation Nouvelles Vagues, à Boulogne-sur-Mer. La Méditerranée est plus propice mais "il y a des problèmes d'accès aux terrains, car on préfère privilégier le tourisme", ajoute-t-il. Ainsi la Corse n'élève que 1.500 tonnes de bars et daurades par an, alors qu'elle a le potentiel pour 10.000, regrette le spécialiste.

Découverte de la ferme aquacole du golfe d'Ajaccio



Pavillon France : Cap sur la pêche française (émission 38)

Surtout, les entreprises doivent faire face à moultes "réglementations sanitaires et environnementales, alors que ce sont souvent de petites exploitations avec une capacité d'investissement limitée", déplore Marine Levadoux du CIPA. "Pour créer un nouveau site en France, c'est l'aventure", résume Marc Lamothe, le président du même syndicat. Le gouvernement le reconnaît aussi : "la situation n'est pas normale et le dispositif auquel nous sommes parvenus est trop complexe", soulignait en novembre Alain Vidalies, le secrétaire d'Etat à la pêche, devant la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale.

"La pisciculture fait les frais de sa petite taille. La réglementation est faite sans tenir compte des éleveurs", estime Marc Vandeputte, chercheur à l'INRA. Les investisseurs restent frileux. La pisciculture, à la merci de la moindre épidémie dans un élevage, est "une activité avec un retour sur investissement assez lent", souligne Thierry Missonnier, directeur du pôle de compétitivité Aquimer, à Boulogne-sur-Mer.

- Maternité aquatique -

Localement, des craintes de pollution par les rejets d'élevage sont souvent invoquées pour refuser de nouveaux sites. "On part d'une très petite production, donc le moindre accroissement est suspecté de causer des dommages irréversibles. C'est un peu exagéré", selon M. Vandeputte. Un avis partagé par le président de France Nature Environnement, Denez L'hostis, pour qui l'aquaculture "n'est pas à éliminer d'un revers de manche". Les élevages de poissons marins sont soumis à des études d'impact très poussées pour qu'il y ait assez de courant et de profondeur pour disperser leurs déjections. A l'heure actuelle, tous les sites existants respectent ces critères et n'ont "pas beaucoup de densité de poisson", assure M. Poline.

Manual de la acuicultura europea de peces del programa Fishfarm Europe



Sources : Acuicultura Marine et Plateforme européenne Fishfarm

Malgré ces difficultés, le point fort de la France reste la technologie.

La ferme marine du Douhet, sur l'île d'Oléron en est un exemple éclatant. Construite sur un ancien élevage ostréicole, l'entreprise est aujourd'hui l'une des plus grandes écloseries d'Europe. Cette maternité aquatique "fait naître les bébés poissons mais aussi leurs biberons", du zooplancton nourri par des algues cultivées dans des laboratoires aseptisés, surveillées comme le lait sur le feu par des employés ultra-spécialisés, explique Jean-Sébastien Bruant. Quinze ans de prévention sanitaire minutieuse ont fait chuter drastiquement le taux de mortalité des alevins, sans utiliser d'antibiotiques. Un enjeu financier important: les microscopiques daurades, très vulnérables aux germes, sont facturées à la pièce. Pour les protéger, l'eau de mer pompée pour faire fonctionner le site est pasteurisée, filtrée et soumise aux rayons ultra-violets. Le tout fonctionne en circuit fermé, sur la terre ferme, un système qui recueille de plus en plus de suffrages. "On recycle l'eau, que l'on peut refroidir ou réchauffer. On peut aussi récupérer les rejets et les boues pour les transformer en engrais pour l'agriculture", explique Olivier Poline.

Meralliance, le plus gros producteur de saumon fumé français, espère commencer à produire des saumons dans un élevage de ce type début 2017, près du port breton du Guilvinec. Près de Dunkerque, le plus gros élevage français de bars et daurades, Aquanord, fonctionne grâce à l'eau chaude rejetée par la centrale nucléaire de Gravelines. Les circuits d'eau, très surveillés, évitent la partie radioactive de l'installation.

- Haut de gamme -

L'avenir pourrait aussi prendre la forme de plateformes off-shore, à une centaine de kilomètres des côtes, qui élèveraient en symbiose poissons, algues et coquillages. Le secteur travaille aussi à améliorer la nourriture des élevages. Actuellement composée de farines à base de poissons sauvages, elle menace la survie des stocks en mer. "Nous travaillons sur de nouvelles matières premières: protéines et huiles à base d'algues ou farines d'insectes riches en protéines", explique Olivier Poline. L'INRA (Institut national de la recherche agronomique) essaie d'adapter la génétique des poissons à ces nouveaux aliments. "La recherche est performante mais c'est difficile de passer le cap au niveau économique", résume Thierry Missonnier, qui "compte bien mobiliser" les fonds alloués à la France par Bruxelles dans le cadre de la nouvelle Politique commune des pêches.

