Rio+20 : Ce pêcheur brésilien est menacé de mort…

Ce pêcheur brésilien de la baie de Rio est menacé de mort…

Pas de pitié aux opposants de la croissance soit-disant "verte"...

Alexander Anderson de Souza, président de l’association « des hommes et des femmes de la mer » (AHOMAR), se savait en danger de mort depuis longtemps… Après l’assassinat de deux pêcheurs de l’association, la menace se précise…. Fin juin, Almir Nogueira de Amorim et João Luiz Telles Penetra ont été retrouvés morts près de leur lieu de pêche. (1)

Amnesty International (2) lance un appel afin que les autorités brésiliennes mettent une garde rapprochée auprès d'Alexander Anderson de Souza et de son épouse, Daize de Menezes Souza, menacés tous les deux par les escadrons de la mort....

Alexander Anderson de Souza, Almir Nogueira de Amorim, João Luiz Telles Penetra et toutes les communautés littorales représentent les derniers remparts à la croissance débridée partout dans le monde... Eliminés par la violence dans le pays du Sud comme au Brésil, ou de mort lente dans les pays du Nord... (Les PCB débordent dans la mer...)

Assassinés à cause d’un gazoduc ?

Près de vingt-cinq ans après l’assassinat du syndicaliste Chico Mendes, l’histoire semble se répéter au Brésil, inlassablement. Almir Nogueira de Amorim et João Luiz Telles Penetra étaient tous deux impliqués dans l’Association des hommes et femmes de la mer (3) (Ahomar). « Étaient » car, le 25 juin, le corps de João a été retrouvé sur les berges de la baie de Guanabara, à Rio, avec les mains et les pieds liés par une corde. La veille, vers midi, le corps d’Almir avait été retrouvé ligoté à son bateau.

L’association Ahomar défend les droits des pêcheurs travaillant dans la baie de Rio. En particulier ceux affectés par la construction d’un nouveau gazoduc par Petrobrás. La compagnie pétrolière brésilienne prévoit d’aménager une rivière, située dans une zone environnementale protégée, dite de « Guapimirim », pour la transformer en voie d’eau navigable, assortie d’un gazoduc. Un projet qui écarte toute possibilité de pêche dans ces eaux. João Luiz Telles Penetra était à la tête de la contestation locale.

Pour l’association Ahomar, il ne fait aucun doute que les deux assassinats sont liés. Ses membres pointent du doigt les escadrons de la mort (souvent d’anciens policiers), très actifs dans la zone nord de Rio, ou des gardes employés par les entreprises chargées de la construction du pipeline....

Almir Nogueira de Amorim et João Luiz Telles Penetra ne sont pas les premiers membres d’Ahomar assassinés. Mais aucun des meurtres n’a jusque-là été élucidé. Selon l’organisation Front Line Defenders, une fondation internationale pour la protection des défenseurs des droits humains, « ces meurtres ont un lien direct avec leur action en faveur des droits des pêcheurs de Rio de Janeiro ». Plusieurs organisations brésiliennes et latino-américaines ont publié un manifeste de protestation (4) rappelant les menaces et violences auxquelles sont régulièrement confrontés les pêcheurs de la baie depuis qu’ils s’opposent au projet. Ce manifeste appelle à ce que des enquêtes sérieuses soient menées et demande des mesures de protection pour tous les militants au sein de l’État de Rio.... Suite dans : Bastamag

(1) Front Line Defenders : Brésil: Assassinat des défenseurs des droits humains M. '''Almir Nogueira de Amorim''' et M. '''João Luiz Telles Penetra'''
(2) Anistia Internacional alerta para ameaças a ativistas cariocas
(3) Associação Homens e Mulheres do Mar (AHOMAR) sur Facebook
(4) De nombreuses organisations brésiliennes et latino-américaines ont initié le manifeste de protestation, lisible Ici

Philippe Favrelière

Bientôt, je vous donnerais plus de précisions sur les possibilités de soutien auprès d'Alexander Anderson de Souza, de son épouse et de l’association « des hommes et des femmes de la mer » (AHOMAR).

Pendant deux ans, j'ai travaillé avec des pêcheurs dans la baie Paranagua, à 1000 km plus au Sud dans ce Brésil si vaste. A voir les photos de la baie de Rio (Guanabara), les pratiques semblent identiques.... Des pêcheurs enracinés dans la mangrove avec ses crabes...

Le Cycle du Crabe

Qui aurait pu vivre dans des milieux aussi hostiles ? si ce n’est ces pauvres paysans du Nordeste brésilien qui poussés par la faim se sont réfugiés dans la mangrove en marge de la ville de Recife. Le sociologue brésilien, Josué de Castro, fut probablement le premier à décrire la richesse nourricière de cette mangrove dans le Cycle du crabe (extrait de son livre culte « La géographie de la faim ») : « Avec la chair des crabes, née de la boue, ils fabriquent la chair de leur corps et la chair du corps de leurs enfants, les corps de cent mille citoyens faits de la chair de crabe. Tout ce que l’organisme rejette retourne à la boue du mangle (ndlr mangrove) pour redevenir crabe. »

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Photo: Cécile Acioli / Folhapress

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