Un "plan stratégique" national est en préparation. Il table notamment sur la qualité des produits . "On ne pourra jamais avoir une production de masse et concurrencer les Chinois. Il faut aller vers le haut de gamme", préconise M. Missonnier.

Reste à convaincre les consommateurs que les poissons d'élevages sont aussi goûteux que leurs congénères sauvages. C'est la "différence entre un faisan et un poulet de Bresse", assure M. Bruant. A Oléron, il n'hésite pas à faire goûter ses daurades à des chefs.

Heureux comme un poisson dans l'eau



Source : Arte - Jeudi 29 janvier à 14h05 (42 min)

Surpêche, pollution des mers, conditions d'élevage scandaleuses : s'il semble inévitable d'interroger nos habitudes de consommation, faut-il renoncer à manger du poisson ?

Documentaire de Frank Diederichs (Allemagne 2013, 42 mn).

L’aquaculture : aubaine ou catastrophe écologique ?

Face à l’appauvrissement de la biodiversité marine, pourquoi ne pas simplement faire de l’élevage de poisson ? La plupart des saumons commercialisés en Allemagne proviennent de l’aquaculture. Or cette pratique présente de gros inconvénients : les éleveurs ont presque toujours recours aux médicaments et les eaux sont polluées par les déchets organiques (aliments et excréments des poissons). Malgré tout, certains experts sont persuadés que les fermes aquacoles seraient non seulement un moyen de protéger les océans, mais également de nourrir la population mondiale en constante augmentation.

Source : Arte - Théma "Surpêche"

Une source de protéines

Dans l’alimentation humaine, le poisson est d’ores et déjà la première source de protéines au monde, devant les viandes de volaille et de porc. Il permet déjà à près de 17 % des êtres humains de couvrir l’essentiel de leurs besoins en protéines : dans 10 à 15 ans, la demande aura plus que doublé. « Sans élevages de poissons, impossible de répondre aux besoins protéiniques d’une population en pleine croissance », affirme Ulfert Focken, expert en élevage et alimentation aquacoles au Thünen-Institut d’Ahrensburg en Allemagne. L’aquaculture est en effet bien plus avantageuse que l’élevage porcin ou bovin, car les poissons et autres organismes marins s’alimentent moins que les animaux terrestres.

Pour produire un kilo de viande de bœuf par exemple, il faut 15 fois plus de nourriture que pour produire un kilo de carpe. Les poissons consomment en effet moins d’énergie que les animaux terrestres, et ce pour deux raisons. D’une part, ce sont des animaux à sang froid : leur température interne suit à peu près celle de leur environnement. Ils n’ont donc pas besoin de la réguler comme les mammifères ou les oiseaux. D’autre part, se mouvoir en milieu aquatique leur demande peu d’efforts.

Un poisson sur deux provient de l’élevage

D’après l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), la moitié des poissons qui arrivent jusque dans nos assiettes de nos jours ne sont pas des poissons sauvages (données 2010). Cependant, l’importance de l’aquaculture diffère d’un pays à l’autre. En Europe centrale, comme en Allemagne, les poissons sauvages sont les plus prisés. En revanche, en Chine, la culture aquacole est une tradition millénaire qui remonte aux débuts de la domestication des carpes. Jusqu’à présent, la Chine est sans conteste le premier pays dans cette filière, fournissant près des deux tiers de l’ensemble de la production mondiale de poisson d’élevage.

Une pratique de plus en plus critiquée par les écologistes

À mesure que l’aquaculture se développe, elle suscite de plus en plus de critiques de la part des écologistes, car elle a aggravé le problème de la surpêche au lieu de le résoudre. En effet, la plupart des espèces d’élevage étant carnivores, elles se nourrissent d’autres espèces qui sont pêchées dans leur milieu naturel. L’élevage de thon en aquaculture est le plus catastrophique, car contrairement au saumon, cette espèce ne peut se reproduire en captivité. Les éleveurs capturent donc de jeunes thons sauvages et les nourrissent de poissons coûteux pêchés en mer. Enfermés dans des cages, les thons n’ont pas la moindre possibilité de se reproduire.

Le bilan est bien plus positif chez d’autres espèces carnivores. « Le saumon d’élevage a aussi besoin de poisson dans son alimentation pour pouvoir grandir, mais la quantité a pu être réduite, au point qu’il est aujourd’hui possible de produire 1 kg de saumon avec 1,2 kg de poisson », indique Michael Ebeling, économiste spécialisé dans l’aquaculture, Institut Thünen de Hambourg. Dans les fermes aquacoles, les poissons reçoivent plus d’aliments d’origines végétales et leurs besoins en apport énergétique sont moins importants qu’à l’état sauvage, car leurs efforts sont réduits. En revanche, les saumons en liberté se nourrissent d’une grande variété de poissons.

« Dans ce contexte, il serait judicieux de réduire l’aquaculture des espèces carnivores et de se concentrer sur les poissons qui se nourrissent essentiellement de plantes, comme les carpes », suggère Michael Ebeling. Mais les Européens, et parmi eux beaucoup d’Allemands, apprécient justement la chair des poissons marins carnivores, ce qui fait croître la demande sur ce marché peu écologique. Par ailleurs, la question de la provenance des aliments se pose aussi dans le cas des espèces herbivores. Michael Ebeling explique : « Si la production aquacole requiert d’augmenter la culture de soja, qui elle-même conduit à la déforestation, alors les conséquences pour l’environnement sont aussi destructrices que la pêche de poissons sauvages destinés à l’aquaculture ». 

L’élevage intensif et ses conséquences

L’aquaculture présente un autre inconvénient : l’élevage intensif, dont les conséquences sont les mêmes qu’il s’agisse d’animaux marins ou terrestres. Les poissons d’élevage, vivant nombreux dans un espace réduit, sont plus exposés aux maladies que leurs congénères sauvages. En 2011, au Mozambique, la quasi-totalité de la production de crevettes a été détruite par un virus. En 2012, les fermes aquacoles situées sur les côtes de Madagascar ont à leur tour été contaminées. Pour éviter ce genre de scénario, les éleveurs d’Asie du Sud-Est donnent aux poissons des antibiotiques ou d’autres médicaments. Or ces antibiotiques ne font déjà plus effet, car les agents pathogènes sont devenus résistants. De plus, lorsque l’élevage se fait dans des cages placées directement en mer, les poissons sauvages peuvent également être contaminés.

Par ailleurs, les excréments des poissons, riches en nutriments, sont responsables de l’eutrophisation des eaux, que l’élevage soit en mer ou en eau douce. Dans les mangroves d’Asie du Sud-Est, les écosystèmes des cours d’eau ont ainsi été asphyxiés. À cela s’ajoute la déforestation de grande ampleur qui a été nécessaire pour faire de la place aux fermes. D’après les données de la FAO, 3,6 millions d’hectares auraient été déboisés depuis 1980 en faveur de l’aquaculture.

L'aquaculture durable, c'est possible

Entre temps, certains pays ont déjà montré qu'une autre voie était possible. Ainsi, en Norvège, les méthodes de production de saumon d'élevage ont été optimisées. Notamment, des vaccins ont permis aux éleveurs de renoncer presque entièrement à l'utilisation d'antibiotiques. De plus, les poissons nourris grâce à d’autres méthodes rejettent moins d'excréments.

En mettant en pratique les bonnes idées, il est également possible de préserver les milieux aquatiques : « au lieu de laisser les nutriments des fermes aquacoles se mêler aux eaux non polluées, on peut les utiliser intelligemment », déclare Werner Kloas de l'Institut Leibniz dédié à l’écologie aquatique et de pêche côtière, chef du projet « Tomatenfisch » (littéralement, « poissons-tomates »). Ainsi que son nom le laisse deviner, le but de ce projet est de coupler l'élevage de poisson à la culture de légumes. Werner Kloas explique : « l'eau est utilisée deux fois. Une première fois dans les bassins d'élevage, puis une deuxième fois pour l'irrigation et la fertilisation des plants de légumes, comme les tomates ». Sur les parois des serres où poussent les tomates, l’eau se condense. Elle est récupérée et réutilisée dans les bassins à poissons. Le chef de projet ajoute : « en comparaison avec des écosystèmes semblables, le nôtre gaspille beaucoup moins d’eau ». Ainsi, 220 litres d’eau suffisent à produire 1 kg de poisson et 1,6 kg de tomates. Dans les écosystèmes traditionnels, il faut 600 à 1000 litres d’eau pour 1 kg de poisson et environ 1000 litres pour 1,6 kg de tomates. Les « poissons-tomates » ont déjà éveillé l’intérêt des industriels. D’après Werner Kloas, les premiers écosystèmes devraient être opérationnels d’ici un an.

Les choses bougent du côté des industriels, mais aussi du côté des consommateurs. « Les clients font beaucoup plus attention et achètent du poisson d’origine contrôlée », affirme Michael Ebeling. Garantissant un poisson élevé dans le respect de l’environnement, les labels « Bioland » et « Naturland » ont été créés il y a quelques années déjà pour guider les consommateurs en Allemagne. En outre, le label européen « Aquaculture Stewardship Council » (ASC) a été mis en place en 2012, certifiant une aquaculture durable. Les producteurs et distributeurs qui souhaitent acquérir ce label doivent non seulement respecter la protection des espèces, de l’environnement et de l’eau lors de l’élevage, mais également des normes sociales strictes.

Inka Reichert, le 6 septembre 2013

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Commentaires

Hippolyte a dit…
Des journalistes sous influence. Une commissaire européenne à la pêche sous influence…

S'il y a des journalistes sous influence, ce sont bien souvent des journalistes de la presse régionale, qui cherchent avant tout à ne pas heurter des sensibilités locales. Les journalistes de la presse nationale ont au moins l'avantage de ne pas être prisonniers d'un lectorat majoritairement impliqué, de façon directe, dans les sujets tels que ceux que nous évoquons ici.

Personnellement, à chaque fois que j'ai lu des contrevérités grossières, sur l'aquaculture ou la pêche, c'était dans la presse régionale. La technique est simple : le journaliste s'abrite derrière les déclarations de quelqu'un qui est impliqué dans l'affaire, mais prend bien garde de confirmer ou d'infirmer ce qui est dit. Le tour est joué !

La presse nationale, telle que celle qui est citée ci-dessus, dispose de journalistes d'investigation. Sur des sujets comme l'aquaculture ou la pêche, il est plus difficile de leur faire prendre des vessies pour des lanternes. Ils ne se contentent pas d'un seul son de cloche !

Il en est de même pour les décideurs politiques. Il y a ceux qui sont prisonniers de leur électorat et ceux qui ne le sont pas. C'est bien souvent la volonté de ne pas perdre un électorat qui empêche de prendre les bonnes décisions. C'est valable pour la pêche et l'aquaculture comme dans bien d'autres domaines…
Aquablog a dit…
Bonjour,

Selon vous, les journalistes de la presse régionale seraient des vendus à des intérêts régionaux !

Prenons le cas du caca d’huître que certaines personnes de l’île d’Oléron ne veulent pas sur la plage de l’Anse de la Malconche....

La presse régionale, en l’occurrence Sud-Ouest, a relaté à maintes reprises l’extension des parcs à huîtres au large de l’Île d’Oléron, projet qui date de plusieurs années.... Les ostréiculteurs de Marennes-Oléron ont fait des essais dans plusieurs zones au large... Il se révèle que les expérimentations d’élevage d’huîtres sur les filières dans l’Anse de la Malconche sont fructueuses. C’est la raison qui pousse les professionnels à redéployer leur activité dans cette zone vierge ostréicolement parlant surtout en cette période de crise de mortalité...

Les ostréiculteurs n’inventent rien, ils copient sur leurs collègues, mytiliculteurs, qui ont redéployé leur activité voilà 20 ans dans le pertuis Breton entre l’Île de Ré et la Vendée sur des filières du même type... Une vraie réussite ! Maintenant nous trouvons sur le marché des moules de filières (ou de cordes) au printemps avant la saison des moules de bouchot...

Voilà ce que la presse régionale relate régulièrement dans ses pages. La vie des professionnels de la mer avec leurs projets, et leurs problèmes (les mytiliculteurs ont eu aussi des bâtons dans les roues, des pêcheurs et des plaisanciers ne voulaient pas de ces champs de filières dans leur zone de pêche pour les uns, dans leur zone de navigation pour les autres...). Le temps s’est écoulé.... Plus personne n’en parle. Les filières de moules sont devenues de bonnes zones de pêche (« effet refuge ») et les plaisanciers les longent sans problème en pensant à la bonne mouclade qu’ils mangeront de retour au port...

De quoi nous parle la presse nationale en l’occurrence Le Canard Enchainé, de caca d’huître !

Qui peut croire cette histoire ? Uniquement un journaliste parisien ! Avec la quantité affichée et les effets déclarés dans l’article, le bassin de Marennes-Oléron serait depuis longtemps un monticule de caca d’huîtres. Le projet de filières sur près de 400 ha prévoit une production de 3.000 tonnes d’huîtres contre actuellement 3.000 ha de parcs pour une production de 25.000 tonnes d’huîtres chaque année.

Si le journaliste du Canard Enchainé était venu voir sur le terrain, il n’aurait jamais écrit ces absurdités... d'autant plus que les habitants ne sont pas tous opposés au projet comme le conseiller-maire du Château d'Oléron

Vous savez... dans la zone du bassin de Marennes-Oléron, le problème, c’est le caca des humains... Les stations d’épurations ne peuvent pas absorber leur caca dans de bonnes conditions avec l’afflux massif d’estivants en été. Ce qui explique la dégradation de la qualité des eaux. Problématique pour l’avenir de l’ostréiculture avec un investissement supplémentaire : passage en station de purification avant commercialisation !

Voilà pour le caca d’huître...

Pour l’article du Monde Diplomatique, le journaliste a transcrit l’avis de Stéphan Beaucher qui à ma connaissance n’est pas un spécialiste en aquaculture... Il faut arrêter de tout mélanger, il y a aquaculture et aquaculture !!! Les problèmes de la salmoniculture et des élevages d’espèces carnivores ne peuvent être généralisés à l’ensemble de l’aquaculture.

Peut-on comparer l’ostréiculture dont l’élevage s’appuie sur la production primaire (plancton du milieu) avec une salmoniculture intensive dont les truites et les saumons dépendent à 100% de granulés riches en huile et farine de poisson...

C’est comme si on comparait un élevage de bovins dans les alpages (nourris à l’herbe) avec des animaux en stabulation atelier hors sol (nourris à l’ensilage et à la farine)...

Cordialement

Philippe Favrelière
Hippolyte a dit…
J'avais simplement trouvé que votre jugement était sévère, à la fois sur l'article du Canard et sur l'article du Monde. Quant au fait que la Commissaire européenne serait sous influence (sous-entendu des ONG), je faisais là allusion aux déclarations de certaines organisations de pêcheurs professionnels qui lui font ce reproche que je juge injustifié.

C'est vrai que l'article du Monde ne dresse pas un tableau fidèle de ce qu'est l'élevage des poissons au niveau mondial. En réalité, la plus grande partie en est faite en Asie, en eau douce, avec des espèces herbivores et sert à nourrir des populations locales. A côté de cela, la production des poissons d'élevage des pays occidentaux est ridiculement faible. Il aurait donc été plus judicieux de titrer l'article en disant que seul l'élevage de poissons marins carnassiers n'était pas une solution envisageable à grande échelle.

En ce qui concerne le projet de filières à huîtres de la Malconche, il se trouve que je suis personnellement pour. Ca ne m'empêche pas de trouver que l'article du Canard dresse un tableau tout à fait honnête de la situation.

Voici des documents intéressants sur ce sujet.

http://thierrygoubet.free.fr/bassinoleron.pdf

http://www.nub71.com/wp-content/uploads/Ecosysteme-pertuis.pdf

Les dépôts de vase et le rôle joué par les huîtres dans ces dépôts ne peuvent être niés, comme le montre le premier document. Mais la vase n'est pas en elle-même un polluant, comme le montre le second document : les Pertuis charentais leur doivent en grande partie leur richesse algale et faunistique.

Je me permets de recopier ici ce que j'ai eu l'occasion d'écrire ailleurs à ce sujet, il y a déjà quelque temps.

"Il faut s'entendre sur ce qu'on appelle de la pollution. Le caca d'huître ce n'est pas de la pollution au sens écologique du terme. La vase que contribue à donner ce caca, ce n'est pas non plus de la pollution. Et s'il y a des produits toxiques dans les sédiments que les huîtres contribuent à produire, ce ne sont pas elles qui en sont responsables.

Que le caca d'huître (ou de moule) ne soit pas apprécié lorsqu'il s'accumule dans une zone de baignade, je le conçois fort bien, mais il ne fait pas de mal à l'écosystème marin dans son ensemble, bien au contraire. Et l'exploitation des huîtres et des moules sur filières, en eau profonde, devrait logiquement empêcher de telles accumulations locales d'excréments de ces lamellibranches de culture. Et même si ça devait contribuer à surélever localement les fonds marins de quelques centimètres par an, dans ces zones profondes, je ne vois pas en quoi cela serait vraiment gênant.

C'est en effet la richesse en matière organique des eaux des Pertuis charentais qui est à l'origine du succès de leur ostréiculture, car elle permet au phytoplancton de se développer en abondance. Tout le réseau alimentaire de cette zone marine en dépend.

Seule la pollution chimique due aux métaux lourds et à de nombreuses molécules artificielles inventées par l'Homme mérite d'être farouchement combattue. Mais cette pollution est essentiellement d'origine terrestre et c'est donc à terre qu'il faut la combattre."
Aquablog a dit…
Merci pour cette documentation...

Je vois que nous nous retrouvons sur les points les plus importants...

Cordialement